Novembre 2010 - SCCCUM - Université de Montréal

Mouvement syndicalIX e Congrès de la COCALLes chargé(e)s de cours d’Amérique du Nordcomparent leurs résultatsMichel Sarra-BournetMembre du Conseil syndical du SCCCUMLe Syndicat des chargées et chargés decours de l’Université Laval (SCCCUL),affilié à la Fédération nationale desenseignantes et enseignants du Québec(FNEEQ-CSN) a été l’hôte du IX e Congrèsde la Coalition of Contingent AcademicLabor (COCAL IX), qui s’est tenu du 13 au15 août dernier au Pavillon Alphonse-Desjardins de l’Université Laval, à Québec.Le SCCCUM était bien représenté parmiles quelque deux cents participants :outre son ex-président, Francis Lagacé –actuellement deuxième vice-présidentdu Conseil central du Montréal métropolitain(CSN) –, ont assisté au Congrès laprésidente actuelle du SCCCUM, NicoleLavergne, la vice-présidente à la Conventioncollective, Frédérique Gardye, et levice-président aux relations intersyndicales,David Lewis, ainsi que deux membresdu Conseil syndical, Laval Rioux, etl’auteur de ces lignes.Les chargées et chargés de coursQuébécois : un élément dynamiqueLa COCAL est une coalition de militantsde syndicats et d’autres organisations duQuébec, du Canada, des États-Unis et duMexique qui luttent pour l’améliorationdes conditions de travail des enseignantsau statut précaire œuvrant dans lesinstitutions d’enseignement supérieur.Elle est née dans la foulée du premiercongrès des professeurs à temps partielaméricains, qui a eu lieu en décembre1996, à Washington. Cette organisationregroupe maintenant des représentantsdes trois pays. Aux yeux des Canadiensdes autres provinces, les Québécoisconstituent une force dynamique, enraison du succès des luttes qu’ils ontmenées. Leur participation s’est traduitepar la prise en charge de l’organisationPhoto de groupe de la délégationdes membres de la FNEEQ-CSN.de deux des neuf premiers congrès : lecinquième, qui a eu lieu à Montréal en2002, et celui de cette année, qui s’esttenu à Québec.À chaque occasion, les délégués ontmanifesté leur solidarité en offrant leursoutien à des collègues se trouvant dansune situation particulière. Cette fois-ci,ils ont appuyé par résolution l’adoptiondu projet de loi fédéral américain quiamende la National Labour RelationsAct (NLRA), une loi des relations dutravail qui doit garantir aux enseignantset aux auxiliaires d’enseignement desuniversités et des collèges améri cainsl’autorisation de former des syndicats.Notre situation vue soustous les anglesLa COCAL est depuis longtemps un lieuoù l’on échange sur des expériencesvariées. Le congrès de 2010 avait pourthème « Vers une stratégie unifiée enAmérique du Nord ». Il s’agit évidemmentd’un objectif ambitieux qu’on nepeut atteindre à court terme, puisque lasituation n’est pas la même dans les troispays ; toutefois, les différentes organisationsentrevoient la possibilité de s’épaulerpour élaborer et mettre en œuvre desstratégies de communication et denégociation. Il a d’ailleurs été questionde rendre plus systématique la collectede données, afin de pouvoir comparerles situations réelles des chargé(e)s decours dans les trois pays.Une soixantaine de présentationsont eu lieu au cours des trois jours decongrès, parmi lesquelles celle deFrancis Lagacé, sur les minorités et laprécarité, celle de Nicole Lavergne, surles transformations en cours (morcellement,enseignement à distance…)dans les tâches d’enseignement. Il futégalement question de reconnaissancedes chargé(e)s de cours, d’accès auxfonds de recherche ou à des postesde professeur, et de stabilisation del’emploi, de formation à distance,d’accroissement et de morcellementdes tâches, de syndicalisationet de négociations collectives, ainsique d’équité en matière salariale etd’avantages sociaux.Bilan de l’état de la professionen Amérique du NordUne importante séance plénière aeu lieu le samedi matin en présencede Claudette Carbonneau. Dans sonmot de bienvenue, la présidente dela CSN a fait état des sept années delutte qui ont été nécessaires pourcréer le SCCCUM. Elle a souligné quele cadre local n’était pas le seul élémentsignifiant pour nos luttes – carcertains enjeux ont une dimensionplanétaire –, et a parlé de la nécessitéde mondialiser les solidarités.Joe Berry, de l’Université de l’Illinois,a enchaîné en rappelant que cesont des enseignants au statut précaire(en anglais, « contingent ») quidonnent la majeure partie des coursaux États-Unis et que la plupart nesont pas syndiqués, notamment dansle secteur privé. Ce morcellementdes tâches augmente la précarité del’emploi, et la popularité grandissantede l’enseignement à distance vise ànous amener à faire plus avec moinsde moyens. Toutes les universitéstendent de plus en plus à être géréescomme des banques, comme desorganismes à but lucratif.Pour sa part, Cindy Oliver, présidentede la Federation of Post-SecondaryEducators of British Columbia, aobservé une tendance vers l’adoptionde lois antisyndicales inspirées parles employeurs. De plus, elle a notéqu’un certain nombre de contratscollectifs ont été annulés par des jugementsde tribunaux et que les employeursessaient d’éliminer certainsgains, notamment les clauses quigarantissent la possibilité d’acquérirun statut permanent. Selon elle, lemonde universitaire s’achemine versun sous-financement public digne del’ère Reagan.Ensuite, Arturo Ramos, du Sindicatode Trabajadores Académicos de laUniversidad Autónoma Chapingo, bienconnu pour son analyse de la placedes travailleurs au statut précaire dansles universités (voir son dernier livre,Magister Changarrization), note quela récente crise a servi de prétexte àune foule de mauvaises décisions dela part des administrations, preuve quele contexte mondial influe sur les situationslocales. En fin de séance, MarieBlais, vice-présidente de la FNEEQ etcoordonnatrice du conseil consultatifde la COCAL, a mis les participantsau fait de l’actualité québécoise, enexpliquant notamment comment leprojet de loi sur la gouvernance desuniversités prévoit faire entrer desmembres du secteur privé au conseild’administration de ces institutions.Le X e Congrès de la COCALaura lieu à MexicoC’est lors de la Cinquième Réuniontenue à Montréal en 2002 que lapremière délégation mexicaine s’estjointe à la COCAL. Cette année, elleétait composée, entres autres, d’ArturoRamos, de l’Université autonomede Chapingo, ainsi que de Maria ElenaLechuga et Lorenza Manoatl, toutesdeux de l’Université autonome de Mexico.On avait envisagé de tenir le IX e Congrèsà Mexico, à Toronto ou à Québec,et c’est cette dernière ville qui a étéchoisie. Cette fois-ci, le Conseil consultatifde la COCAL, qui s’est réuni à lafin du congrès le dimanche après-midi,a choisi la capitale du Mexique pour latenue de son dixième congrès, qui auralieu en août 2012. Info-SCCCUM voustiendra informé des préparatifs decette première incursion en terrelatino-américaine.Au moment où la mondialisationinquiète par ses effets pervers(pensons à la marchandisation del’éducation et à l’enseignement àdistance), les travailleurs et travailleusesau statut précaire du secteurde l’éducation profiteront trèsLa liste de discussion de la COCALMouvement syndicalDe gauche à droite :Karen Hawley, représentante nationalede la National Union of Public and GeneralEmployees (NUPGE); Puma Freytag, présidentdu Syndicat des chargées et chargés decours de l'Université Laval( SCCCUL), syndicathôte de la IX e COCAL; Lorenza Manoatl, enseignanteà l'Université Nationale Autonome duMexique (UNAM); David Robinson, directeurgénéral associé de l'Association canadiennedes professeures et professeurs d'université(ACCCPU); Claude Vaillancourt, comité Écoleet Société FNEEQ-CSN, qui agissait à titred'animateur des débats et Vinnie Tirelli, duProfessional Staff Congress (PSC-CUNY).bientôt d’une fructueuse collaborationà l’échelle nord-américaine. Lesproblématiques que l’on connaît depart et d’autre des frontières de nostrois pays membres varient en fonctionde l’encadrement législatif et desgains syndicaux réalisés, mais l’emploide chargé(e)s de cours et de personnesqui occupent des postes semblables estpartout en expansion. L’établissementet le maintien de conditions de travailacceptables exigent une vigilance detous les instants.Avant de devenir une organisation, la COCAL était un réseau informel detravailleurs au statut précaire du secteur de l’enseignement en poste dans lesuniversités américaines qui échangeaient à l’aide d’une liste de discussion.Ce moyen de communication est au cœur des activités de la coalition entredeux congrès. Tous les sujets touchant notre profession y sont traités, de lapropriété intellectuelle à l’accès au statut de permanent, en passantpar les luttes syndicales locales et la précarité. On peut s’y abonner surla page Web suivante : http://adj-l.org/mailman/listinfo/adj-l_adj-l.org16 Novembre 201017