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Choisir le français pour exprimer l'indicible. Elie Wiesel

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<strong>Choisir</strong> <strong>le</strong> français <strong>pour</strong> <strong>exprimer</strong> l'indicib<strong>le</strong>. <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong><br />

Extrait du Institut d'Etude des Faits Religieux<br />

http://iefr.univ-artois.fr/spip.php?artic<strong>le</strong>46<br />

<strong>Choisir</strong> <strong>le</strong> français <strong>pour</strong><br />

<strong>exprimer</strong> l'indicib<strong>le</strong>. <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong><br />

- Ressources - Artic<strong>le</strong>s -<br />

Date de mise en ligne : vendredi 7 janvier 2011<br />

Institut d'Etude des Faits Religieux<br />

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<strong>Choisir</strong> <strong>le</strong> français <strong>pour</strong> <strong>exprimer</strong> l'indicib<strong>le</strong>. <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong><br />

Pour citer cet artic<strong>le</strong> : Olivier Rota, « <strong>Choisir</strong> <strong>le</strong> français <strong>pour</strong> <strong>exprimer</strong> l'indicib<strong>le</strong>. <strong>Elie</strong><br />

<strong>Wiesel</strong> », paru dans Mythe et mondialisation. L'exil dans <strong>le</strong>s littératures francophones, Actes<br />

du colloque organisé dans <strong>le</strong> cadre du projet bilatéral franco-roumain « Mythes et stratégies<br />

de la francophonie en Europe, en Roumanie et dans <strong>le</strong>s Balkans », programme Brâcu_i des<br />

8-9 septembre 2005, Editura Universitcii Suceava, Suceava, 2006, pp.47-55.<br />

<strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> est né <strong>le</strong> 30 septembre 1928 à Sighet, dans <strong>le</strong>s Carpates. Jeune élève talmudiste baigné dans <strong>le</strong><br />

mysticisme, rien ne destinait <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> à la carrière d'écrivain. Rien n'était alors plus déconsidéré dans sa<br />

communauté que <strong>le</strong> métier des <strong>le</strong>ttres. Mais l'histoire devait en décider autrement.<br />

Alors que la population juive de Sighet avait pu échapper pendant <strong>le</strong>s cinq premières années de guerre à la<br />

déportation et aux « marches de la faim » organisées par <strong>le</strong> régime d'Antonescu [1], Sighet est bruta<strong>le</strong>ment détachée<br />

de la Roumanie <strong>pour</strong> être incorporée à la Hongrie en mai 1944. La vil<strong>le</strong>, qui ne comporte pas moins de 15.000 Juifs,<br />

subit alors <strong>le</strong> même sort que <strong>le</strong>s autres shtetls (villages) de Hongrie. Sa communauté juive est rassemblée dans<br />

deux ghettos et déportée en quelques jours. Quatre-vingt dix <strong>pour</strong> cent de la population est directement envoyée aux<br />

chambres à gaz d'Auschwitz. Les dix <strong>pour</strong> cent restants sont enrôlés <strong>pour</strong> des travaux forcés. Peu reviendront.<br />

Déporté à Birkenau puis à Buchenwald, <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> fait partie de ces trop rares survivants. Refusant de retourner à<br />

Sighet, il rejoint après la libération de son camp un convoi de quatre cents enfants. Ce convoi, après une errance<br />

incertaine, est fina<strong>le</strong>ment accueilli par la France. Pourtant, <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> ne reçoit pas la nationalité française. A la<br />

question d'un commissaire de police, qui demande aux enfants <strong>le</strong>squels d'entre eux veu<strong>le</strong>nt obtenir la nationalité<br />

française, il répond par <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce. <strong>Wiesel</strong>, qui ne comprend pas <strong>le</strong> français, ne se manifeste pas. Dans son dossier<br />

figure : « a refusé la nationalité française ».<br />

Hébergé dans un foyer avec d'autres enfants survivants, <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> reprend ses études de la Torah et du Talmud.<br />

Le français, il <strong>le</strong> néglige. Seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s études religieuses importent. Et la concordance des temps l'agace<br />

prodigieusement.<br />

Pourtant, il faut bien apprendre la langue française. L'organisme qui gère <strong>le</strong> foyer s'arrange alors <strong>pour</strong> attribuer au<br />

jeune <strong>Wiesel</strong> un professeur particulier. François Wahl, « excel<strong>le</strong>nt professeur, intuitif autant qu'érudit, doté d'une<br />

imagination effervescente », il initie <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> au français. Sa méthode ? L'explication de texte. « Grâce à lui, nous<br />

dit <strong>Wiesel</strong>, j'apprends à savourer la puissance suggestive du vers racinien et <strong>le</strong>s subtilités de la pensée chez Pascal.<br />

Il m'emmène à la Comédie-Française, aux concerts, me fait découvrir <strong>le</strong> Quartier latin. Ma passion <strong>pour</strong> la littérature<br />

classique et la culture française, c'est à lui que je la dois » [2].<br />

Devenu pigiste <strong>pour</strong> <strong>le</strong> journal israélien Yedioth Ahronot, il parcourt <strong>le</strong> monde à la recherche de scoops. L'hébreu<br />

moderne, <strong>Wiesel</strong> <strong>le</strong> par<strong>le</strong> couramment, grâce à la ténacité de son père. Rationaliste invétéré, ce dernier avait<br />

persuadé son fils d'associer à ses études du Talmud, un apprentissage de l'hébreu moderne. Pour <strong>Wiesel</strong>, l'hébreu<br />

s'apprend à travers la <strong>le</strong>cture de ses poètes nationaux <strong>le</strong>s plus illustres : Chaïm Nahman Bialik, Saul Tchernikowski,<br />

et d'autres.<br />

Devenu correspondant <strong>pour</strong> son journal aux Etats-Unis, <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> obtient la nationalité américaine en 1963. Les<br />

tracasseries administratives que sa situation d'apatride occasionnait n'ont pu trouver que cette échappatoire<br />

heureuse. De fait, résidant aux Etats-Unis depuis la deuxième moitié des années cinquante, <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> passe sa vie<br />

entre New York, Paris et Jérusa<strong>le</strong>m. <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> a un don indéniab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s langues. Yiddish, hongrois, hébreu,<br />

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<strong>Choisir</strong> <strong>le</strong> français <strong>pour</strong> <strong>exprimer</strong> l'indicib<strong>le</strong>. <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong><br />

al<strong>le</strong>mand, français et anglais sont autant de langues qui ont traversé sa vie. Chacun d'entre-el<strong>le</strong>s aurait pu être sa<br />

langue d'écriture. Pourtant, son choix se porte sur <strong>le</strong> français. Sur <strong>le</strong>s quelques cinquante romans, pièces de théâtre,<br />

contes et essais, une douzaine d'entre eux ont été écrits en yiddish, et seu<strong>le</strong>ment quatre en anglais.<br />

L'adoption de la nationalité américaine n'y change rien. Prix d'Universalité de la langue française en 1963, Prix Nobel<br />

de la Paix en 1986 (nous passons sous si<strong>le</strong>nce la liste impressionnante de Prix que l'auteur a reçu tout au long de sa<br />

carrière), <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> reste et demeure un écrivain francophone.<br />

Le choix d'écrire en français<br />

Né dans un shtetl, <strong>le</strong> yiddish reste <strong>pour</strong> <strong>Wiesel</strong> la langue où il se reconnaît. « J'aime <strong>le</strong> yiddish, dit-il, car il<br />

m'accompagne depuis <strong>le</strong> berceau. C'est en yiddish que j'ai prononcé mes premiers mots, exprimé mes premières<br />

craintes : il constitue <strong>pour</strong> moi un pont vers mes années d'enfance. C'est un royaume à lui tout seul, où vivent amitié<br />

et envie, grandeur et bassesse, savoir et ignorance, joies et deuil » [3].<br />

« Il est des chants que je ne peux chanter qu'en yiddish. Il est des prières, que seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s grands-mères juives<br />

avaient coutume de chuchoter dans la pénombre du crépuscu<strong>le</strong>. Il est des bons mots qui ne sonnent juste qu'en<br />

yiddish. Il est des contes que seu<strong>le</strong> la langue yiddish, inondée de tristesse et de nostalgie, peut rendre la magie et <strong>le</strong><br />

mystère » [4].<br />

De fait, c'est en yiddish qu'<strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> écrit son premier livre. A l'age de 28 ans, il compose <strong>le</strong> volumineux récit<br />

autobiographique de son expérience concentrationnaire : Und die velt hot geshviegen (« Et <strong>le</strong> Monde était si<strong>le</strong>ncieux<br />

»). Traduit en français avec <strong>le</strong>s encouragements de François Mauriac, il est publié en forme condensée aux Editions<br />

de Minuit en 1958, sous <strong>le</strong> titre La Nuit [5]. Ce sera son seul livre autobiographique. Les autres ouvrages littéraires<br />

de <strong>Wiesel</strong> seront des explorations à connotation biographique [6].<br />

Pourquoi cette première écriture en yiddish ? Et <strong>pour</strong>quoi cette traduction en français ? <strong>Wiesel</strong> se confie dans ses<br />

mémoires : « J'ai besoin du yiddish <strong>pour</strong> rire et p<strong>le</strong>urer, célébrer et regretter. Et <strong>pour</strong> me plonger dans mes<br />

souvenirs. Existe-t-il une meil<strong>le</strong>ure langue <strong>pour</strong> évoquer <strong>le</strong> passé avec son poids d'horreurs ? Sans <strong>le</strong> yiddish, la<br />

littérature de l'Holocauste n'aurait pas d'âme. [...] Si je n'avais pas écrit mon premier récit en yiddish, <strong>le</strong>s livres qui lui<br />

succédèrent seraient restés muets » [7]. Puisque <strong>Wiesel</strong> devait se libérer par la plume de son expérience<br />

concentrationnaire, il lui fallait une langue intime, qui puisse refléter ses états d'âme d'alors. Le yiddish, la<br />

mame-loshn, la « langue maternel<strong>le</strong> », c'est la langue du shtetl. C'est aussi la langue des survivants, avec <strong>le</strong>squels<br />

<strong>Wiesel</strong> peut partager un même univers de dou<strong>le</strong>ur.<br />

Mais <strong>le</strong> yiddish est aussi une langue qui meurt, une langue dont la portée ne va que s'amoindrissant [8]. C'est une<br />

langue qui a besoin d'être traduite, si el<strong>le</strong> veut être lue. Comment ne pas lire ce déchirement du Cinquième Fils<br />

comme celui de son auteur : « Tout ce qui me reste, ce sont des mots, des mots démodés, inuti<strong>le</strong>s sous <strong>le</strong>urs fards<br />

multip<strong>le</strong>s, lâchés au-dessus des cimetières d'exilés. Je me laisse guider par eux afin de cerner <strong>le</strong>s choses à<br />

l'intérieur des choses, l'Etre au-delà des êtres » [9] ?<br />

Qu'en est-il des autres langues ? A un journaliste venu l'interrogé, <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> déclare : « Mon anglais n'est pas si<br />

bon. J'écris mes livres en français parce que c'est <strong>le</strong> langage que j'ai acquis immédiatement après la guerre, en<br />

protestation. Je connais <strong>le</strong> hongrois, mais je <strong>le</strong> détestais et j'ai fait un effort physique <strong>pour</strong> l'oublier, <strong>pour</strong> l'éradiquer<br />

de mon cerveau. Je n'ai jamais bien connu l'al<strong>le</strong>mand, et <strong>le</strong> peu que je <strong>le</strong> connaissais, je ne l'aimais pas. Le yiddish<br />

était <strong>pour</strong> moi connecté à mes études du Talmud et de tout cela. [...] J'ai choisi <strong>le</strong> français comme un refuge, et ce<br />

que j'ai lu plus tard en littérature et philosophie a été en français » [10].<br />

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<strong>Choisir</strong> <strong>le</strong> français <strong>pour</strong> <strong>exprimer</strong> l'indicib<strong>le</strong>. <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong><br />

Le français comme langue de refuge. Le français comme langue d'accueil [11]. La langue française offre à <strong>Wiesel</strong> «<br />

un nouveau commencement, une nouvel<strong>le</strong> possibilité, un nouveau monde », une nouvel<strong>le</strong> vie qui permet de prendre<br />

de la distance avec <strong>le</strong>s événements de la Seconde Guerre mondia<strong>le</strong>.<br />

Rencontre fortuite entre <strong>Wiesel</strong> et la langue française ? Rencontre fortuite entre <strong>Wiesel</strong> et <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres françaises ?<br />

<strong>Wiesel</strong> déclarait récemment : « Je cherchais une langue. Cette langue me cherchait aussi. Il y a eu une sorte de<br />

fusion, de mariage entre cette langue et moi » [12]. Et comme <strong>pour</strong> tous <strong>le</strong>s mariages heureux, il n'existe aucune<br />

raison de <strong>le</strong>s défaire.<br />

Mais <strong>le</strong> français offre aussi une manière commode de prendre des distances avec une expérience que l'on ne peut<br />

quotidiennement assumer autrement. De son séjour à Birkenau et à Buchenwald, <strong>le</strong> jeune <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> est sorti<br />

vivant, mais à jamais changé. « J'étais devenu un tout autre homme, moi aussi. L'étudiant talmudiste, l'enfant que<br />

j'étais s'étaient consumés dans <strong>le</strong>s flammes. Il ne restait plus qu'une forme qui me ressemblait. Une flamme noire<br />

s'était introduite dans mon âme et l'avait dévorée » [13] , déclare-t-il dans La nuit.<br />

Pour se réapproprier un passé, <strong>Wiesel</strong> doit passer par une langue étrangère. Comme <strong>le</strong> remarque pertinemment<br />

Robert Jouanny, « l'interrogation sur l'identité est, souvent, la source ou du moins <strong>le</strong> corollaire d'un changement de<br />

langue, qui n'a pas <strong>pour</strong> seu<strong>le</strong> vocation d'<strong>exprimer</strong> un refus, mais bien de répondre à un désir de reconstruction » [14<br />

]. Cette reconstruction passe notamment par une rationalisation de l'événement. Dans L'aube, roman de fiction qui<br />

suit immédiatement La nuit, <strong>le</strong> personnage principal déclare : « La philosophie m'attirait : je voulais comprendre <strong>le</strong><br />

sens des événements dont j'étais la victime. Ce cri de dou<strong>le</strong>ur, de colère, que j'avais poussé au camp contre Dieu et<br />

contre l'homme qui ne lui ressemb<strong>le</strong> que dans la cruauté, je voulais <strong>le</strong> réentendre dans <strong>le</strong>s termes du présent,<br />

l'analyser dans un climat de détachement » [15]. Ce cheminement est certainement celui de <strong>Wiesel</strong>, qui rencontre<br />

après guerre <strong>le</strong>s oeuvres d'Albert Camus.<br />

<strong>Wiesel</strong> se reconnaît dans l'état mental et physique d'emprisonnement tel que <strong>le</strong>s deux premiers chapitres de La<br />

peste <strong>le</strong> décrivent. Il se reconnaît aussi dans l'éthique du témoin que développe son auteur [16]. Pour Camus comme<br />

<strong>pour</strong> <strong>Wiesel</strong> (mais ce sera valab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> tous ceux qui prendront part à l'existentialisme), la littérature est une force<br />

politique qui peut oeuvrer en faveur d'un changement social. Pour <strong>Wiesel</strong>, l'art <strong>pour</strong> l'art n'a plus de sens. La Shoah a<br />

mit fin à l'innocence littéraire.<br />

Exprimer l'indicib<strong>le</strong> à travers <strong>le</strong> français ?<br />

Certains survivants ont choisi <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce afin de commémorer <strong>le</strong>ur perte, d'autres ont choisi de prendre la paro<strong>le</strong>. <strong>Elie</strong><br />

<strong>Wiesel</strong> considère sa tache comme étant cel<strong>le</strong> du témoin -que la tradition juive assimi<strong>le</strong> au messager. Le messager<br />

d'un univers qui n'existe plus.<br />

Lorsqu'il décide, poussé par François Mauriac, de traduire en français Und die velt hot geshviegen, <strong>Wiesel</strong> a<br />

conscience de l'impérieuse nécessité de par<strong>le</strong>r, de faire connaître aux hommes l'étendue du mal qui <strong>le</strong>s habite. Il lui<br />

faut une langue <strong>pour</strong> véhicu<strong>le</strong>r cela. Il lui faut utiliser une autre langue, qui ne soit pas associée à un monde mort,<br />

une autre langue où <strong>le</strong> poids des mots ne se serait pas colorié du traumatisme de la Shoah. Son choix, qui ne se<br />

démentira pas, se porte sur <strong>le</strong> français.<br />

Le français a alors <strong>le</strong> crédit d'être une langue logique et claire. Chacun a en mémoire <strong>le</strong>s fameux arguments du «<br />

discours sur l'universalité de la langue française » qu'Antoine de Rivarol a délivré à l'Académie de Berlin (1783) : «<br />

Ce qui distingue notre langue [française] des langues anciennes et modernes, c'est l'ordre et la construction de la<br />

phrase. Cet ordre doit toujours être direct et nécessairement clair. Le français nomme d'abord <strong>le</strong> sujet du discours,<br />

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<strong>Choisir</strong> <strong>le</strong> français <strong>pour</strong> <strong>exprimer</strong> l'indicib<strong>le</strong>. <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong><br />

ensuite <strong>le</strong> verbe qui est l'action, et enfin l'objet de cette action : voilà la logique naturel<strong>le</strong> à tous <strong>le</strong>s hommes ; voilà ce<br />

qui constitue <strong>le</strong> sens commun. Or cet ordre, si favorab<strong>le</strong>, si nécessaire au raisonnement, est presque toujours<br />

contraire aux sensations, qui nomment <strong>le</strong> premier l'objet qui frappe <strong>le</strong> premier » [17].<br />

On peut mettre en doute <strong>le</strong>s propos de Rivarol. On peut mettre en cause <strong>le</strong>ur actualité, au vu des tentatives de<br />

libération esthétique que la langue française a connu au XXème sièc<strong>le</strong>. Pour autant, <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> n'échappe pas à<br />

cette réputation de clarté de la langue française, que Rivarol a largement contribué à créer. <strong>Wiesel</strong> aussi certifie : «<br />

Le français est une langue cartésienne, logique. Or ce que j'ai vécu dans mon enfance, mon ado<strong>le</strong>scence, toutes<br />

mes aventures intérieures, c'était juste <strong>le</strong> contraire : je baignais dans <strong>le</strong> mysticisme. S'il y a une langue qui rejette <strong>le</strong><br />

mysticisme, qui s'y oppose, c'est <strong>le</strong> français. Transformer, retraduire en français <strong>le</strong>s notions, <strong>le</strong>s concepts, <strong>le</strong>s<br />

découvertes, <strong>le</strong>s secrets du monde mystique, c'était une gageure, un pari, donc ça m'a tenté. Je peux écrire un<br />

artic<strong>le</strong> en hébreu, pas un livre. Je peux écrire un artic<strong>le</strong> en anglais, pas un livre. Le livre vient d'une zone à part » [18<br />

]. Une zone que <strong>le</strong>s qualités prêtées au français permettent de faire émerger.<br />

L'étrangéité d'une expérience indicib<strong>le</strong><br />

Qu'en est-il fina<strong>le</strong>ment de l'étrangéité dans l'oeuvre d'<strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> ? <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> se définit avant tout dans la sphère du<br />

judaïsme. « Si je dois me définir, je me pense d'abord comme un Juif, et ensuite comme un écrivain : et en tant<br />

qu'écrivant, j'appartiens à tout lieu. [...] Je n'appartiens ni à la France, ni à l'Amérique, ni à aucun autre lieu, mais à<br />

un monde qui n'est pas là » [19]. L'identité d'<strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> n'est pas en péril : el<strong>le</strong> reste et demeure juive. Mais son<br />

expérience française permet au jeune <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> de prendre conscience de l'universalité de l'éthique juive. Comme<br />

il <strong>le</strong> dira plus tard : <strong>le</strong>s mots « juif » et « humain » sont interchangeab<strong>le</strong>s dans ses romans.<br />

Si l'étrangéité s'exprime dans l'oeuvre de <strong>Wiesel</strong>, ce n'est pas du fait de l'exil géographique. Si ses personnages<br />

s'interrogent, ce n'est pas par rapport à <strong>le</strong>ur passé ou à <strong>le</strong>ur nouvel environnement. Le sentiment d'étrangéité est<br />

provoqué par la rupture qu'occasionne la Shoah entre <strong>le</strong>s êtres. Les mots mêmes font-il encore sens après la Shoah<br />

? <strong>Wiesel</strong> déplore une « rupture entre <strong>le</strong>s êtres, <strong>le</strong>s mots, <strong>le</strong>s instants » [20].<br />

La question est alors : comment frapper l'imagination du <strong>le</strong>cteur, si <strong>le</strong>s mots sont insuffisants à décrire l'abomination<br />

des camps ? Dans Un Juif, aujourd'hui, <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> résume toute la difficulté de prendre la paro<strong>le</strong>. « Que <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> du<br />

survivant soit de témoigner, j'en étais conscient. Seu<strong>le</strong>ment j'ignorais comment m'y prendre. Je manquais<br />

d'expérience, de repères. Je me méfiais des outils, des procédés. Fallait-il tout dire ou tout taire ? Hur<strong>le</strong>r ou<br />

murmurer. Mettre l'accent sur <strong>le</strong>s absents ou sur <strong>le</strong>urs héritiers ? Comment décrit-on l'indicib<strong>le</strong> ? Comment faire <strong>pour</strong><br />

revivre, avec pudeur, la chute des hommes et l'éclipse des dieux ? Et puis, comment être sûr que <strong>le</strong>s mots, une fois<br />

lâchés, ne vont pas trahir, déformer <strong>le</strong> message dont ils étaient porteurs ? » [21].<br />

Les mots ont une histoire, <strong>le</strong>s mots sont chargés d'histoire et de va<strong>le</strong>ur, ils évoquent un imaginaire au <strong>le</strong>cteur, par<br />

<strong>le</strong>ur sonorité ou <strong>le</strong>ur champ <strong>le</strong>xical. Mais « l'imaginaire des camps » est encore absent dans <strong>le</strong>s années 1950. C'est<br />

un imaginaire à construire. Le langage n'a pas encore intégré l'héritage douloureux de l'Holocauste. Il ne s'est pas<br />

alourdi du poids sémantique de six millions de morts.<br />

L'étrangéité est ici avant tout cel<strong>le</strong> de l'expérience concentrationnaire. Non pas une étrangéité de l'écrivain à<br />

l'expérience, mais une étrangéité de son <strong>le</strong>ctorat à l'expérience. Comment <strong>exprimer</strong> toute la dou<strong>le</strong>ur de la mémoire ?<br />

Comment <strong>exprimer</strong> <strong>le</strong> drame même de la mémoire ? Contrairement à d'autres auteurs qui ont écrit sur la Shoah, <strong>Elie</strong><br />

<strong>Wiesel</strong> décide de garder <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce sur son expérience. Pendant dix ans, il interroge son vécu, il interroge <strong>le</strong> vécu des<br />

six millions de victimes -condition préalab<strong>le</strong> à toute prise de paro<strong>le</strong> en tant que témoin. « Car <strong>le</strong> temps <strong>pour</strong><br />

comprendre est aussi <strong>le</strong> temps <strong>pour</strong> ne pas comprendre » [22], nous dit <strong>le</strong> philosophe Jean-Claude Milner. Comment<br />

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<strong>Choisir</strong> <strong>le</strong> français <strong>pour</strong> <strong>exprimer</strong> l'indicib<strong>le</strong>. <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong><br />

ne pas rapprocher la décision de <strong>Wiesel</strong> de garder <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce du cri de détresse de Robert Antelme : « Comment<br />

nous résigner à ne pas tenter d'expliquer comment nous en étions venus là ? Nous y étions encore. Et cependant<br />

c'était impossib<strong>le</strong>. A peine commencions-nous à raconter, que nous suffoquions. A nous-mêmes, ce que nous avions<br />

à dire commençait alors à nous paraître inimaginab<strong>le</strong> » [23]. C'est une expérience au-delà des mots, une expérience<br />

sans imaginaire, une expérience qu'on ne peut imaginer, qu'on ne peut communiquer.<br />

Aussi, en toi<strong>le</strong> de fond à chacun de ses romans, <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> exprime-t-il l'impossibilité de communiquer l'expérience<br />

concentrationnaire tout aussi bien que son impérieuse nécessité. Comme il <strong>le</strong> dit si bien à Jorge Semprun : « Se taire<br />

est interdit, par<strong>le</strong>r est impossib<strong>le</strong>. [...] Pauvrement, mais il faut par<strong>le</strong>r. On n'a pas <strong>le</strong>s moyens, on n'a pas <strong>le</strong><br />

vocabulaire, mais il faut par<strong>le</strong>r » [24].<br />

Le poids de l'expérience concentrationnaire parcourt toute l'oeuvre d'<strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong>, renfermant ses personnages<br />

survivants dans un mutisme diffici<strong>le</strong> à percer, tandis que <strong>le</strong>s proches ne parviennent pas tota<strong>le</strong>ment à intégrer ou à<br />

comprendre <strong>le</strong> traumatisme que représente la vie et la survie à l'Holocauste -à moins d'un sacrifice d'une part<br />

d'eux-mêmes. Ainsi ce fils qui perce enfin <strong>le</strong> secret de son père, et se confie au <strong>le</strong>cteur : « Moi qui voulais tant<br />

partager <strong>le</strong>s événements qu'il taisait, à présent, je m'avouais qu'ils étaient trop lourds <strong>pour</strong> mes épau<strong>le</strong>s encore<br />

fragi<strong>le</strong>s » [25].<br />

<strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> est conscient que nous en apprenons plus par la représentation artistique de la Shoah que par sa<br />

description brute. Mais <strong>Wiesel</strong>, qui décrit dans ses romans l'impossibilité de communiquer, est lui-même frappé par<br />

l'incommunicabilité de l'expérience concentrationnaire. « Les sujets que j'essaie de traiter [...] sont au-delà du<br />

langage, aussi j'ai eu à trouver un nouveau langage. L'histoire défie l'imagination, aussi ai-je inventé un nouveau<br />

type d'imagination » [26].<br />

Si l'auteur essaie de communiquer certains mots de cette période, son défi consiste à transmettre <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce de<br />

l'Holocauste. Comme <strong>le</strong> père du Cinquième Fils, <strong>Wiesel</strong> affirme que « rien ne vaut <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce » mais « il est possib<strong>le</strong><br />

d'en abuser » car « c'est une chose fragi<strong>le</strong>, <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce » [27]. Le si<strong>le</strong>nce ne doit pas être trop épais. Du si<strong>le</strong>nce, doit<br />

surgir <strong>le</strong> sens. Imprégné des thèses du mysticisme juif, <strong>Wiesel</strong> insiste sur ce qui se trouve entre <strong>le</strong>s mots plutôt que<br />

sur ce qui se trouve dans chacun des mots. « Le si<strong>le</strong>nce qui sépare <strong>le</strong>s mots est ce qui m'excite et me fascine » [28],<br />

confie-t-il.<br />

Influencé par <strong>le</strong> concept talmudique de condensation, <strong>Wiesel</strong> a « en<strong>le</strong>vé, éliminé des mots, <strong>pour</strong> dire de moins en<br />

moins, toujours de moins en moins ». Paradoxa<strong>le</strong>ment aidé par sa connaissance du français en tant que langue<br />

étrangère (mais on retrouvera <strong>le</strong> même effet chez Samuel Becket), <strong>Wiesel</strong> peut al<strong>le</strong>r à l'essentiel, et développer ainsi<br />

un sty<strong>le</strong> dépouillé et percutant. Un sty<strong>le</strong> propice à l'évocation d'images troublantes et si<strong>le</strong>ncieuses.<br />

Le français donne ainsi à <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> <strong>le</strong>s moyens du si<strong>le</strong>nce entre <strong>le</strong>s mots. Il peut entourer la Shoah d'une barrière<br />

de kedoushah, de sacré, et développer une oeuvre qui se veut un sanctuaire où <strong>le</strong>s mots respectent <strong>le</strong>s morts, où <strong>le</strong><br />

si<strong>le</strong>nce invoque des images qui savent transcender <strong>le</strong>s mots [29]. « L'art doit être <strong>le</strong> résultat d'un si<strong>le</strong>nce cumulatif » [<br />

30], nous dit <strong>Wiesel</strong>. Et l'emploi du français ce qui permet de faire surgir ce si<strong>le</strong>nce sémantique, et décrire par<br />

l'absence de mot toute l'étrangéité indicib<strong>le</strong> de l'expérience concentrationnaire.<br />

Conclusion<br />

Une langue ne cesse de s'inventer, ses mots de s'épaissir de sens. L'histoire d'une langue est intimement liée à<br />

l'imaginaire qu'el<strong>le</strong> véhicu<strong>le</strong>, qu'el<strong>le</strong> intègre, qu'el<strong>le</strong> développe.<br />

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<strong>Choisir</strong> <strong>le</strong> français <strong>pour</strong> <strong>exprimer</strong> l'indicib<strong>le</strong>. <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong><br />

Pour autant, une langue peut-el<strong>le</strong> tout <strong>exprimer</strong> ? Peut-el<strong>le</strong> <strong>exprimer</strong> l'obscurité et <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce qui caractérisent la nuit<br />

de l'humanité, une nuit que seu<strong>le</strong> éclaire la lumière pâ<strong>le</strong> et imprécise de six millions de morts ? Six millions de morts<br />

qui ne peuvent témoigner que par ceux qui <strong>le</strong>ur ont survécus. « Les étoi<strong>le</strong>s n'étaient que <strong>le</strong>s étincel<strong>le</strong>s du grand feu<br />

qui nous dévorait. Que ce feu vienne à s'éteindre un jour, il n'y aurait plus rien au ciel, il n'y aurait que des étoi<strong>le</strong>s<br />

éteintes, des yeux morts », nous dit <strong>Wiesel</strong> dans La nuit [31]. La Shoah couvre d'une chape de si<strong>le</strong>nce et d'obscurité<br />

<strong>le</strong> langage qui tente de l'invoquer. Et <strong>le</strong> Monde était si<strong>le</strong>ncieux. Et <strong>le</strong> monde était La nuit. Comment invoquer des<br />

représentations littéraires, qui puissent rendre compte de l'obscurité et du si<strong>le</strong>nce d'une période ?<br />

L'étrangéité de l'expérience concentrationnaire est impossib<strong>le</strong> à percer. El<strong>le</strong> s'insère entre l'auteur et <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur, mais<br />

aussi entre l'auteur et lui-même, entre l'auteur et son propre langage. El<strong>le</strong> pose la question de la verbalisation du<br />

vécu. Ou plus exactement : du sur-vécu, du trop vécu, du trop éprouvé. El<strong>le</strong> en appel<strong>le</strong> d'el<strong>le</strong>-même au choix d'une<br />

langue nouvel<strong>le</strong>, afin de créer la distance, la distanciation nécessaire <strong>pour</strong> que la paro<strong>le</strong> puisse reprendre ses droits.<br />

Pour <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong>, cette langue nouvel<strong>le</strong> fut aussi une langue étrangère : la langue française.<br />

Langue cartésienne, nous dit-il ? Nous ne pouvons en juger. Comme l'a rappelé encore récemment Henri<br />

Meschonnic, « ce sont <strong>le</strong>s oeuvres qui font de la langue, de toute langue, ce qu'el<strong>le</strong> est » [32]. Gageons que la<br />

contribution d'<strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> à la langue française a été une source d'enrichissement. Un enrichissement qui enfante,<br />

dans <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce des mots, un imaginaire douloureux et nécessaire : l'imaginaire de l'indicib<strong>le</strong>.<br />

Olivier Rota<br />

[1] Sur la particularité de la Shoah en Roumanie, voir l'édifiant livre de Radu Ioanid : La Roumanie et la Shoah. Destruction et survie des Juifs et<br />

des Tsiganes sous <strong>le</strong> régime Antonescu 1940-1944, Paris, Maison des sciences de l'homme, 2002, 383p<br />

[2] <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong>, Tous <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>uves vont à la mer, Mémoires I, Paris, Seuil, Points, 1994, p.166.<br />

[3] E. <strong>Wiesel</strong> dans Tous <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>uves vont à la mer, Mémoires I, p.407.<br />

[4] Ibidem.<br />

[5] Toute l'émotion de cette première rencontre est rapportée dans E. <strong>Wiesel</strong>, Un Juif aujourd'hui, Paris, Seuil, 1977, pp.27-31. Voir aussi : He<strong>le</strong>na<br />

Schillony, « Mauriac et <strong>le</strong>s Juifs : histoire et imaginaire », paru dans "Cahiers de Malagar" VIII, automne 1994, pp.45-56.<br />

[6] Voir : Joseph Sungolowsky, Holocauste et Autobiographie : <strong>Wiesel</strong> - Friedländer - Pisar, paru dans "Tsafon", n°41, printemps-été 2001,<br />

pp.61-81<br />

[7] E. <strong>Wiesel</strong> dans Tous <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>uves vont à la mer, Mémoires I, p.407. Voir aussi <strong>le</strong>s commentaires que nous ne reprenons pas : « Ecrits en Yiddish<br />

», paru dans Michaël de Saint-Cheron, Autour de <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong>. Une Paro<strong>le</strong> <strong>pour</strong> l'Avenir, Colloque de Cerisy du 3 au 10 juil<strong>le</strong>t 1995, Odi<strong>le</strong> Jacob,<br />

1996, p.22.<br />

[8] Voir tout particulièrement : Miriam Weinstein, Yiddish. Mots d'un peup<strong>le</strong>, peup<strong>le</strong> de mots, Paris, autrement, Frontières, 2003, 263p.<br />

[9] E. <strong>Wiesel</strong>, Le Cinquième Fils, p.9.<br />

[10] Harold F<strong>le</strong>nder, Conversation with <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong>, "Women's American ORT Reporter", mars-avril 1970.<br />

[11] Voir à ce sujet : Joyce Block Lazarus, Strangers and Sojourners. Jewish Identity in Contemporary Francophone Fiction, New York, Peter<br />

Lang, 1999, 141p.<br />

[12] Ion Mihai<strong>le</strong>anu, Entretien avec <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong>, "Le Point", 10 janvier 2003.<br />

[13] E. <strong>Wiesel</strong>, La nuit, L'aube, Le jour, Paris, Seuil (édition en un volume), 1969, p.48.<br />

[14] Robert Jouanny, Singularités francophones, Paris, puf, Ecriture, 2000, p.142.<br />

[15] E. <strong>Wiesel</strong>, La nuit, L'aube, Le jour, p.133.<br />

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<strong>Choisir</strong> <strong>le</strong> français <strong>pour</strong> <strong>exprimer</strong> l'indicib<strong>le</strong>. <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong><br />

[16] Voir notamment : Albert Camus, avec la contribution de Jacqueline Levi-Va<strong>le</strong>nsi, Antoine Garapon et Denis Salas, Réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong> terrorisme,<br />

Paris, Nicolas Philippe, 2002, 250p.<br />

[17] Reproduit dans : Antoine de Rivarol, L'Universalité de la langue française, Paris, Arléa, 1998, 124p.<br />

[18] Ion Mihai<strong>le</strong>anu, Entretien avec <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong>, "Le Point", 10 janvier 2003.<br />

[19] Lily Edelman, A Conversation with <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong>, "National Jewish Monthly", novembre 1973.<br />

[20] E. <strong>Wiesel</strong>, Le Cinquième Fils, p.10.<br />

[21] E. <strong>Wiesel</strong>, Un Juif aujourd'hui, p.26.<br />

[22] Jean-Claude Milner, Les penchants criminels de l'Europe démocratique, Paris, Verdier, Le séminaire de Jérusa<strong>le</strong>m, 2003, p.55.<br />

[23] Introduction à Robert Antelme, L'espèce humaine, 1947.<br />

[24] Jorge Semprun, <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong>, Se taire est impossib<strong>le</strong>, Paris, Mil<strong>le</strong> et une Nuits, 1995, pp.15, 17, 36-37.<br />

[25] E. <strong>Wiesel</strong>, Le Cinquième Fils, p.51.<br />

[26] Robert Franciosi, Brian Shaffer, An Interview with <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong>, "Contemporary Literature", n°3, 1987.<br />

[27] E. <strong>Wiesel</strong>, Le Cinquième Fils, p.44.<br />

[28] R. Franciosi, B. Shaffer, op.cit.<br />

[29] Voir notamment ce que peut en dire : Rosette C. Lamont, <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong> : In Serach of a Tongue, paru dans Alvin H. Rosenfelf, Irving Greenberg<br />

(dir.), "Confronting the Holocaust. The Impact of <strong>Elie</strong> <strong>Wiesel</strong>, Bloomington", Indiana University Press, pp.80-98.<br />

[30] Joseph Wershba, An Author Asks Why the World Let Hit<strong>le</strong>r Do It, "The New York Post", 2 octobre 1961.<br />

[31] E. <strong>Wiesel</strong>, La nuit, L'aube, Le jour, p.33.<br />

[32] Henri Meschonnic, L'ennemi des langues, c'est la langue, "Le Monde", 3 juil<strong>le</strong>t 1999.<br />

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