10.07.2015 Views

Syndrome de Goodpasture (143Kb) - CHUV

Syndrome de Goodpasture (143Kb) - CHUV

Syndrome de Goodpasture (143Kb) - CHUV

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Figure 1A: radiographie pulmonaire normaleFigure 1B: radiographie pulmonaire dans un syndrome <strong>de</strong> <strong>Goodpasture</strong>avec hémorragie dans les alvéoles pulmonaires. On observe <strong>de</strong>sinfiltrats bilatéraux diffus.<strong>Syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Goodpasture</strong>Le syndrome <strong>de</strong> <strong>Goodpasture</strong> est une affection très rare, mais dangereuse, qui apparaît sans prévenir etpeut provoquer <strong>de</strong>s lésions pulmonaires ou rénales. La maladie est provoquée par <strong>de</strong>s anticorps qui se dirigentcontre certaines structures <strong>de</strong>s poumons et <strong>de</strong>s reins. Le tabagisme favorise l’apparition <strong>de</strong> la maladie.En Suisse, trois à quatre personnes développentun syndrome <strong>de</strong> <strong>Goodpasture</strong>chaque année. Deux tiers <strong>de</strong>s patients ontentre 16 et 25 ans. Les mécanismes <strong>de</strong> lamaladie sont complexes. Le tabagismejoue un rôle important: jusqu’à 90 % <strong>de</strong>spatients sont fumeurs. L’inhalation <strong>de</strong>cocaïne, <strong>de</strong> marihuana ou <strong>de</strong> vapeursd’hydrocarbures peut aussi contribuerà l’apparition <strong>de</strong> la maladie. Une prédispositiongénétique semble également jouerun rôle. Toutefois, le principal facteurd’apparition du syndrome <strong>de</strong> <strong>Goodpasture</strong>est la présence d’anticorps dirigés contrecertaines structures normales <strong>de</strong> l’organisme(membranes basales).Attaque du système immunitaireLes membranes basales sont <strong>de</strong>s structuresmicroscopiques que l’on trouvedans <strong>de</strong> nombreux tissus <strong>de</strong> l’organisme.Elles forment une armature pour les cellules<strong>de</strong> revêtement, qui tapissent lesparois internes <strong>de</strong>s organes tels que l’estomacet l’intestin, les poumons, les vaisseauxsanguins, les glomérules rénaux etles alvéoles pulmonaires. Les membranesbasales sont constituées <strong>de</strong> collagène,dont il existe plusieurs types. Les membranesbasales <strong>de</strong>s glomérules rénaux et<strong>de</strong>s alvéoles pulmonaires sont constituées<strong>de</strong> collagène <strong>de</strong> type IV avec une protéineappelée chaîne alpha 3. Dans le syndrome<strong>de</strong> <strong>Goodpasture</strong>, l’organisme produit <strong>de</strong>santicorps dirigés contre ces chaînes alpha3. Les anticorps se fixent à cet endroit etendommagent les membranes basales.Dans les reins, une telle lésion (glomérulonéphrite)peut provoquer une défaillancerénale aiguë en quelques jours. Dans lespoumons, la lésion <strong>de</strong>s membranes basales<strong>de</strong>s alvéoles pulmonaires peut provoquerune hémorragie.Un diagnostic rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la maladieest importantLes patients atteints du syndrome <strong>de</strong>Good pasture ressentent un essoufflement,une toux et <strong>de</strong>s expectorations <strong>de</strong>sang. De gran<strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong> sang peu-16 | MALADIES PULMONAIRES RARES


Figure 2: biopsie rénale avec marquage par immunofluorescence <strong>de</strong>s anticorps antimembranesbasales. On observe <strong>de</strong>s dépôts fluorescents linéaires dans un glomérule.vent s’accumuler dans les poumons enun temps très réduit, ce qui provoqueune anémie et une absorption réduite <strong>de</strong>l’oxygène. L’atteinte rénale n’a pas <strong>de</strong>symptôme au début et ne peut être diagnostiquéeque par une analyse <strong>de</strong> sang.Un examen d’urine peut révéler une perte<strong>de</strong> globules rouges et <strong>de</strong> protéines, quiindique une lésion <strong>de</strong>s glomérules rénaux.Une radiographie du thorax (figure 1B) etle scanner (CT) montrent <strong>de</strong>s infiltrats diffusdans les poumons. Le saignementdans les alvéoles peut être diagnostiquépar une bronchoscopie avec lavage bronchoalvéolaire.Le liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong> lavage apparaîtrose ou rouge et contient <strong>de</strong> nombreuxglobules rouges. Une colorationspéciale permet <strong>de</strong> détecter la présence<strong>de</strong> fer, qui est libéré après la digestion <strong>de</strong>l’hémoglobine par les cellules immunitairesdu poumon.Le syndrome <strong>de</strong> <strong>Goodpasture</strong> doit être recherchélorsqu’une patiente / un patientjeune développe une anémie, <strong>de</strong>s expectorations<strong>de</strong> sang, <strong>de</strong>s infiltrats bilatérauxà la radiographie pulmonaire et une défaillancerénale. Le diagnostic précis doitêtre établi rapi<strong>de</strong>ment pour mettre enplace le traitement adéquat, car le syndrome<strong>de</strong> <strong>Goodpasture</strong> peut s’aggraveren quelques jours.Les anticorps dirigés contre les membranesbasales peuvent être détectés dansle sang chez près <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>s patientset permettre le diagnostic. Si l’analysesanguine ne montre pas d’anticorps, il estpossible d’effectuer une biopsie rénalesous anesthésie locale. Un colorant spécialpermet <strong>de</strong> faire apparaître les anticorpssur les membranes basales <strong>de</strong>s glomérulesrénaux et <strong>de</strong> diagnostiquer le syndrome<strong>de</strong> <strong>Goodpasture</strong> (figure 2). Il est rare d’effectuerune biopsie pulmonaire.Minimiser les lésions pulmonaireset rénalesLe traitement immédiat du syndrome <strong>de</strong><strong>Goodpasture</strong> consiste à épurer le sang<strong>de</strong>s anticorps anti-membranes basales(plasmaphérèse). De plus, la patiente / lepatient reçoit <strong>de</strong> la cortisone et <strong>de</strong>s immunosuppresseursafin <strong>de</strong> stopper la productiond’autres anticorps. En cas <strong>de</strong> lésionrénale sévère, il faut réaliser une dialyse.En cas <strong>de</strong> défaillance respiratoire, il estparfois nécessaire <strong>de</strong> recourir temporairementà la respiration artificielle. Ces traitementspeuvent permettre la guérisoncomplète. Cependant, la maladie peutdans certains cas entraîner une insuffisancerénale irréversible. Une dialyse régulière,puis une transplantation rénalesont alors nécessaires. Editeur et auteur <strong>de</strong> la série «Maladiespulmonaires rares»: Dr Romain Lazor,consultation <strong>de</strong>s pneumopathies interstitielleset maladies rares pulmonaires,Service <strong>de</strong> pneumologie, Centre HospitalierUniversitaire Vaudois <strong>CHUV</strong>, Lausanneromain.lazor@chuv.chRédaction du texte: Dr André Lauber,OftringenPhotos: mises à dispositionMALADIES PULMONAIRES RARES | 17

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!