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Je vous dirai le titre à la fin… - Forums du Champ Lacanien

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Co<strong>le</strong>tte SOLER<strong>Je</strong> <strong>vous</strong> <strong>dirai</strong> <strong>le</strong> <strong>titre</strong> à <strong>la</strong> findans <strong>le</strong>s années vingt, de grands débats, quiont d’ail<strong>le</strong>urs été évoqués récemment dans <strong>la</strong>presse, en France au moins, parce qu’il y aeu des rééditions des uvres de Karl Schmitet de Walter Benjamin. La même année,1922, Karl Schmit publie un texte quis’appel<strong>le</strong> Théologie Politique. Étrangemariage de termes. Ce Karl Schmit est trèssuspect idéologiquement. Ses sympathies etson soutien au nazisme ont été <strong>la</strong>rgementdénoncés et il a eu quelques ennuis. A <strong>la</strong>même époque, Walter Benjamin, qui est del’autre bord idéologiquement, antifasciste,écrit un texte qui s’appel<strong>le</strong> Critique de <strong>la</strong>Vio<strong>le</strong>nce. Dans Critique de <strong>la</strong> Vio<strong>le</strong>nce, ilintro<strong>du</strong>it <strong>la</strong> notion de ce qu’il appel<strong>le</strong> « <strong>la</strong>vio<strong>le</strong>nce divine ». Divine ! Ce n'est pasthéologie politique mais c’est théologie de <strong>la</strong>vio<strong>le</strong>nce, en quelque sorte. Ce que <strong>le</strong>s deuxauteurs cib<strong>le</strong>nt avec des idéologiescomplètement opposées, c'est <strong>le</strong> mêmepoint. C’est que <strong>le</strong> champ où se déploient cesdeux vio<strong>le</strong>nces, cel<strong>le</strong> de l’ordre des discourset cel<strong>le</strong> <strong>du</strong> désordre des transgressions, estimpensab<strong>le</strong> sans un point d’exception qui esthors de ce champ et qui <strong>le</strong> fonde. Ce queKarl Schmit appel<strong>le</strong> « l’exception souveraine». Quand Lacan écrit <strong>le</strong>s formu<strong>le</strong>s de <strong>la</strong>sexuation, « l’exception au pour tous » et « <strong>la</strong>castration pour tous moins un», on est danscette structure. C’est-à-dire que ce<strong>la</strong> désigne<strong>le</strong> point de <strong>la</strong> structure où on n’est ni dansl’ordre ni dans <strong>le</strong> désordre, <strong>le</strong> point d’où toutémerge, d’où peut émerger <strong>la</strong> création exnihilo, d’où peut émerger l’acte,éventuel<strong>le</strong>ment analytique, mais passeu<strong>le</strong>ment, d’où émerge, au fond, toutengagement vital premier d’un indivi<strong>du</strong>.La question se pose de savoir comment <strong>la</strong>psychanalyse se situe par rapport à ces troisstrates de <strong>la</strong> vio<strong>le</strong>nce. Partons de l’évidenceclinique. Ce que nous rencontrons d’abord,ce que nous recevons dans <strong>la</strong> psychanalyse,ce sont <strong>le</strong>s éclopés <strong>du</strong> surmoi social, <strong>le</strong>surmoi capitaliste. Les éclopés <strong>du</strong> surmoisocial c’est-à-dire ceux qui ne parviennentpas à entrer dans <strong>le</strong>s requisits, dans <strong>le</strong>sdemandes, dans <strong>le</strong>s offres de l’Autre de <strong>le</strong>urtemps. Fina<strong>le</strong>ment, <strong>la</strong> pulsion, ça n’est pas <strong>la</strong>première vio<strong>le</strong>nce pour l’être par<strong>la</strong>nt. On croitque <strong>le</strong> grand secret de <strong>la</strong> vio<strong>le</strong>nce c’est <strong>la</strong>pulsion. C’est juste à certains égards mais cen’est pas <strong>la</strong> première strate. La premièrestrate de <strong>la</strong> vio<strong>le</strong>nce, c’est l’antécédence del’Autre qui par<strong>le</strong> sur l’indivi<strong>du</strong> qui naît. Sur <strong>la</strong>naissance. Le premier vrai traumatisme, c’estde naître dans <strong>le</strong> ventre de l’Autre qui par<strong>le</strong>avant <strong>vous</strong>, pour <strong>vous</strong>, sur <strong>vous</strong>, et auquel<strong>vous</strong> ne pouvez plus échapper. Au fond, <strong>la</strong>Association des <strong>Forums</strong> <strong>du</strong> <strong>Champ</strong> <strong>Lacanien</strong> de WallonieColloque <strong>du</strong> 3 mai 2003 ACTES3première vio<strong>le</strong>nce, c’est <strong>le</strong> viol fait à <strong>la</strong> vie,j’entends <strong>la</strong> vie anima<strong>le</strong>, par l’Autre par<strong>la</strong>nt.Cette aliénation aux signifiants et à <strong>la</strong> voix del’Autre, que tout enfant rencontre dès l’origine, el<strong>le</strong>est pro<strong>du</strong>ctrice de symptômes. C’est pour ça que,à l’occasion, el<strong>le</strong> con<strong>du</strong>it, à terme, chez unpsychanalyste. Nous recevons aujourd’hui <strong>le</strong>s «symptômatisés » <strong>du</strong> discours capitaliste <strong>du</strong> débutXXI e . Ce ne sont pas <strong>le</strong>s mêmes que ceux <strong>du</strong>début XX e . A bien des égards, certaines chosesont changé.Alors, je voudrais dire quelques mots sur <strong>le</strong>simpératifs nouveaux <strong>du</strong> discours capitaliste. <strong>Je</strong>crois que <strong>le</strong> discours capitaliste pro<strong>du</strong>it, engendrede nouveaux semb<strong>la</strong>nts, de nouveaux impératifsqui prennent des formes très concrètesvéhiculées dans <strong>la</strong> presse, à <strong>la</strong> télévision, partout,mais qui, grosso modo, se ramènent à unimpératif et une idéologie de <strong>la</strong> réussite. Unevariante de l’impératif <strong>du</strong> bonheur, <strong>la</strong> réussite. Laréussite, on <strong>vous</strong> <strong>la</strong> prescrit dans tous <strong>le</strong>sdomaines. Dans <strong>le</strong> domaine affectif, il faut réussirson coup<strong>le</strong>, il faut réussir sa famil<strong>le</strong>, l’é<strong>du</strong>cation deses enfants, sa profession, il faut rester jeune,performant, énergique, beau, etc. C’est délirant,<strong>le</strong>s impératifs que développe notre discoursactuel<strong>le</strong>ment. C’est un discours dont l’idéologiemasque <strong>le</strong> moins-de-jouir, comme dit J.P. Lebrun,mais il ne <strong>le</strong> supprime pas. Plutôt que d’unenécessité <strong>du</strong> moins-de-jouir, je poserais qu’il y atoujours <strong>du</strong> moins-de-jouir, effet de <strong>la</strong>prééminence de l’Autre . Les discours <strong>le</strong> traitent,ce moins-de-jouir. Le discours capitaliste essayede <strong>le</strong> traiter en <strong>le</strong> masquant avec son impératif de« plus ». Plus-de-jouir, plus de consommation,plus d’accumu<strong>la</strong>tion, plus de p<strong>la</strong>isir, etc.Seu<strong>le</strong>ment, que découvre-t-on ? D’abord, c’est undiscours sans aucune transcendance, parce que,évidemment, <strong>le</strong> plus-de-jouir, ça n’est pas unetranscendance. Et malheureusement, <strong>le</strong>s êtrepar<strong>la</strong>nts, justement parce qu’ils ont subi <strong>la</strong>négativation <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngage, aspirent à <strong>la</strong>transcendance. C'est dangereux cette absence.Ce<strong>la</strong> peut con<strong>du</strong>ire à des transcendancesdangereuses.Discours sans transcendance mais surtout, <strong>le</strong>pousse-au-plus-de-jouir génère solidairement <strong>le</strong>moins-de-jouir. Pas seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> couvre. Legénère. C’est <strong>la</strong> thèse de Lacan dansRadiophonie. El<strong>le</strong> me paraît capita<strong>le</strong> et jem’explique ainsi ce qu’évoquait ChristianDemoulin, qu'un auteur, de façon trèssurprenante, par<strong>le</strong> différemment de tout <strong>le</strong> mondeet, au lieu de mettre l’accent sur <strong>le</strong>s affres <strong>du</strong>discours actuel, dise « Mais non. Le discourscapitaliste est plutôt un discours qui tasse <strong>le</strong>svio<strong>le</strong>nces ». Quelqu’un qui nous dresse <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au<strong>du</strong> capitalisme soft alors que tout <strong>le</strong> monde criesur <strong>le</strong> capitalisme horrib<strong>le</strong>. <strong>Je</strong> me l’explique

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