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Je vous dirai le titre à la fin… - Forums du Champ Lacanien

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prescrite dans <strong>le</strong> discours commun.Seu<strong>le</strong>ment, c’est une dissidence indivi<strong>du</strong>el<strong>le</strong>,privée. Lacan, pour l’hystérique, a parlé degrève <strong>du</strong> symptôme hystérique. La grève,c’est un terme qui vient <strong>du</strong> col<strong>le</strong>ctif.La psychanalyse, ça traite, via <strong>le</strong> symptôme,de <strong>la</strong> jouissance rebel<strong>le</strong>, <strong>la</strong> jouissance qui necoïncide pas avec <strong>le</strong>s offres à jouir <strong>du</strong>discours commun. <strong>Je</strong> <strong>dirai</strong>s, avec <strong>la</strong>jouissance prescrite et prescrite dans sesformes. Alors, aujourd’hui, une des chosesqui caractérisent notre discours – j’empruntece que je vais dire à une notation de Lacandans Télévision, – c’est que notre jouissancese ré<strong>du</strong>it au plus-de-jouir et que, même, el<strong>le</strong>ne se dit plus autrement. C’est-à-dire quenous ne connaissons plus qu’une seu<strong>le</strong>forme de jouissance et qu’une seu<strong>le</strong> façon de<strong>la</strong> par<strong>le</strong>r. Le plus-de-jouir. Quand on dit plusde-jouir,<strong>vous</strong> voyez, ce petit plus ditbeaucoup choses. Ca dit qu’on est dans <strong>le</strong>registre <strong>du</strong> quantifiab<strong>le</strong>. Et si <strong>vous</strong> vou<strong>le</strong>zavoir une intuition de <strong>la</strong> différence, pensez àd’autres régimes de jouissance. Nous avons,dans <strong>le</strong>s <strong>Forums</strong>, à Paris, invité Jacques LeBrun à propos de son livre Le Pur Amour quipar<strong>le</strong> de Mme Guyon, une des dernièresmystiques, à l’époque de Fénelon. C’étaitune époque où <strong>la</strong> jouissance n’était pas <strong>du</strong>tout dans <strong>le</strong> registre <strong>du</strong> plus-de-jouir. Le puramour, c'était <strong>la</strong> jouissance dans <strong>le</strong> registrede l’infinitude. C’est exactement l’inverseaujourd'hui. Donc, il y a eu des époques oùon par<strong>la</strong>it de <strong>la</strong> jouissance dans <strong>le</strong> registre del’infinitude et <strong>du</strong> non quantifiab<strong>le</strong>. Alors,qu’est-ce à dire, cette petite notation deLacan « notre jouissance se ré<strong>du</strong>it au plusde-jouir» ? Eh bien, ce<strong>la</strong> veut dire que toute<strong>la</strong> jouissance que nous connaissons et quenous parlons, dans <strong>le</strong> discours commun, estune jouissance – permettez <strong>le</strong> terme –capitalisab<strong>le</strong>. Capitalisab<strong>le</strong>, c’est-à-direqu’el<strong>le</strong> se situe toute entière dans <strong>le</strong> registre<strong>du</strong> plus ou <strong>du</strong> moins et, dès qu’on est dans <strong>le</strong>plus et <strong>le</strong> moins, on est dans l’accumu<strong>la</strong>tionpossib<strong>le</strong>, on est dans <strong>la</strong> concurrence, on estdans <strong>la</strong> comparaison et, comme disent <strong>le</strong>ssujets, on est dans <strong>la</strong> gestion : « je n’arrivepas à gérer mes amours, mes orgasmes,mes sensations et toute autre chose ». Bon.Ce<strong>la</strong>, que je rappel<strong>le</strong> rapidement, c’est <strong>le</strong>résultat de trois sièc<strong>le</strong>s de science et deuxsièc<strong>le</strong>s de capitalisme, – parce que,attention, ça ne marche pas <strong>la</strong> main dans <strong>la</strong>main <strong>le</strong> capitalisme et <strong>la</strong> science- et un sièc<strong>le</strong>de psychanalyse, n’oublions pas [rires]. Maisoui ! Mais oui ! Ce que Freud a découvert etécrit dans <strong>le</strong>s Trois Essais sur <strong>la</strong> Sexualité en1905, qui n’a fait que se développer dans <strong>la</strong>psychanalyse et que Lacan a vraiment extraitet poussé, c’est <strong>le</strong> caractère partiel et morcelé desjouissances. Quand on par<strong>le</strong> d’objet partiel, depulsion partiel<strong>le</strong>, c’est de ça qu’on par<strong>le</strong>. Lajouissance n’est pas dans l’infinitude, même cel<strong>le</strong>qui se prend dans <strong>le</strong> coup<strong>le</strong> sexuel, dans <strong>le</strong> corpsà-corpssexuel. El<strong>le</strong> est dans <strong>le</strong> registre <strong>du</strong>morcelé et <strong>du</strong> partiel, avec ce que ça implique denon-béatitude, de non-satisfaction complète. Il y adonc –ça me paraît très important – une certainecongruence entre ce qui s’affirme dans <strong>le</strong> discourscapitaliste, aujourd’hui en c<strong>la</strong>ir et qu’on peutappe<strong>le</strong>r un indivi<strong>du</strong>alisme cynique et ce à quoil’analyse des symptômes con<strong>du</strong>it, et auquelLacan a donné un terme intéressant en 67 : ilpar<strong>le</strong> <strong>du</strong> « solde cynique». Le solde cynique de <strong>la</strong>psychanalyse, ça n’est rien d’autre que de fairedécouvrir à un sujet, qui est bien obligé d’yconsentir, ce caractère partiel, morcelé et noncomb<strong>la</strong>nt des jouissance de l’être par<strong>la</strong>nt. Il y aune congruence entre <strong>le</strong>s deux.Alors, ça m’amène à insister sur <strong>la</strong> question :qu’est-ce que <strong>la</strong> psychanalyse et <strong>le</strong>spsychanalystes ont à dire en propre ? Parce queje veux bien que nous parlions des phénomènesde société en tant que psychanalystes mais àcondition de ne pas répéter simp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>discours cynico-désabusé des mass-media pour<strong>le</strong>quel on n’a pas besoin des psychanalystes. Delà, je passe à une remarque sur – un bien grandmot – l’essence de <strong>la</strong> vio<strong>le</strong>nce. <strong>Je</strong> ne crois pasqu’on puisse <strong>la</strong> mettre au singulier. Il faut par<strong>le</strong>rdes vio<strong>le</strong>nces, au pluriel. <strong>Je</strong> ne par<strong>le</strong> pas de <strong>la</strong>multiplicité des phénomènes de vio<strong>le</strong>nce. <strong>Je</strong> par<strong>le</strong>des types de vio<strong>le</strong>nce. La première que je veuxévoquer, c’est <strong>la</strong> vio<strong>le</strong>nce de l’ordre. Tout ordreinstitué – ça veut dire tout discours – repose surune vio<strong>le</strong>nce instituée. C’est ce qu’on dit quand onpar<strong>le</strong> de <strong>la</strong> loi <strong>du</strong> plus fort. La loi ne fait querécupérer <strong>la</strong> vio<strong>le</strong>nce qu’on suppose naturel<strong>le</strong>. Il ya quelqu’un qui a bien aperçu ça : c’est <strong>Je</strong>an-Jacques Rousseau qui ouvrait un chapitre d’un deses discours de <strong>la</strong> façon suivante : « l’homme estné libre et, partout, il est dans <strong>le</strong>s fers ». Bien sûr,puisque partout il est dans un discours. Cettevio<strong>le</strong>nce de l’ordre institué, el<strong>le</strong> se perçoit tous <strong>le</strong>sjours. Pour vivre dans un col<strong>le</strong>ctif, on se faitvio<strong>le</strong>nce sans arrêt – il faut bien dire <strong>la</strong> vérité. «Se faire vio<strong>le</strong>nce » est d’ail<strong>le</strong>urs une expressionfort intéressante.Et puis, il y a une autre vio<strong>le</strong>nce, <strong>la</strong> vio<strong>le</strong>nce queje vais appe<strong>le</strong>r <strong>du</strong> désordre. La vio<strong>le</strong>nce qui éc<strong>la</strong>teen s’opposant aux impératifs et aux contraintes del’ordre institué. C’est <strong>la</strong> vio<strong>le</strong>nce transgressive.C’est cel<strong>le</strong> dont on par<strong>le</strong> d’ail<strong>le</strong>urs en général.Cel<strong>le</strong>s que j’ai énumérées au début, c’est decel<strong>le</strong>-là que je par<strong>la</strong>is, <strong>la</strong> vio<strong>le</strong>nce de désordre.Mais il y en a une troisième. Ça me paraît capitalmais je ne peux pas <strong>le</strong> développer. Ce serait ceque je vais appe<strong>le</strong>r une vio<strong>le</strong>nce instituante. Nonpas instituée mais instituante. Il y a eu, à ce sujet,2

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