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U RBANISME ET GEOMORPHOLOGIE :<br />
Pour un dialogue fondateur de paysage en Pays dignois<br />
Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles, Promotion 2004/2008<br />
BURROWS Gregory, DE SURIREY DE SAINT REMY Pol- Antoine, FARINI Zoé<br />
Directeur d’APR : Claude CHAZELLE<br />
Atelier Pédagogique Régional : Etude paysagère et propositions d’actions. Préalable<br />
à une réflexion en vue d’un schéma de cohérence territoriale en Pays dignois.
Atelier Pédagogique Régional (APR) 2007-2008<br />
Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles<br />
10 rue du Maréchal Joffre<br />
78000 Versailles<br />
Commanditaire:<br />
Région PACA, Hôtel de Région<br />
27 place Jules Guesde<br />
13481 Marseille cedex 20<br />
U RBANISME ET GEOMORPHOLOGIE :<br />
Pour un dialogue fondateur de paysage en Pays dignois<br />
ETUDE PAYSAGERE ET PROPOSITIONS D’ACTIONS PREALABLES A LA<br />
REFLEXION EN VUE D’UN SCHEMA DE COHERENCE TERRITORIALE
Etude réalisée par: Présents aux Comités de pilotage :<br />
BURROWS Gregory<br />
03 Allée des Jonquilles<br />
78390 Bois d’Arcy<br />
gregory.burrows@yahoo.fr<br />
Tel: 06 18 36 11 07<br />
Claude Chazelle, Enseignant ENSP<br />
Georges Demouchy, Enseignant ENSP<br />
Joël Ricorday, Enseignant ENSP<br />
Bertrand Follea, Enseignant ENSP<br />
Jean-Pierre Clarac, Enseignant ENSP<br />
DE SURIREY DE SAINT REMY Pol-Antoine<br />
75 rue de la Convention<br />
75015 Paris<br />
polosr@wanadoo.fr<br />
Tel: 06 17 78 40 62<br />
Elsa Crepon, Pays dignois<br />
Jean Arnaud, Maire de Bras d’Asse<br />
Mesdames et messieurs les représentants de la<br />
Mairie de Digne les Bains<br />
Régine Lugant, SAUE région PACA<br />
Présents aux Comités de suivi :<br />
FARINI Zoé<br />
01 rue Constantin<br />
94400 Vitry-sur-Seine<br />
zoe.farini@gmail.com<br />
Tel: 06 86 44 38 36<br />
01 46 72 80 78<br />
Claude Chazelle, Enseignant ENSP<br />
Georges Demouchy, Enseignant ENSP<br />
Joël Ricorday, Enseignant ENSP<br />
Bertrand Follea, Enseignant ENSP<br />
Jean-Pierre Clarac, Enseignant ENSP<br />
6
S OMMAIRE<br />
Le territoire d’étude<br />
p9<br />
Introduction<br />
p9<br />
Un pays entre la Provence<br />
et les Alpes p10<br />
Une commande <strong>pédagogique</strong><br />
p12<br />
Entités administratives et<br />
paysages p14<br />
Démarche<br />
p16<br />
Travail à<br />
Sur les planches<br />
du paysage dignois,<br />
Dynamique en trois actes<br />
p32<br />
Dynamiques naturelles à<br />
l’échelle du pays : p36<br />
1. Une progression géomorphologique<br />
2. Un territoire millefeuille<br />
3. La grande érosion<br />
4. Protection des dynamiques naturelles<br />
5. Représentations mentales du territoire<br />
Premier acte : le paysage Provençal<br />
en Pays dignois p52<br />
deux voix<br />
Le jeu des acteurs<br />
sur les planches du<br />
paysage<br />
p74<br />
L’évolution d’un jeu dans le<br />
temps p76<br />
Un espace agricole de contrastes<br />
p80<br />
Formes bâties et logiques d’implantation<br />
p82<br />
Route et paysage<br />
p86<br />
Accorder le jeu à la<br />
scène<br />
p98<br />
Le Brusquet : un bassin<br />
d’effondrement, socle d’une<br />
implantation p100<br />
Un paysage de terrasses en<br />
basse vallée de la Bléone<br />
p114<br />
Promon-Thoard<br />
p142<br />
Dernières clés de<br />
lecture<br />
Conclusion<br />
Remerciements<br />
p168<br />
p170<br />
Glossaire (les mots du texte<br />
nécessitant d’être expliqués,<br />
marqués d’une *) p172<br />
Bibliographie p174<br />
Deuxième acte : le paysage de<br />
l’Entre-Deux p60<br />
Une enclave économique propice<br />
au tourisme p90<br />
Annexes<br />
p176<br />
Troisième acte : le paysage<br />
alpin en Pays dignois p68<br />
Des hommes et des usages du<br />
territoire. p94<br />
7
I ntroduction<br />
A une époque où nos sociétés contemporaines connaissent une augmentation de leurs populations, les problèmes<br />
liés au manque de logement occupent une place croissante dans le débat politique. Les acteurs, les moyens et les<br />
approches mis en œuvre dans le développement urbain divergent localement. Il semblerait alors utopique de penser que<br />
les installations humaines puissent se faire en cohérence totale avec la dimension paysagère, qui est souvent peu à mal<br />
prise en compte. Or, les spécificités paysagères des sites ou des lieux peuvent se révéler source d’inspiration pour tout<br />
projet d’aménagement et d’urbanisme. C’est dans cette perspective que nous voyons l’un des rôles du paysagiste.<br />
Des besoins de réflexion sur le devenir des lieux apparaissent alors à une échelle territoriale afin d’établir un dialogue<br />
pertinent entre un ensemble paysager et des implantations humaines.<br />
La région PACA, commanditaire de cette étude sur le territoire du Pays dignois, souhaitait bénéficier d’une première<br />
approche globale, en termes de paysage, sur les enjeux relatifs aux tendances d’évolution de ce territoire. A mi-chemin<br />
entre Provence et montagne, le Pays dignois connaît des mutations déjà enclenchées par une urbanisation grandissante<br />
parfois maladroitement menée au regard du paysage. Prendre en compte les enjeux de cette implantation humaine qui<br />
a évolué au cours du temps s’avère essentiel. Ce développement s’est fait sur un socle aux caractéristiques multiples,<br />
composé de paysages qui ne peuvent correspondre aux mêmes attentes d’aménagements.<br />
Il s’agit de regarder ce territoire, de le comprendre, et de faire appel à ses sens pour le penser dans son devenir.<br />
Notre démarche à d’abord été de lire le territoire en faisant abstraction des installations humaines, notre objectif<br />
étant de comprendre le socle et ses composantes naturelles afin de révéler les potentialités et les singularités que présentent<br />
ces paysages.<br />
Le regard s’est ensuite posé sur les dynamiques anthropiques existantes, sur leur dialogue avec le socle et les<br />
effets produits sur la dimension paysagère. Nous voulons à travers cette démarche en retenir les aspects positifs mais<br />
aussi les incohérences dans le jeu des acteurs sur les « scènes du paysage ».<br />
Enfin, nous nous proposons d’établir des intentions de projet mettant en cohérence notre analyse paysagère et les<br />
évolutions envisagées. En un mot, adapter le jeu des acteurs à leur scène de vie.<br />
9
U n pays entre la Provence et les Alpes<br />
Localisation du pays Dignois à l’echelle de la France<br />
Territoire de transition paysagère,<br />
le Pays dignois se trouve dans<br />
le Sud Est de la France, en position<br />
charnière entre les paysages de Provence<br />
et ceux des Alpes.<br />
En position centrale dans la<br />
région PACA, il est encadré par des<br />
entités géographiques fortes, qui<br />
renforcent l’identité du territoire par<br />
le contraste avec ses limites. Au sud<br />
le plateau de Valensole et la vallée<br />
de la Durance, au Nord, la montagne<br />
de la Blanche et le lac de Serre-<br />
Ponçon.<br />
Le Pays dignois en Chiffre:<br />
Surface (km²) : 890,9<br />
Population 1999 : 24.740<br />
Population 1990 : 23.589<br />
Evolution de la population entre 1990 et 1999 : 4,9%<br />
Population de la région : 4.506.151<br />
Pourcentage de population par rapport à la région : 0,5%<br />
Densité (nombre habitants/km²) : 27,8<br />
Nombre de communes : 25<br />
Localisation du Pays dignois<br />
et des entités paysagères<br />
au sein de la région PACA<br />
10<br />
Plateau de Valensole<br />
Lac de Serre-Ponçon depuis Saint Vincent les forts<br />
Le Pays dignois possède<br />
également tous les caractères d’un<br />
climat à la fois provençal et montagnard.<br />
L’évolution flagrante du climat<br />
s’effectue au niveau du pincement<br />
du relief de Digne, où la vallée se<br />
comprime. Les atmosphères sont<br />
chaudes et sèches à l’entrée du territoire,<br />
puis, au fur et à mesure de la<br />
progression et de l’ascension, elles<br />
deviennent fraîches et humides (voir<br />
annexe 1).
Carte de répartition des routes et<br />
de l’habitat dans le Sud-Est de la<br />
France<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
A la croisée entre des territoires de hautes montagnes et<br />
de Provence, le Pays dignois se trouve enclavé à cause de son<br />
contexte géomorphologique. Avec une différence d’altitude de<br />
plus de 3000 mètres, il bénéficie aujourd’hui d’un réseau routier<br />
disparate qui place la ville principale du pays à 1h30 d’Aixen-Provence<br />
et de Gap en voiture. L’autoroute A 51 qui suit la<br />
vallée de la Durance et relie la mer et les Alpes ne conduit qu’à<br />
l’entrée du pays par la basse vallée de la Bléone et permet de<br />
désenclaver légèrement cette portion de territoire de la région<br />
PACA.<br />
Le territoire d’étude<br />
Zone rurale, le Pays dignois ne rassemble que 0,5%<br />
de la population du territoire de la région PACA. Située principalement<br />
sur la côte littorale (90%), l’emprise urbaine forte et<br />
épaisse en bord de mer subit une dislocation et un éparpillement<br />
à mesure que le relief évolue vers la montagne. Pourtant,<br />
et malgré la faible population, le statut de Digne en tant que préfecture<br />
des Alpes de Hautes Provence offre un bassin d’emploi<br />
induisant une demande de logement et une pression urbaine<br />
qu’il faut maîtriser. Egalement sous l’influence de la vallée de la<br />
Durance et sur les retombées indirectes du confins de la zone<br />
d’impact du projet ITER, la basse vallée de la Bléone, déjà touchée<br />
par un urbanisme grandissant, se retrouve confrontée à<br />
un urbanisme linéaire le long des routes.<br />
L’habitat individuel à la base des schémas d’expansion<br />
des villes et villages consomme des espaces ouverts menant<br />
à un appauvrissement des paysages et à une banalisation des<br />
espaces traversés.<br />
11
U ne commande <strong>pédagogique</strong><br />
« Etude paysagère et propositions d’actions préalables à une réflexion en<br />
vue d’un schéma de cohérence territoriale »<br />
La région PACA, consciente des enjeux liées à son territoire, commande<br />
cette étude afin d’avoir une réflexion à une échelle globale sur<br />
un paysage charnière entre la Provence et les Alpes et son devenir. Elle<br />
concerne le Pays dignois qui recouvre 34 Communes regroupées en 4<br />
Communautés de communes et deux communes isolées : Duyes et Bléone,<br />
Asse et Affluents, Trois Vallées et Haute Bléone.<br />
ll s’agit d’anticiper et d’accompagner les phénomènes de périurbanisation<br />
qui se diffusent y compris sur les territoires de l’arrière pays par la<br />
prise compte du socle, c’est-à-dire le premier fondement du paysage sur<br />
lequel on vient s’implanter. Cet enjeu s’appuie sur des constats liés à l’accélération<br />
des phénomènes d’étalement urbain entraînant des questions<br />
de maîtrise foncière, de prise en compte des enjeux environnementaux<br />
et des fonctions et services urbains à développer, face aux mutations des<br />
modes de vie.<br />
Une première formulation de la commande proposait d’«analyser<br />
la ceinture verte agricole de Digne». Cette approche, après une première<br />
visite de terrain, nous a semblé peu pertinente tant elle ne prenait pas en<br />
compte les véritables problématiques paysagères ni tous les éléments fondateurs<br />
des paysages, des lieux et de leurs interactions. L’enjeu majeur se<br />
situait ailleurs.<br />
La démarche paysagère privilégie «l’envers du décor» c’est-à-dire<br />
l’interface qui existe entre les extensions urbaines et le domaine «non<br />
construit naturel et agricole». Elle permet, à travers la mise en exergue<br />
des fondements de l’identité des lieux, de préserver la qualité de vie pour<br />
les populations résidentes et s’inscrit dans un renforcement de l’attractivité<br />
des territoires ruraux de montagne.<br />
Avec une population totale de 25 521 habitants, le Pays dignois,<br />
proche des grandes métropoles <strong>régional</strong>es, se caractérise comme un territoire<br />
rural en mutation. L’urbanisation lente mais progressive que subissent<br />
les principales villes et villages induit des enjeux liés notamment à la<br />
cohérence des implantations humaines avec leurs paysages.<br />
Pourquoi ?<br />
L’étude vient en appui du programme d’aménagement solidaire engagé<br />
entre la région (service aménagement et équipement urbain) et les<br />
quatre intercommunalités qui composent le pays.<br />
12<br />
Cet enjeu pose les questions des stratégies d’aménagements,<br />
d’équipements et de désenclavement des espaces ruraux et de montagne,<br />
en lien avec les mutations économiques à l’œuvre sur le Pays dignois.<br />
L’approche naturelle permet également, la plupart du temps, de fédérer<br />
les acteurs locaux sur la base d’une prise de conscience du paysage<br />
en tant que «bien commun» pour l’ensemble du territoire. Après plusieurs<br />
allers et retours entre le territoire et les différents comités <strong>pédagogique</strong>s, la<br />
commande initiale déconnectée du territoire et ne prenant pas en considération<br />
une globalité d’enjeux a été reformulée comme suit : «Etude paysagère<br />
et propositions d’actions préalables à la réflexion en vue d’un schéma<br />
de cohérence territoriale».
Région PACA<br />
Pays Dignois<br />
Le territoire d’étude<br />
Ci-dessus: Contexte de<br />
l’atelier <strong>pédagogique</strong><br />
<strong>régional</strong><br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Ci-contre: Carte du territoire<br />
d’étude et des 27<br />
communes qui le compose,<br />
avec en plus le canton de<br />
Seyne-les-Alpes.<br />
13
E ntités administratives et paysages<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
14<br />
Ci-contre: Carte des<br />
différentes communautées<br />
de communes<br />
du Pays Dignois.<br />
On remarque que les<br />
limites administratives<br />
ne sont pas<br />
toujours liées aux<br />
paysages qui composent<br />
le territoire.<br />
Chaque territoire en France<br />
connaît un découpage administratif<br />
plus ou moins complexe et partiellement<br />
en cohérence avec les entités<br />
paysagères qui le composent. Ces<br />
limites fictives sur le terrain mais<br />
réelles sur le papier ont parfois un<br />
effet pervers qui freine les échanges<br />
et ralentit la prise de conscience<br />
d’un territoire à une échelle globale<br />
et non plus individuelle.<br />
Chaque lieu se comprend toujours<br />
grâce au contexte dans lequel<br />
il se trouve.<br />
Le grand territoire reste donc<br />
l’échelle la plus pertinente pour définir<br />
des stratégies efficaces d’implantation<br />
ou de conduite des paysages.<br />
C’est lui qui définit les entités paysagères<br />
dans lesquelles on trouve par<br />
emboîtement successif les notions<br />
de site, lieu et micro-lieu.<br />
Le grand territoire, ici le Pays<br />
dignois, permet donc de conserver<br />
des cohérences entre des lieux que<br />
des limites administratives peuvent<br />
séparer.
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Il existe dans le Pays dignois<br />
une superposition d’entités administratives<br />
: cantons, communautées<br />
de communes et communes. Autant<br />
d’outils au service du territoire, mais<br />
autant de freins possibles à une prise<br />
de conscience d’un paysage à une<br />
échelle globale. C’est cette prise de<br />
conscience qui peut mener vers une<br />
action plus juste en faveur du paysage,<br />
et c’est cette vision pour laquelle<br />
nous plaidons à travers notre travail.<br />
Le territoire d’étude<br />
Nous considérons que, pour<br />
cette étude, l’échelle du Pays reste la<br />
plus pertinente pour une véritable reconnaissance<br />
des paysages dignois<br />
et pour intervenir sur l’évolution de<br />
ces entités et leur devenir. De manière<br />
à avoir une vision complète de ce<br />
territoire, nous intégrerons dans notre<br />
analyse le canton de Seyne (qui<br />
faisait auparavant partie du Pays dignois).<br />
Ci-contre: Carte<br />
des différents<br />
cantons du Pays<br />
dignois.<br />
15
D émarche<br />
L’ étude paysagère mise en place par la région PACA a pour objectif d’alimenter les réflexions préalables<br />
à l’établissement d’un SCOT.<br />
Le travail s’est déroulé d’octobre 2007 à Juin 2008. Nous avons fondé notre diagnostic sur trois sources<br />
de connaissances :<br />
- Un travail de terrain réalisé sur le Pays dignois,<br />
- Une rencontre avec des acteurs locaux (élus, agriculteurs, responsable de service urbanisme, responsable<br />
du secteur tourisme, habitants, commerçants etc...),<br />
- Enfin un rassemblement de documents réalisés sur le terrain ou en atelier.<br />
Le travail réalisé au fil des mois a été validé et recadré par plusieurs comités de suivi et de pilotage<br />
qui ont eu lieu respectivement à l’Ecole du Paysage de Versailles et au Pays dignois. Ils rassemblaient les<br />
différents acteurs locaux et régionaux, à savoir le Pays dignois, la région PACA (service aménagement et<br />
équipement urbain), divers représentants de communes et les encadrants de l’ENSP.<br />
Il se sont échelonnés comme suit :<br />
- 18/12/2007 : Validation et réorientation des premier éléments diagnostiqués (ENSP),<br />
- 10/01/2008 : Validation des éléments du diagnostique (Pays dignois),<br />
- 18/02/2008 : Validation des orientations (Pays dignois),<br />
- 04/03/2008 : Validation des orientations et repositionnement sur certains éléments de l’analyse (ENSP<br />
Marseille),<br />
- 31/03/2008 : Validation des propositions d’actions et de l’ensemble de l’étude,<br />
- 02/04/2008 : Validation et recadrage du rendu écrit (ENSP Marseille).<br />
16
OÙ ET COMMENT URBANISER POUR FAIRE PAYSAGE ?<br />
Aujourd’hui, la démarche d’urbanisation des acteurs locaux en<br />
France se fait trop souvent en fonction d’ opportunités (disponibilité du<br />
foncier, présence d’infrastructures, déprise agricole, etc...). Cette capacité<br />
d’implantation faite d’aubaines relève plus d’une attitude attentiste,<br />
déclinée «au fil de l’eau» que d’un projet de territoire, associant une<br />
politique d’occupation des sols raisonnée à une prise en compte pertinente<br />
de l’identité du Pays et de ses paysages. C’est pourquoi nous<br />
constatons souvent des incohérences paysagères créées par une absence<br />
de dialogue entre un projet et un lieu. La transcription habituelle<br />
des documents d’urbanisme sur plan cadastral, (représentation du parcellaire<br />
sur un fond blanc, vidé de toute marque du support géographique)<br />
témoigne de ce manque : comment alors imaginer une réelle prise<br />
en compte des fondements paysagers si le plan parcellaire lui même<br />
reste muet sur le socle qui le porte ?<br />
Notre étude se veut avant tout <strong>pédagogique</strong> et souhaite apporter<br />
une modeste contribution à ces questions de société. Nous souhaitons<br />
par le biais de l’étude du Pays dignois souligner l’importance qui existe<br />
dans la compréhension d’un lieu avant une implantation quelconque.<br />
Nous croyons en effet que lorsque l’homme occupe une position cohérente<br />
dans son paysage, alors la qualité paysagère du lieu s’en ressent.<br />
Il s’agit donc de montrer que chaque projet d’urbanisation est légitime<br />
à partir du moment où il prend en considération le lieu sur lequel<br />
il s’inscrit. Il faut pour cela rétablir un dialogue entre les dynamiques<br />
naturelles et les dynamiques anthropiques afin de rendre lisibles les<br />
caractères du paysage local et global.<br />
Les lieux peuvent être adossés, en retrait ou en rebord, ils peuvent<br />
être ouverts ou fermés... ils détiennent un sens. L’urbanisation doit<br />
être capable de garder la lisibilité de ce sens, notamment en milieu rural<br />
où il est, à priori, encore lisible, ou plus souvent qu’en milieu déjà urbanisé.<br />
Ceci peut s’obtenir à travers un urbanisme géomorphologique,<br />
avec des habitations et des quartiers qui viennent révéler ou mettre<br />
en scène les qualités morphologiques des lieux qui sous-tendent les<br />
paysages. C’est un résultat auquel conduisait les modes d’implantation<br />
et d’organisation de l’habitat d’autrefois. On s’installait sur des lieux<br />
spécifiques (sur des éperons rocheux, en piémont ou bien sur des terrasses).<br />
Le fait de s’installer sur des lieux précis relevait non seulement<br />
de préoccupations fonctionnelles et stratégiques, mais aussi et surtout<br />
et surtout d’une intuition et/ou d’un savoir remarquables quant aux sens<br />
des lieux.<br />
Cette démarche, bien qu’elle prenne à contrepied la logique actuelle<br />
nous semble prometeuse de solutions intéressantes. Le Pays<br />
dignois aujourd’hui en quête d’identité se réfugie dans l’imagerie de<br />
la lavande. Or nous sommes avant tout sur le lieu de la plus grande<br />
réserve géologique nationale, géologie qui était identitaire du pays bien<br />
avant la lavande. Considérer la géomorphologie comme fondement de<br />
l’identité du Pays nous semble être le préalable à une évolution de ce<br />
territoire qui ferait sens.<br />
Le territoire d’étude<br />
17
Afin de parvenir à cette compréhension de l’espace, nous distinguons<br />
dans la lecture d’un paysage les éléments naturels des éléments<br />
anthropiques. Cette lecture permet un meilleur discernement des fondements<br />
de la dramatique* des lieux, ou dans un premier temps du socle<br />
dénué de l’activité humaine. Ce temps d’observation est nécessaire pour<br />
comprendre la nature de la géomorphologie. Intrinsèquement, on inscrit<br />
le paysage dans ses dynamiques naturelles. C’est le moment du mouvement.<br />
La force qui émane de ces sites en perpétuel chahut est ainsi disséquée<br />
pour saisir le sens des lieux, théâtre des possibles implantations<br />
humaines.<br />
Cette observation ouvre ainsi, avec un regard instruit à la compréhension<br />
des logiques ancestrales d’implantation : il s’agit ici de comprendre<br />
la mécanique, le processus d’installation humaine dans sa dynamique<br />
propre.<br />
L’analyse permet enfin de repérer, dans le processus de densification<br />
urbaine, certaines erreurs contemporaines liées à une perte relative<br />
du savoir ancestral et du rapport au sol productif et signifiant. Le but recherché<br />
est la cohérence entre une implantation et son lieu. Le principe<br />
consiste par notre action àinfléchir et si possible inverser les éléments de<br />
processus mal engagés pour recréer une dynamique anthropique dans le<br />
sens « naturel » du paysage.<br />
Une prise de contact avec le terrain nous a donné une maturité<br />
dans la connaissance du territoire et sa complexité. Nous avons cherché<br />
à révéler le génie des lieux à travers ses attributs, son caractère propre.<br />
18<br />
Ci contre principes de la démarche<br />
à travers un croquis évolutif.<br />
Attachement au premier ressenti<br />
presque abstrait et au «sens» du paysage.<br />
Comment prend-t’il corps en nous ? A quelles<br />
émotions fait-il appel ?<br />
Le sensible lié à la vision du<br />
paysage ne produit pas les mêmes formes<br />
selon notre personnalité. La manière dont<br />
on peut les exploiter donnera un sens et<br />
des projets différents en lien avec le<br />
site. Il s’agit de regarder les formes,<br />
en évitant de se focaliser sur les éléments.<br />
Cela permet d’analyser les dynamiques<br />
qui découlent de sa géomorphologie,<br />
de sa géologie, puis de son hydrologie,<br />
et enfin de sa végétation. L’écoute<br />
et le regard sur ce territoire permettent<br />
de comprendre le socle, c’est-à-dire «les<br />
planches du paysage» sur lesquelles les<br />
acteurs «anthropiques» vont venir jouer<br />
un jeu en cohérence avec leur paysage ou<br />
pas.<br />
Cette étape est d’autant plus importante<br />
que le Pays dignois se trouve sur<br />
une épaisseur de terre évolutive, avec<br />
des reliefs progressifs qui partent de<br />
coteaux doux, et de plateaux bas vers des<br />
reliefs plus escarpés avec un réseau valléen<br />
toujours plus étroit.
Le territoire d’étude<br />
Ressentir...<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
19
L’image se précise. L’attention<br />
se porte uniquement sur les éléments naturels<br />
du site.<br />
La silhouette d’un paysage perturbé<br />
évoque des reliefs griffés par les<br />
éléments alors apparents : leurs couleurs<br />
et leurs traits suggèrent la force des dynamiques<br />
violentes, sculpturales en perpétuel<br />
mouvement. Un couloir d’eau court<br />
avec fougue, un lit blanc se devine entre<br />
les lames fuyantes, des masses sombres se<br />
dressent comme un décor épais et persistant.<br />
Au loin, la plus haute cime s’égare<br />
dans la voûte nuageuse,céleste.<br />
20<br />
La dynamique principale qui tourne<br />
autour de l’érosion se fait déjà sentir.<br />
Elle suit le cours de la Bléone et<br />
crée un point d’appel. Une sorte «d’aspiration»<br />
vers un paysage de progression<br />
avec un relief évolutif tendant vers la<br />
haute montagne.
...et Analyser les dynamiques...<br />
Le territoire d’étude<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
21
La prise de contact prolongée<br />
avec le terrain et les informations recueillies<br />
sur place précisent le paysage.<br />
Les motifs apparaissent, les largeurs<br />
de lit se précisent, les lieux se<br />
dessinent. Les éléments participent à la<br />
mise en sens du paysage. Ce sont toutes<br />
les données dites «techniques» du paysage<br />
naturel. Tout cet ensemble participe<br />
à la mise en évidence des paysages<br />
et confirme l’impression brute ressentie<br />
préalablement.<br />
22<br />
C’est une étape déterminante dans<br />
la reconnaissance et l’explication de la<br />
géomorphologie.
... Naturelles...<br />
Le territoire d’étude<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
23
Après une compréhension globale<br />
des dynamiques et des enjeux naturels,<br />
une seconde étape consiste à prendre en<br />
considération les dynamiques anthropiques<br />
existantes.<br />
Il s’agit d’analyser les premiers<br />
rapports entre l’homme, le socle, la géomorphologie<br />
du territoire et ses interactions.<br />
Il faut en déterminer les aspects<br />
négatifs mais aussi positifs.<br />
24<br />
Cette dimension nous permet de<br />
remarquer que les villages les plus anciens<br />
sont souvent implantés selon une<br />
logique de «rejeu*». Le village s’établit<br />
contre une falaise ou sur un éperon, il<br />
vient servir ce paysage en conservant sa<br />
lisibilité. Les matériaux utilisés pour<br />
la construction, souvent issus du site<br />
lui-même, créent une sorte de mimétisme<br />
du territoire. La dimension anthropique<br />
n’est pas dénuée de sensibilité, bien au<br />
contraire.
... Humaines...<br />
Le territoire d’étude<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
25
L’analyse des dynamiques naturelles<br />
du paysage et la détermination des<br />
lieux issus de la morphologie du terrain<br />
permettent de mieux anticiper et de mieux<br />
orienter les urbanisations futures.<br />
Il s’agit de s’implanter en<br />
conservant la lisibilité du «sens» profond<br />
du socle (même s’il a changé de forme, en<br />
limitant les contresens, facilitant ainsi<br />
la compréhension d’un lieu. Les extensions<br />
bâties actuelles ne suivent bien<br />
souvent pas cette logique.<br />
26
... Humaines, dans son évolution...<br />
Le territoire d’étude<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
27
Quand le dialogue entre le support<br />
naturel et l’apport anthropique tend<br />
à être rétabli, il se dégage un sentiment<br />
et un paysage (une image sensible et<br />
personnelle interprétée par chaque individu).<br />
Il faut comprendre qu’entre le<br />
«sensible du départ» et le «sensible<br />
de l’arrivée», il existe tout un tas de<br />
contingences qui interviennent pour rétablir<br />
un dialogue parfois interrompu entre<br />
un socle et une occupation du sol. L’important<br />
ce n’est pas l’image de paysage<br />
que l’on perçoit mais les présences et le<br />
sens cachés dans cette image.<br />
28<br />
Tous ces éléments participent à<br />
la mise en sens d’un seul paysage identitaire<br />
d’un lieu, d’une vallée, d’un Pays,<br />
et d’une Région. Un paysage c’est d’abord<br />
le génie d’un lieu avant d’être une occupation<br />
du sol.
... Pour les (re)mettre en cohérence<br />
Le territoire d’étude<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
29
T ravail à deux voix<br />
Travail à deux voix<br />
Deux voix<br />
T ravail à deux voix<br />
Travail à deux voix<br />
T ravail à deux voix<br />
t ravail à deux voix<br />
T ravail à deux voix<br />
N aturelle<br />
A nthropique<br />
N a t u r e l l e<br />
travail à deux voix<br />
A n t h r o p i q u e<br />
31
S ur les planches du paysage dignois: Dynamiques en trois actes<br />
32<br />
32
La dimension naturelle du paysage c’est d’abord le socle sur<br />
lequel on marche tous les jours. Le socle, ce sont des formes de relief<br />
issues des forces géologiques qui se sont exercées de manières multiples,<br />
des formes et des modelés de sols, résultants des dynamiques<br />
de l’érosion de l’eau, du gel, du vent.<br />
La nature du sol entraîne une multitude de motifs et de détails<br />
à l’origine des subtilités et des singularités de ce paysage, une sorte<br />
d’ADN qui le différencie des autres et lui confère son caractère unique.<br />
Des composantes telles que le sol, l’hydrologie, l’air et le climat créent<br />
un ensemble que l’on peu appeler le paysage naturel et où l’homme n’a<br />
pas eu son mot à dire… pour l’instant.<br />
DES PAYSAGES DE PROGRESSIONS EN PAYS DIGNOIS<br />
Territoire charnière situé entre la vallée de la Durance et les<br />
hautes montagnes, le Pays dignois s’articule principalement autour<br />
des rivières qui ont marqué sa géomorphologie. Au premier abord, le<br />
territoire semble tiraillé par plusieurs paysages emblématiques de la<br />
région PACA aux caractères forts et se trouvant sur sa périphérie : au<br />
sud le Plateau de Valensole et la vallée de la Durance et au Nord le lac<br />
de Serre-Ponçon et sa haute montagne. Le Pays ne semble pas être<br />
parvenu à se positionner devenant , l’été, capitale de la Provence et de<br />
la lavande et, l’hiver, capitale des stations de ski et des sports d’hiver.<br />
Pourtant il ne suffit que d’un trajet du sud au nord pour s’apercevoir<br />
que ce territoire est avant tout celui de la progression, de l’évolution<br />
des reliefs, du climat, de la végétation et de la variation de la largeur des<br />
cours d’eau qui donne a ce territoire toute son identité.<br />
Le Pays s’organise principalement autour de la Bléone qui constitue<br />
la colonne vertébrale des dynamiques naturelles. De nombreuses<br />
ramifications engendrent des vallées plus ou moins étroites, lieux reclus<br />
cachant parfois des singularités qui peuvent laisser place au mysticisme<br />
et à la contemplation de la nature. Le lieu des Clues de Barles en est un<br />
parfait exemple.<br />
L’érosion apparaît comme le fil conducteur pour l’étude de la diversité<br />
des lieux. Elle est l’emblème de ce territoire, naissant au sommet<br />
des hautes montagnes, laissant des traces dans les anciennes formations<br />
de rivières et se retrouvant aujourd’hui dans les lits des cours d’eau<br />
actuels.<br />
La photo ci dessous est une parfaite représentation sensible de ce paysage<br />
forgé par l’érosion, dynamique principale qui transforme le paysage du Pays<br />
dignois (c’est pourquoi elle occupe également la page de couverture).<br />
Prise à la confluence de la Bléone et de l’Arigéol à la Javie, elle illustre<br />
la sensation d’érosion. La crête du Cheval Blanc (en arrière plan) semble<br />
s’être déversée dans l’écho du lit blanc occupant la quasi totalité du fond de<br />
vallée et charriant un mince filet d’eau. Les éléments naturels semblent avoir<br />
la place pour se déchaîner et renverser ce paysage qui en réalité n’est pas si<br />
figé. La dynamique de progression des hauteurs du relief est déjà enclenchée. Les<br />
coteaux plus sombres attestent d’un changement du climat méditerranéen vers un<br />
climat montagnard.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
33
PAYSAGE<br />
PROVENCAL<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
PAYSAGE DE<br />
L’ENTRE-DEUX<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
PAYSAGE<br />
ALPIN<br />
34<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
PAYSAGE ALPIN<br />
La géomorphologie du territoire se décline tout<br />
au long d’une progression, partant du Sud avec des<br />
amplitudes de relief de 300 mètres, jusqu’au Nord avec<br />
des écart de plus de 2500 mètres. La caractéristique<br />
des paysages rencontrés conduit à un découpage du<br />
Pays dignois en trois parties : au Sud le «paysage Provençal»,<br />
au Nord le «paysage Alpin» et à l’intermédiaire<br />
entre ces deux extrêmes le «paysage de l’entre-deux».<br />
Nous verrons que c’est cette dernière partie qui est principalement<br />
le reflet de l’identité du Pays dignois : elle en<br />
rassemble tous les caractères.<br />
La morphologie du paysage Provençal est caractérisée<br />
par des coteaux aux pentes douces, des reliefs<br />
peu élevés, de larges fonds de vallées et une forte<br />
présence du ciel.<br />
Le paysage de l’entre-deux commence au niveau<br />
du pincement de Digne les Bains. L’évolution du<br />
relief et les coteaux plus abrupts marquent le premier<br />
pas de la transition vers la haute montagne. Le Cousson<br />
(ci-contre) est la première montagne emblématique du<br />
territoire qui appuie la progression.<br />
Le paysage alpin, caractérisé par de hautes<br />
montagnes commence au niveau de la confluence de<br />
la commune de La Javie et à la fin des Clues de Barles.<br />
Les sommets sont des pierriers blancs, les strates végétales<br />
apparaissent, les couleurs sont plus froides et les<br />
vallées beaucoup plus sombres sont encaissées.<br />
Le c i r q u e d e Se y n e-l e s-Al p e s<br />
La h a u t e va l l é e d u Bè s<br />
Pr a d s-Ha u t e-Bl é o n e<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
PAYSAGE PROVENCAL<br />
La va l l é e d e l’As s e<br />
PAYSAGE DE L’ENTRE-DEUX<br />
La b a s s e va l l é e d e la Bl é o n e<br />
La va l l é e d e s Du y e s<br />
La h a u t e va l l é e d e la Bl é o n e<br />
La b a s s e va l l é e d u Bè s<br />
Carte de représentation sensible du paysage dignois,<br />
qui fait figurer les éléments à dominante naturelle.<br />
«De la Provence au paysage alpin»<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
35
D ynamiques naturelles à l’échelle du Pays<br />
1. Une progression géomorphologique<br />
PAYSAGE DE L’ENTRE-DEUX<br />
point le plus haut : 2139m<br />
(Sommet Blayeul)<br />
point le plus bas : 600m (lit<br />
de la Bléone à Digne)<br />
PAYSAGE ALPIN<br />
point le plus haut : 2961 m<br />
(Tête de l’Estrop)<br />
point le plus bas : 836m<br />
(lit de l’Arigéol)<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
36<br />
Il existe des variations paysagères au sein<br />
même de ces trois subdivisions. Les lieux possèdent<br />
des caractères géomorphologiques propres qui vont les<br />
conduire à avoir parfois des motifs qui divergent. On remarque<br />
que plus on se trouve en amont des rivières, plus l’écart entre le point<br />
le plus bas et le point le plus haut est élevé. Les reliefs sont en effet de plus<br />
en plus impressionnants au fur et à mesure que l’on progresse vers les Alpes.<br />
Il existe néanmoins dans le paysage provençal une scénographie particulière liée<br />
au relief de la vallée de l’Asse et de la basse vallée de la Bléone, et qui est tout autant<br />
chargée d’émotion comme nous le verrons plus loin.<br />
Maquette du relief du pays Dignois<br />
Une progression qui s’opère au sein<br />
d’un relief en évolution constante.
PAYSAGE PROVENCAL<br />
point le plus haut : 1140m<br />
(Pic d’Oise)<br />
point le plus bas : 470m<br />
(lit de la Bléone en aval de<br />
Mallemoisson)<br />
Points de compression du<br />
relief qui renforcent les<br />
basculements paysagers<br />
Maquette du relief du Pays<br />
dignois :<br />
La progression dans le pays<br />
se fait essentiellement par<br />
les fonds de vallée, creusés<br />
par la rivière, et facilitant<br />
la circulation des<br />
populations.<br />
PAYSAGE<br />
ALPIN<br />
PAYSAGE<br />
PROVENCAL<br />
PAYSAGE DE<br />
L’ENTRE-DEUX<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
37
La roche rouge de Paul Cézanne. Les<br />
textures et les couleurs de la roche<br />
sont ici particulièrement bien<br />
illustrées.<br />
Paysage au soleil couchant de Vincent<br />
Van Gogh. Les dynamiques de la<br />
géomorphologie sont ici évidentes.<br />
38<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Carte géologique de l’ensemble<br />
du Pays dignois : une<br />
progression géomorphologique<br />
de la Provence aux Alpes
2. Un territoire millefeuille<br />
Le Pays dignois constitue un ensemble géologique d’exception, extrêmement riche et varié. L’image du millefeuille est sans<br />
doute la plus simple pour illustrer les couches successives qui composent ce socle du paysage qu’est la géologie. C’est en l’étudiant<br />
dans sa genèse, pour saisir le sens profond des formes qu’elle offre, que l’on peut être à même d’évaluer par la suite si l’urbanisation<br />
se fait en cohésion avec le paysage. Elle est à ce titre un outil pour le paysagiste dans l’orientation et la compréhension de l’évolution<br />
des scènes qui s’offrent à nous. Cet outil devient indispensable dans le cas du Pays dignois, car il nous semble qu’avant les lavandes<br />
ou les thermes, c’est la géologie, et donc l’épaisseur du territoire, qui alimente en majeur partie l’identité de cet espace de vie. Des<br />
peintres tels que Van Gogh ou Cézanne se sont attachés à traduire ce socle en peinture et à en illustrer les textures et dynamiques.<br />
C’est aussi la géologie qui, indirectement à travers les caractères morphologiques du territoire et la nature des sols, conditionne une<br />
grande partie des activités humaines. Enfin, l’institution de la Réserve géologique de Haute-Provence atteste une reconnaissance<br />
publique de ce fondement identitaire et paysager, en particulier du Pays dignois.<br />
Devant le rôle clé que prend la géologie dans le Pays dignois, nous ne pouvons ignorer son importance et sa présence si<br />
évidente. Son étude conduit à identifier les différents lieux ou «scènes» dans lesquels les acteurs vont jouer un rôle (ou pas). Quand<br />
ce lien étroit entre la géologie et l’être humain devient sensible, on sent que l’homme appartient véritablement à son paysage, et<br />
compose en accord avec la dynamique du lieu.<br />
Au regard de cette première carte géologique, on peut distinguer les grands ensembles de la Provence et des pré-alpes dignoises.<br />
Le sentiment de progression que l’on a en traversant le pays se confirme : depuis la Provence jusqu’aux montagnes de la<br />
Blanche, on assiste à un déploiement de formes géologiques qui s’étalent du Trias au Quaternaire. Ce sont des formations relativement<br />
récentes si on les compare à celles du Carbonifère (ex : massif Hercynien) mais qui sont exceptionnelles de par leur diversité<br />
et la manière dont elles théâtralisent le paysage. Ainsi on trouve dans la vallée des Duyes l’un des plus grands ensembles de glacis<br />
quaternaires de la Durance, ou encore les clues de Barles ou du Serre qui témoignent des pressions phénoménales exercées par<br />
la surrection des Alpes.<br />
Le millefeuille dignois est en réalité constitué de roches sédimentaires disposées en couches successives. Ces roches sont<br />
d’origine marine, elles résultent de la transformation de vases déposées au fond de la mer par la processus de diagenèse*. Elles<br />
sont constituées d’une alternance de niveaux calcaires et marneux, l’épaisseur de chaque niveau pouvant aller de quelques décimètres<br />
à plusieurs centaines mètres. Ces dépôts constituent au niveau des pré-alpes une épaisseur de 5000 à 6000 mètres. La faune<br />
et la flore prises au piège dans le processus de diagenèse sont alors de précieux indicateurs permettant de dater chaque couche.<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
39
Plongeons ensemble dans l’histoire de ce paysage qui commence<br />
au Trias, le début de l’ère secondaire…<br />
Synchroniser les temps du territoire<br />
40<br />
L i r e l e s e x p r e s s i o n s d e s f o r c e s g é o l o g i q u e s<br />
La mer avançait alors sur la pénéplaine post hercynienne,<br />
surface plane et érodée. En s’évaporant, cette mer laisse derrière<br />
elle des argiles rouges et des gypses, les formations géologiques<br />
les plus anciennes du Pays dignois (1).<br />
Au Jurassique, la mer s’installe pour une plus longue période<br />
et dépose une série mi-calcaire mi-argileuse (2). Tout d’abord des<br />
calcaires marneux noirs, puis des marnes noires et épaisses appelées<br />
«terres noires», et donnant des formations telles que les «dos<br />
d’éléphants» ou les fameuses robines*. A la fin du Jurassique se<br />
formeront des calcaires gris clairs qui constitueront la «barre tithonique».<br />
Cette falaise jouera un rôle géomorphologique essentiel dans<br />
la constitution des paysages de la Bléone et de la Durance avec les<br />
clues de Barles, de Sisteron et du Serres.<br />
Au Crétacé, la mer continue de déposer des sédiments de<br />
Prendre en compte les détails spécifiques à chaque motif<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
manière toujours rythmique, avec un aspect « rubané » caractéristique<br />
(3). Les niveaux franchement calcaires sont peu fréquents, sauf<br />
à la fin du Crétacé Inférieur où on trouve une barre de calcaires gris<br />
et massifs dits barrémiens ou bédouliens. Le Crétacé Supérieur voit<br />
apparaître des calcaires massifs, parfois riches en silex qui forment<br />
de hautes falaises, les sommets des montagnes telles que le Cheval<br />
Blanc ou le Carton.
1. Trias - évaporation<br />
donnant lieu à des couches<br />
de gypses et argiles<br />
rouges<br />
3. Crétacé - formation<br />
des calcaires barrémiens<br />
5. Fin Miocène et Quaternaire<br />
- formation des<br />
failles, glacis et terrasses<br />
sédimentaires<br />
2. Jurassique - formation<br />
des calcaires marneux<br />
noirs<br />
4. Miocène - insurrection<br />
des alpes, formation<br />
des molasses<br />
NB : Le code couleur pour<br />
ces blocs diagramme est<br />
le même que pour la carte<br />
géologique<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
A la fin du Secondaire, la mer se retire de la région subalpine qui<br />
est mise à sec, érodée dès le début du tertiaire ou localement recouverte<br />
de dépôts lacustres ou torrentiels. Puis la mer réapparaît au début<br />
du Tertiaire et dépose des sables qui seront les futurs grès d’Annot.<br />
C’est à la fin du Tertiaire que la formation provençale de Valensole<br />
naîtra, sur les marges du domaine subalpin. Au Miocène, la mer<br />
viendra déposer des sédiments calcaréo-gréseux ou molasses* qui<br />
constituent les sols des plateaux de Puymichel, Valensole et du Sud de<br />
la vallée des Duyes (4). C’est aussi à cette époque que l’on assiste à<br />
l’insurrection des Alpes.<br />
Lors du Quaternaire, les terrasses alluvionnaires et glacis* que<br />
nous connaissons aujourd’hui se forment lors des différentes glaciations<br />
(Mindel, Riss et Würm, la plus récente) et se retrouvent à des niveaux<br />
plus ou moins élevés dans la vallée, les formations les plus jeunes étant<br />
proches ou dans le lit de la rivière. Ces terrasses sont souvent propices<br />
à des implantations humaines et présentent des sols fertiles (5).<br />
Les failles* présentes sur le territoire sont très récentes dans<br />
l’histoire géologique puisqu’elle datent de la fin du Miocène, mis à part<br />
quelques plissements post-jurassiques et post-crétacés. Ces failles<br />
sont importantes dans la géomorphologie du Pays dignois car elles révèlent<br />
le passage d’un type de paysage à un autre. La faille de Digne,<br />
qui correspond à un pincement du lit de la Bléone, illustre par exemple<br />
le passage d’un paysage méditérannéen à un paysage plus alpin. C’est<br />
aussi avec ces failles et ces mouvements de terrains que des couches<br />
géologiques qui étaient enfouies réapparaissent au niveau du sol. Un<br />
document en annexe présente une vision plus détaillée de cette géologie<br />
dignoise.<br />
41
Lac de<br />
Serre-<br />
Ponçon<br />
3. La grande érosion<br />
Sur le socle du Pays dignois, une seconde dynamique<br />
vient croiser cette première dynamique géologique. Difficilement<br />
perceptible au premier coup d’oeil, elle n’en est pas moins porteuse<br />
de sens. C’est l’érosion qui accélère le processus d’évolution<br />
des paysages et qui met en mouvement les éléments<br />
minéraux, depuis les sommets jusqu’au creux des vallées. Le<br />
travail d’érosion de l’eau et des glaciers se retrouve aujourd’hui<br />
dans la géomorpholgie.<br />
Les Duyes<br />
Le Bès<br />
Le relief tel que nous le perçevons aujourd’hui est certes<br />
la résultante de plissements géologiques, mais les nombreux<br />
ruisseaux et rivières ont amené une complexité supplémentaire<br />
et ont démultiplié les formes du relief. Ils nous offrent à l’heure<br />
actuelle une variété de formes qui se retrouve à plusieurs<br />
échelles. Ainsi, les micro-ravins d’une robine (voir ci-dessous)<br />
renvoient aux immenses «pattes de lion» de la Bléone (voir cicontre)<br />
: un creusement qui est présent sous plusieurs formes<br />
dans le paysage. L’incroyable friabilité de ces robines révèle<br />
d’autant plus cette érosion qui, doucement et à chaque instant,<br />
modifie les paysages...<br />
La Bléone<br />
Ci-contre : robines<br />
aux alentours<br />
de Draix<br />
42<br />
Durance<br />
l’Asse<br />
Carte de l’hydrologie<br />
du territoire.<br />
La morphologie du<br />
Pays dignois est la<br />
résultante d’un long<br />
travail d’érosion par<br />
l’eau sur un socle<br />
et sa géologie.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Ci-dessus : le relief des vallées, en particulier celui de la Bléone, est marqué par ces «pattes de lion». Vue vers<br />
la confluence Bléone/Durance et Malijai<br />
Ci-dessous : l’érosion se décline à plusieurs échelles, depuis les sommets jusqu’au larges vallées par des cours d’eau de plus en plus importants.<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
43
Carte des risques d’inondations<br />
Le lieu de la rivière n’est pas simplement l’endroit où<br />
on voit l’eau couler, c’est un espace plus vaste qui comprend<br />
une série de paliers correspondant à différents lits<br />
plus ou moins étendus : lit mineur* (1) où on est toujours<br />
en présence d’eau, lit moyen* (2), suceptible d’être inondé<br />
et lit majeur* (3), inondé lors des crues centenales. Dans le<br />
Pays dignois, le lit moyen est bien souvent l’espace de la ripisylve,<br />
voire de l’agriculture, qu’on retrouve nettement plus<br />
sur le lit majeur.<br />
La Bléone<br />
Les Duyes<br />
Le Bès<br />
Nous considérons la rivière sur toute cette épaisseur<br />
car les terrasses formées au sein de ces lits sont la résultante<br />
de l’action de l’eau au cours des siècles, même si tous<br />
ne sont pas des espaces potentiellement inondables. Cette<br />
épaisseur correspond au «domaine* de l’eau», dont l’emprise<br />
est représentée par les zones de couleur sur la carte<br />
ci-contre. Cette notion de domaine est importante car elle<br />
intervient au moment où on doit choisir un lieu où s’implanter.<br />
Afin de faire paysage, il est donc important de s’implanter<br />
en tenant compte des terrasses créées par les différents<br />
lits et des différents lieux modelés par l’érosion latérale que<br />
traduisent les cônes de déjection.<br />
44<br />
Durance<br />
l’Asse<br />
Les rivières se gonflent selon les saisons, ainsi la<br />
Bléone est une rivière à régime torrentiel, provoqué par la<br />
fonte des neiges au printemps et aux fortes pluies d’automne<br />
du climat provençal. On notera ici la double influence<br />
montagnarde et provençale subie par la Bléone, typique du<br />
Pays dignois.
1. Lit mineur de la Bléone, en<br />
aval des Augiers.<br />
2. Lit moyen, sur lequel s’est implanté<br />
une ripisylve mitoyen d’un<br />
terrain de foot - Mézel.<br />
3. Lit majeur à vocation agricole,<br />
près de Mallemoisson les Grillons<br />
Le jeu des ombres produit par les creusements<br />
de l’érosion renforce la mise en scène<br />
du ravinement quand, le soir venant, le soleil se<br />
couche au-delà des montagnes. Ce jeu est surtout<br />
plus perceptible sur les crêtes dénudées et<br />
l’est moins sur les coteaux boisés, la forêt ayant<br />
tendance à gommer le relief ou à en atténuer la<br />
présence visuelle.<br />
L’érosion dégage des promontoires sur<br />
lesquels les humains viennent parfois s’implanter.<br />
Ce phénomène naturel est alors magnifié<br />
par l’homme qui, en s’implantant sur le solide<br />
éperon par opposition au ravin friable, vient<br />
jouer un rôle admirable dans cette scène de<br />
paysage, et en renforce les contrastes.<br />
L’homme entretient un rapport double,<br />
parfois paradoxal avec le phénomène d’érosion.<br />
Il en tire parti par l’agriculture grâce aux riches<br />
sédiments chariés par les crues, mais il essaie<br />
aussi de s’en protéger. En témoignent les forêts<br />
récentes des coteaux raides et les coussières*<br />
destinées à évacuer les eaux torrentielles. Ces<br />
boisements tendent à effacer le travail laissé<br />
par l’érosion et atténuent la dynamique d’évolution<br />
des paysages dignois.<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
45
4. Protection des dynamiques naturelles<br />
Outre le patrimoine bâti, cette carte des protections<br />
règlementaires, à l’échelle du Pays dignois, recence<br />
les éléments protégés du paysage dignois. On voit<br />
qu’un certain nombre d’éléments de nature géologique<br />
bénéficient d’une protection, ce qui confirmerait la spécificité<br />
géologique de ce territoire. Le Pays fait partie dans<br />
sa quasi totalité de la réserve géologique de Haute Provence,<br />
qui est tout de même la plus grande d’Europe.<br />
On notera cependant une certaine hétérogénéité<br />
dans la répartition de ces protections, à l’image de ce territoire<br />
contrasté. Certains espaces vont jusqu’à cumuler 4<br />
ou 5 types de protections comme le secteur des clues de<br />
Barles dans la vallée du Bès. La monumentalité et l’aspect<br />
sauvage de ces sites sont assurés dans leur pérénnité.<br />
Parallèlemement à cela on constate que ce sont les<br />
espaces dans lesquels il y a la plus grande concentration<br />
humaine qui n’ont peu ou pas de protections règlementaires<br />
(exemple : la basse vallée de la Bléone, le Brusquet...). Or<br />
ces espaces sont les plus fragiles car soumis aux plus fortes<br />
pressions, ils devraient par conséquent bénéficier d’une attention<br />
toute particulière, (pas nécessairement en terme de<br />
protection). Mais les pouvoirs publics ont estimé qu’ils présentaient<br />
moins d’intérêts géologiques, biologiques ou patrimoniaux.<br />
Ils sont encore moins pris en compte pour leur valeur<br />
paysagère, qui englobe et dépasse ces derniers critères*.<br />
46<br />
* Dans le sens où le paysage est plus que la somme des composantes d’un même<br />
espace, c’est aussi un sentiment, une présence.
Si aucune action n’est engagée en terme de protection sur ces espaces, il est donc primordial que la question du paysage soit présente<br />
en amont de tout projet. La logique serait donc de réaliser les implantations nécessaires au développement du Pays en s’adaptant<br />
aux divers aspects du terrain sans avoir besoin d’une protection quelconque, mais plutôt d’un document qui précise «de quelle manière<br />
faire» et sous quelles conditions. En France et ailleurs, de nombreux territoires souffrent de disparités dans la manière dont l’aménagement<br />
est conduit car, sous prétexte de protéger un endroit, il semblerait presque admis de faire table rase du paysage dans l’endroit voisin<br />
qui n’est pas sous protection. Il faut donc prendre garde aux effets pervers d’un déséquilibre règlementaire dans le domaine de la protection<br />
des paysages.<br />
La Réserve Naturelle<br />
Géologique de Haute-Provence<br />
est comme il est dit très<br />
justement dans la Maison de<br />
la Réserve «le Pays de la<br />
Mémoire de la Terre», où le<br />
promeneur peut à tout instant<br />
contempler les grands<br />
moments de la formation du<br />
socle actuel des pré-alpes*.<br />
Une histoire longue de 300<br />
millions d’années... Photos<br />
prises dans la vallée du Bès.<br />
La vallée de l’Asse<br />
est protégée par une zone<br />
natura 2000 sur son intégralité.<br />
Des milieux humides<br />
et des ripisylves y<br />
abritent quantité d’espèces<br />
d’oiseaux rares comme<br />
le butor étoilé, le blongios<br />
nain ou le bihoreau<br />
gris. Ces paysages doivent<br />
être maintenus pour leur<br />
qualités plastiques mais<br />
aussi pour leurs richesses<br />
écologiques, aussi bien<br />
en vallée d’Asse que dans<br />
la vallée de la Bléone.<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
47
R eprésentations mentales du territoire...<br />
...A u t r e f o i s<br />
Carte postale des Mées, dans les années 1950<br />
Les différentes représentations<br />
d’un territoire au cours de l’histoire sont<br />
un moyen intéressant pour observer<br />
l’évolution des regards et des perceptions<br />
mentales du public.<br />
On peut remarquer, par exemple,<br />
qu’au milieu du XXème siècle, la<br />
géologie, le socle, le relief, occupaient<br />
une place importante dans les représentations<br />
du territoire. L’attachement à la<br />
géomorphologie et à la terre était ancré<br />
dans la culture traditionnelle.<br />
Carte postale de Digne-les-Bains, dans les années 1950<br />
L’évolution dans le temps montrera<br />
que cette perception à subi une<br />
réelle métamorphose, parfois éloignée<br />
de la réalité.<br />
48<br />
Carte postale des<br />
Clues de Barles,<br />
dans les années 1950
L’ETE<br />
L’ETE<br />
L’ETE<br />
L’ETEL’ETE<br />
...A ujourd’hui<br />
Il existe aujourd’hui une réelle volonté de mettre<br />
la lavande en position d’image fédératrice du Pays.<br />
Pourtant, même si elle est présente à l’état sauvage<br />
sur certains coteaux dignois, sa production reste peu<br />
importante et se localise essentiellement sur le Plateau<br />
de Valensole. Le paysage dignois est-il victime<br />
de l’imagerie touristique véhiculée par la lavande?<br />
Il n’en reste pas moins que l’identité géologique du<br />
Pays dignois est occultée par cette imagerie de la lavande<br />
qui tend à exclure les autres représentations.<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
49
...A ujourd’hui<br />
L’HIVER<br />
L’HIVER<br />
L’HIVER<br />
L’HIVER<br />
L’HIVER<br />
La partie nord du Pays conserve son attachement au relief et à la morphologie de son territoire. Ce lieu plus rural et plus enclavé,<br />
en haute montagne, possède une identité qui reste forte car visuellement plus facile à percevoir. Elle n’est pas encore noyée<br />
dans les dynamiques et les problématiques liées à l’urbanisation. C’est donc toujours la représentation du relief qui prédomine.<br />
Les allégories du Pays dignois évoluent également en fonction des saisons. L’été, c’est la lavande qui l’emporte, véhiculant<br />
des couleurs chaudes ; l’hiver, Digne est la capitale des sports d’hiver. C’est l’univers lié à la haute montagne qui prévaut. Face à ces<br />
multiples représentations nous voulons donc questionner l’identité du Pays dignois afin d’en déterminer ses véritables composantes.<br />
50
Après cette présentation des principales dynamiques<br />
naturelles à l’échelle du Pays dignois et de la manière<br />
dont elles étaient interprétées par l’homme, nous allons<br />
rendre compte de notre vision personnelle de ce territoire.<br />
A travers les trois grandes entités que sont le paysage provençal,<br />
le paysage de l’entre-deux et le paysage alpin, nous voulons<br />
exprimer notre ressenti vis-à-vis de ces espaces afin d’être<br />
en accord avec notre démarche initiale. Nous allons donc vous<br />
emmener dans notre découverte de ce pays dont nous avons<br />
voulu nous imprégner suite à nos premières excursions sur site...<br />
... bon voyage!<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
51
P remier Acte : Le paysage Provençal en Pays dignois<br />
Massif de vaumuse<br />
Coupe de localisation de la progression dans le territoire du Pays dignois<br />
«La Provence dissimule ses mystères derrière ses évidences»<br />
Jean GIONO<br />
Plateau de Puimichel<br />
C’est au sud-ouest du pays que le paysage tant décrit par Giono déploie<br />
ses formes ondoyantes et subtiles. Mais c’est bien une Provence dignoise et<br />
non une Provence au sens large que nous avons rencontrée lors de nos excursions.<br />
Un paysage où les ombres, en raison d’un relief un peu plus élevé, sont<br />
accrues, et où l’horizon tend à se faire montagnard par endroits, en particulier<br />
lorsque le regard se porte vers l’est... Une Provence plus contrastée à l’image<br />
de ses vallées, où les coteaux exposés au nord évoquent parfois les Alpes<br />
naissantes par opposition aux coteaux exposés au sud, biens plus chauds<br />
dans l’ambiance qu’ils dégagent.<br />
52<br />
Plateau de Valensole<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Le paysage provençal du Pays dignois est délimité au sud par le plateau<br />
de Valensole. Il est parcouru par la vallée de l’Asse et celle de la Bléone. Entre<br />
ces deux rivières aux larges lits se trouve le plateau de Puimichel, moins horizontal<br />
que celui de Valensole. Même si dans l’ensemble il présente une inclinaison<br />
régulière, il est sensiblement plus accidenté que son voisin. Au nord de<br />
la vallée de la Bléone, une série de collines élevées ont pour point culminant le<br />
Pic d’Oise, qui marque avec le Cousson un passage, une progression vers un<br />
autre paysage. C’est le massif de Vaumuse, premier contrefort des Alpes.
Forcalquier<br />
Digne<br />
Castellane<br />
Carte de la répartition des oliviers en région PACA. Ces derniers<br />
se situent sous le trait noir, limite symbolique de la Provence...<br />
L’olivier, un des emblèmes de la Provence,<br />
est encore présent en vallée de Basse Bléone et<br />
en vallée d’Asse. Il termine sa progression au niveau<br />
du pincement dignois, où avec lui finit le paysage<br />
provençal. Sa présence localisée sur le Pays<br />
dignois confirmerait l’hypothèse d’un territoire à<br />
cheval entre Provence et Alpes.<br />
L’olivier, le cyprès ou encore le platane sont<br />
des motifs que l’ont retrouve régulièrement dans<br />
cette provence dignoise. L’intuition expressionniste<br />
de Vincent Van Gogh a merveilleusement bien<br />
traduit les émotions que ces motifs peuvent susciter<br />
dans le paysage auquel ils sont attachés. A<br />
gauche les oliviers, en haut à droite les cyprès, en<br />
bas à droite les grands platanes. A noter sur les<br />
oliviers les mouvements fantastiques du relief et<br />
la dynamique saisissante perçue par le peintre.<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
53
1. La vallée de l’Asse<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Photo de la vallée de l’Asse prise depuis Estoublon. L’importance du ciel qui vient englober tout le paysage... un horizon boisé en continu,<br />
mais des coteaux aux couleurs différentes. A droite, le plateau de Puimichel vient s’achever par des pentes douces et ensoleillées, dans la vallée<br />
de l’Asse. A gauche, la vallée de l’Estoublaisse et son coteau nord (ou ubac) annonciatrice d’un paysage plus froid. Au loin, les contours bleutés<br />
du plateau de Valensole. La largeur de la vallée de l’Asse atteste ici de la formidable dynamique fluviale, puissante dans son emprise mais douce<br />
dans ses contours.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Vallée de l’Asse depuis un hameau en ruine, au nord-ouest de Bras-d’Asse. Le plateau de Valensole est ici imposant d’horizontalité, traçant<br />
dans le ciel une ligne pure et distincte, en limite de Pays. Les versants sud ou adrets sont finement entaillés par de petits ravins.<br />
54
Croquis de la même vallée<br />
Ce croquis fait au même<br />
endroit porte son attention sur le<br />
coteau présent au premier plan.<br />
Sur cette pente exposée au sud,<br />
de vieux chênes pubescents, tortueux<br />
et rachitiques accueillent<br />
lavandes, buis et romarins sur un<br />
sol sec. Les cigales mèlent leurs<br />
chants au concert de parfums qui<br />
nous enivre, le tout sous un soleil<br />
d’automne qui nous ferait croire à<br />
l’été...<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
depuis les hauteurs de Châteauredon,<br />
d’où on perçoit l’aspect progressif<br />
du relief. Depuis les hauteurs<br />
de la Montagne de Beynes,<br />
à l’est de la vallée, jusqu’à l’horizontalité<br />
du plateau de Valensole,<br />
l’Asse suit son cours et semble se<br />
perdre à l’horizon. L’ampleur qu’elle<br />
commence à prendre ici est annonciatrice<br />
des immenses espaces<br />
de la vallée de la Durance, que l’on<br />
pressent au loin.<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
55
2. La confluence de la Bléone avec la Durance<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Les pénitents du village des Mées. Ces colosses de pierre, éléments géologiques formant un coude à<br />
la confluence, marquent l’entrée du Pays dignois depuis la vallée de la Durance.<br />
Ici, les éléments du paysage se font écho de manière singulière. Le dialogue des pénitents avec la<br />
ripisylve sur un horizon qui ondule en arrière plan compose une scène de paysage troublante.<br />
56<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
L’espace de la confluence, une ouverture à 360° sur l’immensité d’un lit aux allures de<br />
plaine. Nos repères pris en Provence dignoise n’ont plus cours dans ce paysage qui porte<br />
la marque du temps...<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
57
3. La basse vallée de la Bléone<br />
La crête du Cheval Blanc<br />
Le Cucuyon<br />
La barre des Dourbes<br />
Le Cousson<br />
La Montagne de Beynes<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Des reliefs qui vont en s’accentuant de gauche à droite, c’est-à-dire depuis le plateau de Puimichel (nettement horizontal ici)<br />
jusqu’au Cousson qui surplombe Digne. On l’identifie comme la première montagne du Pays, elle constitue un point d’appel dans la vallée<br />
et marque le début des pré-alpes. Elle correspond également à l’emplacement du pincement de Digne dans la vallée de la Bléone.<br />
Les dynamiques de la vallée sont linéaires, dans le sens de l’eau, qui a marqué de son empreinte le territoire. Il existe de nombreux<br />
paliers dans les collines au nord de la Bléone, en témoigne ce point de vue pris depuis une terrasse haute. Les terrasses sont dans cette<br />
vallée des éléments structurant fortement le relief. Elles se démarquent des coteaux qui possèdent une texture particulière, composée des<br />
essences ci-dessous.<br />
58<br />
Olivier Chêne Vert<br />
Chêne Pubescent<br />
Laurier Buis Romarin<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Le plateau de Puimichel<br />
Genêt<br />
Ciste<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
59
D euxième acte : Le paysage de l’Entre-Deux<br />
Coupe de localisation de la progression dans le territoire du Pays dignois<br />
Basse Vallée du Bès<br />
L’Arigéol<br />
En franchissant le pincement de Digne, on passe<br />
dans une zone d’ombre où la vallée se resserre, pour s’ouvrir<br />
à nouveau sur la vaste dépression du Brusquet, encadrée<br />
non plus de collines mais de crêtes toutes proches s’élevant<br />
jusqu’à 1500 mètres. Le rideau montagnard s’est considérablement<br />
rapproché, passant d’une vision lointaine et fugace<br />
à un fond omniprésent. C’est également dans cette partie<br />
que l’on rencontre la vallée du Bès, aux parois escarpées et<br />
au lit plus étroit que les vallées provençales.<br />
Pincement<br />
de Digne<br />
Vallée du Bouinenc<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
C’est un paysage de collision que cet «Entre-deux»,<br />
une rencontre entre une morphologie alpine et des ambiances<br />
méridionales réminiscentes qui nous rappellent que la<br />
Provence est à deux pas. Cette collision se traduit sur le plan<br />
géologique par des motifs surprenants, spécifiques à ce paysage<br />
sans cesse en mouvement, porteur d’Histoire, de poésie<br />
et d’éphémère.<br />
60
Les robines* sont très<br />
fréquentes dans ce paysage<br />
comme ici sur le site de<br />
l’Ichtyosaure. Ces buttes quasi<br />
nues sont impropres à la vie<br />
car elles sont composées de<br />
calcaires noirs extrêmement<br />
friables, ce qui empêche la<br />
végétation de s’implanter. On<br />
peut sentir en contrepartie l’action<br />
d’érosion sur ces surfaces<br />
atypiques aux évocations lunaires.<br />
Le mur des ammonites<br />
doit son nom à ces fossiles incrustés<br />
dans la paroi rocheuse,<br />
qui fut, au Jurassique, un fond<br />
marin accumulant les dépôts. Ce<br />
fantastique témoignage est quelque<br />
peu mis à mal aujourd’hui<br />
par un aménagement maladroit.<br />
Accolé à la route, il fait pâle figure<br />
face à la monumentalité de<br />
cet édifice minéral.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
61
1. La ha u t e v a l l é e d e l a Bl é o n e<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Le pincement de Digne, entre le<br />
Cousson (à droite) et Le Martignon (au<br />
premier plan à gauche), marquant l’entrée<br />
des Préalpes* dignoises. Sur ces pâturages<br />
peu à peu gagnés par la forêt, on lit<br />
parfaitement les incisions des vallons que<br />
Pin à crochet<br />
Pin Sylvestre<br />
Fusain<br />
la végétation aurait tendance à masquer.<br />
Ici elle surligne au contraire une falaise de<br />
calcaire, rupture de pente au dessus de<br />
laquelle s’étend la forêt. Une végétation<br />
Des figures géomorphologi<br />
ques importantes de<br />
ce paysage avec en haut le<br />
Cucuyon et en bas la Barre<br />
des Dourbes.<br />
dite supraméditérranéenne a colonisé ces<br />
coteaux. Elle se compose principalement<br />
des essences ci-dessous, avec quelques<br />
espèces présentes en partie provençale<br />
(lavandes, genêts). La différence nord/<br />
sud sur les coteaux se fait d’avantage ressentir<br />
ici à travers des atmosphères plus<br />
contrastées et des «chauds et froids» plus<br />
prononcés.<br />
62<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
La crête de Limen<br />
La crête des Barres<br />
La crête de la Blache<br />
La crête du Cheval Blanc<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
En survolant le Martignon,<br />
on aperçoit la vaste<br />
dépression du Brusquet, encadrée<br />
par les crêtes de Limen<br />
et de la Blache. Au loin,<br />
la crête du Cheval Blanc et<br />
celle des Barres, annonçant<br />
la Montagne de la Blanche.<br />
Sur cette crête, on voit d’ici<br />
de la Tête de l’Estrop, point<br />
culminant du secteur.<br />
Ci dessous: Lieu de la<br />
confluence entre l’arigéol<br />
et la Bléone (la Javie),<br />
présence intemporelle de<br />
la rivière et des montagnes.<br />
Les ombres s’allongent<br />
avec la hauteur des<br />
coteaux plongeant au fur et<br />
à mesure que nous nous enfonçons<br />
dans le pays.<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
63<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
2. Co t e a u x d e l a v a l l é e d u Bo u i n e n c<br />
Une vision depuis de Draix, en<br />
retrait par rapport à la haute vallée<br />
de la Bléone, qui illustre la rapidité<br />
de l’évolution des paysages géologiques.<br />
Une terrasse haute cernée par<br />
les robines dans la vallée du Bouinenc<br />
avec en fond le Cucuyon et la crête du<br />
Cheval Blanc.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
S’installer au creux des robines...<br />
être cernée par un paysage<br />
aux formes éphémères...<br />
64<br />
64<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
La végétation semble instable, en<br />
mouvement constant, l’érosion est<br />
marquée...<br />
En Hiver, deux éphémères... qui renforce la<br />
poésie d’un paysage emblématique...<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
65
3. La ba s s e v a l l é e d u Bè s<br />
La vallée du Bès dont le lit se reserre progressivement mène vers les clues de Barles. Un<br />
autre passage vers les paysages alpin, au caractère spectaculaire et quasiment dénué de toute<br />
implantation humaine. C’est un lieu ou la géologie s’exprime de manière évidente et où l’on perçoit<br />
l’évolution du paysage à l’échelle de la Terre. Lieu d’émotions fortes, les verticalités se dressent<br />
telles des colosses, étouffants, contraignants, appelant à une dimension mystique du paysage.<br />
Le Bès au lit un peu plus étroit que celui de la Bléone est<br />
cadré par de forts coteaux plongeants aux ombres prononcées. La<br />
vallée est à ce point encore assez large pour percevoir la crête de<br />
Blayeul...<br />
Pa s d’h o m m e pa s d’h o m m e pa s d’h o m m e...<br />
66<br />
66<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Goldsworthy dans les clues de Barles<br />
... mais la vallée se resserre de plus en plus jusqu’au<br />
paroxisme des clues de Barles, écrasantes et chaotiques,<br />
verticales...<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
67<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
T roisième acte : Le paysage alpin en Pays dignois<br />
Coupe de localisation de la progression dans le territoire du<br />
Pays dignois<br />
En sortant des clues de Barles, le Bès<br />
prend des allures de torrents de montagne.<br />
Dans la haute vallée de ce cours d’eau, des<br />
passages froids et humides dans des gorges<br />
nous indiquent que nous avons délaissé le paysage<br />
méditérranéen pour une ambiance montagnarde.<br />
Les couleurs ont, elles aussi, changé,<br />
allant dans des tons plus froids, plus piquants<br />
qu’auparavant.<br />
Lorsque la largeur de la vallée le permet,<br />
le regard se porte sur les sommets dénudés.<br />
Depuis la vallée, les hauteurs de ces crêtes nous<br />
semblent encore plus vertigineuses, on réalise<br />
alors le chemin parcouru depuis les Mées... et le<br />
sentiment d’un territoire de progression.<br />
68<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Le choronyme «Alpes» est issu d’une racine<br />
pré-celtique «alp» qui viendrait de «albos»<br />
signifiant selon Delamarre «le monde lumineux,<br />
le monde d’en haut». Les mots «alp», «alpaut»<br />
ou «alpagut» ont le sens de haut, élevé, puissant.<br />
Autant de sens que l’on retrouve dans les<br />
émotions qui nous submergent, dans ce paysage<br />
de démesure.
Objectif Lune : les sommets dénudés<br />
témoignent d’une érosion encore active et<br />
très forte de ces terrains. L’eau, le froid,<br />
le vent, et la gravité agissent sur ces sols<br />
de manière à ce que l’on retrouve ces matériaux<br />
en fond de vallée.<br />
En arrière plan, la montagne de la Blanche<br />
qui jouxte Seyne. Le gradient végétal est ici<br />
clairement lisible (il l’est d’autant plus<br />
en automne grâce aux couleurs du mélèze), et<br />
l’étage asylvatique arrive très tôt, ce qui<br />
tend à exagérer les hauteurs des ces crêtes.<br />
Dans les Alpes centrales, cet étage est en<br />
général situé plus haut.<br />
Arrivée dans les Alpes non<br />
loin de la source de la Bléone. Les<br />
reliefs abrupts, les vallées profondes<br />
et étroites caractérisent ce paysage<br />
comme ici à Prads-Haute-Bléone.<br />
Le soir arrive bien plus tôt dans ces<br />
vallées.<br />
Le cirque de Seyne, vaste cuvette<br />
où coule la Blanche vers le<br />
lac de Serre-Ponçon, que l’on devine<br />
au loin. Ce cirque est d’une ampleur<br />
considérable et met en scène les<br />
montagnes qui le bordent, en leur<br />
donnant le recul nécessaire pour apprécier<br />
ces hauteurs.<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
69
Sapin de Douglas<br />
Mélèze<br />
Hêtre<br />
Nos errances au sommet en quelques photos... se sentir loin des hommes<br />
et appartenant au paysage permet d’en conserver l’essentiel afin<br />
de servir le projet de paysage, et de se rapprocher de l’humain.<br />
70<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows
Nos premières excursions sur la Montagne de la<br />
Blanche, en automne, nous ont laissés un sentiment très<br />
fort. Découvrir un paysage lunaire, intact, déstabilisant par<br />
sa nudité... Ces sommets sont exposés à l’Ouest et se révèlent<br />
dans leurs plus belles couleurs au soleil couchant.<br />
Etrangement, c’est lorsque nous étions au plus loin de la<br />
Provence que nous comprenions le sens de ces paysages<br />
parcourus... Depuis ces sommets les rivières du Pays prennent<br />
leur source, et emmènent les sédiments qui alimentent<br />
les paysages en aval...<br />
Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
71
... C’est sur le lac de Serre-Ponçon entitée forte de la région PACA<br />
et frontière nord du Pays dignois, que se finit notre périple à travers ce paysage<br />
dont nous avons voulu sentir et identifier les composantes naturelles.<br />
Dans cette partie nous nous sommes délibérement concentrés sur le socle<br />
géomorphologique et les motifs paysagers afin de comprendre le sens des<br />
lieux. Ainsi l’homme peu s’implanter, en conservant la nature première<br />
des sites, et en renforçant l’identitée du territoire. Nous allons maintenant<br />
aborder la partie dite «anthropique»; celle qui fait la vie de ce territoire pour<br />
comprendre comment faire paysage dans les implantations futures.<br />
72
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Sur les planches du paysage dignois : Dynamiques en trois actes<br />
73
L e jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />
74
Les êtres humains adoptent toujours une posture particulière visà-vis<br />
du paysage, que celle-ci soit en accord avec les lieux ou non. Qu’il<br />
y ait interaction entre l’homme et son espace de vie ou que l’un tourne<br />
le dos à l’autre, l’homme fait un choix, se positionne dans l’espace.<br />
La posture qu’il adopte alors en dit long sur lui même : son identité, sa<br />
spiritualité, son appartenance à un clan, un village, un état, le système<br />
économique et social dans lequel il s’inscrit et enfin, sa sensibilité.<br />
La manière dont les humains s’établissent en un lieu racontent<br />
toujours une histoire, un dialogue, un jeu entre des personnages sur<br />
une scène de théâtre. Dialogue entre les personnages, mais aussi<br />
dialogue des personnages avec le lieu. Il arrive que les protagonistes<br />
parlent un langage différent du socle sur lequel ils s’installent, et les<br />
spectateurs que nous sommes ne parviennent plus à comprendre la<br />
scène qui se déroule sous leurs yeux. Bien souvent nous n’avons pas<br />
su comprendre et nous approprier le langage du paysage pour le restituer<br />
sous une nouvelle forme. L’échec de cette tentative est souvent<br />
dû à l’abscence d’un véritable processus de projet qui, lorsqu’il est mis<br />
en oeuvre dans chacune de ces étapes, permet de «jouer le jeu du<br />
paysage», autrement dit donner un sens à l’occupation de l’homme sur<br />
son site et à la scène ainsi créée.<br />
- Les typologies agricoles<br />
- Les implantations bâties<br />
- Les infrastructures de circulation<br />
- Les flux humains et économiques<br />
En premier lieu nous allons étudier l’évolution des implantations<br />
humaines sur le socle du paysage et ce à travers l’Histoire afin de mieux<br />
comprendre la situation actuelle.<br />
Le jeu des acteurs sur les planches du paysage<br />
Notre propos dans cette partie intitulée «le jeu des acteurs sur<br />
les planches du paysage» est d’analyser quels sont les éléments anthropiques<br />
du paysage et quels rapports ces derniers entretiennent avec<br />
le socle du Pays dignois. D’ores et déjà nous voyons apparaître les<br />
éléments suivants...<br />
Nos premiers blocs diagrammes étudiant ce rapport des hommes<br />
à leur socle, dans des vallées de morphologie différentes. De gauche<br />
à droite et de haut en bas : basse vallée de la Bléone, vallée du Bès,<br />
haute vallée de la Bléone(le Brusquet), haute vallée de la Bléone<br />
(Prads-Haute-Bléone).<br />
75
L’évolution d’un jeu dans le temps<br />
Nous avons choisi de présenter l’évolution des implantations humaines dans le paysage selon trois grandes périodes, à l’aide de blocs<br />
diagrammes schématisant cette évolution. Au cours de l’Histoire, les habitants se sont adaptés en fonction de plusieurs critères : les qualités<br />
nutritives du sol, l’inclinaison des coteaux, l’altitude, l’ensoleillement, les vents dominants, ou encore la proximité de l’eau.Toutes ces conditions<br />
ont permis l’implantation de villages riches de diversité, mais dans lesquels on retrouve des logiques d’implantation similaires. Nous allons<br />
voir qu’avec le temps, ces facteurs naturels autrefois décisifs dans le choix de l’implantation humaine vont être peu à peu remplacés par des<br />
facteurs économiques : impératifs de temps de trajet, coûts de mise en oeuvre, opportunités foncières.<br />
Agriculture sur coteaux<br />
Villages en promontoir<br />
Les noyaux anciens de villages sont répartis sur des socles<br />
rocheux divers, à l’abri des lits de fleuves et des glissements de terrain<br />
entre la vallée de l’Asse, la basse Bléone et les paysages alpins de<br />
la Haute Bléone. Les habitants du Pays dignois sont pour beaucoup<br />
descendants d’une culture paysanne commune à tous les villages<br />
longeant la Bléone, véritable colonne vertébrale du pays. Autrefois,<br />
et jusque dans les années 1950, la population était, beaucoup plus<br />
qu’aujourd’hui, regroupée dans les villages perchés. La forêt ne<br />
recouvrait pas encore les coteaux, et mis à part les endroits trop<br />
abrupts, les espaces hors des villages étaient consacrés à une<br />
polyculture disséminée et à l’élevage.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
76<br />
Même si Digne se démarque par sa taille, les rapports entre le<br />
bourg de Digne et les villages sont différents par rapport à aujourdhui,<br />
et ces derniers arrivent à subsister sans pour autant être en situation<br />
d’autarcie. Les villages communiquaient par un réseau de chemins<br />
à flanc de coteau, étendu à l’ensemble des vallées et s’adaptant à<br />
la géomorphologie et au contours du relief. A l’époque, la majeure<br />
partie des trajets se faisaient à pied ou à dos d’âne. Cette adaptation<br />
humaine de chemins transversaux permettait de traverser rapidement<br />
les coteaux, notamment pour faire boire les troupeaux.
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
L’agriculture et les paysages<br />
ouverts disparaissent<br />
au profit de la forêt<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Progressivement la population<br />
s’installe en fond<br />
de vallon<br />
Puis le long des<br />
axes routiers...<br />
L’homme a pu s’installer en fond de vallée à partir du moment où il a su maîtriser<br />
les aléas des crues et la dangerosité de la Bléone. Cependant, dans l’évolution de<br />
l’appropriation des lieux, l’homme va d’abord les cultiver, et rentrer chez lui le soir dans<br />
son village sur les hauteurs. Ce mouvement s’est acceléré avec la modernisation des<br />
systèmes de production, car la rentabilité de ces espaces est plus forte. Les parcelles<br />
situées plus haut sur des plateaux moins accessibles, plus étroites, ont perdu en<br />
rentabilité et commençent à s’enfricher. D’un lieu de travail, le fond de vallée devient<br />
progressivement un lieu où l’on habite, et où l’on construit des granges qui deviennent<br />
des habitations.<br />
C’est avec l’avènement de la voiture que les changements se sont accélérés.<br />
Pour des raisons d’adaptabilité et de gain de temps, les voies routières se sont<br />
étendues sur les fonds de vallées et rapprochées du lit de la Bléone (notamment<br />
la route Napoléon). Digne, ville préfecture, est le coeur névralgique du Pays vers<br />
lequel tout converge, voiries, biens et personnes. L’activité et les services y siègent<br />
et accompagnent une densification urbaine des fonds de vallées. Le long de la<br />
route Napoléon, en particulier, de nouveaux centres se sont construits, laissant les<br />
bourgs historiques en toile de fond.<br />
L’étage montagnard est resté quasiment inchangé en terme d’implantations<br />
humaines, mis à part quelques hameaux désertés. Parallèlement on assiste à un<br />
exode depuis les villages aujourd’hui vides de population la majeure partie de<br />
l’année, hormis ceux situés dans la basse vallée de la Bléone. Seules les périodes<br />
de vacances, au printemps ou pendant l’été, voient les familles revenir à leur lieu<br />
d’origine pour quelques semaines, surtout dans la partie montagnarde. On est à<br />
l’heure actuelle en présence d’un territoire plus contrasté, avec une répartition<br />
moins homogène des individus. Il en résulte des paysages parfois très sauvages,<br />
où la forêt remplace les paturâges et où la nature redevient toute puissante. De<br />
manière générale, les mutations du paysage traduisent celle de l’économie, où l’on<br />
est passé d’une échelle locale à une échelle nationale, voire internationale.<br />
Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />
77
Ce p r o c e s s u s e s t j u s t i f i é e t n é c e s s a i r e:<br />
−<br />
−<br />
−<br />
L’activité économique liée au val de Durance a permis de créer une émulation urbaine<br />
en basse vallée de la Bléone, des activités de service profitables au Pays dignois.<br />
L’adaptation du système de voirie aux véhicules modernes à permis un plus grand<br />
trafic étendant la zone de chalandise à l’ensemble des voies.<br />
La descente progressive de l’habitat sur les fonds de vallées ou plaines alluviales<br />
est une des réponses nécessaires à l’adaptation des noyaux villageois aux systèmes<br />
modernes de desserte. C’est une logique de recherche de confort en milieu rude.<br />
Ma i s c e m ê m e p r o c e s s u s e n t r a i n e b o n n o m b r e d’e f f e t s p e rv e r s :<br />
−<br />
−<br />
−<br />
−<br />
La densification urbaine se fait en masse sur une majeure partie de part et d’autre de<br />
la route Napoléon, c’est à dire sans tenir compte des spécificités des lieux traversés,<br />
pourtant très différents. La réponse à la question «comment habiter en ces lieux»<br />
reste la même, quel que soit le lieu rencontré. La route Napoléon n’a plus seulement<br />
une fonction de desserte mais conditionne véritablement l’urbanisme.<br />
Ce processus urbain n’est pas forcément guidé dans une démarche de projet<br />
(reconnaissance de l’identité et des qualités du lieu, recherche d’une implantation<br />
adéquate). L’alignement systématique de l’habitat sur les routes fait perdre par endroit<br />
la lisibilité des lieux traversés.<br />
Dans certaines villes comme Digne, les extensions construites nient la Bléone,<br />
pourtant épine dorsale du Pays.<br />
Dans beaucoup de vallées agricoles (plan de Gaubert à Digne, Le Brusquet), le<br />
bâti est édifié selon la libération de parcelles. Ceci induit un mitage et par endroit un<br />
risque de saturation des espaces agricoles condamnés à terme à disparaître.<br />
78
Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />
79
U n espace agricole de contrastes<br />
L’espace agricole du Pays dignois occupe le territoire avec une logique<br />
d’adaptation à la géomorphologie. Il y a un gradiant dans les types d’occupation<br />
du sol entre la Provence et le paysage alpin.<br />
Carte sensible de l’espace<br />
agricole Dignois<br />
Dans les vallées de l’Asse et de la basse vallée de la Bléone, les parcelles<br />
agricoles sont larges, étendues. Elles suivent le lit des rivières selon une<br />
pente naturelle d’écoulement (1). Des coussières* aident à l’évacuation des<br />
eaux depuis les coteaux. Au même titre que ces fonds de vallées cultivés de<br />
céréales, certains coteaux doux de la basse vallée de la Bléone, de la vallée<br />
de l’Asse, ou des Duyes, sont cultivés, mais de manière moins intensive (2).<br />
Le parcellaire est à ces endroits plus dense. Aujourd’hui l’habitat se construit<br />
essentiellement dans les fonds de vallées, sur les espaces agricoles que le<br />
phénomène de mitage fragmente et fragilise encore plus. La libération de parcelle,<br />
devenue constructible, semble prévaloir sur une démarche de projet.<br />
L’étage de «l’entre deux» avec la haute vallée de la Bléone marque un<br />
rétrécissement puis une légère réouverture sur un paysage agricole qui trouve<br />
encore sa place (3). Les coteaux s’escarpent et l’agriculture s’insinue sur des<br />
terrasses hautes ou des plateaux (4). Les céréales commencent à faire place<br />
aux pâtures, aux prés fauchés, ce qui confère au paysage un aspect plus<br />
montagnard. Les vergers sont fréquents en fond de vallée (5). L’agriculture est<br />
quasi absente de la vallée du Bès, espace sauvage par excellence.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Enfin, l’étage alpin, avec des fonds de vallées étroits est constitué de<br />
parcelles enclavées de tailles réduites. Les vergers, et les champs fauchés<br />
constituent l’espace agricole encore en activité, mais réduit. Seul le cirque de<br />
Seyne constitue un paysage agricole d’importance (6).<br />
80
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
1. Paysage de basses terrasses cultivées en vallée d’Asse : le parcellaire<br />
créé perpendiculairement au lit mineur de l’Asse donne un rythme à la traversée<br />
de la vallée.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
2. Culture de lavande et de céréales sur le plateau de Puymichel,<br />
près de de St Jeannet.<br />
3. Dépression agricole entre Marcoux et le Brusquet, en haute<br />
vallée de la Bléone.<br />
5. Culture de fruitiers à La Javie, sur l’espace de la confluence<br />
Bléone/Arigéol.<br />
Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />
4. Exemple des villages de Draix et Archail : des noyaux vilageois entourés<br />
d’un parcellaire agricole, oasis cultivé dans un désert de robines.<br />
6. Cirque de Seyne, où le replat et les pentes douces en piémont<br />
des montagnes sont cultivés.<br />
81
F ormes d’habitat et logiques d’implantation<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Vue oblique au dessus<br />
du nord-est de Digne, un lieu<br />
où le tissu urbain de la vallée<br />
de la Bléone contraste fortement<br />
avec les coteaux et montagnes<br />
inoccupées.<br />
82
En photos, une représentation de l’habitat varié dans les trois principales entités paysagères du Pays.<br />
PAYSAGE DE PROVENCE<br />
Les emprises au sol les plus importantes du Pays dignois : des villages inchangés sur les hauteurs, parfois en ruine, des lotissements qui<br />
surgissent le long de la N85, un bâti qui jouxte l’agriculture, et parfois le supplante, une typologie provençale du bâti (plus ou moins authentique).<br />
PAYSAGE DE L’ENTRE DEUX<br />
Une conccurence plus rude entre bâti et agriculture dans les espaces ouverts et, de manière générale, une plus grande proximité avec la<br />
géologie (Draix, Archail, Barles...).<br />
PAYSAGE ALPIN<br />
Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />
Seyne occupe une position centrale dans l’occupation du nord du pays. Un bâti peu présent donc, mis à part dans le cirque de Seyne, avec<br />
une empreinte faible sur le paysage. Matériaux et disposition du bâti font explicitement référence à la montagne.<br />
83
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Sur le croquis ci-contre,<br />
les secteurs de la Sèbe, des Sièyes<br />
et des Augiers non loin du<br />
bourg de Digne sont urbanisés en<br />
continu. Les zones bâties se dispersent<br />
sur de nombreux lieux, et<br />
l’urbanisme s’étale sur les rives<br />
de la Bléone, les vallons et cônes<br />
de déjection et sur les terrasses<br />
basses créées par la rivière.<br />
La pression urbaine a induit<br />
cette continuité bâtie le long<br />
de la route Napoléon sans tenir<br />
compte des différents lieux traversés,<br />
erreur qu’il ne faudrait<br />
pas reproduire dans les projets<br />
d’urbanisme actuels. Laisser des<br />
respirations, par exemple aux endroits<br />
où les vallons rejoignent<br />
la Bléone, permettrait de donner<br />
une lisibilité au paysage et<br />
d’éviter la banalisation de cet<br />
axe structurant qu’est la vallée<br />
de la Bléone.<br />
Ci-dessous, un panoramique depuis la maison de la géologie sur le nord de Digne, où on voit que les extensions de<br />
la ville se sont faites en ignorant le rapport au fleuve et en faisant passer sur un talus la D900a, qui coupe Digne de la<br />
Bléone. Conserver un lien fort aux éléments structurants du paysage est primordial pour que le développement d’un ville comme<br />
Digne se fasse en harmonie avec son lieu.<br />
84<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Digne-les-Bains concentre quasiment les deux tiers de la population du pays. Autant dire que le Pays dignois possède une dynamique d’occupation<br />
fortement centralisée. On sait ainsi que la haute et basse vallée de la Bléone regroupe les 8/10 de la population du pays (voir annexe 3, 4,<br />
5, 6, 7, 8), si l’on met de côté Seyne qui pour l’instant ne fait pas partie du Pays dignois, administrativement parlant. C’est dans ces parties du Pays<br />
que la population a le plus augmenté dernièrement, si l’on ajoute la commune de Thoard dans la vallée des Duyes. C’est donc dans ces paysages<br />
qu’il faudra accompagner l’évolution de l’urbanisme le mieux possible, compte tenu des effets négatifs sur le paysage que celui-ci peut générer dans<br />
ces vallées.<br />
A l’opposé des modèles vus précédement, des villages de la vallée de l’Asse comme Beynes (à gauche) et Mézel (à droite) se sont implantés en mimant<br />
le relief, en adoptant une posture de rejeu* par rapport au socle sur lequel ils sont implantés. Dans un cas, le village s’installe dans la continuité de<br />
la crête rocheuse sur laquelle il s’implante et dans l’autre, le village se tient en pied de coteau, venant s’appuyer sur le relief. Ce sont ces attitudes<br />
que nous cherchons à développer dans les propositions que nous ferons dans la partie suivante.<br />
Plan et croquis<br />
schématiques des<br />
villages d’Estoublon<br />
et Bras d’Asse.<br />
Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Dans cette même vallée de l’Asse, l’évolution du bâti au fil des siècles<br />
précedemment évoquée, se traduit ici par des habitations venant s’insérer<br />
dans le parcellaire agricole, présent sur le lit majeur de la rivière. Un<br />
bâti plus épars et moins dense, que certains pourraient qualifier de mitage...<br />
Pourtant l’activité agricole est maintenue sur ces sols et le bâti ne menace<br />
pas (pour l’instant) cette activité. Il faut prendre garde à ne pas condamner<br />
ce qui pourrait sembler de prime abord comme une menace pour l’agriculture.<br />
Cette manière d’habiter le lit est adaptée à ce paysage par l’harmonie qu’il<br />
créé en suivant le rythme du parcellaire, perpendiculairement à l’Asse.<br />
85
U n réseau routier disparate qui dessert le paysage.<br />
Réinstaurer un<br />
dialogue entre<br />
la route et le<br />
paysage<br />
Lieu de Basculement<br />
des densitée<br />
routières<br />
sur le territoire<br />
Carte des réseaux routiers du territoire<br />
Seyne-les-Alpes<br />
De manière générale, on peu considérer que le réseau<br />
routier offre les premiers points de vue sur le paysage pour<br />
la majorité des utilisateurs qui l’empruntent. Riche de potentiel,<br />
il est souvent paradoxalement le lieu le plus impersonnel<br />
d’un site. Généralement à la base d’une implantation urbaine<br />
linéaire facilitée par toutes les autres infrastructures qu’elle véhicule,<br />
la route tend à banaliser les lieux traversés. Elle possède<br />
donc des atouts non négligeables, qu’il faut savoir saisir<br />
pour mettre le paysage en valeur, mais également des défauts<br />
qu’il faut apprendre à canaliser, traiter, voire même retourner.<br />
Toute la difficulté réside dans la juste mesure des implantations<br />
urbaines qui s’installent aux abords des routes en tenant<br />
La Javie<br />
compte des lieux existants, afin de mettre en valeur l’identité<br />
d’un site sans aller à son encontre. C’est ce qui permet d’offrir<br />
un paysage de qualité ou non.<br />
Château Arnoult<br />
St Auban<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
86<br />
Mallemoisson<br />
Bras d’Asse<br />
Digne les Bains<br />
Le réseau routier du Pays dignois est disparate à l’image<br />
des autres implantations anthropiques. Ce phénomène est<br />
clairement visible de part et d’autre du pincement de Digne.<br />
Au sud la basse vallée de la Bléone plus large accueille une<br />
nationale (la route Napoléon) et, au nord, un réseau de départementales<br />
parcours les fonds de vallées desservant les<br />
villages jusqu’au lac de Serre-Ponçon. Outre les densités de<br />
populations à desservir, on peu noter que le relief est également<br />
à la base du déséquilibre routier du Pays. En effet, il<br />
est souvent plus difficile d’installer une route sur un relief que<br />
sur un fond plat. Pourtant, les nombreux lacets effectués par<br />
une route de montagne font souvent prendre conscience au<br />
conducteur de l’amplitude d’un relief.
Ces temps plus ou moins longs de parcours du territoire sont importants<br />
pour la compréhension d’un lieu. Le trajet linéaire est souvent<br />
moins instructif que les routes en lacets, car il autorise une rapidité de<br />
trajet, alors que les virages offrent des vitesses différentes de parcours<br />
et donc des temps de pause et d’observation du paysage.<br />
La diversité des motifs paysagers rencontrés est également à la<br />
base de la compréhension d’un territoire. Nos sociétés rapides ont souvent<br />
tendance à transformer en contrainte ce qui pourrait être un atout.<br />
La traversée de la basse vallée de la Bléone par la route Napoléon<br />
est riche d’enseignements. Avec un vocabulaire de voie rapide, la route<br />
offre difficilement des points d’arrêt. Les villes traversées ne s’affirment<br />
pas et sont presque des détails sur un parcours. Alors qu’elle pourrait<br />
être une vitrine pour le paysage, la nationale reste un axe routier qui<br />
permet simplement de raccorder plus rapidement la vallée de la Durance<br />
à Digne.<br />
Paradoxalement, oubliant le paysage, on a su mettre en valeur<br />
les zones économiques. Le centre commercial Carrefour est clairement<br />
visible et offre la première vision d’entrée sur la ville de Digne. Puis des<br />
murs et des talus antibruit séparent la route de la ville devenant un axe<br />
sans identité, proposant même un aménagement qui oublie de parler<br />
d’une rivière sauvage à régime torrentiel. L’arrivée sur la ville a donc<br />
perdu contact avec le territoire.<br />
De même, la traversée de la vallée de la Bléone au niveau du<br />
Brusquet par la départementale montre un paysage impersonnel contrairement<br />
au potentiel du lieu. Au niveau de Marcoux, la départementale<br />
offre à voir les Robines ; puis des paysages ouverts qui parlent du site.<br />
Les implantations humaines se font généralement en retrait. Ce travail<br />
sur les allers retours entre la micro-échelle et la macro-échelle de perception<br />
sur la géomorphologie est plus que bénéfique. Malheureusement<br />
une urbanisation linéaire occupe les abords immédiats de la route<br />
au niveau du Mousteret et du Moulin et commence à masquer les particularités<br />
du lieu. La départementale se transforme en voie de contournement<br />
au niveau du Brusquet séparant l’ancien village des nouvelles<br />
extensions. Il en ressort un certain malaise, pour les utilisateurs, mais<br />
aussi pour les riverains qui ne savent pas comment aborder cette départementale.<br />
Fléau ? Point de raccordement ? Possibilité de découverte<br />
d’un paysage ? Il reste que le trajet à ce niveau n’offre pas d’identité<br />
claire du lieu et donc ne donne pas au conducteur l’envie de s’arrêter.<br />
Pour résumer, les axes routiers fréquentés du Pays dignois sont<br />
considérés comme des contraintes alors qu’ils pourraient être des atouts<br />
de fréquentation des paysages. Il serait intéressant de reconsidérer ces<br />
axes dans une perspective de dialogue avec les sites, les lieux et leurs<br />
paysages, en mettant en valeur les fondamentaux de l’identité du Pays,<br />
à savoir la géomorphologie du territoire, sa géologie et ses rivières.<br />
Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />
L’implantation d’une autoroute de 18 km se pose en termes de<br />
transparence du paysage où la prise en compte des lieux et de leurs<br />
identités et spécificités sera une forte gageure et un enjeu important<br />
pour le paysage du Pays dignois.<br />
87
La r o u t e Napo léon, d e Malijai à Di g n e-l e s-Ba i n s:<br />
un potentiel pour une nouvelle prise en compte du paysage naturel<br />
Depuis la route, le Cousson relief<br />
emblématique de Digne. Ici<br />
le dialogue est établi avec le<br />
paysage.<br />
Passage à Mallemoisson, le traitement<br />
routier garde malgré le<br />
feu rouge un vocabulaire de voie<br />
rapide.<br />
Le long de la route, à Mallemoisson,<br />
un espace central de<br />
vie converti en parking immense<br />
pour un restaurant.<br />
L’absence de dialogue avec le<br />
paysage est tel que l’on ne<br />
s’aperçoit pas qu’une coussière<br />
passe au dessus de la route.<br />
Contact visuel avec la Bléone,<br />
rétablissement d’un dialogue<br />
avec le paysage.<br />
La première vision de Digne par<br />
la zone commerciale mise en valeur<br />
par des espaces ouverts.<br />
Une route qui s’ouvre également<br />
sur ses industries.<br />
Une nouvelle prise de contact<br />
avec la Bléone encore sauvage,<br />
retour au socle et au paysage.<br />
Digne les Bains<br />
Banalisation du traitement routier,<br />
et vocabulaire de voie rapide.<br />
Entrée de ville sur une route<br />
impersonnelle, le long de murs<br />
anti bruit...<br />
Mallemoisson<br />
... Avec une promenade géométrique<br />
qui s’organise le long de la<br />
route plutôt que le long du fleuve<br />
: un traitement rigide pour<br />
une rivière sauvage.<br />
En fond la ville de Digne et son<br />
clocher, au premier plan la promenade<br />
à l’encontre de toutes<br />
les logiques des lieux.<br />
Route Napoléon<br />
Route Napoléon<br />
88
Ci-contre: une<br />
route communale en lacets<br />
qui relie Digne à Courbon.<br />
Elle traverse des motifs<br />
paysagers et des lieux qui<br />
mettent en scène la compréhension<br />
de l’espace par<br />
un dialogue établi entre<br />
le socle et l’implantation<br />
Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
89
U ne enclave économique propice au tourisme<br />
Carte des Migrations du territoire<br />
Les principaux flux journaliers se font en<br />
Pays dignois depuis les villes et villages vers Digne,<br />
centre névralgique du territoire. Le statut de<br />
préfecture de la ville sous entend de nombreux<br />
services qui sont une source d’emploi importante<br />
dans de ce pays relativement enclavé.<br />
Les flux à l’échelle de la Région connaissent<br />
un déplacement majoritaire vers Aix en Provence<br />
comme nouveau lieu de résidence. Au<br />
contraire, les marseillais très citadins à l’origine,<br />
migrent vers Digne-les-Bains pour y trouver une<br />
ambiance plus rurale, loin de la métropole.<br />
Certains partent de Digne pour Gap qui<br />
est un compromis d’une plus grande ville de<br />
montagne.<br />
Les flux touristiques se font en majorité<br />
par des marseillais, et des aixois qui retrouvent<br />
leur arrière pays local. Le reste constitue une<br />
clientèle de côtiers, de parisiens et d’étrangers.<br />
90
Le s f l u x e n Pay s d i g n o i s, c o n t e x t e g é n é r a l :<br />
Le Pays dignois est constitué de 27 communes entre la vallée<br />
de l’Asse et la haute Bléone. La ville de Digne-les-Bains, préfecture<br />
du pays, comprend 18.000 habitants parmis les 25.000 que compte<br />
l’ensemble des communes du pays.<br />
L’activité locale est à 55% dédiée à la gestion publique<br />
territoriale. La préfecture génère une forte activité centrée sur la<br />
vieille ville. Ensuite, l’activité commerciale comprend 35% des<br />
emplois, regroupés sur les fonds de vallées, surtout dans les zones<br />
commerciales autour de la route Napoléon pour le tertiaire. 10%<br />
de l’activité est dédiée au tourisme, avec une forte diversité des<br />
possibilités sportives.<br />
Cette répartition de l’activité locale s’explique majoritairement<br />
par la morphologie naturelle du pays. En effet, la ville de Digneles-Bains<br />
se trouve à un point stratégique, un pincement entre la<br />
Provence et les Alpes. Ainsi, 2/3 des habitants habitent à l’année dans<br />
les parties plus provençales, connectées à la vallée de la Durance,<br />
axe économique majeur, quand Digne reste avec une dominante<br />
administrative. Le dernier tiers des habitants est regroupé dans des<br />
noyaux villageois en secteur plus montagneux, comme la vallée de<br />
la haute Bléone, ou la vallée du Bès.<br />
douces entre mai et octobre. Randonnée, escalade, visite du parc<br />
géologique et sports extrèmes constituent les grands rendez-vous<br />
annuels pour les visiteurs.<br />
Plus près de Digne-les-Bains, quelques villes importantes<br />
ponctuent les environs de la Durance : (36.000 personnes à Gap,<br />
19.000 à Manosque, 7.000 à Sisteron, 5.000 à Château-Arnoux,<br />
16.000 à Malijai)...<br />
Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />
L’activité touristique se déploie sur la formidable diversité<br />
des paysages qu’offre le Pays. En effet, ce secteur couvre une part<br />
importante dans l’activité locale, en particulier pendant les saisons<br />
91
Te n d a n c e d e s Fl u x l o c a u x :<br />
Autour de Digne-les-Bains, on constate une concentration majoritaire de l’activité vers le site de la préfecture.<br />
Tableau des flux<br />
Hormis un trajet quasi excusif des lieux de résidence vers Digne<br />
dans un rayon de 15 kilomètres, on observe quelques mouvements depuis<br />
la vallée de la basse Bléone vers Malijai ou la vallée de la Durance comme<br />
lieux de travail.<br />
Tableau des secteurs d’activité<br />
On constate dans le tableau un pourcentage plus important<br />
d’activités liées au commerce et au service.<br />
La route Napoléon est le principal axe drainant de la basse vallée<br />
de la Bléone. La majeure partie du développement s’est faite autour de<br />
cette voie historique. La pression immobilière y est plus forte à proximité<br />
de la vallée de la Durance. La ligne de train qui reliait Grenoble à Digneles-Bains<br />
est aulourd’hui condamnée.<br />
92
Te n d a n c e d e s f l u x e x t e r i e u r s :<br />
- Départs de Digne vers Aix en Provence : ils peuvent s’expliquer<br />
par la recherche d’une atmosphère à la fois plus provençale et<br />
plus urbaine. La ville d’Aix apparaît comme ayant les qualités de la<br />
Provence sans être très urbaine comme la ville de Marseille.<br />
- Départs vers Gap : ils correspondraient plus à un désir de rejoindre<br />
une ville importante, en restant dans l’atmosphère montagnarde.<br />
L’intérêt est de trouver plus de confort urbain sans quitter la culture<br />
montagnarde.<br />
- Départ vers Malijai : le but d’un départ vers Malijai est lié à sa<br />
position stratégique. Cette ville est à l’entrée de la vallée de la<br />
Bléone. On cherche, en s’y installant, à trouver un compromis<br />
confortable entre la proximité de la ville natale et les avantages de<br />
la vallée de la Durance plus porteuse économiquement.<br />
Te n d a n c e d e s f l u x t o u r i s t i q u e s :<br />
L’activité touristique constitue une part importante dans le dynamisme<br />
du Pays. La capacité d’accueil à l’année est la suivante :<br />
Hébergement marchand : 456 structures (comprenant hotels et<br />
campings), soit 5.924 lits marchands.<br />
marchands. Il y a au total 13.520 lits touristiques.<br />
Fréquentation annuelle : 660.000 nuitées marchandes, 350.000<br />
nuitées non marchandes, soit environ 1.000.000 de nuitées<br />
annuelles.<br />
Ty p o l o g i e d e t o u r i sm e à l’a n n é e :<br />
−<br />
−<br />
Le tourisme au sens large : avec des pointes de tourisme en<br />
mai, juin et octobre, la clientèle touristique globale vient de la<br />
Côte d’Azur, des Bouches du Rhône et de Paris. Il s’agit d’une<br />
clientèle familiale qui préfère venir en saison chaude. Les<br />
activités de visite, de sports en tout genre attirent la majeure<br />
partie des touristes.<br />
Le tourisme ciblé sur le thermalisme : avec des pointes de<br />
tourisme en mars et en novembre, la clientèle de ces mêmes<br />
régions se concentre sur les activités thermales. Au printemps<br />
et en automne, les touristes étrangers viennent se ressourcer en<br />
Pays dignois (anglais, allemands en majorité).<br />
La clientèle curiste représente un total de 6.000 personnes par<br />
an. Cela représente 220.000 nuitées, soit plus d’un quart de la<br />
fréquentation touristique.<br />
Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />
Hébergement non marchand : 1.788 résidences secondaires<br />
(réparties essentiellement en haute Bléone), soit 8.940 lits non<br />
93
D es hommes et des usages du territoire<br />
Des usages centra lisés a u to u r d e la p r é f e c t u r e<br />
L’implantation humaine, centralisée autour de la ville de Digne<br />
se traduit dans les usages du territoire. Les activités économiques sont<br />
essentiellement situées autour de la ville principale, qui génère en majorité<br />
des emplois d’Etat grâce à son statut de préfecture. Les zones<br />
d’activité économique se trouvent au sud et à l’est de Digne et sont les<br />
points principaux de ravitaillement pour la population du Pays.<br />
Outre les activités économiques, le potentiel du paysage se<br />
traduit dans les pratiques sportives et de loisirs du territoire. La double<br />
identité de la ville se retrouve au nord du Pays par l’implantation<br />
des premières stations d’hiver des Alpes. La randonnée est également<br />
une activité privilégiée par les nombreux chemins qui jalonnent le Pays<br />
et permettent d’offrir à la population les plaisirs des panoramas liés à<br />
l’élévation du relief. Les activités proposées sont à la fois urbaines et<br />
rurales. Ce potentiel d’activités crée différentes possibilités pour appréhender<br />
un paysage :<br />
- soit par les airs avec le parapente qui permet de prendre en considération<br />
le paysage à une échelle globale afin d’en comprendre les grandes<br />
structures (à la fois naturelles et anthropiques), donc ici la particularité<br />
94<br />
de l’articulation de la ville de Digne dans le pincement du relief ;<br />
- soit par le sol en pratiquant la randonnée, l’escalade ou l’équitation<br />
permettant de rentrer dans l’épaisseur du paysage et donc dans les<br />
motifs et les enchainements paysagers ;<br />
- soit par les routes en pratiquant le vélo ou même par la voie des eaux<br />
en pêchant ou en pratiquant le canoë Kayak permettant ainsi de comprendre<br />
la géomorphologie des différents lits des rivières.<br />
La convergence entre la mise en valeur du territoire et la découverte du<br />
paysage par un sport quelconque permet d’établir une relation durable<br />
avec le tourisme.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Carte des usages du<br />
territoire (pour la légende<br />
voir ci-contre).
Carte des usages zoomée<br />
sur Digne: des activités<br />
centralisées.<br />
Les avantages de la multiplicitée<br />
paysagère et de<br />
sa géomorphologie : des<br />
activitées diverses qui<br />
permettent de prendre<br />
conscience différement<br />
des lieux qui nous entourent.<br />
Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />
95
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Hormis les activités de plein air, le Pays dignois possède également<br />
comme immense atout paysager de se trouver sur la plus grande réserve<br />
géologique d’Europe. Convaincue qu’elle est à la base de l’identité et des<br />
singularités du territoire, elle est à remettre en valeur notamment au niveau<br />
du mur des Ammonites qui jouxte la route et qui empêche un recul sur un<br />
chef d’œuvre naturel. Le traitement végétal urbain qui est apporté va également<br />
à contre sens avec ce monument naturel.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Le rapport entre l’aménagement urbain<br />
et le mur des ammonites vieux de plusieurs millions<br />
d’années est difficile à établir et diminue<br />
clairement l’impact visuel de ce chef d’oeuvre,<br />
rendant l’ensemble presque grossier...<br />
96
En j e u x r e t e n u s d e l’a n a ly s e d u p r o c e s s u s d’im p l a n tat i o n h u m a i n e<br />
s u r l e s o c l e d u pay s a g e<br />
Bâti et routes :<br />
Développer un bâti en harmonie avec le paysage et son socle<br />
géologique.<br />
Limiter l’urbanisation linéaire autour des infrastructures routières.<br />
Traiter les limites avec une certaine perméabilité, une réponse propre<br />
à chaque lieu.<br />
Flux :<br />
Synchroniser les dynamiques humaines avec les dynamiques<br />
naturelles du territoire.<br />
Proposer d’autres méthodes de transports publics, notamment le<br />
long de l’axe Malijai/Digne (trains, bus), une reconquête des voies SNCF.<br />
Usages :<br />
A partir d’une connaissance des différents acteurs:<br />
- Les citadins autour de Digne<br />
Exploiter les potentialités des berges de la Bléone (points de vue, percées<br />
jusqu’au rivage, rôle des ripisylves)<br />
Travail de cheminement ;<br />
Le jeux des acteurs sur les planches du paysage<br />
- Les agriculteurs<br />
Préserver des espaces ouverts en fonction des enjeux locaux (basse Bléone,<br />
haute Bléone) pour définir les trois entités agricoles<br />
Evaluer la richesse des productions produites<br />
Péreniser l’agriculture afin de rééquilibrer la balance entre entre espace<br />
agricole et espace urbanisé<br />
97
A ccorder le jeu à la scène<br />
98
Nous avons tenté d’extraire les grandes structures du paysage<br />
aussi bien naturelles qu’anthropiques depuis le début de ce<br />
dossier afin d’en comprendre l’articulation étroite et donc les répercussions<br />
passées, présentes et futures. Ce travail à l’échelle globale<br />
permet de saisir l’importance du contexte dans lequel se trouve un<br />
lieu, une ville, un village et ce afin que les futures actions entrent en<br />
résonnance non plus avec une seule entité qui soit simplement naturelle<br />
ou anthropique, mais avec un ensemble paysager résultante de<br />
l’identité d’un pays.<br />
Après avoir analysé l’échelle globale du territoire, puis les<br />
entités paysagères par vallée, il nous semble important de terminer<br />
cette démarche à une plus petite échelle, zoomée à un niveau qui<br />
parle des détails du lieu.<br />
Nous avons donc poussé l’analyse sur trois sites spécifiques<br />
qui posaient des problématiques d’extensions futures et donc de relation<br />
au paysage afin d’en accorder le jeu à la scène.<br />
Ce jeu, c’est celui des hommes, celui qui fait que l’on comprend<br />
ou pas le sens d’une scène paysagère à laquelle on appartient.<br />
C’est souvent celui qui fait débat et qui pose des problèmes techniques,<br />
financiers, mais aussi de goût, celui qui fait que l’on aime ou<br />
pas un paysage. C’est celui qui est contestable ou avéré.<br />
Nos analyses ne seront pas là pour juger de la valeur d’un<br />
projet, qu’il concerne une zone d’extension économique ou d’une<br />
zone de lotissements. Nous tenterons plutôt d’apporter des réponses<br />
à la question «comment le faire ?». Il s’agit simplement de savoir<br />
créer des extensions ou des aménagements qui ne sont pas contre<br />
le paysage, mais qui font « paysage ».<br />
Le s t r o i s z o o m s a b o r d é s c o n c e r n e r o n t :<br />
- La haute vallée de la Bléone avec différentes zones de la vallée du Brusquet<br />
qui commencent à connaître un mitage certain notamment au niveau de son ouverture.<br />
Il s’agira d’évaluer la juste mesure des constructions entre agriculture et habitat; et en<br />
même temps de savoir habiter «le rebord».<br />
- La basse vallée de la Bléone avec plusieurs zones au niveau de Mallemoisson,<br />
de son cône de déjection, des problèmes liés au développement de deux centres<br />
urbains, et la zone centrale du Plan de Gaubert près de Digne qui pose également des<br />
problèmes de pérennité de l’agriculture.<br />
- La vallée des Duyes avec, notamment, les problématiques soulevées par les<br />
extensions autour d’un village promontoire : Thoard.<br />
Il est certain que ces problématiques ne sont pas exhaustives à l’échelle d’un<br />
pays et que d’autres lieux du territoire auraient mérités une réflexion, comme par exemple<br />
: la problématique liée à la proximité entre un village et Digne avec l’exemple de<br />
Courbons, les problématiques liées aux urbanisations excessives dans les cônes de<br />
déjection le long de la vallée de la basse Bléone, les problématiques liés à l’urbanisation<br />
dans le lit de la Bléone et à l’absence de contact entre Digne et sa rivière, etc...<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Le principe du zoom : préciser les intentions à l’échelle du lieu<br />
tout en tenant compte des dynamiques d’ensemble des paysages.<br />
99
L e Brusquet : un bassin d’effondrement, socle d’une implantation<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
100
L’étude du territoire dignois nécessite<br />
une approche à plusieurs échelles. Afin de comprendre<br />
les logiques d’imbrication du paysage<br />
naturel et anthropique, il paraît ainsi important<br />
d’offrir une lecture renseignée : une approche<br />
globale des vallées sera suivie d’une description<br />
approfondie par zooms. Le premier des zooms<br />
est symbolique du paysage de transitions qu’est<br />
le Pays dignois. Il s’agit du village du Brusquet<br />
et son territoire agricole. Ce site annonce par<br />
son aspect morphologique, ses implantations<br />
anciennes, les pratiques liées à l’étage pré-alpin.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Situation du Brusquet en Haute Bléone<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
101
A. Dynamiques à l’échelle de la vallée<br />
Le Brusquet, situé en haute Bléone, est un<br />
exemple d’implantation humaine au sein d’un relief<br />
montagneux.<br />
Le Brusquet<br />
Le site se trouve au nord du pincement de<br />
Digne-les-Bains. On arrive à une réouverture du<br />
fond de vallée agricole, avec essentiellement des<br />
cultures de céréales et de la prairie fauchée en<br />
altitude.<br />
Les villages de Marcoux et de La Javie<br />
ponctuent la traversée du site du Brusquet jusqu’à<br />
l’étage alpin. La Bléone prend à cette altitude un<br />
aspect plus sauvage.<br />
Digne les Bains<br />
Des évenements géologiques parsèment<br />
ce territoire de haute Bléone comme les Clues de<br />
Barles dans la vallée du Bès, ou les robines près du<br />
Brusquet et à Draix.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
La carte ci-contre détermine l’emprise des<br />
différents lits du fleuve et les risques d’inondations.<br />
Elle révèle les subtilités des fonds de vallée du<br />
Brusquet et ses alentours.<br />
Carte hydrologique des risques d’inondation<br />
102
Géologie du site<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Robines au Brusquet<br />
Lit de galets à la Javie<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Zoom du Brusquet: Carte de relief et de géologie.<br />
Les noyaux construits des villages et leurs extensions sont au coeur d’une complexité géomorphologique<br />
riche d’interêt. On se trouve dans un site de superposition de marnes calquaires. Des terrasses alluviales datant<br />
du Quaternaire composent les berges du lit de la Bléone sauvage.<br />
Chargé d’alluvions, ce lit est constitué du sol géologique le plus récent. L’espace central agricole est un<br />
bassin d’effondrement de marnes noires. Les reliefs les plus hauts, donc les plus anciens sont constitués de<br />
calcaire marneux. Le site est original par sa configuration torturée, la richesse de sa morphologie.<br />
Clues de Barles<br />
103
Démarche<br />
La démarche de travail permet de discerner l’aspect «naturel» du paysage des implantations anthropiques. Cette méthode permet<br />
une meilleure cohérence dans le projet. Ainsi pour comprendre un paysage, on cherche à le classer selon ses composantes globales.<br />
On peut alors comprendre l’emprise de domaines comme celui de l’eau et des coteaux à l’échelle d’une vallée. Il s’agit d’un travail<br />
<strong>pédagogique</strong> de suggestions, où l’on est pas encore au stade du projet.<br />
Au sens large, la lecture des strates d’un paysage permet une lisibilité des emprises et des épaisseurs. C’est un outil d’analyse et de<br />
projet qui fait émerger les différentes entités de lieux et suggère des possibilités d’implantation future. L’idée est de chercher une cohérence<br />
entre les lieux et les implantations.<br />
Carte des domaines<br />
Une carte de domaines permet de mieux situer les différentes strates du paysage. On distinque ainsi le domaine de l’eau de celui des<br />
coteaux.<br />
Dans le domaine de l’eau, on distingue le lit mineur, du lit moyen, du lit majeur. Cette vision permet de voir l’emprise réelle du lit, et<br />
ses incidences sur les logiques d’occupation des sols, passée, présente et future....<br />
Dans le domaine des coteaux, on distingue les coteaux escarpés, et les coteaux plus doux où des lieux se distinguent pour la<br />
construction de noyaux de villages ou d’extensions. Sur ces replats, l’agriculture peut siéger.<br />
Enfin, les coteaux doux aboutissent sur un espace ouvert et agricole, ici un bassin d’effondrement de marnes calcaires où Le Brusquet<br />
est implanté. Le village formé au coeur d’une combe, tient sur un rebord du bassin, face au vallon est.<br />
104
Carte des domaines du Brusquet<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Coteaux boisés «plongeants» sur la vallée agricole au Brusquet.<br />
105
Bloc diagramme des domaines du Brusquet<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
106
Paysages croisés sur le chemin du Brusquet<br />
On prend conscience de la situation<br />
de charnière du Brusquet et<br />
son territoire. Accroche vers l’étage<br />
alpin, le site revêt des caractères torturés<br />
uniques et offre des panoramas<br />
variés. Ces vues révèlent l’épaisseur<br />
des plis juqu’aux cimes enneigées.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Bléone à l’état sauvage au nord<br />
des reliefs du Brusquet.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Aux alentours de Digne, en<br />
contrebas, dans les vallées agricoles<br />
de la Bléone encore en activité, on<br />
reconnaît l’athmosphère plus provençale<br />
à un relief plus doux, à des cultures<br />
anciennes maintenues, et à une<br />
activité historique mise aujourd’hui<br />
en avant pour l’activité touristique.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Culture d’oliviers et de lavande<br />
à proximité du Brusquet.<br />
107
Coupes transversales du Brusquet : description des<br />
variations des formes du paysage depuis Le Brusquet,<br />
annonce de l’étage montagnard jusqu’à Marcoux<br />
et de l’étage plus provençal.<br />
Description du nord vers le sud<br />
1. Le village ancien du Brusquet est implanté<br />
sur un rebord du Bassin d’effondrement.Le relief<br />
local annonce l’étage montagnard.<br />
2. Les extensions récentes d’habitat en fond<br />
de vallée forment aux alentours proches du<br />
Brusquet un médaillon ininterrompu de nouveaux<br />
quartiers. On ne distingue plus partout<br />
la subtilité du relief, hormis au pied du Mont<br />
Lansière où la logique du lieu est respectée.<br />
3. En allant vers Marcoux depuis les raides coteaux<br />
du Brusquet, les reliefs s’adoucissent.<br />
Le fond de vallée agricole encore torturé, accueille<br />
de nombreux quartiers, notamment au<br />
Mousteiret ou le fond de plaine se voit largement<br />
investi ou convoité par l’urbanisation.<br />
4. On traverse enfin une plaine agricole, préservée<br />
dont les reliefs à l’est et à l’ouest rappellent<br />
les prémices de l’étage montagnard.<br />
Le pincement de Digne les bains s’annonce<br />
avec un emprise urbaine encore plus affirmée<br />
sur les larges fonds de vallée à l’embouchure<br />
de la Durance.<br />
5. Après le pincement de Digne les Bains, on<br />
arrive à une réouverture annoncant le Brusquet.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
108
Traits de coupe depuis Digne vers la Javie.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
109
B. Dynamiques locales - prolonger dans la cohérence des lieux<br />
Les intentions<br />
Le site du Brusquet comprend un<br />
ensemble de villages et lieux dits au pied des<br />
reliefs situés sur le pourtour de l’espace central,<br />
ouvert et agricole.<br />
Le Moustereit, au nord ouest apparaît<br />
comme un point de chute depuis le Brusquet.<br />
Construit sur un réhaut, le village s’est étendu le<br />
long du pied de relief autour de lieux-dits. Cela<br />
forme un cordon quasi ininterrompu et l’habitat<br />
pavillonnaire commence à envahir l’espace<br />
agricole central.<br />
La préconisation consiste à maintenir un<br />
espace central ouvert au pied du Moustereit,<br />
avec des coupures franches entre les lieux-dits<br />
densifiés.<br />
A l’échelle du village du<br />
Brusquet, le souhait est de prolonger<br />
le village d’origine sur un replat<br />
inférieur du bassin d’effondrement.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
La logique de densité, serrant<br />
le bâti le long de la courbe de niveaux,<br />
permettrait une cohérence du site<br />
et du bâti. Cette extension viendrait<br />
relier le nouveau centre situé plus<br />
en amont et déconnecté du vieux<br />
village.<br />
Carte des domaines du Brusquet: Zoom avec détails d’intentions.<br />
110
Contexte du village du Brusquet<br />
dans sa morphologie : construit<br />
sur un rebord de bassin d’effondrement<br />
, il est en situation de surplomb<br />
par rapport à la vallée est,<br />
en contrebas.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Maquette sensible d’existant du site du Brusquet.<br />
Les fonds de plaines agricoles<br />
sont soumis à une pression urbaine<br />
mal gérée, ou la «libération<br />
de parcelle» dicte la construction<br />
du bâti sans plan global de maîtrise<br />
du territoire.<br />
On comprend ici comment le bâti vient peu à peu «étouffer» le parcellaire agricole , s’immiçant sur des parcelles<br />
libres à la construction.Un cordon, voir un lasso se crée avant d’emporter avec lui tout l’espace central à la construction.<br />
111
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Panorama existant du cordon initerrompu d’habitat, entre le Moustereit et le Brusquet<br />
Les préconisations<br />
majeures sont les suivantes<br />
:<br />
1. A l’échelle de la vallée<br />
du Brusquet :<br />
Inciter à une densification<br />
des bourgs et des lieux<br />
dits.<br />
Laisser des ouvertures<br />
visuelles inconstructibles<br />
entre les hameaux densifiés.<br />
2. Au niveau du Mousteiret,<br />
préserver un espace<br />
central ouvert, et réfléchir<br />
à une réhabilitation de ses<br />
espaces agricoles, dans<br />
un cadre aujourd’hui plus<br />
urbain.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
112<br />
Maquette d’intentions de projet pour le Brusquet et son territoire.
Le bâti du Brusquet est densifié sur un rebord inférieur du bassin d’effondrement.<br />
Exemple de maison contemporaine,<br />
intégrée au paysage (Draix).<br />
Les matériaux comme le bois<br />
intègrent des volumes recherchés.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
113
U n paysage de terrasses en Basse Vallée de la Bléone<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Axe stratégique dans le développement du Pays dignois, la basse vallée de la Bléone va certainement accueillir dans les prochaines<br />
années de nouveaux projets urbains, notamment suite aux retombées indirectes du projet ITER. Etant donné les enjeux qui pèsent sur ces<br />
espaces, il est important de cibler le regard sur la richesse de ces paysages de la Bléone et, en amont des projets de développement, de<br />
mettre en avant les qualités et spécificités de ces lieux, afin de voir lesquels se prêtent à accueillir de nouvelles implantations humaines. Ce<br />
sont ici les terrasses créées par la Bléone au fil des âges qui vont principalement déterminer l’emplacement de ces lieux de projet.<br />
Dans un premier temps nous présenterons les dynamiques naturelles à l’échelle de la vallée. Puis nous allons nous intéresser ici à<br />
deux endroits en particulier : la commune de Mallemoisson où nous déclinerons une série de quatre propositions d’extensions, puis le plan<br />
de Gaubert dont les extensions seront envisagées dans leur ensemble.<br />
114
Accorder le jeu à la scène<br />
Carte de localisation de la<br />
basse vallée de la Bléone<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
115
1. Dynamiques à l’échelle de la vallée<br />
Carte du relief de la basse vallée de la Bléone<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Les toponymes* présents dans la vallée nous apprennent beaucoup sur la nature des reliefs. Des plateaux comme «les Plaines»<br />
sont restés à l’état sauvage car difficilement accessibles. Cette «patte de lion» est très proche de Digne mais constitue un endroit encore<br />
non urbanisé, une respiration dans le paysage de la vallée. Plus en aval, vers Mallemoisson, le relief est en pentes plus douces mais est<br />
tout de même plus élevé, le point le plus haut de l’adrech de Chadourène se situant à 1.090 mètres et appartenant au massif de Vaumuse.<br />
Des collines comme le St Clément viennent créer des évènements en bordure de Bléone, avec un dénivelé de 200 mètres. Sur la<br />
rive gauche, des avancées de terrain comme celles de la Côte viennent sectionner la vallée, créant un rythme dans la découverte des<br />
paysages. On circule ainsi dans des séries de petites cellules ouvertes comme le plan de Gaubert (voir-contre).<br />
116
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Le Cousson et sa pente exponentielle, qui commence doucement au plan de Gaubert et se finit à 1.516 mètres.<br />
Pente exponentielle du<br />
Cousson<br />
Plan de Gaubert<br />
Horizontalité du plateau<br />
de Puimichel<br />
Photo du pincement, le clocher étant au<br />
centre de celui-ci depuis le route Napoléon.<br />
Mouvements de terrains encadrant le plan de Gaubert<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Le pincement de Digne traduit en maquette.<br />
117
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Carte de la géologie de la basse Bléone<br />
118<br />
C’est sur un socle calcaréo-grèseux (composé de molasses) datant du Quaternaire qu’est venu se déposer toute une série d’alluvions,<br />
et ce au cours des différentes glaciations de cette époque (Würm, Riss, Mindel...). Les alluvions les plus anciennes sont celles<br />
qui sont situées les plus en hauteur. Elles se sont retrouvés dans cette position au fur et à mesure du creusement de la vallée par l’eau.<br />
Ces alluvions forment des terrasses, parfois en pente douce, parfois en replat. Le plateau se nommant «les Plaines», que nous avons<br />
cité précédemment, correspond par exemple à un dépôt alluvionnaire datant de la période anté-Mindel à Villefranchien.
Blocs diagrammes représentant l’évolution<br />
géologique de la basse vallée de la Bléone.<br />
Cette série de coupes est faite du nord-est au sud-ouest<br />
de la vallée et permet de voir la gradation du relief, depuis les<br />
pentes élevées du Cousson jusqu’au plateau de Puimichel. Elle<br />
localise aussi les implantations humaines, qui se situent surtout<br />
sur la rive droite de la Bléone (à gauche de la coupe), mis à part<br />
pour le plan de Gaubert. Dans ce dernier cas, les habitations<br />
sont réparties sur différents substrats géologiques.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Sur la rive droite, des reliefs tels que «les Plaines» ou «la<br />
Plaine des Murets» sont presque accolés au lit de la Bléone et<br />
ne permettent pas ou peu d’implantations humaines. En revanche<br />
des secteurs comme les piémonts de l’adrech de Chadourène,<br />
ou encore les cônes de déjection des ravins de Champtercier<br />
ou du Château accueillent des habitations ou équipement.<br />
La faiblesse de la pente le permet.<br />
Localisation des coupes<br />
119
Carte des domaines de la basse vallée de la Bléone<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
En associant notre ressenti aux cartes de relief, de géologie et des lits de la Bléone, nous<br />
pouvons établir une carte des domaines, un préalable nécessaire pour savoir dans quel lieu on se<br />
trouve. L’importance du domaine de l’eau est à ne pas négliger dans cette vallée au large fond.<br />
120<br />
Carte des différents lits et<br />
terrasses alluviales récentes<br />
de la basse vallée de la<br />
Bléone.
Vue sur la Bléone où le lit<br />
mineur est occupé par les galets. Une<br />
ripisylve se développe sur le lit<br />
moyen et accompagne la dynamique fluviale.<br />
Devant l’immensité de ce lit<br />
mineur, on peut ressentir les mêmes<br />
impressions que devant un paysage maritime<br />
: un infini horizontal.<br />
On distingue ici les différentes<br />
terrasses créées par la Bléone<br />
par la légère rupture de pente qui<br />
sépare le lit moyen du lit majeur.<br />
Ces espaces sont occupés par l’agriculture,<br />
ce qui montre une alternance<br />
ripisylve/agriculture en terme d’occupation<br />
du sol sur le lit moyen. On<br />
distingue au loin la ligne sombre de<br />
la ripisylve qui nous indique que la<br />
Bléone n’est jamais loin.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Dans les collines au Nord de<br />
la Bléone, des vallons ouverts et peu<br />
encaissés dessinent un paysage de coteaux<br />
plus ou moins raides, comportant<br />
des replats.<br />
121<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
2. Dynamiques locales<br />
a. Mallemoisson<br />
Nous descendons un cran en dessous dans l’échelle des lieux, pour arriver à la confluence de la Bléone avec le ruisseau des<br />
Duyes. Son arrivée dans la vallée de la Bléone se fait discrètement car si la vallée des Duyes est plutôt large, le ruisseau passe par un<br />
goulot d’étranglement situé entre le St Clément et le Pigeomard. La largeur du lit majeur de la Bléone est quant à elle très importante.<br />
Plateau de Puimichel Le Pigeomard St Clément<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Les reliefs au Nord de la Bléone viennent à cet endroit former des «pattes de lion», c’est à dire des mouvements de terrains en<br />
pentes douces qui descendent vers la Bléone et qui peuvent comporter des replats. Ces mouvements descendent tous d’une petite<br />
montagne «le Puy» qui culmine à un peu plus de 900 mètres. Chaque doigt de la patte est cerné de ravins dont les noms figurent sur<br />
la carte ci-contre. A l’approche du lit majeur, l’eau du ravin vient se déverser dans des coussières, reliées par des systèmes de fossés<br />
et noues drainantes. De part et d’autre de ces exutoires se trouvent des terrasses basses qui font face à la Bléone.<br />
Entre les reliefs du Puy et le St Clément, une petite plaine à vocation agricole relie les Duyes à la Bléone. Un espace lumineux<br />
et protégé du vent, présentant de nombreuses qualités paysagères, encadrés par des coteaux à faible pentes (photo ci-dessous).<br />
Coussière aux Grillons (Mallemoisson)<br />
Le ravin du Ponteillard, peu encaissé et bordé d’une ripisylve, puis de pans légèrement inclinés à dominante agricole.<br />
122<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Carte des domaines de Mallemoisson.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
123
Sur ces lieux, l’habitat traditionnel s’est implanté plus ou moins en retrait de la Bléone, comme pour l’ancien village de Mallemoisson<br />
ou les hameaux de la Cornerie et du Vinon. Plus récemment, le hameaux des Grillons s’est considérablement agrandi et constitue<br />
aujourd’hui le centre névralgique de ce paysage. On observe le même mouvement pour les hameaux de la Cornerie et du Vinon, avec<br />
des habitations qui se rapprochent du lit moyen de la Bléone et qui se construisent de part et d’autre de la route Napoléon. C’est cet<br />
axe qui structure aujourd’hui l’urbanisme du secteur, les extensions du Thoron et des Grées en témoignent. Elles se font sur les doigts<br />
de la «patte de lion» que nous décrivions tout à l’heure sans tenir compte des terrasses qui se trouvent sur ces pentes. Ces extensions<br />
ont cependant le mérite de se faire en dehors des vallons ce qui participe à une lecture plus claire de la géomorphologie du terrain.<br />
Tout comme avec l’exemple du Brusquet, les propositions d’extensions que nous émettons ne sont pas à prendre au pied de la<br />
lettre : elles ne sont là que pour palier un besoin d’extension du village et ne sont pas des lieux que l’on se doit de «remplir» avec du<br />
bâti à tout prix. Les propositions d’extensions et thématiques associées pour Mallemoisson sont les suivantes :<br />
1. Le centre de Mallemoisson : donner à voir les lits de la Bléone.<br />
2. Le Vinon et la Cornerie : réaffirmer le piémont du St Clément.<br />
3. Les Bertrands et l’Hostal : habiter le replat.<br />
4. Les Grées et le Thoron : dans la continuité des terrasses hautes.<br />
Maquette de l’état du bâti et de la dynamique d’évolution de celui-ci.<br />
De manière générale, les préconisations qui sont faites tendent<br />
à garder une cohérence dans l’implantation humaine sur un<br />
lieu clair et à préserver les éléments géomorphologiques identitaires<br />
de ces espaces.<br />
124<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Carte des domaines et des propositions d’extensions sur Mallemoisson.<br />
4<br />
3<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
2<br />
1<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
125
1. Le centre de Mallemoisson, donner à voir les lits de la Bléone<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
L’extension de Mallemoisson (les Grillons) s’inscrit sur plusieurs lieux à la fois : les coteaux bordant le ravin du Ponteillard, ce ravin et une<br />
terrasse basse qui fait face aux différents lits de la Bléone (les couleurs du montage ci-dessous sont les mêmes que celles de la carte des domaines). La<br />
position stratégique de cette extension est à affirmer : un lieu de rencontre entre le ravin, les coteaux et le domaine de la Bléone.<br />
Coteaux à faible pente<br />
Terasse Basse<br />
Coteaux à faible pente<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Le centre des Grillons est occupé par un parking bordé de platanes, puis d’un<br />
boulodrome ombragé (à droite de la photo) et traversé d’une voie SNCF désaffectée.<br />
Des lotissements suivent les voies, et tout cet urbanisme est scindé par plusieurs<br />
clôtures qui freinent les déplacements vers le domaine de l’eau. L’intérêt serait ici<br />
d’avoir un meilleur accès à l’espace ouvert qui sert aujourd’hui de parking, mais qui<br />
pourrait être réinvesti avec d’autres usages. Cet espace nous semble très intéressant<br />
au sens où il offre un point de vue et une lecture sur l’espace de la Bléone qui fait<br />
face au village.<br />
En bordure de terrasse, le long de la route Napoléon. Un espace<br />
à fort potentiel, aujourd’hui non exploité, qui donne à voir la<br />
Bléone.<br />
126<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé © APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Nous proposons de densifier<br />
le village des Grillons sur<br />
les parties de terrasses basses,<br />
en continuant à laisser le lit<br />
majeur vierge d’implantation.<br />
Le domaine de l’eau reste ainsi<br />
clairement lisible.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Le centre étant inoccupé (parking), nous proposons de le conserver ouvert mais de<br />
pouvoir à terme y disposer d’usages plus variés pour les habitants, usages permettant de<br />
conserver cette ouverture vers la Bléone (marché, place, parc...). Le ravin du Ponteillard,<br />
ainsi que les deux ravins bordant les Grillons sont les limites à ne pas dépasser pour<br />
l’urbanisme de manière à garder une lisibilité du village en pied de coteau. Les espaces<br />
agricoles de terrasses en haut de chaque coteau, de part et d’autre du village, donnent la<br />
limite nord à ne pas franchir, de manière à ce que le village reste dans les limites du lieu.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
127
2. Le Vinon et la Cornerie, réaffirmer le piémont du St Clément<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Au pied du St Clément, les hameaux de la Cornerie et du Vinon dialoguent avec le relief<br />
en venant s’appuyer sur les pentes. Nous proposons de densifier ces implantations qui ont<br />
un sens par rapport à la géomorphologie : elles font face aux lits majeurs agricoles en étant<br />
particulièrement bien exposées et mettent en scène le St Clément par de discrets contreforts<br />
bâtis. Le hameau du Vinon serait limité dans son extension aux deux vallons qui l’entourent.<br />
Nous proposons de bâtir à une certaine distance de la voirie pour valoriser ces implantations<br />
dans leur paysage en ayant le recul nécessaire pour les apprécier.<br />
128<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Les habitations de la Cornerie sont quelque peu disparates mais s’inscrivent clairement en piémont et sur une terrasse haute pour un petit groupe de<br />
maisons un peu plus haut (en pourpre le bâti existant). Pour ce hameau, nous entendons valoriser ces deux lignes bâties qui suivent les courbes du terrain en<br />
les affirmant et en les densifiant. Il serait bon de ne pas s’implanter sur la terrasse basse pour garder un rapport clair entre le bâti et le relief. L’aspect<br />
du bâti en contrefort risquerait de s’atténuer, et avec lui la puissance scénique du hameau.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
129
3. Les Bertrands et l’Hostal, habiter le replat<br />
Le replat qui se trouve de part et d’autre du ravin du Ponteillard correspond<br />
peut être à un ancien bras du ruisseau des Duyes qui se frayait un<br />
chemin entre le St Clément et les contreforts du Puy. Sur sa face est, le St<br />
Clément comporte un replat et, à cet endroit, un corps de ferme s’est implanté<br />
(Les Bertrands). De l’autre côté du vallon agricole, on trouve un autre<br />
replat du nom de L’Hostal, comportant quelques implantations (voir photos<br />
pages suivantes).<br />
Le ruisseau du Ponteillard donne une inclinaison à la pente vers le<br />
sud et vient s’insinuer dans le goulot créé par les deux mouvements de terre<br />
sur lesquels est venu s’implanter le village des Grillons. Ces deux mouvements<br />
forment un petit cône de déjection sur lequel on trouve deux terrasses<br />
hautes (voir le plan ci-contre), consacrées à l’agriculture et peu ou pas bâties<br />
pour le moment. Elles délimitent l’avancée de l’urbanisation des Grillons et<br />
constituent une ouverture qui permet de voir les coteaux du plateau de Puimichel<br />
(voir photo ci-dessous). Il nous semble donc important de stopper<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
l’extension des implantations en limite de ces deux replats. Sur les hauteurs bordant la zone agricole à protéger, des extensions<br />
en vis-à-vis de part et d’autre du ravin et du vallon agricole.<br />
130<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
L’Hostal surplombe cette terrasse haute depuis laquelle on devine le village des Grillons dont la végétation des jardins dépasse légèrement du replat.<br />
Il serait souhaitable de conserver l’ouverture sur la ligne d’horizon lointaine, qui nous renvoie à un paysage plus vaste et aide à se situer dans<br />
l’ensemble de la vallée de la Bléone.
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Voici les extensions en rouge que nous proposons pour ce focus, en veillant à rester sur les limites des replats. Ceci est particulièrement important<br />
pour L’Hostal car ce village se situe sur une crête entre le ravin de Carnelières à l’est et le ravin du Ponteillard à l’ouest. Pour «faire paysage»<br />
il est important ici de s’en tenir aux courbes de niveau du terrain pour rester dans les limites du lieu.<br />
131
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Le replat présent sur la pente du St Clément constitue un emplacement de choix pour une extension si les implantations suivent les courbes de niveau,<br />
comme sur le dessin ci-dessus. De ce point de vue, les habitations ainsi créées indiquent la présence du replat sur le coteau et nous renseignent sur la<br />
géomorphologie du terrain.<br />
132
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Le corps de ferme présent à L’Hostal est sur une terrasse haute dont l’effet surplombant est renforcé par un muret de pierreS bordant<br />
la terrasse et accentuant le dénivelé. On a ici une véritable mise en scène du bâti qu’il faudrait étendre comme sur ce montage si le besoin<br />
s’en ressent. La limite nord de l’urbanisation est atteinte lorsque l’on arrive au micro-vallon séparant L’Hostal de l’ancien village de Mallemoisson.<br />
133
4. Les Grées et le Thoron, dans la continuité des terrasses hautes<br />
Le paysage qui nous intéresse ici est celui de<br />
la patte de lion décrit précédemment. On observe sur<br />
ces pentes des paliers, correspondant soit à des replats<br />
soit à des pentes douces, entrecoupées de pentes plus<br />
raides. Ces pentes finissent par des terrasses basses,<br />
juste avant le(s) lit(s) de la Bléone.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Sur l’extension des Grées, l’idée est de continuer à urbaniser dans la continuité de la<br />
terrasse haute et en contrebas de celle-ci, car on resterait sur le même substrat alluvionnaire.<br />
Il faut toutefois veiller à ne pas déborder sur la terrasse basse qui est actuellement cultivée et<br />
accueille la route Napoléon.<br />
En faisant coïncider relief et géologie, on constate<br />
qu’on a des lieux propices à des implantations humaines,<br />
et qui présentent des qualités d’ensoleillement et<br />
d’ouverture sur la vallée. Ces lieux sont les replats de<br />
ces pentes, qui sont des dépôts alluvionnaires datant de<br />
la glaciation de Riss. Ces lieux sont en surplomb sur la<br />
vallée, mis en valeur par des pentes plus raides qui les<br />
encadrent, et délimités de part et d’autre par des ravins.<br />
L’urbanisme s’est dispersé sur ces espaces et brouille<br />
les qualités respectives de ces différents lieux.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
134<br />
Un rappel<br />
de la géologie de<br />
ce paysage avec, en<br />
gris sombre, les<br />
dépôts alluvionnaires<br />
de la glaciation<br />
de Riss.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Nous entendons ici vouloir clarifier et donner du<br />
sens au rapport entre l’urbanisme et la géomorphologie<br />
en créant un dialogue bâti/relief. D’où notre proposition<br />
d’un urbanisme propre à ces terrasses alluvionnaires,<br />
dans la limite imposée par les ravins. Un déboisement<br />
sur les fortes pentes au pied des terrasses serait à effectuer<br />
pour renforcer la mise en avant des nouvelles<br />
implantations (ou un boisement plus clairsemé, par<br />
exemple des vergers).
Accorder le jeu à la scène<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
135
2. Dynamiques locales<br />
b. Le plan de Gaubert<br />
136<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Après la commune de Mallemoisson, il nous a semblé<br />
juste d’aborder le paysage du plan de Gaubert à cause<br />
de la proximité avec la ville de Digne, des pressions immobilières<br />
qui y sont exercées et des projets en cours sur cet espace.<br />
Avant tout projet d’extension sur ce secteur sensible,<br />
il serait bon d’adopter une stratégie particulière à chaque<br />
lieu d’implantation.<br />
Le plan de Gaubert est encadré par deux mouvements<br />
de terrain venant du Cousson : la Côte et le Nord<br />
de Justin. Entre ces deux coulées une pente plus raide<br />
grimpe jusqu’au sommet, d’où le qualificatif de pente «exponentielle».<br />
A ses pieds, cette pente rencontre une série<br />
de terrasses, dont certaines correspondent à des dépôts<br />
glaciaires comme celle en vert sombre datant de la glaciation<br />
de Würm. Après une terrasse en vert pâle, plus basse<br />
et formée par la Bléone, on descend dans les lits de cette<br />
rivière. Le lit majeur est en contact avec le lit mineur (sans<br />
la transition du lit moyen) au niveau du plan de Gaubert.<br />
Cet espace, traversé de fossés drainants, est parsemés<br />
de motifs de détails paysagers (saules têtards, roselières)<br />
qui nous indiquent que nous sommes en milieu humide.<br />
Cette trame formée par ce réseau de fossés est primordiale<br />
à conserver car elle est identitaire du lieu et indique que l’on<br />
est bien sur le lit d’une rivière (le toponyme «les Iscles» le<br />
confirme).<br />
Vue sur le plan de Gaubert depuis Courbon. On peut distinguer le lit majeur par sa couleur plus verte.<br />
Roselières dans la plaine de Gaubert, rappelant que les implantations se sont effectuées<br />
sur un lieu potentiellement humide. C’est une incursion du lit mineur dans le lit majeur<br />
qui se traduit par une végétation changeante.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
De la même manière, les saules têtards le long des fossés évoquent l’eau de la Bléone sans la montrer.<br />
137
138<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
L’homme s’est surtout installé sur le lit majeur, en proximité des<br />
berges qu’il a stabilisées (voir photo ci-contre). On a également des implantations<br />
diffuses le long de la D12 qui traverse une des deux terrasses<br />
basses (celle en vert pâle). Sur l’autre terrasse (en vert foncé), peu<br />
d’habitations à l’exception d’un lotissement venu occuper la place d’une<br />
parcelle agricole vendue. Cet élément est posé là sans aucun rapport<br />
avec la géomorphologie : son caractère unique et incongru, et le fait qu’il<br />
ne raconte rien du socle sur lequel il se trouve font de lui un exemple de<br />
ce qu’il ne faut pas faire en matière d’urbanisme et de paysage.<br />
Le secteur des Hôtelleries connaît une expansion croissante le<br />
long de la route Napoléon qui traverse la pente menant au Cousson. L’urbanisme<br />
ne s’appuie pas sur le mouvement de terrain Le Nord de Justin<br />
et s’étend de manière aléatoire, du point de vue du paysage. Il serait<br />
préférable de stopper l’expansion de l’urbanisme dans ces secteurs car<br />
cela se fait au détriment des qualités de ce paysage.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Répartition schématique du bâti ancien et récent sur le plan de Gaubert.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Les berges de la Bléone au niveau du plan du Grand Justin.<br />
Vue sur le plan de Gaubert depuis l’Hôtellerie.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
139
140<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Les extensions dans ce secteur devront se faire en suivant le<br />
mouvement longitudinal des terrasses de la Bléone en deux points : sur<br />
le lit majeur et sur la plus basse des deux terrasses hors du lit de la rivière.<br />
L’urbanisation du secteur des Iscles devra se faire en conservant<br />
le réseau de fossés et favorisant l’apparition d’une végétation de zone<br />
humide. Pour garder ce réseau et l’entretenir, on peut envisager de créer<br />
un réseau parallèle de routes et chemins publics desservant les habitations<br />
et suivant les fossés humides. L’entretien de ces espaces serait<br />
donc assuré par les services de la commune, avec un chemin d’accès.<br />
Plus haut, la basse terrasse serait urbanisée plus densément, en regroupant<br />
les implantations côté Sud de la D12 pour garder une ouverture sur<br />
la Bléone et pour continuer de percevoir l’immensité de son lit.<br />
Répartition schématique du bâti ancien, récent<br />
et des extensions possibles sur le plan de<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Entre ces deux espaces serait maintenue une zone ouverte, non<br />
bâtie, qui se traduirait par le maintient des espaces agricoles, ou si leur<br />
pérennité est menacée, par un espace public (parc, équipement de sport)<br />
dont les dimensions peuvent s’adapter au réseau de fossés drainants.<br />
Cette ouverture est nécessaire pour conserver un champ de vision suffisant<br />
pour apprécier les qualités de ce paysage fluvial.<br />
Photos de la plaine du Pô en Italie, ou les fermes et le bâti s’organisent<br />
autour d’un système de canaux irriguant le territoire.<br />
141
P romon- Thoard<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
La vallée des Duyes, perpendiculaire à la basse Vallée de la Bléone à pour particularité d’offrir un<br />
paysage spectaculaire au niveau de sa géomorphologie : Des glacis en plans inclinés nous projettent dans<br />
l’épaisseur du lieu. Reliée au pays par la seule entrée qui se trouve au niveau de Mallemoisson, la vallée<br />
des Duyes présente un paysage en autarcie, un nouveau monde encore protégé de l’urbanisation, avec<br />
des implantations anthropiques qui établissent un dialogue avec le site. Avec une faible densité au niveau<br />
de la population, la vallée connaît tout de même un micro boom au niveau de la ville de Thoard, avec des<br />
demandes d’urbanisation qu’il faut maîtriser pour continuer le dialogue entrepris avec les lieux.<br />
L’Agriculture joue un rôle important de mise en valeur des glacis. Par le découpage géométrique<br />
des terres, l’implantation humaine amplifie l’impact visuel de ces langues qui s’avancent vers la rivière des<br />
Duyes.<br />
Ci dessus la photo représentative de la vallée<br />
des Duyes: de larges langues de glacis soulignées par<br />
de l’agriculture. Ces plans horizontaux sont déstabilisants<br />
à la vue et nous feraient presque perdre le sens<br />
de l’équilibre.<br />
142
Une entité limitée<br />
par des relief plus ou<br />
moins importants.<br />
Village principal<br />
de la Vallée<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Entrée sur la<br />
vallée des<br />
Duyes<br />
Ci contre: carte de<br />
contexte de la vallée des Duyes<br />
par rapport à la Basse vallée de<br />
la Bléone.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
143
1. Un e v a l l é e a u d o u b l e j e u g é o m o r p h o l o g i q u e<br />
Au abords du massif de Vaumuse, cette vallée offre un parcours<br />
ponctué de reliefs en points d’appels comme le pic d’Oise<br />
et la crête de Guéruen. C’est une progression de la Provence à<br />
la Montagne, avec des sommets culminant à plus de 1.500 mètres.<br />
Ce passage se fait rapidement dans la progression du territoire<br />
car le paysage reste relativement ouvert. La route principale<br />
qui mène à Thoard nous place régulièrement en surplomb par<br />
rapport à la rivière et nous laisse saisir tout le sens de la vallée<br />
par un jeu habile de recul sur les différents panoramas et surtout<br />
grâce à une absence de mitage urbain qui permet de maintenir<br />
une grande cohérence à l’ensemble.<br />
Pic d’Oise première tête<br />
de rotule visuelle qui établit<br />
une relation entre la<br />
basse vallée de la Bléone<br />
et la vallée des Duyes.<br />
La vallée possède également la particularité d’avoir deux<br />
versants différents, l’un à l’ouest composé par des plateaux inclinés<br />
et agricoles, l’autre à l’est avec une géomorphologie plus torturée.<br />
Cette perception est flagrante. La progression du paysage<br />
de Provence vers le paysage de montagne se fait donc dans les<br />
deux sens. Du sud au nord et de l’ouest à l’est.<br />
Enfin la vallée possède également comme particularité d’avoir un<br />
dernier relief singulier : celui du Pic d’Oise, qui établit une articulation<br />
visuelle entre la basse vallée de la Bléone et la vallée<br />
des Duyes. Ce relief géométrique a une morphologie de pyramide<br />
parfaite laissant un peu plus notre imaginaire nous emporter.<br />
144<br />
Ci contre: carte topographique de la<br />
vallée des Duyes. Les hauteurs sont plus faibles<br />
au sud et à l’ouest.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Accorder le jeu à la scène<br />
Panorama sur la vallée des Duyes depuis la crête de Guéruen.<br />
Relief irrégulier de la montagne<br />
de la Blache (1.436 m) Pic d’Oise (1.140 m) teau de<br />
Horizontalité du Pla-<br />
Puimichel<br />
Plan incliné des glacis<br />
à pente régulière<br />
Le plus<br />
haut relief de<br />
la vallée comme<br />
un point d’appel<br />
constant : la crête<br />
de Guéruen avec des<br />
restes de neiges<br />
hivernales.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Le Pic<br />
d’Oise comme une<br />
pyramide réveille<br />
les rêves et incite<br />
au voyage.<br />
Photographie de la vallée des Duyes depuis la crête de Guéruen. La différenciation des coteaux est clairement<br />
marquée au niveau géomorphologique. L’évolution des hauteurs de relief se voit distinctement. Les glacis<br />
en plan inclinés offrent un sentiment de basculement (à droite) et s’avancent en pente douce vers les fonds de<br />
vallées. Cependant, cette pente régulière est à l’origine de nombreux problèmes d’érosion.<br />
A gauche, le relief plus irrégulier laisse apparaître de nombreux promontoires jalonnant les Duyes.<br />
145
THOARD<br />
Le Serre<br />
Les Bourres<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Molasse dans la vallée de thoard : la matière est friable<br />
et donc sensible à l’érosion.<br />
Barras<br />
Mirabeau<br />
Mallemoisson<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
146
Dans le premier temps<br />
géologique la mer dépose<br />
des molasses.<br />
Puis la mer se retire, des plis,<br />
des basculements, des failles se<br />
forme due à la poussée des Alpes<br />
en formation.<br />
Pendant le Quaternaire<br />
des glaciers apparaissent,<br />
déposent des sédiments,<br />
et érodent les coteaux.<br />
Aujourd’hui, on a une<br />
grande présence de<br />
glacis sur un substrat<br />
calcaréo-gréseux.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Tout comme dans la basse vallée de la Bléone, c’est sur<br />
un socle calcéro-gréseux composé par des molasses que sont<br />
venus se déposer des dépôts alluvionnaires aux cours des différentes<br />
glaciations. Ce paysage possède donc les mêmes similarités<br />
géologiques que la vallée précédente. Cependant, la géologie<br />
de ce territoire est à la base d’une exception paysagère puisque<br />
nous nous trouvons sur la plus grande réserve de glacis de Provence.<br />
Ci dessus: reief de la vallée depuis Mallemoisson vers la crête de Guéruen.<br />
pente régulière des glacis<br />
La différenciation des deux coteaux tient donc à la composition<br />
de leur socle : les reliefs irréguliers de la montagne de la<br />
Blache ont subi les première failles liées à la poussée des Alpes.<br />
Nous avons aujourd’hui deux types de morphologies qui ont subi<br />
des érosions différentes. L’un laisse apparaître une multitude de<br />
promontoires sur lesquels on retrouve des installations anthropiques,<br />
l’autre laisse apparaître des plans inclinés propice à l’agriculture<br />
avec des fermes isolées.<br />
élargissement de la vallée<br />
au niveau de son raccordement<br />
avec la basse<br />
vallée de la Bléone<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
147
2. Tr o u v e r l e s d o m a i n e s e t l e s l i e u x p o u r c o m p r e n d r e l e d i a l o g u e<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
En observant simplement les entités naturelles, on<br />
s’aperçoit que les glacis en pentes régulières sont sillonnés<br />
par de nombreux vallons et leurs cônes de déjections. Ces<br />
ruptures de pentes franches dans ces plans inclinés créent<br />
une multitude de «langues» s’avançant le long de la rivière<br />
des Duyes et ravivant le caractère singulier des lieux. A l’inverse<br />
le coteau est présente de nombreux promontoires sur<br />
lesquels se sont créées les implantations humaines.<br />
Aujourd’hui, on observe dans cette vallée une inversion<br />
des tendances avec une perte du «savoir habiter». Tout<br />
comme dans les autres vallées, les habitations commencent<br />
à jalonner le fond de vallon et à s’installer le long de la route,<br />
notamment au niveau du village des Bourres. Pourtant la singularité<br />
du lieu ne tient pas qu’à sa géomorphologie : elle est<br />
également liée au village de Thoard installé sur un promontoire<br />
et dominant toute la vallée. A la manière du Mont Saint<br />
Michel, ce village ancien vient appuyer et souligner un mouvement<br />
de terrain. Il fait corps avec la nature qui le porte, mime<br />
son propre paysage et se découvre au dernier moment.<br />
La non domestication de la rivière, contrairement à<br />
d’autres vallées, a probablement fortement contribué au maintien<br />
de ces implantations qui font paysage. Il s’agit aujourd’hui<br />
de trouver et d’actualiser la continuité de ces logiques afin que<br />
perdure, à travers l’occupation des sols, la cohérence du paysage.<br />
Ci contre carte<br />
des domaines naturels<br />
et de leur anthropisation.<br />
On observe<br />
la différenciation des<br />
coteaux et une implantation<br />
humaine qui<br />
se fait soit sur des<br />
promontoires, soit en<br />
rebord du domaine de<br />
l’eau.
La vallée est reliée au pays Dignois par deux voies de dessertes, l’une empruntant<br />
le chemin tortueux du relief en passant par Champtercier, l’autre sillonnant le fond de<br />
vallée sur une terrasse alluviale et créant un début d’urbanisation linéaire. Deux types de<br />
routes pour mieux comprendre le territoire.<br />
Enfin la dernière typologie anthropique de la vallée tient à son habitat disséminé<br />
sur le coteau ouest. Contrairement à d’autres vallées comme celle du Brusquet, cette<br />
répartition reste respectueuse de son espace car en étroite liaison avec l’agriculture des<br />
glacis. Ce sont essentiellement des fermes isolées qui trouvent tout leur sens sur ces<br />
coteaux. Encore préservées, elles laissent toute la place au travail du sol et ne sont pas<br />
considérées comme du mitage.<br />
Ci contre la carte présente l’analyse des différents lits de la rivière des Duyes. Il<br />
s’agit sur ce territoire de réussir à identifier les lieux sur lequel l’homme s’implante. Sur<br />
la carte précédente, on observait différents domaines qui commençaient à élaborer les<br />
premières grandes structures des espaces. Nous avons remarqué qu’une partie des habitations<br />
se trouvaient sur le pourtour du domaine de l’eau, et donc des Duyes. Ce domaine<br />
(voir carte ci contre) se re-décompose en lieux plus petits à savoir les différents lits mais<br />
aussi les cônes de déjections, les terrasses etc..., qui sont autant de sites singuliers sur<br />
lesquels on s’implante différemment. Ils sont une réponse aux différentes problématiques<br />
liées à l’habitat linéaire qui se fait le long des routes et qui ne tient plus compte des lieux.<br />
La question serait alors par cette méthode de savoir urbaniser en fonction des microsites :<br />
stopper l’habitat lorsque l’on quitte une terrasse alluviale, ou que l’on passe à une terrasse<br />
inférieure, ou bien que l’on rencontre un cône de déjection… Chaque lieu appelle une<br />
démarche constructive différente et qui se fait en fonction de l’identité du terrain sur lequel<br />
on s’implante.<br />
La problématique de la vallée se trouve dans ces implantations linéaires qui se font<br />
dans le fond de vallon et donc dans les espaces de l’eau, ou bien sur des implantations<br />
en coteau avec le village de Thoard que nous verrons dans les pages suivantes. Toute la<br />
difficulté consiste à trouver les lieux pour déterminer «où construire comment le faire? »<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Carte des différents<br />
lieux dans le<br />
domaine de l’eau (en<br />
plus grand page suivante...)<br />
149
Carte des différents<br />
lieux dans le<br />
domaine de l’eau (en<br />
plus grand...)<br />
150<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Ci contre on remarque que le village Des<br />
Bourres commence à entreprendre une urbanisation<br />
linéaire sur différents lieux : celui de la terrasse<br />
alluviale et celui du lit majeur.<br />
Le village ancien de Thoard se trouve sur<br />
un premier promontoire et les extensions récentes<br />
dans le village du Serre sur un second promontoire<br />
n’appartenant pas au même mouvement morphologique<br />
du socle. Cependant, ces nouvelles<br />
implantations urbaines restent logiques car elles<br />
se cantonnent à un seul lieu.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Coteau provençal<br />
Pente régulière des Glacis<br />
(coteau ouest)<br />
Lieu de la terrasse<br />
alluviale<br />
Implantation ancienne<br />
et humaine<br />
sur le promontoire<br />
Pente irrégulière du<br />
coteaux ouest créant<br />
diverses situations<br />
Coteau montagnard<br />
Fermes isolées<br />
Domaine de l’eau<br />
(rivière des Duyes)<br />
Coupe sur Thoard et sa relation au paysage<br />
151
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
La Duye<br />
Les Bourres<br />
Coteaux en plans<br />
inclinés<br />
Legende de la carte page suivante<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
152<br />
On remarque que le village Des Bourres est situé en fond de vallon sur le domaine<br />
de l’eau. L’implantation sur coteau plus contraignante n’a pas eu lieu pour ces constructions<br />
récentes expliquant ainsi la position du village par rapport à son relief. La route qui<br />
se trouve entre deux terrasses alluviales détermine deux sites spécifiques : celui de la terrasse<br />
supérieure et celui de la terrasse inférieure. Le village s’est construit majoritairement<br />
sur la terrasse supérieure en bordure d’une ferme isolée située sur la terrasse inférieure.<br />
Deux lieux et pourtant des constructions similaires, c’est la route qui prévaut sur l’aménagement<br />
urbain.
Accorder le jeu à la scène<br />
Ci-contre<br />
carte des sous<br />
domaines et implantations<br />
humaines.<br />
153<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Ci-contre carte des<br />
enjeux du territoire<br />
établie grâce à la détermination<br />
des lieux<br />
créés par les entités<br />
paysagères.<br />
154<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
3. De s l i e u x n a i s s e n t l e s e n j e u x : p r o l o n g e r l’ha b i t a t g é o m o r p h o l o g i q u e d a n s l a v a l l é e d e s Du y e s<br />
La détermination des lieux permet de comprendre le dialogue<br />
qui pourrait s’établir avec les urbanisations futures. Chaque espace<br />
induit une démarche projectuelle liée soit à une remise en valeur du<br />
site soit à de futures implantations.<br />
Dans la vallée des Duyes, il apparaît comme important de<br />
conserver les espaces ouverts et agricoles se trouvant au pied du<br />
promontoire de Thoard et du Serre. Le recul visuel permet de mettre<br />
en valeur le village sur son éperon. Des habitations en contrebas en<br />
diminueraient la mise en scène et la lisibilité du sens. D’autre part, si<br />
jamais des constructions venaient à se mettre dans le fond de vallon,<br />
elles briseraient la lecture que l’on a de la ripisylve et de la rivière des<br />
Duyes. Cette vallée reste encore protégée globalement des erreurs<br />
urbaines et il est important de prolonger ces logiques qui ont permis<br />
de nous transmettre le paysage que nous avons aujourd’hui.<br />
Les cônes de déjection sont également des lieux importants<br />
qu’il faut laisser ouvert pour la compréhension de la géomorphologie.<br />
Ils permettent ainsi de limiter l’implantation linéaire qui se fait sur le<br />
village Des Bourres et de mettre en valeur les nombreux promontoires<br />
du coteau est. Ces vallons gagneraient également en lisibilité par<br />
une limitation de la végétation qui masque actuellement une partie<br />
de la naissance des éperons. Ces coupes d’éclaircie pourraient souligner<br />
des cônes de vues affirmant la morphologie du territoire.<br />
Les boisements autrefois très limités en superficie affirment<br />
la différenciation des deux coteaux. Les pentes abruptes aujourd’hui<br />
difficilement accessibles aux engins agricoles sont laissées au profit<br />
d’une végétation qui gagne du terrain. Ces boisements actuellement<br />
révélateurs d’une nouvelle manière d’appréhender le territoire permettent<br />
de mettre le village de Thoard et le hameau du Serre sur un<br />
matelas végétal affirmant d’autant plus le coté «dominateur» de la<br />
situation.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
En ce qui concerne les zones d’extension en orange, nous<br />
avons choisi de poursuivre l’urbanisation de la terrasse supérieure<br />
pour le village Des Bourres, afin de continuer la logique ancienne<br />
qui consistait à se protéger de l’eau, mais aussi pour mettre en valeur<br />
le noyau ancien du village situé enrebord de terrasse inférieure.<br />
Ces extensions contenues entre les deux cônes de déjections<br />
permettraient de créer une densité qui affirmerait le bourg en tant<br />
que tel et qui renforcerait son identité. Il serait également possible<br />
d’urbaniser autour des fermes isolées, mais en n’ajoutant pas plus<br />
d’une ou deux maisons par ferme afin de conserver la logique d’implantation<br />
et éviter ainsi de tomber dans ce que l’on pourrait appeler<br />
«le mitage du territoire».<br />
Enfin, le point d’interrogation pose l’hypothèse du prolongement<br />
des logiques d’urbanisation sur promontoire à la manière de<br />
Thoard et du Serre. Ce lieu resterait dans le raisonnement anthropique<br />
entrepris au départ, mais il est dépourvu d’infrastructures<br />
routières, électriques, d’évacuation d’eaux usées etc... Sauf en cas<br />
de nécessité ultime, il paraît plus sage de densifier les habitations<br />
se trouvant en pied d’éperon, sur le rebord du cône de déjection afin<br />
d’en appuyer la morphologie et de «faire paysage».<br />
155
Préférer une urbanisation<br />
autour des<br />
fermes isolées de<br />
manière modérée et<br />
156<br />
exceptionnelle.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
4. Le ca s d e l a v i l l e d e Th o a r d e t d u h a m e a u d u Se r r e<br />
Jouer le mimétisme :<br />
densifier le hameau<br />
du Serre.<br />
Permettre la libre<br />
circulation, éviter<br />
les impasses.<br />
Eviter l’urbanisation<br />
linéaire le long des<br />
routes.<br />
Conserver le recul<br />
visuel sur les deux<br />
hameaux en promontoires.<br />
Ci contre illustration des enjeux en volume.<br />
Les tirets représentent la zone visuelle de recul qu’il faut conserver pour maintenir<br />
l’effet et la lecture des hameaux du Thoard et du Serre sur leur éperon.<br />
Les extensions récentes se faisant autour de fermes isolées sont à contenir afin<br />
d’éviter une urbanisation linéaire qui est à craindre. Le hameau du Serre composé par<br />
un habitat individuel récent et consommateur d’espace pourrait être densifié, afin de lui<br />
donner plus d’impact visuel, de l’affirmer en tant que tel et non pas comme une extension<br />
de la ville de Thoard. Il s’agit simplement de lui donner plus d’autonomie paysagèrement<br />
parlant afin de créer un écho au premier Bourg. Le mimétisme du Serre sur<br />
Thoard doit également prendre en considération les avantages que possède la première<br />
implantation, à savoir une possibilité de libre circulation au sein de ses rues étroites.<br />
Il est effectivement intéressant de mettre en valeur la vue que l’on peut avoir depuis<br />
ces éperons sur les glacis du coteau ouest ; mais également sur le vallon qui sépare<br />
les deux bourgs pour comprendre que les deux hameaux ne sont pas construits sur le<br />
même mouvement de terrain.<br />
Enfin, les fermes isolées peuvent accueillir des habitations à partir du moment<br />
où elles restent en nombre limité et où elles conservent l’identité d’implantation de ces<br />
fermes. Il ne s’agit pas non plus de retrouver une multitude de hameaux sur le versant<br />
ouest.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
157
Ci-contre zoom de la<br />
carte des enjeux du<br />
territoire sur la ville<br />
de Thoard et du<br />
Serre.<br />
THOARD<br />
Microvallon<br />
à conserver<br />
Le Serre<br />
158<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Concrètement il s’agit pour le hameau du<br />
Serre, à la manière de Thoard, de profiter d’un habitat<br />
individuel disloqué pour créer de nouveaux<br />
passages piétons qui permettent de réouvrir le<br />
village sur le paysage plutôt que sur les nombreuses<br />
haies de thuyas qui jalonnent les jardins des<br />
particuliers. La position dominante du village sur<br />
la vallée est un atout qu’il faut mettre en valeur<br />
par des points de vue aménagés. La faible densité<br />
d’habitat permet également de densifier selon<br />
les opportunités le hameau pour l’affirmer (la position<br />
des rectangles violets de la carte ci contre<br />
est aléatoire et illustre simplement le propos...)<br />
Le hameau du Serre tout comme le Thoard tient<br />
son identité à sa position avancée sur l’éperon rocheux.<br />
Il ne s’agit donc pas d’aller urbaniser l’intérieur<br />
du vallon et ,notamment, le microvallon trop<br />
en retrait qui possède un caractère propre qui met<br />
en valeur le site.<br />
L’arrière de la ville de Thoard, également<br />
composée par des habitations récentes, peut accueillir<br />
encore quelques habitations qui permettraient<br />
de densifier et de souligner à la manière<br />
du centre bourg le socle et l’avancée de l’éperon<br />
(dont le départ ne se situe pas au niveau de la<br />
route...)<br />
Enfin, afin d’affirmer chaque bourg et de<br />
comprendre la lecture des éperons, il s’agit de<br />
maintenir les cônes de déjection par un paysage<br />
ouvert.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Nontron (24), exemple d’un habitat sur promontoire<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Ci dessus à la manière du Mont St Michel, Thoard<br />
vient faire corps avec l’éperon sur lequel elle<br />
se trouve. Il est certain que sans le recul visuel,<br />
l’impact ne serait plus le même.<br />
RESSEMBLANCE?<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
159
THOARD<br />
Bloc diagramme de Thoard existant<br />
Densifier l’arrière<br />
de la ville pour obtenir<br />
une homogénéité<br />
urbaine.<br />
Réouvrir le vallon en<br />
diminuant l’emprise<br />
de la ripisylve.<br />
Densifier le hameau<br />
du Serre et faciliter les<br />
passages piétons.<br />
Placer la ville<br />
sur un écrin<br />
végétal.<br />
160<br />
Bloc diagramme de Thoard «projet»<br />
Limiter les constructions en<br />
fond de vallon qui cassent<br />
le recul visuel.
Panoramique de Thoard sur son promontoire<br />
Un village qui donne l’impression de dominer<br />
son paysage grâce aux espaces ouverts du fond<br />
de vallon. Depuis cet angle de vue, les villages<br />
du Serre et de Thoard ne forment qu’un. A noter<br />
l’importance de l’église qui assoit le bâti sur son<br />
socle. La hauteur des nouvelles habitations ne doit<br />
pas venir concurrencer la tour de l’église au risque<br />
de faire perdre de l’importance visuelle à l’édifice.<br />
Panoramique de la relation entre les deux hameaux<br />
et leur vallon :<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
La ripisylve des Duyes trop importante en<br />
épaisseur et en hauteur en hiver comme en été<br />
masque totalement la naissance de ce vallon qui<br />
explique l’origine des deux mouvements de terre.<br />
Il s’agirait de faire pénétrer les espaces ouverts<br />
du premier plan dans le cône de déjection ce qui<br />
permettrait d’affirmer clairement les deux bourgs.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Panoramique sur la ville de Thoard et son vallon au<br />
premier plan :<br />
Contrairement aux nouvelles extensions, on<br />
remarque que chaque maison ancienne est tournée<br />
vers le paysage. Aujourd’hui la démarche est inverse.<br />
Chaque particulier se retranche sur son microcosme<br />
et se protège derrière des haies. On est<br />
passé d’une relation collective au paysage à une relation<br />
individuelle. Afin d’éviter de multiplier les<br />
situations similaires, il s’agit de créer des cônes<br />
de vue dans les nouvelles extensions sur les paysages<br />
environnants pour recréer un contact visuel au<br />
moins dans l’espace public, et ce afin d’éviter les<br />
lotissements qui n’établissent aucun contact avec<br />
le socle.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
161
Simulation d’un paysage naturel<br />
sans implantation anthropique au niveau<br />
de Thoard. L’absence du village crée<br />
une homogénéité dans l’espace. Chaque<br />
motif paysager possède la même valeur<br />
visuelle.<br />
Les promontoires n’apparaissent que<br />
très peu.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Paysage existant : Thoard affirme<br />
la position de l’éperon. A sa droite un<br />
deuxième village sans attitude claire<br />
tente de mimer le premier bourg. Avec<br />
une faible densité d’habitat, Le Serre<br />
reste un hameau en dilettante.<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Exemple d’implantation possible.<br />
Une augmentation de la densité du hameau<br />
du Serre pour lui affirmer une identité<br />
claire. Un maintien des zones basses<br />
en openfield pour éviter un melting pot<br />
d’urbanisation qui ne participerait pas<br />
à la clarification de l’espace et qui<br />
desservirait l’implantation du village<br />
de Thoard.<br />
162<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Le Château Noir et la Sainte Victoire, Paul Cézanne, huile sur<br />
toile. Les trois entités se servent les unes les autres : La végétation,<br />
le Château et la Sainte Victoire... à la manière de Thoard...<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
163
5. Le ca s d u Ha m e a u d e s Bo u r r e s<br />
Village des Bourres existant<br />
Possibilité d’étendre les extensions<br />
urbaines aux fermes<br />
isolées à une ou deux<br />
maisons tout au plus.<br />
Densifier La terrasse supérieure<br />
pour choisir de faire<br />
dialoguer le village sur un<br />
seul lieu.<br />
Limiter l’implantation<br />
linéaire en s’arrêtant à<br />
la limite d’un nouvel espace<br />
: celui du vallon.<br />
164<br />
Village des Bourres : exemple de developpement possible.<br />
Conserver le fond<br />
de vallon en zone<br />
ouverte.
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
Le village des Bourres: en arrière plan la Crête de Guéruen, au second plan les<br />
glacis qui prennent fin dans la vallée des Duyes et, au premier plan, un village de plus<br />
en plus impersonnel et qui commence à s’urbaniser de manière linéaire. Les nombreuses<br />
haies des particuliers le long de la route coupent le conducteur du paysage environnant.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
Les Bourres existant : un urbanisme linéaire<br />
qui commence à s’installer le long de la<br />
route.<br />
Propositions futures : densifier au sein du village<br />
sur le domaine de la terrasse,stopper l’urbanisation<br />
linéaire.<br />
165<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
Localisation<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé<br />
La Bastide<br />
Ci dessous La Bastide, tendance évolutive.<br />
Le risque lié aux futures implantations serait<br />
d’établir un lien entre les maisons du carrefour<br />
et les nouvelles habitations de La Bastide. Ce<br />
lien sans cohérence traverserait plusieurs lieux<br />
qui ne donneraient aucune identité à ce hameau :<br />
celui du coteau, puis celui du domaine de l’eau,<br />
sans oublier que la tendance serait de s’établir<br />
La bastide existant : au départ<br />
une ferme agricole en bordure<br />
du domaine de l’eau, et quelques<br />
habitations au niveau du<br />
carrefour.<br />
La Bastide<br />
166
6. Le ca s d e l a f e r m e d e l a Ba s t i d e : e x e m p l e d e t e n d a n c e s é v o l u t i v e s<br />
Ci dessous La bastide, tendance évolutive<br />
par un dialogue avec le paysage.<br />
Notre proposition suit le cheminement que nous<br />
avons entrepris tout au long du dossier, par une<br />
compréhension des lieux sans implantation humaine,<br />
puis par la lecture de l’empreinte anthropique<br />
pour arriver à une proposition en cohérence<br />
avec le site.Plutôt que d’établir un lien avec les<br />
habitations du carrefour, il s’agit pour nous de<br />
venir englober l’éperon afin de venir le souligner,<br />
le révéler en créant un dialogue qui ne s’effectue<br />
qu’avec un seul lieu. Ainsi les habitations, outre<br />
le fait qu’elles servent les besoins de l’homme,<br />
prolongent le contact avec le socle, l’habillent<br />
pour «faire paysage» et pour «faire sens».<br />
La lecture du territoire n’en est que facilitée.<br />
Accorder le jeu à la scène<br />
La Bastide<br />
Proposition : englober<br />
l’éperon.<br />
167
C onclusion<br />
« C’est en créant des relations vertueuses entre communauté établie et milieu que les civilisations<br />
passées ont produit un haut niveau de qualité territoriale. Aussi, importe-t-il, pour retrouver cette même<br />
qualité territoriale, d’amorcer des actions qui en créant de la sociabilité, permettent à la société locale<br />
(aussi multiethnique, mobile, changeante soit-elle) de s’approprier son territoire et de le valoriser. »<br />
A. Magnaghi<br />
L’ensemble de cette étude paysagère a largement insisté sur une démarche d’analyse des paysages<br />
plutôt que sur des réponses précises d’évolution du territoire. Il s’agissait pour nous de vous sensibiliser<br />
à une autre lecture du monde qui nous entoure, de manière à apprécier chaque espace, avec la<br />
même valeur, aussi minime soit-il et avec votre sensibilité. Notre étude pourrait se résumer en un mot :<br />
le LIEU.<br />
De cette façon vous, élus locaux qui vivez votre territoire quotidiennement, avez en main les cartes<br />
pour comprendre les enjeux futurs qui transformeront vos paysages, parfois de manière durable et<br />
difficilement réversible. Chaque contrainte projectuelle doit de se transformer en atout pour servir vos<br />
paysages dans la durabilité.<br />
Le Pays dignois présente une identité largement ancrée dans la géologie composée par une<br />
multitude d’espaces naturels de qualité qu’il faut préserver. Ces lieux timidement affirmés sont à la base<br />
de notre démarche. Regarder et observer le socle pour mieux rétablir le dialogue avec les implantations<br />
anthropiques.<br />
Face à une urbanisation exponentielle qui touche principalement le sud du territoire, il convient<br />
de réfléchir à des stratégies de compréhension des espaces en retrouvant les démarches ancestrales<br />
et en les réadaptant pour nos sociétés du XXI ème siècle afin de préserver la qualité paysagère et la<br />
biodiversité.<br />
Ainsi, nous vous proposons de retrouver les véritables valeurs à la base de vos paysages en<br />
prenant en considération le rôle de l’agriculture dans le maintien des espaces, tant du point de vue économique<br />
que comme gestionnaire d’un paysage ouvert, en redonnant à vos rivières et notamment à la<br />
Bléone, un rôle central et, enfin, en optant pour un habitat se référant et s’inspirant de la géomorphologie<br />
qui le porte et, se faisant, qui tienne compte des identités paysagères.<br />
168
Conclusion<br />
169
R emerciements<br />
Plu s<br />
p a r t i -<br />
c u l i è r e m e n t<br />
a u Pa y s Di g n o i s<br />
p o u r t o u s l e s r e n s e i g n e-<br />
m e n t s e t l’ac c u e i l q u e l’on a p u<br />
y av o i r, à Cla u d e Ch a z e l l e p o u r n o u s<br />
av o i r t r a n s m i s u n e p r é c i e u s e l e ç o n d e pay s a g e<br />
e t p o u r s a p é d a g o g i e, a u x a c t e u r s l o c a u x e t n o ta m -<br />
m e n t a u Mai r e d e Br a s d’As s e p o u r s’êt r e d é p l a c é à t o u -<br />
t e s l e s r é u n i o n s, a u s e r v i c e d e l’ur b a n i s m e d e l a v i l l e d e Di g n e<br />
p o u r t o u s l e s d o c u m e n t s d’ur b a n i s m e, a u s e r v i c e d e s im p ô t s p o u r l e s<br />
m a g n i f i q u e s c a d a s t r e s, à l a m a i s o n d e Da v i d à Dr a i x p o u r u n e n o u v e l l e a lt e r-<br />
n at i v e à l a c o n s t r u c t i o n, à l a r é g i o n PACA, a u x d i f f é r e n t s e n c a d r a n t s p o u r l e u r s<br />
c o n s e i l s d’ex p e r t s, à Gaë l p o u r s e s v o l s e n pa r a p e n t e b i p l a c e q u i d o n n e u n e a u t r e v i s i o n<br />
d e n o t r e s i t e, a u g î t e d e Di g n e p o u r s o n a c c u e i l fa b u l e u x, a u d i r e c t e u r d e l’of f i c e d e t o u r i s m e<br />
d e Di g n e, au x pa r e n t s d e Gr e g o r y p o u r l e s p r e m i e r s p r ê t s d e v o i t u r e s, au x pa r e n t s d e Po l - An t o i n e<br />
p o u r l e u r a c c u e i l d e s d e r n i è r e s c h a r r e t t e s, à n o s o r d i n at e u r s q u i n e n o u s o n t pa s e n c o r e l â c h é s, e t b i e n<br />
é v i d e m m e n t à Ami r, Cé l i n e, Fa r o u k, Ga ë l, Th i b a u lt, Vi o l e t t e p o u r l e s c o u p s d e m a i n s s u r l e s p l a n s,<br />
a u x p e t i t e s c o p i n e s e t a u x p e t i t s a m i s, à t o u s l e s a u t r e s p o t e s q u i l e va l e n t b i e n e t q u e l’on o u b l i e,<br />
a u x Ver s a i l l a i s Ma r s e i l l a i s p o u r l e u r a c c u e i l d e n u i t, Aux pa r e n t s d e Zo é , à Ca t h y , à Dé d é, a u x<br />
c h at s, a u x p o i s s o n s r o u g e s , a u x d i f f é r e n t s r e s ta u r a n t s q u i n o u s o n t a c c u e i l l i s c h a l e u r e u s e-<br />
m e n t co n t r e de be l l e s ad d i t i o n s, a u x o u b l i s po u r le u r le ç o n de vi e (s p é c i a l e dé d i c a c e au pc<br />
p o r ta b l e ou b l i é da n s le TGV), b r e f.... e t à t o u s ce u x qu e l’on ou b l i e, MERCI!!!!<br />
170<br />
Mer c i à t o u s !!!!!
Remerciements<br />
171
G lossaire<br />
Cône de déjection : amas de débris transporté par un torrent et déposé en forme de demi cône au débouché d’une vallée ou en contrebas d’un<br />
versant.<br />
Coussière : exutoire d’un vallon, habituellement bordé de haies.<br />
Diagénèse : processus de transformation de la vase en roche sédimentaire par le départ de l’eau dû à la pression exercée par la pile sédimentaire,<br />
pile pouvant faire plusieurs milliers de mètres.<br />
Domaine : espace ayant attrait à une caractéristique géomorphologique du territoire, ex : le domaine du coteau, le domaine de l’eau.<br />
Dramatique : l’effet résultant du jeu de l’acteur et qui se traduit par le sentiment éprouvé par le spectateur. Lorsque les acteurs sont des motifs de<br />
paysage, on peut alors parler de dramatique paysagère. D’où l’ensemble des effets ressentis qui portent le sentiment paysager, qui portent à «voir»<br />
le paysage.<br />
Faille : fracture géologique accompagnée du déplacement relatif de deux blocs en présence.<br />
Géomorphologie : étude des caractéristiques topographiques qui sont à l’origine de la forme et de la formation du relief terrestre.<br />
Glacis : surface de terrain inclinée que l’on rencontre essentiellement dans les régions de piémont et en bas des buttes.<br />
Lit mineur : espace fluvial, formé d’un chenal unique ou de chenaux multiples et de bancs de sables ou galets, recouverts par les eaux coulant à<br />
pleins bords avant débordement.<br />
Lit moyen : espace fluvial, ordinairement occupé par la ripisylve, sur lequel s’écoulent les crues aux périodes de retour de 1 à 10 ans en moyenne.<br />
Le lit moyen est donc soumis à un risque fréquent d’inondation. Cet espace est soumis à de fortes érosions et transports solides lors des crues.<br />
Lit majeur : partie adjacente au chenal d’écoulement d’un cours d’eau, qui n’est inondée qu’en cas de crue. La limite du lit majeur correspond au<br />
niveau de la plus grande crue historique enregistrée.<br />
Molasse : grès tendre à ciment calcaire, se formant généralement dans les dépressions au pied des chaînes de montagne.<br />
172
Phragmite : roseau commun à grandes tiges et à feuilles aiguës.<br />
Préalpes : région formée par divers massifs, essentiellement d’un calcaire dit «autochtone», en bordure des Alpes centrales. Ses altitudes<br />
dépassent rarement les 3.000 mètres. Les limites de zone de végétation montent moins haut que dans les Alpes centrales, il y fait souvent<br />
plus humide et moins ensoleillé. Dans les Pré-alpes du sud, on trouve les massifs de Diois, des Baronnies, les chaînes de Provence et les<br />
Alpes maritimes calcaires.<br />
Glossaire<br />
Rejeu : notion de théâte adptée au paysage, qui désigne ici un nouveau jeu de combinaisons et d’interrelations (paysagères) interprété à<br />
partir d’un premier jeu qui sert de modèle et qui inspire le second.<br />
Ripisylve : formation végétale arborescente et arbustive des rives d’un cours d’eau.<br />
Robine : reliefs formés par les marnes noires du Jurassique.<br />
173
B ibliographie<br />
SOURCES DOCUMENTAIRES<br />
ADRI/RESERVE GEOLOGIQUE «Par les chemins, à travers la réserve géologique de Haute Provence» juin 2000<br />
Agence AMPHOUX, Commune de Digne les Bains (04000), «Plan local d’urbanisme, rapport de présentation, livre II» urbanisme et territoire,<br />
juillet 2007, AUAD<br />
Agence AMPHOUX, Ville de Digne-les-Bains, «Massif des Dourbes étude paysagère» juin 2007<br />
APR Etude paysagère de la communauté des deux Buëch dans le cadre du programme d’aménagement solidaire, «L’implantation en piémont<br />
, une attitude commune pour le développement du territoire» Mathilde Blamont, Sophie Elnaggar, Elodie Lebrot, Encadrant Bertrand Follea,<br />
2007<br />
APR ITER «Imposer la vallée, basse et moyenne vallée de la Durance» Sarah Assaël, Kim Lan Amandine, Papon Karine, Encadrant Georges<br />
Demouchy, octobre 2006- juin 2007<br />
APR «Saint-Paul-sur-Ubaye, place au Paysage!» pour l’association Even’ Ubaye, Camille Deniau, Sophie Noëll, Estelle Piettre, Encadrant Joël<br />
Ricorday, Année 2004<br />
APR «Les énergies du paysage, Val de Durance de Manosque à Sisteron» Mathieu Bréard, Flavien Gilleta, Mélia Reiff, Sandra Tarpinian,<br />
2007/2008<br />
Atelier AZIMUT Paysagistes DPLG, Etienne Ballan sociologue, «Atlas des paysages, Alpes de Haute Provence», février 2003, région PACA<br />
Direction de l’Aménagement et des Territoires, «Prendre en compte les risques naturels majeurs, pour permettre le développement durable<br />
des territoires», Guide à l’usage des élus Provence Alpes Côte d’Azur<br />
DEBELMAN Jacques «Découverte géologique des Alpes du Sud»<br />
DIREN Languedoc-Roussillon, «L’Atlas des paysages, un regard, un outil au service de l’aménagement»<br />
DUBAR Michel «Les terrains quaternaires au pied des Alpes de Digne»<br />
GIONO Jean «Provence» édition Gallimard 1993<br />
GUIDES GALLIMARD « Route Napoléon » 2001<br />
GUIDES GALLIMARD «Haute Provence» 1999<br />
INSEE, «Chiffre agriculture» source chambre agriculture 04, 2000<br />
INSEE, «Chiffre tourisme en Pays Dignois» CDT 04 étude clientèle 2002-2003<br />
INSEE, «Commune donnée générale» source INSEE RGP 99<br />
INSEE, «Chiffre démographie» source INSEE RGP 99<br />
INSEE, «Chiffre logement en Pays Dignois» source INSEE RGP 99<br />
174
INSEE, «Chiffre secteur d’activités en Pays Dignois» source CCI 04<br />
INSEE «Les Alpes de Haute Provence, une personne sur quatre n’y résidait pas en 1990» Sud INSEE n°31 septembre 2000<br />
LEBRUN D. / PRATT J.C. «La Haute Provence avec les yeux de Giono» Ed. Didier Richard 1999<br />
Réserve Naturelle Géologique de Haute Provence «Les Hautes vallées de l’Asse» 1999<br />
Réserve Naturelle Géologique de Haute Provence «Massif du Blayeul et Haute Bléone» 2002<br />
Réserve Naturelle Géologique de Haute Provence «Digne les Bains - Une terre à découvrir» 2006<br />
SARL Format paysage, «Aménagement et requalification de l’entrée Sud de Digne les Bains» département de haute Provence<br />
Secteur d’étude «les hôtelleries» et le «péage» Février 2000.<br />
TOPO GUIDE PR «Les Préalpes de Digne» FFRP / CG04 / ADRI 1996<br />
VINCENDON Jean-Christophe «Météo du Sud» p124, 2005<br />
«Diagnostic Manosque» Cédric<br />
«Diagnostic Pays dignois», juin 2000, 46p<br />
«Charte de développement du Pays dignois» juin 2003, 79 p<br />
Bibliographie<br />
SITE INTERNET<br />
www.paysdignois.fr<br />
www.insee.fr<br />
www.géoportail.com<br />
175
176<br />
A nnexes
Annexes<br />
An n e x e 1 : m é t é o r o l o g i e<br />
An n e x e 2 : g é o l o g i e<br />
An n e x e 3 : p o p u l at i o n d u Pay s d i g n o i s<br />
An n e x e 4 : é v o l u t i o n d u bâti en Pay s d i g n o i s<br />
An n e x e 5 : a n a ly s e statistique d u bâti en Pay s d i g n o i s<br />
An n e x e 6 : é v o l u t i o n d u bâti au s u d d e Di g n e le l o n g d e la r o u t e Na p o l é o n<br />
An n e x e 7 : é v o l u t i o n d u bâti niveau d u p l an d e Gaubert<br />
An n e x e 8 : é v o l u t i o n d u bâti au niveau d e Br a s d’Asse<br />
177
A nnexes<br />
CLIMAT ET METEO GENERALE DU SUD DE LA FRANCE<br />
Carte des jours de Brouillard et jours de neige<br />
Nombre de jours de brouillard par an en bleu<br />
Nombre de jours de neige en rouge<br />
Jours de vent fort et vitesse du vent<br />
Nombre de jours de vent fort supérieur à 55 km en bleu<br />
record de vitesse du vent en Km/h en rouge<br />
Jours de gel et jours de température supérieure à<br />
30°C<br />
Nombre de jours de gel par an en bleu<br />
Nombre de jours à plus de 30°C en rouge<br />
Records de température<br />
Minimum en bleu<br />
Maximum en rouge<br />
Jours de pluie<br />
Nombre de jours où la pluie est supérieure<br />
à 1 mm<br />
178<br />
Source : Jean-Christophe Vincendon<br />
«Météo du Sud» ed. Loubatières, 124<br />
p, 2005
An n e x e 1 : m é t é o r o l o g i e<br />
Annexes<br />
Source : Atlas des paysages des Alpes de<br />
Haute-Provence, Atelier AZIMUT Paysagiste<br />
DPLG, Etienne BALLAN, Sociologue<br />
179
180<br />
180<br />
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé
An n e x e 2 : g é o l o g i e<br />
Annexes<br />
181
An n e x e 3 : p o p u l at i o n d u Pay s d i g n o i s<br />
Communes du périmètre définitif Population (2002) Superficie Densité<br />
Aiglun 1035 14,89 69,51<br />
Archail 7 12,99 0,54<br />
Barras 121 20,8 5,82<br />
Beaujeu 151 45,78 3,3<br />
Beynes 114 41,24 2,76<br />
Bras d’Asse 395 26,1 15,13<br />
Castellard Melan 51 25,74 1,98<br />
Champtercier 694 18,31 37,9<br />
Chateauredon 96 10,53 9,12<br />
Digne les Bains 16029 117,07 136,92<br />
Draix 86 23,04 3,73<br />
Entrages 85 22,61 3,76<br />
Estoublon 337 33,85 9,96<br />
Hautes Duyes 27 22,84 1,18<br />
La Javie 329 37,27 8,83<br />
La Robine Sur Galabre 256 45,91 5,58<br />
Le Brusquet 965 22,25 43,37<br />
Le Chaffaut 674 36,2 18,62<br />
Mallemoisson 992 6,04 164,24<br />
Marcoux 399 32,17 12,4<br />
Mézel 535 21,36 25,05<br />
Mirabeau 394 18,22 21,62<br />
Prads Haute Bléone 147 165,64 0,89<br />
Saint Julien d’Asse 124 25,6 4,84<br />
Thoard 647 43,69 14,81<br />
TOTAL 26218 1008,94 23,7585185<br />
182<br />
densité hors ville de Digne les Bains : 19,4061538
An n e x e 4 : é v o l u t i o n d u b â t i e n Pay s d i g n o i s<br />
Annexes<br />
Le bâti en pays Dignois<br />
dans les années 50 et<br />
dans les années 90.<br />
183
An n e x e 5 : a n a ly s e s tat i s t i q ue d u bâti en Pay s d i g n o i s<br />
184<br />
Evolution de parc de logement de 1990 à 1999 :<br />
les évolutions majeures se sont faites en basse vallée de<br />
la Bléone et vallée des Duyes. Les évolutions de Draix,<br />
Beynes, Majastre et Prads sont à minorer compte tenu du<br />
faible nombre d’habitations de ces communes.<br />
Part de l’habitat collectif dans le bâti en 1999 :<br />
étant donné le caractère éminement rural de ce territoire,<br />
l’habitat collectif y est faiblement représenté, mis à part sur<br />
Digne et dans quelques communes au nord du Pays (station<br />
de ski). Il serait cependant souhaitable de le favoriser<br />
sur des lieux appropriés, pour rester dans les limites du<br />
lieu du projet en freinant l’étalement urbain.
Annexes<br />
Part des résidences principales construites avant 1949 :<br />
cette carte permet de connaître la part du noyau ancien<br />
dans le bâti total, parmi les villages du pays. On peut ainsi<br />
se rendre compte de la part du bâti récent dans ce total<br />
et avoir une idée de l’évolution de la commune depuis 50<br />
ans.<br />
Evolution des résidences principales de 1990 à 1999 :<br />
Carte permettant de voir les villages qui se désertifient.<br />
185
186<br />
Evolution des résidences secondaires de 1990 à 1999 :<br />
on distingue ici les communes se destinant de plus en plus<br />
à l’accueil de vacanciers ou d’habitants saisonniers.<br />
Part des résidences secondaires dans le bâti :<br />
ce sont les communes les plus éloignées de Digne qui attirent<br />
le plus les maisons secondaires, espaces plus reculés<br />
et tranquilles. La basse vallée de la Bléone semble s’axer<br />
sur un développement qui privilégie un bâti qui engendre<br />
une activité «pérenne» sur toute l’année.
An n e x e 6: é v o l u t i o n d u bâti au s u d d e Di g n e le l o n g d e la r o u t e Na p o l é o n<br />
N<br />
Annexes<br />
Route Napoléon<br />
N<br />
Bléone<br />
Route Napoléon<br />
Année 1950<br />
Bléone<br />
DIGNE LES BAINS<br />
Année 1990<br />
187
An n e x e 7 : é v o l u t i o n d u b â ti niveau d u p l an d e Gaubert<br />
N<br />
N<br />
Bléone<br />
DIGNE LES BAINS<br />
Année 1990<br />
Bléone<br />
188<br />
Année 1950
Au départ 2 hameaux de part et<br />
d’autre de l’Asse, l’un est dans la<br />
vallée l’autre sur le coteau.<br />
An n e x e 8 : é v o l u t i o n d u b â t i a u n i v e a u d e Br a s d’As s e<br />
Annexes<br />
Asse<br />
Asse<br />
Les cultures se trouvant dans la plaine, au<br />
fur et à mesure les bergeries se transforment<br />
en habitations, la ville descend dans<br />
la vallée, le village du coteau est abandonné.<br />
Asse<br />
Asse<br />
Le village de Bras d’Asse garde encore une<br />
cohérence avec son paysage en s’adossant<br />
au relief, pendant ce temps les techniques<br />
évoluent, et on crée une digue qui limite<br />
les inondations de la rivière.<br />
La digue permet d’étendre les extensions<br />
urbaines qui se font en fonction d’une libération<br />
foncière de terrain agricole au<br />
détriment du paysage (Bras d’Asse, village<br />
de petite taille garde cependant une cohérence<br />
contrairement à la Bégude...). Le<br />
cone de déjection du vallon de Bras d’Asse<br />
commence à acceuillir des extensions envahissantes...<br />
189
Fin...
© APR Pays dignois, Burrows Gregory, De Saint Remy Pol-Antoine, Farini Zoé