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Novembre 2010 - SCCCUM - Université de Montréal

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Portraitssuite <strong>de</strong> la page 11Pas <strong>de</strong> doute : Rodrigo est un routier<strong>de</strong> l’enseignement qui n’est pas près <strong>de</strong>poser sa mallette. « J’enseigne à toutessortes <strong>de</strong> publics, notamment à <strong>de</strong>simmigrants <strong>de</strong>s cours intensifs qui sontentièrement disponibles et avec qui sedéveloppe une dynamique <strong>de</strong> groupetrès forte, et à <strong>de</strong>s cadres supérieursqui souhaitent perfectionner leur françaispendant leurs heures <strong>de</strong> travail. »Et comment se porte la relation <strong>de</strong>Rodrigo avec la langue française ?« J’aime le français pour tout ce quecette langue porte comme symboleset comme valeurs. Pour moi, le françaisest une solution <strong>de</strong> rechange audiscours unique dominé par l’anglaiset par la culture américaine. Il faut enprendre soin… Je m’inquiète <strong>de</strong> l’affaiblissementdu statut du français entant que langue commune au Québecet d’un certain laxisme social quant àla qualité <strong>de</strong> la langue écrite et parlée,mais j’éprouve aussi une gran<strong>de</strong>admiration pour les efforts que lesQuébécois déploient <strong>de</strong>puis quatresiècles pour défendre le fait françaisen Amérique du Nord. »Dans le cadre <strong>de</strong> l’atelier Créer du matériel pédagogique à partir <strong>de</strong> rien ?,les participants ont pris plaisir à expérimenter une nouvelle approche <strong>de</strong>création <strong>de</strong> matériel pédagogique à l’intention d’étudiants débutants. Cetteapproche, conçue et développée par Hélène Boivin et Jérôme Deschênes,consiste à créer <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> communication en faisant appel uniquementà l’environnement physique <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> classe – son espace, sonameublement et ses objets – et les personnes qui s’y trouvent – leur corps,leur voix et leurs gestes, rien d’autre. La preuve que parfois, avec rien, on peut tout faire !Le mot <strong>de</strong> l’infoEnseigner les langues, un art délicatFrançoise MiquetEnseigner une langue, c’est tout sauf unesimple transmission <strong>de</strong> savoirs (d’ailleurs,quel enseignement se limite à cela ?). C’estcommuniquer une culture, une façon <strong>de</strong>penser, <strong>de</strong>s symboles, <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s face àla vie… C’est s’adresser à <strong>de</strong>s apprenantsvulnérables, qui n’ont d’autre choix que<strong>de</strong> passer patiemment par toutes lesétapes <strong>de</strong> l’apprentissage. Et pour les accompagner,il faut beaucoup <strong>de</strong> patience,<strong>de</strong> la fermeté aussi, beaucoup d’écouteet <strong>de</strong> l’humour – tous les enseignants <strong>de</strong>langues vous le diront. Il faut maîtriser saHélène Boivin et Jérôme Deschênes :La créativité québécoise en ve<strong>de</strong>tte au SEDIFRALElangue dans toute sa complexité, tout enmodulant ses exigences pour respecterchez l’apprenant <strong>de</strong>s paliers subtils quifont qu’entre le laisser-aller (quand onn’est pas assez stimulé) et le découragement(quand la marche est trop haute), lefil <strong>de</strong> l’apprentissage restera tendu. Il fautvouloir, vraiment vouloir, que les étudiantsprogressent, et le leur faire ressentir,car puisque la langue est vitale, porteused’émotions, les échanges se doiventd’être à dimension humaine.Enfin – et ce défi est particulièrementprésent chez les enseignants <strong>de</strong> françaislangue secon<strong>de</strong> –, on fait face à <strong>de</strong>sgroupes d’une gran<strong>de</strong> diversité dont lesindividus, selon leur langue maternelleet leur culture, ont <strong>de</strong>s facilités d’apprentissageet <strong>de</strong>s façons d’apprendretrès différentes les uns <strong>de</strong>s autres.Et dire qu’il n’y a pas si longtemps,l’Université considérait les chargé(e)s<strong>de</strong> cours <strong>de</strong> langues comme <strong>de</strong> simples« animateurs »…La langue, c’est la vieFrançoise Miquet« C’est ce que dit souvent ma collègue etamie Hélène Boivin, et je suis bien d’accord! J’aime les gens, j’aime la languefrançaise, j’aime communiquer. »Christine Préville a le sourire franc,le regard pétillant et l’enthousiasmecommunicatif. Difficile <strong>de</strong> croire qu’elleenseigne le français langue secon<strong>de</strong><strong>de</strong>puis… 25 ans.Cette passion qui l’anime l’a amenée,entre autres, à faire <strong>de</strong> l’alphabétisationauprès <strong>de</strong> personnes sour<strong>de</strong>s etmalentendantes. Gran<strong>de</strong> voyageuse,elle se passionne aussi pour les culturesdu mon<strong>de</strong>. « Il y a quinze ans,j’ai enseigné dans une université duMexique. J’ai adoré découvrir la façon<strong>de</strong> vivre et <strong>de</strong> penser <strong>de</strong>s Mexicains. »Accent québécois, étudiantsdu mon<strong>de</strong> entier« Les étudiants viennent <strong>de</strong> partout… etmême <strong>de</strong> Montréal. Devant eux, je considèreque je représente les Québécoiset que je me dois <strong>de</strong> leur faire connaîtreet aimer la culture d’ici, surtout s’ilsn’avaient pas envisagé <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir apprendrele français pour trouver du travail ets’intégrer à leur nouvelle vie. » Justement,Christine donne aussi à l’Université<strong>de</strong> Montréal un cours <strong>de</strong> didactiqueintitulé « Langue et culture québécoises »qui s’adresse à <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong> FLE(français langue étrangère) venus <strong>de</strong> paysétrangers. « Ils me disent souvent qu’ilsse sentent plus à l’aise ici qu’en France etmoins jugés à propos <strong>de</strong> leur accent ou<strong>de</strong> leur façon <strong>de</strong> s’exprimer. » Par contre,il faut souvent défaire les préjugés contrel’accent québécois : « Dans leur formationinitiale, par exemple, dans les instituts<strong>de</strong> l’Alliance française présents dansleur pays d’origine, les étudiants ontsouvent eu l’accent parisien commeréférence ».Y a-t-il une spécificité québécoise dansl’enseignement du français langue étrangère? « Dans l’enseignement du françaislangue étrangère, on reconnaît notreexpertise en ce qui concerne la réalité linguistiqueliée à la proximité <strong>de</strong> l’anglais.Mais, <strong>de</strong> façon informelle, l’attitu<strong>de</strong> amicale<strong>de</strong>s enseignants, qui sont aussi très àl’écoute, et l’atmosphère communicativequ’ils instaurent dans leurs cours sontsouvent mentionnées. »Détendre l’atmosphèreChristine Préville a fait <strong>de</strong> la francisationdans les anciens COFI 1 , travaillé pour laCommission scolaire <strong>de</strong> Montréal et leCollège Dawson, et enseigné aux universitésMcGill et Concordia ainsi qu’auxuniversités <strong>de</strong> Victoria et <strong>de</strong> Monterrey(Mexique) ; elle enseigne encore àl’UQTR, à l’UQAM, et bien sûr, à l’Université<strong>de</strong> Montréal. « L’atmosphère dansla salle <strong>de</strong> classe est un élément clépour l’apprentissage. J’aime recourir àl’humour durant mes cours. » Entreautres activités ludiques, elle proposeaux étudiants <strong>de</strong> découvrir l’origined’expressions idiomatiques. « Ilscroient souvent qu’“être dans <strong>de</strong> beauxdraps” signifie “être très riche” ou que“se porter comme un charme” veutdire “ avoir <strong>de</strong>s pouvoirs magiques” ! »De la salle <strong>de</strong> cours à la télévisionCe sont d’ailleurs ces activités quiont inspiré le projet ludoéducatifSe donner le mot 2 , réalisé par legroupe ECP pour TV5, qui présentePortraitsChristine Préville (au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la carte, aumilieu) entourée d'un groupe d'étudiants<strong>de</strong>s capsules linguistiques débordantesd’humour et <strong>de</strong> créativité animées par lescomédiens Pierre Verville et ChristopherHall. En plus d’avoir eu l’idée <strong>de</strong> départ,Christine Préville a participé à l’ensembledu projet, qui comprend également unetrousse pédagogique 3 et un site Web qu’ellea déjà présentés en Allemagne, enArgentine et en Belgique lors <strong>de</strong> congrèssur l’enseignement du français. L’accueila été chaleureux. « Cette belle aventure aduré plus <strong>de</strong> cinq ans… et cela continue,puisqu’on travaille à créer une versionpour l’enseignement <strong>de</strong> l’anglais et uneautre pour les adolescents qui apprennentle français langue secon<strong>de</strong>. » Christinemène régulièrement <strong>de</strong>s projets en parallèleavec son travail d’enseignante. « Celame permet <strong>de</strong> me ressourcer. »Christine expérimente en ce momentun recueil conçu par <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses collègues4 tout aussi passionnés qu’elle.« C’est fantastique <strong>de</strong> travailler avec dunouveau matériel et d’avoir la chance<strong>de</strong> collaborer avec <strong>de</strong>s camara<strong>de</strong>s.De plus, la motivation <strong>de</strong>s étudiantsredouble la mienne, et les échangesavec mes collègues m’inspirent. Je suistoujours aussi enthousiasmée par montravail ! » On n’a pas <strong>de</strong> peine à la croire…1COFI : Centre d’orientation et <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s immigrants.2www.sedonnerlemot.tv.3Pour lire une analyse complète du site Web et <strong>de</strong> la trousse pédagogique : http://alsic.revues.org/in<strong>de</strong>x1259.html.4Grâce au programme d'intégration pédagogique, Hélène Boivin et Jérôme Deschênes ont créé <strong>de</strong>s activités d’enseignement du français oralet écrit qu’ils ont également présentées lors du congrès latino-américain <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong> français SEDIFRALE, qui s’est tenu en Argentine.12 <strong>Novembre</strong> <strong>2010</strong>13

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