10.07.2015 Views

Novembre 2010 - SCCCUM - Université de Montréal

Novembre 2010 - SCCCUM - Université de Montréal

Novembre 2010 - SCCCUM - Université de Montréal

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Portraits8Dossier : les chargé(e)s <strong>de</strong> cours <strong>de</strong> languesAperçu sur l’enseignement <strong>de</strong>s langues à l’Université <strong>de</strong> MontréalL’U<strong>de</strong>M offre l’enseignement <strong>de</strong> 12langues en plus du français et <strong>de</strong>l’anglais : l’allemand, l’arabe, le catalan,le chinois (mandarin), l’espagnol, le grecancien, le grec mo<strong>de</strong>rne, le japonais, lelatin, le portugais et le russe.l Le français langue secon<strong>de</strong> est enseignéà l’École <strong>de</strong> français <strong>de</strong> laFaculté <strong>de</strong> l’éducation permanente(FEP). Il s’y donne <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong>communication orale ou écrite, <strong>de</strong>scours intensifs combinant les <strong>de</strong>ux,ainsi que <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> phonétiquecorrective. Des ateliers <strong>de</strong> culturequébécoise sont <strong>de</strong>stinés aux nouveauxarrivants ; l’école offre aussid’autres cours plus spécialisés (parexemple, Français langue <strong>de</strong>s affairesou Compréhension et retransmission<strong>de</strong> l’information). Les cours<strong>de</strong> français peuvent aussi être intégrésdans un programme d’étu<strong>de</strong>scomme le Certificat en françaislangue secon<strong>de</strong> pour non-francophone(qui comprend <strong>de</strong>s cours surla culture) ou la concentration Françaislangue secon<strong>de</strong> du certificatd’étu<strong>de</strong>s individualisées.l L’École <strong>de</strong> langues <strong>de</strong> la FEP offreégalement <strong>de</strong>s cours d'anglaisadaptés aux étu<strong>de</strong>s et au marchédu travail. Pour les étudiants <strong>de</strong>niveau intermédiaire ou avancé,le Certificat d’étu<strong>de</strong>s individualiséesoffre <strong>de</strong>ux concentrations :Anglais langue secon<strong>de</strong> et Anglaislangue <strong>de</strong>s affaires. Ce certificatpeut conduire à l’obtention d’unbaccalauréat par association <strong>de</strong>programmes, appelé baccalauréatpar cumul. Quant aux cours d’anglais<strong>de</strong> la FAS, ils s’adressent à <strong>de</strong>sAu<strong>de</strong> Jimenezétudiants ayant déjà une certaineconnaissance <strong>de</strong> la langue et sontsouvent intégrés à <strong>de</strong>s structures<strong>de</strong> programme divers.l Deux unités principales se partagentl’enseignement <strong>de</strong>s langues autresque le français : le Département <strong>de</strong>littératures et langues mo<strong>de</strong>rnes(DLLM) et le Centre <strong>de</strong>s langues.Au DLLM, les cours sont davantageculturels (autochtones d’Amériquelatine, littérature latine médiévale…)Au Centre <strong>de</strong>s langues, il s’agit <strong>de</strong>cours <strong>de</strong> communication et d’analyse<strong>de</strong> la langue (débutant, avancé…)l L’allemand occupe une place privilégiéeau sein <strong>de</strong> l’enseignement<strong>de</strong>s langues à l’U<strong>de</strong>M : il existeplus <strong>de</strong> 50 cours en étu<strong>de</strong>s alleman<strong>de</strong>sau premier cycle du Département<strong>de</strong> littératures et <strong>de</strong> langues mo<strong>de</strong>rnes,et six niveaux <strong>de</strong> difficulté dansles cours <strong>de</strong> langue alleman<strong>de</strong> duCentre <strong>de</strong>s langues, une exclusivitéquébécoise.l Les cours concernant l’Asie (mandarin,japonais, culture japonaise,1http://www.cetase.umontreal.ca/2http://www.centre-<strong>de</strong>-langues.umontreal.ca/documents/Cadreeuropeen.pdf3http://www.ahc.umontreal.ca/activites/jumelage.htmpensée chinoise par les textes…)disposent <strong>de</strong> leur propre unitéd'embauche, le CETASE 1 .l Cette année (<strong>2010</strong>), l’U<strong>de</strong>M adoptele cadre européen <strong>de</strong> référencepour les langues, qui permettra àl’Université <strong>de</strong> travailler à partir <strong>de</strong>critères internationaux, notammenten ce qui concerne les niveaux <strong>de</strong>compétence <strong>de</strong>s étudiants 2 .l Les étudiants <strong>de</strong> l’U<strong>de</strong>M ont accès à unservice très convivial qui leur permet<strong>de</strong> rencontrer <strong>de</strong>s pairs d’une autrelangue et d’échanger <strong>de</strong>s conversationsen <strong>de</strong>hors du cadre formel <strong>de</strong>leurs cours : le jumelage interlinguistique3 . Des échanges peuvent se faireen arabe, cantonnais, mandarin…l POUR EN SAVOIR PLUS, on peutvisiter un portail (assez sommairemais efficace) qui englobe unegran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’informationconcernant les langues à l’U<strong>de</strong>M,notamment en matière <strong>de</strong> politiqueslinguistiques :www.langues.umontreal.caFréquentation <strong>de</strong>s programmes d’enseignement <strong>de</strong>s languesà l’Université <strong>de</strong> Montréal2008-2009 2009-<strong>2010</strong>Allemand 526 559Anglais (à la FAS) 611 602Anglais (à la FEP)Arabe 253 239Espagnol 1112 1236Français Approx. 4000 Approx. 4000Italien 334 317Par ailleurs, le choix <strong>de</strong>s langues présentées est lié auxportraits, eux-mêmes déterminés par <strong>de</strong>s facteurs liés auxcontacts disponibles ; il ne constitue aucunement la marqued’un jugement <strong>de</strong> valeur ou d’un manque d’intérêt.Attention : en arabe, notamment, <strong>de</strong> nombreuxcours sont <strong>de</strong>s cours semi-intensifsà six crédits, ce qui fait augmenter considérablementle nombre d’étudiants/cours(1 étudiant suivant un cours <strong>de</strong> 6 crédits= 2 étudiants suivant un cours <strong>de</strong> troiscrédits).Apprendre l’arabe, c’est tendance !Outre <strong>de</strong>s cours liés à la culture, àl’histoire et aux sciences politiques,le Département d'étu<strong>de</strong>s arabes offrebien entendu <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> langue duniveau élémentaire au niveau avancé,que donnent trois chargés et chargées<strong>de</strong> cours. Parmi ceux-ci, L’Info <strong>SCCCUM</strong>a rencontré Akila Sekhri.D’Alger au CaireD’origine algérienne, Akila a fait sesétu<strong>de</strong>s doctorales à l’Université duCaire, où elle a passé cinq années.Elle a aussi visité le Maroc, la Tunisie,la Jordanie et la Syrie. C’est dire qu’elleconnaît la région du Maghreb (l’Ouest)au Machrech (l’Est). Et par la langue,c’est toute une culture qu’elle cherche àtransmettre à ses étudiants. D’ailleurs,Akila adorerait les emmener en voyage<strong>de</strong> découverte…Des étudiants en gran<strong>de</strong>majorité non arabes« Il y a <strong>de</strong>ux catégories, explique AkilaSekhri : ceux qui ont <strong>de</strong>s origines arabes,mais n’ont pas appris la langue etveulent retrouver leurs racines, ou quisont issus <strong>de</strong> pays arabes (y compris<strong>de</strong>s immigrants récents), mais ont faitleurs étu<strong>de</strong>s en français ou en anglaisFrançoise Miquetet ne connaissent que le dialectal. Ilsreprésentent 30 % <strong>de</strong>s étudiants. »Cependant, la majorité <strong>de</strong>s étudiantssont <strong>de</strong>s francophones. « Certains ontun conjoint ou une conjointe arabophone,ou éprouvent simplement unintérêt personnel. D’autres étudient ensciences politiques, en anthropologie,ou à la mineure en Étu<strong>de</strong>s arabes, quioffre, en plus <strong>de</strong> cours <strong>de</strong> langue, <strong>de</strong>scours portant sur la littérature, l’histoire,la société et les enjeux actuels. Plusieurscompléteront les cours par <strong>de</strong>s séjours àl’étranger ou <strong>de</strong>s stages linguistiques. »Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s clichés, uneculture diverse pour unediversité <strong>de</strong> peuplesAkila déplore les clichés liés à l’actualitéinternationale que véhiculent, entreautres, les médias. Il faut la voir pourfendreavec feu les théories du « choc <strong>de</strong>scivilisations » à la Samuel Huntington.« Nous avons un proverbe qui dit :“Quand on ignore une chose, on <strong>de</strong>vientson ennemi”. Il faut se rencontrer, s’ouvrirà l’autre. Et d’abord, il n’y a pas “un”mon<strong>de</strong> arabe, mais une multitu<strong>de</strong><strong>de</strong> mon<strong>de</strong>s arabes. Le mon<strong>de</strong> araben’est pas fait que <strong>de</strong> musulmans, maisaussi <strong>de</strong> chrétiens <strong>de</strong> nombreuses obédiencesainsi que <strong>de</strong> juifs ; les sociétés,surtout urbaines, sont complexes, avecune diversité <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> groupessociaux – et en même temps, il y aun dénominateur culturel commun, quej’essaie <strong>de</strong> faire passer dans mes cours. »Une langue bien vivante« La langue exprime le fonds commun<strong>de</strong> la culture <strong>de</strong>s peuples arabes :1Il existe également une littérature érotique arabe classique2Comme en atteste l’ouvrage Arabesques, l’aventure <strong>de</strong> la langue arabe en Occi<strong>de</strong>nt,par Henriette Walter et Bassam Baraké, Robert Laffont/Éditions du temps, Paris, 2006.Portraitsjoie <strong>de</strong> vivre, sens du beau et espritcommunautaire. »Même si le Coran est la référence <strong>de</strong>la langue classique (voir l’encadré),l’arabe n’est pas figé dans un rigorismepieux. Très riche en vocabulaire,il se prête aux images évocatrices et àla poésie (les joutes oratoires furentd’ailleurs monnaie courante en Arabie),mais aussi à l’humour. Il suffit <strong>de</strong>voir <strong>de</strong>s arabophones échanger <strong>de</strong>sblagues salées pour s’en convaincre 1 !« Langue officielle ou co-officielle <strong>de</strong>22 pays, l’arabe a le statut <strong>de</strong> langueofficielle à l’ONU, rappelle Akila. C’estla quatrième langue la plus parléedans le mon<strong>de</strong>. » L’arabe a bien sûrfortement marqué le persan, le turcet l’ourdou, mais on trouve dans plusieurslangues occi<strong>de</strong>ntales, dont lefrançais, <strong>de</strong> nombreux mots d’originearabe 2 .L’arabe : plus facile qu’il n’y paraîtCertes, l’arabe s’écrit <strong>de</strong> droite à gaucheet sa calligraphie peut intimi<strong>de</strong>r au premierabord… Pourtant, à y regar<strong>de</strong>r<strong>de</strong> plus près, cette langue sémitique(<strong>de</strong> la même branche que l’hébreu etl’amharique d’Éthiopie) n’est pas siéloignée <strong>de</strong> la nôtre :l elle possè<strong>de</strong> un alphabet, avecune bonne partie <strong>de</strong> sons communsavec le français (entre autresle « R », si difficile pour beaucoupd’allophones) ;l elle comporte <strong>de</strong>s consonnes et<strong>de</strong>s voyelles (courtes ou longues) ;suite à la page 10<strong>Novembre</strong> <strong>2010</strong> 9


PortraitUn seul arabe classique, plusieurs arabes dialectaux« L’arabe dialectal, explique Akila, peut sembler à l’oreille très différent d’unpays à un autre, en raison <strong>de</strong> différences dans l’accent et dans le vocabulairecourant : par exemple, l’arabe algérien est influencé par le kabyle et lefrançais ; ainsi, un Algérien aura parfois du mal à se faire comprendre d’unJordanien. Par contre, tout le mon<strong>de</strong> comprend les Égyptiens, grâce à leursfilms et à leurs chansons très populaires. »« Ce qu’on enseigne à l’Université <strong>de</strong> Montréal, c’est l’arabe standard utilisédans les médias écrits et parlés, les discours officiels, les institutions d’éducation…Il est compris <strong>de</strong> tous. Sa grammaire se rapproche davantage <strong>de</strong> celle<strong>de</strong> l’arabe classique, appelé fosha. »Akila a étudié la fosha, ou arabe classique, la langue <strong>de</strong>s lettrés. Le Coranconstitue la référence <strong>de</strong> sa grammaire à la fois complexe et logique (commeles mathématiques où brillèrent les Arabes pendant notre Moyen-Âge).l il y a un masculin, un féminin etun pluriel (ainsi qu’un « duel », quidésigne <strong>de</strong>ux entités) ;l elle compte <strong>de</strong>s prépositions, <strong>de</strong>sadjectifs, <strong>de</strong>s déterminants… et lesverbes se conjuguent à plusieurstemps et sur plusieurs mo<strong>de</strong>s !De plus, comme Akila aime l’expliquer àses étudiants, c’est une langue extrêmementlogique : il n’y a pas d’exceptions(contrairement à une langue que nousconnaissons bien…), et chaque racine,formée <strong>de</strong> trois consonnes, sert à créerune kyrielle <strong>de</strong> mots qui forment une famillesémantique : Cela ai<strong>de</strong> beaucoup àmémoriser le vocabulaire !Exemple <strong>de</strong> famille <strong>de</strong> mots issue<strong>de</strong> la racine trilitère Ka-ta-ba = écrireKitab = livreMaktaba = bibliothèqueMaktab = bureauKatib = écrivainKataba = écrirePar contre, admettons-le : certains sonsgutturaux exigent <strong>de</strong>s contorsions du fond<strong>de</strong> la gorge pas évi<strong>de</strong>ntes au début, et ilfaut s’affûter l’oreille pour reconnaître lesdifférents sons « H »… Mieux vaut ne pasêtre inhibé, car le mot mal prononcé peutacquérir un sens tout autre ! (Exemple :kalb = cœur / kelb = chien).Une classe conviviale pour<strong>de</strong>s étudiants appliquésÀ la fin <strong>de</strong> la session, les étudiantsjouent une petite pièce <strong>de</strong> théâtre, parfoisdéguisés, et le groupe termine lasession en buvant du thé et en dégustantles pâtisseries orientales. Certainsclichés ont du bon !« Je m’attache à chaque groupe, et <strong>de</strong>les avoir initiés au b.a. ba (ou plutôt auba-alef – ba) me rend un peu maternelleenvers eux ! »Les étudiants rivalisent <strong>de</strong> shokran et<strong>de</strong> ma’salama pour saluer Akila. Ellea gagné son pari…Ils apprennent l’arabe parce que…André Poupart, 70 ans, professeur <strong>de</strong>droit, avocat, retraitéJe viens <strong>de</strong> publier chezL’Harmattan Adaptationet immutabilité en droitmusulman – L’expériencemarocaine. Dans le cadred’un doctorat sur « Averroès juriste », jesouhaite pouvoir lire ses jugements (fatwa)du XII e siècle récemment publiés au Caire.Daniel Proulx, 28 ans, étudiant à lamaîtrise en Sciences <strong>de</strong>s religionsJe me spécialise en soufisme,le courant mystique <strong>de</strong> l’islam.Je voudrais pouvoir lire lestextes <strong>de</strong> philosophie arabe,et peut-être, un jour, accé<strong>de</strong>raux documents originaux. Jen’ai pas encore voyagé dans lemon<strong>de</strong> arabe.Estelle Tison et Aurélie ColletteAurélie Collette, 23 ans, étudiante àla maîtrise en Science politiqueLes enjeux politiques au Moyen-Orientme passionnent et me préoccupent ;je collabore à un organisme œuvrantpour la paix ici, au Québec. Je veux maîtriserla fosha et au moins un dialectepour pouvoir travailler sur le terrain. J’aivisité plusieurs pays arabes.Estelle Tison, 21 ans, étudiante aubaccalauréat en Lettres et scienceshumainesL’été <strong>de</strong>rnier, j’ai découvert le Maroc. Jesuis fascinée par cette partie du mon<strong>de</strong>qui a une importance politique crucialedans le mon<strong>de</strong> actuel. J’ai envie <strong>de</strong> ladécouvrir avec plus d’objectivité que cequ’on voit souvent dans les médias.« L’Argentine a <strong>de</strong>s relations historiquesavec la France : lorsqu’elle s’estlibérée du joug <strong>de</strong> l’Espagne, la Franceétait en guerre contre ce pays. Desliens privilégiés se sont alors créésentre les <strong>de</strong>ux pays », explique RodrigoOlivencia, chargé <strong>de</strong> cours en françaislangue secon<strong>de</strong> à l’Université <strong>de</strong> Montréalpour le ministère <strong>de</strong> l’Immigrationet <strong>de</strong>s Communautés culturelles(MICC).Depuis, la francophonie – et la francophilie– se sont installées durablementau pays <strong>de</strong> la pampa, comme en attestentles nombreuses antennes <strong>de</strong>l’Alliance française – au nombre <strong>de</strong> 97pour 24 provinces –, où <strong>de</strong>s milliersd’Argentins continuent <strong>de</strong> s’initier àla langue <strong>de</strong> Molière… qui est tout <strong>de</strong>même en perte <strong>de</strong> vitesse : « Jusqu’en1980 environ, le français était à égalitéavec l’anglais. Les privatisations et lamondialisation ont changé la donne ;aujourd’hui, le français est offert dansles écoles secondaires et dans les universitésuniquement comme matièreà option ». Justement, en mars <strong>2010</strong>,Rodrigo a participé au SEDIFRALE 1 ,congrès <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong> françaislangue étrangère d’Amérique du Sud,qui se tenait en Argentine cette année.« La qualité <strong>de</strong> l’enseignement du françaisen Argentine est extrêmement élevée.J’ai même suivi, dans <strong>de</strong>s universitéspubliques, cinq années <strong>de</strong> cours donnésentièrement en français dans diversesmatières par <strong>de</strong>s professeurs érudits…qui n’étaient jamais allés à Paris ! CesDe l’Argentine au Québec,la francophonie fait <strong>de</strong>s petitsFrançoise Miquetenseignants exceptionnels, souvent malrémunérés et peu soutenus dans leurtravail <strong>de</strong> recherche, ne jouissent pas<strong>de</strong> la considération qu’ils méritent. »Avis à l’Organisation internationale <strong>de</strong> laFrancophonie !Fort <strong>de</strong> cette soli<strong>de</strong> formation, RodrigoOlivencia part enseigner en Nouvelle-Calédonie, territoire français d’outremerdu Pacifique sud, en 1998. « Uneexpérience inoubliable ! Je suis encoreen contact avec <strong>de</strong>s amis canaques etcaldoches. »«Il n' existe pas encore <strong>de</strong>réels modèles d'intégration»<strong>de</strong> la dimension interculturelledans les cours <strong>de</strong> langues.L’été 2001, Rodrigo reçoit une bourse poursuivre un stage en didactique du français,culture et société québécoises, à l’Université<strong>de</strong> Montréal. Il a alors la piqûre pour le1SEDIFRALE : Sesiones para Docentes e Investigadores <strong>de</strong>l Francés Lengua Extranjera2Le colloque, co-organisé par l’Université <strong>de</strong> Montréal et l’Université McGill, avait pourthème L’intégration <strong>de</strong> la culture en classes <strong>de</strong> languesPortraitQuébec. « Ce pays me fascinait. Il mesemblait incarner tous les possibles :une société pacifique et démocratiquequi protégeait les droits <strong>de</strong>s minorités,un peuple jeune et attachant qui manifestaitsa fierté <strong>de</strong> vivre en français… »En 2002, il s’installe à Montréal, où ilenseigne au Centre <strong>de</strong> ressources éducativeset pédagogiques (CREP) <strong>de</strong> laCommission scolaire <strong>de</strong> Montréal.« Ilme fallait faire une maîtrise au Québec,explique Rodrigo. J’ai choisi commesujet <strong>de</strong> thèse Les conceptions professionnelles<strong>de</strong>s enseignants à l’égard dudéveloppement <strong>de</strong> la compétence interculturelleen classe <strong>de</strong> FLS à Montréal. »Rodrigo a d’ailleurs donné, en octobre<strong>de</strong>rnier, une présentation sur ce sujetau Neuvième Colloque <strong>de</strong> l’AFDECE 2 .« Je démontre qu’en général, les enseignantsne se rapprochent pas suffisamment<strong>de</strong> la culture <strong>de</strong> l’autre, quel quesoit le pays <strong>de</strong> la francophonie.« Il n’existepas encore <strong>de</strong> réels modèles d’intégration<strong>de</strong> la dimension interculturelle dansles cours <strong>de</strong> langues. »L’interculturel est crucial pour Rodrigo.« Pour moi, c’est une démarche<strong>de</strong> décentration, <strong>de</strong> découverte,<strong>de</strong> compréhension <strong>de</strong> l’altérité.Dans mes cours, j’essaie <strong>de</strong> créerun climat propice à la toléranceréciproque et à l’enrichissementmutuel. En tant qu’enseignant, jeme veux avant tout un passeur culturelqui s’emploie à faire aimer une langueriche en différences, en accents et encouleurs. »suite à la page 1210 <strong>Novembre</strong> <strong>2010</strong>11


Portraitssuite <strong>de</strong> la page 11Pas <strong>de</strong> doute : Rodrigo est un routier<strong>de</strong> l’enseignement qui n’est pas près <strong>de</strong>poser sa mallette. « J’enseigne à toutessortes <strong>de</strong> publics, notamment à <strong>de</strong>simmigrants <strong>de</strong>s cours intensifs qui sontentièrement disponibles et avec qui sedéveloppe une dynamique <strong>de</strong> groupetrès forte, et à <strong>de</strong>s cadres supérieursqui souhaitent perfectionner leur françaispendant leurs heures <strong>de</strong> travail. »Et comment se porte la relation <strong>de</strong>Rodrigo avec la langue française ?« J’aime le français pour tout ce quecette langue porte comme symboleset comme valeurs. Pour moi, le françaisest une solution <strong>de</strong> rechange audiscours unique dominé par l’anglaiset par la culture américaine. Il faut enprendre soin… Je m’inquiète <strong>de</strong> l’affaiblissementdu statut du français entant que langue commune au Québecet d’un certain laxisme social quant àla qualité <strong>de</strong> la langue écrite et parlée,mais j’éprouve aussi une gran<strong>de</strong>admiration pour les efforts que lesQuébécois déploient <strong>de</strong>puis quatresiècles pour défendre le fait françaisen Amérique du Nord. »Dans le cadre <strong>de</strong> l’atelier Créer du matériel pédagogique à partir <strong>de</strong> rien ?,les participants ont pris plaisir à expérimenter une nouvelle approche <strong>de</strong>création <strong>de</strong> matériel pédagogique à l’intention d’étudiants débutants. Cetteapproche, conçue et développée par Hélène Boivin et Jérôme Deschênes,consiste à créer <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> communication en faisant appel uniquementà l’environnement physique <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> classe – son espace, sonameublement et ses objets – et les personnes qui s’y trouvent – leur corps,leur voix et leurs gestes, rien d’autre. La preuve que parfois, avec rien, on peut tout faire !Le mot <strong>de</strong> l’infoEnseigner les langues, un art délicatFrançoise MiquetEnseigner une langue, c’est tout sauf unesimple transmission <strong>de</strong> savoirs (d’ailleurs,quel enseignement se limite à cela ?). C’estcommuniquer une culture, une façon <strong>de</strong>penser, <strong>de</strong>s symboles, <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s face àla vie… C’est s’adresser à <strong>de</strong>s apprenantsvulnérables, qui n’ont d’autre choix que<strong>de</strong> passer patiemment par toutes lesétapes <strong>de</strong> l’apprentissage. Et pour les accompagner,il faut beaucoup <strong>de</strong> patience,<strong>de</strong> la fermeté aussi, beaucoup d’écouteet <strong>de</strong> l’humour – tous les enseignants <strong>de</strong>langues vous le diront. Il faut maîtriser saHélène Boivin et Jérôme Deschênes :La créativité québécoise en ve<strong>de</strong>tte au SEDIFRALElangue dans toute sa complexité, tout enmodulant ses exigences pour respecterchez l’apprenant <strong>de</strong>s paliers subtils quifont qu’entre le laisser-aller (quand onn’est pas assez stimulé) et le découragement(quand la marche est trop haute), lefil <strong>de</strong> l’apprentissage restera tendu. Il fautvouloir, vraiment vouloir, que les étudiantsprogressent, et le leur faire ressentir,car puisque la langue est vitale, porteused’émotions, les échanges se doiventd’être à dimension humaine.Enfin – et ce défi est particulièrementprésent chez les enseignants <strong>de</strong> françaislangue secon<strong>de</strong> –, on fait face à <strong>de</strong>sgroupes d’une gran<strong>de</strong> diversité dont lesindividus, selon leur langue maternelleet leur culture, ont <strong>de</strong>s facilités d’apprentissageet <strong>de</strong>s façons d’apprendretrès différentes les uns <strong>de</strong>s autres.Et dire qu’il n’y a pas si longtemps,l’Université considérait les chargé(e)s<strong>de</strong> cours <strong>de</strong> langues comme <strong>de</strong> simples« animateurs »…La langue, c’est la vieFrançoise Miquet« C’est ce que dit souvent ma collègue etamie Hélène Boivin, et je suis bien d’accord! J’aime les gens, j’aime la languefrançaise, j’aime communiquer. »Christine Préville a le sourire franc,le regard pétillant et l’enthousiasmecommunicatif. Difficile <strong>de</strong> croire qu’elleenseigne le français langue secon<strong>de</strong><strong>de</strong>puis… 25 ans.Cette passion qui l’anime l’a amenée,entre autres, à faire <strong>de</strong> l’alphabétisationauprès <strong>de</strong> personnes sour<strong>de</strong>s etmalentendantes. Gran<strong>de</strong> voyageuse,elle se passionne aussi pour les culturesdu mon<strong>de</strong>. « Il y a quinze ans,j’ai enseigné dans une université duMexique. J’ai adoré découvrir la façon<strong>de</strong> vivre et <strong>de</strong> penser <strong>de</strong>s Mexicains. »Accent québécois, étudiantsdu mon<strong>de</strong> entier« Les étudiants viennent <strong>de</strong> partout… etmême <strong>de</strong> Montréal. Devant eux, je considèreque je représente les Québécoiset que je me dois <strong>de</strong> leur faire connaîtreet aimer la culture d’ici, surtout s’ilsn’avaient pas envisagé <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir apprendrele français pour trouver du travail ets’intégrer à leur nouvelle vie. » Justement,Christine donne aussi à l’Université<strong>de</strong> Montréal un cours <strong>de</strong> didactiqueintitulé « Langue et culture québécoises »qui s’adresse à <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong> FLE(français langue étrangère) venus <strong>de</strong> paysétrangers. « Ils me disent souvent qu’ilsse sentent plus à l’aise ici qu’en France etmoins jugés à propos <strong>de</strong> leur accent ou<strong>de</strong> leur façon <strong>de</strong> s’exprimer. » Par contre,il faut souvent défaire les préjugés contrel’accent québécois : « Dans leur formationinitiale, par exemple, dans les instituts<strong>de</strong> l’Alliance française présents dansleur pays d’origine, les étudiants ontsouvent eu l’accent parisien commeréférence ».Y a-t-il une spécificité québécoise dansl’enseignement du français langue étrangère? « Dans l’enseignement du françaislangue étrangère, on reconnaît notreexpertise en ce qui concerne la réalité linguistiqueliée à la proximité <strong>de</strong> l’anglais.Mais, <strong>de</strong> façon informelle, l’attitu<strong>de</strong> amicale<strong>de</strong>s enseignants, qui sont aussi très àl’écoute, et l’atmosphère communicativequ’ils instaurent dans leurs cours sontsouvent mentionnées. »Détendre l’atmosphèreChristine Préville a fait <strong>de</strong> la francisationdans les anciens COFI 1 , travaillé pour laCommission scolaire <strong>de</strong> Montréal et leCollège Dawson, et enseigné aux universitésMcGill et Concordia ainsi qu’auxuniversités <strong>de</strong> Victoria et <strong>de</strong> Monterrey(Mexique) ; elle enseigne encore àl’UQTR, à l’UQAM, et bien sûr, à l’Université<strong>de</strong> Montréal. « L’atmosphère dansla salle <strong>de</strong> classe est un élément clépour l’apprentissage. J’aime recourir àl’humour durant mes cours. » Entreautres activités ludiques, elle proposeaux étudiants <strong>de</strong> découvrir l’origined’expressions idiomatiques. « Ilscroient souvent qu’“être dans <strong>de</strong> beauxdraps” signifie “être très riche” ou que“se porter comme un charme” veutdire “ avoir <strong>de</strong>s pouvoirs magiques” ! »De la salle <strong>de</strong> cours à la télévisionCe sont d’ailleurs ces activités quiont inspiré le projet ludoéducatifSe donner le mot 2 , réalisé par legroupe ECP pour TV5, qui présentePortraitsChristine Préville (au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la carte, aumilieu) entourée d'un groupe d'étudiants<strong>de</strong>s capsules linguistiques débordantesd’humour et <strong>de</strong> créativité animées par lescomédiens Pierre Verville et ChristopherHall. En plus d’avoir eu l’idée <strong>de</strong> départ,Christine Préville a participé à l’ensembledu projet, qui comprend également unetrousse pédagogique 3 et un site Web qu’ellea déjà présentés en Allemagne, enArgentine et en Belgique lors <strong>de</strong> congrèssur l’enseignement du français. L’accueila été chaleureux. « Cette belle aventure aduré plus <strong>de</strong> cinq ans… et cela continue,puisqu’on travaille à créer une versionpour l’enseignement <strong>de</strong> l’anglais et uneautre pour les adolescents qui apprennentle français langue secon<strong>de</strong>. » Christinemène régulièrement <strong>de</strong>s projets en parallèleavec son travail d’enseignante. « Celame permet <strong>de</strong> me ressourcer. »Christine expérimente en ce momentun recueil conçu par <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses collègues4 tout aussi passionnés qu’elle.« C’est fantastique <strong>de</strong> travailler avec dunouveau matériel et d’avoir la chance<strong>de</strong> collaborer avec <strong>de</strong>s camara<strong>de</strong>s.De plus, la motivation <strong>de</strong>s étudiantsredouble la mienne, et les échangesavec mes collègues m’inspirent. Je suistoujours aussi enthousiasmée par montravail ! » On n’a pas <strong>de</strong> peine à la croire…1COFI : Centre d’orientation et <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s immigrants.2www.sedonnerlemot.tv.3Pour lire une analyse complète du site Web et <strong>de</strong> la trousse pédagogique : http://alsic.revues.org/in<strong>de</strong>x1259.html.4Grâce au programme d'intégration pédagogique, Hélène Boivin et Jérôme Deschênes ont créé <strong>de</strong>s activités d’enseignement du français oralet écrit qu’ils ont également présentées lors du congrès latino-américain <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong> français SEDIFRALE, qui s’est tenu en Argentine.12 <strong>Novembre</strong> <strong>2010</strong>13


PortraitsApprendre l’allemand… pour mieux connaître le français !Au<strong>de</strong> JimenezUna donna molto occupata 1Au<strong>de</strong> JimenezPortraits« Les étudiants me disent régulièrement :Je ne sais pas si je parlerai allemand correctementun jour ; mais ce qui est sûr,c’est que dans ces cours, j’en ai énormémentappris sur le français ! » C’est lapremière anecdote qui vient à l’esprit<strong>de</strong> Hil<strong>de</strong>gard Grüter, responsable <strong>de</strong>scours <strong>de</strong> langue alleman<strong>de</strong> au Centre<strong>de</strong>s langues (FAS) <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Montréalet chargée <strong>de</strong> cours <strong>de</strong>puis près<strong>de</strong> 25 ans. L’allemand est une languedifficile, certes, et les étudiants la trouventd’autant plus passionnante.Plus ça se complique, plusil y a d’étudiants !Au Centre <strong>de</strong>s langues <strong>de</strong> la FAS, Hil<strong>de</strong>gardGrüter en voit passer, <strong>de</strong>s étudiants! En tant que responsable, c’est ellequi s’occupe entre autres choses <strong>de</strong> lesplacer au niveau qui leur convient à leurarrivée. Et les nombreux programmes enallemand (plus <strong>de</strong> 50 cours <strong>de</strong> premiercycle !) proposés au Centre <strong>de</strong>s langueset au Département <strong>de</strong> littératures et <strong>de</strong>langues mo<strong>de</strong>rnes connaissent un francsuccès, surtout aux niveaux les pluscomplexes : « Au Centre <strong>de</strong>s langues,les cours analytiques, <strong>de</strong> niveaux 5et 6, sont toujours complets. Desétudiants <strong>de</strong> l’UQAM, notamment,viennent compléter leurformation ici. Nous sommesles seuls à offrir ces niveauxavancés à Montréal. »L’enseignement <strong>de</strong> la languealleman<strong>de</strong> est en effet diviséen six niveaux <strong>de</strong> difficulté.« L’allemand est une languedifficile à maîtriser. C’est laseule langue mo<strong>de</strong>rne quis’analyse comme le grec oule latin. On travaille sur <strong>de</strong>stextes complexes <strong>de</strong> philosophie,entre autres. Et nos étudiants réussissentbien ! »Une équipe <strong>de</strong> chargé(e)s<strong>de</strong> cours « tricotée serré »Hil<strong>de</strong>gard Grüter insiste sur le faitque le succès <strong>de</strong>s cours d’allemand«Au Centre <strong>de</strong>s langues, les coursanalytiques, <strong>de</strong> niveaux 5 et 6, sonttoujours complets. Des étudiants<strong>de</strong> l’UQAM, notamment, viennentcompléter leur formation ici. Noussommes les seuls à offrir cesniveaux avancés à Montréal.»est avant tout attribuable à l’équiped’enseignants : « Nous nous entraidonsbeaucoup. Nous échangeons du matérielpédagogique régulièrement, ce qui nousrend plus efficaces. Nous connaissons lesfamilles <strong>de</strong> nos collègues… Nous sommesune petite équipe très soudée. »Ils vont même jusqu’à discuter <strong>de</strong>ssouhaits <strong>de</strong> chacun au moment<strong>de</strong> l’attribution <strong>de</strong>s cours : « On nes’arrache pas les cours les uns auxautres. Une telle s’occupe d’enfantsen bas âge et préfère tel horaire, unautre est plus près <strong>de</strong> la retraite etsouhaite travailler pendant moinsd’heures… On se réunit, on en discuteet on s’organise ».Du coup, les membres <strong>de</strong> l’équipetravaillent quasiment tous à tempsplein. « De cette façon, nous pouvonstous nous investir à fond dans notretravail, et nous sommes attachés ànotre université. »Langues et voyagesFinalement, ce qui attire en premier lieules étudiants dans les cours d’allemand,c’est souvent la perspective <strong>de</strong> partirvisiter l’Allemagne et d’autres paysgermanophones comme l’Autricheou la Suisse. « Ils ne le font pas tous,mais ils ont tous cette idée en tête »,souligne Hil<strong>de</strong>gard Grüter. Ils sont fascinéspar les philosophes allemands,les relations économiques privilégiéesavec l’Allemagne réunifiée, Berlin l’avantgardiste…Bon nombre d’échanges sefont d’ailleurs avec cette ville. Et celafonctionne. « Certains étudiants parlenttellement bien, avec un accent standardtellement parfait, que les gens du pays se<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> quelle région ils peuventbien venir ! » ajoute Hil<strong>de</strong>gard Grüter.Elle-même est originaire <strong>de</strong> Suisse. Elle apartagé ses étu<strong>de</strong>s entre la Suisse etMontréal, et c’est à l’U <strong>de</strong> M qu’elle aobtenu son doctorat en littérature alleman<strong>de</strong>.Son mari est québécois… et ellel’a rencontré en France !Gabriella Lodi enseigne l’italien àl’Université <strong>de</strong> Montréal <strong>de</strong>puis seulement<strong>de</strong>ux ans. Pourtant, on peut direqu’avec elle, « ça déménage » : en plus<strong>de</strong> ses charges <strong>de</strong> cours au Département<strong>de</strong> littératures et <strong>de</strong> langues mo<strong>de</strong>rnes(DLLM) et au Centre <strong>de</strong> langues <strong>de</strong> la FAS,elle est responsable <strong>de</strong>s programmesd’étu<strong>de</strong>s italiennes du premier (DLLM) et<strong>de</strong>s cours d’italien du second. Depuis sonarrivée, l'équipe d'italien a monté <strong>de</strong>ux« projets CLIP 2 », et grâce à l’appui du programme<strong>de</strong> formation professionnelle et<strong>de</strong> perfectionnement, elle revient toutjuste d’un voyage <strong>de</strong> formation près <strong>de</strong>Macerata, au centre <strong>de</strong> l’Italie. Elle nousraconte son expérience.L’Italie, un pays quis’ouvre aux étrangersLa formation <strong>de</strong> Gabriella s’est dérouléedans une petite école qui se spécialisedans l’enseignement <strong>de</strong> l’italien auxétrangers. « Là-bas, il y a <strong>de</strong> plus en plus<strong>de</strong> ces écoles. Malgré les politiques enplace, l’Italie change. » Cette ouverturetouche à la fois les étudiants étrangers etles immigrants <strong>de</strong> ce pays. C’est d’ailleursce que <strong>de</strong>s enseignants italiens rencontréssur place ont confirmé à Gabriella :« Leurs classes, dans le secteur public,sont <strong>de</strong> plus en plus multiculturelles ».Pour attirer <strong>de</strong>s élèves, ces écoles <strong>de</strong>langues font <strong>de</strong> la publicité directementdans nos universités québécoises. C’estce qui explique en partie que Gabriellaait reçu une invitation <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong>Castelraimondo : « En plus, nous avonsune enseignante invitée originaire <strong>de</strong>là-bas en ce moment au DLLM. Celafaisait <strong>de</strong>ux bonnes raisons <strong>de</strong> faire ledéplacement ».Pendant son séjour d’une semaine,Gabriella Lodi a suivi différents ateliers etassisté à <strong>de</strong>s conférences qui portaientsur la didactique <strong>de</strong> l’italien, l’utilisationdu cinéma dans l’enseignement, lestechniques théâtrales et la variété <strong>de</strong> lalangue italienne. Elle ajoute que cela lui aégalement permis <strong>de</strong> « gar<strong>de</strong>r un contactavec mon pays et avec ce qui se fait là-basdans le milieu <strong>de</strong> l’enseignement ».« Les Québécois aussiparlent avec les mains !»Gabriella explique qu’en s’inscrivant à<strong>de</strong>s cours d’italien, les étudiants cherchentd’abord à découvrir une autreculture. « L’Italie a la cote, en ce moment.On le voit avec la popularité <strong>de</strong> lacuisine italienne, <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>, et surtoutavec l’augmentation du«nombre d’inscriptions ànos cours ici, à l’U <strong>de</strong> M,mais aussi au Centreculturel italien <strong>de</strong> Montréal,par exemple. »Pour cette spécialiste <strong>de</strong>s communautésitaliennes québécoises – sonmémoire <strong>de</strong> maîtrise portait surles écrivains québécois d’origine italienne–, cet aspect sociolinguistique <strong>de</strong>l’enseignement revêt une importancemajeure : « Quand on apprend unelangue, on n’apprend pas seulement <strong>de</strong>smots : on se familiarise avec un autretype <strong>de</strong> relations interpersonnelles, avec<strong>de</strong>s symboles, <strong>de</strong>s gestes… D’ailleurs,les Québécois aussi parlent avec lesmains ! » ajoute Gabriella en souriant.Vive la diversité !Cours <strong>de</strong> langues <strong>de</strong> différents niveaux,cours d’introduction à la culture italienne,histoire <strong>de</strong> l’immigration italienne auQuébec… C’est dans cette diversité queGabriella Lodi s’épanouit : « J’ai trouvé unbon équilibre entre les cours <strong>de</strong> langueset les cours <strong>de</strong> culture. Et j’aime vraimentles <strong>de</strong>ux ». Même dans ses cours<strong>de</strong> langues, Gabriella Lodi perçoit une différenceentre les relations qui se nouententre l’enseignant et les étudiants débutantset celles qui se créent dans les coursplus avancés : « Dans les niveaux 1 et 2,les étudiants avancent vite, ce qui est trèsgratifiant ; dans les cours <strong>de</strong> niveaux 3et 4, ils parlent davantage, donc leséchanges sont plus profonds ».Quand on apprend une langue, on n’apprendpas seulement <strong>de</strong>s mots : on se familiarise avecun autre type <strong>de</strong> relations interpersonnelles,avec <strong>de</strong>s symboles, <strong>de</strong>s gestes… »La diversité est également due auxprofils très variés <strong>de</strong>s étudiants.Certains viennent <strong>de</strong> HEC Montréal,d’autres <strong>de</strong> Polytechnique ou <strong>de</strong>s départements<strong>de</strong> biologie, <strong>de</strong> philosophie, <strong>de</strong>droit… Sans compter les adultes et lesétudiants libres. « C’est parfois difficile,mais c’est très intéressant. »1Merci à Cécile Hernu pour le titre <strong>de</strong> cet article.2Voir l’article sur les projets CLIP à la page 6. Le premier projet portait sur les manuels à utiliser dans les cours d’italien <strong>de</strong>puis que l’U <strong>de</strong> M aadopté le cadre européen <strong>de</strong> référence sur les langues, et le second, sur la mise en place d’évaluations normalisées pour l’enseignement <strong>de</strong>l’italien au Centre <strong>de</strong>s langues.14 <strong>Novembre</strong> <strong>2010</strong>15


Mouvement syndicalIX e Congrès <strong>de</strong> la COCALLes chargé(e)s <strong>de</strong> cours d’Amérique du Nordcomparent leurs résultatsMichel Sarra-BournetMembre du Conseil syndical du <strong>SCCCUM</strong>Le Syndicat <strong>de</strong>s chargées et chargés <strong>de</strong>cours <strong>de</strong> l’Université Laval (SCCCUL),affilié à la Fédération nationale <strong>de</strong>senseignantes et enseignants du Québec(FNEEQ-CSN) a été l’hôte du IX e Congrès<strong>de</strong> la Coalition of Contingent Aca<strong>de</strong>micLabor (COCAL IX), qui s’est tenu du 13 au15 août <strong>de</strong>rnier au Pavillon Alphonse-Desjardins <strong>de</strong> l’Université Laval, à Québec.Le <strong>SCCCUM</strong> était bien représenté parmiles quelque <strong>de</strong>ux cents participants :outre son ex-prési<strong>de</strong>nt, Francis Lagacé –actuellement <strong>de</strong>uxième vice-prési<strong>de</strong>ntdu Conseil central du Montréal métropolitain(CSN) –, ont assisté au Congrès laprési<strong>de</strong>nte actuelle du <strong>SCCCUM</strong>, NicoleLavergne, la vice-prési<strong>de</strong>nte à la Conventioncollective, Frédérique Gardye, et levice-prési<strong>de</strong>nt aux relations intersyndicales,David Lewis, ainsi que <strong>de</strong>ux membresdu Conseil syndical, Laval Rioux, etl’auteur <strong>de</strong> ces lignes.Les chargées et chargés <strong>de</strong> coursQuébécois : un élément dynamiqueLa COCAL est une coalition <strong>de</strong> militants<strong>de</strong> syndicats et d’autres organisations duQuébec, du Canada, <strong>de</strong>s États-Unis et duMexique qui luttent pour l’amélioration<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s enseignantsau statut précaire œuvrant dans lesinstitutions d’enseignement supérieur.Elle est née dans la foulée du premiercongrès <strong>de</strong>s professeurs à temps partielaméricains, qui a eu lieu en décembre1996, à Washington. Cette organisationregroupe maintenant <strong>de</strong>s représentants<strong>de</strong>s trois pays. Aux yeux <strong>de</strong>s Canadiens<strong>de</strong>s autres provinces, les Québécoisconstituent une force dynamique, enraison du succès <strong>de</strong>s luttes qu’ils ontmenées. Leur participation s’est traduitepar la prise en charge <strong>de</strong> l’organisationPhoto <strong>de</strong> groupe <strong>de</strong> la délégation<strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la FNEEQ-CSN.<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s neuf premiers congrès : lecinquième, qui a eu lieu à Montréal en2002, et celui <strong>de</strong> cette année, qui s’esttenu à Québec.À chaque occasion, les délégués ontmanifesté leur solidarité en offrant leursoutien à <strong>de</strong>s collègues se trouvant dansune situation particulière. Cette fois-ci,ils ont appuyé par résolution l’adoptiondu projet <strong>de</strong> loi fédéral américain quiamen<strong>de</strong> la National Labour RelationsAct (NLRA), une loi <strong>de</strong>s relations dutravail qui doit garantir aux enseignantset aux auxiliaires d’enseignement <strong>de</strong>suniversités et <strong>de</strong>s collèges améri cainsl’autorisation <strong>de</strong> former <strong>de</strong>s syndicats.Notre situation vue soustous les anglesLa COCAL est <strong>de</strong>puis longtemps un lieuoù l’on échange sur <strong>de</strong>s expériencesvariées. Le congrès <strong>de</strong> <strong>2010</strong> avait pourthème « Vers une stratégie unifiée enAmérique du Nord ». Il s’agit évi<strong>de</strong>mmentd’un objectif ambitieux qu’on nepeut atteindre à court terme, puisque lasituation n’est pas la même dans les troispays ; toutefois, les différentes organisationsentrevoient la possibilité <strong>de</strong> s’épaulerpour élaborer et mettre en œuvre <strong>de</strong>sstratégies <strong>de</strong> communication et <strong>de</strong>négociation. Il a d’ailleurs été question<strong>de</strong> rendre plus systématique la collecte<strong>de</strong> données, afin <strong>de</strong> pouvoir comparerles situations réelles <strong>de</strong>s chargé(e)s <strong>de</strong>cours dans les trois pays.Une soixantaine <strong>de</strong> présentationsont eu lieu au cours <strong>de</strong>s trois jours <strong>de</strong>congrès, parmi lesquelles celle <strong>de</strong>Francis Lagacé, sur les minorités et laprécarité, celle <strong>de</strong> Nicole Lavergne, surles transformations en cours (morcellement,enseignement à distance…)dans les tâches d’enseignement. Il futégalement question <strong>de</strong> reconnaissance<strong>de</strong>s chargé(e)s <strong>de</strong> cours, d’accès auxfonds <strong>de</strong> recherche ou à <strong>de</strong>s postes<strong>de</strong> professeur, et <strong>de</strong> stabilisation <strong>de</strong>l’emploi, <strong>de</strong> formation à distance,d’accroissement et <strong>de</strong> morcellement<strong>de</strong>s tâches, <strong>de</strong> syndicalisationet <strong>de</strong> négociations collectives, ainsique d’équité en matière salariale etd’avantages sociaux.Bilan <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> la professionen Amérique du NordUne importante séance plénière aeu lieu le samedi matin en présence<strong>de</strong> Clau<strong>de</strong>tte Carbonneau. Dans sonmot <strong>de</strong> bienvenue, la prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong>la CSN a fait état <strong>de</strong>s sept années <strong>de</strong>lutte qui ont été nécessaires pourcréer le <strong>SCCCUM</strong>. Elle a souligné quele cadre local n’était pas le seul élémentsignifiant pour nos luttes – carcertains enjeux ont une dimensionplanétaire –, et a parlé <strong>de</strong> la nécessité<strong>de</strong> mondialiser les solidarités.Joe Berry, <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> l’Illinois,a enchaîné en rappelant que cesont <strong>de</strong>s enseignants au statut précaire(en anglais, « contingent ») quidonnent la majeure partie <strong>de</strong>s coursaux États-Unis et que la plupart nesont pas syndiqués, notamment dansle secteur privé. Ce morcellement<strong>de</strong>s tâches augmente la précarité <strong>de</strong>l’emploi, et la popularité grandissante<strong>de</strong> l’enseignement à distance vise ànous amener à faire plus avec moins<strong>de</strong> moyens. Toutes les universitésten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> plus en plus à être géréescomme <strong>de</strong>s banques, comme <strong>de</strong>sorganismes à but lucratif.Pour sa part, Cindy Oliver, prési<strong>de</strong>nte<strong>de</strong> la Fe<strong>de</strong>ration of Post-SecondaryEducators of British Columbia, aobservé une tendance vers l’adoption<strong>de</strong> lois antisyndicales inspirées parles employeurs. De plus, elle a notéqu’un certain nombre <strong>de</strong> contratscollectifs ont été annulés par <strong>de</strong>s jugements<strong>de</strong> tribunaux et que les employeursessaient d’éliminer certainsgains, notamment les clauses quigarantissent la possibilité d’acquérirun statut permanent. Selon elle, lemon<strong>de</strong> universitaire s’achemine versun sous-financement public digne <strong>de</strong>l’ère Reagan.Ensuite, Arturo Ramos, du Sindicato<strong>de</strong> Trabajadores Académicos <strong>de</strong> laUniversidad Autónoma Chapingo, bienconnu pour son analyse <strong>de</strong> la place<strong>de</strong>s travailleurs au statut précaire dansles universités (voir son <strong>de</strong>rnier livre,Magister Changarrization), note quela récente crise a servi <strong>de</strong> prétexte àune foule <strong>de</strong> mauvaises décisions <strong>de</strong>la part <strong>de</strong>s administrations, preuve quele contexte mondial influe sur les situationslocales. En fin <strong>de</strong> séance, MarieBlais, vice-prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la FNEEQ etcoordonnatrice du conseil consultatif<strong>de</strong> la COCAL, a mis les participantsau fait <strong>de</strong> l’actualité québécoise, enexpliquant notamment comment leprojet <strong>de</strong> loi sur la gouvernance <strong>de</strong>suniversités prévoit faire entrer <strong>de</strong>smembres du secteur privé au conseild’administration <strong>de</strong> ces institutions.Le X e Congrès <strong>de</strong> la COCALaura lieu à MexicoC’est lors <strong>de</strong> la Cinquième Réuniontenue à Montréal en 2002 que lapremière délégation mexicaine s’estjointe à la COCAL. Cette année, elleétait composée, entres autres, d’ArturoRamos, <strong>de</strong> l’Université autonome<strong>de</strong> Chapingo, ainsi que <strong>de</strong> Maria ElenaLechuga et Lorenza Manoatl, toutes<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> l’Université autonome <strong>de</strong> Mexico.On avait envisagé <strong>de</strong> tenir le IX e Congrèsà Mexico, à Toronto ou à Québec,et c’est cette <strong>de</strong>rnière ville qui a étéchoisie. Cette fois-ci, le Conseil consultatif<strong>de</strong> la COCAL, qui s’est réuni à lafin du congrès le dimanche après-midi,a choisi la capitale du Mexique pour latenue <strong>de</strong> son dixième congrès, qui auralieu en août 2012. Info-<strong>SCCCUM</strong> voustiendra informé <strong>de</strong>s préparatifs <strong>de</strong>cette première incursion en terrelatino-américaine.Au moment où la mondialisationinquiète par ses effets pervers(pensons à la marchandisation <strong>de</strong>l’éducation et à l’enseignement àdistance), les travailleurs et travailleusesau statut précaire du secteur<strong>de</strong> l’éducation profiteront trèsLa liste <strong>de</strong> discussion <strong>de</strong> la COCALMouvement syndicalDe gauche à droite :Karen Hawley, représentante nationale<strong>de</strong> la National Union of Public and GeneralEmployees (NUPGE); Puma Freytag, prési<strong>de</strong>ntdu Syndicat <strong>de</strong>s chargées et chargés <strong>de</strong>cours <strong>de</strong> l'Université Laval( SCCCUL), syndicathôte <strong>de</strong> la IX e COCAL; Lorenza Manoatl, enseignanteà l'Université Nationale Autonome duMexique (UNAM); David Robinson, directeurgénéral associé <strong>de</strong> l'Association canadienne<strong>de</strong>s professeures et professeurs d'université(ACCCPU); Clau<strong>de</strong> Vaillancourt, comité Écoleet Société FNEEQ-CSN, qui agissait à titred'animateur <strong>de</strong>s débats et Vinnie Tirelli, duProfessional Staff Congress (PSC-CUNY).bientôt d’une fructueuse collaborationà l’échelle nord-américaine. Lesproblématiques que l’on connaît <strong>de</strong>part et d’autre <strong>de</strong>s frontières <strong>de</strong> nostrois pays membres varient en fonction<strong>de</strong> l’encadrement législatif et <strong>de</strong>sgains syndicaux réalisés, mais l’emploi<strong>de</strong> chargé(e)s <strong>de</strong> cours et <strong>de</strong> personnesqui occupent <strong>de</strong>s postes semblables estpartout en expansion. L’établissementet le maintien <strong>de</strong> conditions <strong>de</strong> travailacceptables exigent une vigilance <strong>de</strong>tous les instants.Avant <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir une organisation, la COCAL était un réseau informel <strong>de</strong>travailleurs au statut précaire du secteur <strong>de</strong> l’enseignement en poste dans lesuniversités américaines qui échangeaient à l’ai<strong>de</strong> d’une liste <strong>de</strong> discussion.Ce moyen <strong>de</strong> communication est au cœur <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> la coalition entre<strong>de</strong>ux congrès. Tous les sujets touchant notre profession y sont traités, <strong>de</strong> lapropriété intellectuelle à l’accès au statut <strong>de</strong> permanent, en passantpar les luttes syndicales locales et la précarité. On peut s’y abonner surla page Web suivante : http://adj-l.org/mailman/listinfo/adj-l_adj-l.org16 <strong>Novembre</strong> <strong>2010</strong>17


Espace affaires syndicalesToujours aussi passionnées et passionnés!L'équipe <strong>de</strong> mobilisation du <strong>SCCCUM</strong>Et voilà, une autre session universitaire qui prendra bientôt fin. Le moment estdonc venu <strong>de</strong> vous présenter la Soirée bulles, une activité qui <strong>de</strong>viendra récurrente,ainsi qu'un récapitulatif <strong>de</strong>s événements que l’équipe <strong>de</strong>s affaires syndicalesa organisés pour les membres <strong>de</strong>puis la rentrée scolaire.Lancement <strong>de</strong>s Soirées bulles du<strong>SCCCUM</strong>La première soirée bulles du <strong>SCCCUM</strong>,qui s’est tenue au café La Brunantefraichement rénové, a été un succès.Une vingtaine <strong>de</strong> membres ont échangé<strong>de</strong> façon informelle autour d’un verre <strong>de</strong>vin ou d’une bière et <strong>de</strong> nachos. Unquestionnaire leur a été remis afin quele Comité <strong>de</strong> mobilisation puisse choisirles thèmes qui seront abordés àl’occasion <strong>de</strong>s prochaines soirées. Nousvous invitons à nous envoyer, par ordre<strong>de</strong> préférence, votre choix <strong>de</strong> thèmes(allez sur le site web du <strong>SCCCUM</strong> après le7 décembre, cliquez sur le lien pour avoiraccès au questionnaire et écrivez àluc.leclerc.2@umontreal.ca) .L’activité <strong>de</strong> la rentrée scolaireLe jeudi 23 septembre <strong>2010</strong>, sous lethème « Nouveau départ – Toujoursaussi passionné(e)s », a eu lieu notrepremière activité <strong>de</strong> la rentrée scolaire :une épluchette <strong>de</strong> blé d’In<strong>de</strong>. Nous yavons accueilli une quarantaine <strong>de</strong> membres.Après la saison estivale, cette soiréeagréable a permis aux chargé(e)s <strong>de</strong>cours <strong>de</strong> reprendre contact. Nousespérons vous y retrouver nombreux l’anprochain !Épluchette <strong>de</strong> blé d'In<strong>de</strong> pour l'activité <strong>de</strong> larentrée scolaire.« J'ai été touché par cette simplicité et cette facilité avec laquelle leséchanges se sont tenus. » Daniel BlondinL’accueil <strong>de</strong>s nouveaux membres lorsd’un souper communautaireLe mercredi 20 octobre <strong>2010</strong>, le <strong>SCCCUM</strong>a souhaité la bienvenue à ses nouveauxmembres en les invitant à son premiersouper communautaire. À cetteoccasion, les membres <strong>de</strong> l’équipe syndicaleont cuisiné <strong>de</strong>s petits plats. La soiréed’échange qui a suivi a permis auxnouveaux membres <strong>de</strong> partager leurspremières expériences en tant quechargé(e)s <strong>de</strong> cours à l’U <strong>de</strong> M et <strong>de</strong> faireconnaissance avec l'équipe syndicale.Espérons que cette nouvelle initiative du<strong>SCCCUM</strong> donnera envie à nos nouveauxmembres <strong>de</strong> participer à d’autres événements.Et chapeau aux chefs !Journée nationale<strong>de</strong>s chargé(e)s <strong>de</strong> coursNous avons souligné cette journée du 22novembre en tenant <strong>de</strong>s kiosques <strong>de</strong>visibilité dans divers pavillons <strong>de</strong> l’U <strong>de</strong>M. À cette occasion, le <strong>SCCCUM</strong> a invitéles étudiants à remplir un questionnairepour courir la chance <strong>de</strong> remporter unebourse d'étu<strong>de</strong>s équivalant aux coûtsfixés pour un cours <strong>de</strong> trois crédits. Lesgagnants sont Maxime Lagacé, BrigitteGermain, Mau<strong>de</strong> Lavoie, GabrielGodbout-Castonguay et Valérie Provencher-Leduc.Des étudiants remplissent un questionnaireprésenté par Luc Leclerc, Vice-prési<strong>de</strong>ntaux affaires syndicales.À ne pas manquerSouper <strong>de</strong> Noël, le 10 décembre <strong>2010</strong>, àl’hôtel Omni, situé au 1050 SherbrookeOuest, près <strong>de</strong> la rue Peel.Cette année, notre traditionnel souperaura lieu dans l’élégante salle Pierre-<strong>de</strong>-Coubertin. Ce sera l’occasion pour nous<strong>de</strong> souligner la fin <strong>de</strong> la session dans uneambiance conviviale et festive !La syndicalisation <strong>de</strong>s chargés <strong>de</strong> coursJe suis un vieux militant <strong>de</strong> la cause<strong>de</strong>s chargés <strong>de</strong> cours et j’y consacretoute mon énergie <strong>de</strong>puis 1976… Nevous inquiétez pas, je ne songe pasencore à la retraite !Les débuts, dans les années 1970La syndicalisation <strong>de</strong>s chargés <strong>de</strong> coursfut une entreprise à contre-courantet une primeur à la CSN, en 1976. Elles’est déroulée dans une atmosphèred’adversité, non seulement <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>suniversités, mais aussi <strong>de</strong> l’organisationsyndicale, ce que beaucoup ignorentencore. Je pense être le seul encore <strong>de</strong>la partie parmi ceux qui ont décidé qu’ilfallait le faire à ce moment-là.Les campagnes pour organiser les chargés<strong>de</strong> cours ont mis au jour un groupefantôme <strong>de</strong> travailleurs. Même notretitre d’emploi était gardé secret dans lesannales <strong>de</strong>s établissements, habilementcamouflé <strong>de</strong>rrière l’éblouissante imagedu professeur d’université.J’ai employé le mot « adversité » : c’estqu’en 1976, on était en pleine criseéconomique. Les entreprises ont alorsdécidé <strong>de</strong> fragmenter et <strong>de</strong> précariserles emplois. Le mon<strong>de</strong> du travail subissaitla révolution <strong>de</strong> la précarisation <strong>de</strong>semplois, ce que les syndicats ont misune dizaine d’années à comprendre.Notre fédération fut pionnière à la CSNà cet égard.Après la fin <strong>de</strong> mes étu<strong>de</strong>s, en 1973,j’ai en vain sollicité <strong>de</strong>s postes pendantLaval RiouxCon<strong>de</strong>nsé d’une conférence présentée au Congrès <strong>de</strong> la FNEEQ (Chicoutimi, juin 2006)<strong>de</strong>ux ans, malgré un curriculum vitæet <strong>de</strong>s recommandations hors pair. Lafonction publique n’embauchait plus.Plusieurs <strong>de</strong> mes amis ont même dûs’exiler… À l’automne 1976, j’ai enfinpu travailler comme chargé <strong>de</strong> coursà l’UQAM, où j’avais collaboré ar<strong>de</strong>mmentet gratuitement à la conceptiond’un programme d’implantationen étu<strong>de</strong>s urbaines. Les autres collaborateursont obtenu <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong>profs... mais pas moi. L’amertume quim’en est restée était suffisante pourque je leur impose un syndicat <strong>de</strong>schargés <strong>de</strong> cours !Automne 1976 : c’est la grève <strong>de</strong>s professeurs<strong>de</strong> l’UQAM, appuyée par lesétudiants. Le moment était idéal pourfon<strong>de</strong>r un syndicat <strong>de</strong> chargés <strong>de</strong> cours.Un petit groupe majoritairement issu<strong>de</strong>s sciences sociales s’est réuni dans cebut – surveillé, évi<strong>de</strong>mment, par le syndicat<strong>de</strong>s professeurs, qui tentait d’eninfluencer les décisions et les discussions.Après un magasinage <strong>de</strong> bon aloiauprès <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s centrales syndicales,le groupe choisit la CSN, qui chapeautaitune fédération d'enseignants trèsmilitante, la FNEQ (dont le nom n’a étéféminisé qu’en 1982, <strong>de</strong>venant ainsi laFNEEQ), à laquelle appartenait d’ailleursle SPUQ, Syndicat <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong>l’UQAM. Ainsi, en cas <strong>de</strong> chicane, onresterait en famille.La campagne <strong>de</strong> signature <strong>de</strong> cartes<strong>de</strong> membre auprès <strong>de</strong> 700 chargés <strong>de</strong>cours éparpillés partout dans le GrandLa parole est à vous !Après la tempête qui a secoué les chargées et chargés <strong>de</strong> cours <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Montréal, et alors que ceux <strong>de</strong>l’Université McGill tentent <strong>de</strong> se syndiquer 1 , Laval Rioux, pilier <strong>de</strong> l’action syndicale en faveur <strong>de</strong> notre communautéd’enseignants, fait un retour historique.Montréal et ailleurs fut accomplie en<strong>de</strong>ux mois environ, grâce à l’activitémilitante sur fond <strong>de</strong> grève et avecl’ai<strong>de</strong> indispensable du Conseil central<strong>de</strong> Montréal. Plusieurs profs donnantaussi <strong>de</strong>s charges <strong>de</strong> cours, nous<strong>de</strong>vions leur faire signer <strong>de</strong>s cartesavec l’appui du SPUQ. De plus, ennous syndiquant, nous <strong>de</strong>viendrionsaussi nombreux qu’eux, et la chosese discutait à la CSN et à la Fédérationnationale <strong>de</strong>s enseignants duQuébec, où le SPUQ régnait en maîtreidéologique. Il faut comprendre qu’àl’UQAM, les profs agissaient à titre <strong>de</strong>contremaîtres dans notre accès au travailet dans notre évaluation. Une biendélicate situation !Une fois fondé, le nouveau syndicatdéposa sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’accréditation.Valait-il mieux <strong>de</strong>venir une section duSPUQ ou un syndicat totalement autonome? Selon les professeurs, nous noussyndiquions pour mieux disparaître,car dans le cadre <strong>de</strong> leur négociation,ils préconisaient un corps professoralhomogène qui se chargerait un jour <strong>de</strong>donner tous les cours à l’UQAM. Beauparadoxe militant ! L’histoire a démontréque l’administration <strong>de</strong> l’UQAM nepartageait pas ce point <strong>de</strong> vue. Bien sûr,le syndicat <strong>de</strong>s profs promettait <strong>de</strong> nousaccueillir en son sein comme futurs professeurs<strong>de</strong> plein droit, un jour ou l’autre.1La syndicalisation <strong>de</strong>s chargé(e)s <strong>de</strong> cours <strong>de</strong> l'Université McGill fera l’objet d’un article dans L’Info-<strong>SCCCUM</strong> <strong>de</strong> février 2011suite à la page 2018 <strong>Novembre</strong> <strong>2010</strong>19


La parole est à vous !En attendant, nous nous syndiquionspour combattre l’arbitraire patronalet avoir <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travailrespectables.Quelles étaient ces conditions <strong>de</strong>travail ? Une embauche à la toute<strong>de</strong>rnière minute, un contrat à forfaitpayé en <strong>de</strong>ux seuls versements (à la misessionet à la remise <strong>de</strong>s notes), pas<strong>de</strong> local et pas <strong>de</strong> services d’appoint,la surveillance constante <strong>de</strong>s profsdu département sur nos contenus <strong>de</strong>cours et nos évaluations, et une relation<strong>de</strong> subordination aux profs dontplusieurs d’entre nous étaient d’ailleursles étudiants en maîtrise ou au bac. Cen’était pas mon cas : <strong>de</strong>ux fois diplômé<strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Montréal, j’étais àl’abri <strong>de</strong> tout chantage. C’est pourquoion m’a tant surveillé, car, moi dangereuxélément qui avais été l’étudiant<strong>de</strong> Jacques Parizeau et <strong>de</strong> Fernand Dumont,l’indépendance du syndicat <strong>de</strong>schargés <strong>de</strong> cours, je la voulais !La syndicalisation ne fut pas chosefacile, et la décision positive du commissaireenquêteur à l’accréditationfut vivement contestée <strong>de</strong>vant leTribunal du travail, par l’UQAM.L’Université prétendait que nous<strong>de</strong>vions être considérés comme <strong>de</strong>vulgaires « pigistes », une ressourced’appoint temporaire, <strong>de</strong>s étudiantsen formation ou bien <strong>de</strong>s travailleursautonomes à contrat, et non <strong>de</strong> véritablessalariés.Comme cela arrive souvent dans unmouvement <strong>de</strong> syndicalisation, lesmeneurs <strong>de</strong>vaient mériter une punition.Puisqu’on souhaitait l’échec dutout nouveau SCCUQ, l’administrationn’a pas réembauché les méchantssyndicalistes (avec une certaine complicité<strong>de</strong>s directeurs <strong>de</strong> départementqui étaient alors membres du2Aujourd’hui <strong>de</strong>venue la CSQ.SPUQ, faut-il le mentionner). Je mesuis même retrouvé sur l’assistancesociale.Revenu au SCCUQ après la signature <strong>de</strong>la première convention collective, en1979, et <strong>de</strong>vant tout recommencer àzéro, j’ai appris plus tard les manigances– que je tairai ici – qui ont scellé monsort <strong>de</strong> répudié <strong>de</strong> l’UQAM.La syndicalisation dans lesautres universités au QuébecLa FNEQ avait ouvert la voie àl’organisation <strong>de</strong>s enseignants précaires,en accord avec la CSN quidécida alors <strong>de</strong> prendre en chargetous les groupes <strong>de</strong> chargés <strong>de</strong> coursau Québec. La syndicalisation <strong>de</strong>schargés <strong>de</strong> cours <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong>Montréal s’étira <strong>de</strong> 1978 à 1985,dont plus <strong>de</strong> cinq ans <strong>de</strong> contestation<strong>de</strong>vant tous les tribunaux, y comprisun recours <strong>de</strong>vant la Cour suprêmedu Canada qui mit fin à cette saga judiciaire.La première négociation s’estconclue en 1987.Tout au long <strong>de</strong>s années 1980, laCSN et la FNEEQ – ainsi que d’autrescentrales – ont fait <strong>de</strong>s tentatives<strong>de</strong> syndicalisation auprès d’autresgroupes <strong>de</strong> chargés <strong>de</strong> cours. Dessyndicats CSN ont été formés dansles diverses constituantes du réseau<strong>de</strong> l’Université du Québec : àChicoutimi, à Rimouski, en Abitibi eten Outaouais. À Rimouski, le syndicat<strong>de</strong>s professeurs a contribué à lasyndicalisation <strong>de</strong>s chargés <strong>de</strong> cours,en faisant même une section <strong>de</strong> sonpropre syndicat. C’est plus tard, vers1990, que le syndicat <strong>de</strong>s chargés <strong>de</strong>cours est <strong>de</strong>venu autonome, lorsquecelui <strong>de</strong>s profs a quitté la FNEEQ. Àl’Université Laval, la syndicalisationa eu lieu en 1987, à la fois chez lescliniciens <strong>de</strong>ntistes et chez les autreschargés <strong>de</strong> cours, à l’exception <strong>de</strong>ceux <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine (selonla volonté <strong>de</strong> l’Université).La CSN a cependant échoué à Trois-Rivières en 1982, à l’Université Concordiaen 1983, et aussi à l’Université<strong>de</strong> Sherbrooke, où l'on a plutôtchoisi la CEQ 3 . À McGill, <strong>de</strong>ux tentativestimi<strong>de</strong>s ont été infructueuses,à l’exception <strong>de</strong> la syndicalisation<strong>de</strong>s Teaching Assistants en 1995. Leschargés <strong>de</strong> cours <strong>de</strong> l’Éducation permanente<strong>de</strong> Concordia et les chargésd’enseignement <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong> technologiesupérieure ont eux aussi ralliéla CSN et la FNEEQ, au début <strong>de</strong> 1990.Ils ont été suivis par les tuteurs et tutrices<strong>de</strong> la TÉLUQ (la télé-université,rattachée <strong>de</strong>puis à l’UQAM) en 2000.Deux tentatives infructueuses <strong>de</strong> syndicalisationà l’École polytechnique<strong>de</strong> Montréal ont eu lieu à la mêmeépoque. Tout bien considéré, il s’agitd’une belle réussite.La FNEEQ, interlocuteurincontournableLe Québec compte aujourd’hui plus<strong>de</strong> 10 000 chargés <strong>de</strong> cours <strong>de</strong>s universités,dont plus <strong>de</strong> 95 % sont syndiquéset affiliés à une gran<strong>de</strong> centralesyndicale. La FNEEQ, à elle seule, enregroupe près <strong>de</strong> 8 000. C’est le noyaudur <strong>de</strong> notre représentation dans lavie universitaire, ce qui fait <strong>de</strong> nous uninterlocuteur incontournable auprèsdu ministère <strong>de</strong> l’Éducation et <strong>de</strong>vantle grand public. C’est là le résultat <strong>de</strong>trente ans <strong>de</strong> militantisme syndicalsoutenu. Soyons-en bien fiers.Dans chaque Info<strong>SCCCUM</strong>, unmembre est invité à s'exprimer.Partagez vos expériences, vospassions ou vos réalisations.Communiquez votre point<strong>de</strong> vue sur un sujet lié à la vie<strong>de</strong> chargé(e) <strong>de</strong> cours.francoise.miquet@umontreal.ca20

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!