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Compte-rendu - La joie par les livres

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Les soirées illustréesJeudi 06 octobre 2005Véronique Soulé rencontre…Anne HerbautsCe qui s’est dit ce soir là…<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> et Véronique Soulé nous propose ce soir de découvrirl’univers et la façon de travailler d’Anne Herbauts.Depuis la <strong>par</strong>ution de son premier ouvrage en 1997, Boa, chez Casterman- déjà – en passant <strong>par</strong> <strong>les</strong> ouvrages de la collection « <strong>les</strong> albumsDuculot » - une collection qui lui semble désormais dédiée - trois bandesdessinées aux éditions de l’an 2 – la dernière étant en cours d’impression- ou <strong>les</strong> collaborations avec Esperluète, Anne Herbauts, illustratrice belge,ne travaillerait-elle qu’avec des éditeurs belges ?Ce qui est certain c’est que dans <strong>les</strong> ouvrages d’Anne Herbauts tout faitsens : le rapport texte, image, support livre ; l’oralisation de l’ouvrage ;etc. Lors de son travail, long et profond, de conception, tout cela doit sepercuter fortement. Comment travaille-t-elle ?Lorsqu’elle fait un livre elle pense à beaucoup de choses en même temps.Anne Herbauts se sent avant tout auteur-illustratrice, et estime ne pasbien réussir pour l’instant à faire l’un sans l’autre, besoin d’images pour<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> – Les soirées illustrées 1


écrire et besoin de texte pour illustrer : « Quand j’écris, j’écris des imageset je mets en images des mots ». Sa bibliographie en témoigne, elle aillustré peu de textes d’auteur. Quoi qu’il en soit elle pense apprendreencore, et ne peux pas être catégorique sur ce principe de création, toutest question peut-être de réajustement.<strong>La</strong> thématique de son travail est l’entre-deux. « Mon langage naît de lacollision du texte et de l’image ». Son œuvre se situe d’ailleurs peut-êtrelà, dans cet entre-deux. Dans ses <strong>livres</strong> elle tente de <strong>par</strong>ler del’indéfinissable, du temps, de la tristesse, … Toutes ces choses sur<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il est difficile de mettre des mots. Chacun de ses <strong>livres</strong> tourneautour de cela :« Je refais le même livre ».En ce moment Anne Herbauts travaille autour de la question du langage.Son dernier ouvrage, la bande-dessinée L’idiot – en cours d’impressionaux éditions de l’an 2 – met en scène un personnage qui bégaie. « C’estpour cela que suis à l’aise ce soir pour bégayer ! » ironise Anne Herbauts.<strong>La</strong> question du support est importante et présente dans le travail del’illustratrice dès le dé<strong>par</strong>t. Cette question est d’autant plus évidentequ’elle expérimente de multip<strong>les</strong> supports– vidéo, cinéma d’animation, … -et explore ainsi d’autres voies de création. Il faut donc, selon elle,toujours se demander pourquoi on dit quelque chose sur le support livreet pas sur un autre. L’image que l’on crée pour un livre vise à êtrereproduite - il ne s’agit pas de peinture ou de dessin – et mise en rapportavec d’autres. « Le livre c’est de la 3D, et la quatrième dimension c’est letemps » explique-t-elle. Il est vrai que dans ses ouvrages on ne peut toutvoir et tout comprendre à la première lecture, et qu’il faudra revenir, etrevenir encore pour découvrir de nouveaux détails et de nouvel<strong>les</strong>significations.<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> – Les soirées illustrées 2


L’objet livre, en soi, est de plus en plus la thématique du travail derecherche d’Anne Herbauts. Les pages blanches sont fréquentes dans sesouvrages, el<strong>les</strong> ramènent au livre lui-même. Tout comme <strong>les</strong> pages noires– cf Alice aux pays des merveil<strong>les</strong>. Ces pages, noires, blanches, n’ont desens que dans un livre, dans le rapport instauré à l’objet livre ; el<strong>les</strong> nesignifieraient rien <strong>par</strong> exemple dans une exposition d’originaux del’albums. « Pour moi l’espace offert <strong>par</strong> l’objet livre et un espace de jeu etd’expérimentation, de liberté aussi ».Revenons sur l’expérience Alice aupays des merveil<strong>les</strong>.Anne Herbauts nous explique que <strong>les</strong> éditions Casterman lui ont proposéd’illustrer un grand classique. Elle a choisi Alice, un ouvrage luado<strong>les</strong>cente, et dont la matière lui <strong>par</strong>aissait malléable, pleine de jeux demots, de remises en question. Le problème qui s’est vite posé fut celui dela langue, anglaise, qu’elle ne maîtrise pas. Or, pour illustrer AnneHerbauts a besoin d’aller « trifouiller » dans le texte et la traduction luisemble être une perte, « un chemin déjà accompli ». C’est avec sa sœur,résidant à Londres, qu’elle va s’attaquer à une nouvelle traduction dutexte qui lui permettra de s’approprier toute cette matière. L’aventuren’est pas simple, Alice est un monument de la littérature, un intouchable.« Comme si la statue de Lewis Caroll se dressait devant nous et que nousdonnions de petits coups de pioche jusqu’à ce que ne reste plus qu’un<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> – Les soirées illustrées 3


amas de matière à <strong>par</strong>tir duquel, là, nous pourrions commencer àtravailler ».Anne Herbauts <strong>par</strong>t du constat suivant, Alice est un personnage qui aexisté – cf Alice Lidell pour laquelle L. Caroll a écrit l’ouvrage – c’est unehéroïne à la présence forte qui évolue dans un monde imaginaire – sansexistence réelle donc. L’illustratrice va poser ses propres règ<strong>les</strong> de lectured’Alice au pays des merveil<strong>les</strong>, et el<strong>les</strong> vont inverser ces présupposés.Ouvrir le livre Alice au pays des merveil<strong>les</strong> d’Anne Herbauts c’est accepterque : le monde imaginaire est la réalité et donc, Alice n’existe pas.D’ailleurs voyez-vous Alice sur la couverture de l’ouvrage ? Anne Herbautsprécise qu’il fut néanmoins difficile de proposer cette lecture à l’équipe deCasterman, et cela ne nous étonne pas.Lewis Caroll a peu voyagé et pour nourrir le monde imaginaire d’Alice il abeaucoup fréquenté le musée d’Oxford. Anne Herbauts a suivi cettedémarche et mené des recherches muséologiques aux musées d’Oxford etde Bruxel<strong>les</strong> afin d’enrichir son « vocabulaire dessiné ». Dans Alice il s’agiten effet de pouvoir distinguer le lièvre du lapin, tout de même…Anne Herbauts nous offre sa lecture de l’image de couverture del’ouvrage… Elle représente <strong>les</strong> jurés du procès – lequel se déroule à la finde l’histoire – appelés <strong>par</strong> le lapin blanc, et en quelque sorte invités àentrer dans l’histoire. Le livre constitue ainsi, on le comprend bien, uneboucle. Preuve en est ce personnage au dos qui lui, en retard, vient dulivre. Les pages suivantes ont été conçues <strong>par</strong> Anne Herbauts comme uneinvitation à entrer « dans » le livre, « dans » l’histoire. <strong>La</strong> premièreillustration, telle un tableau, n’est pas à bords perdus mais a un contour.Ainsi explique l’illustratrice nous n’entrons pas « dans » l’image mais« sur » l’image – sur ce qu’est une image. Les illustrations suivantes sontà bords perdus, nous sommes entrés dans l’histoire. Rappelons ici qu’Alicen’est pas, n’existe pas pour Anne Herbauts. Alice naît de l’étonnement devoir le lapin blanc. « Ah », est une lettrine. Alice n’est qu’un « A » en cedébut d’histoire, elle en a la forme. Rappelons également que le page estle monde imaginaire. Ainsi lorsqu’Alice se retrouve coincée dans la maison<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> – Les soirées illustrées 4


du lapin blanc, après avoir absorbé une substance qui l’a faite grandir,c’est au bord de l’espace page qu’elle se cogne – pas besoin dereprésenter la maison du lapin.Voici donc le procédé qu’Anne Herbauts a conçu pour nous faire entrerdans l’histoire, comment en sortirons-nous ? L’illustratrice a pensé à tout.Lors du procès final, la reine hystérique balance un encrier. L’encre emplila page et nous dit, nous rappelle, qu’en fin de compte… ce n’est qu’unefeuille de papier. Nous ne sommes plus dans le monde imaginaire. Unedernière illustration, formellement semblable à la première, c’est-à-diretelle une peinture et avec un contour, nous permet de sortir du livre.Cette illustration fait référence au tableau <strong>La</strong> mort d’Orphée et conclue surce qui est peut-être l’un des thèmes centraux du livre, la mort d’Alice,nous précise Anne Herbauts.Autre ouvrage, L’arbre merveilleux.Anne Herbauts nous dévoile ici comment cette histoire permet une miseen abîme du livre lui-même. Le personnage principal est une sorcièrefaiseuse d’histoires. Elle possède un fil magique, un fil à histoire. Au débutdu récit ce fil magique est dérobé, puis jeté. En jetant ainsi « le fil del’histoire » <strong>les</strong> protagonistes opèrent une projection vers l’avant. <strong>La</strong>sorcière quant à elle, n’a plus qu’à rembobiner l’histoire pour retrouver <strong>les</strong>coupab<strong>les</strong>. Au terme du récit <strong>les</strong> personnages fautifs voudraient quitter le<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> – Les soirées illustrées 5


livre, s’échapper, mais ils ne peuvent pas puisque alors il n’y aurait plusd’histoire.<strong>La</strong> maison bleu.Le personnage du livre tente de rendre sa maison toujours plus belle,mais quoi qu’il fasse <strong>les</strong> oiseaux qui se situent au-dessus de lui trouventtoujours à redire. Comment leur clouer le bec ? C’est grâce au livre quecela sera <strong>rendu</strong> possible. Le héros peint sa maison dans le ciel, et il n’y aque dans un livre qu’on peut faire cela.Lundi.Pour cet ouvrage Casterman a donné à Anne Herbauts une très grandeliberté de conception. Mais l’illustratrice a beaucoup réfléchi avant de se<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> – Les soirées illustrées 6


lancer dans ce projet. Elle craignait le piège que constituait une tropgrande liberté formelle qui aurait pu conduire à la réalisation d’un livrepurement graphique dont l’histoire aurait été secondaire. <strong>La</strong> demanded’Anne Herbauts à son éditeur fut d’une <strong>par</strong>t, de pouvoir utiliser toujoursle même papier, blanc, et d’en faire diminuer le grammage au fil despages et d’autre <strong>par</strong>t, de rendre le livre tactile <strong>par</strong> l’embossage du papier.Ces contraintes techniques ont eu des conséquences sur le récit. Unpapier fin est un papier trans<strong>par</strong>ent. Anne Herbauts a pris en compte cetélément et en a fait un principe narratif à <strong>par</strong>t entière. Les pages entrans<strong>par</strong>ence permettent une projection, voir ce qui est passé et ce qui està venir… <strong>La</strong> couverture, découpée en son centre selon la forme d’unemaison, principe formel, fait également sens dès lors qu’on tourne lapage, la maison dis<strong>par</strong>aît.Le thème de l’ouvrage est la perte et la mort. Ceci prend réellementcorps. « Dans cet ouvrage la perte du personnage est signifiée <strong>par</strong> laperte de la matière même du livre, le papier » explique Anne Herbauts. Aufur et à mesure du récit, la neige recouvre Lundi jusqu’à ce qu’ildis<strong>par</strong>aisse, et pourtant Lundi est toujours là « sur » <strong>les</strong> pages suivantes,il suffit de toucher la neige sur le papier – technique de l’embossage –pour le sentir. A la dernière page ap<strong>par</strong>aît un nouveau Lundi, il est un peudifférent – à com<strong>par</strong>er avec le Lundi du début du récit – puis la premièrephrase de l’ouvrage est à nouveau écrite, le papier reprend également legrammage initial. Temps qui passe, livre en boucle. Justification totale,signifiance extrême des procédés techniques utilisés – embossage,grammage, découpe.<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> – Les soirées illustrées 7


<strong>La</strong> petite sœur de Kafka.Anne Herbauts nous explique que ce texte lui a été proposé <strong>par</strong> AndréFrançois. Elle est peu coutumière de ce type de collaboration et avoueavoir eu beaucoup de mal à concevoir <strong>les</strong> illustrations de ce texte qu’elletrouve très beau. Elle a beaucoup échangé avec l’auteur. A relu Kafka. Apensé ne pas y arriver. Elle se demandait qu’apporter au texte. L’idée dusur-encrage, de ce trop qu’on gommerait au fur et à mesure, est venue.Et pourtant <strong>les</strong> choses ne fonctionnaient pas. Cela lui résistait. Et un jour,déblocage technique, c’était <strong>par</strong>ti. Anne Herbauts a conçu son illustrationcomme des pauses dans ce texte qu’elle ne voulait en rien déstructurer.Elle nous confie que lorsqu’elle a reçu ce livre <strong>par</strong> la poste, il sentait trèsfort l’encre du fait du sur-encrage, elle en était très contente. Encore unesignifiance de l’objet livre et de ses matières premières.Cinéma d’animation et question du support de création.Anne Herbauts a reçu une bourse pour un travail d’expérimentation sur lanarration. Depuis longtemps elle souhaitait s’essayer au cinémad’animation en volume. Elle a donc écrit une histoire « pour » ce supportspécifique. En deux ans, elle a réalisé un film de 8 minutes et 12secondes, Et Jean s’est perdu dans ses pensées. Elle évoque avec humource travail si <strong>par</strong>ticulier qui crée un étrange rapport au temps et impose dese questionner sur la notion de temps qui passe. Le film raconte larencontre entre Jean, un ours, un certain Monsieur Cuillère à thé en train<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> – Les soirées illustrées 8


d’infuser ses pensées et un corbeau bavard et bruyant, percepteur depensées.<strong>La</strong> lettre.Son éditeur lui a proposé de faire un livre en rapport avec ce filmd’animation – <strong>La</strong> lettre. Anne Herbauts n’avait pas pensé à lacomplémentarité d’un support livre lors de la création du film. Elle nevoulait pas faire ce qu’elle qualifie de « livre emballage ». Le livre n’a doncrien à voir avec le DVD. C’est un ouvrage très graphique dans lequel onretrouve des photographies d’objets présents dans le film – ces objetsfurent le point de dé<strong>par</strong>t de création du livre.Véronique Soulé nous rappelle la relation <strong>par</strong>ticulière qu’Anne Herbautsentretien avec son éditeur et l’interroge sur le rôle de ce dernier dans sontravail de création.L’illustratrice explique qu’Arnaud Delacroix, son éditeur, était un desmembres du jury de l’académie des Beaux-Arts de Bruxel<strong>les</strong> où elle aétudié. C’est la raison pour laquelle il a repéré son travail et lui a proposéde collaborer aux albums Duculot. Au début de leur collaboration l’ouvrageQue fait la lune la nuit (1998) a très bien fonctionné ce qui lui a faitcraindre qu’on lui redemande le même type d’ouvrage. L’ouvrage suivantfut Pataf a des ennuis (1999), rien à voir avec le précédent, un livre petitformat, réalisé à l’ordinateur, et qui n’a pas du tout marché. Pourtant on a<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> – Les soirées illustrées 9


continué a lui laisser une très grande liberté. Pour chacun de ses <strong>livres</strong> quifonctionnent c’est un peu de liberté de gagnée pour la suite.Anne Herbauts apprécie l’implication de son éditeur. Celui-ci est trèsattentif à l’écriture et il l’aide à alléger un texte qu’elle trouve <strong>par</strong>fois tropbavard. Il ne touche pas à l’image. De fait elle continue à travailler aveclui, ce même s’il n’est plus en charge des albums mais de la BD.<strong>La</strong> relation avec une maison d’édition est complexe. Les interlocuteurs àconvaincre sont multip<strong>les</strong>. Le suivi de la fabrication d’un livre peut êtreépuisant et <strong>par</strong>fois le résultat décevant, comme ce fut le cas pour Silenciodont le papier a bu la vivacité des couleurs.<strong>La</strong> bande-dessinée.Anne Herbauts nous avoue qu’elle tente d’éviter de <strong>par</strong>ler de BDaujourd’hui. En effet autant elle structure très fortement son propos dans<strong>les</strong> albums jeunesse autant tout est différent pour la BD : « Il y a quelquechose de plus personnel, et <strong>les</strong> choses se font plus instinctivement ». Lespossibilités de narration offertes <strong>par</strong> ce support lui semblent infinies :« On peut s’y perdre ». Anne Herbauts nous explique qu’en BD l’action sesitue dans l’inter-case et que de fait ce qui se passe n’est pas dessiné.« <strong>La</strong> BD a à voir avec la ponctuation. Les blancs de la BD sont comme dessilences, ils offrent des respirations » ajoute-t-elle. <strong>La</strong> BD est donc untemps très différent de l’album jeunesse.Vague.Cette BD propose une expérience. Par la répétition de la couleur bleul’auteur crée une mémoire, comme autant de restes de phrases.<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> – Les soirées illustrées 10


Par-delà <strong>les</strong> nuages.Cet ouvrage lui a été inspiré <strong>par</strong> l’architecture des pylônes électriques enmontagne ainsi que <strong>par</strong> <strong>les</strong> striures visib<strong>les</strong> à la surface des roches. Danscette histoire où le monde est en pente, le rêve des hommes est d’évoluersur une surface plane. <strong>La</strong> seule solution semble être d’aller voir <strong>par</strong>-delà<strong>les</strong> nuages comment est le monde…Autoportrait.Il s’agit de 12 planches pour dire qu’elle n’arrive pas à faire sonautoportrait.L’idiot.Une autre forme d’expérimentation à laquelle Anne Herbauts pensaitdepuis longtemps se concrétise dans le projet L’idiot – en cours<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> – Les soirées illustrées 11


d’impression. Il s’agit d’une bande-dessinée et d’un film expérimental,deux supports distincts formant une œuvre, et conçus comme telle.L’album jeunesse et le jeune public.Anne Herbauts conçoit le livre comme un tout et ne se pose nullement laquestion de l’âge de son lecteur. C’est le métier de l’éditeur ensuite.L’album jeunesse est pour elle une forme de narration <strong>par</strong>ticulière maispas spécifiquement destiné à un jeune public, plutôt peut-être à desadultes qui veulent rester jeune ironise-t-elle. Chacun en fait aborderal’ouvrage avec le langage qui lui est propre. Au-delà de la question dulectorat, l’album est un espace de liberté et d’expérimentation. AnneHerbauts ajoute sur la question de la narration : « Je pense être trèsmauvaise pour raconter des histoires. Le terme raconter ne me convientpas ».<strong>La</strong> technique.Anne Herbauts utilise de nombreuses techniques. Chaque techniqueconstitue un médium, un vocabulaire spécifique : « Je prends tous cesmédiums et je tente de <strong>par</strong>ler avec cela ». Lorsqu’on dessine il y atoujours un morceau du personnage qui est juste explique-t-elle : « Dèsqu’on recommence le personnage, la main connaît le chemin et cela sesent dans le trait ». Elle tente donc de trouver un équilibre entre un dessin« mal fait » amenant une fragilité, une émotion juste et un dessin « bienfait », moins sincère et juste.Anne Herbauts évoque des ouvrages réalisés avec des techniquesdifférentes : Pataf, qu’elle aime beaucoup, fait à l’ordinateur et dont latechnique infographique est bien visible ; Silencio pour lequel elle acherché à <strong>par</strong>venir à un « bruit visuel » avec une technique de collage, deremplissage : « Le blanc est dans l’image, le blanc est dans l’écriture, <strong>les</strong>ilence est dans <strong>les</strong> phrases ».<strong>La</strong> réalisation technique des ouvrages est rapide pour Anne Herbauts, dequinze jours à un mois, <strong>par</strong>ce qu’elle est impatiente de voir le résultat.<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> – Les soirées illustrées 12


Elle ne fait pas de crayonnés et réalise directement <strong>les</strong> illustrations. Maisla conception préalable d’un livre peut-être très longue, jusqu’à deux ans :« Avant de passer à l’écriture il faut que cela décante ».L’illustration de <strong>livres</strong> de Poche.Anne Herbauts a illustré Amanda Chocolat de Bernard Friot – Milan,collection Cadet, 2004. Elle a accepté ce travail <strong>par</strong>ce qu’elle aimel’univers de B. Friot et le concept de cette collection qui propose trois finsdifférentes à une histoire. Elle a tenté de suivre et de rendre ce conceptdans son illustration mais c’était trop compliqué sur un si petit format. Ellea alors décidé de s’amuser, et de trouver de nouveaux procédésgraphiques un peu provocants. Elle a bien tenté de faire tenir du chocolatsur sa page d’illustration mais en vain…Le site d’Anne Herbautshttp://www.casterman.com/anneherbauts/menu.htmVoir des pages de L’idiothttp://www.editionsdelan2.com/article.php3?id_article=132<strong>Compte</strong>-<strong>rendu</strong> rédigé <strong>par</strong> Hélène SagnetLe 14 octobre 2005<strong>La</strong> Joie <strong>par</strong> <strong>les</strong> <strong>livres</strong> – Les soirées illustrées 13

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