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Avril 2013 - Le système de riziculture intensive - IED afrique

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<strong>Avril</strong> <strong>2013</strong> - volume 29 n°1<strong>Le</strong> <strong>système</strong> <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong> <strong>intensive</strong>


ÉDITORIALSystème <strong>de</strong> Riziculture Intensive (SRI), Adaptationau changement climatique et sécurité alimentaire4<strong>Le</strong> riz constitue l’aliment <strong>de</strong> base <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> lamoitié <strong>de</strong> la population mondiale.Il représente aussi une <strong>de</strong>nrée incontournablepour les ménages africains. Par exemple,l’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest à elle seule, importe annuellement,5, 2 millions <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> riz représentantprès <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> ses besoins..Cette forte dépendance aux importations déséquilibregravement la balance commerciale<strong>de</strong>s États africains, menace la souverainetéet la sécurité alimentaire et charrie <strong>de</strong> potentielsgermes <strong>de</strong> déstabilisation sociale. En effet,vers la fin <strong>de</strong> l’année 2007 et au début <strong>de</strong>2008, face aux effets du retard <strong>de</strong>s récoltes<strong>de</strong>s riz thaïlandais et vietnamien combinés àla décision <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong> d’interdire les exportationspour protéger ses consommateurs, leprix du riz a connu une flambée extraordinaireet la <strong>de</strong>nrée était <strong>de</strong>venue introuvable.Conséquence : <strong>de</strong> violentes émeutes dites<strong>de</strong> « la faim » éclatent dans la quasi-totalité<strong>de</strong>s pays africains grands consommateurs<strong>de</strong> riz. Ces émeutes ont eu le mérite<strong>de</strong> rappeler aux déci<strong>de</strong>urs africains, l’urgentenécessité <strong>de</strong> mettre en place <strong>de</strong>s stratégiespour augmenter leur production céréalière.Du riz en particulier. La découverte du SRI etsa généralisation, apparaissent ainsi, commeune formidable opportunité pour renverser latendance actuelle, accroître durablement laproduction <strong>de</strong> riz en Afrique et lutter contrel’insécurité alimentaire qui guette la majorité<strong>de</strong> la population.<strong>Le</strong> SRI, un <strong>système</strong> rizicoleinnovant<strong>Le</strong> SRI a été introduit pour la première enAfrique en 1983/1984 par un prêtre jésuitedu nom <strong>de</strong> Henri De LAULANIE installé àMadagascar. Cette année là, il met au point,<strong>de</strong> manière acci<strong>de</strong>ntelle, avec ses étudiantset amis producteurs une nouvelle techniqueagricole. En effet, la sécheresse et le retardaccusé par les premières pluies les ont obligésà repiquer <strong>de</strong>s plants <strong>de</strong> riz <strong>de</strong> quinzejours dans <strong>de</strong>s poquets comprenant un seulbrin et disposés <strong>de</strong> façon très espacée. <strong>Le</strong>srésultats obtenus furent spectaculaires ; lesjeunes plants se sont très vite développés etont donné parfois jusqu’à 20 épis. L’expérienceest reproduite au cours <strong>de</strong> la campagnesuivante dans les mêmes conditionspédoclimatiques mais cette fois avec <strong>de</strong>splants plus jeunes (9, 10, et 12 jours). <strong>Le</strong>résultat est encore plus étonnant. <strong>Le</strong> nombred’épis par plant est <strong>de</strong> 60 à 80 malgré lafaible quantité d’eau disponible. Il ressort ainsi<strong>de</strong> cette expérience que le nombre d’épis<strong>de</strong> riz augmente au fur et à mesure qu’on utilise<strong>de</strong>s plants plus jeunes. Partant <strong>de</strong> ces expériences,il pousse la recherche pour mieuxcomprendre le cycle et les conditions pourle développement optimal <strong>de</strong>s plants <strong>de</strong> riz.<strong>Le</strong> Système <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong> Intensive (SRI) ouSARI (<strong>système</strong> agro écologique <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong><strong>intensive</strong>) est né.Fondé sur <strong>de</strong>s techniques innovantes simples,une utilisation rationnelle <strong>de</strong> l’eau et <strong>de</strong>s semences,le SRI se pose comme un <strong>système</strong><strong>de</strong> <strong>riziculture</strong> alternatif très adapté pour lespaysans pauvres en ressources. Il permet uneproductivité <strong>de</strong> 20 t /ha dans les conditionsoptimales au moment où les <strong>système</strong>s traditionnelsn’en permettent pas plus <strong>de</strong> 2t/ha àMadagascar.Produire plus et mieuxAu plan technique, le SRI est une pratiquesimple et maîtrisable par les petits producteursfamiliaux. Du fait <strong>de</strong> la quantité réduite<strong>de</strong> semences qu’il induit, le SRI ne nécessitepas <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s pépinières. En outre, le SRIpermet d’économiser près <strong>de</strong> 40% d’eaupar rapport à la <strong>riziculture</strong> traditionnelle.Contrairement aux idées reçues, le riz est loind’être une plante d’eau. Elle a certes besoind’eau pour se développer, mais l’inondationconstante inhibe sa croissance. <strong>Le</strong> SRI qui alterne<strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s d’inondation <strong>de</strong>s rizièreset <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> détrempage est sansdoute l’un <strong>de</strong>s meilleurs <strong>système</strong>s dans <strong>de</strong>sconditions <strong>de</strong> pluviométrie aléatoires, particulièrementdans le Sahel.<strong>Le</strong> SRI favorise, par ailleurs, la réduction ducycle cultural du riz. Ce qui implique la possibilité<strong>de</strong> faire <strong>de</strong>ux campagnes même sur leshautes terres et la réduction <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong>la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> soudure. La culture <strong>de</strong> contresaison <strong>de</strong>vient possible avec la courte durée<strong>de</strong> la mise en pépinière.Au plan économique, l’économie <strong>de</strong> semencesfavorisée par le repiquage brin parbrin réduit les sommes dépensées pour l’achatd’intrants. Mais ce qui fait l’intérêt du SRI,c’est surtout l’augmentation importante duren<strong>de</strong>ment qu’il favorise. Il reste ainsi un outilremarquable pouvant contribuer à la sécuritéalimentaire dans <strong>de</strong> nombreuses régions dumon<strong>de</strong> minées par la famine. L’augmentation<strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s paysans, grâce au surplus <strong>de</strong>production permet l’achat <strong>de</strong> complémentsalimentaires, <strong>de</strong> diversifier leurs activités et<strong>de</strong> se soustraire <strong>de</strong> la pauvreté, à long terme.Au plan environnemental, le SRI est unmoyen efficace <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s gaz à effet<strong>de</strong> serre. L’émission <strong>de</strong> méthane est considérablementréduite comparée à la <strong>riziculture</strong>traditionnelle.De ce point <strong>de</strong> vue, le SRI peut être considérécomme une excellente pratique d’atténuationdu réchauffement et d’adaptation auchangement climatique.Une métho<strong>de</strong> agricole enexpansionFace aux périls environnementaux engendréspar les <strong>système</strong>s <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong> traditionnelle(SRT) et pour augmenter <strong>de</strong> manière conséquentela production <strong>de</strong> riz, les producteursn’hésitent plus quand l’alternative SRI se présente.Partout en Afrique et en Asie, l’espoir<strong>de</strong> produire suffisamment <strong>de</strong> riz pour freinerl’insécurité alimentaire chronique reposedésormais sur <strong>de</strong>s projets SRI. C’est ainsi quel’Etat rwandais, a initié en partenariat avec<strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> paysans riziculteurs <strong>de</strong>ux projetsmajeurs pour augmenter sa productionrizicole. <strong>Le</strong>s bassins versants constituent lazone d’intervention <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux projets et leurmise en œuvre a permis <strong>de</strong> lutter, avecsuccès contre la dégradation accélérée <strong>de</strong>ssols et <strong>de</strong> redonner un nouveau souffle àune <strong>riziculture</strong> en mal <strong>de</strong> productivité. Avecla mise en œuvre <strong>de</strong>s techniques du SRI,la productivité avoisine désormais les 6 à 8tonnes par hectare, contre 2 à 3 tonnes dansle <strong>système</strong> traditionnel <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong> (P17).Au Burkina Faso également, le SRI est entrain <strong>de</strong> prendre ses marques. Devant l’appauvrissement<strong>de</strong>s terres <strong>de</strong> la vallée du Kouaprès 4 décennies d’exploitation <strong>intensive</strong>et la chute <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments, l’insécurité alimentaires’est installée. Elle atteint durementles couches les plus défavorisées avec unemalnutrition touchant les enfants et provoquantl’exo<strong>de</strong> <strong>de</strong>s paysans qui abandonnentleurs champs. Un groupement <strong>de</strong> producteurs(AMAPAD) appuyé par un partenairea introduit le SRI, à travers un programme <strong>de</strong>formation aux principes du SRI pour assurerla sécurité alimentaire, lutter contre la pauvreté,et préserver les ressources naturelleset l’environnement (P6).Madagascar s’est aussi illustré dans la formationaux métho<strong>de</strong>s SRI. Mais l’originalité<strong>de</strong> son expérience rési<strong>de</strong> dans le ciblage<strong>de</strong>s groupes les plus vulnérables, comme les


Photo : PAPILVallée rizicole dans la région <strong>de</strong> Fatick, Sénégal.femmes. Celles-ci jouent un rôle <strong>de</strong> premierplan dans la production rizicole. A traversleur capacité à s’organiser, elles constituent<strong>de</strong>s relais importants pour la vulgarisation<strong>de</strong> nouvelles innovations. C’est ainsi qu’ellesfurent mises à contribution à travers un programme<strong>de</strong> formation aux métho<strong>de</strong>s SRI afind’en faciliter la diffusion à travers la Gran<strong>de</strong>île (P23).En dépit d’énormes potentialités, la productionlocale <strong>de</strong> riz ne couvre que 60 % <strong>de</strong>sbesoins du Benin. <strong>Le</strong>s différents <strong>système</strong>s <strong>de</strong><strong>riziculture</strong> que sont la <strong>riziculture</strong> pluviale, la<strong>riziculture</strong> <strong>de</strong> bas-fonds et la <strong>riziculture</strong> irriguée,développés <strong>de</strong>puis les années 1960,ont véritablement montré leurs limites avecmoins <strong>de</strong> 3 tonnes par ha. Ainsi, les impératifs<strong>de</strong> sécurité alimentaire ont alors amenéles producteurs à s’orienter vers le SRI. (P15).Même constat au Sénégal où les changementsclimatiques ont bouleversé la plupart<strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s producteurs agricoles. C’estle cas <strong>de</strong>s riziculteurs <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Faticksituée au Centre Ouest du pays. Là-bas, lasalinisation, la dégradation et l’appauvrissement<strong>de</strong>s sols ont rendu vulnérables les éco<strong>système</strong>set affecté négativement la culturedu riz. Grâce à un projet initié par le Gouvernementsénégalais, le SRI a été introduit dansles vallées <strong>de</strong> cette région. <strong>Le</strong>s succès enregistrésau cours <strong>de</strong>s premières expérimentationsont suscité un grand engouement<strong>de</strong>s populations pour ce nouveau <strong>système</strong>qu’elles adoptent <strong>de</strong> plus en plus. (P13).Même si l’Afrique est le berceau du SRI,d’autres régions du mon<strong>de</strong> se sont très viteappropriées le <strong>système</strong>, allant même parfoisjusqu’à revendiquer le titre <strong>de</strong> champion duSRI. C’est le cas <strong>de</strong> l’Asie, qui en quelquesdécennies s’est forgée une soli<strong>de</strong> expérienceen matière <strong>de</strong> SRI. Ce <strong>système</strong> a confortél’Asie du Sud-est dans sa place <strong>de</strong> grenier rizicoledu mon<strong>de</strong>. Au Myanmar, dans l’Etat duRakhine du Nord (NRS) tout comme dans lavallée <strong>de</strong> l’Ayeyarwaddy (canton <strong>de</strong> Bogale,),le SRI est en train <strong>de</strong> rayer, petit à petit, dupaysage agricole les <strong>système</strong>s <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong>traditionnelle. Il y a été introduit dans les années2000 grâce à la coopération française.L’objectif était <strong>de</strong> changer les mauvaises pratiquesobservées dans la gestion <strong>de</strong>s cultures<strong>de</strong> riz et d’offrir <strong>de</strong> meilleures opportunitésdans la production rizicole aux paysans aprèsle passage meurtrier du cyclone Nargis quiavait mis à genou l’agriculture. La métho<strong>de</strong>SRI s’est avérée un outil efficace <strong>de</strong> redynamisationdu secteur rizicole et <strong>de</strong> lutte contrel’insécurité alimentaire (P10).La diffusion à gran<strong>de</strong>échelle du SRI, un défipersistantAujourd’hui, 30 ans après la découverte duSRI, la production rizicole a-t-elle bondi ?Certainement, oui. Dans presque tous lespays où le SRI a été introduit, la production aconnu une hausse vertigineuse.Mais malheureusement le rythme <strong>de</strong> croissance<strong>de</strong> cette production est encore loind’atteindre le niveau <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> lapopulation. Résultat : les délais pour l’atteinte<strong>de</strong>s objectifs d’autosuffisance alimentairereculent, d’année en année. Aussi, malgré lesavantages connus du SRI, la métho<strong>de</strong> resteencore le fait d’une minorité. C’est le cas duberceau du SRI, Madagascar, un pays quidépend encore largement <strong>de</strong>s importationspour couvrir les besoins d’une population enexpansion constante. (P19).) Une situationqui s’explique largement par la persistance<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production très peu productifs.En effet, sur les 1 060 000 ha <strong>de</strong> surfacerizicole <strong>de</strong> Madagascar, le SRI n’occupe qu’environ6% <strong>de</strong> cette superficie. <strong>Le</strong> nombre <strong>de</strong>pratiquants recensés du SRI (180000) représenteà peine 9% <strong>de</strong>s riziculteurs du pays.Il semblerait que les populations restentencore très réfractaires au changement <strong>de</strong>mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> production. <strong>Le</strong>s stratégies nationales<strong>de</strong> diffusion du SRI restent aussi peuadaptées pour favoriser une bonne dissémination<strong>de</strong> la pratique tandis que les problèmesqui gangrènent toute la filière riz (accèsau crédit, accès aux intrants, formation…)peinent à être levés. C’est pourquoi certainspréconisent une amélioration profon<strong>de</strong> <strong>de</strong>l’environnement général <strong>de</strong> la filière riz poursusciter l’engouement <strong>de</strong>s paysans pour unequelconque innovation (P21).Au Cameroun, c’est le désengagement <strong>de</strong>l’état vis-à-vis <strong>de</strong>s anciennes structuresd’encadrement <strong>de</strong>s paysans qui semble avoirsonné le glas <strong>de</strong> la <strong>riziculture</strong> et hypothéquéles chances <strong>de</strong> diffusion à gran<strong>de</strong> échelledu SRI. La métho<strong>de</strong> essaime tout <strong>de</strong> mêmeet suscite l’espoir d’une population dont lagran<strong>de</strong> majorité vit essentiellement <strong>de</strong> riz(P24).Des efforts importants restent cependant àdéployer un peu partout dans le mon<strong>de</strong> pourune large diffusion du SRI.AGRIDAPE, plateforme d’échanges, <strong>de</strong> vulgarisation<strong>de</strong>s innovations paysannes et <strong>de</strong>débats, en consacrant ce numéro au SRI,cherche à mettre en exergue <strong>de</strong>s expériencesdiversifiées en Asie et en Afrique pourtirer les leçons <strong>de</strong> leurs réussites et échecs.Une réflexion approfondie autour <strong>de</strong> ces expériences,impliquant tous les acteurs, pourraitpermettre <strong>de</strong> trouver la meilleure voiepour renforcer les connaissances sur cettepratique, la vulgariser et faciliter sa mise àl’échelle afin <strong>de</strong> contribuer à son adoptionmassive. La diffusion à gran<strong>de</strong> échelle du SRIest un sérieux gage pour l’amorce d’une èred’abondance pour tous.5


avec une cinquantaine <strong>de</strong> paysans. Bienqu’ayant montré <strong>de</strong>s résultats prometteurs,l’expérience était restée limitée. Elle avaitnéanmoins permis <strong>de</strong> former une équipe<strong>de</strong> techniciens agricoles compétents surles métho<strong>de</strong>s du SRI, posant les bases pourl’avenir.Depuis 2009, CODEGAZ, association humanitaire<strong>de</strong>s salariés <strong>de</strong> l’entreprise françaiseGDF SUEZ, met en œuvre <strong>de</strong>s programmes<strong>de</strong> SRI au Cambodge et à Madagascar.Cherchant à développer un projet <strong>de</strong> SRIau Burkina Faso, CODEGAZ a pris connaissance<strong>de</strong>s conditions particulières à Bamaqui se prêtaient à la mise en place d’unprogramme <strong>de</strong> formation au SRI.Pour remédier aux difficultés rencontréespar les riziculteurs <strong>de</strong> Bama, CODEGAZs’est liguée avec AMAPAD (AssociationMawouro-bi pour la Promotion <strong>de</strong> l’AgricultureDurable), association burkinabé aveclaquelle elle met au point un programme<strong>de</strong> formation et <strong>de</strong> suivi-accompagnementà <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s paysans <strong>de</strong>s 8 quartiers<strong>de</strong> Bama, constitué <strong>de</strong> 2 volets : un voletSRI et un volet maraichage biologique. <strong>Le</strong>SRI visait à augmenter la production rizicoleet le maraichage à accroître la productionvivrière tout en améliorant les sols<strong>de</strong> manière naturelle. L’avantage d’unedémarche faisant appel aux techniques duSRI et du maraichage biologique est qu’ellepermet <strong>de</strong> répondre aux défis locaux grâceà un transfert <strong>de</strong> connaissances techniquesfaisant appel uniquement aux ressourcesdont disposent les paysans.CODEGAZ, a détecté la zone et les acteurspour pouvoir mettre en place le projet. Ellea configuré le projet et précisé ses objectifs,mis en place avec AMAPAD le contenu<strong>de</strong> la formation, et a recherché les bailleurspour financer le projet.Elément central du projet, l’équipe <strong>de</strong>formateurs <strong>de</strong> l’association AMAPAD estconstituée <strong>de</strong> 3 techniciens agricoles chevronnés.Formée aux techniques du SRIet du maraichage biologique, c’est cetteéquipe, dirigée par M. Pierre BELEM, quidispense les formations théoriques et pratiques,assure le suivi et l’accompagnementpersonnalisé auprès <strong>de</strong>s paysans.Autre acteur important, l’Union <strong>de</strong>s CoopérativesRizicoles <strong>de</strong> Bama (UCRB), qui joueun rôle important dans la mobilisation <strong>de</strong>spaysans et le choix <strong>de</strong>s participants.Objectifs et résultatsattendus du projetEn termes d’objectifs, le projet vise àaugmenter la sécurité alimentaire, luttercontre la pauvreté, et préserver les ressourcesnaturelles et l’environnement.Pour ce faire, CODEGAZ et AMAPAD ontmisé sur un programme <strong>de</strong> formation auxtechniques innovatrices du SRI et du maraichagebiologique.Afin <strong>de</strong> répondre au premier objectif d’accroissement<strong>de</strong> la sécurité alimentaire, ons’est tout d’abord fixé comme but <strong>de</strong> disséminerles techniques à un large nombre <strong>de</strong>paysans tout en tenant compte <strong>de</strong>s moyenslimités du projet. Premier objectif : obtenirun nombre minimum <strong>de</strong> paysans forméset appliquant les techniques apprises duSRI et du maraichage biologique dansleurs champs. Pour le SRI, l’objectif visé est<strong>de</strong> former en trois ans 200 riziculteurs dontau moins 80% pratiqueront le SRI.En outre, on s’est fixé l’objectif <strong>de</strong> dépasser10% <strong>de</strong> superficie cultivée en SRI par rapportà la surface totale <strong>de</strong> la zone rizicole<strong>de</strong> Bama. Une augmentation significativedu ren<strong>de</strong>ment à l’hectare fait égalementpartie <strong>de</strong>s résultats attendus, soit un doublement<strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments par rapport auren<strong>de</strong>ment en culture traditionnelle.<strong>Le</strong> projet prévoit également <strong>de</strong> former uncertain nombre <strong>de</strong> paysans-relais qui aurontsubi une formation approfondie, quiau terme <strong>de</strong> celle-ci seront capables <strong>de</strong>former leurs collègues riziculteurs et maraichers,et sur qui les équipes d’AMAPADpourront s’appuyer pour assurer une formationplus large et plus enracinées dansle temps <strong>de</strong>s paysans <strong>de</strong> la région. Ainsi,les techniques du SRI et du maraichagebiologique pourront être disséminées plusefficacement au sein <strong>de</strong> la population <strong>de</strong>spaysans <strong>de</strong> Bama.Pour répondre à l’objectif <strong>de</strong> lutte contrela pauvreté, le projet vise le résultat d’uneaugmentation du nombre <strong>de</strong> famillesayant enregistré un accroissement <strong>de</strong>srevenus grâce à la revente <strong>de</strong>s surplussur les marchés locaux. En outre, grâce auSRI notamment, on attend également laréduction <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> productionConcernant la préservation <strong>de</strong>s ressourcesnaturelles et <strong>de</strong> l’environnement, celle-cise traduit par la réduction sensible <strong>de</strong> l’utilisation<strong>de</strong>s ressources en eau nécessairespour la pratique du SRI, mais aussi par lapréservation <strong>de</strong>s sols par l’usage d’engraisbiologiques (compost).Déroulement et contenu <strong>de</strong>la formationA la fin <strong>de</strong> la saison sèche 2012, <strong>de</strong>s réunionsd’information et <strong>de</strong> sensibilisationont été tenues au niveau <strong>de</strong>s 8 coopératives<strong>de</strong> quartier <strong>de</strong> Bama, afin d’informerles responsables <strong>de</strong>s coopératives, les riziculteurset les maraichers sur les activitésdu projet à venir. C’est aussi durant cettepério<strong>de</strong> que l’on a procédé à l’inscription<strong>de</strong>s paysans participants à la formation SRI.<strong>Le</strong> contenu <strong>de</strong> la formation a été conçuavec l’équipe <strong>de</strong>s formateurs d’AMAPADafin <strong>de</strong> permettre le renforcement <strong>de</strong>scapacités <strong>de</strong>s producteurs pour répondreaux défis <strong>de</strong> la situation spécifique à Bamapar la maîtrise <strong>de</strong>s techniques du SRI et dumaraichage, mais également <strong>de</strong> la gestion<strong>de</strong> l’eau, l’amen<strong>de</strong>ment et la protection<strong>de</strong>s sols par <strong>de</strong>s techniques naturelles. <strong>Le</strong>projet prévoit la mise en place <strong>de</strong> champsécoles,outils important pour la démarchepédagogique car c’est sur ces champs quesont effectuées les formations théoriqueset pratiques avant d’être dupliquées dansles parcelles <strong>de</strong>s participants.Plus spécifiquement, la formation auxtechniques du SRI contient un module<strong>de</strong> formation théorique et un module <strong>de</strong>formation pratique, mais également <strong>de</strong>smodules <strong>de</strong> formation consacrés aux techniques<strong>de</strong> compostage, à la préparation<strong>de</strong>s sols, la mise en place <strong>de</strong>s pépinières, àla gestion <strong>de</strong> l’eau.De son côté, la formation au maraichagebiologique comporte, outre <strong>de</strong>s modules<strong>de</strong> formation au maraichage, <strong>de</strong>s sessions<strong>de</strong> formation sur la mise en place <strong>de</strong>s pépinières,la préparation <strong>de</strong>s sols, et les semiset repiquage. Un module d’économie agricoleest également dispensé aux paysans.Pendant la durée <strong>de</strong> la formation au SRIet au maraichage, les participants ne sontpas laissés seuls livrés à eux-mêmes. Ilssont accompagnés tout au long du processusgrâce à un suivi et un appui techniquespersonnalisés, ainsi qu’à <strong>de</strong>s tests<strong>de</strong> niveau. En outre, les formateurs utilisentla métho<strong>de</strong> participative qui permetaux agriculteurs d’échanger et <strong>de</strong> partagerentre eux leurs expériences en SRI et enmaraichage.Autre dispositif du projet, les visites commentées.Ce sont <strong>de</strong>s journées porteouvertes à l’occasion <strong>de</strong>squelles on invitele public (administration, coutumiers, religieux,producteurs, autres villages, communes,médias, écoles) à visiter les CEPafin <strong>de</strong> voir les réalisations du projet. Cesjournées d’échange et <strong>de</strong> partage d’expériencespermettent <strong>de</strong> mobiliser la populationet <strong>de</strong> faire connaître le SRI et sesavantages.En termes <strong>de</strong> dépenses, il faut prévoirl’in<strong>de</strong>mnisation <strong>de</strong>s formateurs car ce sonteux qui assurent le suivi personnalisé <strong>de</strong>spaysans et les encouragent tout au long<strong>de</strong> la campagne. Il faut également prévoirun investissement dans le matérielagricole, tel que les houes rotatives (pourle sarclage), les charrettes et les brouettes(pour le transport du compost), ainsi queles charrues pour la préparation du sol. Cepoint est important car le matériel agricoleest un facteur d’encouragement importantpour la mise en œuvre <strong>de</strong>s nouvelles pratiques.Une première campagneprometteuseLa première campagne 2012 a été prometteusecar elle a permis d’enregistrer lesrésultats suivants concernant le volet SRI :7


Photo : AMAPADScène <strong>de</strong> moisson du riz.8 • y 111 paysans (dont 18 femmes) ont puêtre formés au SRI, alors qu’il en étaitprévu 50,• y 25 paysans-relais capables <strong>de</strong> formereux-mêmes leurs collègues auxmétho<strong>de</strong>s du SRI ont subi une formationapprofondie,• y 83 paysans (au lieu <strong>de</strong> 40 prévus) ontmis en pratique les métho<strong>de</strong>s du SRIsur leurs parcelles, dont 32 ont utilisé ducompost naturel pour amen<strong>de</strong>r les sols,• y 6 500 m2 <strong>de</strong> pépinière <strong>de</strong> SRI ont étéensemencés,• y 65 hectares <strong>de</strong> rizière ont été cultivésselon les métho<strong>de</strong>s du SRI, au lieu <strong>de</strong>40 hectares prévus,• y 530 tonnes <strong>de</strong> riz SRI ont été produites,• y 8 tonnes/hectare <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>mentmoyen pour les parcelles cultivéesselon la métho<strong>de</strong> SRI (avec <strong>de</strong>s pointesà 11 tonnes), soit un une augmentation<strong>de</strong> + 70% par rapport aux ren<strong>de</strong>mentsen culture traditionnelle (4 tonnes/hectare).Ces bons résultats et l’augmentation substantielle<strong>de</strong> la production enregistréevont permettre aux paysans et à leursfamilles <strong>de</strong> mieux tenir durant la pério<strong>de</strong><strong>de</strong> soudure. D’autre part, les paysans ontAnnéeFormation <strong>de</strong>sproducteursNombreRéalisationprévuégalement pu revendre leurs surplus auxgrossistes <strong>de</strong> Bobo-Dioulasso et augmenterles revenus <strong>de</strong> leurs exploitations.En moyenne, pour une production <strong>de</strong> 8tonnes/ha, le revenu brut obtenu est <strong>de</strong>1 120 000 FCFA. L’augmentation <strong>de</strong>s revenusa un impact social important car lesfamilles ont ainsi plus <strong>de</strong> possibilités et<strong>de</strong> facilités pour faire face aux frais médicauxet aux frais <strong>de</strong> scolarisation <strong>de</strong> leursenfants. <strong>Le</strong>s familles parviennent même àépargner, ce qui n’était pas le cas avant lapratique du SRI.A noter parmi les suites constatées <strong>de</strong>la formation, l’abandon <strong>de</strong>s mauvaisespratiques traditionnelles avec une meilleureorganisation du travail selon un programme<strong>de</strong> travail. On a également notéune meilleure qualité du riz cultivé.Pour conclure sur cette première campagne,on peut dire qu’elle a été très positive.L’apprentissage aux techniques SRI aété une école pour les producteurs qui ontpris part à la formation. A travers cela, ilsont acquis <strong>de</strong>s nouvelles connaissancesqui leur ont permis d’améliorer leur manière<strong>de</strong> travailler, leur ren<strong>de</strong>ment et leursconditions <strong>de</strong> vie. Ils ont aussi pris davantageconscience <strong>de</strong> l’importance et du rôle<strong>de</strong> l’éducation et du savoir. Il y a eu unchangement au niveau <strong>de</strong> leur mentalitéqui les dispose à inscrire leurs enfants àl’école et à les soutenir. Certains parentsenseignent d’ailleurs maintenant les techniquesdu SRI à leurs enfants.Pierre BELEM (coordonnateur du Projet SRI <strong>de</strong>CODEGAZ au Burkina Faso)pierrebelem@yahoo.frAlain OSCAR (CODEGAZ - GDF)alain.oscar@gdf.frTableau récapitulatif <strong>de</strong>s principaux résultatsdu Projet SRI à Bama :SuperficieprévueSuperficieSuperficieréaliséePratique du SRINombreprévuRéalisation1 ère Année : 2012 50 111 40 Ha 65 Ha 40 83


Renforcer les capacités <strong>de</strong>s petits producteursgrâce à l’approche Champs -Ecoles Paysans (CEP)L’approche Champs-Ecoles Paysans(CEP), a été développée pour lapremière fois en Asie pendant lesannées 1990 avant d’essaimer pourgagner le reste du mon<strong>de</strong>. Elle asurtout servi <strong>de</strong> véhicule pour lapromotion <strong>de</strong> la Gestion Intégrée<strong>de</strong>s Déprédateurs <strong>de</strong>s cultures(GIPD ou IPM, Integrated Pest Management;). <strong>Le</strong> principe du Champ-Ecole Paysans est <strong>de</strong> créer un lieud’échange et d’apprentissage où lesproducteurs apprennent en grouped’eux-mêmes par l’intermédiaire<strong>de</strong> l’observation et <strong>de</strong> l’échange. <strong>Le</strong>champ école est un excellent outild’apprentissage parce que basé surla pratique « learning by doing ».<strong>Le</strong> champ est notreclasse et notre livreDans le Champ-Ecole Paysan (CEP),le champ est la classe et fournit lamajorité <strong>de</strong>s supports didactiquesque constituent les plantes, les insectes,les problèmes réels. L’enseignementporte sur <strong>de</strong>s thèmes pratiquesissus <strong>de</strong> la préoccupation <strong>de</strong>l’agriculteur ou <strong>de</strong> la communauté.<strong>Le</strong> technicien qui accompagne ceprocessus est un facilitateur etnon un « enseignant ». Il assureun appui technique à un groupe<strong>de</strong> 25 producteurs/paysans qui seretrouvent une fois par semainependant une campagne entière <strong>de</strong>production agricole, pour étudier le« comment et le pourquoi » à partird’observations, d’expérimentations,<strong>de</strong> présentations, et <strong>de</strong> discussions.Cette approche promeut la compréhension<strong>de</strong> l’agro éco<strong>système</strong>par l’agriculteur à partir <strong>de</strong>s mécanismeséconomique, écologique etsocial; et la prise <strong>de</strong> décision enconnaissance <strong>de</strong> causes.<strong>Le</strong>s agriculteurs sont, ainsi, plus àl’aise dans le champ que dans unesalle <strong>de</strong> classe. Il s’agit d’un enseignementbasé sur les échangesd’expériences entre producteurs etfacilitateurs tout au long d’un cyclecultural, ce qui permet au producteur<strong>de</strong> faire valoir ses connaissancesmais aussi <strong>de</strong> découvrird’autres aspects liés à la gestion <strong>de</strong>scultures.Au terme <strong>de</strong> la formation le producteura une connaissance <strong>de</strong>s statuts<strong>de</strong>s insectes, <strong>de</strong> leurs cycles biologiques,<strong>de</strong> l’écologie <strong>de</strong>s insectesravageurs et <strong>de</strong> leurs ennemisnaturels, une réduction <strong>de</strong> l’utilisation<strong>de</strong>s pestici<strong>de</strong>s, une connaissance<strong>de</strong>s produits insectici<strong>de</strong>s nonchimiques et une capacité <strong>de</strong> lespréparer. <strong>Le</strong> respect <strong>de</strong> bonnes pratiquesculturales améliore significativementles ren<strong>de</strong>ments. <strong>Le</strong> cadre<strong>de</strong>s champs-écoles renforce aussiles relations entre les producteursgrâce aux nombreux exercices <strong>de</strong>dynamique <strong>de</strong> groupe. On se rendcompte qu’avec un appui technique<strong>de</strong>s agriculteurs à travers les CEP, onDessin : Formation dans un champ-école paysansest en mesure <strong>de</strong> réduire l’utilisation<strong>de</strong>s pestici<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> produitssans résidus <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s. <strong>Le</strong>snombreux producteurs formés à traversle Sénégal se sont organisés enréseau et ont adapté leur productionpour mieux faire face à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><strong>de</strong>s consommateurs.Makhfousse Sarr GIPD/CEP FAO Senegalsarrmakh12@yahoo.frSource : GIPD9


Introduction du SRI dans l’Etat du Rakhine duNord (NRS) au Myanmar : Un long processuspour une bonne diffusion et un grand impactsur la production <strong>de</strong> riz paddy localPierre Ferrand, U Hla Min10Photo : SWISSAIDPaysans initiés aux techniques <strong>de</strong> repiquage du SRIPrésent dans les trois communes <strong>de</strong> Maungdaw, Buthidaung et Rathedaung du Northern Rakhine State (NRS) <strong>de</strong> 1996 à 2010, leGroupe <strong>de</strong> Réflexion et d’Echange Technologique (GRET) a mis en œuvre <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong>stinés à améliorer la sécurité alimentaireet la promotion <strong>de</strong> techniques innovantes pouvant redynamiser les <strong>système</strong>s <strong>de</strong> production agricole et redorer le quotidien <strong>de</strong>spopulations rurales vulnérables. A partir <strong>de</strong> 2004, l’ONG française a appuyé l’introduction et la diffusion <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> SRI, qui,au bout <strong>de</strong> 4 ans d’appui, a atteint une masse critique et la possibilité <strong>de</strong> s’auto-diffuser. Une telle pratique s’est traduite par uneprofon<strong>de</strong> amélioration <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> riz paddy au niveau <strong>de</strong>s ménages.Un contexte très spécifiqueet hautement adapté à ladiffusion <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> SRI<strong>Le</strong> NRS est l’une <strong>de</strong>s zones les plus peupléesdu Myanmar 1 représentant environ800 000 habitants. Situé sur la côteouest du Myanmar, à la frontière avec leBangla<strong>de</strong>sh, il reste l’une <strong>de</strong>s parties lesmoins développées du pays et souffre <strong>de</strong>1 Dans le NRS, la <strong>de</strong>nsité moyenne <strong>de</strong> population estd’environ 185 habitants au km 2 alors que la <strong>de</strong>nsité<strong>de</strong> population au niveau national est <strong>de</strong> 68 habitantsau km 2plusieurs difficultés telles que <strong>de</strong> faiblesrevenus, la pauvreté, la malnutrition, uneforte <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> population et <strong>de</strong> mauvaisesinfrastructures. Il n’est plus possibled’étendre les terres cultivables. Unegran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la population est constituée<strong>de</strong> petits exploitants agricoles (ou <strong>de</strong>paysans sans terre) qui peuvent à peinecouvrir la sécurité alimentaire du ménage.En général, les agriculteurs sont bons engestion <strong>de</strong>s récoltes, mais ils n’ont presquepas d’accès aux nouvelles pratiques ettechnologies améliorées. L’évaluation <strong>de</strong>terrain a révélé que certaines pratiquesagronomiques en matière <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong><strong>de</strong>vraient être améliorées ou modifiées ;il s’agit entre autres <strong>de</strong> la transplantationen profon<strong>de</strong>ur, du nombre élevé <strong>de</strong> semispar poquet, <strong>de</strong> la lutte antiparasitaire, <strong>de</strong>la gestion efficiente <strong>de</strong> la fertilité <strong>de</strong>s sols,etc… Enfin, il faut ajouter la difficulté à seprocurer <strong>de</strong>s intrants agricoles tels que <strong>de</strong>ssemences et engrais <strong>de</strong> qualité, en raison<strong>de</strong> l’éloignement <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> la partiecontinentale du pays.<strong>Le</strong> SRI s’est avéré une excellente opportunitépour les agriculteurs du NRS. Enintroduisant le SRI, le GRET visait essentiel-


Photo : continents insolitesMoisson du riz dans une exploitation familiale.lement à accroître la production rizicole,avec comme cible principale <strong>de</strong> son appuiles ménages paysans les plus vulnérables.De l’introduction timi<strong>de</strong> <strong>de</strong>la métho<strong>de</strong> à l’établissementd’une masse critique<strong>de</strong> producteurs SRIEn 2004-2005, le GRET s’est concentré surl’introduction <strong>de</strong> la nouvelle pratique encomptant sur l’appui profond et le suivi <strong>de</strong>l’équipe du projet avec la mise en place<strong>de</strong> parcelles <strong>de</strong> démonstration, <strong>de</strong>s expérimentationsen plein champ au niveau <strong>de</strong>sparcelles <strong>de</strong>s paysans et un mécanisme<strong>de</strong> prime d’encouragement/rémunération(en espèces). Il fallait convaincre lesagriculteurs à propos du SRI et augmenterle nombre <strong>de</strong> participants aux activitésd’Expérimentation menée par les agriculteurs(EMA) du SRI et mises en œuvre parle projet.A partir <strong>de</strong> la saison <strong>de</strong>s pluies 2006, lastratégie <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> SRIa été réorientée en tenant compte du faitque, bien que les agriculteurs aient étéplus ou moins convaincus par la technique,la superficie totale emblavée sous pratiqueSRI était restée faible. L’on s’est ensuitetourné vers davantage d’appui techniqueet <strong>de</strong> mise à disposition d’équipementsagricoles adaptés. <strong>Le</strong>s Paysans Animateurs(PA) ont été exposés aux <strong>de</strong>ux objectifsd’augmentation du nombre d’agriculteursà qui la métho<strong>de</strong> SRI a été présentée et<strong>de</strong> promotion <strong>de</strong>s bonnes capacités techniquesauprès <strong>de</strong>s agriculteurs clés du terroir.Six (6) rencontres techniques ont étéorganisées par saison. Elles ont porté surles thématiques suivantes : concept SRI,étapes <strong>de</strong> la transplantation, 1 er désherbage,<strong>de</strong>rnier désherbage, floraison (aveclutte antiparasitaire), récolte (et estimationdu ren<strong>de</strong>ment).Enfin et surtout, l’on a trouvé que la disponibilitéet le prix <strong>de</strong> la désherbeuse rotativeen fer 2 promue par le projet a constituéla plus gran<strong>de</strong> contrainte à une largediffusion <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> SRI et à l’augmentation<strong>de</strong> la superficie totale. En 2007, leGRET a conçu une nouvelle désherbeuse,plus légère et techniquement adaptée auxconditions <strong>de</strong>s exploitations du NRS et d’uncoût plus abordable pour les paysans (environ6 dollars US au lieu <strong>de</strong> 18 dollars).Après quatre ans <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>l’activité, l’observation directe au niveaudu village a montré une large adoption<strong>de</strong> la pratique dans les parcelles agricoles.Pendant ce temps, le GRET a impliqué plus<strong>de</strong> 5.700 agriculteurs directement dans lesactivités liées à la pratique SRI dans la <strong>riziculture</strong>pluviale et <strong>de</strong> contre-saison. Unepetite évaluation menée par le personneldu projet suite à la saison 2008 <strong>de</strong> contresaisondu paddy dans 36 périmètres villageois<strong>de</strong>s cantons <strong>de</strong> Maungdaw et <strong>de</strong>Buthidaung a révélé que 18 % <strong>de</strong>s agriculteursqui y ont pris part ont utilisé lamétho<strong>de</strong> SRI sur 9,3 % <strong>de</strong> la superficietotale emblavée.2 Outil mécanique agricole facilitant le désherbagepar une coupe <strong>de</strong>s mauvaises herbes et en lesenfouissant dans le sol qu’elles aèrent ainsi ; l’outil esthautement apprécié <strong>de</strong>s agriculteurs afin d’améliorerprofondément l’efficacité <strong>de</strong> la lutte contre lesmauvaises herbes et la gestion <strong>de</strong>s culturesRésultats, impacts et enseignementstirés <strong>de</strong> la diffusion<strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> SRI…La métho<strong>de</strong> SRI s’est avérée une techniqueparticulièrement efficiente pour accroître laproduction <strong>de</strong> riz paddy dans la région, avecune augmentation <strong>de</strong> plus d’une tonne/ha en moyenne par rapport aux pratiquestraditionnelles <strong>de</strong>s agriculteurs 3 . Cetteaugmentation était d’environ 700 kg/haau début <strong>de</strong> l’activité en 2005 et a atteintprès <strong>de</strong> 1,4 t/ha en 2007, surtout en raisond’une meilleure capacité <strong>de</strong>s agriculteurs àmaîtriser la technique. La technique s’estégalement avérée reproductible selon lesrésultats obtenus au cours <strong>de</strong>s années età divers endroits. La diffusion et l’adoptionrapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la technique par les agriculteursétaient fortement liées au contexte spécifiquedu NRS, au niveau d’intensification<strong>de</strong> l’agriculture (en particulier s’agissant<strong>de</strong> la main-d’œuvre) et la situation <strong>de</strong>spetites propriétés.Partant <strong>de</strong> l’expérience acquise à travers leprojet du NRS, le GRET a eu l’intime convictionque l’introduction <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> SRIdans d’autres régions du pays telles que le<strong>de</strong>lta <strong>de</strong> l’Ayeyarwaddy serait un moyenimportant d’appuyer la revitalisation <strong>de</strong>l’agriculture notamment après les dommagesconsidérables provoqués par lepassage du cyclone Nargis en 2008.Pierre Ferrand, U Hla MinGRETwww.gret.org3 Sur la base du recueil <strong>de</strong> données du projet àpropos <strong>de</strong>s agriculteurs impliqués dans l’activitérizicole appuyée par le GRET <strong>de</strong> 2005 à 200711


Promotion <strong>de</strong>s principes du SRI pour redynamiser la <strong>riziculture</strong>dans le <strong>de</strong>lta <strong>de</strong> l’Ayeyarwaddy12Scène <strong>de</strong> moissonPhoto : Odyssée NéozelandaiseSensibilisation etintroduction <strong>de</strong> lamétho<strong>de</strong>S’inspirant <strong>de</strong> l’expérience du projetdu NRS, le GRET déci<strong>de</strong> d’introduirequelques principes pertinents du SRIdans le <strong>de</strong>lta <strong>de</strong> l’Ayeyarwaddy (canton<strong>de</strong> Bogale, Myanmar).C’est durant la saison estivale <strong>de</strong> 2008que la métho<strong>de</strong> SRI a été testée pour lapremière fois dans la région. En introduisantle SRI, le GRET visait essentiellementà changer certaines mauvaisespratiques observées dans la gestion<strong>de</strong>s cultures <strong>de</strong> riz et à offrir <strong>de</strong> meilleuresopportunités dans la productionrizicole aux paysans après le passagemeurtrier du cyclone Nargis qui a mis àgenou l’agriculture <strong>de</strong> cette zone longtempsconsidérée comme le grenier àriz du Myanmar.L’expérience s’est d’abord appuyée sur<strong>de</strong>s parcelles <strong>de</strong> démonstration et <strong>de</strong>sagriculteurs <strong>de</strong> référence, ensuite surl’approche Groupement <strong>de</strong> VulgarisationPaysan pour disséminer la métho<strong>de</strong>.<strong>Le</strong>s réunions <strong>de</strong> sensibilisationavec les agriculteurs ont permis <strong>de</strong> discuter<strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> SRIet <strong>de</strong> ses possibilités à venir en appointà la production <strong>de</strong> semences <strong>de</strong> qualité.Des principes importants du SRIont été sélectionnés en vue <strong>de</strong> leur démonstrationet <strong>de</strong> leur adaptation auxpratiques locales. Parmi les pratiquescourantes sélectionnées, on peut notammentciter le désherbage précoceet la culture intercalaire à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> désherbeuses$$ (10 à 15 jours après lessemis pour le riz semé en direct [sansrepiquage], 10 jours après transplantationdu riz) et à 7 jours d’intervalle,transplantation <strong>de</strong> jeunes plants (


<strong>Le</strong> Système <strong>de</strong> Riziculture Intensive (SRI), uneréponse aux changements climatiques <strong>de</strong>sproducteurs <strong>de</strong> la Région <strong>de</strong> Fatick.Amadou Baldé13Photo : PAPIL FatickPérimètre rizicole dans la région <strong>de</strong> Fatick.La région <strong>de</strong> Fatick, au Centre-Ouest duSénégal, est riche d’une longue traditionrizicole. Cette activité, souvent pratiquéedans les bas fonds, est, cependant,fortement menacée par les effets <strong>de</strong>schangements climatiques, notamment,la sécheresse et la salinisation <strong>de</strong>sterres. Pour combattre ces phénomèneset redynamiser la culture du riz dansla région, le Projet d’appui à la petiteirrigation locale (PAPIL) initie, <strong>de</strong>puisquelques années, les producteurs auxprincipes du SRI. <strong>Le</strong>s succès enregistrésont suscité l’intérêt <strong>de</strong> bon nombre <strong>de</strong>paysans qui, <strong>de</strong> plus en plus, adoptent lanouvelle métho<strong>de</strong>.Un potentiel agricoledurement éprouvé par lesaléas climatiquesLa région <strong>de</strong> Fatick couvre 8 675 Km²avec une superficie agricole utile estiméeà 395 400 Ha ; les terres salées (tannes)représentent le tiers <strong>de</strong> la superficie régionale.L’une <strong>de</strong>s principales activités<strong>de</strong>s populations reste l’agriculture qui estessentiellement pluviale et donc soumise,par conséquent, aux aléas climatiques. Larégion a connu <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s favorables àcette activité jusqu’aux années 1970 durantlesquelles on a noté un début <strong>de</strong> déficitpluviométrique important avec commeconséquence, une remontée du sel dansplusieurs vallées sur lesquelles se pratiquela <strong>riziculture</strong>. <strong>Le</strong> riz ayant une place<strong>de</strong> choix dans l’alimentation <strong>de</strong>s populations,le déficit <strong>de</strong> l’offre par rapport à la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> est résorbé par <strong>de</strong>s importations,<strong>de</strong> plus en plus, importantes.La problématique <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> riz serésume ainsi à l’interaction <strong>de</strong>s contraintesétroitement liées aux changements climatiquesque sont le déficit hydrique, lasalinisation et l’acidification <strong>de</strong>s terres <strong>de</strong>culture. <strong>Le</strong>s principales origines <strong>de</strong> cescontraintes sont : la sécheresse, l’évaporationtrès élevée, la déforestation, la topographieet la relative proximité <strong>de</strong> la mer.La salinisation, la dégradation et l’appauvrissement<strong>de</strong>s sols ont rendu vulnérablesles éco<strong>système</strong>s, affecté négativement lesactivités agricoles <strong>de</strong> manière générale etparticulièrement la culture du riz et contribuéfortement à l’appauvrissement <strong>de</strong>s populations.Face à cette situation, il <strong>de</strong>vienturgent d’apporter une réponse au plus hautniveau et <strong>de</strong>s changements d’attitu<strong>de</strong>s et<strong>de</strong> comportements à tous les niveaux etparticulièrement au niveau local.


14C’est la raison pour laquelle le Gouvernementdu Sénégal, a adopté une politique<strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong> l’eau basée sur une gestiondurable <strong>de</strong>s ressources et selon le principe<strong>de</strong> Gestion Intégrée <strong>de</strong>s Ressources enEaux (GIRE). <strong>Le</strong> Projet d’Appui à la PetiteIrrigation Locale (PAPIL) a été conçu pourcontribuer à la mise en œuvre <strong>de</strong> cettepolitique. Il est un projet <strong>de</strong> lutte contre lapauvreté en milieu rural et contre l’insécuritéalimentaire et vise à développer laPetite Irrigation à l’échelle locale.<strong>Le</strong>s axes d’intervention duPAPIL<strong>Le</strong> PAPIL intervient dans la région <strong>de</strong> Fatick<strong>de</strong>puis 2006, Il vise essentiellementà récupérer les terres salées et à protégerles terres menacées par la salinisation etaccompagne les populations dans leurvalorisation en tenant compte <strong>de</strong>s expériencespassées.<strong>Le</strong> PAPIL a ainsi mis en place une dizained’ouvrages qui ont permis entre autres <strong>de</strong>récupérer plus <strong>de</strong> 2000 ha <strong>de</strong> terres salées.La valorisation <strong>de</strong> ces terres récupéréesqui a nécessité <strong>de</strong>s changements <strong>de</strong>comportements et <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> productiona orienté les populations agriculteursappuyées par le PAPIL vers le Système <strong>de</strong>Riziculture Intensive (SRI)Conscient <strong>de</strong>s potentialités du <strong>système</strong> SRIet <strong>de</strong> la nécessité d’une valorisation optimale<strong>de</strong>s ouvrages mis en place pour récupérerou protéger les terres <strong>de</strong> culture <strong>de</strong>la salinisation, le PAPIL a très tôt vulgariséla métho<strong>de</strong> SRI au niveau <strong>de</strong>s différentesvallées dans la région <strong>de</strong> Fatick.Pour cela, les actions suivantes ont été réalisées:• y La maîtrise du SRI par le personnel <strong>de</strong>l’Antenne du PAPIL suite à un atelierorganisé sur le thème ;• y <strong>Le</strong> renforcement <strong>de</strong> capacités <strong>de</strong>sproducteurs ayant adhéré à la métho<strong>de</strong><strong>de</strong> production SRI ;• y L’appui <strong>de</strong>s agriculteurs dans le labour,l’aménagement <strong>de</strong>s parcelles etl’obtention <strong>de</strong> semences ;• y Un suivi rapproché <strong>de</strong>s producteurset <strong>de</strong>s parcelles pour le respect <strong>de</strong>sitinéraires techniques. Ce suivi a étéréalisé dans le cadre du protocole <strong>de</strong>partenariat avec l’Agence Nationale<strong>de</strong> Conseil Agricole et Rural (ANCAR).Dissémination du SRI : <strong>de</strong>ssuccès indéniables<strong>Le</strong> SRI, comme nouvelle technologie <strong>de</strong>production <strong>de</strong> riz est mis en démonstrationsur certaines vallées <strong>de</strong> la région <strong>de</strong>Fatick en comparaison avec <strong>de</strong>s parcellestémoins.Ce résultat montre que le <strong>système</strong> <strong>de</strong> productionSRI a permis d’augmenter les ren<strong>de</strong>ments<strong>de</strong> 50 à 100% et souvent plus,avec une réduction <strong>de</strong> la quantité d’eau,<strong>de</strong> semences et d’engrais utilisés. Ce qui afait dire à Wagane faye, producteur <strong>de</strong> riz<strong>de</strong> Keur A. Gueye : « Nous avons toujourseu la conviction que l’inondation permanenteet les engrais minéraux dont le NPKet l’Urée étaient indispensables pour produiredu riz. Voilà que ce nouveau <strong>système</strong><strong>de</strong> production vient nous prouver que, nonseulement, il est possible <strong>de</strong> produire duriz sans engrais minéral mais égalementque l’on peut multiplier le ren<strong>de</strong>ment par2 ou plus ».Ce succès enregistré au niveau <strong>de</strong>s valléesa suscité un grand engouement <strong>de</strong>s populationspour ce nouveau <strong>système</strong>, ce qui afait passer le nombre <strong>de</strong> producteurs <strong>de</strong> 50en 2012 à 180 pour la campagne <strong>2013</strong> etFemmes dans un champ SRI à Fatick.<strong>Le</strong> tableau ci-après résume les résultats obtenus.CommunautéRuraleValléeSuperficie SRI (ha)les superficies <strong>de</strong> 6,15 ha à 60 ha respectivementpour les mêmes années.Amadou BALDEExpert Agronome du PAPILamadoudiawando@yahoo.frRen<strong>de</strong>ment agronomiquemoyen (ha)SRI TémoinsDIARRERE Bicole 0,25 3 1,2Diouroup Fayil 0,75 3,5 2,1Toubacouta Keur A. Guèye 3,8 10,1 3,4Keur S. diané Keur T. ngallane 0,75 3,5 1, 32Keur S. diané Keur Andallah 0,25 3,25 1,2Djilas Nguessine 0,1 5 2, 25Djirnda Diamniadio 0,25 4,5 1,8Total superficie 6,15Visitezla page web<strong>de</strong> AGRIDAPEhttp//agridape.leisa.infoPhoto : PAPIL Fatick


Expérimentation <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> SRI au Bénin :Des résultats satisfaisantsPascal GbénouPhoto : www.sain-benin.org15Ferme SAIN Bénin.En dépit <strong>de</strong>s énormes potentialitésdont dispose le Bénin, la productionlocale <strong>de</strong> riz ne couvre que 60 % <strong>de</strong>sbesoins du pays. Selon AfricaRice(2011), le taux d’accroissement annuel<strong>de</strong> la production est <strong>de</strong> 3,2 % alors quecelui <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est <strong>de</strong> 5 %. <strong>Le</strong>s<strong>système</strong>s majeurs <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong> quesont la <strong>riziculture</strong> pluviale, la <strong>riziculture</strong><strong>de</strong> bas-fonds et la <strong>riziculture</strong> irriguée,développés <strong>de</strong>puis les années 1960,ont véritablement montré leurs limites.<strong>Le</strong>s impératifs <strong>de</strong> sécurité alimentaireont alors amené les producteurs àquestionner le SRI. Ce <strong>système</strong> innovantexpérimenté au sein <strong>de</strong> la Ferme-écoleSAIN <strong>de</strong> Kakanitchoé et sur le périmètre<strong>de</strong> Dogba, a convaincu les producteurs.Des <strong>système</strong>s traditionnels<strong>de</strong> production peu performantsAu Bénin, les <strong>système</strong>s traditionnels <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong>sont caractérisés par la faiblesse<strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments (moins <strong>de</strong> 3 tonnes parha). Pourtant, du fait <strong>de</strong> sa position géographique,le pays dispose <strong>de</strong> réels atoutspouvant contribuer à <strong>de</strong> meilleurs ren<strong>de</strong>ments(pluviométrie abondante, climattropical propice à la <strong>riziculture</strong>…). Mais lestechniques peu performantes et peu productivesqui accompagnent ces <strong>système</strong>set les difficultés d’accès aux semences <strong>de</strong>qualité maintiennent la production à <strong>de</strong>sniveaux tellement bas que le pays estobligé <strong>de</strong> recourir aux importations poursatisfaire une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> nationale en riz enconstante hausse. <strong>Le</strong> défi est, dès lors, <strong>de</strong>réduire le gap entre les ren<strong>de</strong>ments potentiels(7 tonnes) et ceux obtenus par lesproducteurs (2,5 tonnes/hectare).Selon Pisani (2010), pour relever ce défi, ilest urgent <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong> nouveaux moyens<strong>de</strong> produire à la fois plus et mieux, enconsommant moins d’eau, moins d’espace,moins d’engrais etc. Pour le CIRAD(2010), il faut avoir l’audace d’inventerune nouvelle agriculture écologiquement<strong>intensive</strong>.Un changement <strong>de</strong> cap est donc nécessairepour réussir à produire suffisamment<strong>de</strong> riz afin <strong>de</strong> couvrir les besoins du paysqui compte actuellement pas moins <strong>de</strong> 9millions d’habitants et conserver la biodiversitédéjà très éprouvée par l’exploitationirrationnelle <strong>de</strong>s ressources naturelles.S’inspirant <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong> Madagascaret <strong>de</strong> nombreux autres pays d’Afrique etd’Asie, les acteurs rizicoles du Bénin ontalors entrepris <strong>de</strong> se lancer dans l’évaluation<strong>de</strong>s performances du SRI, un <strong>système</strong>connu pour ses gran<strong>de</strong>s performancesproductives et son impact négligeable surl’environnement.


16La Ferme-école SAIN (Solidarités agricolesintégrées) <strong>de</strong> Kakanitchoé, un village <strong>de</strong>la commune d’Adjohoun, au Sud-Est duBénin (Ouémé Plateau) fait office <strong>de</strong> pionnerdans l’expérimentation <strong>de</strong> ce <strong>système</strong>rizicole innovant.Evaluation <strong>de</strong>s performancesdu SRIVéritable laboratoire d’innovations etcentre <strong>de</strong> formation, la ferme école SAIN<strong>de</strong> Kakanitchoé a joué un rôle majeurdans l’introduction du SRI au Bénin. <strong>Le</strong>souci constant d’innover et <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>smétho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production plus efficientesa amené les promoteurs <strong>de</strong> cette fermeécole à réfléchir aux moyens d’infléchir latendance à la dégradation <strong>de</strong>s ressourcesnaturelles et à la baisse <strong>de</strong> la productivitérizicole. C’est ainsi qu’avec l’appui <strong>de</strong>l’Union Régionale <strong>de</strong>s Riziculteurs <strong>de</strong> Ouémé-Plateau(URIZOP) membre du Conseil<strong>de</strong> Concertation <strong>de</strong>s Riziculteurs du Bénin(CCR-B), ils déci<strong>de</strong>nt d’expérimenter la métho<strong>de</strong>SRI afin d’étudier son adaptabilité aucontexte local. Cette décision traduit unevolonté <strong>de</strong> ceux-ci <strong>de</strong> trouver un <strong>système</strong>performant d'amélioration <strong>de</strong> la productivitéet <strong>de</strong> la production du riz au Bénin.L’expérience a été conduite par les producteursen plusieurs étapes.D’abord, cela a commencé sur le site <strong>de</strong> Kakanitchoéau sein <strong>de</strong> la ferme-école SAINen 2009 essentiellement sur <strong>de</strong>s sols <strong>de</strong>plateaux. A ce niveau plusieurs variablesont été testées : l’impact <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong>la sarcleuse mécanique sur le ren<strong>de</strong>mentet la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en main d’œuvre, l’impact<strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong>s plants et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong>repiquage sur le ren<strong>de</strong>ment, l’impact <strong>de</strong>l’apport ou non du compost sur le ren<strong>de</strong>ment.Ces essais ont porté sur 28 parcellesdont la moitié en SRI et la secon<strong>de</strong> moitiéen <strong>riziculture</strong> conventionnelle.Ensuite, l’expérimentation s’est poursuiviesur le site <strong>de</strong> Dogba, qui est une plaineinondable, dont la fertilité naturelle estrenouvelée chaque année par le <strong>système</strong><strong>de</strong> crue et décrue (Pélissier 1960).Quatre-vingt-dix (90) riziculteurs ont participéaux essais dont 60% (54 producteurs)ont participé directement aux essaiset ont conduit <strong>de</strong>s opérations culturalesalors que les 40% restants ont été mobilisésà trois reprises pour suivre l’évolution<strong>de</strong>s cultures et s’imprégner <strong>de</strong>s nouvellestechniques introduites avec le SRI. Ces troisvisites <strong>de</strong> terrain ont été organisées durantles étapes suivantes : le repiquage, le désherbageet la récolte. En vue <strong>de</strong> faciliterla diffusion <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong>, 70% <strong>de</strong>s producteursayant participé à l’expérimentationsont choisis parmi les membres <strong>de</strong>sconseils d’administration <strong>de</strong>s OrganisationsPaysannes spécialisées dans la production<strong>de</strong> riz à différents niveaux (niveaux national,régional, communal et villageois).Cette stratégie a permis <strong>de</strong> toucher unelarge gamme <strong>de</strong> producteurs et <strong>de</strong> faireconnaitre le SRI à un échantillon assezreprésentatif <strong>de</strong> la masse <strong>de</strong>s producteursrizicoles du Bénin. Ces producteurs pourrontservir <strong>de</strong> relais pour la dissémination<strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> SRI à travers le pays.Au cours <strong>de</strong> l’expérimentation, <strong>de</strong>s entretiensindividuels et <strong>de</strong> groupes avecl’ensemble <strong>de</strong>s participants ont permisd’évaluer les performances comparées <strong>de</strong>smétho<strong>de</strong>s SRI et <strong>de</strong> la <strong>riziculture</strong> conventionnelle.Des résultats concluants<strong>Le</strong> bilan <strong>de</strong> l’expérience a été globalementconcluant. Ce bilan, dressé sur la base<strong>de</strong>s observations et <strong>de</strong>s propres conclusions<strong>de</strong>s producteurs confirme tout lebien qu’on dit du SRI. Parmi les résultatsobtenus, les plus remarquables sont liésau tallage important, au ren<strong>de</strong>ment quidépasse <strong>de</strong> loin l’imagination <strong>de</strong>s producteurs,à la durée plus réduite du cycle et àla quantité <strong>de</strong> semence réduite.En ce qui concerne le tallage, il a été notéque la moyenne <strong>de</strong> talles par poquet est<strong>de</strong> 46 pour le SRI alors qu’elle est seulement<strong>de</strong> 19 pour les parcelles témoins. Eneffet, malgré le fait que les parcelles SRIaient utilisé environ 7 fois moins <strong>de</strong> plantsque les parcelles témoins au repiquage,à la récolte le nombre <strong>de</strong> talles <strong>de</strong>s parcellesSRI est le double <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s parcellestémoins. <strong>Le</strong>s poquets avec un seulplant pour le SRI ont produit 50% <strong>de</strong> talles<strong>de</strong> plus que ceux avec trois plants pourles témoins.<strong>Le</strong> SRI a une inci<strong>de</strong>nce positive sur la duréedu cycle végétatif du riz.Comme le montre la figure ci-contre, lesrésultats <strong>de</strong>s différents essais font apparaîtreune différence statistiquement significativeau niveau <strong>de</strong>s cycles végétatifs.Tableau : cycles végétatifs comparéesentre SRI et <strong>système</strong>s conventionnelsDurée du cycle en joursTEMOINS : 132,2Système <strong>de</strong> productionLa durée moyenne du cycle végétatif duriz sous le SRI est <strong>de</strong> 118 jours contre 132jours pour les parcelles témoins. Ainsi, leSRI raccourcit le cycle végétatif d’environ14 jours.Tout comme le tallage et le cycle végétatif,les paramètres <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment sontaussi positifs pour le SRI. <strong>Le</strong>s ren<strong>de</strong>mentsobtenus varient entre 537 k et 9256 kg parhectare selon l’utilisation ou non <strong>de</strong> compostsur le plateau.Quatre grands constats émergent : (i) <strong>Le</strong>sparcelles SRI ont donné les meilleurs ren<strong>de</strong>mentsquels que soient l’écologie etl’apport ou non <strong>de</strong> compost ; (ii) <strong>Le</strong>s meilleursren<strong>de</strong>ments sont obtenus <strong>de</strong>s plantsles plus jeunes, dans le lot <strong>de</strong>s parcellesSRI, ceux <strong>de</strong> 8 jours ont donné plus queceux <strong>de</strong> 12jours ; (iv) <strong>Le</strong>s meilleurs ren<strong>de</strong>mentsmoyens sont obtenus à Dogba quiest la plaine inondable, zone dans laquelleon n’a pas besoin d’utiliser d’engrais et lesplus faibles ren<strong>de</strong>ments sont obtenus àKakanitchoé et surtout sur les parcelles quin’ont pas reçu d’engrais.De ces constats, il ressort que la combinaisonqui donne le meilleur résultat est :l’âge <strong>de</strong>s plants <strong>de</strong> 8 jours, un écartementcalculé pour éviter la compétition entre lesplants dans la recherche <strong>de</strong> matière organique(<strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> semis faible), utilisation<strong>de</strong> la fumure et <strong>de</strong> la sarclobineuse.<strong>Le</strong> SRI a aussi la particularité <strong>de</strong> réduireconsidérablement la quantité <strong>de</strong> semencesutilisées au moment du semis. L’expériencea montré que les parcelles SRI consommenten moyenne 6,9kg <strong>de</strong> semences parhectare alors que les parcelles témoins enutilisent en moyenne 55,6 kg. <strong>Le</strong> SRI permetdonc d’économiser 87% <strong>de</strong> semencespar rapport à la <strong>riziculture</strong> conventionnelle.Pascal GBENOUFerme Ecole S. A. IN <strong>de</strong> Kakanitchoé au Béningbenoup@gmail.comSRI : 118,1


Rwanda : <strong>Le</strong> SRI transforme les maraisSynthèse <strong>de</strong> El hadji Malick CisséPhoto : UCORIRWA17Aménagement d'une parcelle rizicole avant repiquage.Pays au relief collinaire et enclavé au cœur <strong>de</strong> l’Afrique centrale, le Rwanda, s’étend sur une superficie <strong>de</strong> 26 388 km2. Il connaitune forte pression sur ses ressources naturelles du fait d’une <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> population très élevée avec en moyenne près <strong>de</strong> 400habitants au km 2 , et <strong>de</strong>s pics <strong>de</strong> 1000 habitants au km 2 dans certaines régions. Pour nourrir ses 11 millions d’habitants, l’Étatrwandais s’est résolument engagé dans l’augmentation <strong>de</strong> sa production et <strong>de</strong> sa productivité agricole en adoptant, à gran<strong>de</strong>échelle, le SRI dans les zones <strong>de</strong> marais.Du fait <strong>de</strong> son relief naturel collinaire, leRwanda est fortement exposé à une graveérosion <strong>de</strong> ses sols. Cette dégradation accélérée<strong>de</strong> l’environnement naturel rwandaisest d’autant plus inquiétante que sonéconomie nationale est très dépendantedu secteur agricole. Ce secteur fournit,en effet, <strong>de</strong> l’emploi à 87% <strong>de</strong> la populationactive alors que sa contribution auPIB n’est que <strong>de</strong> 40 % prouvant ainsi safaible productivité. Cette faible productivités’explique principalement par le <strong>système</strong><strong>de</strong> <strong>riziculture</strong> traditionnel (SRT), mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>production agricole dominant. Ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>production est ancien et peu performant.La production varie entre 2 et 3 tonnes <strong>de</strong>riz/hectare. Ce <strong>système</strong> est principalementcaractérisé, entre autres faiblesses,par le semis à la volée sans espacemententre les grains qui conduit à un taux <strong>de</strong>perte élevé ; le repiquage <strong>de</strong> plantulestrop âgées et produisant peu <strong>de</strong> rejets ; lebesoin d’une main-d’œuvre nombreuse etle mauvais entretien <strong>de</strong>s aménagements.La conséquence <strong>de</strong> ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> productionest une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> élevée en eau (générantsouvent <strong>de</strong>s conflits au sein <strong>de</strong>s communautés)et <strong>de</strong>s dommages importantssur l’environnement avec le brûlement<strong>de</strong>s résidus <strong>de</strong>s récoltes et le <strong>système</strong> <strong>de</strong>rétention <strong>de</strong>s eaux appliqué qui accélère lephénomène d’érosion.Face aux périls environnementaux engendréspar le <strong>système</strong> <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong> traditionnel(SRT) et pour augmenter <strong>de</strong> manièreconséquente la production <strong>de</strong> riz, l’Etatrwandais, a initié en partenariat avec lesréseaux <strong>de</strong>s paysans riziculteurs structurésautour <strong>de</strong> l’Union <strong>de</strong>s coopératives du District<strong>de</strong> Kirehe dans la Province <strong>de</strong> l’Estdu pays, <strong>de</strong>ux projets majeurs. Il s’agitd’une part du Projet d’appui au Plan stratégiquepour la transformation <strong>de</strong> l’agriculture(PAPSTA) et d’autre part du Projet<strong>de</strong> gestion communautaire <strong>de</strong>s bassinsversants <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Kirehe (KWAMP).<strong>Le</strong>s bassins versants constituent la zoned’intervention idéale <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux projetspuisque leur mise en œuvre <strong>de</strong>vrait égalementpermettre <strong>de</strong> lutter efficacementcontre la dégradation accélérée <strong>de</strong>s sols etle ralentissement <strong>de</strong> l’érosion. Conscientsque le succès <strong>de</strong> l’initiative passe par unemobilisation <strong>de</strong>s populations, les initiateursont placé la participation paysannedans chaque bassin versant au cœur duprocessus <strong>de</strong> transformation.La SRI pour booster laproductionL’introduction et l’application à gran<strong>de</strong>échelle du SRI dans les zones PAPSTA etKWAMP a été possibles grâce aux réseaux<strong>de</strong>s paysans riziculteurs structurés autour<strong>de</strong>s Union <strong>de</strong>s rizicoles <strong>de</strong> zones et <strong>de</strong>scoopératives membres <strong>de</strong> l’Union. Pourchaque coopérative, <strong>de</strong>s animateurs ontété sélectionnés parmi les membres <strong>de</strong>


18la communauté. Il s’agit, en général, <strong>de</strong>smembres les plus compétents et les plusmotivés. Ils bénéficient d’une soli<strong>de</strong> formationfaisant d’eux <strong>de</strong>s relais formateursaptes à transmettre aux autres membres<strong>de</strong> leur communauté les connaissancessur le SRI <strong>de</strong> la manière la plus efficacepossible.<strong>Le</strong> <strong>système</strong> <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> formateursest assuré directement par les techniciens<strong>de</strong>s coopératives qui ont <strong>de</strong>s compétencestechniques éprouvées puisqu’ils ont subi,eux aussi, une formation approfondie surle SRI à Kigali (la capitale).La formation <strong>de</strong>s riziculteurs est axée surles spécificités techniques du SRI, sur lapréparation <strong>de</strong>s semences, la préparation<strong>de</strong>s rizières, le semis, le repiquage, la gestion<strong>de</strong> l’eau, le sarclage hebdomadaire,l’épandage <strong>de</strong>s engrais, la lutte contre lesmaladies et les ravageuses (insectes, mauvaisesherbes) et la récolte. En combinantces différentes techniques, le <strong>système</strong> <strong>de</strong><strong>riziculture</strong> <strong>intensive</strong> permet aux riziculteursrwandais <strong>de</strong> produire <strong>de</strong> manière durable,<strong>intensive</strong> et à moindre coût.Avec la maitrise et l’application <strong>de</strong> cesdifférentes techniques culturales complémentaires,il a été constaté une productivitésupérieure avoisinant les 6 à 8 tonnespar hectare, contre 2 à 3 tonnes dans le<strong>système</strong> traditionnel <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong>.Pour faciliter la dissémination du SRI, <strong>de</strong>scompétitions entre les riziculteurs sontorganisées par le réseau. <strong>Le</strong>s meilleurssont sélectionnés par un jury indépendant(composé <strong>de</strong> techniciens, <strong>de</strong> membres <strong>de</strong>l’administration locale et du réseau <strong>de</strong>scoopératives). <strong>Le</strong>s vainqueurs bénéficient<strong>de</strong> prix et cela valorise et légitimise leréseau auprès <strong>de</strong>s riziculteurs et <strong>de</strong>s différentspartenaires. Ainsi, le réseau rizicoleconstitue le principal canal <strong>de</strong> dissémination<strong>de</strong>s connaissances sur le SRI pour saréplication dans les bassins versants. Encela, il constitue un <strong>système</strong> <strong>de</strong> formationdécentralisé <strong>de</strong> type communautaire dansle lequel le riziculteur joue un rôle-clé.Des transformationspositivesLa mise en œuvre du SRI à travers leréseau rizicole a engendré <strong>de</strong>s transformationspositives dans le District <strong>de</strong> Kerehenotamment au niveau <strong>de</strong>s bassinsversants aux plans économique, social etenvironnemental.D’abord, le SRI a permis une intensification<strong>de</strong> la production rizicole avec unehausse <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 50%,passant <strong>de</strong> 2-3 tonnes (SRT) à 6-8 tonnespar hectare (SRI). Cette hausse a ainsi permisd’augmenter la disponibilité du riz auniveau local, rendant son prix plus attractifpour les ménages, et une hausse <strong>de</strong>srevenus disponibles pour les riziculteurs,améliorant d’autant leurs conditions <strong>de</strong> vie(éducation <strong>de</strong>s enfants, augmentation <strong>de</strong>l’épargne, mutuelle <strong>de</strong> santé…).Il a été aussi constaté le renforcement <strong>de</strong>la structure organisationnelle du réseaurizicole grâce au financement <strong>de</strong> l’Union<strong>de</strong>s coopératives rizicoles par les projetsPAPSTA-KWAMP. De plus, le réseau facilitele partage <strong>de</strong> connaissances et d’’informations.La cohésion communautaire au sein<strong>de</strong>s marais s’est raffermie.Au plan environnemental, on note unemeilleure gestion <strong>de</strong> l’eau dans les maraisgrâce à une consommation hydrique réduite.Mieux, la mise en place <strong>de</strong> <strong>système</strong>sd’irrigation plus sophistiqués a permis <strong>de</strong>réduire l’érosion <strong>de</strong>s sols et une diminution<strong>de</strong>s conflits dans les communautésgrâce à une meilleure maitrise <strong>de</strong> l’eau.Enfin, le renforcement du réseau rizicolefacilite désormais le travail <strong>de</strong> l’administrationlocale, par exemple, avec l’implication<strong>de</strong>s animateurs qui appuient les services<strong>de</strong> l’état dans leur travail, notamment lacollecte <strong>de</strong>s cotisations <strong>de</strong> santé.Ces impacts positifs ont été obtenus grâceà la volonté exprimée, au plus au niveaupolitique <strong>de</strong> l’État rwandais, faisant du rizune culture prioritaire. Ensuite, le rôle jouépar le réseau rizicole dans la dissémination<strong>de</strong>s connaissances a permis <strong>de</strong> renforcerles capacités <strong>de</strong>s riziculteurs traditionnelsqui ont ainsi pu passer progressivement duSRT au SRI.Visite dans un champ-école au RwandaGénéralisation du SRI : lesdéfis à releverEn dépit <strong>de</strong>s résultats prometteurs et probantsobtenus avec l’introduction du SRI,il reste plusieurs défis à relever. Il s’agitd’atténuer la relative résistance au changementchez certains riziculteurs traditionnelspouvant entamer la motivation <strong>de</strong>sautres riziculteurs. <strong>Le</strong> renforcement <strong>de</strong>scapacités <strong>de</strong>s riziculteurs, pour un meilleurentretien <strong>de</strong>s marais aménagés, et l’amélioration<strong>de</strong> la sélection <strong>de</strong>s semences,pour qu’elles soient plus adaptées auxconditions culturales et climatiques locales,sont également <strong>de</strong>s aspects importantspour la généralisation du SRIEnfin, le développement <strong>de</strong>s capacitésorganisationnelles et <strong>de</strong> commercialisation<strong>de</strong>s riziculteurs autour d’une chaîne pour lacollecte et la vente en gros du riz produitpermettra <strong>de</strong> mieux valoriser leurs productionset <strong>de</strong> pérenniser la pratique du SRIdans les marais du Rwanda.Source : (Rapport) <strong>Le</strong> réseau rizicole au cœur <strong>de</strong> laréplication du SRI dans les bassins versants. (Ministère<strong>de</strong> l’Agriculture et <strong>de</strong> Ressources Animales du Rwanda(MINAGRI), septembre 2012Synthèse <strong>de</strong> El hadji Malick Cisséassmalick64@gmail.comPhoto : www.orinfor.gov.rw


Intensification rizicole à Madagascar : <strong>Le</strong>s défis <strong>de</strong>la diffusion à gran<strong>de</strong> échelle du SRI.Rijaharilala RAZAFIMANANTSOARécolte du riz à Madagascar.Photo : MassonnetSur la base d’une étu<strong>de</strong> faite par le GSRI,les superficies emblavées en SRI étaient<strong>de</strong> 10800 ha au cours <strong>de</strong> la saison 2008-2009. Elles passent à 56000 ha la saisonagricole suivante pour 180000 paysansayant adopté la pratique. Cependant,même si l’évolution a été rapi<strong>de</strong>, le SRI aencore d’énormes marges à franchir avant<strong>de</strong> gagner tout le pays. En effet, si onconsidère les 1 060 000 ha <strong>de</strong> surface rizicole<strong>de</strong> Madagascar, le SRI n’occupe qu’environ6% <strong>de</strong> cette superficie. <strong>Le</strong> nombre<strong>de</strong> pratiquants du SRI (180000) représenteà peine 9% <strong>de</strong>s riziculteurs du pays. Parailleurs, ces chiffres cachent <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>sdisparités régionales puisque la seulerégion <strong>de</strong> la Haute Matsiatra concentreà elle seule 44 % <strong>de</strong>s superficies totalesemblavées avec la métho<strong>de</strong> SRI et 58%<strong>de</strong>s paysans pratiquant le SRI.<strong>Le</strong>s actions <strong>de</strong>s promoteurs du SRI seheurtent souvent à <strong>de</strong>s écueils socioéconomiqueset politiques qui entravent ladiffusion <strong>de</strong> cette pratique à plus gran<strong>de</strong>échelle.19Aussi paradoxal que cela puisse paraître,Madagascar est loin d’être le championmondial du SRI, appelé aussi «MalagasyRice System ». Ce <strong>système</strong> innovant <strong>de</strong>production rizicole connu pour sa forteproductivité et ses faibles impacts surl’environnement peine à s’imposer dansles habitu<strong>de</strong>s culturales <strong>de</strong>s paysansmalgaches même si l’île en est incontestablementle berceau. L’adoptiongénéralisée du SRI bute encore sur <strong>de</strong>nombreux obstacles à la fois politiques,économiques et socioculturels. La mise àl’échelle du SRI, pour être efficace, doitreposer sur l’amélioration <strong>de</strong> l’environnement<strong>de</strong> toute la filière riz et la miseen œuvre d’une stratégie <strong>de</strong> diffusionadaptée.<strong>Le</strong> riz représente 70% <strong>de</strong> la productionagricole totale <strong>de</strong> Madagascar. Il constituel’aliment <strong>de</strong> base pour la gran<strong>de</strong> majorité<strong>de</strong>s malgaches. Il conserve une valeursymbolique très forte qui limite la portée<strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> substitution. La productionnationale reste, cependant, insuffisantepour satisfaire les besoins d’une populationen constante augmentation (le taux<strong>de</strong> croissance annuel <strong>de</strong> la population est<strong>de</strong> 3 %). En effet, <strong>de</strong>puis les années 80, lacroissance annuelle <strong>de</strong> la production rizicoletourne autour <strong>de</strong> 1,5% et les ren<strong>de</strong>mentsmoyens restent souvent inférieurs à3 tonnes à l’hectare. Une telle stagnation<strong>de</strong> la production a conduit le pays à importerchaque année entre 5 et 10 % <strong>de</strong> laconsommation nationale.La persistance <strong>de</strong>s <strong>système</strong>s <strong>de</strong> productionbasés sur <strong>de</strong>s techniques archaïqueset peu performantes explique, en partie,cette stagnation du ren<strong>de</strong>ment rizicole.Mais compte tenu <strong>de</strong> la place importanteque joue le riz dans la culture malgache,<strong>de</strong> sa permanence dans les habitu<strong>de</strong>salimentaires et du rôle primordial qu’ilpourrait jouer dans le combat mené pourasseoir une sécurité alimentaire durabledans la gran<strong>de</strong> île, certains acteurs (AssociationTefy Saina et le Groupement SRIMadagascar, GSRI) tentent <strong>de</strong> vulgariseret <strong>de</strong> mettre à l’échelle le Système <strong>de</strong>Riziculture Intensive (SRI). Grâce à leursactions, l’approche SRI gagne du terrain,chaque année, à Madagascar.Promotion <strong>de</strong>s techniquesSRI: Des obstacles multiformesAu plan politique, Madagascar a mis beaucoup<strong>de</strong> temps à se doter d’instrumentscapables d’accompagner durablement lavulgarisation à gran<strong>de</strong> échelle d’une innovationtelle que le SRI. La stratégie nationale<strong>de</strong> développement rizicole (SNDR),malgré ses ambitions <strong>de</strong> vulgariser le SRIet d’accompagner les producteurs dans lerenforcement <strong>de</strong> leurs moyens <strong>de</strong> production,n’a pas encore donné les preuves <strong>de</strong>son efficacité sur le terrain.Par ailleurs, il n’existe pas une réelle stratégie,un <strong>système</strong> <strong>de</strong> collecte et d’enregistrement<strong>de</strong>s données sur le développementdu SRI à Madagascar. <strong>Le</strong> travail <strong>de</strong> capitalisationest nécessaire pour recenser lesacteurs SRI, les pratiques, les approches,les contraintes rencontrées et les solutionsadoptées afin <strong>de</strong> mettre en place une base<strong>de</strong> données pouvant servir <strong>de</strong> référentielpour les acteurs SRI.L’adoption du SRI va avec la maîtrised’un certain nombre d’outils techniques.<strong>Le</strong> <strong>système</strong> requiert aussi <strong>de</strong>s intrants


20particuliers (semences adaptées,fertilisants organiques…) et une maîtrise<strong>de</strong> l’eau qui ne sont pas forcément à laportée <strong>de</strong> tous les paysans. L’insécuritéfoncière, l’accès aux crédits sont aussi<strong>de</strong>s facteurs qui bloquent le processusd’intensification agricole à Madagascar.Aussi, traditionnellement, les paysansmalgaches sont très réticents au changement.<strong>Le</strong>s changements importants quis’opèrent sur le milieu rural ne motiventpas facilement les paysans. <strong>Le</strong> processus<strong>de</strong> changement suppose qu’ils voient clairementles opportunités et la nécessitéd’adopter une nouvelle technique. <strong>Le</strong> paysanreste routinier dans ses pratiques, samentalité n’évolue qu’au rythme <strong>de</strong>s générationssuccessives, malgré les opportunitésoffertes par l’intensification agricole.«Il faut au minimum 10 ans, au mieux 20ans, pour qu’une culture nouvelle, une variéténouvelle, une métho<strong>de</strong> nouvelle <strong>de</strong>culture puissent être considérées commeayant fait leurs preuves » (Henri <strong>de</strong> LAULA-NIE 2003)L’absence <strong>de</strong> coordination entre les acteursdans la diffusion du SRI pose égalementproblème. Ces acteurs travaillent souventdans l’isolement le plus total, ce qui limitela portée <strong>de</strong> leurs actions <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong>la technique.Amélioration <strong>de</strong> l’environnement<strong>de</strong> la filière riz, unpréalable à une large adoptiondu SRI!L’adoption <strong>de</strong> l’intensification rizicolerepose sur l’amélioration <strong>de</strong>s divers élémentsen amont et en aval <strong>de</strong> la filière riz.En amont, le régime foncier joue un rôlefondamental sur la prospérité <strong>de</strong> l’agriculture.La précarité <strong>de</strong>s situations foncièresempêche les producteurs ruraux d’investirdans l’intensification agricole. La mise enœuvre <strong>de</strong> la réforme foncière est indispensablepour sécuriser les producteurs.La sécurisation foncière peut s’améliorerà travers la continuité <strong>de</strong> la politique surla mise en place <strong>de</strong>s guichets fonciers. <strong>Le</strong>guichet foncier informe le public sur lesprocédures à suivre pour l’obtention <strong>de</strong>certificats fonciers. Il se charge <strong>de</strong> traiterles dossiers relatifs à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> certificatfoncier et effectue aussi la conservation<strong>de</strong>s archives foncières. Il peut jouer lerôle <strong>de</strong> médiation dans la résolution <strong>de</strong>slitiges et conflits fonciers.L’accès au crédit agricole constitue un préalableindispensable pour permettre le passaged’une agriculture traditionnelle à uneagriculture <strong>intensive</strong>. La mise en œuvre<strong>de</strong> cette transition requiert <strong>de</strong>s financementsque l’Etat malgache n’a pas forcémentmais qu’il peut trouver auprès <strong>de</strong>sbailleurs et <strong>de</strong> ses partenaires financierstraditionnels.La maîtrise <strong>de</strong> l’eau est aussi un <strong>de</strong>s principes<strong>de</strong> base du SRI. L’investissementdans l’aménagement et la réhabilitation<strong>de</strong>s infrastructures hydro agricoles s’inscritcomme une solution face aux contraintesrelatives à la maîtrise <strong>de</strong> l’eau.Afin <strong>de</strong> faciliter l’accès <strong>de</strong>s producteursaux intrants, il faut améliorer à la fois ladisponibilité et l’approvisionnement enintrants. Il faut appuyer les organismes <strong>de</strong>recherche comme le FOFIFA et FIFAMANORdans la production <strong>de</strong> nouvelles variétés <strong>de</strong>semences adaptées à la fois aux conditionsclimatiques et répondant aux besoins <strong>de</strong>sconsommateurs locaux. Il faut augmenteraussi la capacité <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s centresmultiplicateurs <strong>de</strong> semences afin d’éviterla rupture <strong>de</strong> stock au niveau <strong>de</strong>s distributeurs(entreprise, particulier,).Il faut développer un <strong>système</strong> d’encadrement<strong>de</strong> proximité <strong>de</strong>s paysans et lesamener à se regrouper dans le cadre d’organisationset d’associations plus aptes àdéfendre leurs intérêts.En aval <strong>de</strong> la filière, l’environnement économiqueconstitue un <strong>de</strong>s facteurs qui empêchel’épanouissement <strong>de</strong> la <strong>riziculture</strong>,en général. La simplification <strong>de</strong>s réseaux<strong>de</strong> commercialisation doit passer par laréduction du nombre <strong>de</strong> catégories d’intermédiairesqui garantit aux producteurs <strong>de</strong>srevenus plus élevés.<strong>Le</strong>s collecteurs ne sont pas nécessairementhonnêtes et peuvent tromper les paysansanalphabètes dans l’opération <strong>de</strong>s poids.Souvent les organismes d’encadrement seheurtent à la logique <strong>de</strong>s prix, ils se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ntpourquoi encourager à produireplus, s’il faut vendre à bas prix.La commercialisation <strong>de</strong> la récolte reposeà la fois sur les circuits <strong>de</strong> commercialisationainsi que sur l’accès au réseau routier.La déficience du réseau <strong>de</strong> communicationporte préjudice à la commercialisation<strong>de</strong>s produits agricoles. Cette situation profiteaux intermédiaires. L’amélioration <strong>de</strong>l’accès au réseau routier facilite l’accès aumarché pour l’écoulement <strong>de</strong> la productionet l’approvisionnement en intrants etréduit la variabilité <strong>de</strong>s prix. <strong>Le</strong> réseau routiercomme les pistes rurales permettentle fonctionnement du mécanisme autorégulateurdu marché à travers une librecirculation <strong>de</strong>s biens et autres facteurs <strong>de</strong>production. La construction et la réhabilitation<strong>de</strong>s infrastructures routières sontindispensables pour permettre une meilleurecompétitivité <strong>de</strong>s produits agricoles.Nécessité d'une stratégienationale <strong>de</strong> diffusionadaptée !Outre l’amélioration <strong>de</strong> l’environnement<strong>de</strong> la filière riz, la vulgarisation du SRI doitreposer sur une bonne politique d’informationet <strong>de</strong> communication. D’une logique<strong>de</strong> vulgarisation « top down », on doitpasser à une approche « bottom up » quiplace les paysans au cœur du processus <strong>de</strong>communication.Cette nécessaire réorientation <strong>de</strong> la communicationnationale sur le SRI a heureusementété comprise par les autorités malgachesqui, dans le cadre <strong>de</strong> la SNDR, ontmis en place une stratégie nationale <strong>de</strong>diffusion du SRI. Dans cette nouvelle stratégie,le paysan n’est plus « simple acteur» auquel on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’adopter une pratiquedonnée. Il <strong>de</strong>vient ainsi, le moteurdu développement du <strong>système</strong>. Aussi, plusquestion d’un simple partage <strong>de</strong>s informations,il faudrait aller vers une vraiegestion <strong>de</strong>s connaissances sur le SRI. <strong>Le</strong>sexpériences SRI, ayant donné <strong>de</strong>s résultatsprobants, sont nombreux à travers le pays.A l’instar d’autres pays, la recherche doits’organiser vers la capitalisation, la valorisationet le partage <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> cesexpériences.L’appui <strong>de</strong>s médias permettrait une largediffusion et une meilleure connaissance duSRI qui se trouve être un bel exemple <strong>de</strong>stratégie d’adaptation aux changementsclimatiques et à la sécheresse. L’implication<strong>de</strong> ces médias pourrait égalementrenforcer le sentiment <strong>de</strong> fierté nationalelorsque les paysans seront plus conscients<strong>de</strong> l’apport exceptionnel <strong>de</strong> leur pays dansla révolution <strong>de</strong>s <strong>système</strong>s <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong> (leSRI qui est aujourd’hui adopté par presquetous les pays rizicoles du mon<strong>de</strong> est née àMadagascar).L’Etat doit, davantage, appuyer les effortsdu GSRI et <strong>de</strong> l’association Tefy Saina.Ces plateformes d’acteurs SRI, mènent<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong>stinéesà renforcer la connaissance et l’appropriationdu SRI par les paysans malgaches.En affirmant une volonté politique plusforte, l’Etat pourrait établir une relation <strong>de</strong>confiance réciproque avec tous les acteurs.C’est seulement dans ces conditions quele SRI pourrait trouver <strong>de</strong> réelles chancesd’essaimer et d’ai<strong>de</strong>r Madagascar à releverle défi <strong>de</strong> la sécurité alimentaire quitarau<strong>de</strong> encore les dirigeants du pays.Rijaharilala RAZAFIMANANTSOAMembre du Secrétariat du GSRI (Groupement SRIMadagascar)rijaharilala@gmail.com


Dissémination du SRI à Madagascar : les raisons <strong>de</strong>l’insuccès !Victor Randriana21Photo : MassonnetScène <strong>de</strong> battage du riz à Madagascar.<strong>Le</strong> Système <strong>de</strong> Riziculture Intensive (SRI)à été découvert par un prêtre jésuite,Henri <strong>de</strong> Laulanié à Madagascar dansla Région d’Antsirabe dans un Centred’Apprentissage <strong>de</strong> Jeunes Ruraux dansles années 80. Un heureux hasard avoulu qu’il constate avec ses élèves que<strong>de</strong>s plants <strong>de</strong> riz repiqués, après 15 jours,produisaient <strong>de</strong>s tallages importantsavec parfois 20 épis par pied ; ce quiest largement au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la moyennehabituelle. Depuis, la recherche s’estapprofondie pour accroitre les niveaux <strong>de</strong>production du SRI (<strong>de</strong>s records <strong>de</strong> tallageobservés dans certaines zones avecentre 60 à 80 pieds voire 120 parfois).Mais malgré ses gran<strong>de</strong>s performancesen termes <strong>de</strong> productivité, la pratiquedu SRI reste encore le fait d’une petiteminorité à Madagascar.<strong>Le</strong>s avantages du SRI<strong>Le</strong> SRI repose essentiellement sur unefertilisation et <strong>de</strong>s traitements phytosanitairesbiologiques. Il est basé sur l’espacementoptimisé <strong>de</strong>s plants <strong>de</strong> riz, l’utilisation<strong>de</strong> faibles quantités <strong>de</strong> semences.<strong>Le</strong> repiquage espacé par brin et en lignescroisées diminue la quantité <strong>de</strong> semencescar on n’a besoin que 5 – 6 kg par ha aumoment où la <strong>riziculture</strong> traditionnelleutilise près <strong>de</strong> 70 kg <strong>de</strong> semences environ.


22L’alternance <strong>de</strong> pério<strong>de</strong>s d’inondation (irrigationoptimisée) et <strong>de</strong> pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> détrempage<strong>de</strong>s rizières est une innovationqui a permis <strong>de</strong> constater que, contrairementà la croyance populaire qui veut quele riz soit une plante aquatique, les plants<strong>de</strong> riz ne croissent pas aisément en milieuaquatique. Cette innovation permet d’économiserainsi l’eau au cours <strong>de</strong>s différentesétapes <strong>de</strong> la production. L’eau <strong>de</strong>vientmoins souvent l’objet <strong>de</strong> disputes entreles riziculteurs voisins. Pour optimiser lesressources hydriques, une rotation d’eauest possible pour les rizières d’un mêmebassin versant.En outre, le SRI s’adapte parfaitement auxconditions physiques les plus difficiles. Ilpeut s’appliquer sans problème dans lesétroites rizières <strong>de</strong>s hautes terres <strong>de</strong> Madagascar.L’aménagement <strong>de</strong> nouvellesrizières <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un investissement considérableet <strong>de</strong>s moyens colossaux que lespetits paysans n’ont pas. Ils se contententparfois <strong>de</strong> petites parcelles rizicoles héritées<strong>de</strong>s parents et qui se transmettent <strong>de</strong>génération en génération.L’adoption du SRI a aussi <strong>de</strong>s répercussionspositives sur la quantité <strong>de</strong> main d’œuvrenécessaire pour l’entretien <strong>de</strong> la rizière.Par exemple, <strong>Le</strong> nombre <strong>de</strong>s femmesrepiqueuses nécessaires à l’ha diminuentcar si 12 femmes suffisent aujourd’huipour repiquer 1 ha <strong>de</strong> rizière, il en fallait25 auparavant pour le même travail dansles champs emblavés selon les métho<strong>de</strong>straditionnelles.Après un petit investissement sur l’achatd’une ou <strong>de</strong>ux sarcleuses à 3 rangs traînéespar <strong>de</strong>s hommes, on peut gagnerdavantage en journées <strong>de</strong> main-d’œuvred’entretien, car le sarclage croisé se fait en5 jours environ pour un ha.Une fois que toutes les conditions sont respectées,le SRI permet <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong>8 à 9 tonnes <strong>de</strong> paddy à l’hectare voire 17à 24 tonnes si les rizières sont entretenuesconvenablement. Ils disposent d’un stockalimentaire consistant pour une meilleuresécurité alimentaire. La pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> soudures’atténue d’une manière significativeavec l’augmentation <strong>de</strong> la production.<strong>Le</strong>s ren<strong>de</strong>ments considérables obtenusen SRI ne font qu’améliorer la situationsocioéconomique <strong>de</strong>s paysans. Et leursenfants fréquentent l’école en plein tempsavec le ventre plein. Avec les revenusissus <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> vente, les parentsprendront en charge les frais <strong>de</strong> scolaritépour atténuer le taux <strong>de</strong> perdition scolaireet participeront aux <strong>de</strong>voirs sociaux <strong>de</strong> lacommunauté.<strong>Le</strong>s revenus <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> vente <strong>de</strong> larécolte <strong>de</strong> plusieurs paysans malgachesvont parfois en priorité à l’achat <strong>de</strong>s bœufs<strong>de</strong> trait pour les différents travaux agricolesmême si le phénomène du vol <strong>de</strong>bœufs guette leur troupeau. L’importancedu troupeau est aussi une marque d’ascensionsociale.<strong>Le</strong> SRI, encore l’apanaged’une minorité, malgré sesavantages.Au tout début <strong>de</strong> la découverte du SRI,l’Etat malgache a vite compris l’avantagequ’il pourrait tirer à vulgariser une tellepratique dans le mon<strong>de</strong> rurale. Dans cepays où le riz est l’aliment <strong>de</strong> base <strong>de</strong> lapopulation et où les importations pourcombler le gap <strong>de</strong> la production grèvelour<strong>de</strong>ment le budget national, le SRIpermettrait <strong>de</strong> relever la productivité etamoindrir les dépenses <strong>de</strong>stinées à l’achat<strong>de</strong> riz à l’étranger. C’est ainsi que la diffusiondu SRI sera mise au cœur du SystèmeNational <strong>de</strong> Vulgarisation Agricole mise enœuvre par les autorités <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> île.Mais malgré les efforts <strong>de</strong> l’Etat, les taux<strong>de</strong> couverture du SRI évoluent très peu. Ense référant au <strong>de</strong>rnier recensement agricole(2005), le SRI n’occupait que 0, 23%<strong>de</strong>s 980 000 ha <strong>de</strong> superficies rizicoles dupays. En dépit <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> donnéespour suivre l’évolution, les spécialistesqui sillonnent la campagne malgachesoutiennent à l’unanimité que le SRI suitune progression trop lente pour soustrairedéfinitivement le pays <strong>de</strong>s importations.<strong>Le</strong>s rares paysans qui se sont appropriésle SRI ont été accompagnés par <strong>de</strong>s ONGnationales ou internationales intervenantparfois dans la relance agricole post catastropheet mobilisées par <strong>de</strong>s financementsextérieurs. Certes, ces ONG avec toutes leslatitu<strong>de</strong>s d’intervention et les expériencesdont elles disposent en matière <strong>de</strong> développementrural, ont beaucoup fait pourpromouvoir le SRI, mais leurs actions necouvrent qu’une infime partie du territoire.L’Etat est donc obligé <strong>de</strong> réviser sa politiqued’intervention si une sortie <strong>de</strong> la pauvretéest bien pour lui une priorité.La voie à suivreChaque année, le pays achète à l’étranger100 000 à 250 000 t <strong>de</strong> riz pour subvenirà sa consommation. Pour freiner cettehémorragie <strong>de</strong> <strong>de</strong>vises, le pays n’a besoin<strong>de</strong> couvrir en SRI que 2 à 5 % <strong>de</strong> ses superficiesagricoles. Pour atteindre une tellecouverture, politiciens et déci<strong>de</strong>urs doiventengager une réflexion claire sur la meilleurefaçon <strong>de</strong> mettre le SRI à la portée<strong>de</strong> tous les paysans. N’est-il pas moinsonéreux <strong>de</strong> vulgariser le SRI que <strong>de</strong> selancer dans <strong>de</strong> nouveaux aménagements<strong>de</strong> superficies rizicoles.<strong>Le</strong> SRI fait l’objet <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> rechercheslors <strong>de</strong> la préparation <strong>de</strong> mémoire ou <strong>de</strong>thèse <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s. Ces recherches nefont qu’approuver les recherches fondamentalesplus poussées déjà conduites <strong>de</strong>par le mon<strong>de</strong>, mais rien <strong>de</strong> concret quantà l’amélioration réelle <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong>vie <strong>de</strong>s concitoyens. L’aspect pratique <strong>de</strong>la <strong>riziculture</strong> est oublié. Ces recherches<strong>de</strong>vraient être orientées vers la conduiteoptimale <strong>de</strong> l’eau, par exemple, ou surla mise en valeur <strong>de</strong>s vastes étendues <strong>de</strong>sols hydromorphes <strong>de</strong>s régions côtières dupays pour résorber le manque <strong>de</strong> terre eten même temps augmenter la production.<strong>Le</strong> SRI, tel qu’il est préconisé par ses promoteurs,n’essaie pas <strong>de</strong> se substituertotalement aux techniques ancestralesdéveloppées par les paysans. Une telleapproche vouerait sans doute à l’échectoute tentative d’innovation technique. Al’image du travail entrepris par les ONGou encore l’Association Tefy Saina, Il fautapprocher les paysans non pas individuellementmais en groupe pour dissiper touteforme d’hésitation. Ainsi, ils pourraientéchanger d’expériences et se persua<strong>de</strong>rmutuellement <strong>de</strong>s avantages d’adapterles principes du SRI à leurs <strong>système</strong>s <strong>de</strong>culture. <strong>Le</strong>s techniciens doivent être <strong>de</strong>saccompagnateurs prêts à écouter et non<strong>de</strong>s vulgarisateurs ne jurant que par <strong>de</strong>sparcelles <strong>de</strong> démonstrations infructueuses.<strong>Le</strong> SRI une fois adoptée par les paysans,sera un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie pour eux. Ils reproduirontla technique pour d’autres cultures<strong>de</strong> contre-saison comme les pommes <strong>de</strong>terre, les haricots et les cultures maraîchères.Ils comprendront la nécessité d’apporter<strong>de</strong>s soins et d’entretenir le sol parl’apport <strong>de</strong> matières organiques ou par <strong>de</strong>sdrainages d’aération voire par sa mise aurepos. Ils prendront soin du sol comme onle ferait pour un être humain qui se nourritafin <strong>de</strong> mener une vie saine et productive.La diffusion du SRI passe aussi par l’implication<strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> l’école, tels que lesinstituteurs et les écoliers. Il faut comprendreque le progrès passe par eux. Ilsconstituent <strong>de</strong> bons relais pour la diffusiondu SRI au sein <strong>de</strong>s familles respectives,dans les villages… L’école est bien unevoie essentielle du développement d’unPays.Victor RANDRIANATel : 034 05 653 88, 034 04 175 20 et, 033 73 89 854.Porte 318 bis, Anosy AntananarivoMinisiteran’nyFambolena


Paradoxes d’un <strong>système</strong> <strong>de</strong> productionagricole : la <strong>riziculture</strong> camerounaise enquelques questions !Félix Meutchieye, Richard Chin Wirnkar, Paul Esenei24<strong>Le</strong> Cameroun dépend encore largement <strong>de</strong>simportations pour satisfaire sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nationale en riz. <strong>Le</strong>s tentatives <strong>de</strong> développement<strong>de</strong> la production rizicole, amorcées<strong>de</strong>puis longtemps, ont rarement donné <strong>de</strong>srésultats probants. Mais, <strong>de</strong>puis quelquesannées l’espoir renait grâce à l’introductiondu SRI. Radioscopie du secteur rizicolecamerounais en quelques questions !Sécurité alimentaire : Unehistoire <strong>de</strong> dupes?Selon une évaluation globale, le Camerounjouit <strong>de</strong> l’autosuffisance alimentaire.Toutefois cette autosuffisance <strong>de</strong>meuretrès précaire. <strong>Le</strong>s évènements <strong>de</strong> Février2008 1 sont encore <strong>de</strong> fraîche mémoirepour témoigner <strong>de</strong> cette précarité. Ces« émeutes <strong>de</strong> la faim », même si elles ontparfois <strong>de</strong>s relents politiques, ne sont jamaistrès loin et risquent <strong>de</strong> continuer à embrasernos villes tant que <strong>de</strong>s solutions concertéeset efficaces, ne sont pas trouvées pourassurer une sécurité alimentaire durable auxpopulations. Mais l’horizon d’une abondancealimentaire pour tous semble encorelointain puisque <strong>de</strong>s données récentes <strong>de</strong> laBanque Mondiale et <strong>de</strong> l’Institut National <strong>de</strong>la Statistique révèlent qu’environ 28% <strong>de</strong>sCamerounais vivent en situation d’insécuritéalimentaire et que trois <strong>de</strong>s dix régions quecompte le pays, à savoir l’Extrême Nord(25% <strong>de</strong> taux d’autosuffisance alimentaire),le Littoral (56%), et le Nord (83%), sontdéficitaires sur le plan alimentaire. <strong>Le</strong>sdifficultés <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong>s productions entreles zones productives et les zones déficitaireset la pauvreté sont les principaux facteursà l’origine <strong>de</strong> cette insécurité. Avec unepopulation urbaine <strong>de</strong> 51% et 4 ménagesurbains sur 5 vivant essentiellement du riz,on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si les manifestations<strong>de</strong> 2008 n’étaient pas « rizogènes ». <strong>Le</strong>Cameroun est actuellement le plus grand1. <strong>Le</strong>s « émeutes <strong>de</strong> la faim » surviennent enfévrier 2008 (du 23 au 29) à la suite d'une haussegénéralisée <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> première nécessité.Ces émeutes seront amplifiées par le projet duprési<strong>de</strong>nt Paul Biya <strong>de</strong> modifier la constitution duCameroun afin <strong>de</strong> se représenter en 2011. La crisea touché principalement les gran<strong>de</strong>s villes du pays,notamment Yaoundé et Douala.Techniciens agricoles dans une exploitation rizicole au Camerounfournisseur <strong>de</strong> produits vivriers et maraîchersd’Afrique Centrale, mais paradoxalement,il doit encore importer annuellementd’énormes quantités <strong>de</strong> riz pour satisfairela <strong>de</strong>man<strong>de</strong> nationale. <strong>Le</strong> pays a importé545 000 tonnes <strong>de</strong> riz en 2011, pour 145milliards <strong>de</strong> FCFA. En 2010, les importations<strong>de</strong> riz étaient <strong>de</strong> 350 000 tonnes. Soit uneaugmentation <strong>de</strong> 35% (ACDIC, 2012).La mort prématurée <strong>de</strong>ssociétés d’encadrement a-t-ilsonné le glas <strong>de</strong> la <strong>riziculture</strong>camerounaise?<strong>Le</strong> projet d’intensification rizicole au Cameroundate <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> coloniale. En 1950,les colons français entreprennent d’intensifierla culture du riz et celle du coton pourapprovisionner les centres urbains en produitsvivriers et les industries textiles enmatières premières. L’entreprise est cependantpeu fructueuse dans l’ensemble. Dansles années 60, les autorités du Camerounindépendant, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> bailleurs <strong>de</strong>fonds internationaux déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> prendreles choses en main. Un projet rizicole <strong>de</strong>plusieurs milliers d’hectares est mis enœuvre en pays Massa.La SEMRY (Société pour l’expansion et lamo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> la <strong>riziculture</strong> à Yagoua)voit le jour à la fin <strong>de</strong>s années 60. C’estune structure gouvernementale dont lesstratégies ne sont pas très claires. <strong>Le</strong>sinterventions <strong>de</strong> toute nature (jumelage,péréquation) qui ont caractérisé les actionssuccessives <strong>de</strong> l’État pour tenter <strong>de</strong> protégerla filière riz n’ont pas davantage étécouronnées <strong>de</strong> succès et c’est surtout par<strong>de</strong>s subventions périodiques importantesque la SEMRY a pu survivre. Toutefois, lestransformations socio-économiques, quiont eu pour théâtre les aménagementshydro-agricoles <strong>de</strong> SEMRY sont, sans aucundoute, les plus importantes qu’aient connules Massa <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Yagoua. L’activitérizicole s’est peu à peu intégrée au <strong>système</strong><strong>de</strong> production <strong>de</strong>s Massa (agriculture, élevage,et pêche). <strong>Le</strong>s techniques <strong>intensive</strong>s(principalement le repiquage) ont été assimiléesrapi<strong>de</strong>ment et ont permis d’obtenir<strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments moyens élevés estimés à 5t/ha et <strong>de</strong>s revenus monétaires importants.<strong>Le</strong> potentiel <strong>de</strong> production rizicole du Camerounse situait alors principalement dansles régions <strong>de</strong> l’Extrême-Nord, du Nord, <strong>de</strong>l’Ouest et du Nord-Ouest qui représentent94% <strong>de</strong> la production et 95% <strong>de</strong>s superfi-Photo : www.fap-cameroon.page.tl


cies. La production nationale est estiméeà près <strong>de</strong> 84 000 tonnes /an répartie surenviron 40 000 ha, dont une bonne partieestimée à 15 000 tonnes est assurée en<strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s grands périmètres rizicoles par<strong>de</strong>s petits producteurs villageois dans lesbas-fonds, le long <strong>de</strong>s berges <strong>de</strong> rivières eten culture pluviale.A la suite <strong>de</strong> la SEMRY, d’autres structuresd’encadrement virent le jour (SODERIM,UNDVA, LAGDO). Elles encadraient les riziculteursprivés, produisaient et commercialisaientle riz. Mais l’irrigation est frappéepar la crise, à la fin <strong>de</strong>s années 70, ce quia notamment affecté les gran<strong>de</strong>s sociétésd’État <strong>de</strong> ce secteur. <strong>Le</strong>s réformes engagéespar l’État après son retrait du secteurproductif ont abouti à la dissolution <strong>de</strong> certainessociétés et à la restructuration <strong>de</strong> certainesd’entre elles (SEMRY, UNVDA). Uneévaluation <strong>de</strong> la situation du désengagement<strong>de</strong> l’Etat montre que sur les 17 000ha aménagés dans les années 70, une superficieimportante <strong>de</strong> ces périmètres n’estplus en production par manque d’entretienet d’équipement lié à la privatisation <strong>de</strong>sentreprises publiques qui gèrent ces périmètres.La SODERIM s’est éteinte après le désengagement<strong>de</strong> l’Etat. Avec l’avènement<strong>de</strong> l’ajustement structurel, le projet pilotéconjointement par le Cameroun et la Chinese meurt dans une sorte d’indifférence. <strong>Le</strong>sChinois sont partis. <strong>Le</strong>s populations ruralesqui y voyaient une opportunité ont résistéquelques années, mais ont fini par se lasseret abandonner le rêve. La paupérisationmonte alors en flèche. En imposantleurs politiques d’ajustement structurel et<strong>de</strong> libéralisation du commerce, les institutionsfinancières internationales ont contribuéà la mort programmée <strong>de</strong> la productionlocale <strong>de</strong> riz et à la privatisation <strong>de</strong>s sociétés<strong>de</strong> développement du secteur agricole. Enl’acceptant benoîtement sans solution <strong>de</strong>rechange, l’Etat a frotté les allumettes d’unesour<strong>de</strong> colère, non seulement dans les campagnes,mais plus loin dans les villes du fait<strong>de</strong> l’exo<strong>de</strong> massif.Un vent <strong>de</strong> Renouveausouffle avec le SRI?<strong>Le</strong> Projet d’appui au développement <strong>de</strong>s filièresagricoles (PADFA) initié en 2010 pourréduire l’impact <strong>de</strong> la pauvreté <strong>de</strong>s populationsrurales a misé sur <strong>de</strong>ux filières jugéesà fort potentiel économique pour la majorité<strong>de</strong>s exploitations rurales : le riz et l’oignon.L’intensification a semblé <strong>de</strong> ce fait la seuleoption possible. <strong>Le</strong>s objectifs <strong>de</strong> production<strong>de</strong> riz visent le passage <strong>de</strong> 50 000 t <strong>de</strong>riz décortiqué à près <strong>de</strong> 200 000 t afin <strong>de</strong>satisfaire une bonne partie <strong>de</strong> la consommationnationale. <strong>Le</strong> SRI offre à l’état actuelles meilleures opportunités : économies àdivers niveau : 50 % d’eau, 90 % <strong>de</strong> semences,utilisation quasi nulle d’herbici<strong>de</strong>set d’engrais chimique. <strong>Le</strong>s revenus <strong>de</strong>s paysansutilisant le SRI peuvent augmenter <strong>de</strong>74 %. <strong>Le</strong> ren<strong>de</strong>ment peut atteindre 12 voire15 tonnes par hectare dans <strong>de</strong>s conditionsoptimales. <strong>Le</strong> SRI répond aux différentsenjeux <strong>de</strong> l’agriculture agro-alimentaire :occuper moins <strong>de</strong> surface, préserver l’environnementet permettre <strong>de</strong> lutter contre lasous-alimentation.Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières années écoulées,quelque 10 tonnes <strong>de</strong> semencesaméliorées <strong>de</strong> riz ont été octroyés à 2500agriculteurs camerounais par l’Institut <strong>de</strong>recherche agricole pour le développement(IRAD). <strong>Le</strong>sdites semences sont constituées<strong>de</strong> trois variétés <strong>de</strong> type Nerica, qui est uncroisement <strong>de</strong> riz asiatique et africain. <strong>Le</strong>schercheurs <strong>de</strong> l’IRAD vantent la résistance<strong>de</strong> cette plante aux maladies, mais aussison bon ren<strong>de</strong>ment sur un cycle plus courtque la moyenne. Mais la faiblesse <strong>de</strong> s’appuyertoujours sur l’extérieur n’a pas quittéles politiques stratégiques : « la productionet la distribution <strong>de</strong>s semences va sepoursuivre, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ONG AfricaRiceet l’appui du gouvernement japonais », aprécisé le directeur général <strong>de</strong> l’IRAD, JacobNgeve ». La fixation sur la production dupaddy et peu sur la transformation (absenced’unité <strong>de</strong> décorticage) est une faiblesseà corriger dans les meilleurs délais. Faute<strong>de</strong> transformation, elle est principalementvendue aux commerçants nigérians sous laforme <strong>de</strong> riz paddy. La mécanisation, mêmeartisanale reste encore un vœu pieux. Lacoalition pour le développement du riz enAfrique (CARD) a préconisé une ouvertureaux privés, notamment par une organisationrigoureuse et efficiente. Par le biais <strong>de</strong>la CARD, on assiste à l’introduction du rizpluvial en zone forestière ainsi que dans lesgrands bassins qui abritent les <strong>de</strong>ux grandscentres <strong>de</strong> consommation que sont Yaoundéet Douala, et <strong>de</strong> l’appui à la culture du rizirriguée dans les gran<strong>de</strong>s zones que sontl’Extrême-Nord et le Nord-Ouest ou encoredu riz <strong>de</strong> plateaux à l’Ouest.La Haute Vallée du Noun : Unbassin rizicole en expansion ?L’intensification rizicole débute dans laHaute vallée du Noun en 1970 avec la création<strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Développement <strong>de</strong> laHaute Vallée du Noun (originellement TheUpper Nun Valley Development Authority-UNVDA). Cette structure est née <strong>de</strong> la volontépolitique d’encadrer les communautésrurales voisines <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux entités administratives(Ouest et Nord Ouest) partageant lavallée du fleuve Noun. <strong>Le</strong> domaine public<strong>de</strong> l’Etat octroyé à UNVDA est <strong>de</strong> 15.000ha, (environ 1/5ème <strong>de</strong> cette superficie estexploitée), pour une production <strong>de</strong> 15.000t<strong>de</strong> paddy et presque 10.000t <strong>de</strong> riz <strong>de</strong>stinéà la consommation.Depuis sa création, UNVDA a aménagé auprofit <strong>de</strong>s petits exploitants près <strong>de</strong> 3.000ha<strong>de</strong> casiers rizicoles améliorés. Quelques 14mini-barrages ont été construits, ainsi que49 distributeurs collectifs et 22km <strong>de</strong> canauxd’irrigation installés, avec en plus l’entretien<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 150km <strong>de</strong> pistes ruralescréées pour l’écoulement <strong>de</strong> la productionfamiliale. Grâce à l’adoption <strong>de</strong> nouvellesmétho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> culture inspirées du SRI, on estpassé <strong>de</strong> 500 tonnes <strong>de</strong> riz paddy traité en2011 à 1200 tonnes en fin septembre 2012.Aujourd’hui UNVDA encadre directementplus <strong>de</strong> 15.000 producteurs (dont plus <strong>de</strong>50% <strong>de</strong> femmes). Des <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’assistanceau-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> compétence<strong>de</strong> UNVDA sont adressées à l’organisation.<strong>Le</strong>s formations pratiques sont régulières,et la stratégie <strong>de</strong> commercialisation baséesur <strong>de</strong>s conditionnements « pour tous » :50kg, 25kg, 10kg, 5kg, et 2kg a développéen <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong>s filières <strong>de</strong> vente dans lesprincipales villes et maintenant étenduesjusqu’au Gabon.UNVDA, en plus du riz, fournit annuellementpas moins <strong>de</strong> 200t <strong>de</strong> sous produits (farinesblanches, sons et brisures) à l’industrielocale et surtout aux éleveurs <strong>de</strong> porcins.<strong>Le</strong> dialogue et le partenariat initiés avecles éleveurs bovins favorise une meilleurecohabitation.ConclusionUNVDA envisage dans un horizon prochel’extension <strong>de</strong>s casiers rizicoles à 20.000ha, avec la participation <strong>de</strong> 70.000 petitsexploitants organisés en petites coopérativeslocales. Pour atteindre son potentielannuel <strong>de</strong> 500.000t d’ici la prochainedécennie, UNVDA entend inaugurer avecla mécanisation directe au moins 10.000ha<strong>de</strong> casiers, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s producteurs.L’un <strong>de</strong>s enjeux actuels reste tout <strong>de</strong> mêmela problématique <strong>de</strong> l’irrigation. En effet, iln’existe pas <strong>de</strong> législation propre à l’irrigationet au drainage au Cameroun. <strong>Le</strong> paysdispose d’une loi portant régime <strong>de</strong> l’eau,à savoir la loi N° 98/005 du 14 avril 1998.Cette loi fixe le cadre juridique général durégime <strong>de</strong> l’eau et veille sur la protectioncontre la pollution <strong>de</strong> l’eau, la préservation<strong>de</strong>s ressources en eau, la qualité <strong>de</strong> l’eau<strong>de</strong>stinée à la consommation et les sanctionsdues au non-respect <strong>de</strong> la loi.L’avenir <strong>de</strong> l’irrigation au Cameroun passepar l’aménagement et la gestion <strong>de</strong> petitspérimètres par <strong>de</strong>s groupements paysans,l’intégration avec d’autres secteurs tels quel’aquaculture et le petit élevage, l’intensification<strong>de</strong>s cultures irriguées, l’amélioration<strong>de</strong>s infrastructures <strong>de</strong> communication etl’accès au crédit. Il faudrait pour ce fairecréer une agence <strong>de</strong> régulation du secteur<strong>de</strong> l’eau pour un meilleur fonctionnementdu secteur en l’absence d’un cadre réglementairerigoureux. Et on aura ainsi du rizpour tous…Félix Meutchieye,Enseignant-Chercheur, Faculté d’Agronomie et <strong>de</strong>sSciences Agricoles, Université <strong>de</strong> Dschangfmeutchieye@univ-dschang.orgAvec l’aimable collaboration <strong>de</strong> :Richard Chin Wirnkar,Ingénieur Agronome, Directeur Général <strong>de</strong> UNVDAPaul Esenei,Ingénieur Agronome, Superviseur Régional Nord Ouest,Programme <strong>de</strong> Vulgarisation Agricole25


BIBLIOGRAPHIERedynamisation du secteurrizicole en AfriqueUne stratégie <strong>de</strong> recherche pour le développement2011–2020Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice) 201284 p.ISBN : 978-92-9113-357-4 (imprimé)978-92-9113-358-1 (PDF)Ce documentprésente unestratégie <strong>de</strong> rechercherizicolepour le développementenvue <strong>de</strong> réaliserl’énorme potentielrizicole<strong>de</strong> l’Afrique. Ila été conçu afin<strong>de</strong> contribuerà la réalisation<strong>de</strong>s Objectifs duMillénaire pour le Développement (OMD)notamment celui <strong>de</strong> réduire <strong>de</strong> moitié lapauvreté et <strong>de</strong> juguler le problème <strong>de</strong> lafaim d’ici à 2015.<strong>Le</strong> document donne <strong>de</strong>s orientations pouvantpermettre d’améliorer les techniques<strong>de</strong> production et <strong>de</strong> transformation du riz.C’est ainsi qu’il souligne que l’adoption <strong>de</strong>techniques d’intensification et <strong>de</strong> diversificationécologique pourrait permettred’améliorer les niveaux <strong>de</strong> production <strong>de</strong>façon durable.Fiche Technique pour le Système<strong>de</strong> Riziculture Intensive (SRI) àTombouctou, Mali 2009Auteurs: Dr. Erika Styger, Malik Ag Attaher,Hamidou Guindo, Harouna Ibrahim,Ibrahima Abba, Mahamane Diaty, MohamedTraore et Minkaila Sidi Mahamar - 27 p.Cette fichetechnique présenteles différentesétapes<strong>de</strong> la mise enœuvre <strong>de</strong>spratiques culturalesbaséessur le SRI.<strong>Le</strong>s consignestechniquesdécrites danscette fiche sontissues <strong>de</strong> recherches effectuées à traversle mon<strong>de</strong>, notamment à Madagascar, auNépal et en In<strong>de</strong>. Elles <strong>de</strong>vaient ensuiteêtre adaptées aux conditions locales <strong>de</strong> la<strong>riziculture</strong> dans le cadre d’un projet regroupant60 paysans <strong>de</strong> Goundam et Dire dansla région <strong>de</strong> Tombouctou au Mali.Collection gui<strong>de</strong>s pratiques duCTA n° 17Système <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong> <strong>intensive</strong>Auteur : Jean Yves Clavereul (CTA) • 8 pagesISSN 1874-8864Après un brefhistorique et unrappel <strong>de</strong>s principesdu SRI, cegui<strong>de</strong> présente(textes et illustrationsà l’appui)les principalesétapes duSRI. Il s’attar<strong>de</strong>sur les conditionsà respecterpour obtenir<strong>de</strong> bons ren<strong>de</strong>ments,avec notamment le choix et le tri<strong>de</strong>s semences, le repiquage, la gestion <strong>de</strong>l’eau, la fertilisation, l’entretien <strong>de</strong> la rizièreet la récolte.System of rice intensification (SRI)Growing more rice while saving on waterPractical notes for SRI farmersBancy M. Mati - 12 p.Au Kenya, laproduction rizicole,basée surles <strong>système</strong>s<strong>de</strong> <strong>riziculture</strong>traditionnelle,est très faible.<strong>Le</strong> manque<strong>de</strong> terre et ledéficit pluviométriquesontà l’origine <strong>de</strong>cette faible productivité.Parallèlementla consommation <strong>de</strong> riz s’accroità un rythme accélérée. Cette céréale est<strong>de</strong>venue l’un <strong>de</strong>s principaux produits alimentairesdu pays.Ce document cherche à démontrer commentun <strong>système</strong> tel que le SRI pourraitaméliorer sensiblement la production <strong>de</strong>riz, les revenus <strong>de</strong>s paysans, baisser la facture<strong>de</strong>s importations et assurer la sécuritéalimentaire <strong>de</strong>s kenyans.Acquis <strong>de</strong> la crise rizicole :Politiques pour la sécurité alimentaire enAfrique. 32 p.Guy Manners (AfricaRice) 2011ISBN : 978-92-9113-349-9 (imprimé)978-92-9113-350-5 (pdf)La politique <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> plaidoyermenée par AfricaRice immédiatementavant et pendant la crise rizicole <strong>de</strong> 2008a contribué àla disponibilitéd’informationspertinentes et<strong>de</strong> solutionscompilées dansce livret et quiont aidé lesÉtats membreset les partenairesau développementà i<strong>de</strong>ntifier etpromouvoir <strong>de</strong>spolitiques et projets. Ces interventions ontcontribué à l’accroissement significatif <strong>de</strong> laproduction rizicole et à l’intérêt renouvelédans la production locale <strong>de</strong> riz en Afrique.Ce livret examine le rôle d’AfricaRice lors<strong>de</strong> l’alerte relative à la crise imminente,les réponses <strong>de</strong>s pays et les travaux encours pour assurer que les pays africainsne soient plus otages <strong>de</strong>s marchés internationaux.Multimedia toolkitSRI: Achieving more with lessA new way of rice cultivationBanque Mondiale - 8 p.Ce gui<strong>de</strong> sur leSystème <strong>de</strong> <strong>riziculture</strong><strong>intensive</strong>a été conçu parla Banque Mondialedans le but<strong>de</strong> vulgariser leSRI et <strong>de</strong> mettreà la disposition<strong>de</strong>s acteurs rizicolesune boiteà outils pouvantles ai<strong>de</strong>r à s’approprierles principeset les techniques qui accompagnentce <strong>système</strong> <strong>de</strong> culture. C’est un produitmultimédia qui utilise l’audio-visuel (un CDest intégré au livret) pour faciliter l’appropriation<strong>de</strong> son contenu. Il illustre la puissance<strong>de</strong> l’information et ses capacités àimpulser <strong>de</strong>s dynamiques <strong>de</strong> changementpermettant <strong>de</strong> relever les défis mondiauxnotamment la sécurité alimentaire.La Banque Mondiale, à travers son programme<strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s connaissances,cherche à inspirer, informer et à outillerles acteurs du développement pour leurdoter <strong>de</strong>s moyens d’engager <strong>de</strong>s réformesinnovantes <strong>de</strong>stinées à réduire la pauvretédans le mon<strong>de</strong>.27


InterviewAdrien Massonnet, géographe français« <strong>Le</strong> SRI ou les pratiques améliorées plus globalement, sont un <strong>de</strong>s pointsclés d’un projet <strong>de</strong> développement rural »Adrien Massonet a effectué dans le cadre<strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> géographie un stage <strong>de</strong>six mois au sein du groupement SRI <strong>de</strong>Madagascar. Il a travaillé sur la question<strong>de</strong> l’environnement institutionnel duSRI, il a tenté <strong>de</strong> comprendre dansquelles mesures le SRI pouvait êtreune réponse aux défis alimentaires etau sous développement à Madagascar.Dans cet entretien il livre <strong>de</strong>s éléments<strong>de</strong> réponse.29Pourquoi le SRI a-t-il véritablement suscitéun espoir en terme <strong>de</strong> développement(réduction <strong>de</strong> la pauvreté, sécuritéalimentaire...) <strong>de</strong> Madagascar berceau<strong>de</strong> cette technique ? Quelles en ont étéles conséquences ?Il faut préciser que bien avant la diffusiondu SRI, mis à l’épreuve pendant le Plan National<strong>de</strong> Vulgarisation Agricole (PNVA), leSRA1 avait été diffusé et amélioré au fil dutemps (réduction du nombre <strong>de</strong> brins, <strong>de</strong>l’âge du plant, plus d’espacements) sanspour autant s’être véritablement répandu.<strong>Le</strong> PNVA était un grand programme d’envergure,avec <strong>de</strong>s objectifs, une organisationplanifiée et une relative coordination,avec <strong>de</strong>s moyens plus conséquents que lesactions entreprises précé<strong>de</strong>mment. L’idéed’améliorer la technique culturale n’étaitpas nouvelle (date <strong>de</strong>s années 1960). Maisle SRI a pris le relais en quelque sorte duSRA. C’était un choix du Ministère <strong>de</strong> l’agriculture,dans la continuité <strong>de</strong> cette idéed’améliorer la productivité, d’intensifier via<strong>de</strong> nouvelles métho<strong>de</strong>s plus mo<strong>de</strong>rnes,sans pour autant que la diffusion du SRAne cesse. <strong>Le</strong> SRI tombait bien : il était capabled’atteindre <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> 3 à 6tonnes à l’hectare si ses principes étaientAdrien Massonnetrespectés. L’amélioration <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>mentspermise par l’application du SRI auraitprocuré <strong>de</strong>s excé<strong>de</strong>nts rizicoles notoirescomparée à la pratique rizicole dite traditionnellequi n’est sensée produire que 1à 1,5 tonne par hectare et donc incontestablementune diminution <strong>de</strong> l’insécuritéalimentaire dans le pays. <strong>Le</strong> riz étant l’aliment<strong>de</strong> base à Madagascar2.Depuis les années 1990, l’essentiel dudéveloppement à Madagascar se fait parPhoto : Massonnetle biais <strong>de</strong>s acteurs/institutions <strong>de</strong> coopérationbilatérale, multilatérale. <strong>Le</strong> SRI s’estavéré intéressant pour ces acteurs parcequ’en matière <strong>de</strong> développement rural etd’amélioration <strong>de</strong> la productivité rizicoleils se trouvaient dans « l’impasse ». <strong>Le</strong>sintrants ont toujours été trop coûteux ethors <strong>de</strong> portée <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s paysans.<strong>Le</strong>s multiples tentatives <strong>de</strong> diffusiond’engrais, <strong>de</strong> semences amélioréess’avèrent la plupart du temps insuffisantes.De ce fait,le nombre <strong>de</strong> projets qui vont


Interview30porter sur le développement rural et enparticulier intégrer la vulgarisation du SRI,va exploser à partir <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>s années1990 . C’est le début d’une nouvelle èrepour l’Ile. Cette pério<strong>de</strong> se caractérise parun accroissement du nombre d’acteurs etd’institutions qui vont être impliqués dansle développement du pays. Ainsi, <strong>de</strong> l’élaborationà l’exécution d’un projet, plusieursinstitutions et acteurs se mobilisent : ontrouve les bailleurs <strong>de</strong> fonds, <strong>de</strong>s Ministères(Agriculture, Élevage, Pêche, <strong>de</strong>s TravauxPublics, Environnement, <strong>de</strong>s Financesetc.), les ONG, associations et autres prestataires,et les paysans qui voient progressivementleur représentativité s’accroitre(organisations paysannes, confédérationspaysannes et autres organismes représentatifs).Vous constatez que le SRI n’a finalementpas été à la hauteur <strong>de</strong>s espérances. Ilsemble que les Institutions (politiques,ONG), l’aient davantage adopté que lespaysans. Quels ont été les freins à sadiffusion parmi les paysans ?La réponse à cette question n’est pas évi<strong>de</strong>nte.<strong>Le</strong>s freins à la diffusion du SRI nepeuvent se limiter à un problème paysanet mon mémoire l’a en quelque sortemontré. Donc pour répondre strictementà votre question, disons que la manièredont le SRI a été diffusée dans les années1990 lors du Plan National <strong>de</strong> VulgarisationAgricole (PNVA) est critiquable <strong>de</strong> par lemanque <strong>de</strong> formations <strong>de</strong>s techniciensvulgarisateurs.Ceux-ci ne maitrisaientpas bien voire pas du tout la techniquedu SRI. Et une technique mal maitriséepeut avoir un effet dissuasif, surtout s’il ya une baisse <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments due à unemauvaise pratique. <strong>Le</strong> SRI n’était pas bienconnu, personne n’était vraiment prêtpour une diffusion <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur (enadmettant qu’elle était possible or le SRIn’est pas applicable partout à cause <strong>de</strong> lanécessaire maitrise <strong>de</strong> l’eau (et on ne s’enserait pas rendu compte tout <strong>de</strong> suite àl’époque). Ensuite dans la mise en œuvredu SRI, beaucoup <strong>de</strong> paysans ont affirméque c’était une métho<strong>de</strong> plus dure, pluslongue et plus coûteuse à appliquer. C’esttout-à-fait vrai avec une nuance à apporterconcernant la longueur <strong>de</strong> la tâche(repiquage surtout) et le coût. Une foisque les repiqueuses ont pris l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>repiquer brin par brin le riz, lors <strong>de</strong>s prochainescultures, elles éprouveront moins<strong>de</strong> difficultés et iront bien plus vite. Il y aaussi le blocage psychologique, le frein liéà l’innovation qui peut s’opérer au niveauvillageois (et l’exclusion sociale qu’ellepeut entrainer). Il y a donc <strong>de</strong>s limitesphysiques, <strong>de</strong>s limites matérielles (financières),socio-culturelles. Il y a enfin uneautre limite non <strong>de</strong>s moindres, le fait quele SRI soit diffusé dans le cadre <strong>de</strong> projets<strong>de</strong> développement. Même si, le choix leurest laissé, les paysans chercheront à adopterune métho<strong>de</strong> durant un projet, parcequ’ils vont être accompagnés, ils vont êtreaidés (subventions, dons), ce qui n’est pasnégligeable pour eux.La maitrise <strong>de</strong> l’eau reste un frein indéniablepour une diffusion plus large du SRI.L’assèchement <strong>de</strong> la rizière sous-entendaussi l’impossibilité <strong>de</strong> pratiquer <strong>de</strong>s activités<strong>de</strong> pêche, largement répandues danscertaines régions et surtout vitales parfois.Dans la mesure où un paysan adoptantcertains principes du SRI est un paysan pratiquantle SRA, bien souvent, dans les statistiquestirées <strong>de</strong>s rapports, on mélangeles adoptants du SRA/SRI et il est donc<strong>de</strong>venu aussi plus compliqué d’estimerle nombre d’adoptants du SRI. Ce « légerflou » continue d’entretenir une certaineambiguïté auprès <strong>de</strong>s acteurs.Enfin, pour <strong>de</strong>s paysans dont la productionest autour du seuil <strong>de</strong> survie il y a une certaineprise <strong>de</strong> risque à adopter une nouvelletechnique que beaucoup ne peuventpas se permettre.A Madagascar <strong>de</strong>ux acteurs associatifsmajeurs portent la diffusion du SRI. L’associationTefy Saina et le GroupementSRI, ils sont aujourd’hui en crise, pouvezvousen expliquer la (les) raison(s) ?Tout a été une question d’argent. Il y a euune scission <strong>de</strong> Tefy Saina suite à <strong>de</strong>s querellesinternes pour le pouvoir et l’argentdans cette association. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux branchessont aujourd’hui en crise et elles sontpresque vouées à disparaitre faute <strong>de</strong> financementset d’avoir trouvé une nouvellegénération <strong>de</strong> défenseurs du SRI dans leursrangs. Ils gar<strong>de</strong>nt leur image d’héritiersmais reste ancrés, ou du moins semblerester ancrés sur une position trop rigi<strong>de</strong>du SRI. L’évolution du SRI actuelle faitqu’on le considère comme un paquet <strong>de</strong>techniques applicables progressivement,ce qui engendrerait les mêmes résultatsque dans les années 1990. A savoir : trèspeu <strong>de</strong> paysans pratiquent le SRI. Ils pratiquentquelques principes techniques duSRI (donc du SRA) mais pas l’ensemble <strong>de</strong>sprincipes du SRI. Dès lors, le SRI n’est quetrès faiblement adopté. En revanche, l’intensificationpar la diffusion et l’adoption<strong>de</strong> principes techniques <strong>de</strong> pratiques culturalesaméliorées se diffuse largement.Du coté du GSRI, le fonctionnement du secrétariatdu groupement, qui était le seulvéritablement à représenter une ou <strong>de</strong>sactivités au titre du groupement, était financéexclusivement par la fondation BetterU <strong>de</strong> l’acteur américain Jim Carrey. D’oùune relation bailleur/bénéficiaire avec undroit <strong>de</strong> regard. Seulement à exiger trop<strong>de</strong> comptes pour <strong>de</strong>s financements trèsfaibles, voir en les réduisant sans tenircompte <strong>de</strong>s tâches réalisées (et qui se sontpar ailleurs accrues pour le secrétariat), età vouloir faire valoir leurs intérêts au nom<strong>de</strong> BUF (et non pas au nom du secrétariatGSRI), le secrétariat a prétendu mettre laclé sous la porte. A l’issue <strong>de</strong> négociations,<strong>de</strong> nombreuses réunions et d’une AssembléeGénérale, il en ressort que la fondationBUF ne s’occupait plus du financementdu GSRI.<strong>Le</strong> SRI a aussi été vu par les institutions(ONG, scientifiques, Gouvernement)comme une réponse aux défis alimentairesMalgaches dans les années 90.Non seulement pour atteindre l’autosuffisance,mais également la sécuritéalimentaire du pays. Pouvez-vous rappelerquels étaient les objectifs fixés ? Etquelle est la situation actuelle ?Commentexpliquer cette « désillusion » ?<strong>Le</strong>s chiffres ne sont pas forcément évi<strong>de</strong>ntsà obtenir. L’objectif fixé par le ministèreétait d’améliorer la productivité en vulgarisant<strong>de</strong>s techniques culturales mo<strong>de</strong>rniséeset <strong>de</strong> diffuser <strong>de</strong>s paquets techniques(semences, engrais chimiques). Depuis<strong>de</strong>s décennies même, les gouvernementscherchent à augmenter la production rizicole.Étant donné que près <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tiers<strong>de</strong>s Malgaches vivent en milieu rural etque les trois quarts d’entre eux tirent leursrevenus <strong>de</strong> la <strong>riziculture</strong>, ce choix peut êtreconsidéré comme pertinent. Une chose estsûre, il n’y a pas <strong>de</strong> famines. <strong>Le</strong> <strong>système</strong><strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> d’urgence est très bien rodé (voireinstrumentalisé dans certains villages).<strong>Le</strong> gouvernement malgache dans sa stratégienationale <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> laRiziculture s’est donné pour objectif <strong>de</strong>contribuer à la sécurité alimentaire danstoutes les régions, à l’amélioration <strong>de</strong> lacroissance économique et améliorer lesrevenus et la situation <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> lafilière. Ainsi, L’objectif fixé était <strong>de</strong> doublerla production rizicole entre 2006 et 2009(pour atteindre 7 millions <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong>Paddy)3 et <strong>de</strong> la tripler d’ici 2012. Cet objectifn’a pas été atteint puisque d’après leMinistère <strong>de</strong> l’Agriculture 4,5 millions <strong>de</strong>tonnes <strong>de</strong> Paddy ont été produit en 2009 àMadagascar. Aujourd’hui, le pays est obligéd’importer pour nourrir principalement lesurbains, ce qu’il faudrait c’est davantagevaloriser la production nationale <strong>de</strong> riz.Côté sécurité alimentaire donc malnutritionet donc sous-nutrition, il y a <strong>de</strong>s progrèsà faire. D’après l’USAID (coopérationaméricaine), en 2009, 65% <strong>de</strong> la populationfont face à l’insécurité alimentaire.Cette fragilité est accentuée par les phénoménesclimatiques (tempêtes, cyclones,inondations, sécheresse...) <strong>de</strong> plus en plusfréquents. <strong>Le</strong>s récoltes détruites entrainentune baisse <strong>de</strong> la production par habitant


Interviewet une hausse <strong>de</strong>s prix qui accroit l’insécuritéalimentaire en particulier urbaine.On constate aussi une augmentation dutaux <strong>de</strong> pauvreté entre 1993 et 2010, ellepasse <strong>de</strong> 70 à 76,5 et un grand nombre<strong>de</strong> personnes vivent dans l’insécurité alimentaire.Finalement, la situation du pays ne s’estpas améliorée et le SRI s’est peu diffusé.Alors que le SRI existe <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong> 30ans, aujourd’hui on estime que seulementenviron 180 000 paysans pratiquent le SRIsur 56 000 ha (chiffres pour la campagne2009/2010 selon le Secrétariat GSRI) alorsque le pays disposerait <strong>de</strong> 1 200 000 ha<strong>de</strong> rizières irriguées (dont plus <strong>de</strong> 700 000ha avec <strong>de</strong>s canaux donc potentiellementpropices à la pratique du SRI).La désillusion, je dirais même l’échec, vule temps et les moyens accordés, tiennentà l’instabilité politique, aux limites du <strong>système</strong>du développement qui ne permetpas un enrichissement global en milieurural mais bien « une réduction <strong>de</strong> la pauvreté» et une inégale amélioration <strong>de</strong>sconditions <strong>de</strong> vie (puisque le développementse fait par poche, dans <strong>de</strong>s zonesbien définies, il est très inégal selon lesrégions et au sein même d’une région). Ladurabilité est très restreinte même si lesacteurs tentent <strong>de</strong> l’améliorer, il ne resteplus grand-chose d’un projet une fois qu’ils’en va (il n’y a plus <strong>de</strong> financement pourl’entretien <strong>de</strong>s routes, <strong>de</strong>s canaux, <strong>de</strong>sbarrages, <strong>de</strong>s bâtiments), pas <strong>de</strong> secteurprivé mobilisé (ou rarement) d’où pourraitémerger un bassin d’emploi. Pas <strong>de</strong> liensvraiment poussés entre secteur primaireet secondaire (sauf peut-être la pêche etla culture <strong>de</strong>s crevettes, dans la brasserie).Je pense qu’on n’a pas bien fait les choseset que l’on continue dans une certainemesure mais je compte opérer, collaboreravec les acteurs du développement àMadagascar pour suggérer <strong>de</strong> nouvellespistes, réfléchir à <strong>de</strong>s solutions.Vous parlez <strong>de</strong> souveraineté alimentaire<strong>de</strong> faça<strong>de</strong> pour Madagascar, pouvezvousexpliquer pourquoi ?Brièvement, je dirais que les dirigeantsMalgaches s’efforcent d’établir <strong>de</strong>s stratégies,<strong>de</strong>s politiques agricoles, qui neseraient rien sans l’appui <strong>de</strong>s bailleurs<strong>de</strong> fonds. Il y a donc bien une souverainetéalimentaire, elle est établie par leMinistère <strong>de</strong> l’Agriculture (Minagri) maisgarantie, financièrement, par <strong>de</strong>s acteursétrangers influents que sont les institutionsinternationales et les acteurs <strong>de</strong> la coopération(qui ont un droit <strong>de</strong> regard voire plussur tout ce qui est décidé). Il y a donc bienune relation <strong>de</strong> dépendance propre à unpays sous-développé, sous perfusion.L’affaire Daewoo a rappelé que si « l’EtatMalgache » a failli, les paysans étaientlà pour se révolter et faire en sorte que<strong>de</strong>s sociétés privées ne s’emparent pas <strong>de</strong>milliers d’hectares dont ils auraient fait cequ’ils auraient voulu.Quelles sont selon vous, les pistes àpoursuivre, les écueils à éviter afin <strong>de</strong>permettre au mieux la diffusion duSRI ? De quelles manières le SRI s’est-iladapté pour dépasser ces limites?<strong>Le</strong> prix du riz est un enjeu crucial selonmoi. Il doit être suffisamment rémunérateurpour les paysans et suffisammentabordable pour les urbains. Sans cela, iln’y a pas d’incitations à produire plus etlorsqu’ils ven<strong>de</strong>nt le riz aux collecteurspour pouvoir rembourser leurs <strong>de</strong>ttesculturales, ils ne peuvent vendre qu’àbas prix. <strong>Le</strong> SRI doit continuer d’être présentéaux paysans comme une métho<strong>de</strong>intéressante mais dans sa version la plusmo<strong>de</strong>rne, c’est-à-dire, non rigi<strong>de</strong>, flexible,avec la possibilité <strong>de</strong> mettre en œuvrequelques principes, toujours dans l’optiqued’améliorer la productivité. <strong>Le</strong> SRI ou lespratiques améliorées plus globalement,sont un <strong>de</strong>s points clés d’un projet <strong>de</strong> développementrural, mais il ne faut pas négligerd’autres thèmes comme la gestion<strong>de</strong> l’exploitation, la fertilité, les semences,les cultures annexes, l’élevage. Il ne fautpas tout miser sur l’amélioration <strong>de</strong> la productivitérizicole pour améliorer le sort <strong>de</strong>sruraux, cela est évi<strong>de</strong>nt.L’accompagnement, l’encadrement, lesuivi reste primordial et lorsqu’on apprendqu’un projet dure trois ans, soit <strong>de</strong>ux saisonsculturales bien souvent, commentest-il donc possible <strong>de</strong> faire adopter le SRIaux paysans en si peu <strong>de</strong> temps ? <strong>Le</strong>s sensibiliserc’est une chose, les faire adopteret pratiquer en est une autre. Par conséquent,le fait que le SRI soit diffusé principalementdans le cadre <strong>de</strong> projets poseen soi un problème et induit une limite àsa diffusion.A titre personnel, je ne m’engagerai plusdans la diffusion du SRI au sens strict maisbien dans la diffusion du SRA. <strong>Le</strong> riz n’estpas à l’heure actuelle suffisamment rémunérateurpour que les paysans prennent <strong>de</strong>tels risques.La piste <strong>de</strong> la mécanisation est intéressantepour la pratique du SRI avec la miseau point <strong>de</strong> repiqueuses. Piste qui était suivie<strong>de</strong> près par le secrétariat GSRI et le Minagri.<strong>Le</strong> secrétariat a mené <strong>de</strong>s activitésintéressantes pour susciter un plus grandintérêt <strong>de</strong>s populations rurales (<strong>de</strong>s jeuneset <strong>de</strong>s parents) pour le SRI avec le SRIécole.L’approche consiste, en impliquantles parents d’élèves et les enseignants,à installer une parcelle d’observation surlaquelle les élèves se rendront pour voirles principales étapes <strong>de</strong> la culture en SRIet l’évolution <strong>de</strong> la rizière. Il s’agit également<strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s appuis pédagogiquesà l’enseignant qui introduit les thèmes SRIdans son cours (comme le calcul <strong>de</strong> lasuperficie <strong>de</strong> la rizière ; en science naturelle,parler <strong>de</strong> la physiologie du riz), maisaussi <strong>de</strong>s affiches, <strong>de</strong>s livrets ludiques et<strong>de</strong>s cahiers avec <strong>de</strong>s illustrations à l’intérieursur le SRI. L’idée n’est pas qu’ils apprennentle SRI, mais qu’ils sachent quecette métho<strong>de</strong> existe et qu’elle reposesur un certain nombre <strong>de</strong> principes. Cetteapproche vise aussi à renforcer les compétences<strong>de</strong>s élèves dans la mesure où dansla plupart <strong>de</strong>s cas, les élèves ne font pasle rapport entre leur quotidien et ce qu’ilsapprennent en classe. Là le SRI fait le pont.<strong>Le</strong> SRI représente également un intérêtcertain pour réduire les émanations <strong>de</strong> carbonequi s’accumulent dans l’atmosphère.Puisque cette technique est apparemmentbien moins émettrice que la <strong>riziculture</strong> traditionnelle.Il y aurait aussi <strong>de</strong>rnièrementun projet <strong>de</strong> GCD (Groupe Conseil Développement)ou du secrétariat GSRI <strong>de</strong> lierSRI et écotourisme. Cela me semble unebonne idée. Grâce à ces évolutions, le SRIsurvit en dépit d’être pratiqué à gran<strong>de</strong>échelle, il persiste dans <strong>de</strong>s poches au gré<strong>de</strong>s petits projets pertinents et novateursdu GSRI.1Système <strong>de</strong> Riziculture Améliorée2La consommation moyenne est évaluée à 138 kg/hab/an en milieu rural est 118 kg/hab/an en milieuurbain.3 Source : Stratégie Nationale du Développement Rizicole,Madagascar.Interview réalisée par Estelle Millou,journaliste françaiseestellemi@hotmail.com31


Lu pour vous32Qu'est-ce que l'agriculture écologiquement<strong>intensive</strong> ?Michel GriffonEditions Quae, <strong>2013</strong>Collection Matière à débattre et déci<strong>de</strong>r - 224 pagesISBN : 978-2-7592-1896-7Référence : 02359Rapport 2012 <strong>de</strong> l’ONU sur l’insécuritéalimentaireL’état <strong>de</strong> l’insécurité alimentaire dans le mon<strong>de</strong>Auteur : FAO, PAM, FIDA65 P - Date <strong>de</strong> parution : 2012Éditeur/diffuseur : Nations UniesLangues : Anglais, Français<strong>Le</strong>s Nations Unies ont publié le 9 octobre2012 le rapport 2012 sur l’état <strong>de</strong> l’insécuritéalimentaire dans le mon<strong>de</strong> avec le sous-titre«La croissance économique est nécessairemais elle n’est pas suffisante pour accélérerla réduction <strong>de</strong> la faim dans le mon<strong>de</strong>».La proportion <strong>de</strong> personnes souffrant <strong>de</strong> lafaim baisse selon l’ONU, mais cette baisse aralenti <strong>de</strong>puis 2008 et elle ne concerne pasl’Afrique. <strong>Le</strong> rapport note que « dans <strong>de</strong> nombreuxpays la croissance économique n’a passensiblement réduit la faim » et il appelledonc les pouvoirs publics à agir et préconise<strong>de</strong> miser sur la croissance agricole qui est laplus à même <strong>de</strong> bénéficier aux pauvres, «notamment lorsqu’elle est fondée sur uneproductivité et une intégration au marchéaccrue <strong>de</strong>s petits exploitants ».Michel Griffon défend l’idée qu’une productionagricole abondante est possible tout en améliorantla qualité <strong>de</strong> l’environnement. Il exposele concept dagriculture écologiquement <strong>intensive</strong>et précise les moyens d’amplifier l’usage<strong>de</strong>s fonctionnalités écologiques pour l’agricultureet l’élevage.Dans cet ouvrage à la fois conceptuel et technique,l’auteur s’appuie sur son expérienceinternationale pour exposer les principes <strong>de</strong> laviabilité <strong>de</strong>s éco<strong>système</strong>s et <strong>de</strong>s sociétés. Il sesert d’un grand nombre d’exemples et d’applicationspour expliquer un propos qui reposetoujours sur la réalité <strong>de</strong>s problèmes d’alimentation<strong>de</strong>s populations. Entre agriculture et éco<strong>système</strong>sdurables, les sociétés doivent trouverleur chemin vers <strong>de</strong>s solutions obligatoirementviables, là où elles sont. C’est la bonne combinaisonentre les manières <strong>de</strong> produire, lerespect <strong>de</strong>s producteurs et le souci du renouvellement<strong>de</strong>s ressources locales qui permetd’obtenir <strong>de</strong>s synergies productives tout en réduisantles atteintes à l’environnement.« Arbre et culture »Bulletin bimestriel d’information sur lespratiques agroforestièresN°1, Octobre-Novembre 2012<strong>IED</strong> Afrique12 pagesCe <strong>de</strong>uxième numéro d’ « Arbre etculture », un bulletin électroniquepublié par l’ONG <strong>IED</strong> Afrique dans lecadre du programme ARI Sénégal(African Regreening Initiative) partage<strong>de</strong>ux expériences d’agroforesterie. Ils’agit <strong>de</strong> celle du village <strong>de</strong> Fandène(région <strong>de</strong> Thiès) où le rônier constitueune véritable filière économique pourles populations locales. L’autre expérienceest celle d’un paysan lea<strong>de</strong>r,Cheikh Gning, vivant dans la communautérurale <strong>de</strong> Ngoye Alioune Sylla(région <strong>de</strong> Diourbel).Ce numéro présente aussi les résultatsissus d’une étu<strong>de</strong> entreprise parl’ISRA (Institut sénégalais <strong>de</strong> rechercheagricole) et l’ONG World Vision pourévaluer l’effet <strong>de</strong> la RNA sur les ren<strong>de</strong>mentsagricoles dans la zone du bassinarachidier, au Sénégal.Il présente enfin, le cadre juridique etinstitutionnel du secteur agro-forestierau Sénégal à travers un entretien réaliséavec le juriste-environnementalisteIbrahima Ly.Pour plus d’informations sur ce numéroet sur les numéros précé<strong>de</strong>nts visiterle site web : http://www.ied<strong>afrique</strong>.org/Bulletin-Arbre-et-culture.html


Suivi pour vousAfricaRice :Hausse <strong>de</strong> 30% <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> riz en Afrique Sub-saharienneDe 3,2% par an avant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise2000/2007, le taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> laproduction <strong>de</strong> riz paddy en Afrique Subsaharienneest passé à 8,4% par an entre2007 et 2012, soit une augmentation <strong>de</strong>la production globale <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 30%en seulement 6 ans. Ces données issuesd’une analyse faite par le centre du rizafricain (AfricaRice) révèlent aussi que lesren<strong>de</strong>ments moyens à l’hectare ont connuune hausse d’environ 108kg par an durantla pério<strong>de</strong> 2007/2012, en dépit <strong>de</strong> la sécheresseet <strong>de</strong>s inondations.« Il s’agit là d’une nouvelle très encourageante,» a déclaré le Directeur générald’AfricaRice, Dr Papa Seck, qui révèleque cette augmentation <strong>de</strong> la productionrizicole est le fruit <strong>de</strong>s investissementsconséquents faits par les producteurs, lesgouvernements, le secteur privé, la communautéscientifique et les donateurspour développer le secteur rizicole enAfrique, suite aux émeutes <strong>de</strong> la faim quiont ébranlé entre 2007 et 2008 plusieursgran<strong>de</strong>s villes africaines.<strong>Le</strong>s résultats <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> seront partagéset discutés lors du troisième Congrèsdu riz en Afrique, qui aura lieu du 21 au 24octobre <strong>2013</strong> à Yaoundé, au Cameroun.http://www.afrikeco.comPhoto : AfricaRice33<strong>Le</strong> Sénégal révise sa stratégie nationale <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> la <strong>riziculture</strong><strong>Le</strong> riz constitue l’aliment <strong>de</strong> base <strong>de</strong> beaucoup<strong>de</strong> sénégalais. La consommationnationale se chiffre à environ un million <strong>de</strong>tonnes <strong>de</strong> riz blanc par an. Une consommationen hausse constante du fait <strong>de</strong>l’explosion démographique. Parallèlement,la production nationale dépasse rarement500000 tonnes par an. <strong>Le</strong> pays reste donctributaire <strong>de</strong>s importations pour comblerle gap entre la production et les besoins<strong>de</strong> consommation. La situation n’est,cependant, pas sans conséquences sur labalance commerciale du pays. En effet, lesimportations <strong>de</strong> riz ont fortement creuséle déficit <strong>de</strong> la balance commerciale duSénégal. Elles ont contribué, en moyenne,sur ces 16 <strong>de</strong>rnières années, à hauteur<strong>de</strong> 16% sur le déficit <strong>de</strong> la balance commercialeet ont occasionné <strong>de</strong>s pertes en<strong>de</strong>vises <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 150 milliards <strong>de</strong> FCFApar an.Des pertes que l’état avait tenté d’éviter en2008 en élaborant une stratégie nationale<strong>de</strong> développement <strong>de</strong> la <strong>riziculture</strong> (SNDR)avec le lancement du Programme Nationald’Autosuffisance en Riz (PNAR). Cettestratégie avait pour objectif d’atteindreune production d’1,5 millions tonnes <strong>de</strong>Paddy, soit près d’1 million <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong>riz blanc, à l’horizon 2012. Cet objectif nesera malheureusement pas atteint malgréles importants moyens financiers et matérielsmobilisés par le pouvoir <strong>de</strong> l’époque.Un millier <strong>de</strong> tracteurs et <strong>de</strong>s intrantsont été distribués aux paysans. Faute <strong>de</strong>concertations avec tous les acteurs, envue <strong>de</strong> réfléchir aux meilleures ressourcesà mettre en œuvre pour la réussite <strong>de</strong> ceprogramme, les résultats obtenus sont restésfaibles. De plus, une bonne partie <strong>de</strong>sressources financières a atterri entre lesmains d’acteurs non paysans ou détournée<strong>de</strong> son objectif <strong>de</strong> départ.Pour rompre définitivement avec le goulotd’étranglement que constitue l’importation<strong>de</strong> riz pour le Sénégal, les nouvellesautorités du pays ont alors décidé <strong>de</strong>réviser la SNDR afin <strong>de</strong> susciter l’adhésion<strong>de</strong> tous les acteurs, notamment ceux à labase, et faciliter sa mise en œuvre.La SNDR révisée <strong>de</strong>vrait permettre la multiplicationpar 5 <strong>de</strong> la production locale<strong>de</strong> paddy du Sénégal en 2018. Elle seraaxée sur la mise en œuvre <strong>de</strong> moyensimportants pour arriver à produire 800.000tonnes avec la <strong>riziculture</strong> irriguée et200.000 tonnes <strong>de</strong> riz blanc avec la <strong>riziculture</strong>pluviale.<strong>Le</strong>s superficies emblavées doivent êtreportées à plus <strong>de</strong> 130000 hectares pourfavoriser cette hausse <strong>de</strong> la production.La mise à disposition à temps <strong>de</strong>s intrantsagricoles, le maintien du dispositif<strong>de</strong> lutte anti-aviaire, l’accompagnement<strong>de</strong>s acteurs et l’appui à la commercialisationautour <strong>de</strong> la société <strong>de</strong> promotionet <strong>de</strong> commercialisation du riz sénégalais(SPCRS) constituent également <strong>de</strong>s leviersimportants sur lesquels la SNDR va s’appuyerpour assurer l’autosuffisance en rizdu Sénégal.Aussi, en tenant compte <strong>de</strong>s réalitéspropres à chaque zone rizicole, <strong>de</strong>s stratégiesspécifiques ont été élaborées etappliquées.Sources : APS, le Quotidien.


Suivi pour vousRenforcer la résilience <strong>de</strong>s éleveurs à travers unmeilleur accès à l’information34Une station radio émettant en langueslocales sera bientôt mise sur pied dansla Commune d’Isiolo à l’Est du Kenya. Ceprojet financé grâce au fonds d’adaptationau changement climatique et développépar l’Institut international <strong>de</strong> l’environnementet du développement (I<strong>IED</strong>) et leDépartement météorologique du Kenya,vise à pallier le déficit d’informations <strong>de</strong>scommunautés pastorales <strong>de</strong> cette zonesur la problématique <strong>de</strong>s changementsclimatiques. La radio émettra particulièrement<strong>de</strong>s bulletins météorologiquespour permettre aux éleveurs d’anticiperet <strong>de</strong> trouver à temps <strong>de</strong>s solutionsadaptées aux problèmes engendrés parles changements climatiques. En effet, ledéveloppement du secteur <strong>de</strong> l’élevageau Kenya est sérieusement miné par <strong>de</strong>ssécheresses récurrentes occasionnantd’énormes pertes dans le cheptel national,compromettant ainsi les moyens <strong>de</strong>subsistance <strong>de</strong>s communautés pastoraleset accentuant les conflits pour le contrôle<strong>de</strong>s ressources.Selon un expert kenyan en changementclimatique, « <strong>Le</strong> manque d’informationsadaptées et l’approche axée sur les réponsesd’urgence font que les communautéssubissent les effets du changementclimatique ». Il appelle à se concentrerdavantage sur les moyens pour les communautés<strong>de</strong> résister au changement climatiqueavant <strong>de</strong> souligner que « Renforcerla résilience par l’accès à une bonneinformation est le bon choix ».Source : IRIN« AppliFish » :Une application mobile pour suivre les espèces marines en dangerL’application « AppliFish » présentée le 12mars <strong>de</strong>rnier par la FAO, a été développéepar iMarine, un consortium internationalréunissant 13 organismes <strong>de</strong> recherche,universités et organisations internationales<strong>de</strong> trois continents, grâce à l’appui financier<strong>de</strong> l’Union européenne. Cette applicationmobile gratuite offre <strong>de</strong>s informations<strong>de</strong> base sur plus <strong>de</strong> 550 espèces marines,notamment leurs appellations courantes,leur taille, leur répartition, et propose <strong>de</strong>scartes qui illustrent l’évolution <strong>de</strong> la répartition<strong>de</strong>s espèces sous l’effet du changementclimatique ainsi que les menaces quipèsent sur elles.« Grâce à AppliFish, les consommateurspeuvent choisir <strong>de</strong>s poissons qui ne sontpas en danger, ce qui ai<strong>de</strong> à garantir qu’ilen reste suffisamment pour les générationsfutures », a expliqué le Chargé d’informationsur les pêches <strong>de</strong> la FAO, MarcTaconet, dans un communiqué <strong>de</strong> presse.Dans un contexte mondial marqué par unehausse régulière <strong>de</strong>s captures et une surexploitation<strong>de</strong>s stocks <strong>de</strong> poissons, la FAOveut impliquer les consommateurs dans lecombat pour la préservation <strong>de</strong>s espècesen danger en les sensibilisant et suscitanten eux <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommationpouvant contribuer à la pérennisation <strong>de</strong>sressources halieutiques.Sources : http://www.i-marine.eu ; http://fr.allafrica.com


Suivi pour vousBientôt un observatoire pour transformeret mo<strong>de</strong>rniser les exploitations familialesdans l’espace CEDEAO<strong>Le</strong> ROPPA, dans le cadre <strong>de</strong> son planquinquennal adopté en 2011, projette<strong>de</strong> mettre en place un observatoire<strong>de</strong>s exploitations familiales et la miseen œuvre <strong>de</strong> diverses formes d’actionsvisant la transformation et la mo<strong>de</strong>rnisation<strong>de</strong> celles-ci. <strong>Le</strong>s activités valoriséesvisent également la valorisation<strong>de</strong>s productions agricoles issues <strong>de</strong> cesexploitations familiales.La nécessité <strong>de</strong> cet observatoire trouveses fon<strong>de</strong>ments dans la prédominance<strong>de</strong> l’exploitation familiale dans le <strong>système</strong>agricole <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s pays<strong>de</strong> Afrique <strong>de</strong> l’Ouest ; la connaissanceinsuffisante ou partielle <strong>de</strong> ces exploitationsfamiliales ; la nécessité <strong>de</strong> corrigerles préjugés et discours peu favorableset le peu <strong>de</strong> confiance en sa capacité ànourrir les populations <strong>de</strong> l’Afrique <strong>de</strong>l’Ouest.C’est dans cette perspective que leROPPA a réalisé une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> caractérisation<strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>sexploitations familiales comme une<strong>de</strong>s étapes dans le processus <strong>de</strong> miseen place <strong>de</strong> l’observatoire. Cette étu<strong>de</strong>a été couronnée par un atelier régionalsur la définition d’une méthodologie <strong>de</strong>suivi <strong>de</strong>s Exploitations Familiales tenudu 22 au 24 novembre 2011 à Bamako,au Mali. Il a permis <strong>de</strong> disposer :• y d’une cartographie du dispositif <strong>de</strong>suivi paysan et non paysan <strong>de</strong> l’exploitationfamiliale dans l’espaceCEDEAO ;• y d’une méthodologie consensuelle<strong>de</strong> mise en place <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong>suivi <strong>de</strong>s exploitations familiales;• y d’une feuille <strong>de</strong> route en vue <strong>de</strong> lamise en place d’un observatoire <strong>de</strong>suivi <strong>de</strong>s exploitations familiales.<strong>Le</strong>s propositions issues <strong>de</strong> la rencontre<strong>de</strong> Bamako ont ensuite été partagéeset approfondies au cours d’un autre ateliertenu à Accra du 17 au 19 décembre2012. <strong>Le</strong>s plateformes nationales duROPPA ainsi que plusieurs institutionspubliques, privées et <strong>de</strong>s organisationsprofessionnelles régionales ont prispart à cet atelier.7ème atelier Panafricainsur l’accès aux ressourcesgénétiques etle partage <strong>de</strong>s avantages(APA)La ville sud africaine <strong>de</strong> Phalaborwa aaccueilli du 25 février au 1 er mars <strong>2013</strong>le septième atelier panafricain sur l’accèsaux ressources génétiques et le partage<strong>de</strong>s avantages(APA). Cette rencontre s’inscrivaitdans le cadre <strong>de</strong> l’Initiative APA,qui apporte son appui au renforcement<strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong>s négociateurs africainsdans la préparation <strong>de</strong>s rencontres liées àla Convention sur la diversité Biologique età son protocole <strong>de</strong> Nagoya.Cette septième rencontre africaine surl’accès et le partage <strong>de</strong>s avantages <strong>de</strong>sressources génétiques faisait suite aux discussionsdu 6e atelier et a permis d’approfondirla réflexion sur un projet <strong>de</strong> lignesdirectrices <strong>de</strong> l’Union Africaine sur la miseen œuvre du protocole <strong>de</strong> Nagoya, <strong>de</strong>présenter un exemple concret <strong>de</strong> mise enœuvre nationale du protocole <strong>de</strong> Nagoya,et d’échanger autour d’autres thématiquescomme les savoirs traditionnels.Source : Issa BADOVolontaire International <strong>de</strong> la FrancophonieAssistant <strong>de</strong> projet |Négociations Internationales Environnementet Développement Durable (IFDD)35Visitezla page web<strong>de</strong> AGRIDAPEhttp//agridape.leisa.info


Sénégal :L’agriculture familiale et les produits locaux en ve<strong>de</strong>tte à la FIARA <strong>2013</strong>.L’agriculture familiale occupe une placecentrale dans l’activité économique sénégalaise.Elle est à la base <strong>de</strong> la survie <strong>de</strong>nombreuses communautés à qui elle procurenourriture et revenus. La problématique<strong>de</strong> sa valorisation était au cœur <strong>de</strong>la 14ème édition <strong>de</strong> la Foire internationale<strong>de</strong> l’agriculture et <strong>de</strong>s ressources animales(FIARA) qui s’est tenue, à Dakar, du 5 au 18mars <strong>2013</strong>.Cet évènement annuel, qui avait pourthème « quels investissements, pour quels<strong>système</strong>s <strong>de</strong> production, pour quels produits,pour quels marchés et au profit <strong>de</strong>qui? », a été mis à profit pour engager ledébat sur les politiques agricoles, sur lachaine <strong>de</strong> valeurs <strong>de</strong>s filières et, sur lesinvestissements dans l’agriculture et particulièrementl’agriculture familiale.La FIARA <strong>2013</strong> a surtout servi <strong>de</strong> vitrine<strong>de</strong> promotion <strong>de</strong>s produits locaux quiont du mal à soutenir la concurrence <strong>de</strong>sproduits étrangers à cause <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s<strong>de</strong> consommation extraverties <strong>de</strong>s sénégalais.Des expositions et <strong>de</strong>s séances<strong>de</strong> dégustation ont ponctué l’évènementpour présenter la diversité <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong>terroir, montrer toute la panoplie <strong>de</strong> platsou <strong>de</strong> produits dérivés qu’on peut en tireret inciter les sénégalais au « consommerlocal ».La FIARA est une initiative <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux plateformessénégalaises d’organisations socioprofessionnellesagricoles et rurales, leconseil national <strong>de</strong> concertation et <strong>de</strong> coopération<strong>de</strong>s ruraux (CNCR) et l’associationsénégalaise pour le développement à labase (ASPRODEB).36Conférence <strong>de</strong> Bonn sur la désertification :<strong>Le</strong> Réseau Agricultures hôte d'un atelier sur la gestion durable <strong>de</strong>sterres ari<strong>de</strong>s<strong>Le</strong> Réseau Agricultures, une plateformed’acteurs très impliqués dans la recherche<strong>de</strong> solutions au problème <strong>de</strong> ladésertification, a été l'hôte d'un atelierconsacré au thème : « Combler le fosséentre les politiques et les pratiques <strong>de</strong>gestion durable <strong>de</strong>s terres ari<strong>de</strong>s ».L’atelier a eu lieu le vendredi 12 avril<strong>2013</strong>, en marge <strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong>Bonn sur la désertification. L’ONG <strong>IED</strong>Afrique basée au Sénégal et membredu réseau Agricultures a participé à cetatelier. Elle a saisi l’occasion <strong>de</strong> cet évènementpour présenter son nouveaufilm sur l’agroforesterie, « Bénéfices etdéfis <strong>de</strong> l’agroforesterie ».Ce film passe en revue les expériences<strong>de</strong> Régénération Naturelles Assistées(RNA) menées dans le cadre <strong>de</strong> l’initiativeARI (African Regreening Initiative)dont la mise en œuvre au Sénégal estpilotée par <strong>IED</strong> Afrique. <strong>Le</strong> film présenteles avantages <strong>de</strong> la RNA et diagnostiqueles contraintes politiques et institutionnelles<strong>de</strong> la mise à l’échelle <strong>de</strong> cettemétho<strong>de</strong> agroforestière qui pourraitêtre un bon outil pour contrer la désertification.Cet atelier a aussi été une occasion pourle réseau Agricultures <strong>de</strong> plancher surles moyens <strong>de</strong> redynamiser ses outils<strong>de</strong> communication sur la désertification,notamment les magazines spéciaux surla désertification.La 2e conférence scientifique <strong>de</strong> laConvention <strong>de</strong>s Nations Unies sur lalutte contre la désertification (UNCCD)s’est tenue du 9 au 12 <strong>Avril</strong> <strong>2013</strong> àBonn, en Allemagne.<strong>Le</strong> thème central <strong>de</strong> cette rencontreétait «l'évaluation économique <strong>de</strong> ladésertification, la gestion durable <strong>de</strong>sterres et la résilience <strong>de</strong>s zones ari<strong>de</strong>s,semi-ari<strong>de</strong>s et subhumi<strong>de</strong>s sèches».Source : www.agriculturesnetwork.org

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