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U RBANISME ET GEOMORPHOLOGIE :<br />

Pour un dialogue fondateur de paysage en Pays dignois<br />

Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles, Promotion 2004/2008<br />

BURROWS Gregory, DE SURIREY DE SAINT REMY Pol- Antoine, FARINI Zoé<br />

Directeur d’APR : Claude CHAZELLE<br />

Atelier Pédagogique Régional : Etude paysagère et propositions d’actions. Préalable<br />

à une réflexion en vue d’un schéma de cohérence territoriale en Pays dignois.


Atelier Pédagogique Régional (APR) 2007-2008<br />

Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles<br />

10 rue du Maréchal Joffre<br />

78000 Versailles<br />

Commanditaire:<br />

Région PACA, Hôtel de Région<br />

27 place Jules Guesde<br />

13481 Marseille cedex 20<br />

U RBANISME ET GEOMORPHOLOGIE :<br />

Pour un dialogue fondateur de paysage en Pays dignois<br />

ETUDE PAYSAGERE ET PROPOSITIONS D’ACTIONS PREALABLES A LA<br />

REFLEXION EN VUE D’UN SCHEMA DE COHERENCE TERRITORIALE


Etude réalisée par: Présents aux Comités de pilotage :<br />

BURROWS Gregory<br />

03 Allée des Jonquilles<br />

78390 Bois d’Arcy<br />

gregory.burrows@yahoo.fr<br />

Tel: 06 18 36 11 07<br />

Claude Chazelle, Enseignant ENSP<br />

Georges Demouchy, Enseignant ENSP<br />

Joël Ricorday, Enseignant ENSP<br />

Bertrand Follea, Enseignant ENSP<br />

Jean-Pierre Clarac, Enseignant ENSP<br />

DE SURIREY DE SAINT REMY Pol-Antoine<br />

75 rue de la Convention<br />

75015 Paris<br />

polosr@wanadoo.fr<br />

Tel: 06 17 78 40 62<br />

Elsa Crepon, Pays dignois<br />

Jean Arnaud, Maire de Bras d’Asse<br />

Mesdames et messieurs les représentants de la<br />

Mairie de Digne les Bains<br />

Régine Lugant, SAUE région PACA<br />

Présents aux Comités de suivi :<br />

FARINI Zoé<br />

01 rue Constantin<br />

94400 Vitry-sur-Seine<br />

zoe.farini@gmail.com<br />

Tel: 06 86 44 38 36<br />

01 46 72 80 78<br />

Claude Chazelle, Enseignant ENSP<br />

Georges Demouchy, Enseignant ENSP<br />

Joël Ricorday, Enseignant ENSP<br />

Bertrand Follea, Enseignant ENSP<br />

Jean-Pierre Clarac, Enseignant ENSP<br />

6


S OMMAIRE<br />

Le territoire d’étude<br />

p9<br />

Introduction<br />

p9<br />

Un pays entre la Provence<br />

et les Alpes p10<br />

Une commande <strong>pédagogique</strong><br />

p12<br />

Entités administratives et<br />

paysages p14<br />

Démarche<br />

p16<br />

Travail à<br />

Sur les planches<br />

du paysage dignois,<br />

Dynamique en trois actes<br />

p32<br />

Dynamiques naturelles à<br />

l’échelle du pays : p36<br />

1. Une progression géomorphologique<br />

2. Un territoire millefeuille<br />

3. La grande érosion<br />

4. Protection des dynamiques naturelles<br />

5. Représentations mentales du territoire<br />

Premier acte : le paysage Provençal<br />

en Pays dignois p52<br />

deux voix<br />

Le jeu des acteurs<br />

sur les planches du<br />

paysage<br />

p74<br />

L’évolution d’un jeu dans le<br />

temps p76<br />

Un espace agricole de contrastes<br />

p80<br />

Formes bâties et logiques d’implantation<br />

p82<br />

Route et paysage<br />

p86<br />

Accorder le jeu à la<br />

scène<br />

p98<br />

Le Brusquet : un bassin<br />

d’effondrement, socle d’une<br />

implantation p100<br />

Un paysage de terrasses en<br />

basse vallée de la Bléone<br />

p114<br />

Promon-Thoard<br />

p142<br />

Dernières clés de<br />

lecture<br />

Conclusion<br />

Remerciements<br />

p168<br />

p170<br />

Glossaire (les mots du texte<br />

nécessitant d’être expliqués,<br />

marqués d’une *) p172<br />

Bibliographie p174<br />

Deuxième acte : le paysage de<br />

l’Entre-Deux p60<br />

Une enclave économique propice<br />

au tourisme p90<br />

Annexes<br />

p176<br />

Troisième acte : le paysage<br />

alpin en Pays dignois p68<br />

Des hommes et des usages du<br />

territoire. p94<br />

7


I ntroduction<br />

A une époque où nos sociétés contemporaines connaissent une augmentation de leurs populations, les problèmes<br />

liés au manque de logement occupent une place croissante dans le débat politique. Les acteurs, les moyens et les<br />

approches mis en œuvre dans le développement urbain divergent localement. Il semblerait alors utopique de penser que<br />

les installations humaines puissent se faire en cohérence totale avec la dimension paysagère, qui est souvent peu à mal<br />

prise en compte. Or, les spécificités paysagères des sites ou des lieux peuvent se révéler source d’inspiration pour tout<br />

projet d’aménagement et d’urbanisme. C’est dans cette perspective que nous voyons l’un des rôles du paysagiste.<br />

Des besoins de réflexion sur le devenir des lieux apparaissent alors à une échelle territoriale afin d’établir un dialogue<br />

pertinent entre un ensemble paysager et des implantations humaines.<br />

La région PACA, commanditaire de cette étude sur le territoire du Pays dignois, souhaitait bénéficier d’une première<br />

approche globale, en termes de paysage, sur les enjeux relatifs aux tendances d’évolution de ce territoire. A mi-chemin<br />

entre Provence et montagne, le Pays dignois connaît des mutations déjà enclenchées par une urbanisation grandissante<br />

parfois maladroitement menée au regard du paysage. Prendre en compte les enjeux de cette implantation humaine qui<br />

a évolué au cours du temps s’avère essentiel. Ce développement s’est fait sur un socle aux caractéristiques multiples,<br />

composé de paysages qui ne peuvent correspondre aux mêmes attentes d’aménagements.<br />

Il s’agit de regarder ce territoire, de le comprendre, et de faire appel à ses sens pour le penser dans son devenir.<br />

Notre démarche à d’abord été de lire le territoire en faisant abstraction des installations humaines, notre objectif<br />

étant de comprendre le socle et ses composantes naturelles afin de révéler les potentialités et les singularités que présentent<br />

ces paysages.<br />

Le regard s’est ensuite posé sur les dynamiques anthropiques existantes, sur leur dialogue avec le socle et les<br />

effets produits sur la dimension paysagère. Nous voulons à travers cette démarche en retenir les aspects positifs mais<br />

aussi les incohérences dans le jeu des acteurs sur les « scènes du paysage ».<br />

Enfin, nous nous proposons d’établir des intentions de projet mettant en cohérence notre analyse paysagère et les<br />

évolutions envisagées. En un mot, adapter le jeu des acteurs à leur scène de vie.<br />

9


U n pays entre la Provence et les Alpes<br />

Localisation du pays Dignois à l’echelle de la France<br />

Territoire de transition paysagère,<br />

le Pays dignois se trouve dans<br />

le Sud Est de la France, en position<br />

charnière entre les paysages de Provence<br />

et ceux des Alpes.<br />

En position centrale dans la<br />

région PACA, il est encadré par des<br />

entités géographiques fortes, qui<br />

renforcent l’identité du territoire par<br />

le contraste avec ses limites. Au sud<br />

le plateau de Valensole et la vallée<br />

de la Durance, au Nord, la montagne<br />

de la Blanche et le lac de Serre-<br />

Ponçon.<br />

Le Pays dignois en Chiffre:<br />

Surface (km²) : 890,9<br />

Population 1999 : 24.740<br />

Population 1990 : 23.589<br />

Evolution de la population entre 1990 et 1999 : 4,9%<br />

Population de la région : 4.506.151<br />

Pourcentage de population par rapport à la région : 0,5%<br />

Densité (nombre habitants/km²) : 27,8<br />

Nombre de communes : 25<br />

Localisation du Pays dignois<br />

et des entités paysagères<br />

au sein de la région PACA<br />

10<br />

Plateau de Valensole<br />

Lac de Serre-Ponçon depuis Saint Vincent les forts<br />

Le Pays dignois possède<br />

également tous les caractères d’un<br />

climat à la fois provençal et montagnard.<br />

L’évolution flagrante du climat<br />

s’effectue au niveau du pincement<br />

du relief de Digne, où la vallée se<br />

comprime. Les atmosphères sont<br />

chaudes et sèches à l’entrée du territoire,<br />

puis, au fur et à mesure de la<br />

progression et de l’ascension, elles<br />

deviennent fraîches et humides (voir<br />

annexe 1).


Carte de répartition des routes et<br />

de l’habitat dans le Sud-Est de la<br />

France<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

A la croisée entre des territoires de hautes montagnes et<br />

de Provence, le Pays dignois se trouve enclavé à cause de son<br />

contexte géomorphologique. Avec une différence d’altitude de<br />

plus de 3000 mètres, il bénéficie aujourd’hui d’un réseau routier<br />

disparate qui place la ville principale du pays à 1h30 d’Aixen-Provence<br />

et de Gap en voiture. L’autoroute A 51 qui suit la<br />

vallée de la Durance et relie la mer et les Alpes ne conduit qu’à<br />

l’entrée du pays par la basse vallée de la Bléone et permet de<br />

désenclaver légèrement cette portion de territoire de la région<br />

PACA.<br />

Le territoire d’étude<br />

Zone rurale, le Pays dignois ne rassemble que 0,5%<br />

de la population du territoire de la région PACA. Située principalement<br />

sur la côte littorale (90%), l’emprise urbaine forte et<br />

épaisse en bord de mer subit une dislocation et un éparpillement<br />

à mesure que le relief évolue vers la montagne. Pourtant,<br />

et malgré la faible population, le statut de Digne en tant que préfecture<br />

des Alpes de Hautes Provence offre un bassin d’emploi<br />

induisant une demande de logement et une pression urbaine<br />

qu’il faut maîtriser. Egalement sous l’influence de la vallée de la<br />

Durance et sur les retombées indirectes du confins de la zone<br />

d’impact du projet ITER, la basse vallée de la Bléone, déjà touchée<br />

par un urbanisme grandissant, se retrouve confrontée à<br />

un urbanisme linéaire le long des routes.<br />

L’habitat individuel à la base des schémas d’expansion<br />

des villes et villages consomme des espaces ouverts menant<br />

à un appauvrissement des paysages et à une banalisation des<br />

espaces traversés.<br />

11


U ne commande <strong>pédagogique</strong><br />

« Etude paysagère et propositions d’actions préalables à une réflexion en<br />

vue d’un schéma de cohérence territoriale »<br />

La région PACA, consciente des enjeux liées à son territoire, commande<br />

cette étude afin d’avoir une réflexion à une échelle globale sur<br />

un paysage charnière entre la Provence et les Alpes et son devenir. Elle<br />

concerne le Pays dignois qui recouvre 34 Communes regroupées en 4<br />

Communautés de communes et deux communes isolées : Duyes et Bléone,<br />

Asse et Affluents, Trois Vallées et Haute Bléone.<br />

ll s’agit d’anticiper et d’accompagner les phénomènes de périurbanisation<br />

qui se diffusent y compris sur les territoires de l’arrière pays par la<br />

prise compte du socle, c’est-à-dire le premier fondement du paysage sur<br />

lequel on vient s’implanter. Cet enjeu s’appuie sur des constats liés à l’accélération<br />

des phénomènes d’étalement urbain entraînant des questions<br />

de maîtrise foncière, de prise en compte des enjeux environnementaux<br />

et des fonctions et services urbains à développer, face aux mutations des<br />

modes de vie.<br />

Une première formulation de la commande proposait d’«analyser<br />

la ceinture verte agricole de Digne». Cette approche, après une première<br />

visite de terrain, nous a semblé peu pertinente tant elle ne prenait pas en<br />

compte les véritables problématiques paysagères ni tous les éléments fondateurs<br />

des paysages, des lieux et de leurs interactions. L’enjeu majeur se<br />

situait ailleurs.<br />

La démarche paysagère privilégie «l’envers du décor» c’est-à-dire<br />

l’interface qui existe entre les extensions urbaines et le domaine «non<br />

construit naturel et agricole». Elle permet, à travers la mise en exergue<br />

des fondements de l’identité des lieux, de préserver la qualité de vie pour<br />

les populations résidentes et s’inscrit dans un renforcement de l’attractivité<br />

des territoires ruraux de montagne.<br />

Avec une population totale de 25 521 habitants, le Pays dignois,<br />

proche des grandes métropoles <strong>régional</strong>es, se caractérise comme un territoire<br />

rural en mutation. L’urbanisation lente mais progressive que subissent<br />

les principales villes et villages induit des enjeux liés notamment à la<br />

cohérence des implantations humaines avec leurs paysages.<br />

Pourquoi ?<br />

L’étude vient en appui du programme d’aménagement solidaire engagé<br />

entre la région (service aménagement et équipement urbain) et les<br />

quatre intercommunalités qui composent le pays.<br />

12<br />

Cet enjeu pose les questions des stratégies d’aménagements,<br />

d’équipements et de désenclavement des espaces ruraux et de montagne,<br />

en lien avec les mutations économiques à l’œuvre sur le Pays dignois.<br />

L’approche naturelle permet également, la plupart du temps, de fédérer<br />

les acteurs locaux sur la base d’une prise de conscience du paysage<br />

en tant que «bien commun» pour l’ensemble du territoire. Après plusieurs<br />

allers et retours entre le territoire et les différents comités <strong>pédagogique</strong>s, la<br />

commande initiale déconnectée du territoire et ne prenant pas en considération<br />

une globalité d’enjeux a été reformulée comme suit : «Etude paysagère<br />

et propositions d’actions préalables à la réflexion en vue d’un schéma<br />

de cohérence territoriale».


Région PACA<br />

Pays Dignois<br />

Le territoire d’étude<br />

Ci-dessus: Contexte de<br />

l’atelier <strong>pédagogique</strong><br />

<strong>régional</strong><br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Ci-contre: Carte du territoire<br />

d’étude et des 27<br />

communes qui le compose,<br />

avec en plus le canton de<br />

Seyne-les-Alpes.<br />

13


E ntités administratives et paysages<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

14<br />

Ci-contre: Carte des<br />

différentes communautées<br />

de communes<br />

du Pays Dignois.<br />

On remarque que les<br />

limites administratives<br />

ne sont pas<br />

toujours liées aux<br />

paysages qui composent<br />

le territoire.<br />

Chaque territoire en France<br />

connaît un découpage administratif<br />

plus ou moins complexe et partiellement<br />

en cohérence avec les entités<br />

paysagères qui le composent. Ces<br />

limites fictives sur le terrain mais<br />

réelles sur le papier ont parfois un<br />

effet pervers qui freine les échanges<br />

et ralentit la prise de conscience<br />

d’un territoire à une échelle globale<br />

et non plus individuelle.<br />

Chaque lieu se comprend toujours<br />

grâce au contexte dans lequel<br />

il se trouve.<br />

Le grand territoire reste donc<br />

l’échelle la plus pertinente pour définir<br />

des stratégies efficaces d’implantation<br />

ou de conduite des paysages.<br />

C’est lui qui définit les entités paysagères<br />

dans lesquelles on trouve par<br />

emboîtement successif les notions<br />

de site, lieu et micro-lieu.<br />

Le grand territoire, ici le Pays<br />

dignois, permet donc de conserver<br />

des cohérences entre des lieux que<br />

des limites administratives peuvent<br />

séparer.


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Il existe dans le Pays dignois<br />

une superposition d’entités administratives<br />

: cantons, communautées<br />

de communes et communes. Autant<br />

d’outils au service du territoire, mais<br />

autant de freins possibles à une prise<br />

de conscience d’un paysage à une<br />

échelle globale. C’est cette prise de<br />

conscience qui peut mener vers une<br />

action plus juste en faveur du paysage,<br />

et c’est cette vision pour laquelle<br />

nous plaidons à travers notre travail.<br />

Le territoire d’étude<br />

Nous considérons que, pour<br />

cette étude, l’échelle du Pays reste la<br />

plus pertinente pour une véritable reconnaissance<br />

des paysages dignois<br />

et pour intervenir sur l’évolution de<br />

ces entités et leur devenir. De manière<br />

à avoir une vision complète de ce<br />

territoire, nous intégrerons dans notre<br />

analyse le canton de Seyne (qui<br />

faisait auparavant partie du Pays dignois).<br />

Ci-contre: Carte<br />

des différents<br />

cantons du Pays<br />

dignois.<br />

15


D émarche<br />

L’ étude paysagère mise en place par la région PACA a pour objectif d’alimenter les réflexions préalables<br />

à l’établissement d’un SCOT.<br />

Le travail s’est déroulé d’octobre 2007 à Juin 2008. Nous avons fondé notre diagnostic sur trois sources<br />

de connaissances :<br />

- Un travail de terrain réalisé sur le Pays dignois,<br />

- Une rencontre avec des acteurs locaux (élus, agriculteurs, responsable de service urbanisme, responsable<br />

du secteur tourisme, habitants, commerçants etc...),<br />

- Enfin un rassemblement de documents réalisés sur le terrain ou en atelier.<br />

Le travail réalisé au fil des mois a été validé et recadré par plusieurs comités de suivi et de pilotage<br />

qui ont eu lieu respectivement à l’Ecole du Paysage de Versailles et au Pays dignois. Ils rassemblaient les<br />

différents acteurs locaux et régionaux, à savoir le Pays dignois, la région PACA (service aménagement et<br />

équipement urbain), divers représentants de communes et les encadrants de l’ENSP.<br />

Il se sont échelonnés comme suit :<br />

- 18/12/2007 : Validation et réorientation des premier éléments diagnostiqués (ENSP),<br />

- 10/01/2008 : Validation des éléments du diagnostique (Pays dignois),<br />

- 18/02/2008 : Validation des orientations (Pays dignois),<br />

- 04/03/2008 : Validation des orientations et repositionnement sur certains éléments de l’analyse (ENSP<br />

Marseille),<br />

- 31/03/2008 : Validation des propositions d’actions et de l’ensemble de l’étude,<br />

- 02/04/2008 : Validation et recadrage du rendu écrit (ENSP Marseille).<br />

16


OÙ ET COMMENT URBANISER POUR FAIRE PAYSAGE ?<br />

Aujourd’hui, la démarche d’urbanisation des acteurs locaux en<br />

France se fait trop souvent en fonction d’ opportunités (disponibilité du<br />

foncier, présence d’infrastructures, déprise agricole, etc...). Cette capacité<br />

d’implantation faite d’aubaines relève plus d’une attitude attentiste,<br />

déclinée «au fil de l’eau» que d’un projet de territoire, associant une<br />

politique d’occupation des sols raisonnée à une prise en compte pertinente<br />

de l’identité du Pays et de ses paysages. C’est pourquoi nous<br />

constatons souvent des incohérences paysagères créées par une absence<br />

de dialogue entre un projet et un lieu. La transcription habituelle<br />

des documents d’urbanisme sur plan cadastral, (représentation du parcellaire<br />

sur un fond blanc, vidé de toute marque du support géographique)<br />

témoigne de ce manque : comment alors imaginer une réelle prise<br />

en compte des fondements paysagers si le plan parcellaire lui même<br />

reste muet sur le socle qui le porte ?<br />

Notre étude se veut avant tout <strong>pédagogique</strong> et souhaite apporter<br />

une modeste contribution à ces questions de société. Nous souhaitons<br />

par le biais de l’étude du Pays dignois souligner l’importance qui existe<br />

dans la compréhension d’un lieu avant une implantation quelconque.<br />

Nous croyons en effet que lorsque l’homme occupe une position cohérente<br />

dans son paysage, alors la qualité paysagère du lieu s’en ressent.<br />

Il s’agit donc de montrer que chaque projet d’urbanisation est légitime<br />

à partir du moment où il prend en considération le lieu sur lequel<br />

il s’inscrit. Il faut pour cela rétablir un dialogue entre les dynamiques<br />

naturelles et les dynamiques anthropiques afin de rendre lisibles les<br />

caractères du paysage local et global.<br />

Les lieux peuvent être adossés, en retrait ou en rebord, ils peuvent<br />

être ouverts ou fermés... ils détiennent un sens. L’urbanisation doit<br />

être capable de garder la lisibilité de ce sens, notamment en milieu rural<br />

où il est, à priori, encore lisible, ou plus souvent qu’en milieu déjà urbanisé.<br />

Ceci peut s’obtenir à travers un urbanisme géomorphologique,<br />

avec des habitations et des quartiers qui viennent révéler ou mettre<br />

en scène les qualités morphologiques des lieux qui sous-tendent les<br />

paysages. C’est un résultat auquel conduisait les modes d’implantation<br />

et d’organisation de l’habitat d’autrefois. On s’installait sur des lieux<br />

spécifiques (sur des éperons rocheux, en piémont ou bien sur des terrasses).<br />

Le fait de s’installer sur des lieux précis relevait non seulement<br />

de préoccupations fonctionnelles et stratégiques, mais aussi et surtout<br />

et surtout d’une intuition et/ou d’un savoir remarquables quant aux sens<br />

des lieux.<br />

Cette démarche, bien qu’elle prenne à contrepied la logique actuelle<br />

nous semble prometeuse de solutions intéressantes. Le Pays<br />

dignois aujourd’hui en quête d’identité se réfugie dans l’imagerie de<br />

la lavande. Or nous sommes avant tout sur le lieu de la plus grande<br />

réserve géologique nationale, géologie qui était identitaire du pays bien<br />

avant la lavande. Considérer la géomorphologie comme fondement de<br />

l’identité du Pays nous semble être le préalable à une évolution de ce<br />

territoire qui ferait sens.<br />

Le territoire d’étude<br />

17


Afin de parvenir à cette compréhension de l’espace, nous distinguons<br />

dans la lecture d’un paysage les éléments naturels des éléments<br />

anthropiques. Cette lecture permet un meilleur discernement des fondements<br />

de la dramatique* des lieux, ou dans un premier temps du socle<br />

dénué de l’activité humaine. Ce temps d’observation est nécessaire pour<br />

comprendre la nature de la géomorphologie. Intrinsèquement, on inscrit<br />

le paysage dans ses dynamiques naturelles. C’est le moment du mouvement.<br />

La force qui émane de ces sites en perpétuel chahut est ainsi disséquée<br />

pour saisir le sens des lieux, théâtre des possibles implantations<br />

humaines.<br />

Cette observation ouvre ainsi, avec un regard instruit à la compréhension<br />

des logiques ancestrales d’implantation : il s’agit ici de comprendre<br />

la mécanique, le processus d’installation humaine dans sa dynamique<br />

propre.<br />

L’analyse permet enfin de repérer, dans le processus de densification<br />

urbaine, certaines erreurs contemporaines liées à une perte relative<br />

du savoir ancestral et du rapport au sol productif et signifiant. Le but recherché<br />

est la cohérence entre une implantation et son lieu. Le principe<br />

consiste par notre action àinfléchir et si possible inverser les éléments de<br />

processus mal engagés pour recréer une dynamique anthropique dans le<br />

sens « naturel » du paysage.<br />

Une prise de contact avec le terrain nous a donné une maturité<br />

dans la connaissance du territoire et sa complexité. Nous avons cherché<br />

à révéler le génie des lieux à travers ses attributs, son caractère propre.<br />

18<br />

Ci contre principes de la démarche<br />

à travers un croquis évolutif.<br />

Attachement au premier ressenti<br />

presque abstrait et au «sens» du paysage.<br />

Comment prend-t’il corps en nous ? A quelles<br />

émotions fait-il appel ?<br />

Le sensible lié à la vision du<br />

paysage ne produit pas les mêmes formes<br />

selon notre personnalité. La manière dont<br />

on peut les exploiter donnera un sens et<br />

des projets différents en lien avec le<br />

site. Il s’agit de regarder les formes,<br />

en évitant de se focaliser sur les éléments.<br />

Cela permet d’analyser les dynamiques<br />

qui découlent de sa géomorphologie,<br />

de sa géologie, puis de son hydrologie,<br />

et enfin de sa végétation. L’écoute<br />

et le regard sur ce territoire permettent<br />

de comprendre le socle, c’est-à-dire «les<br />

planches du paysage» sur lesquelles les<br />

acteurs «anthropiques» vont venir jouer<br />

un jeu en cohérence avec leur paysage ou<br />

pas.<br />

Cette étape est d’autant plus importante<br />

que le Pays dignois se trouve sur<br />

une épaisseur de terre évolutive, avec<br />

des reliefs progressifs qui partent de<br />

coteaux doux, et de plateaux bas vers des<br />

reliefs plus escarpés avec un réseau valléen<br />

toujours plus étroit.


Le territoire d’étude<br />

Ressentir...<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

19


L’image se précise. L’attention<br />

se porte uniquement sur les éléments naturels<br />

du site.<br />

La silhouette d’un paysage perturbé<br />

évoque des reliefs griffés par les<br />

éléments alors apparents : leurs couleurs<br />

et leurs traits suggèrent la force des dynamiques<br />

violentes, sculpturales en perpétuel<br />

mouvement. Un couloir d’eau court<br />

avec fougue, un lit blanc se devine entre<br />

les lames fuyantes, des masses sombres se<br />

dressent comme un décor épais et persistant.<br />

Au loin, la plus haute cime s’égare<br />

dans la voûte nuageuse,céleste.<br />

20<br />

La dynamique principale qui tourne<br />

autour de l’érosion se fait déjà sentir.<br />

Elle suit le cours de la Bléone et<br />

crée un point d’appel. Une sorte «d’aspiration»<br />

vers un paysage de progression<br />

avec un relief évolutif tendant vers la<br />

haute montagne.


...et Analyser les dynamiques...<br />

Le territoire d’étude<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

21


La prise de contact prolongée<br />

avec le terrain et les informations recueillies<br />

sur place précisent le paysage.<br />

Les motifs apparaissent, les largeurs<br />

de lit se précisent, les lieux se<br />

dessinent. Les éléments participent à la<br />

mise en sens du paysage. Ce sont toutes<br />

les données dites «techniques» du paysage<br />

naturel. Tout cet ensemble participe<br />

à la mise en évidence des paysages<br />

et confirme l’impression brute ressentie<br />

préalablement.<br />

22<br />

C’est une étape déterminante dans<br />

la reconnaissance et l’explication de la<br />

géomorphologie.


... Naturelles...<br />

Le territoire d’étude<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

23


Après une compréhension globale<br />

des dynamiques et des enjeux naturels,<br />

une seconde étape consiste à prendre en<br />

considération les dynamiques anthropiques<br />

existantes.<br />

Il s’agit d’analyser les premiers<br />

rapports entre l’homme, le socle, la géomorphologie<br />

du territoire et ses interactions.<br />

Il faut en déterminer les aspects<br />

négatifs mais aussi positifs.<br />

24<br />

Cette dimension nous permet de<br />

remarquer que les villages les plus anciens<br />

sont souvent implantés selon une<br />

logique de «rejeu*». Le village s’établit<br />

contre une falaise ou sur un éperon, il<br />

vient servir ce paysage en conservant sa<br />

lisibilité. Les matériaux utilisés pour<br />

la construction, souvent issus du site<br />

lui-même, créent une sorte de mimétisme<br />

du territoire. La dimension anthropique<br />

n’est pas dénuée de sensibilité, bien au<br />

contraire.


... Humaines...<br />

Le territoire d’étude<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

25


L’analyse des dynamiques naturelles<br />

du paysage et la détermination des<br />

lieux issus de la morphologie du terrain<br />

permettent de mieux anticiper et de mieux<br />

orienter les urbanisations futures.<br />

Il s’agit de s’implanter en<br />

conservant la lisibilité du «sens» profond<br />

du socle (même s’il a changé de forme, en<br />

limitant les contresens, facilitant ainsi<br />

la compréhension d’un lieu. Les extensions<br />

bâties actuelles ne suivent bien<br />

souvent pas cette logique.<br />

26


... Humaines, dans son évolution...<br />

Le territoire d’étude<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

27


Quand le dialogue entre le support<br />

naturel et l’apport anthropique tend<br />

à être rétabli, il se dégage un sentiment<br />

et un paysage (une image sensible et<br />

personnelle interprétée par chaque individu).<br />

Il faut comprendre qu’entre le<br />

«sensible du départ» et le «sensible<br />

de l’arrivée», il existe tout un tas de<br />

contingences qui interviennent pour rétablir<br />

un dialogue parfois interrompu entre<br />

un socle et une occupation du sol. L’important<br />

ce n’est pas l’image de paysage<br />

que l’on perçoit mais les présences et le<br />

sens cachés dans cette image.<br />

28<br />

Tous ces éléments participent à<br />

la mise en sens d’un seul paysage identitaire<br />

d’un lieu, d’une vallée, d’un Pays,<br />

et d’une Région. Un paysage c’est d’abord<br />

le génie d’un lieu avant d’être une occupation<br />

du sol.


... Pour les (re)mettre en cohérence<br />

Le territoire d’étude<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

29


T ravail à deux voix<br />

Travail à deux voix<br />

Deux voix<br />

T ravail à deux voix<br />

Travail à deux voix<br />

T ravail à deux voix<br />

t ravail à deux voix<br />

T ravail à deux voix<br />

N aturelle<br />

A nthropique<br />

N a t u r e l l e<br />

travail à deux voix<br />

A n t h r o p i q u e<br />

31


S ur les planches du paysage dignois: Dynamiques en trois actes<br />

32<br />

32


La dimension naturelle du paysage c’est d’abord le socle sur<br />

lequel on marche tous les jours. Le socle, ce sont des formes de relief<br />

issues des forces géologiques qui se sont exercées de manières multiples,<br />

des formes et des modelés de sols, résultants des dynamiques<br />

de l’érosion de l’eau, du gel, du vent.<br />

La nature du sol entraîne une multitude de motifs et de détails<br />

à l’origine des subtilités et des singularités de ce paysage, une sorte<br />

d’ADN qui le différencie des autres et lui confère son caractère unique.<br />

Des composantes telles que le sol, l’hydrologie, l’air et le climat créent<br />

un ensemble que l’on peu appeler le paysage naturel et où l’homme n’a<br />

pas eu son mot à dire… pour l’instant.<br />

DES PAYSAGES DE PROGRESSIONS EN PAYS DIGNOIS<br />

Territoire charnière situé entre la vallée de la Durance et les<br />

hautes montagnes, le Pays dignois s’articule principalement autour<br />

des rivières qui ont marqué sa géomorphologie. Au premier abord, le<br />

territoire semble tiraillé par plusieurs paysages emblématiques de la<br />

région PACA aux caractères forts et se trouvant sur sa périphérie : au<br />

sud le Plateau de Valensole et la vallée de la Durance et au Nord le lac<br />

de Serre-Ponçon et sa haute montagne. Le Pays ne semble pas être<br />

parvenu à se positionner devenant , l’été, capitale de la Provence et de<br />

la lavande et, l’hiver, capitale des stations de ski et des sports d’hiver.<br />

Pourtant il ne suffit que d’un trajet du sud au nord pour s’apercevoir<br />

que ce territoire est avant tout celui de la progression, de l’évolution<br />

des reliefs, du climat, de la végétation et de la variation de la largeur des<br />

cours d’eau qui donne a ce territoire toute son identité.<br />

Le Pays s’organise principalement autour de la Bléone qui constitue<br />

la colonne vertébrale des dynamiques naturelles. De nombreuses<br />

ramifications engendrent des vallées plus ou moins étroites, lieux reclus<br />

cachant parfois des singularités qui peuvent laisser place au mysticisme<br />

et à la contemplation de la nature. Le lieu des Clues de Barles en est un<br />

parfait exemple.<br />

L’érosion apparaît comme le fil conducteur pour l’étude de la diversité<br />

des lieux. Elle est l’emblème de ce territoire, naissant au sommet<br />

des hautes montagnes, laissant des traces dans les anciennes formations<br />

de rivières et se retrouvant aujourd’hui dans les lits des cours d’eau<br />

actuels.<br />

La photo ci dessous est une parfaite représentation sensible de ce paysage<br />

forgé par l’érosion, dynamique principale qui transforme le paysage du Pays<br />

dignois (c’est pourquoi elle occupe également la page de couverture).<br />

Prise à la confluence de la Bléone et de l’Arigéol à la Javie, elle illustre<br />

la sensation d’érosion. La crête du Cheval Blanc (en arrière plan) semble<br />

s’être déversée dans l’écho du lit blanc occupant la quasi totalité du fond de<br />

vallée et charriant un mince filet d’eau. Les éléments naturels semblent avoir<br />

la place pour se déchaîner et renverser ce paysage qui en réalité n’est pas si<br />

figé. La dynamique de progression des hauteurs du relief est déjà enclenchée. Les<br />

coteaux plus sombres attestent d’un changement du climat méditerranéen vers un<br />

climat montagnard.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

33


PAYSAGE<br />

PROVENCAL<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

PAYSAGE DE<br />

L’ENTRE-DEUX<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

PAYSAGE<br />

ALPIN<br />

34<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


PAYSAGE ALPIN<br />

La géomorphologie du territoire se décline tout<br />

au long d’une progression, partant du Sud avec des<br />

amplitudes de relief de 300 mètres, jusqu’au Nord avec<br />

des écart de plus de 2500 mètres. La caractéristique<br />

des paysages rencontrés conduit à un découpage du<br />

Pays dignois en trois parties : au Sud le «paysage Provençal»,<br />

au Nord le «paysage Alpin» et à l’intermédiaire<br />

entre ces deux extrêmes le «paysage de l’entre-deux».<br />

Nous verrons que c’est cette dernière partie qui est principalement<br />

le reflet de l’identité du Pays dignois : elle en<br />

rassemble tous les caractères.<br />

La morphologie du paysage Provençal est caractérisée<br />

par des coteaux aux pentes douces, des reliefs<br />

peu élevés, de larges fonds de vallées et une forte<br />

présence du ciel.<br />

Le paysage de l’entre-deux commence au niveau<br />

du pincement de Digne les Bains. L’évolution du<br />

relief et les coteaux plus abrupts marquent le premier<br />

pas de la transition vers la haute montagne. Le Cousson<br />

(ci-contre) est la première montagne emblématique du<br />

territoire qui appuie la progression.<br />

Le paysage alpin, caractérisé par de hautes<br />

montagnes commence au niveau de la confluence de<br />

la commune de La Javie et à la fin des Clues de Barles.<br />

Les sommets sont des pierriers blancs, les strates végétales<br />

apparaissent, les couleurs sont plus froides et les<br />

vallées beaucoup plus sombres sont encaissées.<br />

Le c i r q u e d e Se y n e-l e s-Al p e s<br />

La h a u t e va l l é e d u Bè s<br />

Pr a d s-Ha u t e-Bl é o n e<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

PAYSAGE PROVENCAL<br />

La va l l é e d e l’As s e<br />

PAYSAGE DE L’ENTRE-DEUX<br />

La b a s s e va l l é e d e la Bl é o n e<br />

La va l l é e d e s Du y e s<br />

La h a u t e va l l é e d e la Bl é o n e<br />

La b a s s e va l l é e d u Bè s<br />

Carte de représentation sensible du paysage dignois,<br />

qui fait figurer les éléments à dominante naturelle.<br />

«De la Provence au paysage alpin»<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

35


D ynamiques naturelles à l’échelle du Pays<br />

1. Une progression géomorphologique<br />

PAYSAGE DE L’ENTRE-DEUX<br />

point le plus haut : 2139m<br />

(Sommet Blayeul)<br />

point le plus bas : 600m (lit<br />

de la Bléone à Digne)<br />

PAYSAGE ALPIN<br />

point le plus haut : 2961 m<br />

(Tête de l’Estrop)<br />

point le plus bas : 836m<br />

(lit de l’Arigéol)<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

36<br />

Il existe des variations paysagères au sein<br />

même de ces trois subdivisions. Les lieux possèdent<br />

des caractères géomorphologiques propres qui vont les<br />

conduire à avoir parfois des motifs qui divergent. On remarque<br />

que plus on se trouve en amont des rivières, plus l’écart entre le point<br />

le plus bas et le point le plus haut est élevé. Les reliefs sont en effet de plus<br />

en plus impressionnants au fur et à mesure que l’on progresse vers les Alpes.<br />

Il existe néanmoins dans le paysage provençal une scénographie particulière liée<br />

au relief de la vallée de l’Asse et de la basse vallée de la Bléone, et qui est tout autant<br />

chargée d’émotion comme nous le verrons plus loin.<br />

Maquette du relief du pays Dignois<br />

Une progression qui s’opère au sein<br />

d’un relief en évolution constante.


PAYSAGE PROVENCAL<br />

point le plus haut : 1140m<br />

(Pic d’Oise)<br />

point le plus bas : 470m<br />

(lit de la Bléone en aval de<br />

Mallemoisson)<br />

Points de compression du<br />

relief qui renforcent les<br />

basculements paysagers<br />

Maquette du relief du Pays<br />

dignois :<br />

La progression dans le pays<br />

se fait essentiellement par<br />

les fonds de vallée, creusés<br />

par la rivière, et facilitant<br />

la circulation des<br />

populations.<br />

PAYSAGE<br />

ALPIN<br />

PAYSAGE<br />

PROVENCAL<br />

PAYSAGE DE<br />

L’ENTRE-DEUX<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

37


La roche rouge de Paul Cézanne. Les<br />

textures et les couleurs de la roche<br />

sont ici particulièrement bien<br />

illustrées.<br />

Paysage au soleil couchant de Vincent<br />

Van Gogh. Les dynamiques de la<br />

géomorphologie sont ici évidentes.<br />

38<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Carte géologique de l’ensemble<br />

du Pays dignois : une<br />

progression géomorphologique<br />

de la Provence aux Alpes


2. Un territoire millefeuille<br />

Le Pays dignois constitue un ensemble géologique d’exception, extrêmement riche et varié. L’image du millefeuille est sans<br />

doute la plus simple pour illustrer les couches successives qui composent ce socle du paysage qu’est la géologie. C’est en l’étudiant<br />

dans sa genèse, pour saisir le sens profond des formes qu’elle offre, que l’on peut être à même d’évaluer par la suite si l’urbanisation<br />

se fait en cohésion avec le paysage. Elle est à ce titre un outil pour le paysagiste dans l’orientation et la compréhension de l’évolution<br />

des scènes qui s’offrent à nous. Cet outil devient indispensable dans le cas du Pays dignois, car il nous semble qu’avant les lavandes<br />

ou les thermes, c’est la géologie, et donc l’épaisseur du territoire, qui alimente en majeur partie l’identité de cet espace de vie. Des<br />

peintres tels que Van Gogh ou Cézanne se sont attachés à traduire ce socle en peinture et à en illustrer les textures et dynamiques.<br />

C’est aussi la géologie qui, indirectement à travers les caractères morphologiques du territoire et la nature des sols, conditionne une<br />

grande partie des activités humaines. Enfin, l’institution de la Réserve géologique de Haute-Provence atteste une reconnaissance<br />

publique de ce fondement identitaire et paysager, en particulier du Pays dignois.<br />

Devant le rôle clé que prend la géologie dans le Pays dignois, nous ne pouvons ignorer son importance et sa présence si<br />

évidente. Son étude conduit à identifier les différents lieux ou «scènes» dans lesquels les acteurs vont jouer un rôle (ou pas). Quand<br />

ce lien étroit entre la géologie et l’être humain devient sensible, on sent que l’homme appartient véritablement à son paysage, et<br />

compose en accord avec la dynamique du lieu.<br />

Au regard de cette première carte géologique, on peut distinguer les grands ensembles de la Provence et des pré-alpes dignoises.<br />

Le sentiment de progression que l’on a en traversant le pays se confirme : depuis la Provence jusqu’aux montagnes de la<br />

Blanche, on assiste à un déploiement de formes géologiques qui s’étalent du Trias au Quaternaire. Ce sont des formations relativement<br />

récentes si on les compare à celles du Carbonifère (ex : massif Hercynien) mais qui sont exceptionnelles de par leur diversité<br />

et la manière dont elles théâtralisent le paysage. Ainsi on trouve dans la vallée des Duyes l’un des plus grands ensembles de glacis<br />

quaternaires de la Durance, ou encore les clues de Barles ou du Serre qui témoignent des pressions phénoménales exercées par<br />

la surrection des Alpes.<br />

Le millefeuille dignois est en réalité constitué de roches sédimentaires disposées en couches successives. Ces roches sont<br />

d’origine marine, elles résultent de la transformation de vases déposées au fond de la mer par la processus de diagenèse*. Elles<br />

sont constituées d’une alternance de niveaux calcaires et marneux, l’épaisseur de chaque niveau pouvant aller de quelques décimètres<br />

à plusieurs centaines mètres. Ces dépôts constituent au niveau des pré-alpes une épaisseur de 5000 à 6000 mètres. La faune<br />

et la flore prises au piège dans le processus de diagenèse sont alors de précieux indicateurs permettant de dater chaque couche.<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

39


Plongeons ensemble dans l’histoire de ce paysage qui commence<br />

au Trias, le début de l’ère secondaire…<br />

Synchroniser les temps du territoire<br />

40<br />

L i r e l e s e x p r e s s i o n s d e s f o r c e s g é o l o g i q u e s<br />

La mer avançait alors sur la pénéplaine post hercynienne,<br />

surface plane et érodée. En s’évaporant, cette mer laisse derrière<br />

elle des argiles rouges et des gypses, les formations géologiques<br />

les plus anciennes du Pays dignois (1).<br />

Au Jurassique, la mer s’installe pour une plus longue période<br />

et dépose une série mi-calcaire mi-argileuse (2). Tout d’abord des<br />

calcaires marneux noirs, puis des marnes noires et épaisses appelées<br />

«terres noires», et donnant des formations telles que les «dos<br />

d’éléphants» ou les fameuses robines*. A la fin du Jurassique se<br />

formeront des calcaires gris clairs qui constitueront la «barre tithonique».<br />

Cette falaise jouera un rôle géomorphologique essentiel dans<br />

la constitution des paysages de la Bléone et de la Durance avec les<br />

clues de Barles, de Sisteron et du Serres.<br />

Au Crétacé, la mer continue de déposer des sédiments de<br />

Prendre en compte les détails spécifiques à chaque motif<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

manière toujours rythmique, avec un aspect « rubané » caractéristique<br />

(3). Les niveaux franchement calcaires sont peu fréquents, sauf<br />

à la fin du Crétacé Inférieur où on trouve une barre de calcaires gris<br />

et massifs dits barrémiens ou bédouliens. Le Crétacé Supérieur voit<br />

apparaître des calcaires massifs, parfois riches en silex qui forment<br />

de hautes falaises, les sommets des montagnes telles que le Cheval<br />

Blanc ou le Carton.


1. Trias - évaporation<br />

donnant lieu à des couches<br />

de gypses et argiles<br />

rouges<br />

3. Crétacé - formation<br />

des calcaires barrémiens<br />

5. Fin Miocène et Quaternaire<br />

- formation des<br />

failles, glacis et terrasses<br />

sédimentaires<br />

2. Jurassique - formation<br />

des calcaires marneux<br />

noirs<br />

4. Miocène - insurrection<br />

des alpes, formation<br />

des molasses<br />

NB : Le code couleur pour<br />

ces blocs diagramme est<br />

le même que pour la carte<br />

géologique<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

A la fin du Secondaire, la mer se retire de la région subalpine qui<br />

est mise à sec, érodée dès le début du tertiaire ou localement recouverte<br />

de dépôts lacustres ou torrentiels. Puis la mer réapparaît au début<br />

du Tertiaire et dépose des sables qui seront les futurs grès d’Annot.<br />

C’est à la fin du Tertiaire que la formation provençale de Valensole<br />

naîtra, sur les marges du domaine subalpin. Au Miocène, la mer<br />

viendra déposer des sédiments calcaréo-gréseux ou molasses* qui<br />

constituent les sols des plateaux de Puymichel, Valensole et du Sud de<br />

la vallée des Duyes (4). C’est aussi à cette époque que l’on assiste à<br />

l’insurrection des Alpes.<br />

Lors du Quaternaire, les terrasses alluvionnaires et glacis* que<br />

nous connaissons aujourd’hui se forment lors des différentes glaciations<br />

(Mindel, Riss et Würm, la plus récente) et se retrouvent à des niveaux<br />

plus ou moins élevés dans la vallée, les formations les plus jeunes étant<br />

proches ou dans le lit de la rivière. Ces terrasses sont souvent propices<br />

à des implantations humaines et présentent des sols fertiles (5).<br />

Les failles* présentes sur le territoire sont très récentes dans<br />

l’histoire géologique puisqu’elle datent de la fin du Miocène, mis à part<br />

quelques plissements post-jurassiques et post-crétacés. Ces failles<br />

sont importantes dans la géomorphologie du Pays dignois car elles révèlent<br />

le passage d’un type de paysage à un autre. La faille de Digne,<br />

qui correspond à un pincement du lit de la Bléone, illustre par exemple<br />

le passage d’un paysage méditérannéen à un paysage plus alpin. C’est<br />

aussi avec ces failles et ces mouvements de terrains que des couches<br />

géologiques qui étaient enfouies réapparaissent au niveau du sol. Un<br />

document en annexe présente une vision plus détaillée de cette géologie<br />

dignoise.<br />

41


Lac de<br />

Serre-<br />

Ponçon<br />

3. La grande érosion<br />

Sur le socle du Pays dignois, une seconde dynamique<br />

vient croiser cette première dynamique géologique. Difficilement<br />

perceptible au premier coup d’oeil, elle n’en est pas moins porteuse<br />

de sens. C’est l’érosion qui accélère le processus d’évolution<br />

des paysages et qui met en mouvement les éléments<br />

minéraux, depuis les sommets jusqu’au creux des vallées. Le<br />

travail d’érosion de l’eau et des glaciers se retrouve aujourd’hui<br />

dans la géomorpholgie.<br />

Les Duyes<br />

Le Bès<br />

Le relief tel que nous le perçevons aujourd’hui est certes<br />

la résultante de plissements géologiques, mais les nombreux<br />

ruisseaux et rivières ont amené une complexité supplémentaire<br />

et ont démultiplié les formes du relief. Ils nous offrent à l’heure<br />

actuelle une variété de formes qui se retrouve à plusieurs<br />

échelles. Ainsi, les micro-ravins d’une robine (voir ci-dessous)<br />

renvoient aux immenses «pattes de lion» de la Bléone (voir cicontre)<br />

: un creusement qui est présent sous plusieurs formes<br />

dans le paysage. L’incroyable friabilité de ces robines révèle<br />

d’autant plus cette érosion qui, doucement et à chaque instant,<br />

modifie les paysages...<br />

La Bléone<br />

Ci-contre : robines<br />

aux alentours<br />

de Draix<br />

42<br />

Durance<br />

l’Asse<br />

Carte de l’hydrologie<br />

du territoire.<br />

La morphologie du<br />

Pays dignois est la<br />

résultante d’un long<br />

travail d’érosion par<br />

l’eau sur un socle<br />

et sa géologie.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Ci-dessus : le relief des vallées, en particulier celui de la Bléone, est marqué par ces «pattes de lion». Vue vers<br />

la confluence Bléone/Durance et Malijai<br />

Ci-dessous : l’érosion se décline à plusieurs échelles, depuis les sommets jusqu’au larges vallées par des cours d’eau de plus en plus importants.<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

43


Carte des risques d’inondations<br />

Le lieu de la rivière n’est pas simplement l’endroit où<br />

on voit l’eau couler, c’est un espace plus vaste qui comprend<br />

une série de paliers correspondant à différents lits<br />

plus ou moins étendus : lit mineur* (1) où on est toujours<br />

en présence d’eau, lit moyen* (2), suceptible d’être inondé<br />

et lit majeur* (3), inondé lors des crues centenales. Dans le<br />

Pays dignois, le lit moyen est bien souvent l’espace de la ripisylve,<br />

voire de l’agriculture, qu’on retrouve nettement plus<br />

sur le lit majeur.<br />

La Bléone<br />

Les Duyes<br />

Le Bès<br />

Nous considérons la rivière sur toute cette épaisseur<br />

car les terrasses formées au sein de ces lits sont la résultante<br />

de l’action de l’eau au cours des siècles, même si tous<br />

ne sont pas des espaces potentiellement inondables. Cette<br />

épaisseur correspond au «domaine* de l’eau», dont l’emprise<br />

est représentée par les zones de couleur sur la carte<br />

ci-contre. Cette notion de domaine est importante car elle<br />

intervient au moment où on doit choisir un lieu où s’implanter.<br />

Afin de faire paysage, il est donc important de s’implanter<br />

en tenant compte des terrasses créées par les différents<br />

lits et des différents lieux modelés par l’érosion latérale que<br />

traduisent les cônes de déjection.<br />

44<br />

Durance<br />

l’Asse<br />

Les rivières se gonflent selon les saisons, ainsi la<br />

Bléone est une rivière à régime torrentiel, provoqué par la<br />

fonte des neiges au printemps et aux fortes pluies d’automne<br />

du climat provençal. On notera ici la double influence<br />

montagnarde et provençale subie par la Bléone, typique du<br />

Pays dignois.


1. Lit mineur de la Bléone, en<br />

aval des Augiers.<br />

2. Lit moyen, sur lequel s’est implanté<br />

une ripisylve mitoyen d’un<br />

terrain de foot - Mézel.<br />

3. Lit majeur à vocation agricole,<br />

près de Mallemoisson les Grillons<br />

Le jeu des ombres produit par les creusements<br />

de l’érosion renforce la mise en scène<br />

du ravinement quand, le soir venant, le soleil se<br />

couche au-delà des montagnes. Ce jeu est surtout<br />

plus perceptible sur les crêtes dénudées et<br />

l’est moins sur les coteaux boisés, la forêt ayant<br />

tendance à gommer le relief ou à en atténuer la<br />

présence visuelle.<br />

L’érosion dégage des promontoires sur<br />

lesquels les humains viennent parfois s’implanter.<br />

Ce phénomène naturel est alors magnifié<br />

par l’homme qui, en s’implantant sur le solide<br />

éperon par opposition au ravin friable, vient<br />

jouer un rôle admirable dans cette scène de<br />

paysage, et en renforce les contrastes.<br />

L’homme entretient un rapport double,<br />

parfois paradoxal avec le phénomène d’érosion.<br />

Il en tire parti par l’agriculture grâce aux riches<br />

sédiments chariés par les crues, mais il essaie<br />

aussi de s’en protéger. En témoignent les forêts<br />

récentes des coteaux raides et les coussières*<br />

destinées à évacuer les eaux torrentielles. Ces<br />

boisements tendent à effacer le travail laissé<br />

par l’érosion et atténuent la dynamique d’évolution<br />

des paysages dignois.<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

45


4. Protection des dynamiques naturelles<br />

Outre le patrimoine bâti, cette carte des protections<br />

règlementaires, à l’échelle du Pays dignois, recence<br />

les éléments protégés du paysage dignois. On voit<br />

qu’un certain nombre d’éléments de nature géologique<br />

bénéficient d’une protection, ce qui confirmerait la spécificité<br />

géologique de ce territoire. Le Pays fait partie dans<br />

sa quasi totalité de la réserve géologique de Haute Provence,<br />

qui est tout de même la plus grande d’Europe.<br />

On notera cependant une certaine hétérogénéité<br />

dans la répartition de ces protections, à l’image de ce territoire<br />

contrasté. Certains espaces vont jusqu’à cumuler 4<br />

ou 5 types de protections comme le secteur des clues de<br />

Barles dans la vallée du Bès. La monumentalité et l’aspect<br />

sauvage de ces sites sont assurés dans leur pérénnité.<br />

Parallèlemement à cela on constate que ce sont les<br />

espaces dans lesquels il y a la plus grande concentration<br />

humaine qui n’ont peu ou pas de protections règlementaires<br />

(exemple : la basse vallée de la Bléone, le Brusquet...). Or<br />

ces espaces sont les plus fragiles car soumis aux plus fortes<br />

pressions, ils devraient par conséquent bénéficier d’une attention<br />

toute particulière, (pas nécessairement en terme de<br />

protection). Mais les pouvoirs publics ont estimé qu’ils présentaient<br />

moins d’intérêts géologiques, biologiques ou patrimoniaux.<br />

Ils sont encore moins pris en compte pour leur valeur<br />

paysagère, qui englobe et dépasse ces derniers critères*.<br />

46<br />

* Dans le sens où le paysage est plus que la somme des composantes d’un même<br />

espace, c’est aussi un sentiment, une présence.


Si aucune action n’est engagée en terme de protection sur ces espaces, il est donc primordial que la question du paysage soit présente<br />

en amont de tout projet. La logique serait donc de réaliser les implantations nécessaires au développement du Pays en s’adaptant<br />

aux divers aspects du terrain sans avoir besoin d’une protection quelconque, mais plutôt d’un document qui précise «de quelle manière<br />

faire» et sous quelles conditions. En France et ailleurs, de nombreux territoires souffrent de disparités dans la manière dont l’aménagement<br />

est conduit car, sous prétexte de protéger un endroit, il semblerait presque admis de faire table rase du paysage dans l’endroit voisin<br />

qui n’est pas sous protection. Il faut donc prendre garde aux effets pervers d’un déséquilibre règlementaire dans le domaine de la protection<br />

des paysages.<br />

La Réserve Naturelle<br />

Géologique de Haute-Provence<br />

est comme il est dit très<br />

justement dans la Maison de<br />

la Réserve «le Pays de la<br />

Mémoire de la Terre», où le<br />

promeneur peut à tout instant<br />

contempler les grands<br />

moments de la formation du<br />

socle actuel des pré-alpes*.<br />

Une histoire longue de 300<br />

millions d’années... Photos<br />

prises dans la vallée du Bès.<br />

La vallée de l’Asse<br />

est protégée par une zone<br />

natura 2000 sur son intégralité.<br />

Des milieux humides<br />

et des ripisylves y<br />

abritent quantité d’espèces<br />

d’oiseaux rares comme<br />

le butor étoilé, le blongios<br />

nain ou le bihoreau<br />

gris. Ces paysages doivent<br />

être maintenus pour leur<br />

qualités plastiques mais<br />

aussi pour leurs richesses<br />

écologiques, aussi bien<br />

en vallée d’Asse que dans<br />

la vallée de la Bléone.<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

47


R eprésentations mentales du territoire...<br />

...A u t r e f o i s<br />

Carte postale des Mées, dans les années 1950<br />

Les différentes représentations<br />

d’un territoire au cours de l’histoire sont<br />

un moyen intéressant pour observer<br />

l’évolution des regards et des perceptions<br />

mentales du public.<br />

On peut remarquer, par exemple,<br />

qu’au milieu du XXème siècle, la<br />

géologie, le socle, le relief, occupaient<br />

une place importante dans les représentations<br />

du territoire. L’attachement à la<br />

géomorphologie et à la terre était ancré<br />

dans la culture traditionnelle.<br />

Carte postale de Digne-les-Bains, dans les années 1950<br />

L’évolution dans le temps montrera<br />

que cette perception à subi une<br />

réelle métamorphose, parfois éloignée<br />

de la réalité.<br />

48<br />

Carte postale des<br />

Clues de Barles,<br />

dans les années 1950


L’ETE<br />

L’ETE<br />

L’ETE<br />

L’ETEL’ETE<br />

...A ujourd’hui<br />

Il existe aujourd’hui une réelle volonté de mettre<br />

la lavande en position d’image fédératrice du Pays.<br />

Pourtant, même si elle est présente à l’état sauvage<br />

sur certains coteaux dignois, sa production reste peu<br />

importante et se localise essentiellement sur le Plateau<br />

de Valensole. Le paysage dignois est-il victime<br />

de l’imagerie touristique véhiculée par la lavande?<br />

Il n’en reste pas moins que l’identité géologique du<br />

Pays dignois est occultée par cette imagerie de la lavande<br />

qui tend à exclure les autres représentations.<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

49


...A ujourd’hui<br />

L’HIVER<br />

L’HIVER<br />

L’HIVER<br />

L’HIVER<br />

L’HIVER<br />

La partie nord du Pays conserve son attachement au relief et à la morphologie de son territoire. Ce lieu plus rural et plus enclavé,<br />

en haute montagne, possède une identité qui reste forte car visuellement plus facile à percevoir. Elle n’est pas encore noyée<br />

dans les dynamiques et les problématiques liées à l’urbanisation. C’est donc toujours la représentation du relief qui prédomine.<br />

Les allégories du Pays dignois évoluent également en fonction des saisons. L’été, c’est la lavande qui l’emporte, véhiculant<br />

des couleurs chaudes ; l’hiver, Digne est la capitale des sports d’hiver. C’est l’univers lié à la haute montagne qui prévaut. Face à ces<br />

multiples représentations nous voulons donc questionner l’identité du Pays dignois afin d’en déterminer ses véritables composantes.<br />

50


Après cette présentation des principales dynamiques<br />

naturelles à l’échelle du Pays dignois et de la manière<br />

dont elles étaient interprétées par l’homme, nous allons<br />

rendre compte de notre vision personnelle de ce territoire.<br />

A travers les trois grandes entités que sont le paysage provençal,<br />

le paysage de l’entre-deux et le paysage alpin, nous voulons<br />

exprimer notre ressenti vis-à-vis de ces espaces afin d’être<br />

en accord avec notre démarche initiale. Nous allons donc vous<br />

emmener dans notre découverte de ce pays dont nous avons<br />

voulu nous imprégner suite à nos premières excursions sur site...<br />

... bon voyage!<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

51


P remier Acte : Le paysage Provençal en Pays dignois<br />

Massif de vaumuse<br />

Coupe de localisation de la progression dans le territoire du Pays dignois<br />

«La Provence dissimule ses mystères derrière ses évidences»<br />

Jean GIONO<br />

Plateau de Puimichel<br />

C’est au sud-ouest du pays que le paysage tant décrit par Giono déploie<br />

ses formes ondoyantes et subtiles. Mais c’est bien une Provence dignoise et<br />

non une Provence au sens large que nous avons rencontrée lors de nos excursions.<br />

Un paysage où les ombres, en raison d’un relief un peu plus élevé, sont<br />

accrues, et où l’horizon tend à se faire montagnard par endroits, en particulier<br />

lorsque le regard se porte vers l’est... Une Provence plus contrastée à l’image<br />

de ses vallées, où les coteaux exposés au nord évoquent parfois les Alpes<br />

naissantes par opposition aux coteaux exposés au sud, biens plus chauds<br />

dans l’ambiance qu’ils dégagent.<br />

52<br />

Plateau de Valensole<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Le paysage provençal du Pays dignois est délimité au sud par le plateau<br />

de Valensole. Il est parcouru par la vallée de l’Asse et celle de la Bléone. Entre<br />

ces deux rivières aux larges lits se trouve le plateau de Puimichel, moins horizontal<br />

que celui de Valensole. Même si dans l’ensemble il présente une inclinaison<br />

régulière, il est sensiblement plus accidenté que son voisin. Au nord de<br />

la vallée de la Bléone, une série de collines élevées ont pour point culminant le<br />

Pic d’Oise, qui marque avec le Cousson un passage, une progression vers un<br />

autre paysage. C’est le massif de Vaumuse, premier contrefort des Alpes.


Forcalquier<br />

Digne<br />

Castellane<br />

Carte de la répartition des oliviers en région PACA. Ces derniers<br />

se situent sous le trait noir, limite symbolique de la Provence...<br />

L’olivier, un des emblèmes de la Provence,<br />

est encore présent en vallée de Basse Bléone et<br />

en vallée d’Asse. Il termine sa progression au niveau<br />

du pincement dignois, où avec lui finit le paysage<br />

provençal. Sa présence localisée sur le Pays<br />

dignois confirmerait l’hypothèse d’un territoire à<br />

cheval entre Provence et Alpes.<br />

L’olivier, le cyprès ou encore le platane sont<br />

des motifs que l’ont retrouve régulièrement dans<br />

cette provence dignoise. L’intuition expressionniste<br />

de Vincent Van Gogh a merveilleusement bien<br />

traduit les émotions que ces motifs peuvent susciter<br />

dans le paysage auquel ils sont attachés. A<br />

gauche les oliviers, en haut à droite les cyprès, en<br />

bas à droite les grands platanes. A noter sur les<br />

oliviers les mouvements fantastiques du relief et<br />

la dynamique saisissante perçue par le peintre.<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

53


1. La vallée de l’Asse<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Photo de la vallée de l’Asse prise depuis Estoublon. L’importance du ciel qui vient englober tout le paysage... un horizon boisé en continu,<br />

mais des coteaux aux couleurs différentes. A droite, le plateau de Puimichel vient s’achever par des pentes douces et ensoleillées, dans la vallée<br />

de l’Asse. A gauche, la vallée de l’Estoublaisse et son coteau nord (ou ubac) annonciatrice d’un paysage plus froid. Au loin, les contours bleutés<br />

du plateau de Valensole. La largeur de la vallée de l’Asse atteste ici de la formidable dynamique fluviale, puissante dans son emprise mais douce<br />

dans ses contours.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Vallée de l’Asse depuis un hameau en ruine, au nord-ouest de Bras-d’Asse. Le plateau de Valensole est ici imposant d’horizontalité, traçant<br />

dans le ciel une ligne pure et distincte, en limite de Pays. Les versants sud ou adrets sont finement entaillés par de petits ravins.<br />

54


Croquis de la même vallée<br />

Ce croquis fait au même<br />

endroit porte son attention sur le<br />

coteau présent au premier plan.<br />

Sur cette pente exposée au sud,<br />

de vieux chênes pubescents, tortueux<br />

et rachitiques accueillent<br />

lavandes, buis et romarins sur un<br />

sol sec. Les cigales mèlent leurs<br />

chants au concert de parfums qui<br />

nous enivre, le tout sous un soleil<br />

d’automne qui nous ferait croire à<br />

l’été...<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

depuis les hauteurs de Châteauredon,<br />

d’où on perçoit l’aspect progressif<br />

du relief. Depuis les hauteurs<br />

de la Montagne de Beynes,<br />

à l’est de la vallée, jusqu’à l’horizontalité<br />

du plateau de Valensole,<br />

l’Asse suit son cours et semble se<br />

perdre à l’horizon. L’ampleur qu’elle<br />

commence à prendre ici est annonciatrice<br />

des immenses espaces<br />

de la vallée de la Durance, que l’on<br />

pressent au loin.<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

55


2. La confluence de la Bléone avec la Durance<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Les pénitents du village des Mées. Ces colosses de pierre, éléments géologiques formant un coude à<br />

la confluence, marquent l’entrée du Pays dignois depuis la vallée de la Durance.<br />

Ici, les éléments du paysage se font écho de manière singulière. Le dialogue des pénitents avec la<br />

ripisylve sur un horizon qui ondule en arrière plan compose une scène de paysage troublante.<br />

56<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


L’espace de la confluence, une ouverture à 360° sur l’immensité d’un lit aux allures de<br />

plaine. Nos repères pris en Provence dignoise n’ont plus cours dans ce paysage qui porte<br />

la marque du temps...<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

57


3. La basse vallée de la Bléone<br />

La crête du Cheval Blanc<br />

Le Cucuyon<br />

La barre des Dourbes<br />

Le Cousson<br />

La Montagne de Beynes<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Des reliefs qui vont en s’accentuant de gauche à droite, c’est-à-dire depuis le plateau de Puimichel (nettement horizontal ici)<br />

jusqu’au Cousson qui surplombe Digne. On l’identifie comme la première montagne du Pays, elle constitue un point d’appel dans la vallée<br />

et marque le début des pré-alpes. Elle correspond également à l’emplacement du pincement de Digne dans la vallée de la Bléone.<br />

Les dynamiques de la vallée sont linéaires, dans le sens de l’eau, qui a marqué de son empreinte le territoire. Il existe de nombreux<br />

paliers dans les collines au nord de la Bléone, en témoigne ce point de vue pris depuis une terrasse haute. Les terrasses sont dans cette<br />

vallée des éléments structurant fortement le relief. Elles se démarquent des coteaux qui possèdent une texture particulière, composée des<br />

essences ci-dessous.<br />

58<br />

Olivier Chêne Vert<br />

Chêne Pubescent<br />

Laurier Buis Romarin<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Le plateau de Puimichel<br />

Genêt<br />

Ciste<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

59


D euxième acte : Le paysage de l’Entre-Deux<br />

Coupe de localisation de la progression dans le territoire du Pays dignois<br />

Basse Vallée du Bès<br />

L’Arigéol<br />

En franchissant le pincement de Digne, on passe<br />

dans une zone d’ombre où la vallée se resserre, pour s’ouvrir<br />

à nouveau sur la vaste dépression du Brusquet, encadrée<br />

non plus de collines mais de crêtes toutes proches s’élevant<br />

jusqu’à 1500 mètres. Le rideau montagnard s’est considérablement<br />

rapproché, passant d’une vision lointaine et fugace<br />

à un fond omniprésent. C’est également dans cette partie<br />

que l’on rencontre la vallée du Bès, aux parois escarpées et<br />

au lit plus étroit que les vallées provençales.<br />

Pincement<br />

de Digne<br />

Vallée du Bouinenc<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

C’est un paysage de collision que cet «Entre-deux»,<br />

une rencontre entre une morphologie alpine et des ambiances<br />

méridionales réminiscentes qui nous rappellent que la<br />

Provence est à deux pas. Cette collision se traduit sur le plan<br />

géologique par des motifs surprenants, spécifiques à ce paysage<br />

sans cesse en mouvement, porteur d’Histoire, de poésie<br />

et d’éphémère.<br />

60


Les robines* sont très<br />

fréquentes dans ce paysage<br />

comme ici sur le site de<br />

l’Ichtyosaure. Ces buttes quasi<br />

nues sont impropres à la vie<br />

car elles sont composées de<br />

calcaires noirs extrêmement<br />

friables, ce qui empêche la<br />

végétation de s’implanter. On<br />

peut sentir en contrepartie l’action<br />

d’érosion sur ces surfaces<br />

atypiques aux évocations lunaires.<br />

Le mur des ammonites<br />

doit son nom à ces fossiles incrustés<br />

dans la paroi rocheuse,<br />

qui fut, au Jurassique, un fond<br />

marin accumulant les dépôts. Ce<br />

fantastique témoignage est quelque<br />

peu mis à mal aujourd’hui<br />

par un aménagement maladroit.<br />

Accolé à la route, il fait pâle figure<br />

face à la monumentalité de<br />

cet édifice minéral.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

61


1. La ha u t e v a l l é e d e l a Bl é o n e<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Le pincement de Digne, entre le<br />

Cousson (à droite) et Le Martignon (au<br />

premier plan à gauche), marquant l’entrée<br />

des Préalpes* dignoises. Sur ces pâturages<br />

peu à peu gagnés par la forêt, on lit<br />

parfaitement les incisions des vallons que<br />

Pin à crochet<br />

Pin Sylvestre<br />

Fusain<br />

la végétation aurait tendance à masquer.<br />

Ici elle surligne au contraire une falaise de<br />

calcaire, rupture de pente au dessus de<br />

laquelle s’étend la forêt. Une végétation<br />

Des figures géomorphologi<br />

ques importantes de<br />

ce paysage avec en haut le<br />

Cucuyon et en bas la Barre<br />

des Dourbes.<br />

dite supraméditérranéenne a colonisé ces<br />

coteaux. Elle se compose principalement<br />

des essences ci-dessous, avec quelques<br />

espèces présentes en partie provençale<br />

(lavandes, genêts). La différence nord/<br />

sud sur les coteaux se fait d’avantage ressentir<br />

ici à travers des atmosphères plus<br />

contrastées et des «chauds et froids» plus<br />

prononcés.<br />

62<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


La crête de Limen<br />

La crête des Barres<br />

La crête de la Blache<br />

La crête du Cheval Blanc<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

En survolant le Martignon,<br />

on aperçoit la vaste<br />

dépression du Brusquet, encadrée<br />

par les crêtes de Limen<br />

et de la Blache. Au loin,<br />

la crête du Cheval Blanc et<br />

celle des Barres, annonçant<br />

la Montagne de la Blanche.<br />

Sur cette crête, on voit d’ici<br />

de la Tête de l’Estrop, point<br />

culminant du secteur.<br />

Ci dessous: Lieu de la<br />

confluence entre l’arigéol<br />

et la Bléone (la Javie),<br />

présence intemporelle de<br />

la rivière et des montagnes.<br />

Les ombres s’allongent<br />

avec la hauteur des<br />

coteaux plongeant au fur et<br />

à mesure que nous nous enfonçons<br />

dans le pays.<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

63<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


2. Co t e a u x d e l a v a l l é e d u Bo u i n e n c<br />

Une vision depuis de Draix, en<br />

retrait par rapport à la haute vallée<br />

de la Bléone, qui illustre la rapidité<br />

de l’évolution des paysages géologiques.<br />

Une terrasse haute cernée par<br />

les robines dans la vallée du Bouinenc<br />

avec en fond le Cucuyon et la crête du<br />

Cheval Blanc.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

S’installer au creux des robines...<br />

être cernée par un paysage<br />

aux formes éphémères...<br />

64<br />

64<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

La végétation semble instable, en<br />

mouvement constant, l’érosion est<br />

marquée...<br />

En Hiver, deux éphémères... qui renforce la<br />

poésie d’un paysage emblématique...<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

65


3. La ba s s e v a l l é e d u Bè s<br />

La vallée du Bès dont le lit se reserre progressivement mène vers les clues de Barles. Un<br />

autre passage vers les paysages alpin, au caractère spectaculaire et quasiment dénué de toute<br />

implantation humaine. C’est un lieu ou la géologie s’exprime de manière évidente et où l’on perçoit<br />

l’évolution du paysage à l’échelle de la Terre. Lieu d’émotions fortes, les verticalités se dressent<br />

telles des colosses, étouffants, contraignants, appelant à une dimension mystique du paysage.<br />

Le Bès au lit un peu plus étroit que celui de la Bléone est<br />

cadré par de forts coteaux plongeants aux ombres prononcées. La<br />

vallée est à ce point encore assez large pour percevoir la crête de<br />

Blayeul...<br />

Pa s d’h o m m e pa s d’h o m m e pa s d’h o m m e...<br />

66<br />

66<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Goldsworthy dans les clues de Barles<br />

... mais la vallée se resserre de plus en plus jusqu’au<br />

paroxisme des clues de Barles, écrasantes et chaotiques,<br />

verticales...<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

67<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


T roisième acte : Le paysage alpin en Pays dignois<br />

Coupe de localisation de la progression dans le territoire du<br />

Pays dignois<br />

En sortant des clues de Barles, le Bès<br />

prend des allures de torrents de montagne.<br />

Dans la haute vallée de ce cours d’eau, des<br />

passages froids et humides dans des gorges<br />

nous indiquent que nous avons délaissé le paysage<br />

méditérranéen pour une ambiance montagnarde.<br />

Les couleurs ont, elles aussi, changé,<br />

allant dans des tons plus froids, plus piquants<br />

qu’auparavant.<br />

Lorsque la largeur de la vallée le permet,<br />

le regard se porte sur les sommets dénudés.<br />

Depuis la vallée, les hauteurs de ces crêtes nous<br />

semblent encore plus vertigineuses, on réalise<br />

alors le chemin parcouru depuis les Mées... et le<br />

sentiment d’un territoire de progression.<br />

68<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Le choronyme «Alpes» est issu d’une racine<br />

pré-celtique «alp» qui viendrait de «albos»<br />

signifiant selon Delamarre «le monde lumineux,<br />

le monde d’en haut». Les mots «alp», «alpaut»<br />

ou «alpagut» ont le sens de haut, élevé, puissant.<br />

Autant de sens que l’on retrouve dans les<br />

émotions qui nous submergent, dans ce paysage<br />

de démesure.


Objectif Lune : les sommets dénudés<br />

témoignent d’une érosion encore active et<br />

très forte de ces terrains. L’eau, le froid,<br />

le vent, et la gravité agissent sur ces sols<br />

de manière à ce que l’on retrouve ces matériaux<br />

en fond de vallée.<br />

En arrière plan, la montagne de la Blanche<br />

qui jouxte Seyne. Le gradient végétal est ici<br />

clairement lisible (il l’est d’autant plus<br />

en automne grâce aux couleurs du mélèze), et<br />

l’étage asylvatique arrive très tôt, ce qui<br />

tend à exagérer les hauteurs des ces crêtes.<br />

Dans les Alpes centrales, cet étage est en<br />

général situé plus haut.<br />

Arrivée dans les Alpes non<br />

loin de la source de la Bléone. Les<br />

reliefs abrupts, les vallées profondes<br />

et étroites caractérisent ce paysage<br />

comme ici à Prads-Haute-Bléone.<br />

Le soir arrive bien plus tôt dans ces<br />

vallées.<br />

Le cirque de Seyne, vaste cuvette<br />

où coule la Blanche vers le<br />

lac de Serre-Ponçon, que l’on devine<br />

au loin. Ce cirque est d’une ampleur<br />

considérable et met en scène les<br />

montagnes qui le bordent, en leur<br />

donnant le recul nécessaire pour apprécier<br />

ces hauteurs.<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

69


Sapin de Douglas<br />

Mélèze<br />

Hêtre<br />

Nos errances au sommet en quelques photos... se sentir loin des hommes<br />

et appartenant au paysage permet d’en conserver l’essentiel afin<br />

de servir le projet de paysage, et de se rapprocher de l’humain.<br />

70<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows


Nos premières excursions sur la Montagne de la<br />

Blanche, en automne, nous ont laissés un sentiment très<br />

fort. Découvrir un paysage lunaire, intact, déstabilisant par<br />

sa nudité... Ces sommets sont exposés à l’Ouest et se révèlent<br />

dans leurs plus belles couleurs au soleil couchant.<br />

Etrangement, c’est lorsque nous étions au plus loin de la<br />

Provence que nous comprenions le sens de ces paysages<br />

parcourus... Depuis ces sommets les rivières du Pays prennent<br />

leur source, et emmènent les sédiments qui alimentent<br />

les paysages en aval...<br />

Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

71


... C’est sur le lac de Serre-Ponçon entitée forte de la région PACA<br />

et frontière nord du Pays dignois, que se finit notre périple à travers ce paysage<br />

dont nous avons voulu sentir et identifier les composantes naturelles.<br />

Dans cette partie nous nous sommes délibérement concentrés sur le socle<br />

géomorphologique et les motifs paysagers afin de comprendre le sens des<br />

lieux. Ainsi l’homme peu s’implanter, en conservant la nature première<br />

des sites, et en renforçant l’identitée du territoire. Nous allons maintenant<br />

aborder la partie dite «anthropique»; celle qui fait la vie de ce territoire pour<br />

comprendre comment faire paysage dans les implantations futures.<br />

72


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />

73


L e jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />

74


Les êtres humains adoptent toujours une posture particulière visà-vis<br />

du paysage, que celle-ci soit en accord avec les lieux ou non. Qu’il<br />

y ait interaction entre l’homme et son espace de vie ou que l’un tourne<br />

le dos à l’autre, l’homme fait un choix, se positionne dans l’espace.<br />

La posture qu’il adopte alors en dit long sur lui même : son identité, sa<br />

spiritualité, son appartenance à un clan, un village, un état, le système<br />

économique et social dans lequel il s’inscrit et enfin, sa sensibilité.<br />

La manière dont les humains s’établissent en un lieu racontent<br />

toujours une histoire, un dialogue, un jeu entre des personnages sur<br />

une scène de théâtre. Dialogue entre les personnages, mais aussi<br />

dialogue des personnages avec le lieu. Il arrive que les protagonistes<br />

parlent un langage différent du socle sur lequel ils s’installent, et les<br />

spectateurs que nous sommes ne parviennent plus à comprendre la<br />

scène qui se déroule sous leurs yeux. Bien souvent nous n’avons pas<br />

su comprendre et nous approprier le langage du paysage pour le restituer<br />

sous une nouvelle forme. L’échec de cette tentative est souvent<br />

dû à l’abscence d’un véritable processus de projet qui, lorsqu’il est mis<br />

en oeuvre dans chacune de ces étapes, permet de «jouer le jeu du<br />

paysage», autrement dit donner un sens à l’occupation de l’homme sur<br />

son site et à la scène ainsi créée.<br />

- Les typologies agricoles<br />

- Les implantations bâties<br />

- Les infrastructures de circulation<br />

- Les flux humains et économiques<br />

En premier lieu nous allons étudier l’évolution des implantations<br />

humaines sur le socle du paysage et ce à travers l’Histoire afin de mieux<br />

comprendre la situation actuelle.<br />

Le jeu des acteurs sur les planches du paysage<br />

Notre propos dans cette partie intitulée «le jeu des acteurs sur<br />

les planches du paysage» est d’analyser quels sont les éléments anthropiques<br />

du paysage et quels rapports ces derniers entretiennent avec<br />

le socle du Pays dignois. D’ores et déjà nous voyons apparaître les<br />

éléments suivants...<br />

Nos premiers blocs diagrammes étudiant ce rapport des hommes<br />

à leur socle, dans des vallées de morphologie différentes. De gauche<br />

à droite et de haut en bas : basse vallée de la Bléone, vallée du Bès,<br />

haute vallée de la Bléone(le Brusquet), haute vallée de la Bléone<br />

(Prads-Haute-Bléone).<br />

75


L’évolution d’un jeu dans le temps<br />

Nous avons choisi de présenter l’évolution des implantations humaines dans le paysage selon trois grandes périodes, à l’aide de blocs<br />

diagrammes schématisant cette évolution. Au cours de l’Histoire, les habitants se sont adaptés en fonction de plusieurs critères : les qualités<br />

nutritives du sol, l’inclinaison des coteaux, l’altitude, l’ensoleillement, les vents dominants, ou encore la proximité de l’eau.Toutes ces conditions<br />

ont permis l’implantation de villages riches de diversité, mais dans lesquels on retrouve des logiques d’implantation similaires. Nous allons<br />

voir qu’avec le temps, ces facteurs naturels autrefois décisifs dans le choix de l’implantation humaine vont être peu à peu remplacés par des<br />

facteurs économiques : impératifs de temps de trajet, coûts de mise en oeuvre, opportunités foncières.<br />

Agriculture sur coteaux<br />

Villages en promontoir<br />

Les noyaux anciens de villages sont répartis sur des socles<br />

rocheux divers, à l’abri des lits de fleuves et des glissements de terrain<br />

entre la vallée de l’Asse, la basse Bléone et les paysages alpins de<br />

la Haute Bléone. Les habitants du Pays dignois sont pour beaucoup<br />

descendants d’une culture paysanne commune à tous les villages<br />

longeant la Bléone, véritable colonne vertébrale du pays. Autrefois,<br />

et jusque dans les années 1950, la population était, beaucoup plus<br />

qu’aujourd’hui, regroupée dans les villages perchés. La forêt ne<br />

recouvrait pas encore les coteaux, et mis à part les endroits trop<br />

abrupts, les espaces hors des villages étaient consacrés à une<br />

polyculture disséminée et à l’élevage.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

76<br />

Même si Digne se démarque par sa taille, les rapports entre le<br />

bourg de Digne et les villages sont différents par rapport à aujourdhui,<br />

et ces derniers arrivent à subsister sans pour autant être en situation<br />

d’autarcie. Les villages communiquaient par un réseau de chemins<br />

à flanc de coteau, étendu à l’ensemble des vallées et s’adaptant à<br />

la géomorphologie et au contours du relief. A l’époque, la majeure<br />

partie des trajets se faisaient à pied ou à dos d’âne. Cette adaptation<br />

humaine de chemins transversaux permettait de traverser rapidement<br />

les coteaux, notamment pour faire boire les troupeaux.


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

L’agriculture et les paysages<br />

ouverts disparaissent<br />

au profit de la forêt<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Progressivement la population<br />

s’installe en fond<br />

de vallon<br />

Puis le long des<br />

axes routiers...<br />

L’homme a pu s’installer en fond de vallée à partir du moment où il a su maîtriser<br />

les aléas des crues et la dangerosité de la Bléone. Cependant, dans l’évolution de<br />

l’appropriation des lieux, l’homme va d’abord les cultiver, et rentrer chez lui le soir dans<br />

son village sur les hauteurs. Ce mouvement s’est acceléré avec la modernisation des<br />

systèmes de production, car la rentabilité de ces espaces est plus forte. Les parcelles<br />

situées plus haut sur des plateaux moins accessibles, plus étroites, ont perdu en<br />

rentabilité et commençent à s’enfricher. D’un lieu de travail, le fond de vallée devient<br />

progressivement un lieu où l’on habite, et où l’on construit des granges qui deviennent<br />

des habitations.<br />

C’est avec l’avènement de la voiture que les changements se sont accélérés.<br />

Pour des raisons d’adaptabilité et de gain de temps, les voies routières se sont<br />

étendues sur les fonds de vallées et rapprochées du lit de la Bléone (notamment<br />

la route Napoléon). Digne, ville préfecture, est le coeur névralgique du Pays vers<br />

lequel tout converge, voiries, biens et personnes. L’activité et les services y siègent<br />

et accompagnent une densification urbaine des fonds de vallées. Le long de la<br />

route Napoléon, en particulier, de nouveaux centres se sont construits, laissant les<br />

bourgs historiques en toile de fond.<br />

L’étage montagnard est resté quasiment inchangé en terme d’implantations<br />

humaines, mis à part quelques hameaux désertés. Parallèlement on assiste à un<br />

exode depuis les villages aujourd’hui vides de population la majeure partie de<br />

l’année, hormis ceux situés dans la basse vallée de la Bléone. Seules les périodes<br />

de vacances, au printemps ou pendant l’été, voient les familles revenir à leur lieu<br />

d’origine pour quelques semaines, surtout dans la partie montagnarde. On est à<br />

l’heure actuelle en présence d’un territoire plus contrasté, avec une répartition<br />

moins homogène des individus. Il en résulte des paysages parfois très sauvages,<br />

où la forêt remplace les paturâges et où la nature redevient toute puissante. De<br />

manière générale, les mutations du paysage traduisent celle de l’économie, où l’on<br />

est passé d’une échelle locale à une échelle nationale, voire internationale.<br />

Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />

77


Ce p r o c e s s u s e s t j u s t i f i é e t n é c e s s a i r e:<br />

−<br />

−<br />

−<br />

L’activité économique liée au val de Durance a permis de créer une émulation urbaine<br />

en basse vallée de la Bléone, des activités de service profitables au Pays dignois.<br />

L’adaptation du système de voirie aux véhicules modernes à permis un plus grand<br />

trafic étendant la zone de chalandise à l’ensemble des voies.<br />

La descente progressive de l’habitat sur les fonds de vallées ou plaines alluviales<br />

est une des réponses nécessaires à l’adaptation des noyaux villageois aux systèmes<br />

modernes de desserte. C’est une logique de recherche de confort en milieu rude.<br />

Ma i s c e m ê m e p r o c e s s u s e n t r a i n e b o n n o m b r e d’e f f e t s p e rv e r s :<br />

−<br />

−<br />

−<br />

−<br />

La densification urbaine se fait en masse sur une majeure partie de part et d’autre de<br />

la route Napoléon, c’est à dire sans tenir compte des spécificités des lieux traversés,<br />

pourtant très différents. La réponse à la question «comment habiter en ces lieux»<br />

reste la même, quel que soit le lieu rencontré. La route Napoléon n’a plus seulement<br />

une fonction de desserte mais conditionne véritablement l’urbanisme.<br />

Ce processus urbain n’est pas forcément guidé dans une démarche de projet<br />

(reconnaissance de l’identité et des qualités du lieu, recherche d’une implantation<br />

adéquate). L’alignement systématique de l’habitat sur les routes fait perdre par endroit<br />

la lisibilité des lieux traversés.<br />

Dans certaines villes comme Digne, les extensions construites nient la Bléone,<br />

pourtant épine dorsale du Pays.<br />

Dans beaucoup de vallées agricoles (plan de Gaubert à Digne, Le Brusquet), le<br />

bâti est édifié selon la libération de parcelles. Ceci induit un mitage et par endroit un<br />

risque de saturation des espaces agricoles condamnés à terme à disparaître.<br />

78


Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />

79


U n espace agricole de contrastes<br />

L’espace agricole du Pays dignois occupe le territoire avec une logique<br />

d’adaptation à la géomorphologie. Il y a un gradiant dans les types d’occupation<br />

du sol entre la Provence et le paysage alpin.<br />

Carte sensible de l’espace<br />

agricole Dignois<br />

Dans les vallées de l’Asse et de la basse vallée de la Bléone, les parcelles<br />

agricoles sont larges, étendues. Elles suivent le lit des rivières selon une<br />

pente naturelle d’écoulement (1). Des coussières* aident à l’évacuation des<br />

eaux depuis les coteaux. Au même titre que ces fonds de vallées cultivés de<br />

céréales, certains coteaux doux de la basse vallée de la Bléone, de la vallée<br />

de l’Asse, ou des Duyes, sont cultivés, mais de manière moins intensive (2).<br />

Le parcellaire est à ces endroits plus dense. Aujourd’hui l’habitat se construit<br />

essentiellement dans les fonds de vallées, sur les espaces agricoles que le<br />

phénomène de mitage fragmente et fragilise encore plus. La libération de parcelle,<br />

devenue constructible, semble prévaloir sur une démarche de projet.<br />

L’étage de «l’entre deux» avec la haute vallée de la Bléone marque un<br />

rétrécissement puis une légère réouverture sur un paysage agricole qui trouve<br />

encore sa place (3). Les coteaux s’escarpent et l’agriculture s’insinue sur des<br />

terrasses hautes ou des plateaux (4). Les céréales commencent à faire place<br />

aux pâtures, aux prés fauchés, ce qui confère au paysage un aspect plus<br />

montagnard. Les vergers sont fréquents en fond de vallée (5). L’agriculture est<br />

quasi absente de la vallée du Bès, espace sauvage par excellence.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Enfin, l’étage alpin, avec des fonds de vallées étroits est constitué de<br />

parcelles enclavées de tailles réduites. Les vergers, et les champs fauchés<br />

constituent l’espace agricole encore en activité, mais réduit. Seul le cirque de<br />

Seyne constitue un paysage agricole d’importance (6).<br />

80


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

1. Paysage de basses terrasses cultivées en vallée d’Asse : le parcellaire<br />

créé perpendiculairement au lit mineur de l’Asse donne un rythme à la traversée<br />

de la vallée.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

2. Culture de lavande et de céréales sur le plateau de Puymichel,<br />

près de de St Jeannet.<br />

3. Dépression agricole entre Marcoux et le Brusquet, en haute<br />

vallée de la Bléone.<br />

5. Culture de fruitiers à La Javie, sur l’espace de la confluence<br />

Bléone/Arigéol.<br />

Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />

4. Exemple des villages de Draix et Archail : des noyaux vilageois entourés<br />

d’un parcellaire agricole, oasis cultivé dans un désert de robines.<br />

6. Cirque de Seyne, où le replat et les pentes douces en piémont<br />

des montagnes sont cultivés.<br />

81


F ormes d’habitat et logiques d’implantation<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Vue oblique au dessus<br />

du nord-est de Digne, un lieu<br />

où le tissu urbain de la vallée<br />

de la Bléone contraste fortement<br />

avec les coteaux et montagnes<br />

inoccupées.<br />

82


En photos, une représentation de l’habitat varié dans les trois principales entités paysagères du Pays.<br />

PAYSAGE DE PROVENCE<br />

Les emprises au sol les plus importantes du Pays dignois : des villages inchangés sur les hauteurs, parfois en ruine, des lotissements qui<br />

surgissent le long de la N85, un bâti qui jouxte l’agriculture, et parfois le supplante, une typologie provençale du bâti (plus ou moins authentique).<br />

PAYSAGE DE L’ENTRE DEUX<br />

Une conccurence plus rude entre bâti et agriculture dans les espaces ouverts et, de manière générale, une plus grande proximité avec la<br />

géologie (Draix, Archail, Barles...).<br />

PAYSAGE ALPIN<br />

Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />

Seyne occupe une position centrale dans l’occupation du nord du pays. Un bâti peu présent donc, mis à part dans le cirque de Seyne, avec<br />

une empreinte faible sur le paysage. Matériaux et disposition du bâti font explicitement référence à la montagne.<br />

83


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Sur le croquis ci-contre,<br />

les secteurs de la Sèbe, des Sièyes<br />

et des Augiers non loin du<br />

bourg de Digne sont urbanisés en<br />

continu. Les zones bâties se dispersent<br />

sur de nombreux lieux, et<br />

l’urbanisme s’étale sur les rives<br />

de la Bléone, les vallons et cônes<br />

de déjection et sur les terrasses<br />

basses créées par la rivière.<br />

La pression urbaine a induit<br />

cette continuité bâtie le long<br />

de la route Napoléon sans tenir<br />

compte des différents lieux traversés,<br />

erreur qu’il ne faudrait<br />

pas reproduire dans les projets<br />

d’urbanisme actuels. Laisser des<br />

respirations, par exemple aux endroits<br />

où les vallons rejoignent<br />

la Bléone, permettrait de donner<br />

une lisibilité au paysage et<br />

d’éviter la banalisation de cet<br />

axe structurant qu’est la vallée<br />

de la Bléone.<br />

Ci-dessous, un panoramique depuis la maison de la géologie sur le nord de Digne, où on voit que les extensions de<br />

la ville se sont faites en ignorant le rapport au fleuve et en faisant passer sur un talus la D900a, qui coupe Digne de la<br />

Bléone. Conserver un lien fort aux éléments structurants du paysage est primordial pour que le développement d’un ville comme<br />

Digne se fasse en harmonie avec son lieu.<br />

84<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Digne-les-Bains concentre quasiment les deux tiers de la population du pays. Autant dire que le Pays dignois possède une dynamique d’occupation<br />

fortement centralisée. On sait ainsi que la haute et basse vallée de la Bléone regroupe les 8/10 de la population du pays (voir annexe 3, 4,<br />

5, 6, 7, 8), si l’on met de côté Seyne qui pour l’instant ne fait pas partie du Pays dignois, administrativement parlant. C’est dans ces parties du Pays<br />

que la population a le plus augmenté dernièrement, si l’on ajoute la commune de Thoard dans la vallée des Duyes. C’est donc dans ces paysages<br />

qu’il faudra accompagner l’évolution de l’urbanisme le mieux possible, compte tenu des effets négatifs sur le paysage que celui-ci peut générer dans<br />

ces vallées.<br />

A l’opposé des modèles vus précédement, des villages de la vallée de l’Asse comme Beynes (à gauche) et Mézel (à droite) se sont implantés en mimant<br />

le relief, en adoptant une posture de rejeu* par rapport au socle sur lequel ils sont implantés. Dans un cas, le village s’installe dans la continuité de<br />

la crête rocheuse sur laquelle il s’implante et dans l’autre, le village se tient en pied de coteau, venant s’appuyer sur le relief. Ce sont ces attitudes<br />

que nous cherchons à développer dans les propositions que nous ferons dans la partie suivante.<br />

Plan et croquis<br />

schématiques des<br />

villages d’Estoublon<br />

et Bras d’Asse.<br />

Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Dans cette même vallée de l’Asse, l’évolution du bâti au fil des siècles<br />

précedemment évoquée, se traduit ici par des habitations venant s’insérer<br />

dans le parcellaire agricole, présent sur le lit majeur de la rivière. Un<br />

bâti plus épars et moins dense, que certains pourraient qualifier de mitage...<br />

Pourtant l’activité agricole est maintenue sur ces sols et le bâti ne menace<br />

pas (pour l’instant) cette activité. Il faut prendre garde à ne pas condamner<br />

ce qui pourrait sembler de prime abord comme une menace pour l’agriculture.<br />

Cette manière d’habiter le lit est adaptée à ce paysage par l’harmonie qu’il<br />

créé en suivant le rythme du parcellaire, perpendiculairement à l’Asse.<br />

85


U n réseau routier disparate qui dessert le paysage.<br />

Réinstaurer un<br />

dialogue entre<br />

la route et le<br />

paysage<br />

Lieu de Basculement<br />

des densitée<br />

routières<br />

sur le territoire<br />

Carte des réseaux routiers du territoire<br />

Seyne-les-Alpes<br />

De manière générale, on peu considérer que le réseau<br />

routier offre les premiers points de vue sur le paysage pour<br />

la majorité des utilisateurs qui l’empruntent. Riche de potentiel,<br />

il est souvent paradoxalement le lieu le plus impersonnel<br />

d’un site. Généralement à la base d’une implantation urbaine<br />

linéaire facilitée par toutes les autres infrastructures qu’elle véhicule,<br />

la route tend à banaliser les lieux traversés. Elle possède<br />

donc des atouts non négligeables, qu’il faut savoir saisir<br />

pour mettre le paysage en valeur, mais également des défauts<br />

qu’il faut apprendre à canaliser, traiter, voire même retourner.<br />

Toute la difficulté réside dans la juste mesure des implantations<br />

urbaines qui s’installent aux abords des routes en tenant<br />

La Javie<br />

compte des lieux existants, afin de mettre en valeur l’identité<br />

d’un site sans aller à son encontre. C’est ce qui permet d’offrir<br />

un paysage de qualité ou non.<br />

Château Arnoult<br />

St Auban<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

86<br />

Mallemoisson<br />

Bras d’Asse<br />

Digne les Bains<br />

Le réseau routier du Pays dignois est disparate à l’image<br />

des autres implantations anthropiques. Ce phénomène est<br />

clairement visible de part et d’autre du pincement de Digne.<br />

Au sud la basse vallée de la Bléone plus large accueille une<br />

nationale (la route Napoléon) et, au nord, un réseau de départementales<br />

parcours les fonds de vallées desservant les<br />

villages jusqu’au lac de Serre-Ponçon. Outre les densités de<br />

populations à desservir, on peu noter que le relief est également<br />

à la base du déséquilibre routier du Pays. En effet, il<br />

est souvent plus difficile d’installer une route sur un relief que<br />

sur un fond plat. Pourtant, les nombreux lacets effectués par<br />

une route de montagne font souvent prendre conscience au<br />

conducteur de l’amplitude d’un relief.


Ces temps plus ou moins longs de parcours du territoire sont importants<br />

pour la compréhension d’un lieu. Le trajet linéaire est souvent<br />

moins instructif que les routes en lacets, car il autorise une rapidité de<br />

trajet, alors que les virages offrent des vitesses différentes de parcours<br />

et donc des temps de pause et d’observation du paysage.<br />

La diversité des motifs paysagers rencontrés est également à la<br />

base de la compréhension d’un territoire. Nos sociétés rapides ont souvent<br />

tendance à transformer en contrainte ce qui pourrait être un atout.<br />

La traversée de la basse vallée de la Bléone par la route Napoléon<br />

est riche d’enseignements. Avec un vocabulaire de voie rapide, la route<br />

offre difficilement des points d’arrêt. Les villes traversées ne s’affirment<br />

pas et sont presque des détails sur un parcours. Alors qu’elle pourrait<br />

être une vitrine pour le paysage, la nationale reste un axe routier qui<br />

permet simplement de raccorder plus rapidement la vallée de la Durance<br />

à Digne.<br />

Paradoxalement, oubliant le paysage, on a su mettre en valeur<br />

les zones économiques. Le centre commercial Carrefour est clairement<br />

visible et offre la première vision d’entrée sur la ville de Digne. Puis des<br />

murs et des talus antibruit séparent la route de la ville devenant un axe<br />

sans identité, proposant même un aménagement qui oublie de parler<br />

d’une rivière sauvage à régime torrentiel. L’arrivée sur la ville a donc<br />

perdu contact avec le territoire.<br />

De même, la traversée de la vallée de la Bléone au niveau du<br />

Brusquet par la départementale montre un paysage impersonnel contrairement<br />

au potentiel du lieu. Au niveau de Marcoux, la départementale<br />

offre à voir les Robines ; puis des paysages ouverts qui parlent du site.<br />

Les implantations humaines se font généralement en retrait. Ce travail<br />

sur les allers retours entre la micro-échelle et la macro-échelle de perception<br />

sur la géomorphologie est plus que bénéfique. Malheureusement<br />

une urbanisation linéaire occupe les abords immédiats de la route<br />

au niveau du Mousteret et du Moulin et commence à masquer les particularités<br />

du lieu. La départementale se transforme en voie de contournement<br />

au niveau du Brusquet séparant l’ancien village des nouvelles<br />

extensions. Il en ressort un certain malaise, pour les utilisateurs, mais<br />

aussi pour les riverains qui ne savent pas comment aborder cette départementale.<br />

Fléau ? Point de raccordement ? Possibilité de découverte<br />

d’un paysage ? Il reste que le trajet à ce niveau n’offre pas d’identité<br />

claire du lieu et donc ne donne pas au conducteur l’envie de s’arrêter.<br />

Pour résumer, les axes routiers fréquentés du Pays dignois sont<br />

considérés comme des contraintes alors qu’ils pourraient être des atouts<br />

de fréquentation des paysages. Il serait intéressant de reconsidérer ces<br />

axes dans une perspective de dialogue avec les sites, les lieux et leurs<br />

paysages, en mettant en valeur les fondamentaux de l’identité du Pays,<br />

à savoir la géomorphologie du territoire, sa géologie et ses rivières.<br />

Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />

L’implantation d’une autoroute de 18 km se pose en termes de<br />

transparence du paysage où la prise en compte des lieux et de leurs<br />

identités et spécificités sera une forte gageure et un enjeu important<br />

pour le paysage du Pays dignois.<br />

87


La r o u t e Napo léon, d e Malijai à Di g n e-l e s-Ba i n s:<br />

un potentiel pour une nouvelle prise en compte du paysage naturel<br />

Depuis la route, le Cousson relief<br />

emblématique de Digne. Ici<br />

le dialogue est établi avec le<br />

paysage.<br />

Passage à Mallemoisson, le traitement<br />

routier garde malgré le<br />

feu rouge un vocabulaire de voie<br />

rapide.<br />

Le long de la route, à Mallemoisson,<br />

un espace central de<br />

vie converti en parking immense<br />

pour un restaurant.<br />

L’absence de dialogue avec le<br />

paysage est tel que l’on ne<br />

s’aperçoit pas qu’une coussière<br />

passe au dessus de la route.<br />

Contact visuel avec la Bléone,<br />

rétablissement d’un dialogue<br />

avec le paysage.<br />

La première vision de Digne par<br />

la zone commerciale mise en valeur<br />

par des espaces ouverts.<br />

Une route qui s’ouvre également<br />

sur ses industries.<br />

Une nouvelle prise de contact<br />

avec la Bléone encore sauvage,<br />

retour au socle et au paysage.<br />

Digne les Bains<br />

Banalisation du traitement routier,<br />

et vocabulaire de voie rapide.<br />

Entrée de ville sur une route<br />

impersonnelle, le long de murs<br />

anti bruit...<br />

Mallemoisson<br />

... Avec une promenade géométrique<br />

qui s’organise le long de la<br />

route plutôt que le long du fleuve<br />

: un traitement rigide pour<br />

une rivière sauvage.<br />

En fond la ville de Digne et son<br />

clocher, au premier plan la promenade<br />

à l’encontre de toutes<br />

les logiques des lieux.<br />

Route Napoléon<br />

Route Napoléon<br />

88


Ci-contre: une<br />

route communale en lacets<br />

qui relie Digne à Courbon.<br />

Elle traverse des motifs<br />

paysagers et des lieux qui<br />

mettent en scène la compréhension<br />

de l’espace par<br />

un dialogue établi entre<br />

le socle et l’implantation<br />

Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

89


U ne enclave économique propice au tourisme<br />

Carte des Migrations du territoire<br />

Les principaux flux journaliers se font en<br />

Pays dignois depuis les villes et villages vers Digne,<br />

centre névralgique du territoire. Le statut de<br />

préfecture de la ville sous entend de nombreux<br />

services qui sont une source d’emploi importante<br />

dans de ce pays relativement enclavé.<br />

Les flux à l’échelle de la Région connaissent<br />

un déplacement majoritaire vers Aix en Provence<br />

comme nouveau lieu de résidence. Au<br />

contraire, les marseillais très citadins à l’origine,<br />

migrent vers Digne-les-Bains pour y trouver une<br />

ambiance plus rurale, loin de la métropole.<br />

Certains partent de Digne pour Gap qui<br />

est un compromis d’une plus grande ville de<br />

montagne.<br />

Les flux touristiques se font en majorité<br />

par des marseillais, et des aixois qui retrouvent<br />

leur arrière pays local. Le reste constitue une<br />

clientèle de côtiers, de parisiens et d’étrangers.<br />

90


Le s f l u x e n Pay s d i g n o i s, c o n t e x t e g é n é r a l :<br />

Le Pays dignois est constitué de 27 communes entre la vallée<br />

de l’Asse et la haute Bléone. La ville de Digne-les-Bains, préfecture<br />

du pays, comprend 18.000 habitants parmis les 25.000 que compte<br />

l’ensemble des communes du pays.<br />

L’activité locale est à 55% dédiée à la gestion publique<br />

territoriale. La préfecture génère une forte activité centrée sur la<br />

vieille ville. Ensuite, l’activité commerciale comprend 35% des<br />

emplois, regroupés sur les fonds de vallées, surtout dans les zones<br />

commerciales autour de la route Napoléon pour le tertiaire. 10%<br />

de l’activité est dédiée au tourisme, avec une forte diversité des<br />

possibilités sportives.<br />

Cette répartition de l’activité locale s’explique majoritairement<br />

par la morphologie naturelle du pays. En effet, la ville de Digneles-Bains<br />

se trouve à un point stratégique, un pincement entre la<br />

Provence et les Alpes. Ainsi, 2/3 des habitants habitent à l’année dans<br />

les parties plus provençales, connectées à la vallée de la Durance,<br />

axe économique majeur, quand Digne reste avec une dominante<br />

administrative. Le dernier tiers des habitants est regroupé dans des<br />

noyaux villageois en secteur plus montagneux, comme la vallée de<br />

la haute Bléone, ou la vallée du Bès.<br />

douces entre mai et octobre. Randonnée, escalade, visite du parc<br />

géologique et sports extrèmes constituent les grands rendez-vous<br />

annuels pour les visiteurs.<br />

Plus près de Digne-les-Bains, quelques villes importantes<br />

ponctuent les environs de la Durance : (36.000 personnes à Gap,<br />

19.000 à Manosque, 7.000 à Sisteron, 5.000 à Château-Arnoux,<br />

16.000 à Malijai)...<br />

Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />

L’activité touristique se déploie sur la formidable diversité<br />

des paysages qu’offre le Pays. En effet, ce secteur couvre une part<br />

importante dans l’activité locale, en particulier pendant les saisons<br />

91


Te n d a n c e d e s Fl u x l o c a u x :<br />

Autour de Digne-les-Bains, on constate une concentration majoritaire de l’activité vers le site de la préfecture.<br />

Tableau des flux<br />

Hormis un trajet quasi excusif des lieux de résidence vers Digne<br />

dans un rayon de 15 kilomètres, on observe quelques mouvements depuis<br />

la vallée de la basse Bléone vers Malijai ou la vallée de la Durance comme<br />

lieux de travail.<br />

Tableau des secteurs d’activité<br />

On constate dans le tableau un pourcentage plus important<br />

d’activités liées au commerce et au service.<br />

La route Napoléon est le principal axe drainant de la basse vallée<br />

de la Bléone. La majeure partie du développement s’est faite autour de<br />

cette voie historique. La pression immobilière y est plus forte à proximité<br />

de la vallée de la Durance. La ligne de train qui reliait Grenoble à Digneles-Bains<br />

est aulourd’hui condamnée.<br />

92


Te n d a n c e d e s f l u x e x t e r i e u r s :<br />

- Départs de Digne vers Aix en Provence : ils peuvent s’expliquer<br />

par la recherche d’une atmosphère à la fois plus provençale et<br />

plus urbaine. La ville d’Aix apparaît comme ayant les qualités de la<br />

Provence sans être très urbaine comme la ville de Marseille.<br />

- Départs vers Gap : ils correspondraient plus à un désir de rejoindre<br />

une ville importante, en restant dans l’atmosphère montagnarde.<br />

L’intérêt est de trouver plus de confort urbain sans quitter la culture<br />

montagnarde.<br />

- Départ vers Malijai : le but d’un départ vers Malijai est lié à sa<br />

position stratégique. Cette ville est à l’entrée de la vallée de la<br />

Bléone. On cherche, en s’y installant, à trouver un compromis<br />

confortable entre la proximité de la ville natale et les avantages de<br />

la vallée de la Durance plus porteuse économiquement.<br />

Te n d a n c e d e s f l u x t o u r i s t i q u e s :<br />

L’activité touristique constitue une part importante dans le dynamisme<br />

du Pays. La capacité d’accueil à l’année est la suivante :<br />

Hébergement marchand : 456 structures (comprenant hotels et<br />

campings), soit 5.924 lits marchands.<br />

marchands. Il y a au total 13.520 lits touristiques.<br />

Fréquentation annuelle : 660.000 nuitées marchandes, 350.000<br />

nuitées non marchandes, soit environ 1.000.000 de nuitées<br />

annuelles.<br />

Ty p o l o g i e d e t o u r i sm e à l’a n n é e :<br />

−<br />

−<br />

Le tourisme au sens large : avec des pointes de tourisme en<br />

mai, juin et octobre, la clientèle touristique globale vient de la<br />

Côte d’Azur, des Bouches du Rhône et de Paris. Il s’agit d’une<br />

clientèle familiale qui préfère venir en saison chaude. Les<br />

activités de visite, de sports en tout genre attirent la majeure<br />

partie des touristes.<br />

Le tourisme ciblé sur le thermalisme : avec des pointes de<br />

tourisme en mars et en novembre, la clientèle de ces mêmes<br />

régions se concentre sur les activités thermales. Au printemps<br />

et en automne, les touristes étrangers viennent se ressourcer en<br />

Pays dignois (anglais, allemands en majorité).<br />

La clientèle curiste représente un total de 6.000 personnes par<br />

an. Cela représente 220.000 nuitées, soit plus d’un quart de la<br />

fréquentation touristique.<br />

Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />

Hébergement non marchand : 1.788 résidences secondaires<br />

(réparties essentiellement en haute Bléone), soit 8.940 lits non<br />

93


D es hommes et des usages du territoire<br />

Des usages centra lisés a u to u r d e la p r é f e c t u r e<br />

L’implantation humaine, centralisée autour de la ville de Digne<br />

se traduit dans les usages du territoire. Les activités économiques sont<br />

essentiellement situées autour de la ville principale, qui génère en majorité<br />

des emplois d’Etat grâce à son statut de préfecture. Les zones<br />

d’activité économique se trouvent au sud et à l’est de Digne et sont les<br />

points principaux de ravitaillement pour la population du Pays.<br />

Outre les activités économiques, le potentiel du paysage se<br />

traduit dans les pratiques sportives et de loisirs du territoire. La double<br />

identité de la ville se retrouve au nord du Pays par l’implantation<br />

des premières stations d’hiver des Alpes. La randonnée est également<br />

une activité privilégiée par les nombreux chemins qui jalonnent le Pays<br />

et permettent d’offrir à la population les plaisirs des panoramas liés à<br />

l’élévation du relief. Les activités proposées sont à la fois urbaines et<br />

rurales. Ce potentiel d’activités crée différentes possibilités pour appréhender<br />

un paysage :<br />

- soit par les airs avec le parapente qui permet de prendre en considération<br />

le paysage à une échelle globale afin d’en comprendre les grandes<br />

structures (à la fois naturelles et anthropiques), donc ici la particularité<br />

94<br />

de l’articulation de la ville de Digne dans le pincement du relief ;<br />

- soit par le sol en pratiquant la randonnée, l’escalade ou l’équitation<br />

permettant de rentrer dans l’épaisseur du paysage et donc dans les<br />

motifs et les enchainements paysagers ;<br />

- soit par les routes en pratiquant le vélo ou même par la voie des eaux<br />

en pêchant ou en pratiquant le canoë Kayak permettant ainsi de comprendre<br />

la géomorphologie des différents lits des rivières.<br />

La convergence entre la mise en valeur du territoire et la découverte du<br />

paysage par un sport quelconque permet d’établir une relation durable<br />

avec le tourisme.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Carte des usages du<br />

territoire (pour la légende<br />

voir ci-contre).


Carte des usages zoomée<br />

sur Digne: des activités<br />

centralisées.<br />

Les avantages de la multiplicitée<br />

paysagère et de<br />

sa géomorphologie : des<br />

activitées diverses qui<br />

permettent de prendre<br />

conscience différement<br />

des lieux qui nous entourent.<br />

Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />

95


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Hormis les activités de plein air, le Pays dignois possède également<br />

comme immense atout paysager de se trouver sur la plus grande réserve<br />

géologique d’Europe. Convaincue qu’elle est à la base de l’identité et des<br />

singularités du territoire, elle est à remettre en valeur notamment au niveau<br />

du mur des Ammonites qui jouxte la route et qui empêche un recul sur un<br />

chef d’œuvre naturel. Le traitement végétal urbain qui est apporté va également<br />

à contre sens avec ce monument naturel.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Le rapport entre l’aménagement urbain<br />

et le mur des ammonites vieux de plusieurs millions<br />

d’années est difficile à établir et diminue<br />

clairement l’impact visuel de ce chef d’oeuvre,<br />

rendant l’ensemble presque grossier...<br />

96


En j e u x r e t e n u s d e l’a n a ly s e d u p r o c e s s u s d’im p l a n tat i o n h u m a i n e<br />

s u r l e s o c l e d u pay s a g e<br />

Bâti et routes :<br />

Développer un bâti en harmonie avec le paysage et son socle<br />

géologique.<br />

Limiter l’urbanisation linéaire autour des infrastructures routières.<br />

Traiter les limites avec une certaine perméabilité, une réponse propre<br />

à chaque lieu.<br />

Flux :<br />

Synchroniser les dynamiques humaines avec les dynamiques<br />

naturelles du territoire.<br />

Proposer d’autres méthodes de transports publics, notamment le<br />

long de l’axe Malijai/Digne (trains, bus), une reconquête des voies SNCF.<br />

Usages :<br />

A partir d’une connaissance des différents acteurs:<br />

- Les citadins autour de Digne<br />

Exploiter les potentialités des berges de la Bléone (points de vue, percées<br />

jusqu’au rivage, rôle des ripisylves)<br />

Travail de cheminement ;<br />

Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />

- Les agriculteurs<br />

Préserver des espaces ouverts en fonction des enjeux locaux (basse Bléone,<br />

haute Bléone) pour définir les trois entités agricoles<br />

Evaluer la richesse des productions produites<br />

Péreniser l’agriculture afin de rééquilibrer la balance entre entre espace<br />

agricole et espace urbanisé<br />

97


A ccorder le jeu à la scène<br />

98


Nous avons tenté d’extraire les grandes structures du paysage<br />

aussi bien naturelles qu’anthropiques depuis le début de ce<br />

dossier afin d’en comprendre l’articulation étroite et donc les répercussions<br />

passées, présentes et futures. Ce travail à l’échelle globale<br />

permet de saisir l’importance du contexte dans lequel se trouve un<br />

lieu, une ville, un village et ce afin que les futures actions entrent en<br />

résonnance non plus avec une seule entité qui soit simplement naturelle<br />

ou anthropique, mais avec un ensemble paysager résultante de<br />

l’identité d’un pays.<br />

Après avoir analysé l’échelle globale du territoire, puis les<br />

entités paysagères par vallée, il nous semble important de terminer<br />

cette démarche à une plus petite échelle, zoomée à un niveau qui<br />

parle des détails du lieu.<br />

Nous avons donc poussé l’analyse sur trois sites spécifiques<br />

qui posaient des problématiques d’extensions futures et donc de relation<br />

au paysage afin d’en accorder le jeu à la scène.<br />

Ce jeu, c’est celui des hommes, celui qui fait que l’on comprend<br />

ou pas le sens d’une scène paysagère à laquelle on appartient.<br />

C’est souvent celui qui fait débat et qui pose des problèmes techniques,<br />

financiers, mais aussi de goût, celui qui fait que l’on aime ou<br />

pas un paysage. C’est celui qui est contestable ou avéré.<br />

Nos analyses ne seront pas là pour juger de la valeur d’un<br />

projet, qu’il concerne une zone d’extension économique ou d’une<br />

zone de lotissements. Nous tenterons plutôt d’apporter des réponses<br />

à la question «comment le faire ?». Il s’agit simplement de savoir<br />

créer des extensions ou des aménagements qui ne sont pas contre<br />

le paysage, mais qui font « paysage ».<br />

Le s t r o i s z o o m s a b o r d é s c o n c e r n e r o n t :<br />

- La haute vallée de la Bléone avec différentes zones de la vallée du Brusquet<br />

qui commencent à connaître un mitage certain notamment au niveau de son ouverture.<br />

Il s’agira d’évaluer la juste mesure des constructions entre agriculture et habitat; et en<br />

même temps de savoir habiter «le rebord».<br />

- La basse vallée de la Bléone avec plusieurs zones au niveau de Mallemoisson,<br />

de son cône de déjection, des problèmes liés au développement de deux centres<br />

urbains, et la zone centrale du Plan de Gaubert près de Digne qui pose également des<br />

problèmes de pérennité de l’agriculture.<br />

- La vallée des Duyes avec, notamment, les problématiques soulevées par les<br />

extensions autour d’un village promontoire : Thoard.<br />

Il est certain que ces problématiques ne sont pas exhaustives à l’échelle d’un<br />

pays et que d’autres lieux du territoire auraient mérités une réflexion, comme par exemple<br />

: la problématique liée à la proximité entre un village et Digne avec l’exemple de<br />

Courbons, les problématiques liées aux urbanisations excessives dans les cônes de<br />

déjection le long de la vallée de la basse Bléone, les problématiques liés à l’urbanisation<br />

dans le lit de la Bléone et à l’absence de contact entre Digne et sa rivière, etc...<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Le principe du zoom : préciser les intentions à l’échelle du lieu<br />

tout en tenant compte des dynamiques d’ensemble des paysages.<br />

99


L e Brusquet : un bassin d’effondrement, socle d’une implantation<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

100


L’étude du territoire dignois nécessite<br />

une approche à plusieurs échelles. Afin de comprendre<br />

les logiques d’imbrication du paysage<br />

naturel et anthropique, il paraît ainsi important<br />

d’offrir une lecture renseignée : une approche<br />

globale des vallées sera suivie d’une description<br />

approfondie par zooms. Le premier des zooms<br />

est symbolique du paysage de transitions qu’est<br />

le Pays dignois. Il s’agit du village du Brusquet<br />

et son territoire agricole. Ce site annonce par<br />

son aspect morphologique, ses implantations<br />

anciennes, les pratiques liées à l’étage pré-alpin.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Situation du Brusquet en Haute Bléone<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

101


A. Dynamiques à l’échelle de la vallée<br />

Le Brusquet, situé en haute Bléone, est un<br />

exemple d’implantation humaine au sein d’un relief<br />

montagneux.<br />

Le Brusquet<br />

Le site se trouve au nord du pincement de<br />

Digne-les-Bains. On arrive à une réouverture du<br />

fond de vallée agricole, avec essentiellement des<br />

cultures de céréales et de la prairie fauchée en<br />

altitude.<br />

Les villages de Marcoux et de La Javie<br />

ponctuent la traversée du site du Brusquet jusqu’à<br />

l’étage alpin. La Bléone prend à cette altitude un<br />

aspect plus sauvage.<br />

Digne les Bains<br />

Des évenements géologiques parsèment<br />

ce territoire de haute Bléone comme les Clues de<br />

Barles dans la vallée du Bès, ou les robines près du<br />

Brusquet et à Draix.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

La carte ci-contre détermine l’emprise des<br />

différents lits du fleuve et les risques d’inondations.<br />

Elle révèle les subtilités des fonds de vallée du<br />

Brusquet et ses alentours.<br />

Carte hydrologique des risques d’inondation<br />

102


Géologie du site<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Robines au Brusquet<br />

Lit de galets à la Javie<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Zoom du Brusquet: Carte de relief et de géologie.<br />

Les noyaux construits des villages et leurs extensions sont au coeur d’une complexité géomorphologique<br />

riche d’interêt. On se trouve dans un site de superposition de marnes calquaires. Des terrasses alluviales datant<br />

du Quaternaire composent les berges du lit de la Bléone sauvage.<br />

Chargé d’alluvions, ce lit est constitué du sol géologique le plus récent. L’espace central agricole est un<br />

bassin d’effondrement de marnes noires. Les reliefs les plus hauts, donc les plus anciens sont constitués de<br />

calcaire marneux. Le site est original par sa configuration torturée, la richesse de sa morphologie.<br />

Clues de Barles<br />

103


Démarche<br />

La démarche de travail permet de discerner l’aspect «naturel» du paysage des implantations anthropiques. Cette méthode permet<br />

une meilleure cohérence dans le projet. Ainsi pour comprendre un paysage, on cherche à le classer selon ses composantes globales.<br />

On peut alors comprendre l’emprise de domaines comme celui de l’eau et des coteaux à l’échelle d’une vallée. Il s’agit d’un travail<br />

<strong>pédagogique</strong> de suggestions, où l’on est pas encore au stade du projet.<br />

Au sens large, la lecture des strates d’un paysage permet une lisibilité des emprises et des épaisseurs. C’est un outil d’analyse et de<br />

projet qui fait émerger les différentes entités de lieux et suggère des possibilités d’implantation future. L’idée est de chercher une cohérence<br />

entre les lieux et les implantations.<br />

Carte des domaines<br />

Une carte de domaines permet de mieux situer les différentes strates du paysage. On distinque ainsi le domaine de l’eau de celui des<br />

coteaux.<br />

Dans le domaine de l’eau, on distingue le lit mineur, du lit moyen, du lit majeur. Cette vision permet de voir l’emprise réelle du lit, et<br />

ses incidences sur les logiques d’occupation des sols, passée, présente et future....<br />

Dans le domaine des coteaux, on distingue les coteaux escarpés, et les coteaux plus doux où des lieux se distinguent pour la<br />

construction de noyaux de villages ou d’extensions. Sur ces replats, l’agriculture peut siéger.<br />

Enfin, les coteaux doux aboutissent sur un espace ouvert et agricole, ici un bassin d’effondrement de marnes calcaires où Le Brusquet<br />

est implanté. Le village formé au coeur d’une combe, tient sur un rebord du bassin, face au vallon est.<br />

104


Carte des domaines du Brusquet<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Coteaux boisés «plongeants» sur la vallée agricole au Brusquet.<br />

105


Bloc diagramme des domaines du Brusquet<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

106


Paysages croisés sur le chemin du Brusquet<br />

On prend conscience de la situation<br />

de charnière du Brusquet et<br />

son territoire. Accroche vers l’étage<br />

alpin, le site revêt des caractères torturés<br />

uniques et offre des panoramas<br />

variés. Ces vues révèlent l’épaisseur<br />

des plis juqu’aux cimes enneigées.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Bléone à l’état sauvage au nord<br />

des reliefs du Brusquet.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Aux alentours de Digne, en<br />

contrebas, dans les vallées agricoles<br />

de la Bléone encore en activité, on<br />

reconnaît l’athmosphère plus provençale<br />

à un relief plus doux, à des cultures<br />

anciennes maintenues, et à une<br />

activité historique mise aujourd’hui<br />

en avant pour l’activité touristique.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Culture d’oliviers et de lavande<br />

à proximité du Brusquet.<br />

107


Coupes transversales du Brusquet : description des<br />

variations des formes du paysage depuis Le Brusquet,<br />

annonce de l’étage montagnard jusqu’à Marcoux<br />

et de l’étage plus provençal.<br />

Description du nord vers le sud<br />

1. Le village ancien du Brusquet est implanté<br />

sur un rebord du Bassin d’effondrement.Le relief<br />

local annonce l’étage montagnard.<br />

2. Les extensions récentes d’habitat en fond<br />

de vallée forment aux alentours proches du<br />

Brusquet un médaillon ininterrompu de nouveaux<br />

quartiers. On ne distingue plus partout<br />

la subtilité du relief, hormis au pied du Mont<br />

Lansière où la logique du lieu est respectée.<br />

3. En allant vers Marcoux depuis les raides coteaux<br />

du Brusquet, les reliefs s’adoucissent.<br />

Le fond de vallée agricole encore torturé, accueille<br />

de nombreux quartiers, notamment au<br />

Mousteiret ou le fond de plaine se voit largement<br />

investi ou convoité par l’urbanisation.<br />

4. On traverse enfin une plaine agricole, préservée<br />

dont les reliefs à l’est et à l’ouest rappellent<br />

les prémices de l’étage montagnard.<br />

Le pincement de Digne les bains s’annonce<br />

avec un emprise urbaine encore plus affirmée<br />

sur les larges fonds de vallée à l’embouchure<br />

de la Durance.<br />

5. Après le pincement de Digne les Bains, on<br />

arrive à une réouverture annoncant le Brusquet.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

108


Traits de coupe depuis Digne vers la Javie.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

109


B. Dynamiques locales - prolonger dans la cohérence des lieux<br />

Les intentions<br />

Le site du Brusquet comprend un<br />

ensemble de villages et lieux dits au pied des<br />

reliefs situés sur le pourtour de l’espace central,<br />

ouvert et agricole.<br />

Le Moustereit, au nord ouest apparaît<br />

comme un point de chute depuis le Brusquet.<br />

Construit sur un réhaut, le village s’est étendu le<br />

long du pied de relief autour de lieux-dits. Cela<br />

forme un cordon quasi ininterrompu et l’habitat<br />

pavillonnaire commence à envahir l’espace<br />

agricole central.<br />

La préconisation consiste à maintenir un<br />

espace central ouvert au pied du Moustereit,<br />

avec des coupures franches entre les lieux-dits<br />

densifiés.<br />

A l’échelle du village du<br />

Brusquet, le souhait est de prolonger<br />

le village d’origine sur un replat<br />

inférieur du bassin d’effondrement.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

La logique de densité, serrant<br />

le bâti le long de la courbe de niveaux,<br />

permettrait une cohérence du site<br />

et du bâti. Cette extension viendrait<br />

relier le nouveau centre situé plus<br />

en amont et déconnecté du vieux<br />

village.<br />

Carte des domaines du Brusquet: Zoom avec détails d’intentions.<br />

110


Contexte du village du Brusquet<br />

dans sa morphologie : construit<br />

sur un rebord de bassin d’effondrement<br />

, il est en situation de surplomb<br />

par rapport à la vallée est,<br />

en contrebas.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Maquette sensible d’existant du site du Brusquet.<br />

Les fonds de plaines agricoles<br />

sont soumis à une pression urbaine<br />

mal gérée, ou la «libération<br />

de parcelle» dicte la construction<br />

du bâti sans plan global de maîtrise<br />

du territoire.<br />

On comprend ici comment le bâti vient peu à peu «étouffer» le parcellaire agricole , s’immiçant sur des parcelles<br />

libres à la construction.Un cordon, voir un lasso se crée avant d’emporter avec lui tout l’espace central à la construction.<br />

111


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Panorama existant du cordon initerrompu d’habitat, entre le Moustereit et le Brusquet<br />

Les préconisations<br />

majeures sont les suivantes<br />

:<br />

1. A l’échelle de la vallée<br />

du Brusquet :<br />

Inciter à une densification<br />

des bourgs et des lieux<br />

dits.<br />

Laisser des ouvertures<br />

visuelles inconstructibles<br />

entre les hameaux densifiés.<br />

2. Au niveau du Mousteiret,<br />

préserver un espace<br />

central ouvert, et réfléchir<br />

à une réhabilitation de ses<br />

espaces agricoles, dans<br />

un cadre aujourd’hui plus<br />

urbain.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

112<br />

Maquette d’intentions de projet pour le Brusquet et son territoire.


Le bâti du Brusquet est densifié sur un rebord inférieur du bassin d’effondrement.<br />

Exemple de maison contemporaine,<br />

intégrée au paysage (Draix).<br />

Les matériaux comme le bois<br />

intègrent des volumes recherchés.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

113


U n paysage de terrasses en Basse Vallée de la Bléone<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Axe stratégique dans le développement du Pays dignois, la basse vallée de la Bléone va certainement accueillir dans les prochaines<br />

années de nouveaux projets urbains, notamment suite aux retombées indirectes du projet ITER. Etant donné les enjeux qui pèsent sur ces<br />

espaces, il est important de cibler le regard sur la richesse de ces paysages de la Bléone et, en amont des projets de développement, de<br />

mettre en avant les qualités et spécificités de ces lieux, afin de voir lesquels se prêtent à accueillir de nouvelles implantations humaines. Ce<br />

sont ici les terrasses créées par la Bléone au fil des âges qui vont principalement déterminer l’emplacement de ces lieux de projet.<br />

Dans un premier temps nous présenterons les dynamiques naturelles à l’échelle de la vallée. Puis nous allons nous intéresser ici à<br />

deux endroits en particulier : la commune de Mallemoisson où nous déclinerons une série de quatre propositions d’extensions, puis le plan<br />

de Gaubert dont les extensions seront envisagées dans leur ensemble.<br />

114


Accorder le jeu à la scène<br />

Carte de localisation de la<br />

basse vallée de la Bléone<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

115


1. Dynamiques à l’échelle de la vallée<br />

Carte du relief de la basse vallée de la Bléone<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Les toponymes* présents dans la vallée nous apprennent beaucoup sur la nature des reliefs. Des plateaux comme «les Plaines»<br />

sont restés à l’état sauvage car difficilement accessibles. Cette «patte de lion» est très proche de Digne mais constitue un endroit encore<br />

non urbanisé, une respiration dans le paysage de la vallée. Plus en aval, vers Mallemoisson, le relief est en pentes plus douces mais est<br />

tout de même plus élevé, le point le plus haut de l’adrech de Chadourène se situant à 1.090 mètres et appartenant au massif de Vaumuse.<br />

Des collines comme le St Clément viennent créer des évènements en bordure de Bléone, avec un dénivelé de 200 mètres. Sur la<br />

rive gauche, des avancées de terrain comme celles de la Côte viennent sectionner la vallée, créant un rythme dans la découverte des<br />

paysages. On circule ainsi dans des séries de petites cellules ouvertes comme le plan de Gaubert (voir-contre).<br />

116


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Le Cousson et sa pente exponentielle, qui commence doucement au plan de Gaubert et se finit à 1.516 mètres.<br />

Pente exponentielle du<br />

Cousson<br />

Plan de Gaubert<br />

Horizontalité du plateau<br />

de Puimichel<br />

Photo du pincement, le clocher étant au<br />

centre de celui-ci depuis le route Napoléon.<br />

Mouvements de terrains encadrant le plan de Gaubert<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Le pincement de Digne traduit en maquette.<br />

117


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Carte de la géologie de la basse Bléone<br />

118<br />

C’est sur un socle calcaréo-grèseux (composé de molasses) datant du Quaternaire qu’est venu se déposer toute une série d’alluvions,<br />

et ce au cours des différentes glaciations de cette époque (Würm, Riss, Mindel...). Les alluvions les plus anciennes sont celles<br />

qui sont situées les plus en hauteur. Elles se sont retrouvés dans cette position au fur et à mesure du creusement de la vallée par l’eau.<br />

Ces alluvions forment des terrasses, parfois en pente douce, parfois en replat. Le plateau se nommant «les Plaines», que nous avons<br />

cité précédemment, correspond par exemple à un dépôt alluvionnaire datant de la période anté-Mindel à Villefranchien.


Blocs diagrammes représentant l’évolution<br />

géologique de la basse vallée de la Bléone.<br />

Cette série de coupes est faite du nord-est au sud-ouest<br />

de la vallée et permet de voir la gradation du relief, depuis les<br />

pentes élevées du Cousson jusqu’au plateau de Puimichel. Elle<br />

localise aussi les implantations humaines, qui se situent surtout<br />

sur la rive droite de la Bléone (à gauche de la coupe), mis à part<br />

pour le plan de Gaubert. Dans ce dernier cas, les habitations<br />

sont réparties sur différents substrats géologiques.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Sur la rive droite, des reliefs tels que «les Plaines» ou «la<br />

Plaine des Murets» sont presque accolés au lit de la Bléone et<br />

ne permettent pas ou peu d’implantations humaines. En revanche<br />

des secteurs comme les piémonts de l’adrech de Chadourène,<br />

ou encore les cônes de déjection des ravins de Champtercier<br />

ou du Château accueillent des habitations ou équipement.<br />

La faiblesse de la pente le permet.<br />

Localisation des coupes<br />

119


Carte des domaines de la basse vallée de la Bléone<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

En associant notre ressenti aux cartes de relief, de géologie et des lits de la Bléone, nous<br />

pouvons établir une carte des domaines, un préalable nécessaire pour savoir dans quel lieu on se<br />

trouve. L’importance du domaine de l’eau est à ne pas négliger dans cette vallée au large fond.<br />

120<br />

Carte des différents lits et<br />

terrasses alluviales récentes<br />

de la basse vallée de la<br />

Bléone.


Vue sur la Bléone où le lit<br />

mineur est occupé par les galets. Une<br />

ripisylve se développe sur le lit<br />

moyen et accompagne la dynamique fluviale.<br />

Devant l’immensité de ce lit<br />

mineur, on peut ressentir les mêmes<br />

impressions que devant un paysage maritime<br />

: un infini horizontal.<br />

On distingue ici les différentes<br />

terrasses créées par la Bléone<br />

par la légère rupture de pente qui<br />

sépare le lit moyen du lit majeur.<br />

Ces espaces sont occupés par l’agriculture,<br />

ce qui montre une alternance<br />

ripisylve/agriculture en terme d’occupation<br />

du sol sur le lit moyen. On<br />

distingue au loin la ligne sombre de<br />

la ripisylve qui nous indique que la<br />

Bléone n’est jamais loin.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Dans les collines au Nord de<br />

la Bléone, des vallons ouverts et peu<br />

encaissés dessinent un paysage de coteaux<br />

plus ou moins raides, comportant<br />

des replats.<br />

121<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


2. Dynamiques locales<br />

a. Mallemoisson<br />

Nous descendons un cran en dessous dans l’échelle des lieux, pour arriver à la confluence de la Bléone avec le ruisseau des<br />

Duyes. Son arrivée dans la vallée de la Bléone se fait discrètement car si la vallée des Duyes est plutôt large, le ruisseau passe par un<br />

goulot d’étranglement situé entre le St Clément et le Pigeomard. La largeur du lit majeur de la Bléone est quant à elle très importante.<br />

Plateau de Puimichel Le Pigeomard St Clément<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Les reliefs au Nord de la Bléone viennent à cet endroit former des «pattes de lion», c’est à dire des mouvements de terrains en<br />

pentes douces qui descendent vers la Bléone et qui peuvent comporter des replats. Ces mouvements descendent tous d’une petite<br />

montagne «le Puy» qui culmine à un peu plus de 900 mètres. Chaque doigt de la patte est cerné de ravins dont les noms figurent sur<br />

la carte ci-contre. A l’approche du lit majeur, l’eau du ravin vient se déverser dans des coussières, reliées par des systèmes de fossés<br />

et noues drainantes. De part et d’autre de ces exutoires se trouvent des terrasses basses qui font face à la Bléone.<br />

Entre les reliefs du Puy et le St Clément, une petite plaine à vocation agricole relie les Duyes à la Bléone. Un espace lumineux<br />

et protégé du vent, présentant de nombreuses qualités paysagères, encadrés par des coteaux à faible pentes (photo ci-dessous).<br />

Coussière aux Grillons (Mallemoisson)<br />

Le ravin du Ponteillard, peu encaissé et bordé d’une ripisylve, puis de pans légèrement inclinés à dominante agricole.<br />

122<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Carte des domaines de Mallemoisson.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

123


Sur ces lieux, l’habitat traditionnel s’est implanté plus ou moins en retrait de la Bléone, comme pour l’ancien village de Mallemoisson<br />

ou les hameaux de la Cornerie et du Vinon. Plus récemment, le hameaux des Grillons s’est considérablement agrandi et constitue<br />

aujourd’hui le centre névralgique de ce paysage. On observe le même mouvement pour les hameaux de la Cornerie et du Vinon, avec<br />

des habitations qui se rapprochent du lit moyen de la Bléone et qui se construisent de part et d’autre de la route Napoléon. C’est cet<br />

axe qui structure aujourd’hui l’urbanisme du secteur, les extensions du Thoron et des Grées en témoignent. Elles se font sur les doigts<br />

de la «patte de lion» que nous décrivions tout à l’heure sans tenir compte des terrasses qui se trouvent sur ces pentes. Ces extensions<br />

ont cependant le mérite de se faire en dehors des vallons ce qui participe à une lecture plus claire de la géomorphologie du terrain.<br />

Tout comme avec l’exemple du Brusquet, les propositions d’extensions que nous émettons ne sont pas à prendre au pied de la<br />

lettre : elles ne sont là que pour palier un besoin d’extension du village et ne sont pas des lieux que l’on se doit de «remplir» avec du<br />

bâti à tout prix. Les propositions d’extensions et thématiques associées pour Mallemoisson sont les suivantes :<br />

1. Le centre de Mallemoisson : donner à voir les lits de la Bléone.<br />

2. Le Vinon et la Cornerie : réaffirmer le piémont du St Clément.<br />

3. Les Bertrands et l’Hostal : habiter le replat.<br />

4. Les Grées et le Thoron : dans la continuité des terrasses hautes.<br />

Maquette de l’état du bâti et de la dynamique d’évolution de celui-ci.<br />

De manière générale, les préconisations qui sont faites tendent<br />

à garder une cohérence dans l’implantation humaine sur un<br />

lieu clair et à préserver les éléments géomorphologiques identitaires<br />

de ces espaces.<br />

124<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Carte des domaines et des propositions d’extensions sur Mallemoisson.<br />

4<br />

3<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

2<br />

1<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

125


1. Le centre de Mallemoisson, donner à voir les lits de la Bléone<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

L’extension de Mallemoisson (les Grillons) s’inscrit sur plusieurs lieux à la fois : les coteaux bordant le ravin du Ponteillard, ce ravin et une<br />

terrasse basse qui fait face aux différents lits de la Bléone (les couleurs du montage ci-dessous sont les mêmes que celles de la carte des domaines). La<br />

position stratégique de cette extension est à affirmer : un lieu de rencontre entre le ravin, les coteaux et le domaine de la Bléone.<br />

Coteaux à faible pente<br />

Terasse Basse<br />

Coteaux à faible pente<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Le centre des Grillons est occupé par un parking bordé de platanes, puis d’un<br />

boulodrome ombragé (à droite de la photo) et traversé d’une voie SNCF désaffectée.<br />

Des lotissements suivent les voies, et tout cet urbanisme est scindé par plusieurs<br />

clôtures qui freinent les déplacements vers le domaine de l’eau. L’intérêt serait ici<br />

d’avoir un meilleur accès à l’espace ouvert qui sert aujourd’hui de parking, mais qui<br />

pourrait être réinvesti avec d’autres usages. Cet espace nous semble très intéressant<br />

au sens où il offre un point de vue et une lecture sur l’espace de la Bléone qui fait<br />

face au village.<br />

En bordure de terrasse, le long de la route Napoléon. Un espace<br />

à fort potentiel, aujourd’hui non exploité, qui donne à voir la<br />

Bléone.<br />

126<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Nous proposons de densifier<br />

le village des Grillons sur<br />

les parties de terrasses basses,<br />

en continuant à laisser le lit<br />

majeur vierge d’implantation.<br />

Le domaine de l’eau reste ainsi<br />

clairement lisible.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Le centre étant inoccupé (parking), nous proposons de le conserver ouvert mais de<br />

pouvoir à terme y disposer d’usages plus variés pour les habitants, usages permettant de<br />

conserver cette ouverture vers la Bléone (marché, place, parc...). Le ravin du Ponteillard,<br />

ainsi que les deux ravins bordant les Grillons sont les limites à ne pas dépasser pour<br />

l’urbanisme de manière à garder une lisibilité du village en pied de coteau. Les espaces<br />

agricoles de terrasses en haut de chaque coteau, de part et d’autre du village, donnent la<br />

limite nord à ne pas franchir, de manière à ce que le village reste dans les limites du lieu.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

127


2. Le Vinon et la Cornerie, réaffirmer le piémont du St Clément<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Au pied du St Clément, les hameaux de la Cornerie et du Vinon dialoguent avec le relief<br />

en venant s’appuyer sur les pentes. Nous proposons de densifier ces implantations qui ont<br />

un sens par rapport à la géomorphologie : elles font face aux lits majeurs agricoles en étant<br />

particulièrement bien exposées et mettent en scène le St Clément par de discrets contreforts<br />

bâtis. Le hameau du Vinon serait limité dans son extension aux deux vallons qui l’entourent.<br />

Nous proposons de bâtir à une certaine distance de la voirie pour valoriser ces implantations<br />

dans leur paysage en ayant le recul nécessaire pour les apprécier.<br />

128<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Les habitations de la Cornerie sont quelque peu disparates mais s’inscrivent clairement en piémont et sur une terrasse haute pour un petit groupe de<br />

maisons un peu plus haut (en pourpre le bâti existant). Pour ce hameau, nous entendons valoriser ces deux lignes bâties qui suivent les courbes du terrain en<br />

les affirmant et en les densifiant. Il serait bon de ne pas s’implanter sur la terrasse basse pour garder un rapport clair entre le bâti et le relief. L’aspect<br />

du bâti en contrefort risquerait de s’atténuer, et avec lui la puissance scénique du hameau.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

129


3. Les Bertrands et l’Hostal, habiter le replat<br />

Le replat qui se trouve de part et d’autre du ravin du Ponteillard correspond<br />

peut être à un ancien bras du ruisseau des Duyes qui se frayait un<br />

chemin entre le St Clément et les contreforts du Puy. Sur sa face est, le St<br />

Clément comporte un replat et, à cet endroit, un corps de ferme s’est implanté<br />

(Les Bertrands). De l’autre côté du vallon agricole, on trouve un autre<br />

replat du nom de L’Hostal, comportant quelques implantations (voir photos<br />

pages suivantes).<br />

Le ruisseau du Ponteillard donne une inclinaison à la pente vers le<br />

sud et vient s’insinuer dans le goulot créé par les deux mouvements de terre<br />

sur lesquels est venu s’implanter le village des Grillons. Ces deux mouvements<br />

forment un petit cône de déjection sur lequel on trouve deux terrasses<br />

hautes (voir le plan ci-contre), consacrées à l’agriculture et peu ou pas bâties<br />

pour le moment. Elles délimitent l’avancée de l’urbanisation des Grillons et<br />

constituent une ouverture qui permet de voir les coteaux du plateau de Puimichel<br />

(voir photo ci-dessous). Il nous semble donc important de stopper<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

l’extension des implantations en limite de ces deux replats. Sur les hauteurs bordant la zone agricole à protéger, des extensions<br />

en vis-à-vis de part et d’autre du ravin et du vallon agricole.<br />

130<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

L’Hostal surplombe cette terrasse haute depuis laquelle on devine le village des Grillons dont la végétation des jardins dépasse légèrement du replat.<br />

Il serait souhaitable de conserver l’ouverture sur la ligne d’horizon lointaine, qui nous renvoie à un paysage plus vaste et aide à se situer dans<br />

l’ensemble de la vallée de la Bléone.


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Voici les extensions en rouge que nous proposons pour ce focus, en veillant à rester sur les limites des replats. Ceci est particulièrement important<br />

pour L’Hostal car ce village se situe sur une crête entre le ravin de Carnelières à l’est et le ravin du Ponteillard à l’ouest. Pour «faire paysage»<br />

il est important ici de s’en tenir aux courbes de niveau du terrain pour rester dans les limites du lieu.<br />

131


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Le replat présent sur la pente du St Clément constitue un emplacement de choix pour une extension si les implantations suivent les courbes de niveau,<br />

comme sur le dessin ci-dessus. De ce point de vue, les habitations ainsi créées indiquent la présence du replat sur le coteau et nous renseignent sur la<br />

géomorphologie du terrain.<br />

132


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Le corps de ferme présent à L’Hostal est sur une terrasse haute dont l’effet surplombant est renforcé par un muret de pierreS bordant<br />

la terrasse et accentuant le dénivelé. On a ici une véritable mise en scène du bâti qu’il faudrait étendre comme sur ce montage si le besoin<br />

s’en ressent. La limite nord de l’urbanisation est atteinte lorsque l’on arrive au micro-vallon séparant L’Hostal de l’ancien village de Mallemoisson.<br />

133


4. Les Grées et le Thoron, dans la continuité des terrasses hautes<br />

Le paysage qui nous intéresse ici est celui de<br />

la patte de lion décrit précédemment. On observe sur<br />

ces pentes des paliers, correspondant soit à des replats<br />

soit à des pentes douces, entrecoupées de pentes plus<br />

raides. Ces pentes finissent par des terrasses basses,<br />

juste avant le(s) lit(s) de la Bléone.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Sur l’extension des Grées, l’idée est de continuer à urbaniser dans la continuité de la<br />

terrasse haute et en contrebas de celle-ci, car on resterait sur le même substrat alluvionnaire.<br />

Il faut toutefois veiller à ne pas déborder sur la terrasse basse qui est actuellement cultivée et<br />

accueille la route Napoléon.<br />

En faisant coïncider relief et géologie, on constate<br />

qu’on a des lieux propices à des implantations humaines,<br />

et qui présentent des qualités d’ensoleillement et<br />

d’ouverture sur la vallée. Ces lieux sont les replats de<br />

ces pentes, qui sont des dépôts alluvionnaires datant de<br />

la glaciation de Riss. Ces lieux sont en surplomb sur la<br />

vallée, mis en valeur par des pentes plus raides qui les<br />

encadrent, et délimités de part et d’autre par des ravins.<br />

L’urbanisme s’est dispersé sur ces espaces et brouille<br />

les qualités respectives de ces différents lieux.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

134<br />

Un rappel<br />

de la géologie de<br />

ce paysage avec, en<br />

gris sombre, les<br />

dépôts alluvionnaires<br />

de la glaciation<br />

de Riss.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Nous entendons ici vouloir clarifier et donner du<br />

sens au rapport entre l’urbanisme et la géomorphologie<br />

en créant un dialogue bâti/relief. D’où notre proposition<br />

d’un urbanisme propre à ces terrasses alluvionnaires,<br />

dans la limite imposée par les ravins. Un déboisement<br />

sur les fortes pentes au pied des terrasses serait à effectuer<br />

pour renforcer la mise en avant des nouvelles<br />

implantations (ou un boisement plus clairsemé, par<br />

exemple des vergers).


Accorder le jeu à la scène<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

135


2. Dynamiques locales<br />

b. Le plan de Gaubert<br />

136<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Après la commune de Mallemoisson, il nous a semblé<br />

juste d’aborder le paysage du plan de Gaubert à cause<br />

de la proximité avec la ville de Digne, des pressions immobilières<br />

qui y sont exercées et des projets en cours sur cet espace.<br />

Avant tout projet d’extension sur ce secteur sensible,<br />

il serait bon d’adopter une stratégie particulière à chaque<br />

lieu d’implantation.<br />

Le plan de Gaubert est encadré par deux mouvements<br />

de terrain venant du Cousson : la Côte et le Nord<br />

de Justin. Entre ces deux coulées une pente plus raide<br />

grimpe jusqu’au sommet, d’où le qualificatif de pente «exponentielle».<br />

A ses pieds, cette pente rencontre une série<br />

de terrasses, dont certaines correspondent à des dépôts<br />

glaciaires comme celle en vert sombre datant de la glaciation<br />

de Würm. Après une terrasse en vert pâle, plus basse<br />

et formée par la Bléone, on descend dans les lits de cette<br />

rivière. Le lit majeur est en contact avec le lit mineur (sans<br />

la transition du lit moyen) au niveau du plan de Gaubert.<br />

Cet espace, traversé de fossés drainants, est parsemés<br />

de motifs de détails paysagers (saules têtards, roselières)<br />

qui nous indiquent que nous sommes en milieu humide.<br />

Cette trame formée par ce réseau de fossés est primordiale<br />

à conserver car elle est identitaire du lieu et indique que l’on<br />

est bien sur le lit d’une rivière (le toponyme «les Iscles» le<br />

confirme).<br />

Vue sur le plan de Gaubert depuis Courbon. On peut distinguer le lit majeur par sa couleur plus verte.<br />

Roselières dans la plaine de Gaubert, rappelant que les implantations se sont effectuées<br />

sur un lieu potentiellement humide. C’est une incursion du lit mineur dans le lit majeur<br />

qui se traduit par une végétation changeante.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

De la même manière, les saules têtards le long des fossés évoquent l’eau de la Bléone sans la montrer.<br />

137


138<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


L’homme s’est surtout installé sur le lit majeur, en proximité des<br />

berges qu’il a stabilisées (voir photo ci-contre). On a également des implantations<br />

diffuses le long de la D12 qui traverse une des deux terrasses<br />

basses (celle en vert pâle). Sur l’autre terrasse (en vert foncé), peu<br />

d’habitations à l’exception d’un lotissement venu occuper la place d’une<br />

parcelle agricole vendue. Cet élément est posé là sans aucun rapport<br />

avec la géomorphologie : son caractère unique et incongru, et le fait qu’il<br />

ne raconte rien du socle sur lequel il se trouve font de lui un exemple de<br />

ce qu’il ne faut pas faire en matière d’urbanisme et de paysage.<br />

Le secteur des Hôtelleries connaît une expansion croissante le<br />

long de la route Napoléon qui traverse la pente menant au Cousson. L’urbanisme<br />

ne s’appuie pas sur le mouvement de terrain Le Nord de Justin<br />

et s’étend de manière aléatoire, du point de vue du paysage. Il serait<br />

préférable de stopper l’expansion de l’urbanisme dans ces secteurs car<br />

cela se fait au détriment des qualités de ce paysage.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Répartition schématique du bâti ancien et récent sur le plan de Gaubert.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Les berges de la Bléone au niveau du plan du Grand Justin.<br />

Vue sur le plan de Gaubert depuis l’Hôtellerie.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

139


140<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Les extensions dans ce secteur devront se faire en suivant le<br />

mouvement longitudinal des terrasses de la Bléone en deux points : sur<br />

le lit majeur et sur la plus basse des deux terrasses hors du lit de la rivière.<br />

L’urbanisation du secteur des Iscles devra se faire en conservant<br />

le réseau de fossés et favorisant l’apparition d’une végétation de zone<br />

humide. Pour garder ce réseau et l’entretenir, on peut envisager de créer<br />

un réseau parallèle de routes et chemins publics desservant les habitations<br />

et suivant les fossés humides. L’entretien de ces espaces serait<br />

donc assuré par les services de la commune, avec un chemin d’accès.<br />

Plus haut, la basse terrasse serait urbanisée plus densément, en regroupant<br />

les implantations côté Sud de la D12 pour garder une ouverture sur<br />

la Bléone et pour continuer de percevoir l’immensité de son lit.<br />

Répartition schématique du bâti ancien, récent<br />

et des extensions possibles sur le plan de<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Entre ces deux espaces serait maintenue une zone ouverte, non<br />

bâtie, qui se traduirait par le maintient des espaces agricoles, ou si leur<br />

pérennité est menacée, par un espace public (parc, équipement de sport)<br />

dont les dimensions peuvent s’adapter au réseau de fossés drainants.<br />

Cette ouverture est nécessaire pour conserver un champ de vision suffisant<br />

pour apprécier les qualités de ce paysage fluvial.<br />

Photos de la plaine du Pô en Italie, ou les fermes et le bâti s’organisent<br />

autour d’un système de canaux irriguant le territoire.<br />

141


P romon- Thoard<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

La vallée des Duyes, perpendiculaire à la basse Vallée de la Bléone à pour particularité d’offrir un<br />

paysage spectaculaire au niveau de sa géomorphologie : Des glacis en plans inclinés nous projettent dans<br />

l’épaisseur du lieu. Reliée au pays par la seule entrée qui se trouve au niveau de Mallemoisson, la vallée<br />

des Duyes présente un paysage en autarcie, un nouveau monde encore protégé de l’urbanisation, avec<br />

des implantations anthropiques qui établissent un dialogue avec le site. Avec une faible densité au niveau<br />

de la population, la vallée connaît tout de même un micro boom au niveau de la ville de Thoard, avec des<br />

demandes d’urbanisation qu’il faut maîtriser pour continuer le dialogue entrepris avec les lieux.<br />

L’Agriculture joue un rôle important de mise en valeur des glacis. Par le découpage géométrique<br />

des terres, l’implantation humaine amplifie l’impact visuel de ces langues qui s’avancent vers la rivière des<br />

Duyes.<br />

Ci dessus la photo représentative de la vallée<br />

des Duyes: de larges langues de glacis soulignées par<br />

de l’agriculture. Ces plans horizontaux sont déstabilisants<br />

à la vue et nous feraient presque perdre le sens<br />

de l’équilibre.<br />

142


Une entité limitée<br />

par des relief plus ou<br />

moins importants.<br />

Village principal<br />

de la Vallée<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Entrée sur la<br />

vallée des<br />

Duyes<br />

Ci contre: carte de<br />

contexte de la vallée des Duyes<br />

par rapport à la Basse vallée de<br />

la Bléone.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

143


1. Un e v a l l é e a u d o u b l e j e u g é o m o r p h o l o g i q u e<br />

Au abords du massif de Vaumuse, cette vallée offre un parcours<br />

ponctué de reliefs en points d’appels comme le pic d’Oise<br />

et la crête de Guéruen. C’est une progression de la Provence à<br />

la Montagne, avec des sommets culminant à plus de 1.500 mètres.<br />

Ce passage se fait rapidement dans la progression du territoire<br />

car le paysage reste relativement ouvert. La route principale<br />

qui mène à Thoard nous place régulièrement en surplomb par<br />

rapport à la rivière et nous laisse saisir tout le sens de la vallée<br />

par un jeu habile de recul sur les différents panoramas et surtout<br />

grâce à une absence de mitage urbain qui permet de maintenir<br />

une grande cohérence à l’ensemble.<br />

Pic d’Oise première tête<br />

de rotule visuelle qui établit<br />

une relation entre la<br />

basse vallée de la Bléone<br />

et la vallée des Duyes.<br />

La vallée possède également la particularité d’avoir deux<br />

versants différents, l’un à l’ouest composé par des plateaux inclinés<br />

et agricoles, l’autre à l’est avec une géomorphologie plus torturée.<br />

Cette perception est flagrante. La progression du paysage<br />

de Provence vers le paysage de montagne se fait donc dans les<br />

deux sens. Du sud au nord et de l’ouest à l’est.<br />

Enfin la vallée possède également comme particularité d’avoir un<br />

dernier relief singulier : celui du Pic d’Oise, qui établit une articulation<br />

visuelle entre la basse vallée de la Bléone et la vallée<br />

des Duyes. Ce relief géométrique a une morphologie de pyramide<br />

parfaite laissant un peu plus notre imaginaire nous emporter.<br />

144<br />

Ci contre: carte topographique de la<br />

vallée des Duyes. Les hauteurs sont plus faibles<br />

au sud et à l’ouest.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Accorder le jeu à la scène<br />

Panorama sur la vallée des Duyes depuis la crête de Guéruen.<br />

Relief irrégulier de la montagne<br />

de la Blache (1.436 m) Pic d’Oise (1.140 m) teau de<br />

Horizontalité du Pla-<br />

Puimichel<br />

Plan incliné des glacis<br />

à pente régulière<br />

Le plus<br />

haut relief de<br />

la vallée comme<br />

un point d’appel<br />

constant : la crête<br />

de Guéruen avec des<br />

restes de neiges<br />

hivernales.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Le Pic<br />

d’Oise comme une<br />

pyramide réveille<br />

les rêves et incite<br />

au voyage.<br />

Photographie de la vallée des Duyes depuis la crête de Guéruen. La différenciation des coteaux est clairement<br />

marquée au niveau géomorphologique. L’évolution des hauteurs de relief se voit distinctement. Les glacis<br />

en plan inclinés offrent un sentiment de basculement (à droite) et s’avancent en pente douce vers les fonds de<br />

vallées. Cependant, cette pente régulière est à l’origine de nombreux problèmes d’érosion.<br />

A gauche, le relief plus irrégulier laisse apparaître de nombreux promontoires jalonnant les Duyes.<br />

145


THOARD<br />

Le Serre<br />

Les Bourres<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Molasse dans la vallée de thoard : la matière est friable<br />

et donc sensible à l’érosion.<br />

Barras<br />

Mirabeau<br />

Mallemoisson<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

146


Dans le premier temps<br />

géologique la mer dépose<br />

des molasses.<br />

Puis la mer se retire, des plis,<br />

des basculements, des failles se<br />

forme due à la poussée des Alpes<br />

en formation.<br />

Pendant le Quaternaire<br />

des glaciers apparaissent,<br />

déposent des sédiments,<br />

et érodent les coteaux.<br />

Aujourd’hui, on a une<br />

grande présence de<br />

glacis sur un substrat<br />

calcaréo-gréseux.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Tout comme dans la basse vallée de la Bléone, c’est sur<br />

un socle calcéro-gréseux composé par des molasses que sont<br />

venus se déposer des dépôts alluvionnaires aux cours des différentes<br />

glaciations. Ce paysage possède donc les mêmes similarités<br />

géologiques que la vallée précédente. Cependant, la géologie<br />

de ce territoire est à la base d’une exception paysagère puisque<br />

nous nous trouvons sur la plus grande réserve de glacis de Provence.<br />

Ci dessus: reief de la vallée depuis Mallemoisson vers la crête de Guéruen.<br />

pente régulière des glacis<br />

La différenciation des deux coteaux tient donc à la composition<br />

de leur socle : les reliefs irréguliers de la montagne de la<br />

Blache ont subi les première failles liées à la poussée des Alpes.<br />

Nous avons aujourd’hui deux types de morphologies qui ont subi<br />

des érosions différentes. L’un laisse apparaître une multitude de<br />

promontoires sur lesquels on retrouve des installations anthropiques,<br />

l’autre laisse apparaître des plans inclinés propice à l’agriculture<br />

avec des fermes isolées.<br />

élargissement de la vallée<br />

au niveau de son raccordement<br />

avec la basse<br />

vallée de la Bléone<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

147


2. Tr o u v e r l e s d o m a i n e s e t l e s l i e u x p o u r c o m p r e n d r e l e d i a l o g u e<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

En observant simplement les entités naturelles, on<br />

s’aperçoit que les glacis en pentes régulières sont sillonnés<br />

par de nombreux vallons et leurs cônes de déjections. Ces<br />

ruptures de pentes franches dans ces plans inclinés créent<br />

une multitude de «langues» s’avançant le long de la rivière<br />

des Duyes et ravivant le caractère singulier des lieux. A l’inverse<br />

le coteau est présente de nombreux promontoires sur<br />

lesquels se sont créées les implantations humaines.<br />

Aujourd’hui, on observe dans cette vallée une inversion<br />

des tendances avec une perte du «savoir habiter». Tout<br />

comme dans les autres vallées, les habitations commencent<br />

à jalonner le fond de vallon et à s’installer le long de la route,<br />

notamment au niveau du village des Bourres. Pourtant la singularité<br />

du lieu ne tient pas qu’à sa géomorphologie : elle est<br />

également liée au village de Thoard installé sur un promontoire<br />

et dominant toute la vallée. A la manière du Mont Saint<br />

Michel, ce village ancien vient appuyer et souligner un mouvement<br />

de terrain. Il fait corps avec la nature qui le porte, mime<br />

son propre paysage et se découvre au dernier moment.<br />

La non domestication de la rivière, contrairement à<br />

d’autres vallées, a probablement fortement contribué au maintien<br />

de ces implantations qui font paysage. Il s’agit aujourd’hui<br />

de trouver et d’actualiser la continuité de ces logiques afin que<br />

perdure, à travers l’occupation des sols, la cohérence du paysage.<br />

Ci contre carte<br />

des domaines naturels<br />

et de leur anthropisation.<br />

On observe<br />

la différenciation des<br />

coteaux et une implantation<br />

humaine qui<br />

se fait soit sur des<br />

promontoires, soit en<br />

rebord du domaine de<br />

l’eau.


La vallée est reliée au pays Dignois par deux voies de dessertes, l’une empruntant<br />

le chemin tortueux du relief en passant par Champtercier, l’autre sillonnant le fond de<br />

vallée sur une terrasse alluviale et créant un début d’urbanisation linéaire. Deux types de<br />

routes pour mieux comprendre le territoire.<br />

Enfin la dernière typologie anthropique de la vallée tient à son habitat disséminé<br />

sur le coteau ouest. Contrairement à d’autres vallées comme celle du Brusquet, cette<br />

répartition reste respectueuse de son espace car en étroite liaison avec l’agriculture des<br />

glacis. Ce sont essentiellement des fermes isolées qui trouvent tout leur sens sur ces<br />

coteaux. Encore préservées, elles laissent toute la place au travail du sol et ne sont pas<br />

considérées comme du mitage.<br />

Ci contre la carte présente l’analyse des différents lits de la rivière des Duyes. Il<br />

s’agit sur ce territoire de réussir à identifier les lieux sur lequel l’homme s’implante. Sur<br />

la carte précédente, on observait différents domaines qui commençaient à élaborer les<br />

premières grandes structures des espaces. Nous avons remarqué qu’une partie des habitations<br />

se trouvaient sur le pourtour du domaine de l’eau, et donc des Duyes. Ce domaine<br />

(voir carte ci contre) se re-décompose en lieux plus petits à savoir les différents lits mais<br />

aussi les cônes de déjections, les terrasses etc..., qui sont autant de sites singuliers sur<br />

lesquels on s’implante différemment. Ils sont une réponse aux différentes problématiques<br />

liées à l’habitat linéaire qui se fait le long des routes et qui ne tient plus compte des lieux.<br />

La question serait alors par cette méthode de savoir urbaniser en fonction des microsites :<br />

stopper l’habitat lorsque l’on quitte une terrasse alluviale, ou que l’on passe à une terrasse<br />

inférieure, ou bien que l’on rencontre un cône de déjection… Chaque lieu appelle une<br />

démarche constructive différente et qui se fait en fonction de l’identité du terrain sur lequel<br />

on s’implante.<br />

La problématique de la vallée se trouve dans ces implantations linéaires qui se font<br />

dans le fond de vallon et donc dans les espaces de l’eau, ou bien sur des implantations<br />

en coteau avec le village de Thoard que nous verrons dans les pages suivantes. Toute la<br />

difficulté consiste à trouver les lieux pour déterminer «où construire comment le faire? »<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Carte des différents<br />

lieux dans le<br />

domaine de l’eau (en<br />

plus grand page suivante...)<br />

149


Carte des différents<br />

lieux dans le<br />

domaine de l’eau (en<br />

plus grand...)<br />

150<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Ci contre on remarque que le village Des<br />

Bourres commence à entreprendre une urbanisation<br />

linéaire sur différents lieux : celui de la terrasse<br />

alluviale et celui du lit majeur.<br />

Le village ancien de Thoard se trouve sur<br />

un premier promontoire et les extensions récentes<br />

dans le village du Serre sur un second promontoire<br />

n’appartenant pas au même mouvement morphologique<br />

du socle. Cependant, ces nouvelles<br />

implantations urbaines restent logiques car elles<br />

se cantonnent à un seul lieu.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Coteau provençal<br />

Pente régulière des Glacis<br />

(coteau ouest)<br />

Lieu de la terrasse<br />

alluviale<br />

Implantation ancienne<br />

et humaine<br />

sur le promontoire<br />

Pente irrégulière du<br />

coteaux ouest créant<br />

diverses situations<br />

Coteau montagnard<br />

Fermes isolées<br />

Domaine de l’eau<br />

(rivière des Duyes)<br />

Coupe sur Thoard et sa relation au paysage<br />

151


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

La Duye<br />

Les Bourres<br />

Coteaux en plans<br />

inclinés<br />

Legende de la carte page suivante<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

152<br />

On remarque que le village Des Bourres est situé en fond de vallon sur le domaine<br />

de l’eau. L’implantation sur coteau plus contraignante n’a pas eu lieu pour ces constructions<br />

récentes expliquant ainsi la position du village par rapport à son relief. La route qui<br />

se trouve entre deux terrasses alluviales détermine deux sites spécifiques : celui de la terrasse<br />

supérieure et celui de la terrasse inférieure. Le village s’est construit majoritairement<br />

sur la terrasse supérieure en bordure d’une ferme isolée située sur la terrasse inférieure.<br />

Deux lieux et pourtant des constructions similaires, c’est la route qui prévaut sur l’aménagement<br />

urbain.


Accorder le jeu à la scène<br />

Ci-contre<br />

carte des sous<br />

domaines et implantations<br />

humaines.<br />

153<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Ci-contre carte des<br />

enjeux du territoire<br />

établie grâce à la détermination<br />

des lieux<br />

créés par les entités<br />

paysagères.<br />

154<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


3. De s l i e u x n a i s s e n t l e s e n j e u x : p r o l o n g e r l’ha b i t a t g é o m o r p h o l o g i q u e d a n s l a v a l l é e d e s Du y e s<br />

La détermination des lieux permet de comprendre le dialogue<br />

qui pourrait s’établir avec les urbanisations futures. Chaque espace<br />

induit une démarche projectuelle liée soit à une remise en valeur du<br />

site soit à de futures implantations.<br />

Dans la vallée des Duyes, il apparaît comme important de<br />

conserver les espaces ouverts et agricoles se trouvant au pied du<br />

promontoire de Thoard et du Serre. Le recul visuel permet de mettre<br />

en valeur le village sur son éperon. Des habitations en contrebas en<br />

diminueraient la mise en scène et la lisibilité du sens. D’autre part, si<br />

jamais des constructions venaient à se mettre dans le fond de vallon,<br />

elles briseraient la lecture que l’on a de la ripisylve et de la rivière des<br />

Duyes. Cette vallée reste encore protégée globalement des erreurs<br />

urbaines et il est important de prolonger ces logiques qui ont permis<br />

de nous transmettre le paysage que nous avons aujourd’hui.<br />

Les cônes de déjection sont également des lieux importants<br />

qu’il faut laisser ouvert pour la compréhension de la géomorphologie.<br />

Ils permettent ainsi de limiter l’implantation linéaire qui se fait sur le<br />

village Des Bourres et de mettre en valeur les nombreux promontoires<br />

du coteau est. Ces vallons gagneraient également en lisibilité par<br />

une limitation de la végétation qui masque actuellement une partie<br />

de la naissance des éperons. Ces coupes d’éclaircie pourraient souligner<br />

des cônes de vues affirmant la morphologie du territoire.<br />

Les boisements autrefois très limités en superficie affirment<br />

la différenciation des deux coteaux. Les pentes abruptes aujourd’hui<br />

difficilement accessibles aux engins agricoles sont laissées au profit<br />

d’une végétation qui gagne du terrain. Ces boisements actuellement<br />

révélateurs d’une nouvelle manière d’appréhender le territoire permettent<br />

de mettre le village de Thoard et le hameau du Serre sur un<br />

matelas végétal affirmant d’autant plus le coté «dominateur» de la<br />

situation.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

En ce qui concerne les zones d’extension en orange, nous<br />

avons choisi de poursuivre l’urbanisation de la terrasse supérieure<br />

pour le village Des Bourres, afin de continuer la logique ancienne<br />

qui consistait à se protéger de l’eau, mais aussi pour mettre en valeur<br />

le noyau ancien du village situé enrebord de terrasse inférieure.<br />

Ces extensions contenues entre les deux cônes de déjections<br />

permettraient de créer une densité qui affirmerait le bourg en tant<br />

que tel et qui renforcerait son identité. Il serait également possible<br />

d’urbaniser autour des fermes isolées, mais en n’ajoutant pas plus<br />

d’une ou deux maisons par ferme afin de conserver la logique d’implantation<br />

et éviter ainsi de tomber dans ce que l’on pourrait appeler<br />

«le mitage du territoire».<br />

Enfin, le point d’interrogation pose l’hypothèse du prolongement<br />

des logiques d’urbanisation sur promontoire à la manière de<br />

Thoard et du Serre. Ce lieu resterait dans le raisonnement anthropique<br />

entrepris au départ, mais il est dépourvu d’infrastructures<br />

routières, électriques, d’évacuation d’eaux usées etc... Sauf en cas<br />

de nécessité ultime, il paraît plus sage de densifier les habitations<br />

se trouvant en pied d’éperon, sur le rebord du cône de déjection afin<br />

d’en appuyer la morphologie et de «faire paysage».<br />

155


Préférer une urbanisation<br />

autour des<br />

fermes isolées de<br />

manière modérée et<br />

156<br />

exceptionnelle.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


4. Le ca s d e l a v i l l e d e Th o a r d e t d u h a m e a u d u Se r r e<br />

Jouer le mimétisme :<br />

densifier le hameau<br />

du Serre.<br />

Permettre la libre<br />

circulation, éviter<br />

les impasses.<br />

Eviter l’urbanisation<br />

linéaire le long des<br />

routes.<br />

Conserver le recul<br />

visuel sur les deux<br />

hameaux en promontoires.<br />

Ci contre illustration des enjeux en volume.<br />

Les tirets représentent la zone visuelle de recul qu’il faut conserver pour maintenir<br />

l’effet et la lecture des hameaux du Thoard et du Serre sur leur éperon.<br />

Les extensions récentes se faisant autour de fermes isolées sont à contenir afin<br />

d’éviter une urbanisation linéaire qui est à craindre. Le hameau du Serre composé par<br />

un habitat individuel récent et consommateur d’espace pourrait être densifié, afin de lui<br />

donner plus d’impact visuel, de l’affirmer en tant que tel et non pas comme une extension<br />

de la ville de Thoard. Il s’agit simplement de lui donner plus d’autonomie paysagèrement<br />

parlant afin de créer un écho au premier Bourg. Le mimétisme du Serre sur<br />

Thoard doit également prendre en considération les avantages que possède la première<br />

implantation, à savoir une possibilité de libre circulation au sein de ses rues étroites.<br />

Il est effectivement intéressant de mettre en valeur la vue que l’on peut avoir depuis<br />

ces éperons sur les glacis du coteau ouest ; mais également sur le vallon qui sépare<br />

les deux bourgs pour comprendre que les deux hameaux ne sont pas construits sur le<br />

même mouvement de terrain.<br />

Enfin, les fermes isolées peuvent accueillir des habitations à partir du moment<br />

où elles restent en nombre limité et où elles conservent l’identité d’implantation de ces<br />

fermes. Il ne s’agit pas non plus de retrouver une multitude de hameaux sur le versant<br />

ouest.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

157


Ci-contre zoom de la<br />

carte des enjeux du<br />

territoire sur la ville<br />

de Thoard et du<br />

Serre.<br />

THOARD<br />

Microvallon<br />

à conserver<br />

Le Serre<br />

158<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Concrètement il s’agit pour le hameau du<br />

Serre, à la manière de Thoard, de profiter d’un habitat<br />

individuel disloqué pour créer de nouveaux<br />

passages piétons qui permettent de réouvrir le<br />

village sur le paysage plutôt que sur les nombreuses<br />

haies de thuyas qui jalonnent les jardins des<br />

particuliers. La position dominante du village sur<br />

la vallée est un atout qu’il faut mettre en valeur<br />

par des points de vue aménagés. La faible densité<br />

d’habitat permet également de densifier selon<br />

les opportunités le hameau pour l’affirmer (la position<br />

des rectangles violets de la carte ci contre<br />

est aléatoire et illustre simplement le propos...)<br />

Le hameau du Serre tout comme le Thoard tient<br />

son identité à sa position avancée sur l’éperon rocheux.<br />

Il ne s’agit donc pas d’aller urbaniser l’intérieur<br />

du vallon et ,notamment, le microvallon trop<br />

en retrait qui possède un caractère propre qui met<br />

en valeur le site.<br />

L’arrière de la ville de Thoard, également<br />

composée par des habitations récentes, peut accueillir<br />

encore quelques habitations qui permettraient<br />

de densifier et de souligner à la manière<br />

du centre bourg le socle et l’avancée de l’éperon<br />

(dont le départ ne se situe pas au niveau de la<br />

route...)<br />

Enfin, afin d’affirmer chaque bourg et de<br />

comprendre la lecture des éperons, il s’agit de<br />

maintenir les cônes de déjection par un paysage<br />

ouvert.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Nontron (24), exemple d’un habitat sur promontoire<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Ci dessus à la manière du Mont St Michel, Thoard<br />

vient faire corps avec l’éperon sur lequel elle<br />

se trouve. Il est certain que sans le recul visuel,<br />

l’impact ne serait plus le même.<br />

RESSEMBLANCE?<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

159


THOARD<br />

Bloc diagramme de Thoard existant<br />

Densifier l’arrière<br />

de la ville pour obtenir<br />

une homogénéité<br />

urbaine.<br />

Réouvrir le vallon en<br />

diminuant l’emprise<br />

de la ripisylve.<br />

Densifier le hameau<br />

du Serre et faciliter les<br />

passages piétons.<br />

Placer la ville<br />

sur un écrin<br />

végétal.<br />

160<br />

Bloc diagramme de Thoard «projet»<br />

Limiter les constructions en<br />

fond de vallon qui cassent<br />

le recul visuel.


Panoramique de Thoard sur son promontoire<br />

Un village qui donne l’impression de dominer<br />

son paysage grâce aux espaces ouverts du fond<br />

de vallon. Depuis cet angle de vue, les villages<br />

du Serre et de Thoard ne forment qu’un. A noter<br />

l’importance de l’église qui assoit le bâti sur son<br />

socle. La hauteur des nouvelles habitations ne doit<br />

pas venir concurrencer la tour de l’église au risque<br />

de faire perdre de l’importance visuelle à l’édifice.<br />

Panoramique de la relation entre les deux hameaux<br />

et leur vallon :<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

La ripisylve des Duyes trop importante en<br />

épaisseur et en hauteur en hiver comme en été<br />

masque totalement la naissance de ce vallon qui<br />

explique l’origine des deux mouvements de terre.<br />

Il s’agirait de faire pénétrer les espaces ouverts<br />

du premier plan dans le cône de déjection ce qui<br />

permettrait d’affirmer clairement les deux bourgs.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Panoramique sur la ville de Thoard et son vallon au<br />

premier plan :<br />

Contrairement aux nouvelles extensions, on<br />

remarque que chaque maison ancienne est tournée<br />

vers le paysage. Aujourd’hui la démarche est inverse.<br />

Chaque particulier se retranche sur son microcosme<br />

et se protège derrière des haies. On est<br />

passé d’une relation collective au paysage à une relation<br />

individuelle. Afin d’éviter de multiplier les<br />

situations similaires, il s’agit de créer des cônes<br />

de vue dans les nouvelles extensions sur les paysages<br />

environnants pour recréer un contact visuel au<br />

moins dans l’espace public, et ce afin d’éviter les<br />

lotissements qui n’établissent aucun contact avec<br />

le socle.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

161


Simulation d’un paysage naturel<br />

sans implantation anthropique au niveau<br />

de Thoard. L’absence du village crée<br />

une homogénéité dans l’espace. Chaque<br />

motif paysager possède la même valeur<br />

visuelle.<br />

Les promontoires n’apparaissent que<br />

très peu.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Paysage existant : Thoard affirme<br />

la position de l’éperon. A sa droite un<br />

deuxième village sans attitude claire<br />

tente de mimer le premier bourg. Avec<br />

une faible densité d’habitat, Le Serre<br />

reste un hameau en dilettante.<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Exemple d’implantation possible.<br />

Une augmentation de la densité du hameau<br />

du Serre pour lui affirmer une identité<br />

claire. Un maintien des zones basses<br />

en openfield pour éviter un melting pot<br />

d’urbanisation qui ne participerait pas<br />

à la clarification de l’espace et qui<br />

desservirait l’implantation du village<br />

de Thoard.<br />

162<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Le Château Noir et la Sainte Victoire, Paul Cézanne, huile sur<br />

toile. Les trois entités se servent les unes les autres : La végétation,<br />

le Château et la Sainte Victoire... à la manière de Thoard...<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

163


5. Le ca s d u Ha m e a u d e s Bo u r r e s<br />

Village des Bourres existant<br />

Possibilité d’étendre les extensions<br />

urbaines aux fermes<br />

isolées à une ou deux<br />

maisons tout au plus.<br />

Densifier La terrasse supérieure<br />

pour choisir de faire<br />

dialoguer le village sur un<br />

seul lieu.<br />

Limiter l’implantation<br />

linéaire en s’arrêtant à<br />

la limite d’un nouvel espace<br />

: celui du vallon.<br />

164<br />

Village des Bourres : exemple de developpement possible.<br />

Conserver le fond<br />

de vallon en zone<br />

ouverte.


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

Le village des Bourres: en arrière plan la Crête de Guéruen, au second plan les<br />

glacis qui prennent fin dans la vallée des Duyes et, au premier plan, un village de plus<br />

en plus impersonnel et qui commence à s’urbaniser de manière linéaire. Les nombreuses<br />

haies des particuliers le long de la route coupent le conducteur du paysage environnant.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

Les Bourres existant : un urbanisme linéaire<br />

qui commence à s’installer le long de la<br />

route.<br />

Propositions futures : densifier au sein du village<br />

sur le domaine de la terrasse,stopper l’urbanisation<br />

linéaire.<br />

165<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


Localisation<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />

La Bastide<br />

Ci dessous La Bastide, tendance évolutive.<br />

Le risque lié aux futures implantations serait<br />

d’établir un lien entre les maisons du carrefour<br />

et les nouvelles habitations de La Bastide. Ce<br />

lien sans cohérence traverserait plusieurs lieux<br />

qui ne donneraient aucune identité à ce hameau :<br />

celui du coteau, puis celui du domaine de l’eau,<br />

sans oublier que la tendance serait de s’établir<br />

La bastide existant : au départ<br />

une ferme agricole en bordure<br />

du domaine de l’eau, et quelques<br />

habitations au niveau du<br />

carrefour.<br />

La Bastide<br />

166


6. Le ca s d e l a f e r m e d e l a Ba s t i d e : e x e m p l e d e t e n d a n c e s é v o l u t i v e s<br />

Ci dessous La bastide, tendance évolutive<br />

par un dialogue avec le paysage.<br />

Notre proposition suit le cheminement que nous<br />

avons entrepris tout au long du dossier, par une<br />

compréhension des lieux sans implantation humaine,<br />

puis par la lecture de l’empreinte anthropique<br />

pour arriver à une proposition en cohérence<br />

avec le site.Plutôt que d’établir un lien avec les<br />

habitations du carrefour, il s’agit pour nous de<br />

venir englober l’éperon afin de venir le souligner,<br />

le révéler en créant un dialogue qui ne s’effectue<br />

qu’avec un seul lieu. Ainsi les habitations, outre<br />

le fait qu’elles servent les besoins de l’homme,<br />

prolongent le contact avec le socle, l’habillent<br />

pour «faire paysage» et pour «faire sens».<br />

La lecture du territoire n’en est que facilitée.<br />

Accorder le jeu à la scène<br />

La Bastide<br />

Proposition : englober<br />

l’éperon.<br />

167


C onclusion<br />

« C’est en créant des relations vertueuses entre communauté établie et milieu que les civilisations<br />

passées ont produit un haut niveau de qualité territoriale. Aussi, importe-t-il, pour retrouver cette même<br />

qualité territoriale, d’amorcer des actions qui en créant de la sociabilité, permettent à la société locale<br />

(aussi multiethnique, mobile, changeante soit-elle) de s’approprier son territoire et de le valoriser. »<br />

A. Magnaghi<br />

L’ensemble de cette étude paysagère a largement insisté sur une démarche d’analyse des paysages<br />

plutôt que sur des réponses précises d’évolution du territoire. Il s’agissait pour nous de vous sensibiliser<br />

à une autre lecture du monde qui nous entoure, de manière à apprécier chaque espace, avec la<br />

même valeur, aussi minime soit-il et avec votre sensibilité. Notre étude pourrait se résumer en un mot :<br />

le LIEU.<br />

De cette façon vous, élus locaux qui vivez votre territoire quotidiennement, avez en main les cartes<br />

pour comprendre les enjeux futurs qui transformeront vos paysages, parfois de manière durable et<br />

difficilement réversible. Chaque contrainte projectuelle doit de se transformer en atout pour servir vos<br />

paysages dans la durabilité.<br />

Le Pays dignois présente une identité largement ancrée dans la géologie composée par une<br />

multitude d’espaces naturels de qualité qu’il faut préserver. Ces lieux timidement affirmés sont à la base<br />

de notre démarche. Regarder et observer le socle pour mieux rétablir le dialogue avec les implantations<br />

anthropiques.<br />

Face à une urbanisation exponentielle qui touche principalement le sud du territoire, il convient<br />

de réfléchir à des stratégies de compréhension des espaces en retrouvant les démarches ancestrales<br />

et en les réadaptant pour nos sociétés du XXI ème siècle afin de préserver la qualité paysagère et la<br />

biodiversité.<br />

Ainsi, nous vous proposons de retrouver les véritables valeurs à la base de vos paysages en<br />

prenant en considération le rôle de l’agriculture dans le maintien des espaces, tant du point de vue économique<br />

que comme gestionnaire d’un paysage ouvert, en redonnant à vos rivières et notamment à la<br />

Bléone, un rôle central et, enfin, en optant pour un habitat se référant et s’inspirant de la géomorphologie<br />

qui le porte et, se faisant, qui tienne compte des identités paysagères.<br />

168


Conclusion<br />

169


R emerciements<br />

Plu s<br />

p a r t i -<br />

c u l i è r e m e n t<br />

a u Pa y s Di g n o i s<br />

p o u r t o u s l e s r e n s e i g n e-<br />

m e n t s e t l’ac c u e i l q u e l’on a p u<br />

y av o i r, à Cla u d e Ch a z e l l e p o u r n o u s<br />

av o i r t r a n s m i s u n e p r é c i e u s e l e ç o n d e pay s a g e<br />

e t p o u r s a p é d a g o g i e, a u x a c t e u r s l o c a u x e t n o ta m -<br />

m e n t a u Mai r e d e Br a s d’As s e p o u r s’êt r e d é p l a c é à t o u -<br />

t e s l e s r é u n i o n s, a u s e r v i c e d e l’ur b a n i s m e d e l a v i l l e d e Di g n e<br />

p o u r t o u s l e s d o c u m e n t s d’ur b a n i s m e, a u s e r v i c e d e s im p ô t s p o u r l e s<br />

m a g n i f i q u e s c a d a s t r e s, à l a m a i s o n d e Da v i d à Dr a i x p o u r u n e n o u v e l l e a lt e r-<br />

n at i v e à l a c o n s t r u c t i o n, à l a r é g i o n PACA, a u x d i f f é r e n t s e n c a d r a n t s p o u r l e u r s<br />

c o n s e i l s d’ex p e r t s, à Gaë l p o u r s e s v o l s e n pa r a p e n t e b i p l a c e q u i d o n n e u n e a u t r e v i s i o n<br />

d e n o t r e s i t e, a u g î t e d e Di g n e p o u r s o n a c c u e i l fa b u l e u x, a u d i r e c t e u r d e l’of f i c e d e t o u r i s m e<br />

d e Di g n e, au x pa r e n t s d e Gr e g o r y p o u r l e s p r e m i e r s p r ê t s d e v o i t u r e s, au x pa r e n t s d e Po l - An t o i n e<br />

p o u r l e u r a c c u e i l d e s d e r n i è r e s c h a r r e t t e s, à n o s o r d i n at e u r s q u i n e n o u s o n t pa s e n c o r e l â c h é s, e t b i e n<br />

é v i d e m m e n t à Ami r, Cé l i n e, Fa r o u k, Ga ë l, Th i b a u lt, Vi o l e t t e p o u r l e s c o u p s d e m a i n s s u r l e s p l a n s,<br />

a u x p e t i t e s c o p i n e s e t a u x p e t i t s a m i s, à t o u s l e s a u t r e s p o t e s q u i l e va l e n t b i e n e t q u e l’on o u b l i e,<br />

a u x Ver s a i l l a i s Ma r s e i l l a i s p o u r l e u r a c c u e i l d e n u i t, Aux pa r e n t s d e Zo é , à Ca t h y , à Dé d é, a u x<br />

c h at s, a u x p o i s s o n s r o u g e s , a u x d i f f é r e n t s r e s ta u r a n t s q u i n o u s o n t a c c u e i l l i s c h a l e u r e u s e-<br />

m e n t co n t r e de be l l e s ad d i t i o n s, a u x o u b l i s po u r le u r le ç o n de vi e (s p é c i a l e dé d i c a c e au pc<br />

p o r ta b l e ou b l i é da n s le TGV), b r e f.... e t à t o u s ce u x qu e l’on ou b l i e, MERCI!!!!<br />

170<br />

Mer c i à t o u s !!!!!


Remerciements<br />

171


G lossaire<br />

Cône de déjection : amas de débris transporté par un torrent et déposé en forme de demi cône au débouché d’une vallée ou en contrebas d’un<br />

versant.<br />

Coussière : exutoire d’un vallon, habituellement bordé de haies.<br />

Diagénèse : processus de transformation de la vase en roche sédimentaire par le départ de l’eau dû à la pression exercée par la pile sédimentaire,<br />

pile pouvant faire plusieurs milliers de mètres.<br />

Domaine : espace ayant attrait à une caractéristique géomorphologique du territoire, ex : le domaine du coteau, le domaine de l’eau.<br />

Dramatique : l’effet résultant du jeu de l’acteur et qui se traduit par le sentiment éprouvé par le spectateur. Lorsque les acteurs sont des motifs de<br />

paysage, on peut alors parler de dramatique paysagère. D’où l’ensemble des effets ressentis qui portent le sentiment paysager, qui portent à «voir»<br />

le paysage.<br />

Faille : fracture géologique accompagnée du déplacement relatif de deux blocs en présence.<br />

Géomorphologie : étude des caractéristiques topographiques qui sont à l’origine de la forme et de la formation du relief terrestre.<br />

Glacis : surface de terrain inclinée que l’on rencontre essentiellement dans les régions de piémont et en bas des buttes.<br />

Lit mineur : espace fluvial, formé d’un chenal unique ou de chenaux multiples et de bancs de sables ou galets, recouverts par les eaux coulant à<br />

pleins bords avant débordement.<br />

Lit moyen : espace fluvial, ordinairement occupé par la ripisylve, sur lequel s’écoulent les crues aux périodes de retour de 1 à 10 ans en moyenne.<br />

Le lit moyen est donc soumis à un risque fréquent d’inondation. Cet espace est soumis à de fortes érosions et transports solides lors des crues.<br />

Lit majeur : partie adjacente au chenal d’écoulement d’un cours d’eau, qui n’est inondée qu’en cas de crue. La limite du lit majeur correspond au<br />

niveau de la plus grande crue historique enregistrée.<br />

Molasse : grès tendre à ciment calcaire, se formant généralement dans les dépressions au pied des chaînes de montagne.<br />

172


Phragmite : roseau commun à grandes tiges et à feuilles aiguës.<br />

Préalpes : région formée par divers massifs, essentiellement d’un calcaire dit «autochtone», en bordure des Alpes centrales. Ses altitudes<br />

dépassent rarement les 3.000 mètres. Les limites de zone de végétation montent moins haut que dans les Alpes centrales, il y fait souvent<br />

plus humide et moins ensoleillé. Dans les Pré-alpes du sud, on trouve les massifs de Diois, des Baronnies, les chaînes de Provence et les<br />

Alpes maritimes calcaires.<br />

Glossaire<br />

Rejeu : notion de théâte adptée au paysage, qui désigne ici un nouveau jeu de combinaisons et d’interrelations (paysagères) interprété à<br />

partir d’un premier jeu qui sert de modèle et qui inspire le second.<br />

Ripisylve : formation végétale arborescente et arbustive des rives d’un cours d’eau.<br />

Robine : reliefs formés par les marnes noires du Jurassique.<br />

173


B ibliographie<br />

SOURCES DOCUMENTAIRES<br />

ADRI/RESERVE GEOLOGIQUE «Par les chemins, à travers la réserve géologique de Haute Provence» juin 2000<br />

Agence AMPHOUX, Commune de Digne les Bains (04000), «Plan local d’urbanisme, rapport de présentation, livre II» urbanisme et territoire,<br />

juillet 2007, AUAD<br />

Agence AMPHOUX, Ville de Digne-les-Bains, «Massif des Dourbes étude paysagère» juin 2007<br />

APR Etude paysagère de la communauté des deux Buëch dans le cadre du programme d’aménagement solidaire, «L’implantation en piémont<br />

, une attitude commune pour le développement du territoire» Mathilde Blamont, Sophie Elnaggar, Elodie Lebrot, Encadrant Bertrand Follea,<br />

2007<br />

APR ITER «Imposer la vallée, basse et moyenne vallée de la Durance» Sarah Assaël, Kim Lan Amandine, Papon Karine, Encadrant Georges<br />

Demouchy, octobre 2006- juin 2007<br />

APR «Saint-Paul-sur-Ubaye, place au Paysage!» pour l’association Even’ Ubaye, Camille Deniau, Sophie Noëll, Estelle Piettre, Encadrant Joël<br />

Ricorday, Année 2004<br />

APR «Les énergies du paysage, Val de Durance de Manosque à Sisteron» Mathieu Bréard, Flavien Gilleta, Mélia Reiff, Sandra Tarpinian,<br />

2007/2008<br />

Atelier AZIMUT Paysagistes DPLG, Etienne Ballan sociologue, «Atlas des paysages, Alpes de Haute Provence», février 2003, région PACA<br />

Direction de l’Aménagement et des Territoires, «Prendre en compte les risques naturels majeurs, pour permettre le développement durable<br />

des territoires», Guide à l’usage des élus Provence Alpes Côte d’Azur<br />

DEBELMAN Jacques «Découverte géologique des Alpes du Sud»<br />

DIREN Languedoc-Roussillon, «L’Atlas des paysages, un regard, un outil au service de l’aménagement»<br />

DUBAR Michel «Les terrains quaternaires au pied des Alpes de Digne»<br />

GIONO Jean «Provence» édition Gallimard 1993<br />

GUIDES GALLIMARD « Route Napoléon » 2001<br />

GUIDES GALLIMARD «Haute Provence» 1999<br />

INSEE, «Chiffre agriculture» source chambre agriculture 04, 2000<br />

INSEE, «Chiffre tourisme en Pays Dignois» CDT 04 étude clientèle 2002-2003<br />

INSEE, «Commune donnée générale» source INSEE RGP 99<br />

INSEE, «Chiffre démographie» source INSEE RGP 99<br />

INSEE, «Chiffre logement en Pays Dignois» source INSEE RGP 99<br />

174


INSEE, «Chiffre secteur d’activités en Pays Dignois» source CCI 04<br />

INSEE «Les Alpes de Haute Provence, une personne sur quatre n’y résidait pas en 1990» Sud INSEE n°31 septembre 2000<br />

LEBRUN D. / PRATT J.C. «La Haute Provence avec les yeux de Giono» Ed. Didier Richard 1999<br />

Réserve Naturelle Géologique de Haute Provence «Les Hautes vallées de l’Asse» 1999<br />

Réserve Naturelle Géologique de Haute Provence «Massif du Blayeul et Haute Bléone» 2002<br />

Réserve Naturelle Géologique de Haute Provence «Digne les Bains - Une terre à découvrir» 2006<br />

SARL Format paysage, «Aménagement et requalification de l’entrée Sud de Digne les Bains» département de haute Provence<br />

Secteur d’étude «les hôtelleries» et le «péage» Février 2000.<br />

TOPO GUIDE PR «Les Préalpes de Digne» FFRP / CG04 / ADRI 1996<br />

VINCENDON Jean-Christophe «Météo du Sud» p124, 2005<br />

«Diagnostic Manosque» Cédric<br />

«Diagnostic Pays dignois», juin 2000, 46p<br />

«Charte de développement du Pays dignois» juin 2003, 79 p<br />

Bibliographie<br />

SITE INTERNET<br />

www.paysdignois.fr<br />

www.insee.fr<br />

www.géoportail.com<br />

175


176<br />

A nnexes


Annexes<br />

An n e x e 1 : m é t é o r o l o g i e<br />

An n e x e 2 : g é o l o g i e<br />

An n e x e 3 : p o p u l at i o n d u Pay s d i g n o i s<br />

An n e x e 4 : é v o l u t i o n d u bâti en Pay s d i g n o i s<br />

An n e x e 5 : a n a ly s e statistique d u bâti en Pay s d i g n o i s<br />

An n e x e 6 : é v o l u t i o n d u bâti au s u d d e Di g n e le l o n g d e la r o u t e Na p o l é o n<br />

An n e x e 7 : é v o l u t i o n d u bâti niveau d u p l an d e Gaubert<br />

An n e x e 8 : é v o l u t i o n d u bâti au niveau d e Br a s d’Asse<br />

177


A nnexes<br />

CLIMAT ET METEO GENERALE DU SUD DE LA FRANCE<br />

Carte des jours de Brouillard et jours de neige<br />

Nombre de jours de brouillard par an en bleu<br />

Nombre de jours de neige en rouge<br />

Jours de vent fort et vitesse du vent<br />

Nombre de jours de vent fort supérieur à 55 km en bleu<br />

record de vitesse du vent en Km/h en rouge<br />

Jours de gel et jours de température supérieure à<br />

30°C<br />

Nombre de jours de gel par an en bleu<br />

Nombre de jours à plus de 30°C en rouge<br />

Records de température<br />

Minimum en bleu<br />

Maximum en rouge<br />

Jours de pluie<br />

Nombre de jours où la pluie est supérieure<br />

à 1 mm<br />

178<br />

Source : Jean-Christophe Vincendon<br />

«Météo du Sud» ed. Loubatières, 124<br />

p, 2005


An n e x e 1 : m é t é o r o l o g i e<br />

Annexes<br />

Source : Atlas des paysages des Alpes de<br />

Haute-Provence, Atelier AZIMUT Paysagiste<br />

DPLG, Etienne BALLAN, Sociologue<br />

179


180<br />

180<br />

© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé


An n e x e 2 : g é o l o g i e<br />

Annexes<br />

181


An n e x e 3 : p o p u l at i o n d u Pay s d i g n o i s<br />

Communes du périmètre définitif Population (2002) Superficie Densité<br />

Aiglun 1035 14,89 69,51<br />

Archail 7 12,99 0,54<br />

Barras 121 20,8 5,82<br />

Beaujeu 151 45,78 3,3<br />

Beynes 114 41,24 2,76<br />

Bras d’Asse 395 26,1 15,13<br />

Castellard Melan 51 25,74 1,98<br />

Champtercier 694 18,31 37,9<br />

Chateauredon 96 10,53 9,12<br />

Digne les Bains 16029 117,07 136,92<br />

Draix 86 23,04 3,73<br />

Entrages 85 22,61 3,76<br />

Estoublon 337 33,85 9,96<br />

Hautes Duyes 27 22,84 1,18<br />

La Javie 329 37,27 8,83<br />

La Robine Sur Galabre 256 45,91 5,58<br />

Le Brusquet 965 22,25 43,37<br />

Le Chaffaut 674 36,2 18,62<br />

Mallemoisson 992 6,04 164,24<br />

Marcoux 399 32,17 12,4<br />

Mézel 535 21,36 25,05<br />

Mirabeau 394 18,22 21,62<br />

Prads Haute Bléone 147 165,64 0,89<br />

Saint Julien d’Asse 124 25,6 4,84<br />

Thoard 647 43,69 14,81<br />

TOTAL 26218 1008,94 23,7585185<br />

182<br />

densité hors ville de Digne les Bains : 19,4061538


An n e x e 4 : é v o l u t i o n d u b â t i e n Pay s d i g n o i s<br />

Annexes<br />

Le bâti en pays Dignois<br />

dans les années 50 et<br />

dans les années 90.<br />

183


An n e x e 5 : a n a ly s e s tat i s t i q ue d u bâti en Pay s d i g n o i s<br />

184<br />

Evolution de parc de logement de 1990 à 1999 :<br />

les évolutions majeures se sont faites en basse vallée de<br />

la Bléone et vallée des Duyes. Les évolutions de Draix,<br />

Beynes, Majastre et Prads sont à minorer compte tenu du<br />

faible nombre d’habitations de ces communes.<br />

Part de l’habitat collectif dans le bâti en 1999 :<br />

étant donné le caractère éminement rural de ce territoire,<br />

l’habitat collectif y est faiblement représenté, mis à part sur<br />

Digne et dans quelques communes au nord du Pays (station<br />

de ski). Il serait cependant souhaitable de le favoriser<br />

sur des lieux appropriés, pour rester dans les limites du<br />

lieu du projet en freinant l’étalement urbain.


Annexes<br />

Part des résidences principales construites avant 1949 :<br />

cette carte permet de connaître la part du noyau ancien<br />

dans le bâti total, parmi les villages du pays. On peut ainsi<br />

se rendre compte de la part du bâti récent dans ce total<br />

et avoir une idée de l’évolution de la commune depuis 50<br />

ans.<br />

Evolution des résidences principales de 1990 à 1999 :<br />

Carte permettant de voir les villages qui se désertifient.<br />

185


186<br />

Evolution des résidences secondaires de 1990 à 1999 :<br />

on distingue ici les communes se destinant de plus en plus<br />

à l’accueil de vacanciers ou d’habitants saisonniers.<br />

Part des résidences secondaires dans le bâti :<br />

ce sont les communes les plus éloignées de Digne qui attirent<br />

le plus les maisons secondaires, espaces plus reculés<br />

et tranquilles. La basse vallée de la Bléone semble s’axer<br />

sur un développement qui privilégie un bâti qui engendre<br />

une activité «pérenne» sur toute l’année.


An n e x e 6: é v o l u t i o n d u bâti au s u d d e Di g n e le l o n g d e la r o u t e Na p o l é o n<br />

N<br />

Annexes<br />

Route Napoléon<br />

N<br />

Bléone<br />

Route Napoléon<br />

Année 1950<br />

Bléone<br />

DIGNE LES BAINS<br />

Année 1990<br />

187


An n e x e 7 : é v o l u t i o n d u b â ti niveau d u p l an d e Gaubert<br />

N<br />

N<br />

Bléone<br />

DIGNE LES BAINS<br />

Année 1990<br />

Bléone<br />

188<br />

Année 1950


Au départ 2 hameaux de part et<br />

d’autre de l’Asse, l’un est dans la<br />

vallée l’autre sur le coteau.<br />

An n e x e 8 : é v o l u t i o n d u b â t i a u n i v e a u d e Br a s d’As s e<br />

Annexes<br />

Asse<br />

Asse<br />

Les cultures se trouvant dans la plaine, au<br />

fur et à mesure les bergeries se transforment<br />

en habitations, la ville descend dans<br />

la vallée, le village du coteau est abandonné.<br />

Asse<br />

Asse<br />

Le village de Bras d’Asse garde encore une<br />

cohérence avec son paysage en s’adossant<br />

au relief, pendant ce temps les techniques<br />

évoluent, et on crée une digue qui limite<br />

les inondations de la rivière.<br />

La digue permet d’étendre les extensions<br />

urbaines qui se font en fonction d’une libération<br />

foncière de terrain agricole au<br />

détriment du paysage (Bras d’Asse, village<br />

de petite taille garde cependant une cohérence<br />

contrairement à la Bégude...). Le<br />

cone de déjection du vallon de Bras d’Asse<br />

commence à acceuillir des extensions envahissantes...<br />

189


Fin...


© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé

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