Parution 9 - L'Intérêt

Maude Fréchette
maude.frechette@hec.ca
politique//
Le loup marin : mignon tueur
Retour sur un sujet chaud de l’hiver 2009,
qui ne semble plus être à la cote
Les amis des bêtes font des progrès. En effet, dans la classe intellectuelle, la mode est au
végétarisme et au synthétique. Ainsi, on veille à préserver, pour les générations futures,
toutes les plus jolies bêtes… Mais pas les moches. Le poisson, ce n’est pas important. Un
phoque c’est si mignon ! C’est ce que semblent dire certains animalistes.
Les barbares canadiens
En 1969 apparaissent les premières images de chasse aux bébés
phoques en France. Par la suite, Brigitte Bardot rejoint Brian Davis, de
l'association IFAW, et déclenche une vaste campagne internationale
pour dénoncer « l'horrible massacre des bébés phoques canadiens ».
Les Inuits et les Madelinots
récupéraient depuis toujours
la peau, la chair et l'huile
des bêtes après les avoir
tuées pour leurs besoins.
Cependant, à partir de
1950, avec l'engouement de
l'industrie européenne de la
mode pour la peau blanche
des bébés, les méthodes de
chasse se sont transformées;
les barques ont fait place
à des chalutiers européens
aux méthodes douteuses. En
1987, le Canada commence
à remédier à la situation
et adopte le règlement sur
les mammifères marins
interdisant notamment la
chasse aux blanchons et encadrant davantage les pratiques de
chasse pour les rendre plus humaines.
Aujourd’hui, des agents des pêches ont recours à divers moyens
pour surveiller les chasseurs et les activités de chasse au phoque
pour obtenir un programme d'application des règlements équilibrés.
De l’activisme activiste
Malgré ces changements, les chasseurs de phoques sont toujours
traités de barbares par les défenseurs des droits des animaux, car
ils tuent les phoques avec un gourdin, bien qu’ils appliquent une
technique que nombre d’études appuient comme étant peu souffrante
et rapide. Les animalistes ont changé d’objectif et ne demandent plus
une chasse humaine, mais tout simplement l’abolition de la chasse.
Pour ce faire, ils ne se gênent pas pour donner des informations
biaisées et erronées sur leurs divers sites internet.
Grâce à leur acharnement, ces extrémistes animalistes ont
récemment obtenu de l’Union européenne qu’elle se prononce en
faveur de l’interdiction des importations des produits dérivés de la
chasse aux phoques. En conséquence, les marchés du monde entier
se ferment aux produits dérivés
du phoque. Le prix des meilleures
peaux a chuté de 62 $ en 2007 à
33 $ en 2008 et à 15 $ en 2009.
Le Canada ne peut maintenant
que se retourner vers l’Asie pour
écouler ses stocks.
La chasse… un bien ?
Je peine à comprendre cet élan
international pour les loups
marins. Comme l’a déjà dit le
directeur régional de Pêches et
Océans Canada, « Tout le monde
trouve normal le même jour qu'on
abatte 19 millions de poulets en
Colombie-Britannique, sans la
moindre goutte de sang pour
illustrer les articles. »
Tout d’abord, la chasse au phoque doit continuer pour des raisons
économiques. Le gouvernement du Canada ne subventionne pas
la chasse au phoque, car c’est une industrie rentable. Elle apporte
une importante contribution au revenu annuel des personnes qui
vivent dans les collectivités côtières rurales, favorisant d'autant le
maintien des liens familiaux et sociaux traditionnels et réduisant
l'émigration vers les grands centres urbains. La perte de perspectives
économiques résultant d'une interdiction aurait des répercussions
importantes sur les habitants de ces petites localités (elle représente
jusqu’à 35% de leurs revenus).
Ensuite, le Canada doit maintenir son droit à la chasse au loup marin,
car c’est une chasse qualifiable d’écologique. Le phoque n’est pas
un animal en voix d’extinction et pas un seul groupe écologiste ne
fait campagne contre la chasse de cet animal à Terre-Neuve ou aux
îles de la Madeleine, pas même Greenpeace, un mouvement qui
affirme ne plus voir de menace écologique pour le troupeau de loups
marins du golfe Saint-Laurent. Selon un rapport gouvernemental,
la population aurait même plus que triplé depuis 1970 et cette
hausse pourrait nuire à la préservation de certaines espèces en voix
d’extinction comme la morue.
En conclusion, il faut être réaliste. Dans la nature, les phoques n’ont
plus de prédateurs et il est rentable d’exploiter cette ressource. De
la souffrance, il y en aura toujours et il est plus éthique de chasser
un phoque que d’exploiter des mégaporcheries. Nous avons la
responsabilité morale, une fois que nous sommes intervenus
dans un écosystème tel que celui de cet animal, de faire en sorte
que l'écosystème survive. Dans ce cas précis, la sauvegarde de
plusieurs espèces de poissons qui ont été mis en danger par la faute
de l’homme passe par un contrôle du cheptel proportionnel aux
ressources disponibles.
VOLUME 54, NUMÉRO 09 // 11 Février au 10 mars 2010 // 015