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la diversité déployée au sein de l'université d ... - Philippe Pierre

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RedalycSistema <strong>de</strong> Información CientíficaRed <strong>de</strong> Revistas Científicas <strong>de</strong> América Latina, el Caribe, España y PortugalDrummond-Guitel, VirginiaLA DIVERSITÉ DÉPLOYÉE AU SEIN DE L'UNIVERSITÉ D'ENTREPRISE:L'APPLICATION CONCRÈTE D'UNE VALEUR ADOPTÉE PAR LA DIRECTIONGÉNÉRALERevista <strong>de</strong> Administração FACES Journal, vol. 8, núm. 3, julio-septiembre, 2009, pp. 73-86Universida<strong>de</strong> FUMECMinas Gerais, BrasilDisponible en: http://redalyc.uaemex.mx/src/inicio/ArtPdfRed.jsp?iCve=194016889006Revista <strong>de</strong> Administração FACES JournalISSN (Versión impresa): 1517-8900faces@fumec.brUniversida<strong>de</strong> FUMECBrasil¿Cómo citar? Número completo Más información <strong>de</strong>l artículo Página <strong>de</strong> <strong>la</strong> revistawww.redalyc.orgProyecto académico sin fines <strong>de</strong> lucro, <strong>de</strong>sarrol<strong>la</strong>do bajo <strong>la</strong> iniciativa <strong>de</strong> acceso abierto


LA DIVERSITÉ DÉPLOYÉE AU SEIN DE L’UNIVERSITÉ D’ENTREPRISE : L’APPLICATION CONCRÈTE D’UNE VALEUR ADOPTÉE PAR LA DIRECTION GÉNÉRALEADMINISTRAÇÃODE RECURSOSHUMANOS72FACES R. Adm. · Belo Horizonte · v. 8 · n. 3 · p. 73-86 · jul./set. 2009


LA DIVERSITÉ DÉPLOYÉE AU SEIN DE L’UNIVERSITÉ D’ENTREPRISE : L’APPLICATION CONCRÈTE D’UNE VALEUR ADOPTÉE PAR LA DIRECTION GÉNÉRALEtop management have successfully been applied in the process of recruitment and conveyedto managers during training within the framework of the Corporate University. Data hasbeen obtained through a qualitative analysis of semi-structured interviews: 10 (ten) topdirectors having e<strong>la</strong>borated the training and 42 (forty-two) managers having participated tothe program. The outcomes confirm the reaching of a strategic goal of Training, though theconsolidation of a Shared Vision (SENGE, 1991) and the confirmation of a strong feeling ofattachment to the Organizational Culture (SCHEIN, 1995). Managers have been selectedaccording to their different jobs, national cultures and different sectors which concretelyasserts the promotion of diversity within a huge international European company.KEYWORDSCorporate University. Diversity. Training. Shared Vision. Difference.RESUMOA diversida<strong>de</strong>, transformada num valor incontornável, adotado pelos gran<strong>de</strong>s grupos, aindaprecisa encontrar os meios concretos para ser integrada às práticas <strong>de</strong> RH e à mentalida<strong>de</strong>das pessoas. O presente artigo objetiva mostrar como os valores da diversida<strong>de</strong>, adotadospe<strong>la</strong> direção geral tem sido expressos e aplicados num processo <strong>de</strong> seleção <strong>de</strong> candidatosa uma formação contínua em uma gran<strong>de</strong> organização internacional. Por meio da aplicação<strong>de</strong> um método qualitativo <strong>de</strong> pesquisa, em que 10 (<strong>de</strong>z) dirigentes conceberam o curso,cujo programa foi seguido por 42 (quarenta e dois) gerentes, confirmou-se a consecuçãodo fim estratégico <strong>de</strong>ssa formação, ou melhor, a consecução <strong>de</strong> uma visão partilhada (SEN-GE, 1991), pe<strong>la</strong> consolidação <strong>de</strong> um forte sentimento <strong>de</strong> pertença à cultura organizacional(SCHEIN, 1995). Os gerentes foram selecionados segundo suas diferentes profissões,culturas profissionais e diferentes setores <strong>de</strong> ativida<strong>de</strong>s, confirmando assim a promoção dadiversida<strong>de</strong> <strong>de</strong>ntro da organização.PALAVRAS-CHAVE:Universida<strong>de</strong> corporativa. Diversida<strong>de</strong>. Formação. Visão compartilhada. Alterida<strong>de</strong>.LA DIVERSITÉ DÉPLOYÉE AU SEIN DEL’UNIVERSITÉ D’ENTREPRISE: L’APPLICATIONCONCRÈTE D’UNE VALEUR ADOPTÉE PAR LADIRECTION GÉNÉRALELes universités d’entreprise et <strong>la</strong> formationcomme outils stratégiques pour ledéveloppement <strong>de</strong>s ressources humainesDans le cadre du présent article nouscommencerons par justifier les spécificités quiren<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> formation un puissant outil <strong>de</strong>déploiement stratégique et <strong>de</strong> réaménagement <strong>de</strong>référentiels individuels et collectifs <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong>sorganisations pour ensuite nous consacrer <strong>au</strong>concept d’université d’entreprise.74FACES R. Adm. · Belo Horizonte · v. 8 · n. 3 · p. 73-86 · jul./set. 2009


VIRGINIA DRUMMOND-GUITELLa diversité sera ensuite traitée sous uneoptique <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s rapports à l’altérité etcomme valeur intrinsèque, qui mène malgré elleà une réorganisation <strong>de</strong> paradigmes et <strong>de</strong> valeursi<strong>de</strong>ntitaires individuels et organisationnels. Nousprésenterons quelques informations sur leprogramme <strong>de</strong> formation étudié et <strong>la</strong>méthodologie adoptée pour <strong>la</strong> récolte et l’analyse<strong>de</strong> données. Enfin, nous présenterons les résultats<strong>de</strong>s analyses suivis d’une brève conclusion qui apour but non pas <strong>de</strong> clôturer <strong>la</strong> discussion maisd’ouvrir les perspectives pour <strong>de</strong> futuresrecherches sur le thème.La formation et ses effets stratégiquesDans un article sur <strong>la</strong> formation continue(THEVENET, 1987) souligne les caractéristiquesqui ren<strong>de</strong>nt une situation <strong>de</strong> formationspécifiquement propice à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong>stratégie <strong>de</strong> l’entreprise, à <strong>la</strong> communication <strong>de</strong> <strong>la</strong>culture organisationnelle par celle-ci. En mêmetemps, ce chercheur rappelle que pour ceux quiparticipent à une formation, se manifeste <strong>la</strong>sensation <strong>de</strong> participer à un processus <strong>de</strong>changement, à une affirmation d’une forme <strong>de</strong>pensée, à une confirmation <strong>de</strong>s appartenances <strong>au</strong><strong>sein</strong> d’une organisation, à un groupe professionnel,ou à une culture fonctionnelle. L’<strong>au</strong>teur affirmeque <strong>la</strong> dimension symbolique <strong>de</strong> <strong>la</strong> formationpermet <strong>la</strong> transformation, car elle rend possible ledéveloppement <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ns (Networking) quipeuvent tisser <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions assez fortes pourreconstruire <strong>de</strong>s valeurs, établir un nouvel équilibresocial <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> l’organisation, faire émerger,confirmer ou tester <strong>de</strong>s valeurs existants <strong>au</strong> <strong>sein</strong>du groupe.Or, lors d’une formation, il y a un phénomène<strong>de</strong> l’encouragement <strong>de</strong> l’attachement <strong>de</strong> l’individuà l’entreprise, car les personnes se sententmotivées et reconnues, étant donne qu’elles ontété choisies. L’organisation investit en elles. Laformation peut ainsi être perçue comme une sorte<strong>de</strong> rite compensatoire pour échapper à <strong>la</strong> lour<strong>de</strong>ur<strong>de</strong> <strong>la</strong> routine quotidienne. De plus, dans le contactavec les <strong>au</strong>tres, les individus peuvent partager leurspréoccupations et leurs problèmes et voir qu’ilsne sont pas seuls à leur échelle pour affronter lestracas du quotidien. Il y a en quelque sorte unehumanisation <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> l’organisation. Onconnaissait déjà les départements par leurs sigleset l’intranet mais là, c’est différent, parce que plusconcret car on voit les individus. Le climat établipar <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>vient alors un terrain propicepour développer une vision partagé et pourinculquer <strong>de</strong>s nouvelles valeurs et <strong>de</strong> nouvellesorientations stratégiques comme <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>diversité.La mise en p<strong>la</strong>ce d’une vision partagée à travers<strong>la</strong> formationC’est (SENGE, 1991) qui a développé cetteoptique, qui voit l’organisation comme un systèmecollectif et <strong>la</strong> culture organisationnelle comme uneconstruction commune émergente et évolutiveissue <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong>s individus qui <strong>la</strong>composent. Selon (THEVENET, 1993), dans cetteapproche <strong>de</strong> <strong>la</strong> vision partagée, tout comme <strong>la</strong> vied’une personne peut se structurer <strong>au</strong>tour <strong>de</strong>sexpériences, <strong>de</strong>s scenarii, <strong>de</strong>s logiques, lesorganisations peuvent, elles <strong>au</strong>ssi, se développeren tant que collectivités ayant une « psychologie »propre.Les trav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> (SENGE, 1991) montrentcomment les visions individuelles sont directementà <strong>la</strong> base d’une vision partagée <strong>de</strong> l’ensemble etétablissent l’articu<strong>la</strong>tion entre les individus etl’organisation. On part du principe quel’organisation évolue en s’adaptant, ou endécouvrant quelque chose <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong> quirépon<strong>de</strong> mieux <strong>au</strong>x besoins <strong>la</strong>tents et qu’elle doitle faire en développant son désir d’apprendre.L’entreprise apprenante se doit <strong>de</strong> construire unevision partagée à partir <strong>de</strong>s visions individuelles,<strong>au</strong>trement dit, les membres d’une organisationexaminent dans quelle mesure les structures etles schémas ment<strong>au</strong>x actuels doivent être remisFACES R. Adm. · Belo Horizonte · v. 8 · n. 3 · p. 73-86 · jul./set. 2009 75


LA DIVERSITÉ DÉPLOYÉE AU SEIN DE L’UNIVERSITÉ D’ENTREPRISE : L’APPLICATION CONCRÈTE D’UNE VALEUR ADOPTÉE PAR LA DIRECTION GÉNÉRALEen c<strong>au</strong>se pour progresser vers <strong>la</strong> vision.L’organisation est perçue comme un rése<strong>au</strong>dynamique <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tion et d’accord. Le travail enéquipe et dans une <strong>la</strong>rge mesure, <strong>la</strong> formation,permettra <strong>au</strong>x individus <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> l’organisation<strong>de</strong> remettre en c<strong>au</strong>se leurs habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> penséeet <strong>de</strong> comportement, et à réfléchir <strong>au</strong>xconséquences involontaires <strong>de</strong> leurs décisions.L’<strong>au</strong>teur i<strong>de</strong>ntifie cinq disciplines pour mettreen pratique cette structuration : <strong>la</strong> constructiond’une vision partagée, <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> <strong>la</strong> maîtrisepersonnelle, <strong>la</strong> remise en c<strong>au</strong>se <strong>de</strong>s schémasment<strong>au</strong>x, <strong>la</strong> prise en compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> penséesystémique et l’apprentissage en équipe. La bonnearticu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> ces cinq disciplines dont cettecréation d’une vision partagée serait à <strong>la</strong> base dusuccès <strong>de</strong> l’entreprise apprenante.La formation se prête bien à l’imp<strong>la</strong>ntation <strong>de</strong>sdisciplines : à travers le brassage <strong>de</strong> différentescultures professionnelles, nationales etorganisationnelles d’un même ensemble, on peutpousser les individus à réfléchir sur leurs schémasment<strong>au</strong>x et leurs idées reçues. On peut les fairetravailler en équipe et développer <strong>de</strong>s rése<strong>au</strong>x, leurcommuniquer une vision systémique <strong>de</strong>l’organisation en souhaitant qu’à travers <strong>la</strong>transaction i<strong>de</strong>ntitaire (cf. DUBAR, 2000;SAINSAULIEU, 1987) qui se mettra en p<strong>la</strong>ce, ilsretrouveront un é<strong>la</strong>n plus important d’i<strong>de</strong>ntificationavec le global contribuant ainsi à <strong>la</strong> constructiond’une i<strong>de</strong>ntité organisationnelle plus soli<strong>de</strong>.Cette approche stratégique <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation nepourrait que trouver dans les universitésd’entreprise une p<strong>la</strong>ce privilégiée pour leurconcrétisation. Cependant, on constate dans lemon<strong>de</strong> francophone, qu’on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> encorece qui est une université d’entreprise et en quoielle transforme à jamais <strong>la</strong> formation dans un outilstratégique pour <strong>la</strong> mise en pratique <strong>de</strong> <strong>la</strong> stratégiegénérale. Nous nous sommes intéressées àcomprendre ce qui étaient ces entités, leur origineet leur nature, ainsi que leur mission <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong>sorganisations.Les universités d’entrepriseLes entités i<strong>de</strong>ntifiées sous le nom d’universitésd’entreprises constituent <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x acteurs <strong>de</strong>formation, <strong>de</strong> communication et d’apprentissageorganisationnel dont les caractéristiques et les effetssont encore peu explorés <strong>de</strong> nos jours dans <strong>la</strong>recherche en gestion. Néanmoins, il est c<strong>la</strong>ir queces entités sont <strong>de</strong>s structures à vocationstratégique plus importante que les anciens« centres <strong>de</strong> formation interne » car elles ont entre<strong>au</strong>tres pour but <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> culture d’entreprisecomme référentiel <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> l’organisation parrapport <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres cultures et sous-culturesexistantes. Ce sont elles qui vont permettre parexemple <strong>de</strong> discuter <strong>de</strong>s différences entre lescultures et <strong>de</strong> mettre ainsi en p<strong>la</strong>ce plus facilement<strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> transversalité <strong>de</strong>s équipes, unetendance qui se voit confirmée <strong>de</strong> nos joursnotamment dans les entreprises internationales.Outre une fonction intégrationniste, l’universitéd’entreprise s’avère être un espace <strong>de</strong> discussion,<strong>de</strong> veille stratégique et d’apprentissage appliqué à<strong>la</strong> réalité du quotidien et <strong>de</strong> l’entreprise.La plupart <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x qui portent sur lesuniversités d’entreprise ont été réalisés <strong>de</strong>puis lesannées 80 soit <strong>au</strong>x USA, (dans ce pays, leurnombre dépasse 2000 en 2001), soit <strong>de</strong>puis <strong>la</strong>fin <strong>de</strong>s années 90, <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-Uni. Il existe dansle mon<strong>de</strong> anglo-saxon <strong>de</strong>ux revues spécialiséesdatant <strong>de</strong>s années 80, sur ces entités : « TheCorporate University Review » et « The NewCorporate University Review » fondée par uncourant dissi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> première revue.Les universités d’entreprise sont <strong>de</strong>s acteursimportants <strong>de</strong> l’apprentissage <strong>de</strong>s individus, voire<strong>de</strong> l’apprentissage organisationnel lui-même. Atravers ces entités, l’apprentissage se déroule enpartenariat interne et / ou externe. Il s’appuie sur<strong>la</strong> responsabilité commune <strong>de</strong>s programmes et<strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> vérification<strong>de</strong>s résultats. La notion <strong>de</strong> partage semble être unfacteur essentiel <strong>de</strong> toute université d’entreprisepuisque, à travers son université, l’organisation va76FACES R. Adm. · Belo Horizonte · v. 8 · n. 3 · p. 73-86 · jul./set. 2009


VIRGINIA DRUMMOND-GUITELproposer une approche globale d’elle-même quant<strong>au</strong> développement <strong>de</strong> l’apprentissage sur les lieux<strong>de</strong> travail.D’une manière générale, <strong>la</strong> réalité nous montreque pour remplir leurs objectifs <strong>de</strong> formation et<strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong> leursmanagers, <strong>de</strong>ux solutions s’offrent <strong>au</strong>x entreprises:<strong>la</strong> sous-traitance ou <strong>la</strong> formation interne.Avec <strong>la</strong> sous-traitance, l’entreprise fait appel à<strong>de</strong>s col<strong>la</strong>borateurs externes <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> renomméetels que les programmes MBA <strong>de</strong> l’INSEAD, ou <strong>de</strong><strong>la</strong> London Business School. Elle n’a alorspratiquement <strong>au</strong>cune <strong>au</strong>tonomie pour définir lecontenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation proposée à sescol<strong>la</strong>borateurs et doit accepter ce que lespartenaires lui imposent.Le choix interne exige <strong>au</strong> contraire quel’entreprise crée un centre interne pour dispenser<strong>la</strong> formation et orienter le développement <strong>de</strong>spersonnes. L’université interne s’insère dans cetteoptique. Elle implique une négociation avec lesdifférents partenaires sur les contenus <strong>de</strong> <strong>la</strong>formation, une analyse conjointe <strong>de</strong>s profils <strong>de</strong>sintervenants et le nombre d’heures consacrées <strong>au</strong>xinterventions externes.Les universités d’entreprise sont normalementdotées d’une personnalité juridique propre. Il s’agitle plus souvent d’une association à but non lucratifqui appartient <strong>au</strong> groupe mais qui possè<strong>de</strong>l’<strong>au</strong>tonomie nécessaire pour signer <strong>de</strong>s contratsavec ses partenaires externes. L’organisation <strong>de</strong>ces entités peut varier d’une entreprise à une <strong>au</strong>tre.L’université d’entreprise peut être concrétisée parun lieu spécifique (un campus, un châte<strong>au</strong> ou ungratte-ciel peu importe) mais elle peut <strong>au</strong>ssi êtreune ressource immatérielle, incorporelle, virtuelle,et n’exister qu’<strong>au</strong> travers <strong>de</strong>s représentations <strong>de</strong>sacteurs qui <strong>la</strong> composent. Par les formationsdispensées dans le cadre <strong>de</strong> cette entité,l’entreprise peut communiquer, en plus d’offrir unenseignement <strong>de</strong> qualité en pratiques <strong>de</strong> gestion,préciser les princip<strong>au</strong>x axes <strong>de</strong> sa stratégie et ainsiconsoli<strong>de</strong>r une plus gran<strong>de</strong> adhésion <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>riésà sa culture.Le terme « Corporate University » n’acquiert sapopu<strong>la</strong>rité que vers <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s années 80 maisle concept est dès lors employé <strong>de</strong> manière floueet imprécise.Dans son ouvrage sur les universitésd’entreprise, <strong>la</strong> consultante Annick Ren<strong>au</strong>d-Colon,prési<strong>de</strong>nte du Club Européen <strong>de</strong>s Universitésd’entreprise, nous rappelle que le choix <strong>de</strong> <strong>la</strong>terminologie « université » pour <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>ces entités n’est pas anodin. Dans certains cas,surtout dans les pays en voie <strong>de</strong> développementcomme l’In<strong>de</strong> ou le Brésil, ces associationsadoptent une vocation éducative qui prétendcombler les <strong>la</strong>cunes d’un système nationald’éducation précaire. Par contre, en Australie parexemple, <strong>la</strong> loi interdit d’utiliser le terme« University » pour nommer ces entités qui sontperçues <strong>de</strong> manière péjorative par les universitaires,comme <strong>de</strong>s outils managéri<strong>au</strong>x d’endoctrinementet non comme <strong>de</strong>s commun<strong>au</strong>tés <strong>de</strong> savoirs. Ainsiobserve-t-on une polysémie pour i<strong>de</strong>ntifier cesentités : Aca<strong>de</strong>my, Institute, Académie, Centre ou<strong>au</strong>tres (RENAUD-COLON, 2002).(MEISTER, 1997) cite General Motors comme<strong>la</strong> première organisation à avoir créé une universitéinterne en 1927 : La General Motors Engineeringand Management Institute (GMI). Le principefondateur en était l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> productivitéà travers le développement du capital humain, cequi <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> nos jours l’un <strong>de</strong>s princip<strong>au</strong>x motifsqui amènent les organisations à investir dans <strong>la</strong>création <strong>de</strong> leur propre université interne.La GMI a commencé par développer et mettreen p<strong>la</strong>ce ses propres programmes sans faire appelà <strong>de</strong>s partenaires externes. En se privant <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>d’un organisme pour concevoir et organiser lesdifférentes formations <strong>de</strong>stinées à ses employés,elle a ainsi prédiqué une formation centralisée etexclusivement tournée vers ses besoins internes.Cette démarche propre à General Motors, à savoirFACES R. Adm. · Belo Horizonte · v. 8 · n. 3 · p. 73-86 · jul./set. 2009 77


LA DIVERSITÉ DÉPLOYÉE AU SEIN DE L’UNIVERSITÉ D’ENTREPRISE : L’APPLICATION CONCRÈTE D’UNE VALEUR ADOPTÉE PAR LA DIRECTION GÉNÉRALE<strong>au</strong>gmenter sa productivité et sa compétitivité enformant ses employés en interne, a constitué l’un<strong>de</strong>s antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> l’organisation apprenante.Certains <strong>au</strong>teurs, comme (CRANCH,1987),font remonter encore plus loin <strong>la</strong> genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong>première université d’entreprise avec, en 1914, <strong>la</strong>mise en p<strong>la</strong>ce par le Dr. Charles Steinmetz, <strong>de</strong>programmes <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>stinés <strong>au</strong>x employés<strong>de</strong> <strong>la</strong> General Electric. La recherche d’uneamélioration <strong>de</strong>s productivités est toujours là. Cesprogrammes étaient bien entendu é<strong>la</strong>borés enfonction <strong>de</strong>s intérêts internes <strong>de</strong> l’organisation. Ilsavaient pour finalité <strong>de</strong> former et <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r lessa<strong>la</strong>riés performants.L’esprit était animé par les besoins et lesintérêts <strong>de</strong> l’entreprise qui n’accor<strong>de</strong>nt que peud’attention <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> personnel par <strong>la</strong> délivranceéventuelle d’un diplôme ou d’un certificat qui<strong>au</strong>raient valorisé les participants. Il n’est pasquestion d’entrer dans une logique <strong>de</strong>développement personnel ou <strong>de</strong> reconnaissance<strong>de</strong>s compétences managériales <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>riés. Il s’agit<strong>de</strong> situer dans une logique taylorienne qui chercheà atteindre une plus gran<strong>de</strong> productivité entransmettant <strong>de</strong>s directives <strong>de</strong>stinées à obtenirl’optimisation et <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s ressourcesdisponibles et notamment celles <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>riésconcernés .Cranch (1987) le confirme dans sonrétrospectif historique en signa<strong>la</strong>nt que lesuniversités d’entreprise, <strong>au</strong> début du XX siècle,s’inscrivaient encore dans <strong>la</strong> logique <strong>de</strong> <strong>la</strong>Révolution Industrielle et se développaientprincipalement dans les secteurs suivants : <strong>la</strong>sidérurgie, le textile, l’<strong>au</strong>tomobile, les assurances,les publications, <strong>la</strong> production et <strong>la</strong> distributiond’énergie, et les industries chimiques. Tant queles diplômes et les certificats n’étaient pas exigésou valorisés pour exercer une activitéprofessionnelle, <strong>de</strong> nombreuses entreprises ontpréféré développer leurs propres programmes <strong>de</strong>formation, certaines limitant volontairement lesinformations accordées à leurs employés. EnEurope, ce<strong>la</strong> se faisait surtout en termes <strong>de</strong>formations internes.Dans le contexte pragmatique américain oùelles ont vu le jour, ces entités <strong>de</strong> formationn’étaient considérées à leur début que comme<strong>de</strong>s moyens pour développer <strong>la</strong> formation sur lelieu <strong>de</strong> travail. Mais <strong>de</strong> cette manière, ellescontribueront <strong>au</strong> <strong>sein</strong> d’un mouvement plus <strong>la</strong>rgeet à leur insu, à une forme d’éducation ‘supérieure’généralement très chère <strong>au</strong>x USA.Ni <strong>la</strong> GMI, ni le centre <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> GeneralElectric ne se reconnaissaient alors en tantqu’universités d’entreprise et le terme ang<strong>la</strong>isCorporate Universities n’existait pas encore.Cependant leur influence dans <strong>la</strong> perception <strong>de</strong>leur rôle d’éducateur, a été considérable. Cesdémarches à l’égard du capital humain, détachées<strong>de</strong>s institutions sco<strong>la</strong>ires ou <strong>de</strong>s partenairesexternes, ont contribué à forger un sentiment social<strong>de</strong> « légitimité éducative » par rapport à ces entités,une expérience propre idiosyncrasique <strong>au</strong> contexted’apprentissage nord-américain caractérisé par lepragmatisme.(EURICH, 1985) confirme que tout <strong>au</strong> longdu XX siècle, entre les années 1920 et 1980, <strong>de</strong>nombreuses organisations ont acquis une certainereconnaissance publique, reconnaissance renduelégitime par <strong>la</strong> délivrance d’un certificat pour leurspropres programmes <strong>de</strong> développement dupersonnel. Dans <strong>de</strong>s secteurs <strong>au</strong>ssi variés que lesbanques, les assureurs, les cabinets <strong>de</strong> consultants,les associations d’architectes, les industries textiles,les entreprises d’électronique, les firmesd’ingénierie, les organisations <strong>de</strong> santé, lesfabricants d’ordinateurs.Les années 80 ont représenté un grandtournant pour les universités d’entreprise quiprennent alors <strong>de</strong> l’ampleur sur le p<strong>la</strong>ninternational. Leurs structures passent par <strong>de</strong>sréformes importantes qui vont à jamais lesdifférencier <strong>de</strong>s modèles très centralisés etcontrôlés, tels que les GMI et le centre <strong>de</strong> formation<strong>de</strong> <strong>la</strong> G.E. du début du siècle. Dans cette nouvelle78FACES R. Adm. · Belo Horizonte · v. 8 · n. 3 · p. 73-86 · jul./set. 2009


VIRGINIA DRUMMOND-GUITEL<strong>de</strong> recrutement ou <strong>de</strong> mobilité interne pourfavoriser <strong>la</strong> diversité, celle-ci reste encore limitéeen termes d’outils concrets pour le changement<strong>de</strong>s mentalités à un nombre très réduitd’organisations en France et en Europe. Le plussouvent, en effet, on constate, non pas <strong>la</strong>« catégorisation » qui se dégagerait d’une stratégied’approche <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>politique générale, mais pire, le total refus d’undiscours sur les différences, sous prétextenotamment d’éviter le risque <strong>de</strong> renforcer lesstéréotypes, et ce malgré <strong>la</strong> reconnaissance quasiincontestée <strong>de</strong> son existence et <strong>de</strong> son importancedans le quotidien <strong>de</strong> l’organisation.<strong>Philippe</strong> <strong>Pierre</strong> poursuit son raisonnement enaffirmant que l’ignorance volontaire <strong>de</strong> l’acceptationtacite <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence, <strong>au</strong> contraire <strong>de</strong> ce quepeuvent penser ces dirigeants, aggrave <strong>la</strong>construction <strong>de</strong>s stéréotypes : « Les limitations <strong>de</strong>contacts volontaires entretiennent <strong>la</strong> « constructionimaginative », étroite, antagoniste et stéréotypéeque chaque groupe se forme <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre groupe. »(PIERRE, 2001, p.3)A titre <strong>de</strong> conclusion, <strong>la</strong> présente rechercheavait pour but <strong>de</strong> vérifier <strong>la</strong> mise en pratique <strong>de</strong>scritères <strong>de</strong> diversité pour <strong>la</strong> sélection <strong>de</strong>s candidatsà un programme <strong>de</strong> formation comme tentativepremière pour procé<strong>de</strong>r <strong>au</strong>x changement <strong>de</strong>smentalités et l’obtention d’une plus gran<strong>de</strong>ouverture sur <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong>l’organisation. Il s’est avéré que cette stratégie aété efficace et que les managers ayant participé<strong>de</strong> cette formation se sont retrouvés plus ouvertsà <strong>la</strong> différence et plus attachés <strong>au</strong>x valeurs <strong>de</strong>diversité adoptées par <strong>la</strong> direction.INFORMATIONS SUR LA RECHERCHE ET LESPRINCIPALES CONCLUSIONSDeux catégories d’interviewés (concepteurs etparticipants)Notre recherche fut le cas concret <strong>de</strong> <strong>la</strong>formation mise en pratique par un grand groupesidérurgique européen pour ses managersopérationnels (middle management). Afin <strong>de</strong>mieux cerner les buts du programme <strong>de</strong> formation,nous avons <strong>de</strong>mandé à 10 (dix) concepteurs <strong>de</strong>l’université d’entreprise <strong>de</strong> définir ce qu’était uneuniversité d’entreprise et son utilité. Il nous semble<strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> nos investigations qu’il existeune volonté explicite <strong>de</strong> communication <strong>de</strong> <strong>la</strong>culture organisationnelle (ou <strong>au</strong>trement dit <strong>de</strong>communication d’une « vision partagée » i.e. lestrav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> (SENGE, 1991), et qu’<strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cettevolonté explicite s’exprime une véritable promotion<strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité <strong>sein</strong> <strong>de</strong> l’organisation.Les dirigeants concepteurs ont été interviewésselon un gui<strong>de</strong> d’entretien semi-directif centré(ROMELAER, 2005). Ces entretiens ont étéenregistrés et par <strong>la</strong> suite transcris et analysés selonles métho<strong>de</strong>s thématiques préconisées par (MILES;HUBERMAN, 1998).Une <strong>de</strong>uxième catégorie a été interviewée : Ils’agit <strong>de</strong> 42 (quarante-<strong>de</strong>ux) managers pour <strong>la</strong>plupart européens, ayant participé à <strong>la</strong> formation dontles entretiens ont été réalisés selon <strong>la</strong> métho<strong>de</strong>ethnographique préconisée par (SPRADLEY, 1979)et analysés selon les préconisations <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorieancrée reformulée (STRAUSS; CORBIN, 1998) àl’ai<strong>de</strong> d’un logiciel d’analyse <strong>de</strong> données qualitativesdénommé At<strong>la</strong>s-Ti©.Nous <strong>au</strong>rions pu concentrer notre recherchesur <strong>de</strong>ux ou trois cas concrets et l’orienter surl’analyse comparative <strong>de</strong> plusieurs sites mais notrechoix s’est porté sur un cas particulier qui présentaitl’intérêt d’être une université d’entreprise née d’unefusion il y a cinq ans entre trois gran<strong>de</strong>s entreprises.Cette entreprise a été récemment rachetée suiteà une OPA, après cinq mois <strong>de</strong> résistance farouchepar son principal concurrent.Les participants ont été envoyés à <strong>la</strong> formationpar leur supérieur hiérarchique direct <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong>leurs unités organisationnelles locales éparpilléessur <strong>la</strong> carte d’Europe. Par conséquent, ils n’ont paseu le choix <strong>de</strong> refuser. En avouant qu’ils ne savaientFACES R. Adm. · Belo Horizonte · v. 8 · n. 3 · p. 73-86 · jul./set. 2009 81


LA DIVERSITÉ DÉPLOYÉE AU SEIN DE L’UNIVERSITÉ D’ENTREPRISE : L’APPLICATION CONCRÈTE D’UNE VALEUR ADOPTÉE PAR LA DIRECTION GÉNÉRALEpas quoi attendre <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation, ils nous ontconfirmé qu’ils ont été surpris et que <strong>la</strong> formationleur a fait vivre quelque chose <strong>au</strong> <strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce qu’ilsattendaient <strong>au</strong> départ.Dans le cadre du programme <strong>de</strong> l’universitéd’entreprise, les participants assistent à <strong>de</strong>sconférences <strong>de</strong> personnes h<strong>au</strong>t p<strong>la</strong>cées dans <strong>la</strong>hiérarchie <strong>de</strong> l’organisation et ils reçoivent uneformation managériale dispensée par <strong>de</strong>sprofesseurs <strong>de</strong> finances, <strong>de</strong> marketing, <strong>de</strong> stratégieentre <strong>au</strong>tres venant <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> commerce quitravaille en partenariat avec l’entreprise. De plus,les participants <strong>de</strong>vraient développer et présenterun projet à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>vant un jurycomposé <strong>de</strong> managers seniors appartenant pour<strong>la</strong> plupart <strong>au</strong> siège <strong>de</strong> l’organisation. La formations’est déroulée en trois semaines sur trois mois dansdifférentes capitales européennes.Les principales conclusionsA travers notre recherche, nous avons constatéque:1) Les critères <strong>de</strong> diversité en ce qui concerne<strong>la</strong> sélection <strong>de</strong>s participants à cette formation ontillustré une application concrète d’un choix <strong>de</strong>promotion <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité effectué par <strong>la</strong> direction.En effet, les participants ont été sélectionnés <strong>au</strong>nive<strong>au</strong> local, mais <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du siège, selontrois critères respectueux d’une diversité nationale etorganisationnelle, à savoir : a) leur pays d’origine(diversité <strong>de</strong> cultures nationales), b) leurs métiers(diversité <strong>de</strong> cultures professionnelles) et leur unitéorganisationnelle (diversité organisationnelle).Ce choix correspond à une stratégieintentionnelle <strong>de</strong>s concepteurs <strong>de</strong> l’universitéd’entreprise <strong>de</strong> promouvoir <strong>la</strong> diversité <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong>l’entité et <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> promouvoir à travers <strong>la</strong>formation, <strong>la</strong> consolidation d’une vision partagée<strong>de</strong> cette valeur.2) Nous avons <strong>au</strong>ssi constaté que lesparticipants ayant suivi cette formation : a) sesentaient plus ouverts à <strong>la</strong> discussion et à <strong>la</strong> gestion<strong>de</strong> <strong>la</strong> différence <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> l’organisation, b) lesparticipants ayant suivi <strong>la</strong> formation se sentaientdavantage attachés à leur organisation etpartageaient une culture globale propre àl’ensemble.Par conséquent, en ce qui concerne les effets<strong>de</strong> <strong>la</strong> formation, <strong>de</strong>ux phénomènes ont pu êtrei<strong>de</strong>ntifiés et ce à <strong>de</strong>ux nive<strong>au</strong>x, d’une part, unesoif <strong>de</strong> reconstruction <strong>de</strong> son i<strong>de</strong>ntité à travers uneacculturation <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> macro (organisation) etd’<strong>au</strong>tre part, une plus gran<strong>de</strong> ouverture à <strong>la</strong>différence <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> micro (individus), cette<strong>de</strong>rnière trouvaille ne sera pas développée dansle cadre du présent papier.Dans le cadre analytique du premier nive<strong>au</strong>(macro-organisationnel), nous avons été amenéeà comprendre comment <strong>la</strong> formation <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong>l’université d’entreprise était perçue par lesmanagers et comment, le cas échéant, cetteformation pouvait contribuer à une plus gran<strong>de</strong>adéquation <strong>de</strong>s individus et à leur i<strong>de</strong>ntification àl’organisation avec pour conséquence une plusgran<strong>de</strong> adhésion à <strong>la</strong> culture du groupe et <strong>au</strong>xvaleurs qu’elle véhicule.Dans le cadre analytique du second nive<strong>au</strong>(micro- organisationnel), qui est <strong>de</strong>venu <strong>au</strong> cours<strong>de</strong> notre intervention sur le terrain un pointincontournable <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche, nous noussommes interrogée sur ce que pouvait apportersur le p<strong>la</strong>n individuel, à savoir un changement dansl’approche <strong>de</strong> l’altérité, une ouverture vers lenouve<strong>au</strong> et vers l’inconnu, ou enfin renforcement<strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification avec le groupe.Le modèle qui suit illustre <strong>de</strong> manière plusc<strong>la</strong>ire et objective l’ensemble <strong>de</strong> ces résultats :82FACES R. 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VIRGINIA DRUMMOND-GUITELFigure 1 - Princip<strong>au</strong>x résultats <strong>de</strong> <strong>la</strong> rechercheFACES R. Adm. · Belo Horizonte · v. 8 · n. 3 · p. 73-86 · jul./set. 2009 83


LA DIVERSITÉ DÉPLOYÉE AU SEIN DE L’UNIVERSITÉ D’ENTREPRISE : L’APPLICATION CONCRÈTE D’UNE VALEUR ADOPTÉE PAR LA DIRECTION GÉNÉRALEIl nous reste pour bien comprendre le modèle<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> bien expliquer les changementsapportés inconsciemment <strong>au</strong>x participants et quileur ont permis une plus gran<strong>de</strong> ouverture dansleur approche <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence, ce qui a permisl’intégration <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> diversité dans leursmentalités à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation.Dans un article récent, <strong>de</strong>ux chercheurssuédois,(SJÖDIN ; WAHLIN, 2004) dénoncent le fait<strong>de</strong> dichotomiser <strong>la</strong> construction i<strong>de</strong>ntitaireindividuelle et <strong>la</strong> construction i<strong>de</strong>ntitaireorganisationnelle. Selon eux, les <strong>de</strong>ux perspectivessont complémentaires et profondément interreliées.Ils proposent <strong>la</strong> réconciliation entre ces <strong>de</strong>uxdimensions critiques dans <strong>la</strong> construction <strong>de</strong>si<strong>de</strong>ntités afin d’atteindre l’équilibre tant recherchéentre le global et le local (cf. BARTLETT; GOSHAL,1998) <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s organisationsmultinationales.Ils définissent <strong>la</strong> construction i<strong>de</strong>ntitaire comme<strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> se sacrifier, comme le refus <strong>de</strong> seprojeter dans l’espace d’<strong>au</strong>trui (LEVINAS, 1995,1999). Ils sont persuadés que les expériences <strong>de</strong>rencontre avec <strong>la</strong> différence permettent <strong>au</strong>xindividus d’entreprendre une réflexion i<strong>de</strong>ntitaireà partir du nive<strong>au</strong> individuel qui peut s’étendre <strong>au</strong>nive<strong>au</strong> organisationnel, ceci correspondrait à uneréponse à <strong>la</strong> question <strong>de</strong> comment faire pour faireintégrer <strong>la</strong> diversité <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s mentalités : Laréponse est que <strong>la</strong> volonté stratégique <strong>de</strong> mise enp<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> sélection prônant <strong>la</strong> diversitéculturelle et organisationnelle a permis <strong>au</strong>xparticipants <strong>de</strong> cette formation d’avoir uneexpérience concrète <strong>de</strong> contact avec différentescultures, métiers et mentalités ce qui leur a permis<strong>de</strong> changer leurs mentalités à eux-mêmes dans lesens d’une plus gran<strong>de</strong> ouverture à <strong>la</strong> différence,<strong>au</strong>trement dit, à une plus grand attachement <strong>de</strong>svaleurs <strong>de</strong> diversité adoptées par <strong>la</strong> direction.Les individus ayant une expérience àl’international (Les expatriés qui reviennent d’unséjour à l’étranger) et dans notre cas, les managersayant participé à cette formation peuvent très bienjouer un rôle médiateur <strong>de</strong> transformation, <strong>de</strong>traduction, <strong>de</strong> distorsion et <strong>de</strong> changement d’unschéma mental partagé par un groupe localementcloisonné.La variation <strong>de</strong> styles, <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngages et <strong>de</strong> formesd’expression correspondrait à <strong>de</strong>s facettes duprocessus <strong>de</strong> reconstruction i<strong>de</strong>ntitaire. L’i<strong>de</strong>ntitéest ici comprise non comme une simple catégorie,ni un trait <strong>de</strong> personnalité, ni un rôle, ni uneétiquette, mais plutôt comme une expérience <strong>de</strong>vie be<strong>au</strong>coup plus complexe. Cette expériencei<strong>de</strong>ntitaire serait caractérisée par <strong>de</strong>s h<strong>au</strong>ts et <strong>de</strong>sbas, <strong>de</strong>s moments <strong>de</strong> joie et <strong>de</strong>s moments <strong>de</strong>désespoir. La souffrance viendrait du fait duchangement interne qui s’opère lorsqu’apprendresur ce qu’est « L’Autre » dans sa différenceimpliquerait <strong>au</strong>ssi d’apprendre sur ce qui est « Soi »,ce qui justifie le réaménagement i<strong>de</strong>ntitaire.Les individus étant encouragés ou contraints àagir ou à ne pas agir selon les ressources culturellesdont ils disposent, doivent ainsi procé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>sréaménagements plus ou moins forts tout <strong>au</strong> long<strong>de</strong> leur vie, <strong>de</strong> leurs pensées, <strong>de</strong> leurs actions face<strong>au</strong>x changements et face à <strong>la</strong> différence. L’i<strong>de</strong>ntitése construirait donc à plusieurs nive<strong>au</strong>x individuelet social mais également interne et externe.Nous regrettons ici <strong>de</strong> ne pas pouvoirapprofondir les aspects <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche concernantl’apprentissage organisationnel pour l’intégration<strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur diversité. Nous avons vu que l’i<strong>de</strong>ntitéorganisationnelle se formait simultanément <strong>au</strong>xnive<strong>au</strong>x individuel et organisationnel (SJÖDIN;WHALIN, 2004). Les trav<strong>au</strong>x doctor<strong>au</strong>x <strong>de</strong> (FILLOL,2005) nous montrent que l’apprentissage <strong>au</strong>nive<strong>au</strong> individuel peut <strong>au</strong>ssi franchir cette étape et<strong>de</strong>venir à un moment donné un apprentissageorganisationnel. Nous avons évoqué les trav<strong>au</strong>x<strong>de</strong> (SENGE, 1991) qui prône <strong>la</strong> construction d’unevision partagée. Il serait intéressant <strong>de</strong> vérifiercomment le changement <strong>de</strong>s mentalités dans sesmodalités pourrait passer du nive<strong>au</strong> individuel <strong>au</strong>84FACES R. Adm. · Belo Horizonte · v. 8 · n. 3 · p. 73-86 · jul./set. 2009


VIRGINIA DRUMMOND-GUITELnive<strong>au</strong> organisationnel et intégrer cette visionpartagée <strong>de</strong> l’organisation. L’entreprise apprenanteest <strong>au</strong>ssi profondément liée <strong>au</strong>x considérations surle rôle <strong>de</strong>s universités d’entreprise.CONCLUSIONLa diversité <strong>de</strong>venue une valeur incontournableadoptée par les grands groupes, encore f<strong>au</strong>t-t-iltrouver les moyens concrets pour l’intégrer dansles pratiques RH et dans les mentalités <strong>de</strong>spersonnes. Le présent papier a essayé <strong>de</strong> montrercomment les valeurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité adoptées par<strong>la</strong> direction générale ont été déclinées etappliquées dans un processus <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong>candidats pour une formation continue <strong>au</strong> <strong>sein</strong>d’une université d’entreprise d’une organisationinternationale et quels ont été les effets <strong>de</strong> <strong>la</strong>diversité en ce qui concerne le changement <strong>de</strong>smentalités <strong>de</strong>s participants <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation.A travers l’application d’une métho<strong>de</strong>qualitative <strong>de</strong> recherche, 10(dix) dirigeants ayantconçu <strong>la</strong> formation et 42 (quarante-<strong>de</strong>ux)managers ayant suivi le programme confirmentl’atteinte du but stratégique <strong>de</strong> cette formation,<strong>au</strong>trement dit, l’atteinte d’une vision partagée(SENGE, 1991), à travers <strong>la</strong> consolidation d’un fortsentiment d’appartenance à <strong>la</strong> cultureorganisationnelle (SCHEIN, 1995). Les managersont été sélectionnés selon leurs différentesprofessions, cultures nationales et différentssecteurs d’activités, confirmant ainsi une promotion<strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> l’organisation. >Recebido em: abr. 2008 · Aprovado em: jul. 2009Virginia Drummond-GuitelMestrado em Dess Geopolitica Europeia pelo Universite <strong>de</strong> MarneLa Vallee, FrançaLivre Docência pelo Universite <strong>de</strong> Paris IV (Paris-Sorbonne),FrançaEn<strong>de</strong>reçoEM Strasbourg Business School – Université <strong>de</strong> Strasbourg61, Avenue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Forêt Noire – F 67085 – FranceTéléphone : +33(0) 3 90 41 43 04virginia.drummond@em-strasbourg.euFACES R. Adm. · Belo Horizonte · v. 8 · n. 3 · p. 73-86 · jul./set. 2009 85


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