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Avril 2013 - Le système de riziculture intensive - IED afrique

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Paradoxes d’un <strong>système</strong> <strong>de</strong> productionagricole : la <strong>riziculture</strong> camerounaise enquelques questions !Félix Meutchieye, Richard Chin Wirnkar, Paul Esenei24<strong>Le</strong> Cameroun dépend encore largement <strong>de</strong>simportations pour satisfaire sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nationale en riz. <strong>Le</strong>s tentatives <strong>de</strong> développement<strong>de</strong> la production rizicole, amorcées<strong>de</strong>puis longtemps, ont rarement donné <strong>de</strong>srésultats probants. Mais, <strong>de</strong>puis quelquesannées l’espoir renait grâce à l’introductiondu SRI. Radioscopie du secteur rizicolecamerounais en quelques questions !Sécurité alimentaire : Unehistoire <strong>de</strong> dupes?Selon une évaluation globale, le Camerounjouit <strong>de</strong> l’autosuffisance alimentaire.Toutefois cette autosuffisance <strong>de</strong>meuretrès précaire. <strong>Le</strong>s évènements <strong>de</strong> Février2008 1 sont encore <strong>de</strong> fraîche mémoirepour témoigner <strong>de</strong> cette précarité. Ces« émeutes <strong>de</strong> la faim », même si elles ontparfois <strong>de</strong>s relents politiques, ne sont jamaistrès loin et risquent <strong>de</strong> continuer à embrasernos villes tant que <strong>de</strong>s solutions concertéeset efficaces, ne sont pas trouvées pourassurer une sécurité alimentaire durable auxpopulations. Mais l’horizon d’une abondancealimentaire pour tous semble encorelointain puisque <strong>de</strong>s données récentes <strong>de</strong> laBanque Mondiale et <strong>de</strong> l’Institut National <strong>de</strong>la Statistique révèlent qu’environ 28% <strong>de</strong>sCamerounais vivent en situation d’insécuritéalimentaire et que trois <strong>de</strong>s dix régions quecompte le pays, à savoir l’Extrême Nord(25% <strong>de</strong> taux d’autosuffisance alimentaire),le Littoral (56%), et le Nord (83%), sontdéficitaires sur le plan alimentaire. <strong>Le</strong>sdifficultés <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong>s productions entreles zones productives et les zones déficitaireset la pauvreté sont les principaux facteursà l’origine <strong>de</strong> cette insécurité. Avec unepopulation urbaine <strong>de</strong> 51% et 4 ménagesurbains sur 5 vivant essentiellement du riz,on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si les manifestations<strong>de</strong> 2008 n’étaient pas « rizogènes ». <strong>Le</strong>Cameroun est actuellement le plus grand1. <strong>Le</strong>s « émeutes <strong>de</strong> la faim » surviennent enfévrier 2008 (du 23 au 29) à la suite d'une haussegénéralisée <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> première nécessité.Ces émeutes seront amplifiées par le projet duprési<strong>de</strong>nt Paul Biya <strong>de</strong> modifier la constitution duCameroun afin <strong>de</strong> se représenter en 2011. La crisea touché principalement les gran<strong>de</strong>s villes du pays,notamment Yaoundé et Douala.Techniciens agricoles dans une exploitation rizicole au Camerounfournisseur <strong>de</strong> produits vivriers et maraîchersd’Afrique Centrale, mais paradoxalement,il doit encore importer annuellementd’énormes quantités <strong>de</strong> riz pour satisfairela <strong>de</strong>man<strong>de</strong> nationale. <strong>Le</strong> pays a importé545 000 tonnes <strong>de</strong> riz en 2011, pour 145milliards <strong>de</strong> FCFA. En 2010, les importations<strong>de</strong> riz étaient <strong>de</strong> 350 000 tonnes. Soit uneaugmentation <strong>de</strong> 35% (ACDIC, 2012).La mort prématurée <strong>de</strong>ssociétés d’encadrement a-t-ilsonné le glas <strong>de</strong> la <strong>riziculture</strong>camerounaise?<strong>Le</strong> projet d’intensification rizicole au Cameroundate <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> coloniale. En 1950,les colons français entreprennent d’intensifierla culture du riz et celle du coton pourapprovisionner les centres urbains en produitsvivriers et les industries textiles enmatières premières. L’entreprise est cependantpeu fructueuse dans l’ensemble. Dansles années 60, les autorités du Camerounindépendant, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> bailleurs <strong>de</strong>fonds internationaux déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> prendreles choses en main. Un projet rizicole <strong>de</strong>plusieurs milliers d’hectares est mis enœuvre en pays Massa.La SEMRY (Société pour l’expansion et lamo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> la <strong>riziculture</strong> à Yagoua)voit le jour à la fin <strong>de</strong>s années 60. C’estune structure gouvernementale dont lesstratégies ne sont pas très claires. <strong>Le</strong>sinterventions <strong>de</strong> toute nature (jumelage,péréquation) qui ont caractérisé les actionssuccessives <strong>de</strong> l’État pour tenter <strong>de</strong> protégerla filière riz n’ont pas davantage étécouronnées <strong>de</strong> succès et c’est surtout par<strong>de</strong>s subventions périodiques importantesque la SEMRY a pu survivre. Toutefois, lestransformations socio-économiques, quiont eu pour théâtre les aménagementshydro-agricoles <strong>de</strong> SEMRY sont, sans aucundoute, les plus importantes qu’aient connules Massa <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Yagoua. L’activitérizicole s’est peu à peu intégrée au <strong>système</strong><strong>de</strong> production <strong>de</strong>s Massa (agriculture, élevage,et pêche). <strong>Le</strong>s techniques <strong>intensive</strong>s(principalement le repiquage) ont été assimiléesrapi<strong>de</strong>ment et ont permis d’obtenir<strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments moyens élevés estimés à 5t/ha et <strong>de</strong>s revenus monétaires importants.<strong>Le</strong> potentiel <strong>de</strong> production rizicole du Camerounse situait alors principalement dansles régions <strong>de</strong> l’Extrême-Nord, du Nord, <strong>de</strong>l’Ouest et du Nord-Ouest qui représentent94% <strong>de</strong> la production et 95% <strong>de</strong>s superfi-Photo : www.fap-cameroon.page.tl

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