11.07.2015 Views

Télécharger le fichier "Bulletin Municipal 2008" - Valognes

Télécharger le fichier "Bulletin Municipal 2008" - Valognes

Télécharger le fichier "Bulletin Municipal 2008" - Valognes

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

J U L E S B A R B E Y D ’ A U R E V I L L Y E T V A L O G N E SJu<strong>le</strong>s Barbey d’Aurevilly est né <strong>le</strong> 2 novembre 1808 à Saint-Sauveur-<strong>le</strong>-Vicomte etmort <strong>le</strong> 23 avril 1889 à Paris où il a passé la plus grande partie de sa vie. Pourquoidonc commémorer <strong>le</strong> bicentenaire à <strong>Valognes</strong>, puisqu’il n’y a guère vécu quequelques mois chaque année entre 1871 et 1887? En fait <strong>Valognes</strong> occupe uneplace primordia<strong>le</strong> dans la vie et dans l’œuvre du “Connétab<strong>le</strong> des Lettres”.22<strong>Valognes</strong> dans la vie de BarbeySaint-Sauveur-<strong>le</strong>-Vicomte est pour Barbey sa vil<strong>le</strong> nata<strong>le</strong> etcel<strong>le</strong> de son enfance ; <strong>Valognes</strong> reste attachée à ses souvenirsd’ado<strong>le</strong>scence et à ses premiers sentiments amoureux. Si l’on nepeut pas prouver que Barbey ait été élève au collège de <strong>Valognes</strong>,du moins l’on sait par sa correspondance qu’il a fréquenté<strong>Valognes</strong> durant son ado<strong>le</strong>scence. Il a séjourné plus ou moinsdurab<strong>le</strong>ment dans la maison de son onc<strong>le</strong> <strong>le</strong> docteur Pontas-Duméril, au numéro 21 actuel de la rue de l’Eglise. Cet onc<strong>le</strong>était une forte personnalité : médecin, il affichait des opinionspolitiques avancées et passait pour “voltairien”, dans une vil<strong>le</strong>encore fort attachée à la religion sous l’Empire et la Restauration.Barbey trace <strong>le</strong> portrait de son onc<strong>le</strong> dans la nouvel<strong>le</strong> tirée desDiaboliques : Le bonheur dans <strong>le</strong> crime. Le docteur Pontas-Dumérilfut à deux reprises maire de <strong>Valognes</strong>, conseil<strong>le</strong>r général et mêmedurant quelques années président du Conseil Général. Par saprofession et par ses fonctions municipa<strong>le</strong>s, il était évidemmentau courant de toutes <strong>le</strong>s affaires valognaises et nul doute que <strong>le</strong>jeune Barbey n’ait entendu, dans <strong>le</strong> salon ou autour de la tab<strong>le</strong>familia<strong>le</strong>, des anecdotes, historiettes et autres ragots propres àalimenter son imagination ferti<strong>le</strong> : n’a-t-il pas appelé une de sesnouvel<strong>le</strong>s qui se passe en partie à <strong>Valognes</strong> « Le dessous de cartesd’une partie de whist » ? Enfin <strong>le</strong>s séjours à <strong>Valognes</strong> étaientpour lui l’occasion de rencontrer ses cousins Alfred et Ede<strong>le</strong>standainsi que sa cousine Ernestine dont <strong>le</strong> charme ne <strong>le</strong> laissait pasindifférent. Toute sa vie, il se souviendra du jardin de l’hôtel dontl’allée menait au Merderet qui cou<strong>le</strong> en contrebas.Barbey s’est ensuite éloigné de <strong>Valognes</strong> : achèvement desétudes secondaires à Paris, puis études universitaires à Caen,enfin carrière de journaliste dans la capita<strong>le</strong>. Une rupture durab<strong>le</strong>avec sa famil<strong>le</strong> l’éloigne aussi de Saint-Sauveur et, du coup, de laNormandie. Lorsqu’après 1856, il revient dans <strong>le</strong> berceau familial,il se contente souvent de faire une courte halte à <strong>Valognes</strong>, <strong>le</strong>temps de changer de diligence.La mort de son père puis la liquidation des biens de famil<strong>le</strong>(hormis quelques meub<strong>le</strong>s et portraits de famil<strong>le</strong>) <strong>le</strong> ramènentdans sa Normandie nata<strong>le</strong>. N’ayant quasiment plus d’attachesà Saint-Sauveur, il cherche à se fixer à <strong>Valognes</strong>, maintenantdesservie par <strong>le</strong> train et donc faci<strong>le</strong>ment accessib<strong>le</strong> depuis Paris.En 1871 il fait un long séjour à l’hôtel du Louvre ; <strong>le</strong> charmeopère : il recherche un appartement et pense même acquérir unemaison, à un moment où il est un peu plus à l’aise financièrement.Fina<strong>le</strong>ment en 1872, il arrête son choix sur trois pièces de l’hôtelGrandval-Caligny avec accès au jardin où, dit-on, il fait planterplusieurs centaines de rosiers. Le bail est signé, la location est de300 francs par an payab<strong>le</strong> à la Saint Michel ; dorénavant, chaquefin d’été en principe, Barbey sera fidè<strong>le</strong> à un séjour valognaisplus ou moins long selon ses obligations parisiennes. A 64 ans ilvient chercher à <strong>Valognes</strong> <strong>le</strong> calme de l’arrière saison, un peu desolitude loin de l’agitation mondaine de Paris, la tranquillité pourécrire ses dernières œuvres ; il se complaît dans l’évocation deses souvenirs, il fréquente quelques amis choisis comme <strong>le</strong>s Royerqu’il vient rejoindre enfin de journée au Brocpour passer la soirée dansune atmosphère familia<strong>le</strong>et musica<strong>le</strong>. Il agrémenteson séjour de déplacementsdans <strong>le</strong> Cotentin pour revoiramis et paysages familiers.<strong>Valognes</strong> dans l’œuvre romanesque de BarbeyBarbey a vécu en écrivant de multip<strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s de critique littéraireou artistique, des artic<strong>le</strong>s de polémique, des poèmes, des <strong>le</strong>ttres àde nombreux correspondants. Son œuvre romanesque comprendune douzaine de titres qui se rapportent pour la plupart à laNormandie : Une vieil<strong>le</strong> maîtresse se dérou<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s environs deCarteret, l’Ensorcelée a pour théâtre la lande de Lessay, un prêtremarié, <strong>le</strong>s environs de Saint-Sauveur. <strong>Valognes</strong> tient une place dechoix, non parce qu’un roman s’y dérou<strong>le</strong> entièrement mais parceque plusieurs récits y font halte ou y reviennent. Le Chevalier desTouches, <strong>le</strong> plus célèbre des romans de Barbey, commence et finità <strong>Valognes</strong>, même si <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur est emmené à Granvil<strong>le</strong> à la suitedes chouans. L’œuvre débute par une nuit de tempête Place duCalvaire quand l’abbé de Percy rencontre bruta<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> hérosdu roman. Vient ensuite <strong>le</strong> récit de l’épopée des chouans, <strong>le</strong>sanciens acteurs de cette histoire se remémorant <strong>le</strong>urs souvenirsdans un vieux salon aristocratique de la rue des Capucins.C’est surtout dans <strong>le</strong>s Diaboliques, recueil de nouvel<strong>le</strong>s achevé à<strong>Valognes</strong> en 1874, que l’on trouve plusieurs histoires se passant,intégra<strong>le</strong>ment ou en partie, à <strong>Valognes</strong>. Dans “A un dînerd’athées”, <strong>le</strong> chevalier de Mesnilgrand, fils d’un ancien mairede <strong>Valognes</strong>, donne un festin à ses amis athées dans un hôtelparticulier de la Place Thurin (aujourd’hui Place C. Blaisot). Ledessous de cartes d’une partie de whist a pour cadre <strong>le</strong>s salonsde l’hôtel de Beaumont, quand <strong>le</strong>s aristocrates passaient la soiréeà jouer aux cartes. Le bonheur dans <strong>le</strong> crime nous ramène à<strong>Valognes</strong> et dans ses environs où l’escrime restait <strong>le</strong> sport favori del’ancienne nob<strong>le</strong>sse. Le rideau cramoisi, selon l’interprétation decertains spécialistes de Barbey, se dérou<strong>le</strong>rait, rue des Religieuses,face à l’hôtel du Louvre.Les derniers écrits de Barbey évoquent éga<strong>le</strong>ment <strong>Valognes</strong>. Unepage d’histoire commence en effet par l’évocation de la “vil<strong>le</strong>que j’habite dans ces contrées de l’Ouest”, la vil<strong>le</strong> de ses spectres,souvenirs toujours vivants de sa jeunesse valognaise.Ce qui attire Barbey à <strong>Valognes</strong>, c’est la force de ses souvenirsrattachés à son ado<strong>le</strong>scence, plus que l’intérêt pour <strong>le</strong>smonuments ou <strong>le</strong>s amis qu’il y aurait connus. <strong>Valognes</strong> nourritainsi l’imagination d’un écrivain connu non seu<strong>le</strong>ment pourson dandysme et son goût de la provocation mais aussi pour sapuissance évocatrice et <strong>le</strong> choix paradoxa<strong>le</strong>ment contemporainde ses thèmes.Michel Mul<strong>le</strong>r,Président de l’association ”Les amis de <strong>Valognes</strong>”

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!