PAYSAGES 2015 - La revue annuelle de l'AAPQ
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L'ÉVOLUTION<br />
DE L’ASSOCIATION DES ARCHITECTES<br />
PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />
Par Ron Williams<br />
LA FONDATION DE L'AAPQ<br />
Un groupe s'est réuni le 6 octobre 1965 au restaurant Hélène <strong>de</strong> Champlain,<br />
dans le parc <strong>de</strong> l'île Sainte-Hélène à Montréal. Ils étaient là pour<br />
la réunion <strong>de</strong> fondation d'un organisme qu'ils nommaient « l’Association<br />
<strong>de</strong>s architectes paysagistes <strong>de</strong> la province <strong>de</strong> Québec / the Province<br />
of Quebec Association of <strong>La</strong>ndscape Architects » et dont les lettres<br />
patentes avaient été émises par le Gouvernement du Québec le 17 juin<br />
précé<strong>de</strong>nt. Les 29 hommes et femmes fondateurs <strong>de</strong> notre Association<br />
représentaient plusieurs courants. D'abord, <strong>de</strong>s Québécois formés dans<br />
les universités américaines durant les années 1940 et 1950 – Benoît Bégin,<br />
André Sauvé, Don Graham, André Chartrand, Ulric Couture,<br />
André Robitaille et Georges Dau<strong>de</strong>lin, entre autres – et durant les<br />
années 1930, dans le cas du doyen du groupe, l'illustre Louis Perron,<br />
qui se présentait comme « premier architecte paysagiste canadien<br />
d'expression française ». Un <strong>de</strong>uxième courant, ensuite : <strong>de</strong>s gens<br />
d’outremer qui, pendant les <strong>de</strong>ux décennies mouvementées <strong>de</strong> l'aprèsguerre,<br />
envisageaient leur <strong>de</strong>stin au Québec, y apportant <strong>de</strong> riches traditions<br />
<strong>de</strong> l'Europe et d'ailleurs, <strong>de</strong> larges perspectives et une gran<strong>de</strong><br />
énergie – parmi ceux-là Val <strong>La</strong>pins, Danièle Routaboule, Edwin Skapsts,<br />
John Schreiber, Eckhard Schir<strong>de</strong>wahn, Alfred <strong>de</strong> Vynck et Harold<br />
Spence-Sales. Et enfin, plusieurs architectes paysagistes expérimentés<br />
venant <strong>de</strong>s États-Unis, <strong>de</strong> l'Ontario et <strong>de</strong> l'Ouest canadien qui<br />
contribuaient a apporter une gran<strong>de</strong> compétence professionnelle et<br />
un certain « savoir-faire nord-américain », tels Douglas Harper,<br />
John Burroughs, Janina Stensson et Warner S. Goshorn, le premier<br />
prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'Association et détenteur du certificat <strong>de</strong> membre numéro<br />
un (gracieusement remis à <strong>l'AAPQ</strong> <strong>de</strong>puis).<br />
Cet événement se déroulait dans un lieu et à un moment uniques pour<br />
Montréal et pour les professions <strong>de</strong> l’aménagement au Québec. Durant<br />
les années 1960, Montréal était une Mecque pour <strong>de</strong>s aménagistes<br />
talentueux, venus <strong>de</strong>s quatre coins <strong>de</strong> la planète afin <strong>de</strong> collaborer au<br />
« projet du siècle », Expo 67, l’exposition internationale sur les îles du<br />
Saint-<strong>La</strong>urent (construites pour fêter le 100 e anniversaire <strong>de</strong> la confédération<br />
canadienne, qui eut lieu en 1967) et sur la multitu<strong>de</strong> d’autres<br />
projets innovateurs et d’envergure qui étaient alors en chantier :<br />
le métro, la place Ville-Marie, la place Bonaventure avec son fameux<br />
jardin-terrasse, la Place <strong>de</strong>s Arts et l’expansion <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong><br />
Montréal. Ailleurs au Québec, la Révolution tranquille donnait l'élan à<br />
l'expansion <strong>de</strong> la Colline parlementaire à Québec ainsi qu'à la fondation<br />
d'institutions éducatives et hospitalières partout; la Commission <strong>de</strong> la<br />
Capitale nationale à Hull et Ottawa créait un réseau d'espaces verts à<br />
l'échelle <strong>de</strong> la région métropolitaine ; et l'esprit d’ouverture du temps<br />
inspirait <strong>de</strong> nouvelles places publiques et lieux <strong>de</strong> rassemblement à<br />
Québec et Trois-Rivières, entre autres.<br />
Lors <strong>de</strong> ses premières réunions, la nouvelle association a adopté une<br />
constitution, élu <strong>de</strong>s officiers et établi un règlement relativement à<br />
l'admission (six ans d'expérience dans la profession ou une formation<br />
universitaire dans la discipline, suivie d'un an <strong>de</strong> pratique). Elle a aussi<br />
établi <strong>de</strong>s rapports avec d'autres associations d'architectes paysagistes.<br />
D'abord, elle a invité tous les membres <strong>de</strong> l'Association <strong>de</strong>s architectes<br />
paysagistes du Canada (AAPC / CSLA) résidant ou travaillant au<br />
Québec à <strong>de</strong>venir membres <strong>de</strong> l'association québécoise, en réciprocité<br />
d'une invitation semblable offerte par l'association nationale. Ensuite,<br />
quelques années plus tard et grâce à une diplomatie savante, l'AAPPQ a<br />
intégré en bloc les membres d'un regroupement <strong>de</strong> plusieurs praticiens<br />
privés, l’« Institut <strong>de</strong>s Architectes paysagistes du Québec ».<br />
CRÉER UNE ÉCOLE<br />
Cette première réunion <strong>de</strong> l'Association s’est conclue sur une recommandation,<br />
avancée par Benoît Bégin, <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r une « Chaire<br />
d'Architecture paysagiste à l'Université ». Donc, <strong>de</strong>puis le tout début,<br />
cette ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> pionniers s'est donné la mission <strong>de</strong> créer une école<br />
d’architecture <strong>de</strong> paysage au niveau universitaire au Québec, afin<br />
d'assurer la formation d’architectes paysagistes québécois en nombre<br />
suffisant pour faire face aux gran<strong>de</strong>s opportunités qui se présenteraient.<br />
Déjà, <strong>de</strong>ux écoles ontariennes avaient été fondées en 1965, aux universités<br />
<strong>de</strong> Guelph et <strong>de</strong> Toronto. À Montréal, le milieu <strong>de</strong> l’éducation dans<br />
le domaine du <strong>de</strong>sign bouillonnait : l'École d'architecture, fondée en 1951<br />
comme successeur du programme d'architecture à l’École <strong>de</strong>s beauxarts,<br />
s'était déjà intégrée à l'Université <strong>de</strong> Montréal en 1964, passant<br />
en même temps par une mo<strong>de</strong>rnisation révolutionnaire <strong>de</strong> son curriculum<br />
et l’Institut d’Urbanisme, fondé en 1961 par Benoît Bégin et <strong>de</strong>s<br />
collègues, était en plein essor.<br />
Une pression intense fut appliquée dès lors par les membres<br />
<strong>de</strong> l'Association sur l'Université et sur les autres associations<br />
professionnelles. Le moment était propice : Expo 67 avait donné<br />
une gran<strong>de</strong> visibilité à l'architecture <strong>de</strong> paysage et le rapport <strong>de</strong> la<br />
Commission d'enquête <strong>La</strong>montagne sur l'enseignement en architecture,<br />
déposé en 1964, avait déjà déblayé le terrain. En 1968, lors <strong>de</strong> la<br />
fusion <strong>de</strong> l'Institut d'urbanisme et l'École d’architecture dans la nouvelle<br />
« Faculté <strong>de</strong> l'aménagement » (ainsi nommée par son premier doyen,<br />
Guy Desbarats), l'Université <strong>de</strong> Montréal a mis sur pied un programme<br />
d'éducation universitaire d'une durée <strong>de</strong> quatre ans, menant au diplôme<br />
<strong>de</strong> Baccalauréat en architecture <strong>de</strong> paysage.<br />
Ce programme, qui, à ses débuts, se donnait à l'intérieur <strong>de</strong> l'École<br />
d'architecture, a atteint le statut <strong>de</strong> département autonome en 1978,<br />
sous le nom <strong>de</strong> l' « École d'architecture <strong>de</strong> paysage ». Il s’agissait, et il<br />
s’agit toujours, du seul programme en Amérique du Nord à diffuser un<br />
enseignement <strong>de</strong> l'architecture <strong>de</strong> paysage en langue française. Ses premiers<br />
diplômés, dès 1972, ont trouvé leurs places dans les ministères<br />
et les sociétés paragouvernementales et ont créé <strong>de</strong> nouvelles firmes<br />
privées qui ont rapi<strong>de</strong>ment atteint un niveau <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> compétence. →<br />
REGARD SUR L'HISTOIRE 9