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Amitiés<br />

<strong>dominicaines</strong><br />

Huit siècles<br />

de prêcheurs<br />

Lettre de la province de France <strong>66</strong> Pâques 2015


SOMMAIRE<br />

Dossier : 800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

Saint Dominique et la miséricorde<br />

par le frère Marie-Augustin Laurent-Huyghues-Beaufond, o.p.<br />

Saint Albert le Grand<br />

par le frère Paul-Adrien d’Hardemare, o.p.<br />

Saint Thomas, frère prêcheur<br />

par le frère Michel Demaison, o.p.<br />

Frère Jean, que l’on nomme Tauler<br />

par le frère Rémy Valléjo, o.p.<br />

Catherine de Sienne, fille du peuple<br />

par le frère Norbert-Marie Sonnier, o.p.<br />

Fra Angelico, hymne à la loi d’amour divin<br />

par le frère Rémy Valléjo, o.p.<br />

Jérôme Savonarole, une figure déroutante<br />

par le frère Adrien Candiard, o.p.<br />

Bartolomé de Las Casas, en faveur des indiens<br />

par le frère Jacques-Benoît Rauscher, o.p.<br />

Martin de Porrès, soins d’un saint<br />

par le frère Thomas-Marie Gillet, o.p.<br />

Henri-Dominique Lacordaire, idées libérales<br />

et tempérament fougueux<br />

par le frère Benoît Delhaye, o.p.<br />

Bienheureux Jean-Joseph Lataste<br />

par Monique Longueira<br />

Bienheureux Pier Giorgio Frassati, droit au but<br />

par le frère Charles Desjobert, o.p.<br />

George Desvallières, peintre prêcheur<br />

par Maximilien Ambroselli<br />

Actualité de la province :<br />

Ordination diaconale du frère Gabriel Salmela<br />

Le Chapitre provincial<br />

par le frère Benoît Delhaye, o.p.<br />

Le carnet<br />

2


L’ÉDITORIAL<br />

DOMINIQUE DEVIENT<br />

UN GRAND ARBRE…<br />

Grégoire IX dans la bulle de canonisation donne à Dominique<br />

le titre de « patriarche », à savoir celui qui a engendré<br />

de nombreux fils. Cela va s’exprimer dans une représentation<br />

courante au Moyen âge qui s’inspire de l’arbre de<br />

Jessé. Au bas du tableau Dominique est couché, tel un cep<br />

de vigne d’où sortent différents saints et saintes de l’Ordre<br />

des Prêcheurs.<br />

Ainsi l’intuition du fondateur se transmet, s’épanouit et<br />

se différencie chez des hommes et des femmes différents<br />

au long des âges. C’est aussi ce qu’exprime Catherine de<br />

Sienne dans une vision où elle voit Dominique sortir du<br />

cœur du Père éternel qui dit : « Engendré le Verbe a prêché<br />

au monde… adopté mon fils Dominique a prêché la vérité<br />

non seulement par lui-même mais à travers les autres aussi,<br />

non seulement durant sa vie mais aussi à travers ses successeurs.<br />

»<br />

Ainsi ce numéro d’Amitiés <strong>dominicaines</strong> va évoquer toute<br />

cette famille qui se réclame de Dominique. A savoir de<br />

grands spirituels dominicains qui ont reflété la manière de<br />

vivre et de prier de Dominique, mais aussi tous ces frères,<br />

sœurs et laïcs qui se réclament de lui pour annoncer la<br />

Parole et qui manifestent la fécondité du « patriarche ».<br />

Fêter le viii e centenaire c’est faire mémoire de tous les<br />

membres de cette grande famille, c’est rendre grâce pour la<br />

richesse de leur témoignage mais<br />

c’est aussi faire vivre pour aujourd’hui<br />

l’intuition de Dominique.<br />

Fr. Michel Lachenaud, o.p.<br />

prieur provincial de la province de France<br />

3


DOSSIER :<br />

DOMINICAINS<br />

ORD RE DES PRÊ CHEURS<br />

P r ovi nce d e France<br />

1215 2015<br />

DOMINICAINS<br />

ORD RE DES PRÊ CHEURS<br />

P r ovi nce d e France<br />

1215 2015<br />

En 1215, il y a 800 ans, Dominique fondait<br />

avec ses premiers frères ce qui deviendrait<br />

l’Ordre des Prêcheurs, plus connu<br />

sous le nom d’ordre dominicain.<br />

Depuis, des milliers de frères se sont mis<br />

dans les pas de leur fondateur pour annoncer<br />

la Parole de Dieu au monde entier<br />

et de multiples manières.<br />

Pour commémorer cet anniversaire, nous<br />

vous proposons de revivre en quelques<br />

pages ces huit siècles de vie dominicaine<br />

à travers une galerie de portraits.<br />

Des frères, des sœurs, des laïcs dominicains<br />

se sont transmis le feu qui brûlait<br />

dans le cœur de saint Dominique : feu de<br />

la Parole divine, lumière de Pâques qui<br />

jamais ne s’éteint !<br />

Ce sont les frères et laïcs d’aujourd’hui,<br />

heureux de se placer sous le parrainage<br />

de leurs aînés, qui vous invitent à entrer<br />

dans cette belle histoire.<br />

Pour tout savoir sur la célébration du huitième centenaire :<br />

WWW.CENTENAIREDOMINICAINS.FR<br />

4


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

SAINT DOMINIQUE<br />

ET LA MISÉRICORDE<br />

Il y a huit siècles, Dominique. L’homme<br />

a laissé peu de traces, le saint un peu<br />

plus : le père fondateur absent reste une<br />

figure bien malléable, qui permet souvent<br />

de projeter sur un portrait souhaits<br />

et désirs. Je m’y risque pourtant…<br />

Dominique, nous dit le Libellus 1 , demandait<br />

fréquemment à Dieu d’avoir<br />

« une vraie charité, capable de rechercher<br />

et d’obtenir le salut des hommes ».<br />

Cette prière, on le sait, se déroulait dans<br />

le secret de longues heures de veille dans<br />

la nuit, ponctuées de cris vers Dieu que<br />

les frères entendaient parfois. La charité<br />

de Dominique se manifestait aussi par<br />

des actes concrets, comme la vente de<br />

ses précieux livres pour la constitution<br />

1– Dans son Libellus (le livret), le bx Jourdain de Saxe,<br />

l'un des premiers compagnons de saint Dominique,<br />

évoque les débuts de l'Ordre et la vie de son fondateur.<br />

5


DOSSIER<br />

d’une aumône durant ses études à Palencia,<br />

avec cette question oratoire qui est tout autant<br />

une interpellation : « Comment étudierais-je sur<br />

des peaux mortes quand des hommes meurent de<br />

faim ? »<br />

Voilà pour moi le secret de Dominique, cette ténacité<br />

qui s’exprimait dans sa prière tendue à la fois<br />

vers Dieu et vers les hommes, et qui n’hésitait pas<br />

à sortir par cris. Cri adressé à Dieu, cri pour les<br />

hommes. Ne serait-ce pas là aussi un fil conducteur<br />

de la vie de l’Ordre ? Je songe certes au cri de<br />

Montesinos en défense des Indiens et à d’autres<br />

initiatives, mais aussi à toute notre prière qui est,<br />

comme chaque aspect de notre existence, ordonnée<br />

à la prédication en vue du salut des hommes.<br />

Notre prière qui récapitule cette tension que nous<br />

pouvons sentir au cœur de nos vies, un pied dans<br />

le couvent et l’autre en-dehors. Il est alors heureux<br />

que de Dominique ne nous soit parvenu<br />

aucun écrit ni sermon, mais le témoignage d’un<br />

homme de prière : là commencent la conversation<br />

avec Dieu et la conversion au Christ, à poursuivre<br />

au contact du prochain.<br />

Rechercher et obtenir le salut<br />

du prochain, pour Dominique,<br />

passait par l’exercice de la<br />

charité : la charité qui sauve,<br />

c’est la miséricorde, inlassablement<br />

reçue et vécue,<br />

pour être donnée et partagée.<br />

Il n’est pas anodin que notre<br />

entrée dans l’Ordre se fasse<br />

6


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

par le porche de la miséricorde :<br />

« Que demandez-vous ? - La miséricorde<br />

de Dieu, et la vôtre ! » S’il<br />

y a un charisme prophétique dans<br />

la vie dominicaine, c’est sans doute<br />

celui de puiser, d’annoncer et de<br />

répandre la miséricorde, en dépit de<br />

tout, parce qu’elle est œuvre de salut.<br />

Dominique l’avait compris et le<br />

vivait. Si sa figure nous semble parfois<br />

difficilement saisissable, soyons<br />

sûrs qu’elle n’est pas sans relief, ni<br />

terne : la miséricorde du Seigneur<br />

est riche, insondable, Dominique<br />

nous en a transmis quelque chose,<br />

pour que nous en vivions.<br />

Depuis huit siècles, notre Ordre,<br />

grâce à Dominique, et au nom de la<br />

miséricorde.<br />

Fr. Marie-Augustin<br />

Laurent-Huyghues-Beaufond, o.p.<br />

Frère Marie-Augustin Laurent-Huyghues-Beaufond, assigné<br />

à la maison Saint Olav de Helsinki (Finlande) pour un stage<br />

diaconal. Il sera ordonné prêtre au mois de juin.<br />

7


DOSSIER<br />

SAINT ALBERT<br />

LE GRAND<br />

Étant professeur de mathématiques<br />

à l’école Saint<br />

Thomas d’Aquin, s’il est<br />

une personne de la tradition<br />

dominicaine qui m’est<br />

chère, c’est bien saint Albert,<br />

surnommé Albert le<br />

Grand (1206-1280). Il est<br />

le saint patron des scientifiques,<br />

et moi, je prie le<br />

saint patron des scientifiques.<br />

Il fut le professeur<br />

de saint Thomas d’Aquin,<br />

et, moi, je suis professeur<br />

à Saint Thomas d’Aquin<br />

d’Oullins !<br />

Tant de points communs ne peuvent laisser indifférent, et expliquent<br />

mon envie de vous le faire connaître… Véritable encyclopédie vivante,<br />

on lui a donné le surnom de « docteur universel » : il a écrit des traités<br />

de logique, de minéralogie, de zoologie. Avec parfois des questions qui<br />

peuvent nous surprendre, se penchant sur la délicate question du paradis<br />

des animaux ou sur la manière de pratiquer la chasse au faucon.<br />

On raconte encore que, en chemin vers l’Allemagne, il imposa à tous<br />

ses compagnons de route une halte forcée sur une plage où venait de<br />

s’échouer une baleine afin de pouvoir disséquer son œil. La science<br />

avant toute chose ! A tel point d’ailleurs que le diable lui apparut un jour,<br />

8


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

lui disant qu’il était un mauvais religieux car il passait trop de temps aux<br />

études profanes et pas suffisamment aux études théologiques !<br />

Il fit à son corps défendant une carrière dans les échelons ecclésiastiques<br />

: professeur à Paris où il enseigna la scolastique à Thomas<br />

d’Aquin, régent des études, provincial d’Allemagne, évêque de Cologne.<br />

D’un naturel peut-être trop contemplatif, il demanda à être<br />

retiré de l’épiscopat après trois ans de charge. Il eut tout de même<br />

le temps de gagner un autre surnom, moins glorieux que « docteur<br />

universel », mais tout aussi édifiant : celui d’« évêque en bottes ». Fidèle<br />

à son idéal de pauvreté évangélique, et en cela imitateur de saint<br />

Dominique, saint Albert le Grand refusait en effet de monter à cheval,<br />

même pour visiter les paroisses dont, évêque, il avait la charge. On<br />

comprend aussi pourquoi, épuisé, il demanda à ne plus être évêque…<br />

Il se consacra alors à défendre l’héritage intellectuel de son élève Thomas<br />

d’Aquin. Saint Thomas était déjà mort et son œuvre alors attaquée<br />

comme hérétique. Saint Albert le Grand s’attacha à défendre la<br />

mémoire de son élève point par point. Un bel exemple de fraternité et<br />

d’humilité : l’élève surpassa le maître et le maître s’attacha à développer<br />

et à défendre le génie de son élève.<br />

On le surnomma encore la « stupeur de son temps » par l’étendue de<br />

son savoir. Un homme d’une telle trempe et avec autant de surnoms<br />

devait forcément laisser une marque dans notre géographie : ce fut la<br />

place Maubert à Paris, contraction de « Maître Albert », l’endroit d’où il<br />

prêchait tout ensemble la logique, les sciences et le royaume de Dieu !<br />

Fr. Paul-Adrien d’Hardemare, o.p.<br />

Le frère Paul-Adrien d’Hardemare, du couvent de Lyon,<br />

est professeur de mathématiques et de religion au Centre<br />

scolaire St Thomas d’Aquin, à Oullins (69).<br />

9


DOSSIER<br />

SAINT THOMAS, FRÈRE PRÊCHEUR<br />

Libérons-le de toutes ses bandelettes, les<br />

consécrations officielles et leur rançon, les<br />

attaques et les rejets, et revenons à l’essentiel.<br />

Saint Thomas est avant tout fils de saint Dominique<br />

par choix personnel contre les projets<br />

de sa puissante famille. Il veut se mettre au<br />

service de l’Eglise dans la nouvelle forme de<br />

vie évangélique inaugurée par les ordres mendiants,<br />

et pour la mission spécifique confiée<br />

aux Prêcheurs. Témoigner de la foi en mettant<br />

en œuvre toutes les capacités de l’intelligence,<br />

c’était une exigence vitale pour le christianisme<br />

en ce milieu du XIII e siècle, grand moment<br />

de lumière. Le frère Thomas y consacra toutes ses forces, et cela<br />

ne faisait qu’un avec sa fidélité à la vie dominicaine et avec sa quête<br />

personnelle de Dieu. Car il ne concevait pas une théologie séparée de<br />

la prière contemplative, en particulier devant la Croix du Christ.<br />

L’Ecriture est le principal objet d’enseignement à cette époque. Elle<br />

est commentée en cours magistraux, ensuite débattue et approfondie<br />

en des « disputes » tenues entre enseignants devant les étudiants. La<br />

réflexion prend enfin sa forme la plus élaborée dans les traités et les<br />

« Sommes » qui exposent une doctrine synthétique. Ce mouvement<br />

d’une grande nouveauté s’est répandu et structuré avec l’essor des universités<br />

dans toute l’Europe. La marque propre de Thomas d’Aquin a<br />

été d’intégrer audacieusement les savoirs rationnels pour construire<br />

une œuvre à la fois systématique et ouverte au débat. Son audace<br />

10


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

s’appuyait sur une option théologique fondamentale : la vérité ne<br />

peut pas se diviser ni se contredire elle-même, la relation entre la<br />

Parole de Dieu et les productions de l’esprit humain créé par Dieu<br />

est donc dès le départ positive, comme celle entre la grâce et la<br />

nature.<br />

Par sa puissance de travail phénoménale, en moins de trente ans,<br />

saint Thomas a commenté à la lettre plusieurs livres de l’Ancien<br />

et de presque tout le Nouveau Testament, l’essentiel de l’œuvre<br />

d’Aristote, et un grand classique, le Livre des Sentences de Pierre<br />

Lombard ; il a écrit deux Sommes de théologie et plusieurs volumes<br />

de Questions disputées magistrales. Pourtant nulle dispersion,<br />

nul éclectisme, dans ses explorations, car leur envergure est<br />

portée et emportée par l’unique intention de tracer une voie intelligible<br />

vers la vérité indicible.<br />

Sous l’habit du Prêcheur, saint Thomas a tout donné au service<br />

de l’Eglise jusqu’à ce jour où, épuisé, il pose définitivement sa<br />

plume, trois mois avant de mourir sur le chemin du concile de<br />

Lyon, le 7 mars 1274. L’influence de sa théologie dans l’histoire<br />

du christianisme ne peut pas être sous-estimée, même si elle a toujours<br />

rencontré aussi des oppositions, soit sur des bases philosophiques, soit<br />

de la part de courants dérivés de l’augustinisme. Canoniser Thomas<br />

d’Aquin, ce n’est pas sacraliser sa théologie, c’est proposer en exemple<br />

une vie que la grâce a sanctifiée en sanctifiant son intelligence par la<br />

contemplation du mystère de Dieu.<br />

Fr. Michel Demaison, o.p.<br />

Frère Michel Demaison du couvent du Saint-Nom-de-Jésus,<br />

ancien professeur de théologie à l’Université catholique de<br />

Lyon.<br />

11


DOSSIER<br />

FRÈRE JEAN…<br />

D’après une chronique du XIV e siècle,<br />

« frère Jean que l’on nomme Tauler, est<br />

un amoureux de Dieu et un fervent prédicateur<br />

». Au XVI e siècle, à la veille<br />

de la Réforme, Martin Luther affirme<br />

« qu’aucun théologien du passé, sauf<br />

saint Paul et Augustin, n’a parlé aussi<br />

bien que Tauler ». Enfin aujourd’hui<br />

encore, fidèles et croyants, agnostiques<br />

et amateurs de poésie reconnaissent tous<br />

en lui l’humanité, la beauté et l’ardeur de<br />

son inspiration.<br />

Né à Strasbourg vers 1300, dans le quartier<br />

du Finkwiller, Jean Tauler entre au couvent des dominicains de<br />

sa ville natale, le Couvent Saint-Barthélemy, vers 1315. Chargé de<br />

la prédication auprès des moniales <strong>dominicaines</strong>, des béguines et des<br />

laïcs, il prêche toujours en moyen-haut-allemand pour offrir au plus<br />

grand nombre la sagesse d’une vie spirituelle qui, détachée de tout<br />

avoir, savoir et vouloir, est pleinement enracinée dans le Christ. À<br />

la différence du bienheureux Henri Suso, Jean Tauler demeure fidèle<br />

à la doctrine spirituelle de Maître Eckhart (1260-1327), le fondateur<br />

de la mystique rhénane, et c’est avec des métaphores empruntées à la<br />

vie quotidienne qu’il retraduit ses subtilités théologiques. Ses quatrevingt-quatre<br />

sermons portent l’empreinte du mystère de la naissance<br />

du Verbe de Dieu. La Gottesgeburt, c’est « Dieu qui tous les jours et<br />

à toute heure, naît en vérité, spirituellement, par la grâce et l’amour,<br />

12


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

QUE L’ON NOMME TAULER<br />

dans une bonne âme. » Contraint à l’exil, avec ses frères, lors de<br />

l’Interdit prononcé par le pape Jean XXII sur la ville de Strasbourg,<br />

Jean Tauler trouve refuge à Bâle entre 1342 et 1343. Il y rencontre les<br />

« Amis de Dieu », un cercle de prêtres, de religieux et de laïcs en quête<br />

de radicalité évangélique. De retour à Strasbourg, il aide Ruhlmann<br />

Merswin (1307-1382) à promouvoir ce mouvement dans l’Ermitage<br />

Saint-Jean de l’Ile Verte. Jean Tauler meurt le 16 juin 1361, sa pierre<br />

tombale est conservée dans l’Église du Temple-Neuf.<br />

La prédication de Jean Tauler abonde en images suggestives et poétiques<br />

au gré desquelles le prédicateur traduit la pensée de Maître Eckhart.<br />

Cependant, dans son Sermon 54, ce disciple de Maître Eckhart<br />

recommande de « dépasser toutes les images, les formes particulières<br />

et les symboles ». En effet, « l’homme doit se servir de ces images<br />

pour s’élever par elles au-dessus d’elles et passer des pratiques extérieures<br />

et sensibles à l’intérieur pour rentrer en lui-même, dans le<br />

tréfonds où est en vérité le royaume de Dieu, le tréfonds où brille la<br />

vérité vivante. »<br />

Fr. Rémy Valléjo, o.p.<br />

Frère Rémy Valléjo, directeur du programme culturel et<br />

spirituel « Le Rhin mystique » du diocèse de Strasbourg,<br />

coauteur de l’« Encyclopédie des mystiques rhénans » parue<br />

aux Éditions du Cerf en 2011.<br />

13


DOSSIER<br />

CATHERINE<br />

DE SIENNE,<br />

FILLE DU PEUPLE<br />

L’interrogation fondamentale<br />

que l’on<br />

se pose en lisant sa<br />

biographie tient dans<br />

l’origine de cet engagement<br />

dans l’Église,<br />

la société et le monde<br />

de son temps, alors<br />

qu’elle n’a pas d’atouts<br />

majeurs : femme dans<br />

un monde gouverné par<br />

les hommes (d’Église<br />

ou autres), fille du peuple (ses parents, teinturiers, n’appartiennent pas<br />

à la caste des dirigeants), laïque. Il faut donc commencer par rappeler<br />

son expérience spirituelle, qui n’est autre qu’un attachement profond à<br />

Jésus-Christ. Certes, elle a bénéficié de grandes grâces, mais sa doctrine<br />

spirituelle montre que le désir (l’honneur de Dieu et le salut des âmes,<br />

selon la maxime dominicaine) porte à courir sur ce Pont que le Christ<br />

fait de son corps en croix, pont qui fait le lien entre Dieu et l’homme. En<br />

passant par les trois degrés – les pieds, le côté et la bouche – on arrive<br />

justement à cette configuration typiquement dominicaine qui consiste à<br />

prendre « l’office du Verbe », donc prêcher.<br />

Cette voie spirituelle possède un lieu : la cellule de la connaissance<br />

de Dieu et de soi. Autrement dit, le cœur, où l’on trouve toujours la<br />

présence du Christ qui invite à progresser dans la charité au fur et<br />

à mesure que cette double connaissance accroît l’humilité. Dans ce<br />

terreau – l’humilité – l’arbre de l’âme grandit en charité, produit des<br />

fruits de vertu, de louange de Dieu et d’utilité pour le prochain. Mais<br />

cela permet aussi de voir pousser le « rejeton » de la discrétion… cette<br />

finesse d’analyse qui permet de discerner exactement ce qu’il faut<br />

14


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

faire. Le désir est toujours ainsi « assaisonné » de discrétion, ce qui<br />

l’oriente dans le sens attendu par Dieu.<br />

Mystique, femme spirituelle, Catherine a eu un véritable impact. Commençant<br />

modestement par le service des pauvres, puis élargissant son<br />

action à la pacification des familles et des villes, elle jouera un rôle dans<br />

l’Église. Elle ira jusqu’en Avignon pour tâcher de convaincre le pape<br />

Grégoire XI de retourner à Rome (ce qu’il fera !) ; elle sera présente<br />

aux côtés d’Urbain VI, le pape « légitime » en regard de l’antipape.<br />

Elle est la mystique qui a sans doute le plus œuvré, le plus souffert<br />

pour l’Église. Quelques heures avant sa mort, elle ressent « physiquement<br />

» sur ses frêles épaules le poids de la barque qu’est l’Église. Sa<br />

correspondance atteste qu’elle ne craint pas de dénoncer les péchés<br />

des puissants, pour les inviter à la conversion, et des pasteurs pour que<br />

la réforme de l’Église soit possible, en commençant par la tête (pape,<br />

cardinaux, évêques) pour s’étendre au corps entier.<br />

En invitant à se montrer « virils », à avoir une volonté forte parce<br />

qu’affermie en Dieu, Catherine se révèle comme ayant expérimenté ce<br />

qu’elle demande : ôter de soi toute volonté propre, tout amour-propre<br />

(les poisons du monde, selon son expression) pour s’unir à l’amour et<br />

à la volonté de Dieu, au point de pouvoir dire Voglio (je veux) adressé<br />

tant à Dieu qu’aux hommes ! C’est cette relation que l’on découvre en<br />

lisant son Dialogue.<br />

Fr. Norbert-Marie Sonnier, o.p.<br />

Le frère Norbert-Marie Sonnier, du couvent de Rennes, est<br />

aumônier d’étudiants, directeur de l’Institut de Formation<br />

Théologique et curé de la paroisse Saint-Augustin.<br />

15


DOSSIER<br />

FRA ANGELICO, HYMNE À LA LOI D’AMOUR DIVIN<br />

À l’aube du Quattrocento, lorsque la Renaissance<br />

baigne de sa lumière les terres de Toscane,<br />

l’œuvre peint de fra Angelico (1385-<br />

1455) bénéficie de la sève pleine de vie de la<br />

tradition dominicaine, dite de l’Observance,<br />

et offre sa plus belle floraison à Florence,<br />

dans le cloître du Couvent san Marco.<br />

Fra Giovanni de Fiesole, dit fra Angelico est<br />

non seulement un maître dans le métier des<br />

arts du dessin et de la couleur, qui jamais<br />

ne cesse d’approcher l’idéal de la beauté<br />

prônée par les peintres Giotto (12<strong>66</strong>-1337),<br />

Lorenzo Monaco (1370-1324), Masaccio<br />

(1401-1428). Mais, c’est aussi et surtout<br />

un fils en religion de saint Dominique, qui,<br />

député par vocation à prêcher, est profondément<br />

enraciné dans la loi d’amour de charité<br />

qu’inspire l’Évangile. Si donc, parmi<br />

les prémices de la Renaissance florentine, fra Angelico rayonne d’une<br />

grâce particulière, c’est parce que dans ses miniatures, ses fresques<br />

et ses retables, tel l’ineffable Couronnement de la Vierge du Louvre,<br />

la beauté idéale se confond avec la Lex amoris exaltée par la tradition<br />

dominicaine. Hymne à la loi d’amour divin accomplie dans le<br />

Christ Jésus, le cycle peint de l’Armoire des ex-voto d’argent de la<br />

Santissima Annunziata, aujourd’hui conservé au couvent san Marco<br />

à Florence, représente le testament spirituel de fra Angelico. En effet,<br />

16


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

en véritable fils de saint Dominique, député<br />

à la prédication, fra Angelico contemple et<br />

transmet ce qu’il a contemplé : la naissance,<br />

l’enfance, la compassion, la passion, la mort<br />

et la résurrection du Christ Jésus.<br />

D’après une sentence attribuée à fra Angelico<br />

par une chronique du XVI e siècle, « celui<br />

qui veut peindre le Christ doit toujours vivre<br />

avec le Christ. » Contrairement à ses frères,<br />

tels Jean Dominici (1355-1419) et saint<br />

Antonin de Florence (1389-1446), célèbres<br />

à Florence dans l’art de prêcher, aucun des<br />

sermons de fra Angelico n’a été pieusement<br />

collationné, mais, pour qui sait contempler,<br />

son œuvre peint est en soi un florilège spirituel,<br />

un « Hortulus animae », un véritable<br />

jardin de l’âme où Dieu se plaît à demeurer.<br />

Ayant vécu une longue et réelle intimité<br />

avec le Christ, ce fils de saint Dominique a<br />

su authentiquement exprimer la paix de Dieu<br />

et la faire rayonner. Selon le peintre Alfred<br />

Manessier (1911-1993), « peu d’hommes<br />

sont parvenus à cette paix ineffable et l’ayant<br />

vécue ont ainsi le droit de la dire. »<br />

Fr. Rémy Valléjo, o.p.<br />

Frère Rémy Valléjo, directeur du programme culturel et<br />

spirituel « Le Rhin mystique » du diocèse de Strasbourg,<br />

coauteur de l’« Encyclopédie des mystiques rhénans » parue<br />

aux Éditions du Cerf en 2011.<br />

17


DOSSIER<br />

Il y a des héritages difficiles. Personnalité charismatique de la<br />

Renaissance italienne, prophète haut en couleur, caractère rigoureux<br />

jusqu’à l’intransigeance, symbole d’une utopie politique<br />

chrétienne, martyr de la papauté corrompue des Borgia, Savonarole<br />

est de ces figures déroutantes qu’on hésite à regarder comme un réformateur<br />

inspiré ou un fanatique puritain.<br />

C’est un jeune homme inquiet de son propre salut et, plus encore, du<br />

salut d’un monde corrompu (dont il avait, dès sa jeunesse, dénoncé<br />

l’impiété dans des poèmes) qui renonce à sa carrière de médecin pour<br />

rentrer à vingt-trois ans, en 1475, au couvent des dominicains de Bologne.<br />

Ascète passionné, il devient peu à peu un prédicateur écouté.<br />

Quand il est élu en 1491 prieur du couvent Saint-Marc à Florence, on<br />

connaît son ardeur à appeler au repentir : il tonne contre la corruption<br />

des mœurs de l’Italie renaissante et crie l’urgence de réformer l’Église<br />

mise à mal par l’avidité de prélats impies ; il réclame une purification<br />

de la vie de Florence, ce qui lui vaut quelques difficultés avec<br />

les maîtres de la ville, les Médicis ; mais son annonce de châtiments<br />

divins imminents, dont il aurait eu la révélation prophétique, impressionnent.<br />

L’expédition en Italie du roi de France Charles VIII, qui entraîne en<br />

1494 la chute des Médicis, va le mettre sur le devant de la scène :<br />

les Florentins voyant dans cette invasion l’accomplissement des prophéties,<br />

il va exercer une influence considérable dans une ville où il<br />

rétablit les institutions démocratiques. Sans pouvoir effectif, et parfois<br />

en délicatesse avec les autorités, le frère exerce un magistère moral<br />

exceptionnel qui lui permet, depuis la chaire, de mettre en œuvre sa<br />

réforme. Florence doit devenir, sur la terre, le Royaume de Dieu et<br />

le modèle d’une Église enfin rénovée. Les mœurs sont étroitement<br />

contrôlées, et la délation encouragée pour réprimer jeu d’argent, blasphème,<br />

débauche, homosexualité et jusqu’aux tenues féminines jugées<br />

indécentes. En 1497, le carnaval, autrefois lieu de tous les débordements,<br />

est l’occasion d’un grand « bûcher des vanités » dont on a sans<br />

doute exagéré l’importance, mais qui symbolise le refus de la frivolité.<br />

18


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

JÉRÔME<br />

SAVONAROLE,<br />

UNE FIGURE<br />

DÉROUTANTE<br />

Ce triomphe ne dure pas. Ses appels<br />

à réformer l’Église l’avaient progressivement<br />

opposé au pape Alexandre<br />

VI Borgia, dont la débauche<br />

le scandalise. Il est excommunié<br />

la même année, ce qui renforce<br />

ses adversaires à Florence. Arrêté<br />

après une émeute, il avoue que<br />

ses visions prophétiques n’étaient<br />

qu’une imposture, avant de dénoncer<br />

ces aveux arrachés sous la torture.<br />

Machiavel, son contemporain,<br />

moquera l’échec politique de ce<br />

« prophète désarmé », mais c’est en<br />

prison qu’il écrit ses méditations les<br />

plus touchantes. Le 23 mai 1498, sur<br />

la grand place de la ville, avec deux<br />

autres dominicains, Savonarole est<br />

pendu, puis brûlé ; leurs cendres<br />

sont aussitôt dispersées dans l’Arno.<br />

Fr. Adrien Candiard, o.p.<br />

Le frère Adrien Candiard, du couvent du Caire,<br />

est membre de l’Institut dominicain d’Études<br />

orientales (Idéo).<br />

19


DOSSIER<br />

BARTOLOMÉ DE LAS CASAS,<br />

EN FAVEUR DES INDIENS<br />

Si, en France, on veut citer quelques<br />

noms de dominicains célèbres,<br />

qu’un interlocuteur peu averti<br />

des choses religieuses est susceptible<br />

de connaître, on pensera sans<br />

doute à Fra Angelico, ou à Thomas<br />

d’Aquin. Pourtant, on pourrait<br />

ajouter à la liste des dominicains<br />

dont la sainteté a consisté en un<br />

véritable service de l’humanité le<br />

nom de Bartolomeo de Las Casas.<br />

Las Casas est d’abord un homme<br />

qui se laisse convertir. Né en 1484<br />

en Espagne, il hérite, à l’âge de<br />

20 ans, de propriétés foncières au<br />

Nouveau Monde. Ordonné prêtre<br />

quelques années plus tard, il entend,<br />

en 1511, le sermon du dominicain<br />

Montesinos qui dénonce le<br />

comportement des colons. En préparant<br />

lui-même une prédication, il<br />

est bouleversé par une parole du Siracide : « Offrir un sacrifice sur le<br />

fruit de l’iniquité, c’est faire une offrande souillée » (Si 34,18). En<br />

1522, il décide d’entrer dans l’Ordre dominicain. Pendant son temps<br />

de formation à la vie religieuse, il rédige un traité où il distingue radicalement<br />

la violence et l’évangélisation.<br />

Il se révèle alors être un homme d’action. Revenu en Espagne en<br />

1540, il élabore des « Lois Nouvelles » pour interdire l’esclavage des<br />

Indiens et promouvoir leur liberté, leur droit de propriété et de tra-<br />

20


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

vail. En 1544, il accepte de devenir évêque au Chiapas pour veiller à<br />

l’application de ces lois. Mais perdant le soutien de l’Empereur, il est<br />

mal accueilli et doit rentrer en Espagne.<br />

Il continue son combat en faveur des Indiens depuis l’Europe où se<br />

manifeste son caractère d’homme d’étude. Il reprend les réflexions<br />

des dominicains de Salamanque – en particulier Vitoria – à l’origine<br />

de la notion contemporaine des Droits de l’Homme. Il participe à la<br />

controverse de Valladolid et s’oppose aux conversions forcées d’Indiens.<br />

Jusqu’à sa mort en 15<strong>66</strong>, il continue de défendre la civilisation<br />

des Indiens par ses écrits et précise sa pensée, condamnant toute forme<br />

d’esclavage, y compris celui des Africains.<br />

Si Las Casas, dont le procès en béatification est en cours, est un modèle<br />

c’est parce qu’il a d’abord refusé de séparer engagement pour la justice<br />

et engagement religieux : ne pas défendre l’homme, c’est, pour<br />

lui, se rendre indigne de célébrer Dieu. Il a su ensuite vivre la complémentarité<br />

des vocations qui peuvent exister dans l’Ordre dominicain<br />

et dans l’Église : Las Casas n’aurait pas été Las Casas sans la voix<br />

prophétique de Montesinos et la réflexion académique de Vitoria. Enfin,<br />

c’est un homme qui a cherché à établir fermement, par l’étude,<br />

l’action qu’il voulait mener et éviter qu’elle ne soit que l’engagement<br />

généreux d’un instant.<br />

Fr. Jacques-Benoît Rauscher, o.p.<br />

Le frère Jacques-Benoît Rauscher poursuit sa formation en<br />

théologie au couvent Saint-Hyacinthe, à Fribourg (Suisse).<br />

21


DOSSIER<br />

MARTIN DE PORRÈS, SOINS D’UN SAINT<br />

Martin de Porrès est né à Lima, au Pérou, en 1579. Il<br />

est le fils naturel d’un hidalgo espagnol, Jean de Porrès<br />

et d’une esclave indienne affranchie originaire<br />

du Panama. Il se forme comme apprenti auprès d’un<br />

chirurgien et reçoit quelques notions de médecine,<br />

suffisamment pour pouvoir exercer en tant que barbier,<br />

c’est-à-dire infirmier. Sans doute sa condition<br />

de métisse et de fils naturel ainsi que la pauvreté de<br />

son foyer l’ont conduit à manifester l’amour de Dieu<br />

à tous, spécialement ceux qui étaient les plus démunis<br />

et les plus marginalisés de la société coloniale.<br />

Dans cet élan, à quinze ans, il entre comme familier<br />

au couvent Saint-Dominique de Lima. En 1603, sur<br />

intervention de son père, il est autorisé à faire profession<br />

dans l’Ordre en tant que frère coopérateur.<br />

Ses supérieurs, conscients de ses qualités, lui<br />

confient la charge d’infirmier. Il s’en acquittera fidèlement<br />

tout au long de sa vie. Rapidement l’efficacité<br />

et l’attention avec lesquelles Martin soignait<br />

les malades transformèrent le couvent en un hôpital<br />

où l’on venait de partout pour recevoir les soins<br />

du saint. Cette charge était propice à la manifestation<br />

de miracles, et toujours humblement, pour ne<br />

pas attirer la vénération sur sa personne, il disait au<br />

malade : « C’est moi qui te soigne, mais c’est Dieu<br />

qui te guérit ».<br />

22


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

La bonté de Martin ne connaissait pas de limites. Il est souvent représenté<br />

entouré d’un chien, d’un chat et d’un rat. On raconte en effet<br />

que le couvent fut un temps la proie de rats qui courraient hors de leur<br />

trous et semaient le désordre dans le cloître. Martin fut chargé de les<br />

chasser mais au lieu de cela il leur indiqua la gamelle où manger. Et<br />

les rats allèrent se faire une place près de la gamelle entre le chien et le<br />

chat. Les plus forts et les plus faibles réunis autour de la même table.<br />

C’est ce symbole qui est resté parmi les dévots du saint pour évoquer<br />

son patronage principal : la justice sociale.<br />

Martin, même si on dit de lui qu’il connaissait la Somme de Théologie<br />

par connaissance infuse, n’a jamais enseigné la science divine et n’a<br />

jamais formellement prêché. Pourtant il est bien fils de saint Dominique,<br />

au même titre qu’un Thomas d’Aquin ou un Albert le Grand.<br />

Parce que frères clercs ou frères convers, nous sommes tous animés<br />

par la même Charité et nous sommes appelés à annoncer la Bonne<br />

Nouvelle, « par la parole et par l’exemple », « en acte et en vérité ».<br />

Martin meurt le 3 novembre 1639 sur la route qui le menait à Limatambo<br />

alors qu’il rendait visite aux esclaves noirs et indiens des haciendas<br />

proches de la ville. Il meurt entouré de l’amour et de la vénération<br />

de tout le peuple péruvien. Tout comme ses contemporains, Rose de<br />

Lima et Jean Macias, sa renommée de sainteté a rapidement dépassé<br />

le Pérou et l’Amérique Latine pour se répandre sur le Vieux Continent<br />

et faire honneur à notre Ordre. Être pleinement dominicain et devenir<br />

saint tout en ayant un balai à la main : à Dieu rien n’est impossible !<br />

Fr. Thomas-Marie Gillet, o.p.<br />

Le frère Thomas-Marie Gillet, du couvent de Lyon, est<br />

aumônier de collégiens, lycéens et étudiants. Il prépare une<br />

licence canonique en théologie patristique.<br />

23


DOSSIER<br />

HENRI-DOMINIQUE LACORDAIRE…<br />

Henri Lacordaire naît à Recey, en Côte d’Or, en 1802. Au cours de ses<br />

études de droit à Dijon, il se passionne pour la politique. Il se revendique<br />

monarchiste libéral, partisan de l’équilibre entre l’autorité du<br />

gouvernement et la liberté des citoyens.<br />

En 1822 il rejoint Paris pour y accomplir son stage<br />

d’avocat. Il est brillant, mais solitaire et insatisfait.<br />

La question de la foi le travaille. En 1824, âgé de 22<br />

ans, il décide qu’il croit en Dieu, qu’il sera chrétien,<br />

au grand dam de ses amis qui tentent de le raisonner.<br />

Mais il est sûr de lui et comme il ne fait pas les<br />

choses à moitié, il s’engage dans la voie du sacerdoce<br />

: « Je crois avec une telle conviction qu’il faut<br />

que je sois prêtre. »<br />

Après trois années tumultueuses au séminaire, souvent<br />

incompris de ses supérieurs en raison de ses<br />

idées libérales et de son tempérament fougueux,<br />

il finit par être ordonné prêtre en 1827 par Mgr de<br />

Quelen, archevêque de Paris.<br />

Nommé aumônier du lycée Henri IV, une rencontre va bouleverser<br />

ses projets : en 1830, avec Lamennais, qui deviendra son maître et<br />

son ami, il se lance dans l’aventure du journal L’Avenir. Au fil des<br />

numéros, les auteurs réclament de grandes réformes pour libéraliser la<br />

société française : liberté de la presse et de l’enseignement, suffrage<br />

universel, séparation de l’Église et de l’État. Mais face à l’hostilité des<br />

évêques et du pape Grégoire XVI, Lacordaire met un terme à sa carrière<br />

de journaliste en novembre 1831. Quatre ans plus tard, il donne<br />

de retentissantes conférences de carême à Notre-Dame. Il réitère en<br />

1836, puis part pour Rome, faire une retraite et se reposer.<br />

24


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

IDÉES LIBÉRALES ET TEMPÉRAMENT FOUGUEUX<br />

Là il rencontre Dom Guéranger, venu demander au pape de soutenir son<br />

œuvre de restauration de la vie bénédictine en France. En 1837, après<br />

une retraite chez les jésuites, Lacordaire sait que sa vocation n’est pas le<br />

ministère paroissial mais celui de la parole. Dom Guéranger lui suggère<br />

alors de rétablir l’ordre des prêcheurs. Avec la bénédiction du Maître de<br />

l’Ordre, il reçoit l’habit dominicain à Rome, le 9 avril 1839, et commence<br />

son noviciat. Une douzaine de jeunes hommes français le rejoignent et<br />

suivront leur formation en Italie jusqu’à l’ordination sacerdotale.<br />

Sans attendre, Lacordaire retourne en France prêcher dans les diocèses<br />

qui l’invitent. Après une série de conférences à Nancy, il accepte le<br />

don d’une maison qui sera le premier couvent de la Province de France<br />

restaurée. Contre le gouvernement de Louis-Philippe et le parti des<br />

anticléricaux, mais avec le soutien de l’évêque, la vie dominicaine<br />

reprend ses droits.<br />

En 1844, le noviciat s’installe à Chalais, au-dessus de Grenoble, dans<br />

une ancienne chartreuse. Puis en 1845 un petit couvent est fondé à<br />

Paris, dans un appartement. Le Maître de l’Ordre institue la nouvelle<br />

Province de France en 1850, avec Lacordaire à sa tête. Malgré divisions<br />

et querelles internes, la Province retrouvait le cours de son histoire,<br />

revitalisée et rajeunie par son fondateur, après 40 ans de silence.<br />

Fr. Benoît Delhaye, o.p.<br />

Le fr. Benoît Delhaye, du couvent de Lyon, est directeur<br />

régional du pèlerinage du Rosaire, aumônier scout et<br />

rédacteur-en-chef des Amitiés <strong>dominicaines</strong>.<br />

25


DOSSIER<br />

BIENHEUREUX<br />

JEAN-JOSEPH<br />

LATASTE<br />

Alcide Lataste naît le 5 septembre<br />

1832 à Cadillac, en Gironde,<br />

non loin du château des<br />

ducs d’Epernon, devenu Maison<br />

de Force en 1820. C’est un enfant<br />

de santé fragile, habité par<br />

un désir de sainteté et un attrait<br />

pour la prêtrise qui s’estompera<br />

au cours d’une adolescence<br />

tourmentée. Après des études au<br />

parcours classique, il entre dans<br />

l’administration des contributions<br />

directes (impôts). Au cours<br />

de ses diverses affectations, il<br />

s’engage avec ferveur dans les<br />

Conférences Saint Vincent de<br />

Paul. Des épreuves affectives le<br />

conduisent à s’interroger sur sa<br />

vocation renaissante. Lacordaire<br />

l’aidera à discerner sa voie. Entré le 4 novembre 1857 au noviciat des<br />

dominicains, à Flavigny, le frère Marie-Jean-Joseph est ordonné prêtre<br />

le 8 février 1863.<br />

Deux expériences spirituelles vont marquer la vie du jeune religieux.<br />

Le 20 mai 1860, frère étudiant à Saint-Maximin, il assiste à la translation<br />

des reliques de Sainte Marie-Madeleine. Et se révèle à lui le<br />

visage de la pécheresse repentie : « Il est donc vrai que les plus grands<br />

pécheurs, les plus grandes pécheresses ont en eux ce qui fait les plus<br />

grands saints ? » En 1864, puis en 1865, il prêche une retraite dans la<br />

terrifiante prison de Cadillac. Là, devant quatre cents femmes murées<br />

dans le silence le plus absolu, il annonce la miséricorde d’un Dieu<br />

26


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

qui a soif d’offrir son pardon à tout être qui se<br />

détourne du mal. Il les appelle : « Mes chères<br />

sœurs… mes sœurs en Jésus-Christ ». Transfigurées,<br />

elles relèvent la tête « comme des fleurs<br />

après l’orage », en découvrant l’amitié du Christ<br />

« un ami qui vous aime éperdument de toute éternité<br />

». « J’ai vu des merveilles ! » s’écrie le P. Lataste,<br />

le cœur débordant de joie.<br />

Au cours d’une nuit d’adoration, il imagine une fondation : « la maison<br />

de Béthanie » qui accueillerait, dans la plus grande discrétion,<br />

réhabilitées et religieuses au parcours classique. Projet audacieux,<br />

prophétique, subversif pour l’époque. En 18<strong>66</strong>, il fait appel à l’opinion<br />

publique par la brochure Les Réhabilitées. Cependant, frères et<br />

sœurs de l’Ordre ne lisent dans ce projet qu’une utopie dangereuse. Il<br />

ne lui reste que deux ans, avec l’aide de Mère Henri-Dominique, pour<br />

mener à bien cette oeuvre « tombée du coeur de Dieu ». Elle voit le<br />

jour, grâce à l’appui du Père Jandel, le 14 août 18<strong>66</strong>, et sera rattachée<br />

à l’Ordre en 1888.<br />

Le 10 mars 1869, épuisé par son combat, il meurt à 36 ans, dans « un<br />

acte d’amour », et « la pensée de Dieu seul ». Il est enterré à Montferrand-le-Château<br />

(Doubs) auprès de ses « chères sœurs ».<br />

Le frère Jean-Joseph Lataste a été béatifié le 3 juin 2012.<br />

Monique Longueira<br />

Monique Longueira est membre de la fraternité laïque<br />

dominicaine Fra Angelico, à Lyon. Elle a écrit Prier 15 jours<br />

avec le Père Lataste, aux éditions Nouvelle Cité.<br />

27


DOSSIER<br />

BIENHEUREUX PIER GIORGIO FRASSATI,<br />

DROIT AU BUT<br />

Né le 6 avril 1901 à Turin, Pier Giorgio s’engage auprès des plus démunis.<br />

Il devient laïc dominicain le 28 mai 1922 et meurt le 4 juillet<br />

1925. Il est le saint patron des sportifs et des JMJ.<br />

Pier Giorgio est de ces âmes de feu, passionnées, qui<br />

vont droit au but. Né dans une famille aisée – son<br />

père, sénateur, est directeur du second journal national,<br />

La Stampa – Pier Giorgio a tout pour vivre<br />

une vie confortable. Pourtant il va choisir une autre<br />

voie, celle du service des plus pauvres dans les faubourgs<br />

de Turin. Malgré l’incompréhension de ses<br />

proches, Pier Giorgio étonne par sa volonté et son<br />

humilité, tout autant que par sa gaieté et son énergie<br />

inépuisable. Sportif, alpiniste de haut niveau, il parcourt<br />

les montagnes avec un groupe d’amis surnommé<br />

Les Types Louches. Là, il découvre<br />

la joie du dépassement de soi. Investi<br />

dans de nombreux mouvements étudiants,<br />

Pier Giorgio est également<br />

très actif dans les mouvements politiques<br />

de son temps, combattant le<br />

fascisme naissant.<br />

La lecture de ses lettres révèle son<br />

amour profond de ceux qui sont<br />

délaissés, mais aussi les luttes qu’il<br />

doit mener pour persévérer dans<br />

son désir de servir ses frères. Pier<br />

28


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

Giorgio a 21 ans lorsqu’il s’engage comme laïc dominicain sous le<br />

nom de frère Jérôme. Il puise dans les lectures de s. Paul, s. Augustin<br />

et s. Thomas d’Aquin la force de continuer dans une vie authentiquement<br />

évangélique.<br />

A l’âge de 24 ans, Pier Giorgio, qui vient de terminer ses études d’ingénieur,<br />

contracte la poliomyélite lors de ses visites aux malades et<br />

meurt en quelques jours. Au dos de la dernière photo que nous avons<br />

de lui, il a écrit : Verso l’alto ! (Vers le sommet !).<br />

J’ai rencontré Pier Giorgio bien avant de penser à devenir frère. Par<br />

hasard, alors jeune novice, j’ai réalisé qu’il était laïc dominicain. Je découvrais<br />

alors un frère. Et une exigence aussi ! Frères dominicains, nous<br />

sommes prêcheurs… souvent trop en parole, si peu en acte. Pier Giorgio<br />

nous rappelle l’équilibre qui lie les gestes à la parole et ne limite pas la<br />

prédication à quelques bons mots le dimanche. Il nous pousse à agir en<br />

hommes entiers et non en prédicateurs superficiels ; mais toujours avec<br />

simplicité et humour comme en témoigne cette lettre à un jeune dominicain<br />

: « Je suis très content que tu veuilles faire partie de la grande<br />

famille de saint Dominique… Les obligations sont toutes petites, autrement<br />

tu comprends bien que je ne pourrais appartenir à un Ordre qui<br />

soumette à trop d’exigences. [...] J’espère que tu recevras l’habit dans<br />

la magnifique église de Turin, et alors je serai à tes côtés pour te donner<br />

l’accolade fraternelle. Ainsi toi, qui déjà m’es attaché par les liens de la<br />

fraternité grâce au sang du Christ, tu le seras doublement pour avoir en<br />

commun avec moi saint Dominique pour père. »<br />

Fr. Charles Desjobert, o.p.<br />

Le frère Charles Desjobert, du couvent de Lille, poursuit<br />

actuellement ses études de théologie et de philosophie. Il<br />

vient d’écrire Prier 15 jours avec Pier Giorgio Frassati aux<br />

éditions Nouvelle Cité.<br />

29


DOSSIER<br />

GEORGE DESVALLIÈRES<br />

(1861-1950) PEINTRE PRÊCHEUR<br />

George Desvallières est un peintre rare. Il<br />

n’a pas eu peur de livrer dans son œuvre<br />

la profondeur de son âme d’artiste et<br />

de chrétien. Encore méconnu du grand<br />

public, souvent qualifié d’expressionniste<br />

à l’art tourmenté et sombre, il est<br />

surtout considéré comme le fondateur,<br />

avec Maurice Denis, des Ateliers d’Art<br />

Sacré en 1919, et l’un des représentants<br />

du renouvellement de l’art religieux dans<br />

la première moitié du XX e siècle.<br />

« Aimez ». C’est le commandement qui orne en majuscules le grand panneau<br />

qu’il réalisa à la fin de sa vie pour le cloître du couvent de l’Annonciation<br />

à Paris. Cette œuvre met en scène les préceptes de vie des frères<br />

dominicains dans leur apostolat. Aux pieds du Christ crucifié, deux frères<br />

se séparent, l’un va vers la ville pour prêcher, l’autre vers le cloître pour<br />

prier. Peu de temps après la mort de l’artiste, le provincial des dominicains<br />

de Paris, le père Albert-Marie Avril souligna dans une homélie l’aspect<br />

très précieux que revêtait à ses yeux cette peinture. Elle prenait selon lui<br />

la forme d’une prédication visuelle en rappelant à ses frères l’essentiel de<br />

leur vocation : « Aimez, Aimez, maître mot de la vie contemplative et de<br />

la vie apostolique ».<br />

Converti au catholicisme en 1904 suite à une révélation intérieure, Desvallières<br />

fut avec Georges Rouault un disciple dévoué de l’écrivain polémiste<br />

Léon Bloy. Encouragé par ce dernier, il transcrivit sa foi toute<br />

nouvelle dans sa peinture et s’orienta vers un christianisme militant. Il<br />

30


800 ANS DE PRÊCHEURS<br />

lutta ouvertement contre la pauvreté et l’aspect superficiel de l’art « sulpicien<br />

». Mû par un désir de plus en plus profond d’associer son art à sa vie<br />

spirituelle, et proche du père M.-A. Janvier, Desvallières fit profession au<br />

sein du Tiers Ordre dominicain le 11 janvier 1914.<br />

Pendant la première Guerre Mondiale, l’artiste commanda un bataillon de<br />

chasseurs alpins dans les Vosges. Profondément marqué par la violence<br />

d’un conflit qui vit la disparition de son fils de dix-sept ans, il se consacra<br />

à son retour à une production vouée au Sacré. Sa peinture devint<br />

le support d’une prédication de la Parole par l’image. Selon le père<br />

Avril, l’artiste a pleinement adhéré à la mission de l’Ordre : « Il livrait<br />

à la fois son cœur et son message ; si bien qu’il réalisa, mieux<br />

peut-être qu’aucun homme à ma connaissance, cet idéal du frère<br />

prêcheur, si difficile à atteindre dans sa simplicité, que S. Thomas<br />

exprime dans la formule bien connue : Contemplata aliis tradere :<br />

livrer aux autres le fruit de sa contemplation. »<br />

Plus qu’un peintre, Desvallières est un apôtre, annonçant l’évangile<br />

sur les parois et les vitraux des églises de l’entre-deux-guerres, de<br />

l’ossuaire de Douaumont à la paroisse du Saint-Esprit, du chemin<br />

de croix de Wittenheim à l’Ascension de Pawtucket. De par le questionnement<br />

spirituel qu’elles peuvent susciter, ses compositions très expressives<br />

alliant couleurs pures et trait esquissé se veulent de véritables enseignements.<br />

Le père Couturier rendit à plusieurs reprises hommage à l’apostolat<br />

si singulier de celui qui fut son maître au sein des Ateliers d’Art Sacré<br />

: « Desvallières n’a rien voulu d’autre que de rendre témoignage et parler<br />

du Christ aux hommes de son temps. »<br />

N’est ce pas là la fonction essentielle de l’artiste chrétien ?<br />

Maximilien Ambroselli<br />

Maximilien Ambroselli est membre de la Frassateam, collectif<br />

audiovisuel rattaché au Tiers-ordre dominicain. Il prépare<br />

une thèse d’histoire de l’art sur les peintres G. Desvallières<br />

et G. Rouault.<br />

31


ACTUALITÉ DE LA PROVINCE<br />

ORDINATION DIACONALE<br />

DU FRÈRE GABRIEL SALMELA<br />

Notre frère Gabriel SALMELA, de la<br />

maison d’Helsinki (Finlande), a été ordonné<br />

diacre le samedi 31 janvier 2015<br />

par Mgr Teemu Jyrki Juhani SIPPO. La<br />

célébration s’est déroulée à la cathédrale<br />

Saint-Henri d’Helsinki.<br />

Mgr Sippo, évêque d’Helsinki,<br />

impose les mains au fr. Gabriel<br />

Le futur diacre en prostration pendant le chant de la litanie des saints<br />

L’évangile est proclamé par le fr. Marie-Augustin,<br />

de la maison d’Helsinki, ordonné diacre en 2014.<br />

Remise de l’étole diaconale par le fr. Paul-<br />

Dominique Masiclat, vicaire de la Dacie.<br />

32


LE CHAPITRE PROVINCIAL<br />

Entre Noël 2014 et l’Épiphanie 2015, une cinquantaine de frères ont<br />

participé au chapitre provincial, au couvent Sainte-Marie de la Tourette,<br />

à Éveux (69). Tous les prieurs conventuels, accompagnés de délégués<br />

élus, se sont rassemblés des quatre coins de la Province de France :<br />

de Vilnius à Yaoundé, en passant par Helsinki, Le Caire, Bagdad, ou<br />

encore Clermont-Ferrand, Rennes, etc. Une dizaine de journées bien<br />

remplies, entièrement consacrées à la réflexion et à l’élaboration de<br />

projets pour les quatre prochaines années. Et pour commencer, l’élection<br />

de celui qui devra veiller à la mise en œuvre des décisions de ce<br />

chapitre, notre prieur provincial : c’est le frère Michel Lachenaud qui<br />

a été élu, pour un second mandat. Il aura comme socius le frère Thierry<br />

Hubert, également responsable de la Retraite dans la Ville. De nombreux<br />

autres frères ont reçu des charges au cours de ce chapitre, vous<br />

en trouverez la liste aux pages 38 et 39.<br />

Frère Michel Lachenaud, élu prieur provincial de la Province de France<br />

33


Le chapitre provincial attribue les charges, il assigne également<br />

les frères dans les couvents en fonction des besoins et pour éviter<br />

un enracinement qui conduirait à l’immobilisme.<br />

34<br />

Matin et soir, célébration de la liturgie des heures et de la messe<br />

dans l’église conventuelle


Les frères capitulaires en séance plénière.<br />

ACTUALITÉ DE LA PROVINCE<br />

Lecture des journaux entre les temps de travail<br />

Le frère Michel Lachenaud prête serment sur la Bible<br />

35


36<br />

Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, préside la messe de Sainte Marie Mère de Dieu, le 1 er janvier 2015


ACTUALITÉ DE LA PROVINCE<br />

Matin et soir, célébration de la liturgie des heures et de la messe dans l’église conventuelle<br />

En 1215, saint Dominique a fondé son<br />

Ordre de Prêcheurs en envoyant ses frères<br />

deux par deux, à pieds, fonder des couvents<br />

dans toute l’Europe ! Ces assignations<br />

seront effectives pour l’été prochain,<br />

la liste en sera publiée dans le prochain<br />

numéro des Amitiés <strong>dominicaines</strong>.<br />

Quant aux projets, ils ne manquent pas !<br />

Le changement de lieu pour les études initiales,<br />

un nouveau couvent, une communauté<br />

médicalisée pour nos frères âgés,<br />

autant de défis à relever et à réaliser.<br />

À suivre<br />

dans les prochaines<br />

Amitiés <strong>dominicaines</strong> !<br />

37


LE CARNET<br />

Nominations<br />

par le Chapitre provincial<br />

Le frère Franck GUYEN est nommé secrétaire général de la province.<br />

Le frère Benoît-Marie FLORANT 1 est nommé syndic provincial.<br />

Le frère Rémi CHÉNO 2 est institué régent des études.<br />

Le frère Nicolas TIXIER est nommé maître des novices au couvent de<br />

Saint-Pierre-Martyr à Strasbourg à partir de l’ouverture du noviciat 2015.<br />

Le frère Marc-Antoine BÊCHÉTOILLE est nommé maître des étudiants<br />

au couvent du Saint-Nom-de-Jésus à Lyon à partir du 15 août 2015.<br />

Le frère Pascal MARIN 3 est nommé responsable local des études à Lyon.<br />

Le frère Jean-Marie GUEULLETTE est nommé président de la commission<br />

pour les examens d’ordre et les examens de confession.<br />

Le frère François-Dominique CHARLES est nommé promoteur provincial<br />

pour la formation permanente.<br />

Le frère Pierre JANUARD est nommé directeur de la bibliothèque provinciale.<br />

Le frère Camille de BELLOY DE SAINT-LIÉNARD est nommé directeur<br />

de la Revue des sciences philosophiques et théologiques.<br />

Le frère Charles RUETSCH est nommé promoteur provincial pour les<br />

vocations.<br />

Le frère Benoît ENTE est nommé promoteur provincial pour Justice et<br />

Paix.<br />

38


1<br />

Le frère Xavier LOPPINET est nommé promoteur provincial<br />

pour les questions de santé et d’équilibre de vie.<br />

Le frère Hervé JÉGOU est nommé promoteur provincial pour<br />

le Rosaire.<br />

2<br />

Le frère Laurent LEMOINE est nommé promoteur provincial<br />

pour le huitième centenaire de l’Ordre.<br />

Le frère Rémy VALLÉJO est nommé socius du promoteur provincial<br />

pour le huitième centenaire de l’Ordre.<br />

3<br />

Le frère Marc CHAUVEAU 4 est nommé responsable du patrimoine<br />

artistique de la province.<br />

Le frère Benoît DELHAYE 5 est nommé rédacteur en chef des<br />

Amitiés Dominicaines.<br />

4<br />

Le frère Nicolas BURLE est nommé responsable du site Internet<br />

de la province. Il est assisté du frère Thibaut DU PONTAVICE<br />

pour les réseaux sociaux.<br />

Le frère Jean LAFOND est nommé administrateur des biens de<br />

la province de l’ensemble immobilier de la rue de la Glacière à<br />

Paris et responsable du suivi des legs.<br />

5<br />

Le frère Franck DUBOIS 6 est nommé promoteur provincial du<br />

volontariat international.<br />

Le frère Marie-Augustin LAURENT-HUYGHUES-BEAU-<br />

FOND est nommé promoteur provincial de l’apostolat auprès<br />

des jeunes.<br />

6<br />

«Amitiés <strong>dominicaines</strong>», nouvelle série, n° <strong>66</strong><br />

ISSN 1637-3847 - Dépôt légal : III-14<br />

Prix indicatif de ce numéro : 5 €<br />

Directeur de la publication : Province dominicaine de France<br />

Rédacteur en chef : fr. Benoît Delhaye, o.p.<br />

© Province dominicaine de France<br />

Maquette et impression, en France par : MG Imprimerie (04 90 670 670)<br />

Collaboration impression : Atelier du monastère Ste-Catherine, 2 rue du Pont, 43300 Langeac<br />

39


Les frères dominicains de la Province de France<br />

vous souhaitent<br />

de belles fêtes de Pâques !<br />

Soleil levant regardé depuis le monastère des moniales <strong>dominicaines</strong> de Chalais

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