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numéro <strong>10</strong> avril /juin [2007]<br />
Sommaire<br />
Actualités 2007. Les Portes de Gascogne<br />
s’ouvrent à la culture | Quel avenir pour le<br />
château de Lacroix-Falgarde ? | Le chiffre | Des<br />
chiffres à l’appui… <strong>du</strong> patrimoine | Échos de<br />
la Fondation <strong>du</strong> patrimoine | Sous le regard<br />
désabusé des sculpteurs toulousains | La<br />
cathédrale de Mirepoix. Le centenaire d’<strong>un</strong><br />
monument historique | Canal <strong>du</strong> Midi. Menace<br />
sur les platanes<br />
Archives photographiques<br />
Juste <strong>un</strong> regard…<br />
Découvertes Lucien Briet. Instantanés<br />
<strong>du</strong> Haut-Aragon |Raoul Bergougnan. Esquisse<br />
d’<strong>un</strong> portrait<br />
Dossier La Révolution française.<br />
Boissières dans le Quercy. Un cri de colère en<br />
pays croquant | Les Hautes-Pyrénées. Création<br />
révolutionnaire de Barère | Les montres<br />
émaillées sous la Révolution | Hyacinthe<br />
Sermet. Une conscience déchirée | La Mort<br />
de Marat | Révolution et guerre de religion en<br />
Rouergue méridiona l | 1793-1799. Toulouse,<br />
rempart de la République | Questions à Rémy<br />
Pech | Questions à Michel Vovelle l Repères<br />
Recherches Une aventure de la matière.<br />
Les marbres pyrénéens à Versailles | Georges<br />
Candilis. L’<strong>un</strong>iversité de Toulouse-Le Mirail<br />
Guide Expositions Jacques Stella<br />
(1596 - 1657). Un peintre lyonnais à Toulouse |<br />
« Absolumental 2 ». À voir et revoir absolument |<br />
Cahors exhumé des réserves de son musée |<br />
L’estampe, <strong>un</strong> art <strong>du</strong> multiple… dans deux<br />
musées <strong>du</strong> Tarn | De belles tenues de sortie… |<br />
Sous les ponts vieux… coulent le Tarn<br />
et l’histoire… Publications 1914-1918<br />
dans l’édition régionale. Rendez-vous Une<br />
dégustation de René Écalle<br />
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Des Grands Appartements à l’escalier de la<br />
Reine, de la galerie des Glaces aux fontaines et<br />
autres fabriques <strong>du</strong> parc, Versailles resplendit<br />
de marbres dont la diversité et la richesse furent<br />
expressément voulues par Louis XIV. L’origine de<br />
cette chatoyante parure est souvent ignorée ou,<br />
au mieux, considérée comme italienne. Pourtant,<br />
si les blancs et les gris furent effectivement achetés<br />
en Toscane, à Carrare, de nombreuses variétés<br />
colorées parvinrent <strong>du</strong> sud <strong>du</strong> royaume de France,<br />
des Pyrénées notamment. Mais la provenance de<br />
ces marbres n’est pas leur seule particularité : leur<br />
éclat laisse peu deviner combien leur recherche,<br />
leur extraction ou leur transport donnèrent lieu à<br />
<strong>un</strong>e extraordinaire aventure de la matière, menée<br />
dans la démesure.<br />
les ressources <strong>du</strong> royaume<br />
Ce fut à l’apogée de la haute Renaissance, <strong>du</strong>rant le<br />
règne d’Henri II, que naquit en France la volonté<br />
d’exploiter les ressources des « monts Pyrénées ».<br />
Les marbres qui y furent extraits servirent dans les<br />
palais et les tombeaux royaux, et les carrières continuèrent<br />
à fournir maints décors de châteaux et de<br />
cathédrales <strong>du</strong>rant le xvii e siècle. Toutefois, sous<br />
Colbert, la recherche, l’extraction et le transport<br />
de ces pierres furent véritablement et systématiquement<br />
organisés, éten<strong>du</strong>s au Minervois et à la<br />
Provence. Les besoins suscités par le Louvre, puis<br />
par Versailles, nécessitèrent d’engager <strong>un</strong>e véritable<br />
politique marbrière qui développa les ressources<br />
nationales au profit de l’image royale, <strong>un</strong>e image<br />
digne des reflets les plus brillants de l’Antiquité.<br />
Une recherche et <strong>un</strong>e expertise éten<strong>du</strong>e des carrières<br />
<strong>du</strong> royaume furent entreprises, et leur exploitation<br />
fut menée par des négociants spécialisés, puis par<br />
des compagnies sous contrat.<br />
Dans les Pyrénées, les carrières anciennes de<br />
Campan, au-dessus de Bagnères-de-Bigorre, fournirent<br />
<strong>un</strong> «verd verd» considéré comme «semblable<br />
<br />
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à l’émeraude » et <strong>un</strong> vert bleu écharpé de grenat<br />
et fouetté de blanc, dit « campan grand mélange ».<br />
À Sarrancolin, dans la proche vallée d’Aure, ce fut<br />
<strong>un</strong> « gris agate » mêlé d’ocre doré et strié de rouge<br />
écarlate qui fut recherché et exploité jusqu’ « au<br />
haut d’<strong>un</strong> précipice», alors qu’à l’entrée de la même<br />
vallée <strong>un</strong> marbre finement fracassé de blanc et de<br />
noir fut si apprécié que, sous l’appellation prestigieuse<br />
de « petit antique », il fut exporté à Rome<br />
<br />
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<br />
<strong>du</strong>rant des siècles, tout particulièrement pour<br />
y orner autels et sanctuaires¹. En Comminges,<br />
entre Sauveterre et Barbazan, on extrayait deux<br />
autres variétés «propres aux décors lugubres », <strong>un</strong><br />
noir parfait et <strong>un</strong> conglomérat de cailloutis noirs,<br />
ocres et blancs qui reçut le nom de «brèche grise».<br />
À Saint-Béat, enfin, on désespéra de retrouver<br />
le blanc statuaire loué par les Romains, mais on<br />
exploita des gris et des blancs comm<strong>un</strong>s particulièrement<br />
adaptés à l’architecture et aux bassins de<br />
fontaines en raison de leur résistance. La spectaculaire<br />
carrière <strong>du</strong> proche village de Cierp ne fut<br />
qu’<strong>un</strong> temps utilisée, car dès 1670-1675 son rouge<br />
« sang de bœuf » fut supplanté par le fameux<br />
« rouge <strong>du</strong> Languedoc », flammé de blanc et issu<br />
des carrières <strong>du</strong> Minervois. Il associait somptueusement<br />
le rouge de la Passion au blanc de la Résurrection,<br />
d’où son appellation d’« incarnat » et son<br />
succès en colonnes et panneaux pour les retables<br />
d’autels, notamment à Saint-Pierre de Rome et<br />
dans toute l’Italie.<br />
La fourniture de ces marbres nationaux, débutée<br />
en 1664 sous Colbert, atteignit des proportions<br />
considérables jusqu’en 1688, sous la haute direction<br />
de Louvois. Bien que périodiquement interrompue<br />
par les multiples conflits <strong>du</strong> règne, elle permit la<br />
création d’œuvres innombrables dans les demeures<br />
royales. En 1712, l’activité reprit sous l’égide <strong>du</strong><br />
<strong>du</strong>c d’Antin, premier directeur des Bâtiments <strong>du</strong><br />
roi, qui créa <strong>un</strong> véritable département des marbres<br />
au sein de ses services, avec des contrôleurs et des<br />
inspecteurs nationaux et régionaux, afin de hausser<br />
encore la qualité des matériaux extraits. Natif de<br />
Montespan, en Guyenne, le <strong>du</strong>c d’Antin était particulièrement<br />
attaché à ce que les Pyrénées soient<br />
représentées avec honneur à Versailles: « Je ne veux<br />
rien épargner pour cela.» À ces fins, il fit périodiquement<br />
vérifier la qualité des excavations par ses<br />
contrôleurs, tels les marbriers Tarlé, père et fils,<br />
qui recherchèrent partout les veines les plus pures<br />
et firent également ouvrir de nouvelles carrières en<br />
Minervois et en Provence. Ces entreprises furent<br />
assistées par les inspecteurs pyrénéens, les Lassus,<br />
père et fils, demeurant à Montréjeau, qui supervisèrent<br />
les carrières et firent lever des cartes, ouvrir<br />
des routes, rectifier des cours d’eau ou aménager<br />
des ports.<br />
1 Le « noir d’aquitaine », ou «grand antique », avait été<br />
découvert par les Romains à Aubert, en Ariège,<br />
et largement exploité.<br />
<br />
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suite de l’article<br />
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Prochain dossier…<br />
Le paysage en Midi-Pyrénées