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BARTLEBY LE SCRIBE - Association Bourguignonne Culturelle

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Collège au théâtre<br />

Saison 2011/2012<br />

Fiche pédagogique n°7<br />

<strong>BART<strong>LE</strong>BY</strong> <strong>LE</strong> <strong>SCRIBE</strong>


SOMMAIRE<br />

1. Herman Melville<br />

2. Bartleby (titre original : Bartleby<br />

the Scrivener, A Wall Street History)<br />

3. Daniel Pennac<br />

4. Note d’intention : pourquoi<br />

Bartleby ?<br />

5. Une lecture<br />

6. Extrait du texte<br />

7. Pistes pédagogiques


1. Herman Melville<br />

Herman Melville est né le 1er août 1819 à<br />

New York. Sa vie, comme son œuvre, est<br />

marquée par l'océan. Issu d'une famille<br />

aisée, son père meurt en 1832, laissant le<br />

jeune Herman dans une situation<br />

financière désastreuse. Plutôt que de<br />

devenir instituteur, il préfère s'enrôler à<br />

vingt-trois ans dans l'équipage d'une<br />

baleinière des mers du Sud. Il séjourne aux<br />

îles Marquises puis rentre aux États-Unis<br />

où, inspiré par ses voyages, il commence à<br />

écrire des romans et des poèmes. Il<br />

connaît son plus grand succès avec Moby<br />

Dick, qu’il dédit à son ami Nathaniel<br />

Hawthorne. Le romancier, devenu<br />

inspecteur des douanes, malgré la maladie<br />

qui le rend presque aveugle,<br />

n'abandonnera jamais son double rêve : la<br />

mer et la littérature. Il est l’auteur de<br />

récits tirés de son expérience de marin,<br />

Typee, Omoo et Mardi, de romans,<br />

Redburn, White-Jacket (La Vareuse<br />

blanche), Pierre ou les Ambiguïtés, The<br />

Confidence Man, ainsi que de plusieurs<br />

nouvelles, parues pour l'essentiel dans les<br />

années 1850 dans deux revues<br />

concurrentes, le Putnam's Monthly<br />

Magazine (qui publie cinq nouvelles, dont :<br />

Bartleby, Benito Cereno et Les îles<br />

enchantées) et le Harper's New Monthly<br />

Magazine (qui en publie sept).<br />

Bartleby the Scrivener est certainement la plus célèbre : on considère qu'elle contient déjà des<br />

traits de la littérature existentialiste et de la littérature de l'absurde, entre autres. Considéré<br />

aujourd’hui comme l’une des figures majeures de la littérature américaine, Melville finit pourtant<br />

sa vie comme inspecteur des douanes, son œuvre ne rencontrant plus la faveur du public. Il<br />

meurt dans l’indifférence générale le 28 septembre 1891 à New-York.


2. Bartleby (titre original : Bartleby The Scrivener, A Wall Street History)<br />

Bartleby (titre original : Bartleby the Scrivener, A Wall Street History) est une nouvelle parue une<br />

première fois en 1853 dans le Putnam's Monthly Magazine et reprise en 1856 dans le recueil<br />

Contes de la véranda. Elle a été publiée en français sous de nombreux titres différents : Bartleby<br />

l'écrivain, Bartleby le scribe, Bartleby : une histoire de Wall Street, et plus simplement Bartleby.<br />

Bartleby est une œuvre éminemment atypique, qui a marqué au XX e siècle les écrivains de<br />

l'absurde, entre autres.<br />

Il s’agit d’une histoire très simple : celle d’un notaire et de sa rencontre avec Bartleby le scribe.<br />

L’histoire se passe à New York au XIX ème siècle. Dans une petite étude à Wall Street, un notaire a<br />

déjà deux employés hystériques. L’un ne fait rien le matin car il est furieux d’être insomniaque.<br />

L’autre paresse l’après-midi car il est poivrot. Il en engage un troisième : Bartleby. C’est un<br />

étrange personnage qui travaille derrière un paravent en mangeant des biscuits au gingembre. Il<br />

ne bouge pas, ne parle pas et n’existe qu’à travers son pas trainant. Il agace le notaire.<br />

Un jour, ce dernier demande à ses employés de collationner les copies. Bartleby répond « I would<br />

prefer not to » expression traduite en français par « je ne préfèrerais pas » ou « je préfèrerais ne<br />

pas » ou encore « j’aimerais mieux pas ».<br />

Le notaire insiste mais Bartleby répond toujours « I would prefer not to ». A part copier, il se<br />

refuse à toute autre action, même de sortir de l’étude où il dort.<br />

On sent petit à petit qu’une fissure se cache dans le personnage. Le notaire découvre d’ailleurs<br />

avec stupeur que Bartleby vit, dort, mange à l’étude, qu’il n’a pas de maison, pas d’histoire.<br />

Il n’est même pas un vagabond puisqu’il vit dans son coin sans bouger.<br />

Peu à peu, il ne veut même plus copier et passe ses journées à méditer.<br />

Le spectateur, va se prendre de sympathie pour le notaire qui ne sait pas comment surmonter sa<br />

culpabilité, ses hésitations, et qui finira par fuir.<br />

Bartleby ne bouge pas !<br />

Le mystère reste entier. On ne sait pas s’il est fou, révolté, mélancolique, cynique, nihiliste…<br />

A chacun sa réponse….


3. Daniel Pennac<br />

Daniel Pennac, de son vrai nom Daniel Pennacchioni, né le 1 er décembre 1944 à Casablanca<br />

au Maroc, est un écrivain français. Il a reçu le prix Renaudot en 2007 pour son essai Chagrin<br />

d'école.<br />

Il est le quatrième et dernier d’une tribu de garçons. Son père est militaire. Quand il évoque<br />

son père, il l’assimile à la lecture : « Pour moi, le plaisir de la lecture est lié au rideau de<br />

fumée dont mon père s’entourait pour lire ses livres. Et il n’attendait qu’une chose, c’est<br />

qu’on vienne autour de lui, qu’on s’installe et qu’on lise avec lui, et c’est ce que nous<br />

faisions.»<br />

Daniel Pennac passe une partie de sa scolarité en internat, ne rentrant chez lui qu’en fin de<br />

trimestre. De ses années d’école il raconte : «Moi, j’étais un mauvais élève, persuadé que je<br />

n’aurais jamais le bac.» Toutefois, grâce à ses années d’internat, il a pris goût à la lecture. On<br />

n’y permettait pas aux enfants de lire, comme il l’évoque dans Comme un roman : « En sorte<br />

que lire était alors un acte subversif. À la découverte du roman s’ajoutait l’excitation de la<br />

désobéissance…».<br />

Ses études de lettres le mènent à l’enseignement, de 1969 à 1995, en collège puis en lycée, à<br />

Soissons et à Paris. Son premier livre, écrit en 1973 après son service militaire, est un<br />

pamphlet qui s’attaque aux grands mythes constituant l’essentiel du service national :


l’égalité, la virilité, la maturité. Il devient alors Daniel Pennac, changeant son nom pour ne<br />

pas porter préjudice à son père.<br />

Dans la Série Noire, il publie en 1985, Au bonheur des ogres, premier volet de la saga de la<br />

tribu des Malaussène (dont on retrouvera le «petit» dans Kamo. L’idée du siècle). Daniel<br />

Pennac continue sa tétralogie avec La Fée Carabine puis La petite marchande de prose et<br />

Monsieur Malaussène (il y a ajouté depuis Aux fruits de la passion). Il diversifie son public<br />

avec une autre tétralogie pour les enfants, mettant en scène des héros proches de l’univers<br />

enfantin, préoccupé par l’école et l’amitié : Kamo, l’agence Babel, Kamo et moi, L’évasion de<br />

Kamo et Kamo, l’idée du siècle.<br />

À ces fictions s’ajoutent d’autres types d’ouvrages : un essai sur la lecture, Comme un roman,<br />

deux ouvrages en collaboration avec le photographe Robert Doisneau et La débauche, une<br />

bande dessinée, avec Jacques Tardi.<br />

Daniel Pennac défend le plaisir de la lecture à voix haute. Grand amateur de livres audio, il a<br />

lui-même enregistré plusieurs de ses livres pour Gallimard et pour l'association Lire dans le<br />

noir.<br />

Sur scène, après avoir interprété Merci au théâtre du Rond-Point, il lit Bartleby le scribe.<br />

4. Note d’intention : Pourquoi Bartleby ?<br />

« Bartleby est l’histoire d’un homme qui s’arrête. Un homme qui cesse de jouer le jeu des<br />

hommes. Il exprime cette décision par un refus poli, “I would prefer not to” (je préférerais pas),<br />

en se refusant à toute explication. Or, le narrateur de cette histoire, un notaire de Wall Street<br />

chez qui Bartleby remplit la fonction de scribe, se fait, lui, un devoir de comprendre tous ses<br />

semblables. Un face à face entre deux solitudes, donc : Bartleby, l’homme qui ne veut plus jouer<br />

à l’homme, et le narrateur, l’homme qui ne peut vivre sans comprendre les hommes. Le duel de<br />

nos deux tentations favorites, en somme.<br />

Je ne sais plus quand j'ai lu le Bartleby de Melville pour la première fois. Mes plus vieux amis<br />

affirment que je leur en parle depuis toujours. Bartleby et son notaire me hantent. Le premier<br />

par son refus de jouer le jeu des hommes, le second par son vain acharnement à comprendre ce<br />

refus, l'un et l'autre par la bouleversante et drolatique confrontation de leurs solitudes. Si on<br />

demandait à Bartleby le pourquoi de cette lecture publique, il répondrait, impavide : "Ne voyezvous<br />

pas la raison de vous-même ?" C'est tout ce que se proposait Melville : voir par soi-même,<br />

c'est à dire au plus profond de nous, où gît ce rire qui accompagne, quoi que nous fassions, nos<br />

efforts les plus méritoires. Et puis, toute ma vie, j'ai lu à voix haute. (A voix autre.) Il fallait bien<br />

que ça finisse sur la scène d'un théâtre. D'autant plus qu'aujourd'hui j'ai l'âge du narrateur de<br />

cette histoire. C'est idiot, mais ça crée des liens. »<br />

Daniel Pennac


5. Une lecture<br />

Nous ne donnerons aucun détail de<br />

scénographie puisqu’il s’agit d’une lecture<br />

sans aucun effet de mise en scène. Sur le<br />

plateau : une chaise et un lecteur au<br />

service du texte : Daniel Pennac.<br />

6. Extrait du texte<br />

Avec simplicité et générosité, l’écrivain<br />

Daniel Pennac se fait lecteur de Melville<br />

pendant plus d’une heure. Il est tout<br />

entier dévoué au plaisir de la langue et du<br />

récit.<br />

On connaît son intérêt pour la lecture à<br />

haute voix. Et il fait renaître pour nous la<br />

magie de l’enfance.<br />

On comprend mieux le volontaire<br />

dénuement de la mise en scène.<br />

Pennac le lecteur ne prend pas la pose. Il<br />

prend le temps, dérape parfois, et propose<br />

aussi de renoncer à l’urgence, au dictat de<br />

la perfection. Il retrouve la posture de<br />

Bartleby, le retrait tranquille qui s’oppose<br />

à l’agitation, à l’affolement de la société.<br />

Sa voix saura prendre les accents éperdus<br />

du refus du scribe, se faire poignante et<br />

nous faire prendre conscience de<br />

l’absurdité d’une situation dans laquelle il<br />

n’y a aucune issue.<br />

Pour connaitre le personnage de Bartleby, voici un extrait de l’œuvre où pour la première<br />

fois, le narrateur se heurte au célèbre leitmotiv …<br />

« C’est, il va sans dire, une part indispensable du travail du scribe que de vérifier mot à mot<br />

l’exactitude de sa copie. Lorsqu’il y a deux scribes ou plus dans une étude, ils s’assistent<br />

mutuellement dans cet examen, l’un lisant la copie, l’autre prenant en main l’original. C’est<br />

une besogne ennuyeuse, monotone et soporifique. J’imagine aisément qu’elle puisse être<br />

absolument intolérable à certains tempéraments sanguins. Je ne saurais affirmer, par<br />

exemple, que le fougueux poète Byron se fût assis d’un cœur content aux côtés de Bartleby<br />

pour collationner un document de, disons, cinq cents pages d’une écriture serrée et<br />

chafouine. De temps à autre, j’avais accoutumé, dans la presse du travail, d’aider moi-même<br />

à la vérification de quelque bref document, appelant Dindon ou Lagrinche à cet effet. Si<br />

j’avais placé Bartleby aussi près de moi derrière le paravent, c’était précisément pour user de<br />

ses services à ces menues occasions. Il était, je crois, depuis trois jours avec moi, et ses<br />

propres écritures n’avaient pas encore dû être collationnées lorsque, fort pressé d’expédier<br />

une petite affaire en cours, j’appelai tout à coup Bartleby. Dans ma hâte et dans ma


confiance naturelle en son obéissance immédiate, j’étais assis la tête penchée sur l’original,<br />

et ma main droite tendant la copie de flanc avec quelque nervosité, afin que Bartleby pût<br />

s’en saisir dès l’instant qu’il émergerait de sa retraite et se mît au travail sans le moindre<br />

délai. Telle était donc exactement mon attitude lorsque je l’appelai en lui expliquant<br />

rapidement ce que j’attendais de lui : à savoir qu’il collationnât avec moi un bref mémoire.<br />

Imaginez ma surprise, non, ma consternation lorsque, sans quitter sa solitude, Bartleby<br />

répondit d’une voix singulièrement douce et ferme : « Je préférerais pas. » Je gardai pendant<br />

quelques instants un silence parfait afin de rassembler mes esprits en déroute. L’idée me vint<br />

aussitôt que mes oreilles m’avaient abusé ou que Bartleby s’était entièrement mépris sur le<br />

sens de mes paroles. Je répétai ma requête de la voix la plus claire que je pusse prendre. Mais<br />

tout aussi clairement retentit la même réponse que devant : « Je préférerais pas.<br />

Vous préféreriez pas ? » fis-je en écho, me levant avec beaucoup d’excitation et traversant la<br />

pièce à grandes enjambées. « Que voulez-vous dire ? Avez-vous la berlue ? Je veux que vous<br />

m’aidiez à collationner ce feuillet-ci... Tenez. » Et je le lui tendis. « Je préférerais pas », dit-il.<br />

Je le regardai fixement. Son visage offrait une maigreur tranquille ; son œil gris, une vague<br />

placidité. Si j’avais décelé dans ses manières la moindre trace d’embarras, de colère,<br />

d’impatience ou d’impertinence ; en d’autres termes, si j’avais reconnu en lui quelque chose<br />

d’ordinairement humain, je l’eusse sans aucun doute chassé violemment de mon étude. Mais<br />

en l’occurrence j’aurais plutôt songé à mettre à la porte mon pâle buste de Cicéron en plâtre<br />

de Paris. Je restai quelque temps à le considérer, tandis qu’il poursuivait ses propres<br />

écritures, et puis je retournai m’asseoir à mon bureau. Voilà qui est étrange, pensai-je. Quel<br />

parti prendre ? Mais les affaires pressaient. Je décidai d’oublier provisoirement l’incident, le<br />

réservant pour d’ultérieurs loisirs.<br />

7. Pistes pédagogiques<br />

1. A vous de jouer<br />

1.1. Pour identifier les personnages après la lecture, mettez en relation et justifiez :<br />

1 narrateur a bedonnant<br />

2 Gingembre b sobre<br />

3 Bartleby c jeune<br />

4 Dindon d paisible<br />

5 Lagrinche e sans ambition<br />

Réponses : (1-e 2-c 3-d 4 a 5 b)


1.2. QCM (réponses en gras)<br />

A) Dindon est<br />

- colérique<br />

- résigné<br />

- inconstant<br />

B) Lagrinche a<br />

- environ 65 ans<br />

- environ 25ans<br />

- environ 20 ans<br />

C) Gingembre est:<br />

- un marchand de biscuits<br />

- un ami de Bartleby<br />

- un coursier<br />

D) Bartleby parle d'une voix "flûtée"<br />

- grave<br />

- rauque<br />

- aiguë


1.3. QCM ( réponses en gras)<br />

A) Bartleby se présente<br />

- spontanément<br />

- en réponse à une annonce<br />

- sollicité par le narrateur<br />

B) finalement, le narrateur<br />

- ne considère pas Bartleby<br />

- a pitié de Bartleby<br />

- a peur de Bartleby<br />

C) collationner c'est :<br />

- faire une collection<br />

- prendre une collation<br />

- faire une vérification<br />

D) vers la fin du récit, le narrateur<br />

- chasse Bartleby dans l'escalier<br />

- envoie Bartleby aux Tombes<br />

- abandonne Bartleby dans le bureau


1.4. Compréhension de texte - Les Tombes sont :<br />

-A) le cimetière de New York<br />

-B) les catacombes de New York<br />

-C) les geôles de New York<br />

2. Devenez écrivain<br />

- imaginez le passé de Bartleby, faites sa description physique ;<br />

- par groupes réalisez une bande dessinée de l'histoire en synthétisant les dialogues et en<br />

transformant les discours indirects à la forme directe.<br />

3. Autre piste : Connaissez-vous Malaussène, le personnage fétiche de Pennac? En quoi<br />

peut-il être comparé à Bartleby?<br />

Sources et éléments bibliographiques<br />

3.<br />

4. Les documents réunis dans ce dossier proviennent de : -<br />

- Bartleby le scribe, une histoire de Wall Street, lecture avec Daniel Pennac, dossier de<br />

présentation<br />

- Bartleby le scribe, une histoire de Wall Street, lecture avec Daniel Pennac, dossier de<br />

presse<br />

- Bartleby et Herman Melville, articles de Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki<br />

- Bartleby le scrible, dossier pédagogique Teatro Argentina, réalisé par l’équipe<br />

pédagogique du centre culturel Saint Louis de France, consultable sur le site :<br />

http://www.teatrodiroma.net/adon.pl?act=doc&doc=1030]

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