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JOURNEE TECHNIQUE REGIONALE<br />

DE LA VITICULTURE BIOLOGIQUE<br />

ANGERS<br />

EVALUATION DE 3 PREPARATIONS BIOLOGIQUES APPLIQUEES PAR VOIE<br />

FOLIAIRE SUR VIGNE POUR CORRIGER LE STATUT AZOTE DES MOUTS<br />

Auteurs : Olivier Geffroy (1) , Thierry Dufourcq (2) – IFV Pôle Sud-Ouest<br />

Contacts : (1) V’innopôle – BP 22 – 81310 Lisle sur Tarn<br />

(2) Domaine <strong>de</strong> Mons – 32100 Caussens<br />

Date <strong>de</strong> publication : 2010


SOMMAIRE<br />

1 – RESUME 3<br />

2 - INTRODUCTION 3<br />

3 – RAPPELS SUR LES PULVERISATIONS AZOTEES FOLIAIRES A LA VERAISON 4<br />

3.1 – Impact sur la teneur <strong>de</strong>s raisins en azote 4<br />

3.2 – Impact sur la teneur <strong>de</strong>s vins en arômes variétaux et fermentaires 5<br />

3.3 – Effets secondaires potentiels liés aux apports azotés 5<br />

4 – CRITERES DE CHOIX DES PREPARATIONS BIOLOGIQUES 5<br />

5 – EFFICACITE DES SPECIALITES TESTEES SUR L’AZOTE DES RAISINS 7<br />

5.1 – Parcelle conduite en viticulture conventionnelle non carencée en azote 7<br />

5.2 – Parcelle conduite en viticulture biologique carencée en azote dans les moûts 8<br />

6 – IMPACT DES FERTILISATIONS SUR LE DEROULEMENT DES FERMENTATIONS 9<br />

7 – EFFETS SECONDAIRES ET INDESIRABLES OBSERVES 10<br />

8 – IMPACT SUR LA MATURITE DES RAISINS / HOMOGENEITE DE LA PARCELLE 12<br />

9 – INTERET DE PULVERISATION PLUS TARDIVE 13<br />

10 – REFLEXION SUR LES DIFFERENCES OBSERVEES ENTRE LES PRODUITS TESTES 13<br />

11 – IMPACT SENSORIEL DES PULVERISATIONS FOLIAIRES 14<br />

11.1 – Teneurs <strong>de</strong>s vins en thiols variétaux 14<br />

11.2 – Dégustation<br />

12 – CONCLUSION 15<br />

BIBLIOGRAPHIE 16


<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire<br />

sur vigne pour corriger le statut azoté <strong>de</strong>s moûts<br />

1 RESUME<br />

Dans le cadre d’un projet Interbio financé <strong>par</strong> la région Midi-Pyrénées, l’IFV Sud-Ouest a<br />

testé en 2010, l’efficacité <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> (d’origine marine, végétale et<br />

animale) appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne, pour corriger le statut azoté <strong>de</strong>s moûts. Malgré<br />

<strong>de</strong>s formulations azotées (à base d’ion ammonium et d’aci<strong>de</strong>s aminés) moins propices que<br />

l’urée à être assimilées <strong>par</strong> la plante, les premiers résultats <strong>de</strong> dosage d’azote <strong>de</strong>s baies à la<br />

récolte montrent <strong>de</strong>s enrichissements intéressants pour les 3 spécialités testées. Le gain <strong>par</strong><br />

rapport à la modalité non traitée semble supérieur sur la pré<strong>par</strong>ation élaborée à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong><br />

protéines animales. Cette spécialité semble également avoir engendré, dans les conditions<br />

extrêmes <strong>de</strong> l’essai, moins <strong>de</strong> brûlures sur le feuillage. Les apports réalisés à la véraison ont<br />

présenté une efficacité supérieure à <strong>de</strong>s apports pratiqués plus tardivement 10 jours avant la<br />

récolte. Sur une matière première présentant un faible niveau aromatique, les analyses<br />

d’arômes mettent en évi<strong>de</strong>nce, pour les trois modalités traitées, une légère diminution <strong>de</strong> la<br />

teneur <strong>de</strong>s vins en thiols variétaux <strong>par</strong> rapport au témoin. Ces résultats sont confirmés à la<br />

dégustation.<br />

Mots clés : fertilisation, foliaire, azote, biologique, assimilation, aci<strong>de</strong>s aminés<br />

2 - INTRODUCTION<br />

L’azote <strong>de</strong> la baie est un élément indispensable à la multiplication <strong>de</strong>s populations levuriennes<br />

et au bon déroulement <strong>de</strong>s fermentations alcooliques (Henschke et Jiranek, 1992). Les moûts<br />

blancs et rosés, <strong>de</strong> <strong>par</strong>t leurs conditions <strong>de</strong> vinification (débourbage sévère, appauvrissement<br />

en azote assimilable, température <strong>de</strong> fermentation basse) sont plus sujets à <strong>de</strong>s fermentations<br />

difficiles et languissantes que les moûts rouges. Les carences azotées peuvent être facilement<br />

corrigées en viticulture traditionnelle ou biologique (en accord avec certains cahiers <strong>de</strong><br />

charges) <strong>par</strong> l’ajout <strong>de</strong> compléments azotés à base <strong>de</strong> sels d’ammonium en cours <strong>de</strong><br />

fermentation. Dans le cadre <strong>de</strong> la réglementation NOP (Etats-Unis) <strong>par</strong> exemple, l’utilisation<br />

<strong>de</strong> ces sels est proscrite et la correction du statut azoté <strong>de</strong>s moûts ne peut se faire uniquement<br />

que <strong>par</strong> utilisation <strong>de</strong> pré<strong>par</strong>ations commerciales à base <strong>de</strong> levures inactivées et/ou d’écorces<br />

<strong>de</strong> levures. Ces spécialités à teneur modérée en azote même utilisées à la dose maximale<br />

autorisée <strong>par</strong> la réglementation, peuvent <strong>par</strong>fois s’avérer insuffisantes pour sortir <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong><br />

carence ces moûts et assurer un bon déroulement <strong>de</strong> la fermentation alcoolique. Dès lors, se<br />

pose la question d’une optimisation <strong>de</strong> la fertilisation azotée sur vigne avant la récolte pour<br />

améliorer le statut <strong>de</strong>s raisins.<br />

L’IFV Sud-Ouest a montré récemment que <strong>de</strong>s pulvérisations foliaires à base d’urée<br />

pratiquées à la véraison permettaient d’améliorer significativement la teneur en azote<br />

assimilable <strong>de</strong>s raisins et <strong>de</strong>s moûts (Dufourcq et al., 2010). Les fertilisants azotés, utilisables<br />

<strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire en viticulture biologique, sont pour la plu<strong>par</strong>t produits <strong>par</strong> hydrolyse <strong>de</strong><br />

protéines animales, marines ou végétales et ne contiennent pas d’urée, l’azote se trouvant<br />

principalement sous formes organiques (aci<strong>de</strong>s aminés). Des travaux réalisés sur pêchers<br />

(Furuya et Umumiya, 2002) ont permis <strong>de</strong> hiérarchiser les formes d’azote en fonction <strong>de</strong> leur<br />

capacité à être assimilées <strong>par</strong> la plante. Cette étu<strong>de</strong> a ainsi montré que le taux d’absorption<br />

était supérieur pour les formes uréiques et nitrates alors que les formes ammoniacales et<br />

aminées étaient les moins bien absorbées. Ces observations soulèvent la question <strong>de</strong> la réelle<br />

capacité d’absorption <strong>de</strong> la vigne <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire <strong>de</strong> l’azote organique contenu dans les<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne pour corriger le statut<br />

azoté <strong>de</strong>s moûts – page 3


fertilisants autorisés en viticulture biologique. En 2010, l’IFV Sud-Ouest a ainsi lancé une<br />

étu<strong>de</strong>, dans le cadre d’un projet Interbio financé <strong>par</strong> la région Midi-Pyrénées, afin d’évaluer<br />

l’efficacité <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations fertilisantes <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire utilisables en viticulture biologique,<br />

pour corriger le statut azoté <strong>de</strong>s moûts.<br />

3 - RAPPELS SUR LES PULVERISATIONS AZOTEES FOLIAIRES A LA<br />

VERAISON EN VITICULTURE CONVENTIONNELLE<br />

3.1 – Impact sur la teneur <strong>de</strong>s raisins en azote<br />

Au cours <strong>de</strong>s expérimentations conduites <strong>par</strong> l’IFV entre 2005 et 2009 -une centaine <strong>de</strong><br />

modalités a été traitée- l’azote pulvérisé sur vigne sous forme d’urée à la véraison a entrainé,<br />

dans la plu<strong>par</strong>t <strong>de</strong>s situations, une augmentation <strong>de</strong> la concentration en azote du moût (figure<br />

1). Les apports correspondant à <strong>de</strong>s quantités d’azote comprises entre 10 kg et 20 kg <strong>par</strong><br />

hectare sont pratiquées en <strong>de</strong>ux fois en encadrement <strong>de</strong> la véraison et à <strong>de</strong>s volumes <strong>par</strong><br />

hectare <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 400L. En moyenne, l’augmentation <strong>de</strong> l’azote du moût observée est<br />

linéaire et pour 10 kg d’azote pulvérisés <strong>par</strong> hectare, on peut attendre une augmentation <strong>de</strong><br />

50% <strong>de</strong> la concentration en azote du moût alors que pour 20 kg <strong>par</strong> hectare cette augmentation<br />

est doublée (+100%). La variabilité <strong>de</strong>s résultats est assez importante et dans certains cas,<br />

aucun effet n’a pu être remarqué.<br />

De nombreux facteurs peuvent en effet influencer la qualité <strong>de</strong> la pulvérisation au vignoble :<br />

la dose employée et la formulation <strong>de</strong> l’urée, la pério<strong>de</strong> et le moment d’application, le réglage<br />

du pulvérisateur, l’état <strong>de</strong> stress <strong>de</strong> la végétation et les conditions climatiques. Les spécialités<br />

présentes sur le marché en viticulture conventionnelle ont un coût d’environ 10 € HT <strong>par</strong><br />

unité fertilisante et <strong>par</strong> hectare <strong>de</strong> vigne pour une concentration en azote variant entre 200 et<br />

350g/L. D’autres travaux conduits <strong>par</strong> l’IFV ont permis <strong>de</strong> com<strong>par</strong>er les effets sur l’azote<br />

assimilable du moût <strong>de</strong> pulvérisations associées d’azote et <strong>de</strong> soufre en com<strong>par</strong>aison à <strong>de</strong>s<br />

apports d’azote seul. Des résultats d’étu<strong>de</strong> sur blé (Téa, 2004) suggèrent <strong>de</strong>s effets<br />

synergiques <strong>de</strong> l’emploi du soufre dans l’assimilation <strong>de</strong> l’azote <strong>par</strong> la plante.<br />

Dans nos conditions, il n’ap<strong>par</strong>ait pas <strong>de</strong> différences entre les <strong>de</strong>ux systèmes et il est ainsi<br />

possible <strong>de</strong> considérer qu’un mélange d’azote et soufre pulvérisé sur vigne n’augmente pas le<br />

niveau d’azote du moût en com<strong>par</strong>aison à une même dose d’azote seul pulvérisée dans les<br />

mêmes conditions. L’association du soufre à l’azote permet en revanche d’enrichir le moût en<br />

métabolites soufrés comme le glutathion ou la cystéine. Ces composés soufrés interviennent<br />

et <strong>par</strong>ticipent à la génèse <strong>de</strong> composés odorants en vinifications. Réalisée <strong>de</strong> manière<br />

raisonnée, l'utilisation <strong>de</strong> l'azote n’engendre pas d’effets secondaires sur la vigne (brûlure,<br />

augmentation <strong>de</strong> la vigueur et <strong>de</strong> la pourriture), ni sur le vin (augmentation <strong>de</strong> la teneur en<br />

carbamate d'éthyle et en protéines instables).<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne pour corriger le statut<br />

azoté <strong>de</strong>s moûts – page 4


+ 200%<br />

+ 150%<br />

101 mesures ‐ 5cépages ‐ 5 millésimes<br />

+ 100%<br />

+ 50%<br />

pas d'effet<br />

azote foliaire (kg/ha) sur vigne<br />

N10 kg/ha N15 kg/ha N20 kg/ha<br />

Figure 1 : gain en azote assimilable du moût après<br />

pulvérisation foliaire d’azote <strong>par</strong> rapport à un témoin non traité<br />

3.2 – Impact sur la teneur <strong>de</strong>s vins en arômes variétaux et fermentaires<br />

Dans les différents essais réalisés <strong>par</strong> l’IFV, la pulvérisation en mélange d’azote ou d’azote et<br />

soufre a été pratiquée en <strong>de</strong>ux passages en commençant aux environs <strong>de</strong> 20% <strong>de</strong> véraison <strong>de</strong>s<br />

baies. Les thiols variétaux dosés dans les vins ont été com<strong>par</strong>és aux témoins non traités. Ces<br />

dosages concernent le 3-MercaptoHexan-1-ol ou 3MH aux arômes <strong>de</strong> pamplemousse et<br />

l’acétate <strong>de</strong> 3-MercaptoHexyle ou Ac3MH aux aromes <strong>de</strong> fruit tropical et <strong>de</strong> buis produit <strong>par</strong><br />

la levure <strong>par</strong> estérification du 3MH. La production d’Ac3MH dépend du métabolisme <strong>de</strong> la<br />

levure et <strong>de</strong> sa capacité à estérifier le 3MH. Il a été systématiquement observé un gain en<br />

thiols variétaux dans les vins issus <strong>de</strong>s modalités pulvérisées en com<strong>par</strong>aison au témoin. En<br />

moyenne, on observe quatre fois plus <strong>de</strong> composés aromatiques dans les vins et ce même<br />

lorsque le témoin présente un haut niveau en thiols (10 à 40 nanomoles <strong>par</strong> litre). Cela<br />

suggère que cette technique influence <strong>de</strong> manière importante la production <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong><br />

composés en vinification. Lorsqu’un niveau plus faible <strong>de</strong> thiols est présent dans les vins<br />

témoin (0,4 à 6 nanomoles <strong>par</strong> litre) le gain moyen est <strong>de</strong> cinq fois plus que le témoin. Nous<br />

avons également pu observer que les vins <strong>de</strong>s modalités intégrant un apport d’azote, que ce<br />

soit à la vigne ou au chai, sont plus riches en acétates d’alcools supérieurs (aromes fruités <strong>de</strong><br />

banane, <strong>de</strong> poire). Sur ce point, la pulvérisation foliaire a un impact plus significatif que<br />

l’ajout <strong>de</strong> sels ammoniacaux au chai.<br />

3.3 - Effets secondaires potentiels liés aux apports azotés<br />

Au cours <strong>de</strong> nos expérimentations, nous n'avons pas noté d'augmentation <strong>de</strong> vigueur, ni du<br />

niveau <strong>de</strong> pourriture lié au Botrytis cinerea. Cependant sur cépages sensibles et sur raisins<br />

altérés, <strong>de</strong>s baies plus riches en azote favoriseront un développement plus rapi<strong>de</strong> du<br />

champignon si celui-ci est présent. Dans nos conditions expérimentales, les pulvérisations<br />

d'azote foliaire réalisées n'ont pas entraîné d'augmentation dans les vins <strong>de</strong> la teneur en<br />

protéine instable, les vins témoin et traité se situant dans la même gamme d'instabilité<br />

protéique.<br />

4 – CRITERES DE CHOIX DES PREPARATIONS BIOLOGIQUES RETENUES<br />

POUR L’ESSAI EN FERTILISATION FOLIAIRE<br />

La liste <strong>de</strong>s engrais et amen<strong>de</strong>ments utilisables en viticulture biologique, est présentée dans<br />

l’annexe IIa du règlement CEE 2092/91 modifié. Celle-ci inclut notamment les fumiers et<br />

déjections animales (guano, lisiers..) ; les farines (sang, corne, poisson, vian<strong>de</strong>…) et autres<br />

produits d’origine végétale (farine <strong>de</strong> tourteaux d’oléagineux, coques <strong>de</strong> cacao, radicelles <strong>de</strong><br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne pour corriger le statut<br />

azoté <strong>de</strong>s moûts – page 5


malt…). Ces engrais bruts, non formulés sont pour la plu<strong>par</strong>t peu ou pas solubles et <strong>par</strong><br />

conséquent non utilisables en fertilisation foliaire. Le lisier <strong>de</strong> porc, <strong>de</strong> <strong>par</strong>t sa richesse en<br />

azote et sa forme liqui<strong>de</strong>, pourrait présenter un intérêt pour ce type d’apport azoté. A signaler<br />

que l’urée contenue dans le lisier est peu stable et se retrouve rapi<strong>de</strong>ment dégradée en<br />

ammoniaque (NH3) puis en ion ammonium (NH4+). Son principal inconvénient est son o<strong>de</strong>ur<br />

nauséabon<strong>de</strong>. Différents traitements comme la méthanisation ou le procédé physico-chimique<br />

MAE permettent d’éliminer ces o<strong>de</strong>urs. Ces procédés <strong>de</strong> dépollution étant rares et les usines<br />

<strong>de</strong> traitement éloignées <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> production viticoles du Sud-Ouest <strong>de</strong> la France, nous<br />

avons préféré nous orienter vers <strong>de</strong>s produits formulés.<br />

Afin <strong>de</strong> choisir les 3 candidats idéaux pour notre étu<strong>de</strong>, nous avons réalisé un inventaire, le<br />

plus complet possible sans être exhaustif <strong>de</strong>s spécialités commerciales disponibles sur le<br />

marché. Les spécialités i<strong>de</strong>ntifiées, dont nous avons pu obtenir le coût, sont présentées dans le<br />

tableau 1 ci-<strong>de</strong>ssous. D’une manière globale, ces produits présentent <strong>de</strong>s teneurs en azote<br />

faibles à modérées.<br />

Nom <strong>de</strong> la<br />

spécialité<br />

Liquoplant B<br />

336<br />

Fabricant<br />

Origine / Forme<br />

d'azote<br />

Teneur en<br />

azote total<br />

[g/l]<br />

Coût [€/L]<br />

Coût <strong>de</strong> l'unité<br />

fertilisante azotée<br />

[€]<br />

Plantin algues 39 3,20 82<br />

Stimurel Angibaud non i<strong>de</strong>ntifiée 50 10,70 214<br />

Gepavit<br />

Extrahumique<br />

Fertinagro<br />

substances et aci<strong>de</strong>s<br />

humiques<br />

30‐37 2,30 66<br />

Algadiol Fertinagro algues 20 7,00 350<br />

Humiraifol<br />

Diaglutin<br />

Aminovital<br />

Fertinagro<br />

Biofa<br />

Biofa<br />

aci<strong>de</strong> aminé 15 à<br />

18,5%<br />

aci<strong>de</strong> aminé ‐<br />

digestion<br />

enzymatique plante<br />

digestion<br />

enzymatique<br />

protéines animales<br />

60 4,50 75<br />

95 5,90 62<br />

108 4,90 45<br />

Pure Amino 2 Purebiz aci<strong>de</strong> aminé 90 4,00 44<br />

Greenstim<br />

Ithec<br />

glycine‐betaïne<br />

(algue)<br />

120 g/kg 22,00 /kg 183<br />

Nutricali bio Frayssinet non i<strong>de</strong>ntifiée 40 4,50 112<br />

Biplantol<br />

Guano<br />

Biplantol guano 60 11,00 166<br />

Solalg Samabiol non i<strong>de</strong>ntifiée 20 10,00 500<br />

ISOTONIC Bio Bio3G non i<strong>de</strong>ntifiée 40 15,00 375<br />

Myr Azote<br />

Fertigofol<br />

CPN‐Giten<br />

Agronutrition<br />

végétal ‐ aci<strong>de</strong>s<br />

aminés<br />

végétal ‐ aci<strong>de</strong>s<br />

aminés<br />

60 8,80 147<br />

48 4,60 97<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne pour corriger le statut<br />

azoté <strong>de</strong>s moûts – page 6


Solalg Samabiol algues marines 24 10,20 426<br />

Techniprotec<br />

TED<br />

Tecnivert organique 120 g/kg 27,00 225<br />

Tableau 1 – Inventaire non-exhaustif <strong>de</strong>s engrais formulés utilisables <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire<br />

Les quantités d’azote à apporter <strong>par</strong> hectare étant importante (<strong>de</strong> 5 à 20 unités) et très<br />

largement supérieures aux quantités préconisées <strong>par</strong> les fabricants (1 à 2 unités), notre choix<br />

s’est porté sur <strong>de</strong>s spécialités à teneur intéressante en azote (>30 g/L) afin d’obtenir au cours<br />

du traitement une dilution suffisante et prévenir ainsi les risques <strong>de</strong> phytotoxicité. Le second<br />

critère <strong>de</strong> choix a été le coût <strong>de</strong> l’unité fertilisante avec comme objectif que le cout <strong>de</strong><br />

l’application <strong>par</strong> hectare soit le plus faible possible. Enfin, nous avons souhaité tester <strong>de</strong>s<br />

produits élaborés à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> matières premières d’origine variée (marine, végétale et animale)<br />

afin <strong>de</strong> tester <strong>de</strong>s formulations en aci<strong>de</strong>s aminés présupposées différentes.<br />

3 spécialités ainsi été retenues 1. Liquoplant B336 contenant <strong>de</strong>s extraits d’algues (Plantin –<br />

France). 2. Aminovital élaboré à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> protéines animales issues <strong>de</strong> blancs d’’œufs (Biofa<br />

– Allemagne) 3. Diaglutin élaboré <strong>par</strong> hydrolyse enzymatique <strong>de</strong> protéines végétales (Biofa-<br />

Allemagne).<br />

Il est important <strong>de</strong> signaler qu’un grand nombre <strong>de</strong> fabricants d’engrais contactés nous ont<br />

confié être en cours d’élaboration <strong>de</strong> nouvelles formulations azotées. L’offre <strong>de</strong>vrait <strong>par</strong><br />

conséquent évoluer prochainement. A noter également que <strong>de</strong>s dosages d’azote ont été<br />

réalisés sur <strong>de</strong>s purins d’ortie commerciaux et artisanaux. Ces analyses ont révélé, dans ces<br />

pré<strong>par</strong>ations, <strong>de</strong>s teneurs insuffisamment élevées (


Témoin = 179 mg/l<br />

Figure 2 – Gain en azote <strong>de</strong>s raisins après fertilisation azotée à 5 et 20 kg/h<br />

<strong>par</strong> rapport à un témoin non traité<br />

* valeur moyenne théorique calculée sur la base d’un gain <strong>de</strong> 100%. Nous ne disposons pas <strong>de</strong> référence pour <strong>de</strong>s apports d’urée à 5kg/ha<br />

5.2 – Parcelle conduite en viticulture biologique carencée en azote dans les moûts<br />

La secon<strong>de</strong> menée en viticulture biologique (cépage Sauvignon – AOP St Sardos - 82)<br />

présente une légère carence en azote <strong>de</strong>s moûts (Témoin = 116 mg/L). Cet essai a été réalisé<br />

en ban<strong>de</strong> et la surface traitée correspond à 54 pieds consécutifs. Une seule dose <strong>de</strong> 10kg/ha a<br />

été apportée. Des dosages d’azote ont été pratiqués sur les raisins à la récolte (Figure 3) et sur<br />

moût avant dé<strong>par</strong>t en fermentation (Figure 4). La vendange a été récoltée, vinifiée et <strong>de</strong>s<br />

dosages <strong>de</strong> thiols variétaux ont été réalisés sur les vins après mise en bouteille.<br />

Témoin = 116 mg/l<br />

Figure 3 – Gain en azote <strong>de</strong>s raisins après fertilisation azotée à 10 kg/ha<br />

<strong>par</strong> rapport à un témoin non traité<br />

* valeur moyenne théorique calculée sur la base d’un gain <strong>de</strong> 50%<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne pour corriger le statut<br />

azoté <strong>de</strong>s moûts – page 8


60%<br />

50%<br />

41%<br />

47%<br />

50%<br />

40%<br />

30%<br />

20%<br />

20%<br />

10%<br />

0%<br />

Diaglutin<br />

Liquoplant<br />

B336<br />

Aminovital<br />

Urée*<br />

Témoin=125 mg/l<br />

Figure 4 – Gain en azote <strong>de</strong>s moûts après fertilisation azotée à 10 kg/ha<br />

<strong>par</strong> rapport à un témoin non traité<br />

* valeur moyenne théorique calculée sur la base d’un gain <strong>de</strong> 50%<br />

Ces premiers résultats <strong>de</strong> dosage d’azote <strong>de</strong>s baies à la récolte montrent <strong>de</strong>s enrichissements<br />

intéressants. L’azote organique <strong>de</strong>s pré<strong>par</strong>ations testées est bien assimilé <strong>par</strong> la plante. Sur la<br />

<strong>par</strong>celle conduite en viticulture conventionnelle (témoin=179 mg/l), les différences entre les<br />

spécialités sont peu marquées. L’augmentation <strong>de</strong> la dose apportée impacte peu le niveau<br />

d’azote <strong>de</strong>s baies (<strong>de</strong> +28% à +50% <strong>par</strong> rapport au témoin). Sur la <strong>par</strong>celle <strong>de</strong> Sauvignon<br />

menée en viticulture biologique, à la carence azotée marquée (témoin=116 mg/l), la spécialité<br />

élaborée à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> protéines animales se distingue et présente une efficacité qui semble<br />

équivalente à celle théorique <strong>de</strong> l’urée (+48% d’azote <strong>par</strong> rapport au témoin). Des dosages <strong>de</strong><br />

la composition azotée (teneur en ion ammonium et aminogramme) <strong>de</strong>s spécialités testées sont<br />

en cours <strong>de</strong> réalisation et permettront <strong>de</strong> caractériser les différences observées entre les<br />

différentes pré<strong>par</strong>ations, à quantité d’azote apportée équivalente.<br />

6 – IMPACT DES FERTILISATIONS SUR LE DEROULEMENT DES<br />

FERMENTATIONS<br />

Seuls les raisins issus <strong>de</strong> la <strong>par</strong>celle conduite en viticulture biologique ont fait l’objet d’une<br />

vinification. Ces vinifications ont été réalisées en conditions réductrices. En sortie <strong>de</strong><br />

débourbage la turbidité a été ajustée à 150 NTU, les 4 lots ont été ensemencés à 20g/hl avec<br />

une levure spécialisée pour la révélation <strong>de</strong>s thiols variétaux. La fermentation alcoolique a été<br />

menée à la température <strong>de</strong> 18°C.<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne pour corriger le statut<br />

azoté <strong>de</strong>s moûts – page 9


1090<br />

30<br />

Masse volumique (g/l)<br />

1070<br />

1050<br />

1030<br />

1010<br />

Témoin<br />

Diaglutin<br />

Aminovital<br />

Liquoplan B336<br />

Perte <strong>de</strong> masse volumique (g/l)<br />

20<br />

10<br />

Témoin<br />

Diaglutin<br />

Aminovital<br />

Liquoplan B336<br />

990<br />

J1 J3 J5 J7 J9 J11 J13 J15<br />

0<br />

J1‐J2 J3‐J4 J5‐J6 J7‐J8 J9‐J10 J11‐J12<br />

Figures 5 et 6 – Suivi quotidien <strong>de</strong> la masse volumique et vitesse moyenne <strong>de</strong> fermentation<br />

observée pour les 4 modalités étudiées (Perte <strong>de</strong> masse volumique g/l/jour)<br />

La fermentation alcoolique est plus rapi<strong>de</strong> et la phase <strong>de</strong> latence plus courte dans le cas <strong>de</strong>s moûts<br />

issus <strong>de</strong>s modalités avec apport d’azote (Figures 5 et 6). A cet égard, les modalités Aminovital et<br />

Diaglutin se distinguent <strong>par</strong> leur cinétique fermentaire et leur vitesse moyenne maximale <strong>de</strong><br />

fermentation supérieure, en accord avec les dosages d’azote déjà réalisés sur les raisins.<br />

7 – EFFETS SECONDAIRES ET INDESIRABLES OBSERVES<br />

L’observation <strong>de</strong> l’état du feuillage sur les <strong>de</strong>ux <strong>par</strong>celles, sept jours après la réalisation du<br />

premier apport foliaire, ne met pas en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> toxicité ni <strong>de</strong> dégradation visuelle, sauf<br />

pour la modalité Liquoplant B336 où <strong>de</strong> légères brûlures ont pu être observées. 48h après la<br />

réalisation du second apport foliaire, une vague <strong>de</strong> chaleur inhabituelle à cette époque s’est<br />

répandue sur le Sud-Ouest. Les températures maximales sous abri ont grimpé<br />

progressivement <strong>de</strong> 29°C, le 18 août pour atteindre 40.4°C le 27 août.<br />

Les photos du tableau 2 illustrent les phénomènes <strong>de</strong> brûlures observés sur le feuillage. Ces<br />

clichés ont été réalisés sur la <strong>par</strong>celle conduite en viticulture biologique à la récolte le 9<br />

septembre. Les modalités Liquoplan B336 et Diaglutin semblent être les plus touchées <strong>par</strong> ces<br />

phénomènes <strong>de</strong> brûlure.<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne pour corriger le statut<br />

azoté <strong>de</strong>s moûts – page 10


Nom <strong>de</strong> la<br />

spécialité<br />

Etat du feuillage 10 jours<br />

après le 1 er traitement<br />

Etat du feuillage à la récolte<br />

Témoin<br />

Diaglutin<br />

Aminovital<br />

Liquoplan B336<br />

Tableau 2 – Etat visuel du feuillage après le premier apport azoté et à la récolte sur la <strong>par</strong>celle<br />

conduite en viticulture biologique<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne pour corriger le statut<br />

azoté <strong>de</strong>s moûts – page 11


8 – IMPACT SUR LA MATURITE DES RAISINS / HOMOGENEITE DE LA<br />

PARCELLE<br />

L’impact <strong>de</strong> ces effets secondaires sur le potentiel photosynthétique et sur le niveau <strong>de</strong><br />

maturité <strong>de</strong>s raisins à la récolte est assez difficile à mesurer. Sur la <strong>par</strong>celle <strong>de</strong> Musca<strong>de</strong>lle<br />

conduite en viticulture conventionnelle et au niveau faible <strong>de</strong> maturité (Tableau 3), peu <strong>de</strong><br />

différences analytiques sont observées entre la modalité témoin et les modalités traitées. Par<br />

contre sur la <strong>par</strong>celle <strong>de</strong> Sauvignon (Tableau 4), les contrôles <strong>de</strong> maturité mettent en évi<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong>s écarts importants entre les modalités, un gradient décroissant <strong>de</strong> maturité est même<br />

observé dans l’ordre <strong>de</strong>s modalités Témoin, Diaglutin, Aminovital et Liquoplant. Cette<br />

observation, mise en relation avec les mesures <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment dis<strong>par</strong>ates réalisées à la récolte et<br />

la configuration du dispositif expérimental, suggère une hétérogénéité <strong>par</strong>cellaire, pourtant<br />

inconnue du vigneron, <strong>de</strong> la gauche vers la droite <strong>de</strong> la <strong>par</strong>celle.<br />

Un plan expérimental en blocs, comprenant trois répétitions <strong>par</strong> modalité, sera mis en place<br />

l’an prochain <strong>de</strong> manière systématique afin d’éviter ces problèmes d’hétérogénéité. Ce<br />

dispositif semble d’autant plus important que cette <strong>par</strong>celle <strong>de</strong> Sauvignon est très largement<br />

atteinte <strong>par</strong> les maladies du bois et présente 20 à 30 % <strong>de</strong> pieds manquants.<br />

Modalité<br />

Degré potentiel<br />

[% Vol]<br />

Sucres<br />

[g/l]<br />

AC Totale<br />

[g/l H2SO4]<br />

Témoin 5U 9,5 159,9 3,29 3,32<br />

Témoin 20U 9,6 161,6 3,10 3,36<br />

Aminovital 5U 9,5 159,9 3,38 3,46<br />

Aminovital 20U 9,7 163,3 3,31 3,49<br />

Diaglutin 5U 9,6 161,6 3,56 3,48<br />

Diaglutin 20U 9,0 151,5 4,32 3,46<br />

Liquoplant 5U 10,1 170,0 3,51 3,44<br />

Liquoplant 20U 9,7 163,3 3,63 3,49<br />

Récolte 9,7 163,3 3,26 3,44<br />

Tableau 3 – Résultats <strong>de</strong>s contrôles <strong>de</strong> maturité pratiqués sur raisins à la récolte sur la <strong>par</strong>celle conduite en<br />

viticulture conventionnelle – cépage Musca<strong>de</strong>lle – AOP Gaillac<br />

pH<br />

Modalité<br />

Degré<br />

potentiel<br />

[% Vol]<br />

Sucres<br />

[g/l]<br />

AC Totale<br />

[g/l<br />

H2SO4]<br />

pH<br />

Ren<strong>de</strong>ment<br />

<strong>par</strong> souche<br />

(kg)<br />

Ren<strong>de</strong>ment<br />

<strong>par</strong> hectare<br />

(T)<br />

Témoin 13,6 228,9 4,59 3,16 2,13 7,6<br />

Liquoplant 11,2 188,5 4,83 3,22 1,58 5,6<br />

Diaglutin 12,4 208,7 4,43 3,21 2,25 8,0<br />

Aminovital 11,6 195,2 4,85 3,21 2,08 7,4<br />

Tableau 4 – Résultats <strong>de</strong>s contrôles <strong>de</strong> maturité pratiqués sur raisins à la récolte et <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> poids <strong>de</strong><br />

récolte sur la <strong>par</strong>celle conduite en viticulture biologique<br />

Cépage Sauvignon – AOP St Sardos<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne pour corriger le statut<br />

azoté <strong>de</strong>s moûts – page 12


9 – INTERET DE PULVERISATION PLUS TARDIVE<br />

Il ap<strong>par</strong>aît suite à <strong>de</strong> nombreux travaux (Conradie, 1986) que le moment <strong>de</strong> la véraison, est la<br />

pério<strong>de</strong> optimale pour optimiser la composition azotée <strong>de</strong>s grappes sans déséquilibrer le<br />

fonctionnement physiologique <strong>de</strong> la plante. C’est pour cette raison que les pulvérisations<br />

foliaires azotées sont préférentiellement réalisées en encadrement <strong>de</strong> véraison.<br />

Une modalité supplémentaire a été rajoutée au dispositif expérimental mis en œuvre sur la<br />

<strong>par</strong>celle conduite en viticulture conventionnelle afin <strong>de</strong> vérifier ces observations sur les<br />

pré<strong>par</strong>ations foliaires <strong>biologiques</strong>. Un apport <strong>de</strong> 5kg/ha a ainsi été pratiqué en une seule fois,<br />

10 jours avant la date <strong>de</strong> récolte, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la spécialité d’origine animale. Les résultats <strong>de</strong>s<br />

dosages d’azote sur raisins mettent en évi<strong>de</strong>nce un gain moindre que <strong>de</strong>s apports réalisés en<br />

<strong>de</strong>ux fois à la véraison (figure 7).<br />

30%<br />

28%<br />

25%<br />

20%<br />

15%<br />

10%<br />

8%<br />

5%<br />

0%<br />

Véraison (2x2,5kg/ha)<br />

Récolte ‐10j (1x 5kg/ha)<br />

Témoin = 179 mg/l<br />

Figure 7 : Gain en azote <strong>de</strong>s raisins après fertilisation azotée à la véraison (2x2.5kg/ha) et 10 jours avant la récolte<br />

(1x5kg/ha) <strong>par</strong> rapport à un témoin non traité<br />

10 – REFLEXION SUR LES DIFFERENCES OBSERVEES ENTRE LES PRODUITS<br />

TESTES<br />

Les travaux du Furuya et Umumiya ont montré que l’ion ammonium était mieux assimilé <strong>par</strong> la plante<br />

que les formes aminées. Les aci<strong>de</strong>s aminés les plus facilement absorbés seraient ceux au faible poids<br />

moléculaire comme la glycine ou l’alanine. Afin d’essayer d’expliquer la hiérarchie observée en terme<br />

d’efficacité entre les différents produits testés (Aminovital > Diaglutin > Liquoplant), nous nous<br />

sommes intéressés à leur composition azotée qui a été analysée au LAAE <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Saragosse<br />

(Espagne). Les résultats <strong>de</strong>s teneurs en azote aminés et en ion ammoniacal sont présentés dans le<br />

tableau 5 ci-<strong>de</strong>ssous. Au niveau <strong>de</strong>s teneurs en azote ammoniacal et aminé, la hiérarchie n’est pas<br />

respectée entre les produits. Malgré une teneur en ion NH4+ inférieure, la spécialité « Liquoplant »<br />

présente une teneur supérieure en azote. Etant composée <strong>de</strong> matière azotée <strong>de</strong> plus faible poids<br />

moléculaire, elle pourrait être à priori plus assimilable. Les spécialités pourraient contenir d’autres<br />

substances azotées non dosées. Il ap<strong>par</strong>aît <strong>par</strong> conséquent difficile d’anticiper, <strong>par</strong> simple mesure <strong>de</strong><br />

composition (aci<strong>de</strong>s aminés et NH4+), l’efficacité à priori d’un fertilisant azoté utilisable en<br />

agriculture biologique.<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne pour corriger le statut<br />

azoté <strong>de</strong>s moûts – page 13


Modalité Liquoplant Diaglutin Aminovital<br />

Quantité d’azote ammoniacal en mmol/l 3,8 5,8 4,5<br />

Quantité d'azote aminé en mmol/l 323,1 148,8 154,8<br />

Quantité d'azote ammoniacal et aminé en mg/l 4683 2429 2451<br />

Masse moléculaire moyenne <strong>de</strong>s formes azotées en g/mol 120.8 127.3 128.9<br />

Tableau 5 – Résultats <strong>de</strong>s analyses d’azote aminé et ammoniacal<br />

réalisés sur les trois spécialités testées<br />

11 – IMPACT SENSORIEL DES PULVERISATIONS FOLIAIRES<br />

L’impact sensoriel <strong>de</strong>s pulvérisations foliaires a été mesuré <strong>par</strong> analyse <strong>de</strong> la composition <strong>de</strong>s vins<br />

embouteillés en thiols variétaux et <strong>par</strong> dégustation.<br />

11.1 – Teneurs <strong>de</strong>s vins en thiols variétaux<br />

Les dosages <strong>de</strong> thiols variétaux ont été réalisés le 16 mars 2011 <strong>par</strong> le LAAE <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong><br />

Saragosse (Espagne). Des travaux ont montré que la teneur <strong>de</strong>s raisins et <strong>de</strong>s moûts en cuivre avait un<br />

impact important sur la teneur <strong>de</strong>s vins en thiols variétaux, cet élément jouant un rôle catalyseur<br />

majeur dans les réactions d’oxydation <strong>de</strong> ces arômes. Etant utilisé en viticulture biologique dans la<br />

lutte contre le mildiou, plus ou moins tardivement et à <strong>de</strong>s doses variables, il nous a ap<strong>par</strong>u important<br />

<strong>de</strong> contrôler la teneur en cuivre <strong>de</strong>s raisins à la récolte. Ce contrôle a été réalisé <strong>par</strong> le laboratoire<br />

œnologique d’Eauze (32).<br />

Modalité<br />

3MH<br />

[ng/l]<br />

Ac3MH<br />

[ng/l]<br />

Cu2+<br />

[mg/l]<br />

Témoin 439 44 0.68<br />

Liquoplant B336 128 11 0.91<br />

Diaglutin 174 37 0.35<br />

Aminovital 128 15 0.45<br />

Tableau 6 – Résultats <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong> thiols variétaux réalisées sur les vins<br />

en bouteilles et <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong> cuivre réalisées sur les raisins à la récolte<br />

La quantité <strong>de</strong> thiols variétaux (3MH + A3MH) dosée dans les vins <strong>de</strong> Sauvignon est faible pour ce<br />

cépage. Le résultat <strong>de</strong>s analyses d’aromes (tableau 6) met en évi<strong>de</strong>nce, pour les trois modalités<br />

traitées, une diminution <strong>par</strong> rapport au témoin <strong>de</strong> la teneur <strong>de</strong>s vins en thiols variétaux. C’est la<br />

première fois que nous constatons au cours <strong>de</strong> nos essais une baisse du potentiel aromatique suite à<br />

une pulvérisation foliaire azotée suivie d’un gain en azote du mout. Les trois spécialités appliquées à<br />

la véraison et à <strong>de</strong>s doses conventionnelles (5 à 20 kg <strong>de</strong> N /ha) ont pénalisé le potentiel aromatique<br />

<strong>de</strong>s vins d’un faible niveau initial.<br />

11.2 - Dégustation<br />

La dégustation <strong>de</strong>s vins d’essai a été réalisée le 16 juin 2011 <strong>par</strong> un jury <strong>de</strong> dégustateurs gersois. A la<br />

dégustation (figure 8), les différences organoleptiques entre les modalités sont peu marquées et les<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne pour corriger le statut<br />

azoté <strong>de</strong>s moûts – page 14


principales différences significatives sont observées sur la bouche (gras, sucrosité). Ces écarts sont<br />

plus à mettre en relation avec l’hétérogénéité <strong>de</strong> la <strong>par</strong>celle et les effets secondaires sur le feuillage,<br />

qu’avec un effet direct <strong>de</strong> l’application sur les équilibres en bouche. En ce qui concerne le potentiel<br />

aromatique, le vin témoin se distingue <strong>par</strong> une intensité globale au nez et une intensité « thiols »<br />

légèrement supérieures. Ces résultats vont dans le même sens que les résultats <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong><br />

composés aromatiques.<br />

intensité aromatique<br />

6<br />

astringence<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

pyrazine végétal<br />

acidité<br />

1<br />

0<br />

thiol<br />

sucrosité*<br />

fermentaire*<br />

gras*<br />

terpénique<br />

Témoin Liquoplant Diaglutin Aminovital<br />

Figure 8 : Résultat <strong>de</strong> la dégustation - Moyenne <strong>de</strong>s notes sur 10 - Analyse <strong>de</strong> variance *: significativité au seuil <strong>de</strong> 5%, test<br />

<strong>de</strong> com<strong>par</strong>aison <strong>de</strong>s moyennes <strong>de</strong> Newman&Keuls<br />

Thiols = buis, pipi <strong>de</strong> chat, pamplemousse, citron, mangue, fruit <strong>de</strong> la passion<br />

Fermentaire = poire, banane, pomme verte, fraise<br />

12 - CONCLUSION<br />

Les résultats <strong>de</strong> gain en azote sur raisins, observés au cours <strong>de</strong> cette première année<br />

d’expérimentation sur les modalités pulvérisées à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong>, sont<br />

encourageants et mettent en évi<strong>de</strong>nce une assimilation satisfaisante <strong>par</strong> la plante <strong>de</strong>s formes<br />

azotées ammoniacales et aminées. A même dose d’azote total apporté, <strong>de</strong>s différences sont<br />

observées entre les pré<strong>par</strong>ations. Les résultats <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong> composition azotée (NH4+ et<br />

aminogramme) n’ont pas permis d’expliquer les écarts observés.<br />

Les apports foliaires n’ont pas eu l’effet escompté sur l’aromatique <strong>de</strong>s vins. Une légère<br />

baisse <strong>de</strong> la teneur en thiols variétaux est observée à l’analyse sur les vins issus <strong>de</strong>s modalités<br />

traitées. Cet impact est confirmé à la dégustation.<br />

Ces résultats intéressants pour le gain en azote mais plus neutres pour l’’aromatique <strong>de</strong>s vins,<br />

méritent d’être confirmés l’an prochain. Un second volet concernera l’optimisation<br />

économique <strong>de</strong> la technique. L’un <strong>de</strong>s freins majeurs à l’utilisation <strong>de</strong> ces pré<strong>par</strong>ations<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne pour corriger le statut<br />

azoté <strong>de</strong>s moûts – page 15


iologiques à gran<strong>de</strong> échelle pour corriger le statut azoté <strong>de</strong>s moûts reste leur prix élevé. En<br />

effet, le coût <strong>par</strong> unité fertilisante d’azote <strong>de</strong>s pré<strong>par</strong>ations testées varie <strong>de</strong> 45 à 82 € ce qui<br />

représente pour <strong>de</strong>s apports <strong>de</strong> 5kg un coût <strong>de</strong> 225 à 410 € HT <strong>par</strong> hectare.<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

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type”, S. Afr. J. Enol. Vitic., vol7 n°2, 76-83<br />

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d’azote-soufre au service du fruité <strong>de</strong>s vins. Actes du Colloque Mondiaviti, Vinitech 2010, Bor<strong>de</strong>aux, 95-<br />

101.<br />

> FURUYA S., UMEMIYA Y., 2002 – The influence of chemical forms on foliar-applied nitrogen absorption<br />

for peach trees, Proceedings of International Symposium on Foliar Nutrition of Perennial Fruits Plants. Acta<br />

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> TEA I., 2004. Contribution à l’amélioration <strong>de</strong> la qualité technologique <strong>de</strong>s farines panifiables <strong>de</strong> blé <strong>par</strong><br />

l’apport foliaire d’azote et <strong>de</strong> soufre : implication <strong>de</strong>s protéines <strong>de</strong> réserves et du glutathion. Thèse <strong>de</strong><br />

doctorat <strong>de</strong> l’INP Toulouse. 173p.<br />

> HENSCHKE P.A., JIRANEK V., 1992. Yeast – Metabolism of nitrogen compounds. In: Fleet GH. Wine,<br />

microbiology and Biotechnology. Harwood Aca<strong>de</strong>mic Publishers, Sydney, 77 – 164.<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> 3 pré<strong>par</strong>ations <strong>biologiques</strong> appliquées <strong>par</strong> <strong>voie</strong> foliaire sur vigne pour corriger le statut<br />

azoté <strong>de</strong>s moûts – page 16

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