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L'herbe du Diable et la petite fumée - Jeff Le MAT

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L’HERBE DU DIABLE ET LA PETITE FUMÉE 191guerrier, sa vie était tournée vers <strong>la</strong> force <strong>et</strong> <strong>la</strong> violence <strong>du</strong>monde. Mais je ne suis pas comme ce<strong>la</strong>. C’est ma nature.Dès le début, vous avez vu ce qu’était mon univers. Quandà vous montrer le monde de mon bienfaiteur, je ne peux quevous en montrer <strong>la</strong> porte, <strong>et</strong> ce sera à vous de prendre undécision. Et vous devrez apprendre grâce à vos seuls efforts.Je dois reconnaître ici que j’ai commis une erreur. Il vautmieux, je le vois maintenant, commencer comme on l’a faitpour moi. Il est ensuite plus facile de voir <strong>la</strong> différence danssa simplicité <strong>et</strong> sa profondeur. Un diablero, c’est un diablero,<strong>et</strong> un guerrier, c’est un guerrier. Un homme peut aussi êtreles deux. On en trouve un certain nombre. Mais l’hommequi traverse seulement les chemins de <strong>la</strong> vie est tout. Je nesuis aujourd’hui ni un guerrier ni un diablero. Pour moi, iln’y a que le parcours des chemins avec un cœur, n’importequel chemin. C’est là que je voyage, <strong>et</strong> pour moi le seul défiqui vaille c’est de le parcourir en entier. C’est ainsi que j<strong>et</strong>ravaille – en observant sans cesse, à en perdre le souffle.Il s’est arrêté. Son visage reflétait une gravité inhabituellechez lui. Je ne savais trop que dire. Puis il a continué :« Ce qu’il faut apprendre, c’est comment découvrir <strong>la</strong>fissure entre les deux mondes, celui des diableros <strong>et</strong> celui deshommes vivants. Il existe un point où ces deux mondes sechevauchent. La fissure est là, elle s’ouvre <strong>et</strong> se ferme commeune porte qui bat au vent. Pour arriver là, un homme doitexercer sa volonté. Il doit, à mon avis, développer un désirinsatiable d’y parvenir, y consacrer toutes ses pensées. Maisil faudra qu’il le fasse sans l’aide de qui que ce soit. L’hommesolitaire devra ainsi réfléchir <strong>et</strong> attendre le moment où soncorps sera prêt pour entreprendre ce voyage. Ce<strong>la</strong> s’annoncepar de violents tremblements des membres <strong>et</strong> des vomissements. On ne peut alors ni mangerni dormir, l’hommes’affaiblit. Au somm<strong>et</strong> de ces convulsions, voilà l’homme prêtà partir, <strong>la</strong> fêlure entre les deux mondes s’ouvre devant sesyeux, comme une gigantesque porte. Il doit alors y pénétrer,mais il ne distinguera pas grand chose, il y souffle un ventviolent, on dirait une tempête de sable, le vent tourbillonne.On avance alors dans une direction quelconque, <strong>et</strong> le voyagesera long ou bref, en fonction de <strong>la</strong> volonté <strong>du</strong> voyageur. Unhomme à <strong>la</strong> volonté forte n’aura qu’un bref voyage, l’hommefaible <strong>et</strong> hésitant marchera longtemps au milieu des dangers.

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