été contraint d’attirer, l’an dernier, l’attention. <strong>Les</strong> <strong>Rencontres</strong>, malgré leur brillant redressement, continuent desubir de plein fouet les aléas de la conjoncture, comme l’a prouvé l’annulation de l’année du Mexique. Notrefinancement, fondé à 60 % sur des recettes propres et du mécénat, nous expose à de graves périls.Dans cette situation d’équilibre précaire, nous exprimons notre pleine gratitude aux partenaires privés dontla fidélité ne nous a pas fait défaut : la Fondation LUMA, que nous ne remercierons jamais assez pour lesprojets ambitieux qu’elle dessine et qui devraient, sous le sceau de Frank Gehry, commencer de se concrétiser àl’automne, en assurant aux <strong>Rencontres</strong> la mise à disposition de nouveaux locaux, SFR, qui avait l’an dernier renouveléet augmenté sa participation selon un nouveau contrat triennal, la Fnac, Olympus, BMW qui a rejoint le Festival l’andernier et revient cette année, la banque Pictet dont nous avons le privilège de présenter le prix sur le développementdurable – sans compter bien d’autres encore que je ne peux citer tous mais qui savent combien nous leur devons.Il me revient de m’adresser enfin aux pouvoirs publics pour leur témoigner notre reconnaissance, enpremier lieu au ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand. Clairement conscient des nouveaux enjeux liés à laphotographie, il nous a témoigné, sur place comme à Paris, de sa conviction que notre festival mérite d’êtreconsolidé et de son intention d’y pourvoir. Sa confiance et son intérêt nous sont précieux, utilement relayéssur place par la Direction régionale des Affaires culturelles. Nous savons gré au ministère de l’Éducationnationale de souhaiter, parce qu’il est conscient de ce que nous apportons à la formation artistique et civique desjeunes citoyens, s’affirmer davantage aux côtés des <strong>Rencontres</strong>, en signant une nouvelle convention triennale.Je remercie également les collectivités locales, le Conseil régional, le Conseil général des Bouches-du-Rhôneet la Ville d’Arles, sans le soutien régulier desquels le festival n’aurait pu perdurer depuis quarante-deux ans.6
NON CONFORMEFrançois Hébel, directeur artistique des <strong>Rencontres</strong> d’Arles.En 2002, pour la première édition de la nouvelle formule des <strong>Rencontres</strong> d’Arles, nous prenions en comptel’élargissement de la palette du photographe par le numérique. Nous présentions Here is New York (Voici NewYork, suite aux attentats du 11 septembre), premier phénomène de l’ère digitale mélangeant professionnels etamateurs, et nous affirmions le genre de la photographie « vernaculaire ». Dix éditions plus loin, le monde achangé, la photographie et son public aussi.MANIFESTESEn 2011, From Here On (À partir de maintenant), un manifeste signé de cinq artistes et directeurs artistiques, tousliés de longue date à Arles, déclare un changement profond dans les usages de la photographie, engendré par lasuprématie d’Internet et de la création numérique dans l’accès et la diffusion des images. Ce manifeste introduitl’exposition de 36 artistes illustrant les nouvelles étendues de la création.Précurseur s’il en est, Chris Marker, a très tôt cherché à utiliser la photographie de façon différente : de La Jetéeà Second Life, du banc-titre mythique à sa passion d’aujourd’hui, la galerie virtuelle. Cette exposition présente cevoyageur engagé, amusé et bouleversant, à travers ses séries photographiques en noir et blanc réalisées durantses voyages autour du monde, et la plus récente, inédite et en couleur, dans le métro parisien.D’une génération différente, mais animé comme Chris Marker d’une conscience politique à l’échelle internationale,JR, révélé à Arles en 2007, qui a toujours eu un souci radical de solidarité et de fraternité et refusé le fatalisme,vient de recevoir le prestigieux prix TED aux États-Unis. Il présente au Théâtre antique l’évolution fulgurantede ses projets d’affichages citoyens, en clôture de la semaine d’ouverture.Cette empathie nous l’avons souhaitée avec les artistes et commissaires d’exposition mexicains, en maintenant,malgré les soubresauts de la politique, plusieurs expositions de ce pays où la photographie tant historique quecontemporaine est remarquable.RÉPUBLIQUEDes vintages de la révolution mexicaine (1910), premier moment de la photographie documentaire moderne, sontrassemblés pour la première fois avec le soutien de la Fondation Televisa de Mexico. Une très belle rétrospectiveconsacrée à Graciela Iturbide est présentée avec l’aide de la FUNDACION MAPFRE à Madrid et de sa commissaireMarta Dahó. Des artistes contemporains montrent leur distance critique sur la société mexicaine d’aujourd’hui.À travers ces projets se révèle une représentation d’une République conquise de haute lutte et d’une démocratiebien vivante.Une longue amitié lie Arles et le Mexique. Après avoir visité Arles, Pedro Meyer a créé à Mexico le Centro de laImagen, devenu le centre de référence pour les photographes latino- américains. Manuel Álvarez Bravo, chargéil y a trente ans de créer une collection de photographies pour la Fondation Televisa, a approché de nombreuxphotographes lors des premières <strong>Rencontres</strong> dirigées par Lucien Clergue.La Fondation Televisa présente également à Arles l’expo sition consacrée au directeur de la photographie GabrielFigueroa initialement prévue à la Conciergerie à Paris.DOCUMENTSEn 1939, dans une France au bord de la capitulation, le président mexicain, Lazaro Cardenas, sauve les républicainsespagnols enfermés par la police française au camp d’Argelès en les évacuant vers le Mexique. C’est lechemin de cette démocratie mexicaine qu’a suivi la valise de négatifs de la guerre d’Espagne de Robert Capa,Gerda Taro et Chim (David Seymour). Elle est exposée pour la première fois en Europe après avoir été révélée àl’International Center of Photography de New York cet hiver.Trisha Ziff, qui a permis de retrouver ce trésor, donne la première de son film poignant sur le périple de cettevalise, en ouverture des <strong>Rencontres</strong> au Théâtre Antique.7