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les villes togolaises vues par rapport a leur trajectoire de croissance ...

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LES VILLES TOGOLAISES VUES PAR<br />

RAPPORT A LEUR TRAJECTOIRE DE<br />

CROISSANCE ET DE DEVELOPPEMENT<br />

Atelier sur le changement climatique à l’intention <strong>de</strong>s<br />

collectivités loca<strong>les</strong> <strong>togolaises</strong><br />

(KARA du 04 au 06 mai 2011)<br />

Gabriel Kwami NYASSOGBO, Université <strong>de</strong> Lomé, Dé<strong>par</strong>tement <strong>de</strong> Géographie<br />

Suivant <strong>les</strong> termes <strong>de</strong> références, il m’a été <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> vous entretenir sur le thème suivant :<br />

« Les vil<strong>les</strong> <strong>togolaises</strong> <strong>vues</strong> <strong>par</strong> <strong>rapport</strong> a <strong>leur</strong> <strong>trajectoire</strong> <strong>de</strong> <strong>croissance</strong> et <strong>de</strong><br />

développement » suivant trois axes <strong>de</strong> réflexion :<br />

1- Vil<strong>les</strong> <strong>togolaises</strong> (état <strong>de</strong>s lieux)<br />

2- Vil<strong>les</strong> <strong>togolaises</strong> (perspectives)<br />

3- Suggestions<br />

Phénomène aujourd’hui universel et irréversible, l’urbanisation est le fait contemporain le plus<br />

marquant <strong>de</strong> l’humanité <strong>de</strong>puis la secon<strong>de</strong> moitié du XXè siècle. A travers la planète, <strong>les</strong> vil<strong>les</strong><br />

ont connu un développement spectaculaire, <strong>par</strong>ticulièrement dans <strong>les</strong> pays du Sud et en<br />

Afrique sub-saharienne. Aujourd’hui, <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> millionnaires, qui étaient l’apanage <strong>de</strong>s pays<br />

développés, sont observab<strong>les</strong> <strong>par</strong>tout aux quatre coins <strong>de</strong> la planète. En Afrique sub-saharienne,<br />

<strong>de</strong>s métropo<strong>les</strong> comme Lagos, Dakar, Abidjan, Kinshasa, Nairobi… n’étaient que <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>stes<br />

agglomérations au début du XXè siècle.<br />

I- VILLES TOGOLAISES (Etat <strong>de</strong>s lieux)<br />

A) Caractéristiques<br />

Les vil<strong>les</strong> dans chaque pays présentent <strong>de</strong>s caractéristiques qui <strong>les</strong> distinguent <strong>de</strong>s autres vil<strong>les</strong><br />

d’autres pays et d’autres continents, malgré certaines caractéristiques généra<strong>les</strong>.<br />

A travers cette communication, nous allons i<strong>de</strong>ntifier quelques caractéristiques sur <strong>les</strong> vil<strong>les</strong><br />

<strong>togolaises</strong>.<br />

1) Des vil<strong>les</strong> récentes malgré l’existence <strong>de</strong> quelques vil<strong>les</strong> précolonia<strong>les</strong><br />

Mises à <strong>par</strong>t <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> comme Aného, Notsè, Atakpamé, Sokodé, Bassar, Mango, etc., <strong>les</strong><br />

centres urbains actuels du Togo sont pour la plu<strong>par</strong>t nés avec la colonisation, à l’instar <strong>de</strong>s<br />

autres pays d’Afrique. C’est donc la colonisation, basée sur le principe d’exploitation, qui a<br />

été le moteur <strong>de</strong> l’urbanisation. Les vil<strong>les</strong> colonia<strong>les</strong> et cel<strong>les</strong> qui préexistaient ont servi <strong>de</strong><br />

points d’appui et d’ancrage au système colonial.<br />

2) Des vil<strong>les</strong> à <strong>croissance</strong> relativement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis l’indépendance.<br />

1


La <strong>croissance</strong> rapi<strong>de</strong> s’est traduite <strong>par</strong> une dynamique démographique suivie d’une extension<br />

spatiale sans précé<strong>de</strong>nt, surtout à Lomé. La capitale du Togo qui n’avait que 73 000 habitants<br />

en 1960 est aujourd’hui une métropole millionnaire avec ses périphéries plus ou moins<br />

urbanisées. Mais c’est la ville <strong>de</strong> Kara qui a connu la <strong>croissance</strong> la plus spectaculaire. Mo<strong>de</strong>ste<br />

chef-lieu <strong>de</strong> circonscription administrative avec une population <strong>de</strong> 2 875 habitants au 1 er<br />

Recensement <strong>de</strong> la Population et <strong>de</strong> l’Habitat en 1960, le double chef-lieu actuel <strong>de</strong> la Région<br />

<strong>de</strong> la Kara et <strong>de</strong> la Préfecture <strong>de</strong> la Koza a atteint 9 000 habitants au 2è Recensement <strong>de</strong> 1970,<br />

puis près <strong>de</strong> 29 000 suivant <strong>les</strong> résultats du 3è Recensement en 1981 <strong>de</strong>venant ainsi la<br />

quatrième ville du Togo après Lomé, Sokodé et Atakpamé, alors qu’elle occupait le onzième<br />

rang en 1960. Entre 1970 et 1981, son taux d’accroissement annuel est <strong>de</strong> 8 %, le plus élevé <strong>de</strong><br />

toutes <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> du Togo, contre 7,1 % pour Lomé. Par contre, durant la même pério<strong>de</strong>, Bafilo a<br />

connu un taux négatif, Aného un taux stationnaire, tandis que <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> comme Sokodé,<br />

Atakpamé, Kpalimé, Badou, etc. ont eu <strong>de</strong>s taux faib<strong>les</strong>.<br />

Comme résultat <strong>de</strong> ce processus, le taux d’urbanisation du pays, qui était d’à peine 10 % à<br />

l’indépendance, a atteint aujourd’hui près <strong>de</strong> 40 %. Cette <strong>croissance</strong> relativement rapi<strong>de</strong> est liée<br />

à une série <strong>de</strong> facteurs :<br />

- d’abord le taux élevé <strong>de</strong> la <strong>croissance</strong> naturelle, résultant d’une fécondité et d’une<br />

natalité élevées;<br />

- ensuite, <strong>les</strong> migrations ruralo-urbaines, plus communément connues sous le nom<br />

d’exo<strong>de</strong> rural, en raison <strong>de</strong> la précarité et <strong>de</strong> la pénibilité <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail en<br />

milieu rural ;<br />

- <strong>les</strong> migrations internationa<strong>les</strong>, saisonnières ou permanentes, notamment <strong>de</strong>s pays du<br />

Sahel;<br />

- le changement <strong>de</strong> statut <strong>de</strong>s agglomérations naguère rura<strong>les</strong> érigées <strong>par</strong> <strong>les</strong> pouvoirs<br />

publics en chefs-lieux <strong>de</strong> préfecture, et donc <strong>de</strong>venues <strong>de</strong>s communes urbaines. De sept<br />

communes urbaines dont six <strong>de</strong> plein exercice (Lomé, Aného, Tsévié, Kpalimé,<br />

Atakpamé et Sokodé) une <strong>de</strong> moyen exercice (Bassar) à l’indépendance, le Togo<br />

compte aujourd’hui 34 communes urbaines d’importance très inégale et dont certaines<br />

sont plus rura<strong>les</strong> qu’urbaines;<br />

- enfin, l’extension spatiale <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> ou l’étalement urbain qui phagocyte et intègre en<br />

<strong>leur</strong>s seins d’anciens villages situés aux portes <strong>de</strong> ces vil<strong>les</strong>. Les exemp<strong>les</strong> abon<strong>de</strong>nt<br />

<strong>par</strong>tout autour <strong>de</strong> Lomé : Avédji, Adidogomé, Sagbado, Légbassito, Agoè-nyivé,<br />

Baguida, etc., puis dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> secondaires, Kpodji, Yokèlè, Yo, <strong>les</strong> villages <strong>de</strong> Tové<br />

autour <strong>de</strong> Kpalimé, Agbonou à Atakpamé, Kpangalam au nord <strong>de</strong> Sokodé, Yadè-<br />

Bohou, Dongoyo, bientôt <strong>les</strong> seize villages <strong>de</strong> Lassa au nord-est <strong>de</strong> Kara, etc.<br />

3) Des vil<strong>les</strong> marquées <strong>par</strong> l’absence <strong>de</strong> ségrégation<br />

Au Togo, ce qui frappe le visiteur étranger, c’est le caractère homogène du paysage urbain<br />

malgré quelques changements en cours dans la capitale. La ségrégation sociale et spatiale est<br />

pratiquement inconnue. Toutes <strong>les</strong> couches socia<strong>les</strong> sont mélangées et cohabitent dans <strong>les</strong><br />

différents quartiers, <strong>les</strong> différents îlots et <strong>les</strong> différentes concessions dans <strong>de</strong>s proportions fort<br />

variab<strong>les</strong>. Le tissu urbain est donc relativement homogène, ce qui confère à la capitale togolaise<br />

son originalité et son charme. C’est ce que <strong>les</strong> sociologues appellent « la mixité sociale »<br />

favorisée <strong>par</strong> le « libéralisme foncier » et l’abondance foncière.<br />

2


4) Des vil<strong>les</strong> caractérisées <strong>par</strong> « le libéralisme foncier » et l’absence <strong>de</strong> l’Etat dans la<br />

production <strong>de</strong> l’espace bâti<br />

Au Togo, aussi bien dans <strong>les</strong> agglomérations urbaines que dans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>, l’Etat n’est<br />

pas propriétaire <strong>de</strong>s terres. La terre ap<strong>par</strong>tient aux premiers occupants qui se réclament du statut<br />

d’autochtones et donc <strong>de</strong> présumés propriétaires. Ne voulant pas perturber ce système foncier<br />

traditionnel fondé sur l’autochtonie, le colonisateur allemand avait seulement institué ce qu’il<br />

avait appelé le « Land Buch », le « livre foncier » dans lequel <strong>les</strong> propriétaires étaient tenus<br />

d’inscrire <strong>leur</strong>s propriétés. Les Français et le nouveau pouvoir national issu <strong>de</strong> l’indépendance<br />

ont évité à <strong>leur</strong> tour d’adopter un nouveau système foncier. La terre se vend donc à tous ceux<br />

qui sont candidats à la propriété foncière, riches ou pauvres. C’est ce qui explique l’absence <strong>de</strong><br />

l’Etat dans la production <strong>de</strong> l’espace bâti. L’accès à la propriété foncière et immobilière est<br />

fondé sur <strong>de</strong>s stratégies individuel<strong>les</strong> suivant <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> chacun.<br />

5) Une urbanisation dominée <strong>par</strong> le poids prépondérant <strong>de</strong> Lomé, la capitale, ou la<br />

macrocéphalie urbaine<br />

La capitale togolaise domine <strong>les</strong> autres vil<strong>les</strong> <strong>par</strong> son poids démographique, politique,<br />

économique et socio-culturel prépondérant.<br />

Sur le plan démographique, Lomé fait pus <strong>de</strong> 60 % <strong>de</strong> la population urbaine du pays et près du<br />

quart <strong>de</strong> la population nationale. Cette forte concentration crée un véritable déséquilibre dans<br />

l’occupation <strong>de</strong> l’espace national.<br />

Siège du Gouvernement, la capitale concentre tous <strong>les</strong> pouvoirs politiques et administratifs: la<br />

prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la République, <strong>les</strong> ministères, le siège <strong>de</strong> l’Assemblée nationale et <strong>de</strong>s principa<strong>les</strong><br />

institutions <strong>de</strong> l’Etat, <strong>les</strong> services administratifs, etc.<br />

Sur le plan économique, Lomé concentre la majorité <strong>de</strong>s activités économiques. Plus <strong>de</strong> 90 %<br />

<strong>de</strong>s industries et <strong>de</strong>s activités commercia<strong>les</strong> sont implantées dans l’agglomération et dans <strong>les</strong><br />

environs. Toutes ces activités sont favorisées <strong>par</strong> le port en eau profon<strong>de</strong> et l’aéroport<br />

international du pays qu’abrite la ville <strong>de</strong> Lomé, et <strong>par</strong> où entre et d’où sort la majorité <strong>de</strong>s<br />

importations et <strong>de</strong>s exportations du pays.<br />

La domination socio-culturelle n’est pas <strong>de</strong>s moindres. Dans le domaine <strong>de</strong> l’éducation, Lomé<br />

abrite plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s équipements scolaires du pays : éco<strong>les</strong> primaires, collèges et lycées.<br />

Jusqu’en 2004, l’unique université ne se trouvait qu’à Lomé avant la naissance <strong>de</strong> l’Université<br />

<strong>de</strong> Kara.<br />

Le même constat se retrouve sur le plan <strong>de</strong> la santé.<br />

Tous ces faits traduisent ce qu’on appelle «la macrocéphalie urbaine ». On <strong>par</strong>le <strong>de</strong><br />

macrocéphalie urbaine quand la capitale d’un pays, qui en est « la tête », est trop importante ou<br />

disproportionnée <strong>par</strong> <strong>rapport</strong> au reste du corps qui est le pays. C’est l’une <strong>de</strong>s principa<strong>les</strong><br />

caractéristiques <strong>de</strong> l’urbanisation dans <strong>les</strong> pays du Sud.<br />

Cette macrocéphalie urbaine est essentiellement due à une décentralisation qui a du mal à<br />

se concrétiser dans la réalité, car la décentralisation qui est transfert <strong>de</strong> pouvoir et <strong>de</strong><br />

compétence tar<strong>de</strong> à se réaliser au niveau <strong>de</strong>s collectivités loca<strong>les</strong> (nomination <strong>de</strong>s maires<br />

et <strong>de</strong>s conseillers municipaux <strong>par</strong> le pouvoir, nomination <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> région annoncée<br />

<strong>de</strong>puis mais jamais réalisée, etc.).<br />

3


6) Le faible niveau <strong>de</strong>s budgets municipaux<br />

Dans la sous-région, c’est un fait bien connu que <strong>les</strong> communes <strong>togolaises</strong> connaissent <strong>les</strong><br />

budgets <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong> et dérisoires face à l’amp<strong>leur</strong> <strong>de</strong>s tâches à réaliser. En tant que Maires,<br />

Conseillers et fonctionnaires municipaux, vous en faites l’amère expérience tous <strong>les</strong> jours. Il en<br />

est <strong>de</strong> même <strong>de</strong>s autres collectivités loca<strong>les</strong>.<br />

7) Des vil<strong>les</strong> aux périphéries sous-équipées<br />

Les périphéries <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> <strong>togolaises</strong>, comme <strong>de</strong>s autres pays d’Afrique d’ail<strong>leur</strong>s, sont dans un<br />

sous-équipement chronique (transport, eau potable, électricité, équipements scolaires et<br />

sanitaires, assainissement, etc.). Entre la ville officielle ou formelle et la périphérie existent<br />

d’énormes dis<strong>par</strong>ités en matière <strong>de</strong> fourniture <strong>de</strong> services, d’équipements et d’infrastructures<br />

<strong>de</strong> base. C’est pour lutter contre cette inégale fourniture en matière d’énergie électrique, dont<br />

l’usage rentre dans tous <strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong> la vie, que <strong>les</strong> populations pauvres <strong>de</strong>s zones<br />

périphériques utilisent « le système araignée» dont <strong>les</strong> inconvénients sont bien connus (courtscircuits<br />

électriques pouvant entraîner <strong>de</strong>s incendies, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>structions d’habitations, <strong>de</strong> biens et<br />

<strong>par</strong>fois <strong>de</strong>s pertes en vies humaines).<br />

Cette inégalité entre la ville officielle et la ville informelle s’appelle aujourd’hui « injustice<br />

socio-spatiale ». C’est pour lutter contre cette injustice spatiale qu’un projet d’intégration <strong>de</strong><br />

six anciens villages autour <strong>de</strong> Lomé est en cours et financé <strong>par</strong> l’Agence Française <strong>de</strong><br />

Développement (AFD) et l’Alliance <strong>de</strong>s Cités Unies. C’est « le projet CDS Greater Lomé ».<br />

Le même projet a déjà eu lieu à Ouagadougou, Dakar et d’autres capita<strong>les</strong> <strong>de</strong> la sousrégion.<br />

8) Le développement <strong>de</strong> l’insécurité<br />

Depuis le début <strong>de</strong>s années 1990, l’ensemble du territoire national et plus <strong>par</strong>ticulièrement <strong>les</strong><br />

centres urbains sont soumis à une insécurité sans cesse croissante : attaques à main armée au<br />

domicile comme dans la rue, au marché, sur <strong>les</strong> lieux publics, assassinats, vols <strong>de</strong> véhicu<strong>les</strong><br />

automobi<strong>les</strong> comme <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux roues, développement <strong>de</strong> l’incivilité ou manque <strong>de</strong> respect pour<br />

l’autre surtout pour <strong>les</strong> personnes âgées, le tout se traduisant <strong>par</strong> <strong>de</strong>s injures gratuites.<br />

B) Fonction <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> <strong>togolaises</strong><br />

Les fonctions urbaines sont multiformes et diversifiées, mais el<strong>les</strong> varient suivant la taille <strong>de</strong> la<br />

ville.<br />

1) Les fonctions <strong>de</strong> Lomé<br />

a) Lomé, capitale du Togo<br />

4


C’est la capitale politique abritant le siège du gouvernement. De cette fonction politique<br />

découle la prépondérance <strong>de</strong>s fonctions administratives.<br />

b) Lomé, la capitale économique<br />

Près <strong>de</strong> 90 % <strong>de</strong>s industries et <strong>de</strong>s activités commercia<strong>les</strong> sont implantées à Lomé. Lomé abrite<br />

l’unique port du pays ainsi que l’unique aéroport international. C’est le point d’aboutissement<br />

<strong>de</strong>s principa<strong>les</strong> <strong>de</strong> voies <strong>de</strong> communication terrestre (routes et voies ferrées)<br />

c) Fonctions socio-culturel<strong>les</strong><br />

La capitale togolaise abrite presque la moitié <strong>de</strong>s établissements d’enseignement primaire et<br />

secondaire du pays. Jusqu’en 2004, l’unique université du pays se trouvait à Lomé. Depuis<br />

cette date, a été créée à Kara, la <strong>de</strong>uxième université.<br />

Sur le plan sanitaire, Lomé domine avec <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux CHU <strong>de</strong> Tokoin et du Campus.<br />

2) Les fonctions <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> secondaires<br />

Dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> secondaires, le secteur tertiaire, avec en tête le petit commerce suivi <strong>de</strong><br />

l’artisanat, domine. Il y a aussi une importance relative <strong>de</strong> l’administration surtout dans <strong>les</strong><br />

capita<strong>les</strong> régiona<strong>les</strong> (Tsévié, Atakpamé, Sokodé, Kara et Dapaong), ainsi qu’à Kpalimé. Ces<br />

vil<strong>les</strong> secondaires ne sont pas industrialisées, mises à <strong>par</strong>t quelques tentatives qui ont eu lieu à<br />

Kara sur un domaine industriel <strong>de</strong> 300 hectares, mais qui n’ont donné lieu qu’aux éléphants<br />

blancs aujourd’hui suite à une mauvaise gestion et à une mauvaise prise en compte <strong>de</strong><br />

l’environnement local, régional, national et international.<br />

Les vil<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus petites ont plutôt un caractère purement rural et <strong>leur</strong> population se consacre<br />

majoritairement aux activités agrico<strong>les</strong> (Kévé, Agou-Gadzépé, Danyi Apéyémé, Mandouri,<br />

Tandjouaré etc.).<br />

C) Les besoins<br />

Les besoins sont extrêmement nombreux et variés. Nous allons essayer d’en i<strong>de</strong>ntifier<br />

quelques-uns.<br />

1) L’accès pour tous à la propriété foncière et immobilière<br />

Tout habitant d’une localité, rurale comme urbaine, a besoin <strong>de</strong> se loger « décemment » pour<br />

mener à bien ses activités (Habitat I en 1976 et Habitat II en 1996). Dans ce contexte <strong>les</strong><br />

pratiques foncières actuellement fondées sur un libéralisme extravagant ont besoin d’être<br />

5


e<strong>vues</strong> et corrigées afin <strong>de</strong> permettre à toutes <strong>les</strong> couches socia<strong>les</strong> d’avoir accès à la propriété<br />

foncière et immobilière.<br />

2) Instauration d’une véritable politique d’assainissement<br />

Afin d’assurer un environnement sain à la population, <strong>les</strong> ordures ménagères, <strong>les</strong> eaux usées et<br />

pluvia<strong>les</strong> ainsi que <strong>les</strong> matières féca<strong>les</strong> doivent être bien gérées.<br />

Il convient également <strong>de</strong> lutter contre <strong>les</strong> inondations en construisant <strong>de</strong>s canalisations pour<br />

faciliter l’évacuation <strong>de</strong>s eaux pluvia<strong>les</strong>.<br />

3) Les besoins <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> base et d’équipements socio-collectifs<br />

Vu le sous-équipement général <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>, et <strong>par</strong>ticulièrement <strong>de</strong>s périphéries, l’Etat a le <strong>de</strong>voir<br />

<strong>de</strong> doter <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> <strong>togolaises</strong> <strong>de</strong> services <strong>de</strong> base tels que l’eau, l’électricité, <strong>les</strong> transports,<br />

l’assainissement ainsi que <strong>de</strong>s équipements scolaires et sanitaires dignes <strong>de</strong> ce nom.<br />

4) Création d’emploi pour <strong>les</strong> jeunes<br />

Toutes <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s sur <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> ont révélé que ces <strong>de</strong>rnières sont <strong>les</strong> points <strong>de</strong> forte<br />

concentration <strong>de</strong>s chômeurs, notamment <strong>de</strong>s jeunes diplômés. L’Etat doit veiller à enrayer cela.<br />

Cette action freinerait l’exo<strong>de</strong> <strong>de</strong>s cerveaux et <strong>de</strong>s bras vali<strong>de</strong>s vers <strong>les</strong> pays développés<br />

(Europe et Amérique du Nord). Cela pourrait également freiner l’insécurité urbaine, la<br />

délinquance juvénile et <strong>les</strong> actes <strong>de</strong> vandalisme.<br />

5) Besoins d’une bonne gestion et d’une bonne gouvernance urbaines<br />

Aujourd’hui, quand on <strong>par</strong>le <strong>de</strong> gouvernance urbaine, on fait allusion à la corruption, l’un <strong>de</strong>s<br />

grands maux qui gangrènent nos pays. La bonne gestion et la bonne gouvernance permettraient<br />

d’accroître <strong>les</strong> ressources municipa<strong>les</strong> <strong>de</strong>s collectivités loca<strong>les</strong>, aujourd’hui trop dérisoires.<br />

6) Formation <strong>de</strong>s cadres municipaux<br />

Au Togo, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s ont révélé que <strong>les</strong> municipalités n’ont pas assez <strong>de</strong> cadres <strong>de</strong> conception.<br />

Le personnel municipal est pratiquement réduit aux agents d’exécution. L’Etat doit veiller à la<br />

formation <strong>de</strong> ces cadres afin <strong>de</strong> <strong>leur</strong> permettre <strong>de</strong> <strong>par</strong>ticiper plus nombreux et plus activement à<br />

la prise <strong>de</strong> décision et à la gestion <strong>de</strong>s communes.<br />

II-<br />

VILLES TOGOLAISES (Perspectives)<br />

A) Perspectives <strong>de</strong> <strong>croissance</strong> et <strong>de</strong> développement<br />

Avec un taux d’accroissement urbain d’environ 4 %/an, la population togolaise <strong>de</strong>viendra<br />

majoritairement urbaine à l’horizon 2025. Les difficultés économiques vont s’accroître avec<br />

une population jeune plus nombreuse à prendre en charge en matière d’infrastructures scolaires<br />

et universitaires, sanitaires et en matière d’emploi. Les difficultés économiques <strong>de</strong>viendront<br />

encore plus graves avec un taux <strong>de</strong> chômage général beaucoup plus élevé. Les vil<strong>les</strong> vont<br />

s’étendre d’avantage avec l’aggravation du sous-équipement, car <strong>les</strong> distances à couvrir seront<br />

plus longues.<br />

6


Si rien n’est fait dans ce contexte, au lieu d’être lieux <strong>de</strong> production <strong>de</strong> richesse et<br />

d’enrichissement, donc <strong>de</strong> développement, la <strong>croissance</strong> urbaine aboutira incontestablement à<br />

l’appauvrissement <strong>de</strong>s citadins. Les vil<strong>les</strong> <strong>togolaises</strong> <strong>de</strong>viendront <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s<br />

pauvres qui auront <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> mal à se nourrir, boire <strong>de</strong> l’eau potable, se soigner, se<br />

loger, circuler, travailler, etc.<br />

Avec <strong>les</strong> effets du changement climatique, l’environnement urbain va se dégra<strong>de</strong>r davantage.<br />

Les inondations, <strong>de</strong>venues annuel<strong>les</strong> <strong>de</strong>puis 2007, seront encore plus fréquentes et plus<br />

dévastatrices, <strong>les</strong> températures plus élevées créant une cha<strong>leur</strong> plus insupportable, l’élévation<br />

du niveau marin va entraîner <strong>de</strong>s vents violents et aggraver <strong>les</strong> inondations dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> et<br />

villages situés sur la côte, le tout entraînant diverses maladies : hydriques (diarrhées,<br />

vomissements, etc.), <strong>par</strong>asitaires (le paludisme), ainsi que cel<strong>les</strong> qui sont liées aux fortes<br />

cha<strong>leur</strong>s (la méningite cérébro-spinale, <strong>les</strong> pneumonies, l’asthme), etc. Les dépenses pour faire<br />

face à ces maladies <strong>de</strong>viendront plus élevées et insupportab<strong>les</strong>, non seulement pour <strong>les</strong> couches<br />

socia<strong>les</strong> vulnérab<strong>les</strong>, mais aussi pour l’Etat. Le développement du pays serait ainsi compromis.<br />

Les couches socia<strong>les</strong> pauvres <strong>de</strong>viendront plus pauvres, et <strong>les</strong> dis<strong>par</strong>ités socia<strong>les</strong> plus<br />

exacerbées. Ces dis<strong>par</strong>ités peuvent entraîner <strong>de</strong>s troub<strong>les</strong> politiques et la déstabilisation du<br />

pays. Même si certains secteurs peuvent enregistrer une <strong>croissance</strong>, il n’y aura pas <strong>de</strong><br />

développement qui suppose la transformation <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la<br />

population et une meil<strong>leur</strong>e ré<strong>par</strong>tition <strong>de</strong>s ressources du pays, dans le sens d’un bien-être<br />

généralisé et d’un développement durable.<br />

B) Les besoins nouveaux<br />

Les nouveaux besoins seraient plus nombreux en logements, en emploi, en équipements et<br />

infrastructures <strong>de</strong> base ainsi qu’en formation <strong>de</strong> la jeunesse. Afin d’assurer l’encadrement <strong>de</strong>s<br />

jeunes, <strong>les</strong> centres d’accueil doivent être plus nombreux (éco<strong>les</strong>, collèges, lycées, centres<br />

d’enseignement supérieur et centres d’apprentissage).<br />

La mobilité dans le centre-ville d’une <strong>par</strong>t, et entre le centre-ville et la périphérie d’autre <strong>par</strong>t,<br />

<strong>de</strong>viendrait beaucoup plus difficile et onéreuse pour <strong>les</strong> populations pauvres à cause <strong>de</strong><br />

l’étalement urbain et <strong>de</strong> l’allongement <strong>de</strong>s distances.<br />

Les habitations doivent être adaptées aux nouvel<strong>les</strong> conditions climatiques : el<strong>les</strong> doivent être<br />

plus spacieuses et plus aérées avec <strong>de</strong> larges ouvertures et être construites avec <strong>de</strong>s matériaux<br />

adaptés à la cha<strong>leur</strong> : terre stabilisée, bois, etc.<br />

La consommation d’énergie électrique <strong>de</strong>viendrait plus importante et plus onéreuse pour <strong>les</strong><br />

couches aisées, afin <strong>de</strong> rafraîchir <strong>les</strong> habitations et conserver <strong>les</strong> aliments. Or <strong>les</strong> populations<br />

<strong>togolaises</strong> sont déjà soumises aux dé<strong>les</strong>tages <strong>de</strong> plus en plus réguliers <strong>de</strong>puis quelques années.<br />

C) Enjeux et défis<br />

Face à tous ces problèmes et besoins nouveaux, <strong>les</strong> enjeux et <strong>les</strong> défis à relever sont nombreux.<br />

L’un <strong>de</strong>s tout premiers enjeux et défis est la bonne gestion et la bonne gouvernance<br />

urbaines. Les collectivités loca<strong>les</strong> du Togo sont dans l’ensemble mal gérées et mal<br />

gouvernées. C’est cette mal gouvernance urbaine qui explique surtout <strong>les</strong> difficultés <strong>de</strong><br />

recouvrement <strong>de</strong>s recettes fisca<strong>les</strong> et la faib<strong>les</strong>se générale <strong>de</strong>s budgets municipaux. La non<br />

délimitation correcte <strong>de</strong>s prérogatives <strong>de</strong> l’Etat et <strong>de</strong>s municipalités, ainsi que <strong>de</strong>s<br />

domaines d’intervention <strong>de</strong> chaque institution explique ces difficultés. L’Etat empiète<br />

trop souvent sur <strong>les</strong> domaines <strong>de</strong> compétence <strong>de</strong>s collectivités loca<strong>les</strong>. La bonne<br />

gouvernance ne peut avoir lieu qu’au niveau <strong>de</strong>s instances décentralisées, donc élues <strong>par</strong><br />

7


<strong>les</strong> populations loca<strong>les</strong> <strong>de</strong>vant <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> el<strong>les</strong> sont responsab<strong>les</strong> et auxquel<strong>les</strong> el<strong>les</strong> doivent<br />

régulièrement rendre compte <strong>de</strong> la « chose communale » comme l’Etat a le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> faire<br />

la même chose <strong>de</strong>vant le peuple concernant la « Res Publica ».<br />

Le <strong>de</strong>uxième défi important est la lutte contre la pauvreté urbaine. Les populations <strong>de</strong> vil<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus en plus pauvres, venant avec el<strong>les</strong> en ville la pauvreté et la misère <strong>de</strong>s<br />

campagnes. Cette lutte s’inscrit d’ail<strong>leur</strong>s dans le premier Objectif du Millénaire pour le<br />

Développement.<br />

En luttant contre la pauvreté urbaine, <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> <strong>de</strong>viendront plus sécurisées car aujourd’hui<br />

l’insécurité règne en maître à Lomé et dans <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> vil<strong>les</strong> du Togo. La délinquance<br />

juvénile et la criminalité baisseront d’intensité.<br />

La lutte contre la pauvreté et l’insécurité urbaines passe également <strong>par</strong> l’offre d’emplois aux<br />

jeunes chômeurs, notamment aux diplômés qui sortent chaque année plus nombreux <strong>de</strong>s<br />

universités et <strong>de</strong>s institutions <strong>de</strong> formation du pays.<br />

La possibilité d’offrir un emploi à tous permettait un « logement décent » à tous, dans un<br />

environnement sain, suivant <strong>les</strong> recommandations d’Habitat I et d’Habitat II.<br />

III-<br />

SUGGESTIONS<br />

L’urbanisation comme nous venons <strong>de</strong> le voir pose <strong>de</strong> nombreux problèmes politiques,<br />

économiques et socio-culturels. Les suggestions sont déjà contenues dans <strong>les</strong> idées exposées<br />

plus haut, mais nous allons insister seulement sur <strong>de</strong>ux points qui nous semblent très<br />

importants.<br />

Dans ce contexte <strong>de</strong> « laisser-faire » qui règne dans la <strong>les</strong> vil<strong>les</strong>, l’Etat doit adopter une<br />

politique urbaine appropriée. Le laisser-faire qui a caractérisé l’urbanisation du Togo<br />

jusqu’à ce jour doit cé<strong>de</strong>r la place à une politique urbaine bien définie dans le sens d’un<br />

développement durable.<br />

Cette politique urbaine doit être soutenue <strong>par</strong> la décentralisation et doit assigner à chaque<br />

ville, sa ou ses principa<strong>les</strong> fonctions, ce qui n’est pas le cas actuellement. Ces actions<br />

relèvent également <strong>de</strong> l’aménagement du territoire.<br />

La décentralisation qui est dans l’impasse, doit recevoir sa lettre <strong>de</strong> nob<strong>les</strong>se. Nous osons<br />

croire que <strong>les</strong> élections loca<strong>les</strong> pré<strong>vues</strong> pour très bientôt auront effectivement lieu cette fois-ci,<br />

avec <strong>de</strong>s instances décentralisées élues <strong>par</strong> <strong>les</strong> populations loca<strong>les</strong> auxquel<strong>les</strong> ces instances<br />

doivent régulièrement rendre compte <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s communes. Ces élections, si el<strong>les</strong> ne<br />

sont pas entachées <strong>de</strong> frau<strong>de</strong>, donneraient plus confiance aux investisseurs qui viendraient plus<br />

nombreux investir massivement, même dans <strong>les</strong> plus petites communes du pays.<br />

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