Éric Doligé - Les panneaux autoroutiers français

L’autorouteenbref
Concession.—La société
Arcour (Ar comme Artenay
et Cour comme Courtenay)
a été créée par le groupe
Vinci qui a obtenu, en mars
2005, la conception, la
construction (confiées à
Socaly) et la concession de
l’autoroute jusqu’en 2070.
Elle sera ensuite propriété de
l’État. L’exploitation a été
confiée à Cofiroute pour
7 ans renouvelables.
Budget.—Le budget total
du chantier est de 840 millions
d’euros hors taxe
(valeur 2009) dont 707 pour
la construction. Arcour a
reçu 98 millions d’euros de
subventions, pour moitié de
l’État et pour moitié des
collectivités locales, à commencer
par le conseil général
du Loiret.
Emploi.—En mars dernier,
600 à 700 personnes travaillaient
encore à la
construction de l’autoroute
qui a vu jusqu’à 2.200 personnes
participer, notamment
à l’été 2007, au plus
Lesenrobésontététerminésenmarsdernier.
gros des terrassements. Au
total près de 8.000 personnes
et 700 entreprises sont
venues sur le chantier, travaillant
3 millions d’heures.
Chaussée.—La chaussée
roulante est constituée de
trois couches d’enrobé,
d’une épaisseur totale de
20,5 à 22,5 cm. L’enrobé a
été fabriqué par Eurovia,
entre décembre 2007 et fin
mars 2009, par trois usines,
à Escrennes, Juranville et
Chantecoq, implantées spécialement
le long de l’A19.
Escrennes, la plus grande
centrale mobile d’Europe,
produisait 600 tonnes d’enrobé
à l’heure. Les granulats
provenant de carrières de
l’Orne ou des Deux-Sèvres
étaient amenés par train...
quand le train ne déraillait
pas !
L’enrobé était posé au
rythme de 15.000 tonnes ou
de 3 km par jour, soit un
total de 1.150.000 tonnes.
La chaussée est classique, ni
drainante, ni insonorisée.
Une aire de fabrication de
4 ha restera à Juranville, qui
est relié au chemin de fer,
pour les campagnes de
« rechargement » d’une
épaisseur d’environ 5 cm,
dans 7 à 10 ans. Il est possible
de mener trois campagnes
de rechargement, sans
avoir à raboter.
ValléeduLoing.—Des
falaises de craie ont été creusées
pour que la voie passe
en déblai à l’ouest de la
vallée du Loing. Vallée traversée
par un viaduc de
mille mètres de long qui a
subi avec succès, en décembre
dernier, l’épreuve de
charge, soit le passage au
ralenti, de concert, de seize
camions de 28 tonnes chacun.
Dernierstravaux.—En
mars dernier, les ouvriers
finissaient de poser les enrobés,
avant de s’attaquer aux
joints de dilatation sur les
ponts, aux lignes blanches
et autres peintures et de
poser les glissières de sécurité.
Les bâtiments (aire de
service, aires de repos, gendarmerie,
centre d’exploitation)
ont également été finis
au printemps.
Glissièrecentrale.—
Autant que possible, la glissière
de sécurité centrale a
été faite d’un seul tenant
grâce à une machine spéciale,
déversant du béton le
long de deux câbles métalliques
préalablement posés
au centre de la quatre voies,
au rythme de 600 m par
jour. Les deux câbles encastrés
dans le béton évitent à
la glissière, en cas de choc,
d’exploser.
Anti-tag.—Les ouvrages
d’art ont été recouverts d’un
vernis anti-tag, ce qui n’a
pas empêché les amateurs
de s’exprimer, et ce avant
même l’ouverture de l’A19,
mais ce qui facilite le nettoyage.
Contrôles.—Le laboratoire
des Ponts et Chaussées
de Blois a mené des contrôles,
au nom de l’État pour
vérifier l’état des ouvrages
d’art.
Antennes.—Treize antennes
sont fixées sur le bord de
la chaussée, pour la radio
des agents d’exploitation et
autoroute FM.
Fluxmajoritaires.—Le
flux majoritaire, c’est celui
qui nous porte naturellement
(sans prendre de sortie
ou de déviation) de l’A19
vers une autre route. Ainsi le
flux majoritaire porte les
passagers de l’A19 à l’A10
dans la direction d’Orléans.
ENJEUXTERRITORIAUX
ÉricDoligé:«Missionaccomplie!»
■Leprésidentduconseil
généralduLoiret
s’estbeaucoupbattu
pourl’ouverture
del’autoroute.Ilen
espèredesretombées
diversesetimportantes.
Quels sont, pour vous, les
enjeuxmajeursreprésentés
parl’A 19 ?
Il y a, bien sûr, un enjeu de
déplacement. L’autoroute permet
la traversée du Loiret
dans de bonnes conditions.
Elle rend possible la traversée
de la France d’est en ouest.
Elle permet de relier la façade
atlantique à l’Allemagne, la
Suisse, voire l’Italie. C’est la
grande transversale qui manquait.
L’autre enjeu est celui de la
sécurité puisqu’elle va réduire
la dangerosité et la densité du
trafic sur la RN 60.
L’autre impact important sera
la réduction de l’engorgement
sur l’agglomération
orléanaise. Cela va supprimer
le trafic national et européen
transitant par l’agglomération.
Assez rapidement, je pense
dans quatre à cinq ans, un
maillon intéressant va
s’ouvrir quand la RN 154 va
se transformer en concession
autoroutière entre Artenay et
Chartres, vers Dreux et
Rouen. Cela permettra des
liaisons dans d’excellentes
conditions.
L’A 19, c’est aussi le contournement
sud de l’Île de France.
Etéconomiquement ?
L’impact sera considérable.
Ne serait-ce que par la création
de 150 emplois directs
sur l’autoroute. Et la création
des zones d’activités qui
seront là peut-être en 2010
pour les premières. Des entreprises
vont venir dans le nord
Pose
delaglissière
centrale,
aurythmede
600mètres
parjour.
«Unsoulagementaprèsunénormetravail »,seréjouitÉricDoligé,présidentduconseilgénéral.
du Loiret sur un axe où l’activité
économique était
modeste. L’A 19 est un atout
en matière d’aménagement
du territoire, permet de rééquilibrer
en faveur du nord et
de l’est. Des petites communes
proches de l’A 19 qui
étaient très calmes connaissent
un regain d’activité : des
lotissements voient le jour, le
prix du terrain augmente.
D’autresenjeux ?
Un enjeu environnemental,
en évitant la RN 60, les blocages
à Orléans ou Montargis.
Cela permet une économie en
dégagement de CO 2 . Sur
l’autoroute, on divise aussi
par sept le nombre d’accidents
au kilomètre.
Nous allons en profiter, également,
pour valoriser le Loiret.
Une dizaine de grands sites
touristiques ont été repérés.
Nous organisons une grande
manifestation de valorisation
archéologique au château de
Chamerolles. Peu de grands
travaux ont fait l’objet d’une
communication dans ces
conditions-là.
L’autoroute n’ouvre-t-elle
pasaumauvaismoment?
Elle a, en tout cas, été lancée
au bon moment.
Aujourd’hui, on n’aurait pas
été près de l’avoir. Une autoroute
neuve, des zones prêtes
à accueillir des entreprises :
on se donne tous les atouts
pour la sortie de crise.
Queljugementportez-vous
surlechantier?
C’était un chantier exceptionnel.
La société a fait beaucoup
de communication.
L’A 19 est devenu un hautlieu
touristique. Pour nous,
c’est un grand espoir. Un travail
considérable a été mené.
On s’est bien débrouillé.
Nous avons récupéré la compétence
aménagement foncier
qui a porté sur
15.000 hectares. Nous avons
touché 18.000 exploitants.
Nous avons géré énormément
d’opérations, fait un
gros travail avec les élus, effectué
tout un travail de rétablissements
de voies.
Quelest votre étatd’esprit
aujourd’hui?
C’est un soulagement, après
un énorme travail qui a
abouti dans de bonnes conditions.
Mission accomplie !
Cela fait 15 ans que je travaille
dessus. Il a fallu vaincre
beaucoup de scepticisme,
d’anxiété, convaincre les
ministères, localement. Cela
prouve que quand on a la
volonté, si on se bat, si on ne
se décourage pas, on doit arriver
à réaliser son opération.
J’ai été pas mal soutenu,
aussi, par un courant porteur.
LARÉPUBLIQUEDUCENTRE-MARDI5MAI2009-TH4-5