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Automne 2008 Prix: fr. 2.- - GSsA

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lution de l’armée suisse vers l’intégration dans desstructures militaires internationales est plus que problématique.La structure militaire très largement dominanteen Europe, c’est l’OTAN. Les pays européensqui essayent de constituer une armée européenne (la«force de réaction rapide») sont de toute manière liésà l’OTAN. Le principal problème de ces entités militaires,c’est qu’elles interviennent en premier lieu pourassurer les intérêts stratégiques des pays membres etnon pas pour défendre une hypothétique légitimitéinternationale. Cette dernière se trouve vidée de sasubstance justement par les guerres lancées par lespays de l’OTAN au Kossovo, en Afghanistan et en Irak.En Suisse, la droite national-populiste s’oppose à lacollaboration militaire internationale parce que celaconstituerait un désaveu cinglant de son idéologieisolationniste. Chez les socialistes, les dirigeants duparti plaident ouvertement pour une armée interventionnisteà l’étranger. C’était déjà la position défendueen 2001 dans la campagne de votation (financée parl’UBS) pour autoriser les engagements armés à l’étranger.Aujourd’hui, avec le bilan très négatif des interventionsoccidentales en Afghanistan et en Irak, l’interventionnismemilitaro-humanitaire se vend beaucoup moinsbien auprès d’une large partie de la base du parti ainsique dans l’opinion publique en général.La Suisse n’est plus une arméeIl y a probablement une raison encore plus profondeà la crise de l’armée. Cette raison n’est qu’indirectementliée au rôle concret de l’armée, elle a beaucoupplus à voir avec son rôle idéologique, voire “identitaire”.Ce rôle s’était forgé surtout avec l’union sacrée autourde l’armée lors de la Deuxième Guerre mondiale. Laguerre <strong>fr</strong>oide, malgré les contestations pacifistes desannées soixante, avait permis d’entretenir ce rôleidentitaire. En 1988, dans le message sur l’initiativepopulaire «Pour une Suisse sans armée et une politiqueglobale de paix» le Conseil fédéral affirmait encore«La Suisse n’a pas une armée, elle est une armée». Levrai succès de la première initiative du <strong>GSsA</strong>, c’était dedonner un coup quasi fatal à ce rôle identitaire. Plusd’un tiers des Suisses l’avaient clairement désavouédans l’urne.L’abandon de vieilles certitudes est toujours problématique.Cela est d’autant plus vrai dans le contexteactuel marqué par l’insécurité sociale, économique etenvironnementale. Mais des facteurs déterminants sontvenus à manquer ces dernières années pour le maintiende l’identification avec l’armée. Contrairement auxpuissances européennes jusqu’en 1945 ou à l’UnionSoviétique dans la période de la guerre <strong>fr</strong>oide, l’imaged’une menace extérieure clairement identifiable faitdéfaut aujourd’hui. La nouvelle menace du terrorismene permet plus de reproduire cette fonction. En premierlieu parce qu’il est de plus en plus évident que lesarmées et les guerres ne sont pas un instrument apteà “vaincre” le terrorisme. En deuxième lieu, de par sanature internationale, le terrorisme concerne la Suisseau même titre que tous les autres pays. Le terrorismen’est donc pas en mesure de susciter le réflexe identitairetraditionnel qui a servi pour affirmer une “identité”propre, à utiliser pour opposer “nous les Suisses” aux“autres” qui nous menaceraient.Modernisation militaire mal enpointLa double impasse et la perte du rôle identitairepour l’armée se retrouvent aussi dans la difficulté defaire accepter le projet d’achat des nouveaux avions decombat. Aujourd’hui une large majorité de l’opinionpublique y est opposée. L’aviation militaire est le symbolepar excellence de toute armée. L’achat des nouveauxavions ménage les deux conceptions évoquéesplus haut: une aviation militaire dernier cri est unélément central de toute armée de défense «forte etcrédible» et la capacité d’attaque au sol, une caractéristiquecommune aux trois modèles actuellement encours d’évaluation, est indispensable aussi pour participerà des opérations «robustes» de soutien à la paixà l’étranger (voir l’article Pourquoi des chasseursbombardiers? à la page 6).Depuis quelques années, bien avant l’éviction deChristoph Blocher du Conseil fédéral, la double impassedes conceptions militaires produit au parlementdes blocages partiels des projets de renouveau del’armée, sans toutefois amorcer une réelle remise enquestion de la défense nationale militaire. Dans lafoulée de cet été mouvementé pour l’armée et en vuedes débats sur le programme d’armement 08, on aentendu le président du Parti Socialiste Suisse of<strong>fr</strong>ir sa«collaboration constructive» en matière militaire auxpartis de la droite non-UDC. On voit à l’exemple de laFrance, après la mort de dix soldats <strong>fr</strong>ançais enAfghanistan, à quelle vitesse le délire sécuritaire de laguerre tous azimuts «contre le terrorisme et pour laliberté et nos valeurs» peut s’imposer dans le discourspolitico-médiatique. Les discours des dirigeants bourgeoishelvétiques «éclairés» qui plaident pour la coopérationmilitaire avec les armées occidentales pourfaire face aux «nouvelles menaces au niveau international»ne sont pas très différents.Tobia Schnebli1948-<strong>2008</strong>: Palestine colonisée - peuple dépossédé. Action derue à Genève 17.05.<strong>2008</strong> (photo: DF).suisse sans arméeSeptante-neuvième numéro, automne <strong>2008</strong>9

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