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4 théâtre septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 théâtre 5d’après Luigi Pirandelloadaptation et mise <strong>en</strong> scèneStéphane Braunschweigdu 5 septembre au 7 octobre 2012texte et mise <strong>en</strong> scèneAnna Nozièredu 27 septembre au 27 octobre 2012www.colline.fr - 01 44 62 52 52cirqueDE NOSJOURS[ NOTESON THECIRCUS ]Ivan Mosjoukine25l09 au 27l10lic<strong>en</strong>ces 1-1028773 / 2-1028772 / 3-1028774 photo Ivan Mosjoukine © conception graphique Jeanne RoualetThéâtre de l’épée de Bois / d’après Le Livre des rois, de Ferdowsiécriture et mes Farid PayaRostam et SohrâbCritiqueFarid Paya, grand amoureux des mythes et des sagas, signe une tragédieépique d’après Le Livre des rois, du poète irani<strong>en</strong> Ferdowsi, r<strong>en</strong>danthommage et visibilité à cette œuvre imm<strong>en</strong>se.Plateau nu, simple estrade <strong>en</strong> fond de scènepour suggérer le trône des rois ou le môle desbatailles, bois brut : sur ce décor, se détach<strong>en</strong>tla richesse des costumes chatoyants d’EvelyneGuillin et le magnifique tapis susp<strong>en</strong>du, auxbroderies délicates, que Farid Paya a rapportéd’un de ses voyages <strong>en</strong> Inde. Comme toujours,le metteur <strong>en</strong> scène joue des contrastes pourévoquer le monde extraordinaire des lég<strong>en</strong>des,dont il est un des plus précis spécialistes. Malgréles déboires qu’il a subis avec courage, <strong>en</strong>dépit de la fermeture du Théâtre du Lierre, quiVinc<strong>en</strong>t Bernard et Marion D<strong>en</strong>ys dans Rostam et Sohrâb.l’a privé de son outil, Farid Paya, artisan <strong>en</strong>têté,continue obstiném<strong>en</strong>t son œuvre de créateur.Adepte d’un théâtre fidèle à son ess<strong>en</strong>ce, ilraconte à la communauté assemblée l’histoirede ses origines et la nature de l’espèce humaine.L’humilité rev<strong>en</strong>diquée des moy<strong>en</strong>s et la volontéd’un art sans afféteries confi<strong>en</strong>t aux comédi<strong>en</strong>sla tâche de faire naître, par la seule puissancedu jeu, l’univers merveilleux dont la scènedevi<strong>en</strong>t le cadre.Retour aux sourcesAprès avoir pérégriné parmi toutes les lég<strong>en</strong>desdu monde, de la Mésopotamie à la Grèce,Farid Paya s’empare cette fois-ci du Shâh-Nâmeh, Le Livre des rois, composé il y a dixsiècles par le grand poète persan Ferdowsi,qui y a transcrit toute la mythologie irani<strong>en</strong>ne.Rostam et Sohrâb raconte un des épisodes duThéâtre de la Ville / Loin de Corpus ChristiDe Christophe Pellet /mes Jacques <strong>La</strong>ssalleShâh-Nâmeh, celui où Sohrâb, l’<strong>en</strong>fant guerrierné de l’union <strong>en</strong>tre Rostam, le soldat le plusvaleureux, et Tahmineh, la plus sage et la plusbelle des princesses, cherche son père dansles rangs de l’armée <strong>en</strong>nemie. L’issue du combatsingulier <strong>en</strong>tre les deux champions offreau père une victoire amère, puisqu’il tue sonfils. Rostam, invaincu, est <strong>en</strong> même tempsterrassé par la pire des douleurs : celle quiinverse l’ordre du temps <strong>en</strong> faisant mourir lajeunesse avant l’âge mûr. Les comédi<strong>en</strong>s dela compagnie du Lierre incarn<strong>en</strong>t les héros decette Perse mythique avec autant de précisionque de fougue, faisant naître des tableaux captivants.Face au récit de l’<strong>en</strong>fance du monde età la tragédie de ce fils grandi trop vite et troptôt trépassé, le spectateur retrouve la joiefascinée de sa propre <strong>en</strong>fance. Farid Paya saitraconter des histoires : « Je raconterai de toutesles façons possibles car l’important pourmoi est de raconter les choses aux autres, àceux qui écout<strong>en</strong>t », disait Giorgio Strehler.Catherine RobertThéâtre de l’épée de Bois, Cartoucherie, rroute du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris.Du 26 septembre au 28 octobre 2012.Du mercredi au samedi à 21h ; le dimanche à 18h.Tél. 01 48 08 39 74. Durée : 2h.e Réservez votre billet sur www.journal-laterrasse.frPropos recueillis e Jacques <strong>La</strong>ssalleÀ la croisée du théâtre,du cinéma etde la politiqueJacques <strong>La</strong>ssalle crée Loin de Corpus Christi de Christophe Pellet, piècesur le destin de Richard Hart, acteur américain des années quarante.Image fascinante à l’écran, l’acteur est indicateur de la CIA à Hollywoodpuis de la STASI à Berlin.VOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fr© Agathe Poup<strong>en</strong>ey© D. R. © D. R.Région / ToulonGould / M<strong>en</strong>uhin / Théâtre LibertéChristine Coh<strong>en</strong>dy, Amy Flammer et Charles BerlingEntreti<strong>en</strong> e Charles BerlingMusique à hauteurd’hommesEn codirection du théâtre de Toulon depuis un an, Charles Berling ouvrela saison avec un spectacle autour des figures singulières du pianisteGl<strong>en</strong>n Gould et du violoniste Yehudi M<strong>en</strong>uhin. Pour voir (et <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre) lamusique classique d’un œil nouveau.Qu’est-ce qui relie Gl<strong>en</strong>n Gould et YehudiM<strong>en</strong>uhin ?Charles Berling : Gould et M<strong>en</strong>uhin sont deuxfigures singulières et peu académiques de lamusique au vingtième siècle, mais ils sont différ<strong>en</strong>tssur bi<strong>en</strong> des points. Gould a refusé de jouer<strong>en</strong> public à partir de 32 ans ; jusqu’à la fin de saQuel dispositif avez-vous choisi pour confronterces deux figures ?C. B. : Une moitié de la scène est <strong>en</strong>vahie par latechnologie, du côté de Gould. De l’autre côté, leplateau nu, une chaise et un violon, c’est YehudiM<strong>en</strong>uhin. Ami Flammer et moi ne nous pr<strong>en</strong>onspas pour ces personnages mais nous interprévie,M<strong>en</strong>uhin a voulu aller à la r<strong>en</strong>contre du public.Gould était dans une posture de misanthrope ;M<strong>en</strong>uhin s’est bâti une lég<strong>en</strong>de de grand humaniste.Musicalem<strong>en</strong>t, Gould le protestant étaitdans l’analyse ; M<strong>en</strong>uhin le juif, dans le legato, levibrato, un jeu de l‘instinct et de l’émotion. Toutesces oppositions structur<strong>en</strong>t le spectacle, on parlede musique et d’art pour aller à la r<strong>en</strong>contre dequestions universelles, je ne veux pas que ce soitun spectacle pour les spécialistes.Comm<strong>en</strong>t vous est v<strong>en</strong>ue l’idée de cette pièce ?C. B. : C’est une façon de régler mes comptesavec le très mauvais <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de lamusique que j’ai pu avoir à l’école. Ami Flammerest un ami depuis tr<strong>en</strong>te ans. Il a trèsbi<strong>en</strong> connu M<strong>en</strong>uhin et c’est un professeurde musique qui aime raconter à ses élèves lesdessous de la musique. C’est aussi notre r<strong>en</strong>contrethéâtrale qui fabrique ce spectacle.« Christophe Pellet est v<strong>en</strong>u au théâtre et àl’écriture <strong>en</strong> passant par le cinéma puisqu’ila fait l’école de la FEMIS ; sa pièce Loin deCorpus Christi a trait au cinéma. C’est le nomd’une ville du Texas, d’où est originaire RichardHart. Le titre symbolique fait allusion à l’histoired’une passion et d’un calvaire, le destind’un jeune acteur qui quitte sa ville natale<strong>en</strong> 1947 pour Hollywood où il <strong>en</strong>dosse le rôleprincipal dans quatre films. Puis il disparaît,dev<strong>en</strong>u indicateur de la CIA sous McCarthy ; ilmeurt jeune, à tr<strong>en</strong>te-cinq ans, d’un arrêt cardiaque.Au début des années 2000, une jeunefemme, Anne, qui travaille à la cinémathèquefrançaise à Paris, tombe amoureuse de l’acteurmythique, hantée par cette figure charismatiquedont elle s’informe.Deux destins de femme <strong>en</strong> quêted’un même fantasme masculinVoilà le premier volet de la pièce, tandis que lesecond se situe à Berlin-Est dans les années1988/89 auprès d’une jeune femme, Norma, qui“On parle de musiqueet d’art pour allerà la r<strong>en</strong>contrede questionsuniverselles.”Charles Berlingtons ces deux <strong>en</strong>tités théâtrales avec <strong>en</strong>tre nousune jeune comédi<strong>en</strong>ne, Aurélie Nauzillard, quisert de témoin, joue la candide et chante aussidu Petula Clark. Le sujet n’empêche pas d’êtreclownesque. Il s’agit aussi de s’interroger sur laplace de la technologie dans le spectacle vivantaujourd’hui, sur le rapport de séduction de l’artisteà son public, ou <strong>en</strong>core sur la capacité del’art à r<strong>en</strong>dre l’humain meilleur.Et d’écouter de la musique ?C. B. : Bi<strong>en</strong> sûr. Bach, Beethov<strong>en</strong> ou <strong>en</strong>coreSchönberg ont été magistralem<strong>en</strong>t interprétéspar ces deux musici<strong>en</strong>s. Mais là <strong>en</strong>core, ils’agit de ne pas céder à l’idolâtrie. Pour montrerla complexité de ces personnages, pouraller au-delà des idées reçues, on aborde égalem<strong>en</strong>tla question de la souffrance physiquequ’impliqu<strong>en</strong>t la pratique d’un instrum<strong>en</strong>t et ladim<strong>en</strong>sion sacerdotale de leur <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t.Propos recueillis par Éric DemeyThéâtre Liberté, place de la Liberté, Toulon.Du 20 au 23 septembre à 20h30, dimanche à 16h.Tél. 04 98 00 56 76.a accueilli Richard Hart à la Metro-Goldwyn-Mayer, la grande société de production américaine.<strong>La</strong> protagoniste apparti<strong>en</strong>t à la mouvanceaméricaine de la colonie allemande deBrecht. Chassée des Etats-Unis, abandonnéepar Brecht, elle fait un retour ultime et tragiqueà Berlin où elle découvre un nouveau RichardHart, indicateur de la STASI et du KGB. Ainsi, lapièce révèle deux destins de femmes <strong>en</strong> quêted’un même fantasme masculin, un acteur perdu,retrouvé, inaccessible. <strong>La</strong> structure dramatiqueest un scénario de tr<strong>en</strong>te-deux séqu<strong>en</strong>ces dontl’ordre peut changer selon le choix, à la façon duWoyzeck de Büchner, dans un rythme d’<strong>en</strong>fer. Ledécor est une petite salle de cinéma rêvée etmétaphorique à Hollywood, sur laquelle tombeune chape de plomb à Berlin-Est. MarianneBasler joue Norma, Bernard Bloch joue Brecht…C’est une œuvre où je me retrouve naturellem<strong>en</strong>t,<strong>en</strong>tre écriture, théâtre et cinéma. »Propos recueillis par Véronique HotteThéâtre des Abbesses – Théâtre de la Ville,31 rue des Abbesses 75018 Paris.Du 21 septembre au 6 octobre 2012. À 20h30,les 23 et 30 septembre à 15h. Tél. 01 42 74 22 77.Réagissez et blogguez sur www.journal-laterrasse.frvoilàla programmationdu Théâtrede la Tempêtepour la saison2012-2013.Bug !J.-L. Bauer / Ph. Adri<strong>en</strong> 22 septembre – 27 octobreL’Enfant, drame ruralC. Thibaut 26 septembre – 27 octobreUn chapeau de paille d’ItalieE. <strong>La</strong>biche / G. Bouillon 14 novembre – 16 décembreBelle du Seigneur (extraits)A. Coh<strong>en</strong> / J.-C. Fall, R. M. Leblanc 15 nov. – 16 décembreExposition d’une femmeB. Solange, D. Frischer / Ph. Adri<strong>en</strong> 15 nov. – 16 décembreProtéeP. Claudel / Ph. Adri<strong>en</strong> 10 janvier – 24 févrierPartage de midiP. Claudel / Ph. Adri<strong>en</strong> 18 janvier – 24 févrierL’Ed<strong>en</strong> cinémaM. Duras / J. Champagne 25 janvier – 24 févrierMédéeP. Corneille / P. Correia 21 mars – 21 avrilL’Assemblée des femmesAristophane, M. Bouhada / M. Bonnet 22 mars – 21 avrilTroubles, féerie familialeJ.-M. Galey 9 – 24 maiLes Mystères de ParisE. Sue / W. Mesguich 16 mai – 16 juinRestons EnsembleVraim<strong>en</strong>t Ensemblecréation collective / V. Brayer 1 er – 16 juintél. 01 43 28 36 36 • www.la-tempete.fr<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> Mosjoukine.indd 1 29/06/12 11:25


6 théâtre septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 théâtre 7a Malte Martin atelier graphique | assisté par Adeline Goyet | Impression Moutot | lic<strong>en</strong>ce nº 19 125Entreti<strong>en</strong> e José-Manuel GonçalvèsLe C<strong>en</strong>tquatre,lieu du Tout-MondeJosé-Manuel Gonçalvès est directeur du C<strong>en</strong>tquatre depuis deux ans. A laproue de ce grand vaisseau culturel, situé à la frontière des 18 e et 19 earrondissem<strong>en</strong>ts de Paris, il fédère les artistes, les pratici<strong>en</strong>s amateurs,les spectateurs, publics éclairés ou simples curieux.Comm<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dre compte d’une programmationaussi foisonnante que celle de la saisonà v<strong>en</strong>ir ?José-Manuel Gonçalvès : <strong>La</strong> programmationest foisonnante, et le nombre de projets estimpressionnant : c’est une première évid<strong>en</strong>ce.Mais si on se cont<strong>en</strong>te d’aligner les spectacles,on ne r<strong>en</strong>d compte ni de la réalité, nide l’esprit du lieu. Celui-ci est marqué par lamulti-activité autant que par la pluridisciplinarité.Du point de vue des professionnels,le C<strong>en</strong>tquatre peut être considéré <strong>en</strong> fonctionde sa programmation ; mais du point devue du public, c’est d’abord un lieu, le lieudu « Tout-Monde », à la manière dont le définitEdouard Glissant. Le C<strong>en</strong>tquatre est unecité dans la cité, ag<strong>en</strong>çant, de manière originale,cont<strong>en</strong>us et pratiques, et accueillantdes amateurs, des artistes <strong>en</strong> répétition,des commerces, des défilés, des activitéspour la petite <strong>en</strong>fance : un lieu pour tous lespublics.Qui sont ceux qui se crois<strong>en</strong>t au C<strong>en</strong>tquatre ?J.-M. G. : Il ne s’agit pas de privilégierune population au détrim<strong>en</strong>t d’une autre.Toutes les pratiques ne sont pas équival<strong>en</strong>tes,mais, pour autant, la plupart sontrecevables, celles de ceux dont c’est lemétier comme les autres. Tous les jours,plusieurs dizaines de jeunes qui pratiqu<strong>en</strong>tle théâtre, la danse, le hip-hop, s’empar<strong>en</strong>tdu lieu. L’espace de la nef c<strong>en</strong>trale leur estouvert, quand elle n’est pas occupée pardes propositions artistiques particulières.Cet espace traversant, qui rejoint la rueCurial à la rue d’Aubervilliers, n’est justem<strong>en</strong>tpas une rue qu’on traverse, mais plutôtune multitude de places. Chacun s’y installeà sa guise, sachant que la seule règlede régulation, c’est l’écoute. On n’est pascontrôlé à l’<strong>en</strong>trée, ce qui est exceptionnelà Paris ; et même si des ag<strong>en</strong>ts veill<strong>en</strong>tau bon équilibre <strong>en</strong>tre tous, le principe del’autorégulation prime et fonctionne. Onne connaît pas nécessairem<strong>en</strong>t ceux quiinvestiss<strong>en</strong>t ces espaces : même si ceux quiveul<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ir nous trouver sont les bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>us,il n’y pas d’id<strong>en</strong>tification au départ.C’est ainsi qu’on appr<strong>en</strong>d par hasard quele chorégraphe de Shakira vi<strong>en</strong>t faire répéterou que Mathieu Amalric improvise dansla nef, sollicités par des amateurs ! Ce quiqualifie l’espace, c’est la liberté de ce quis’y passe. Une telle liberté de circulationest rarissime : on la vit un peu dans lesmusées, mais rarem<strong>en</strong>t dans les espacesd’att<strong>en</strong>te des salles de spectacles. Cetteliberté ti<strong>en</strong>t aussi au fait que le C<strong>en</strong>tquatremêle les pratiques.tchekhovIamouetteoncIevanıala mouettetexte Anton Tchekhovmise <strong>en</strong> scèneChristian B<strong>en</strong>edettioncle vaniatexte Anton Tchekhovmise <strong>en</strong> scèneChristian B<strong>en</strong>edetti<strong>en</strong> alternance27 sept › 13 oct 2o12o1 53 o5 19 19ath<strong>en</strong>ee-theatre.comDerrière la multitude des propositions, quelsrepères ?J.-M. G. : Nous proposons un abonnem<strong>en</strong>t,mais les propositions initiales ne correspond<strong>en</strong>tqu’à 70 % de la programmation finale :les équipes <strong>en</strong> répétition peuv<strong>en</strong>t être prêtesde trimestre <strong>en</strong> trimestre, des collaborationsUne Faille / Nouveau Théâtre de Montreuiltexte Sophie Maurer / conception et mes Mathieu Bauer“Cet objet fait naîtreun rapport au publicdiffér<strong>en</strong>t.”Mathieu Bauer© B<strong>en</strong>oit Lineroavec d’autres porteurs de projets ou lieuxpouvant naître à tout mom<strong>en</strong>t, nous voulonsconserver la liberté de les programmer quandelles sont prêtes. Tout au long de l’année, untrimestriel complète donc la programmation.Cela permet de laisser une grande liberté auxartistes et au public. <strong>La</strong> colonne vertébraledu lieu est constituée par les grandes expositionsd’art contemporain : Par Nature, quicomm<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> septembre, et la rétrospectiveKeith Haring, l’une des stars mondiales dustreet art, qui comm<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> avril 2013. Cesdeux expositions vont structurer la circulationdans le lieu. <strong>La</strong> deuxième ligne de forceest dictée par les artistes associés au C<strong>en</strong>tquatre.Mais là <strong>en</strong>core, pas d’exclusivité : lamoitié de la programmation est constituéepar des spectacles créés <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariatavec d’autres lieux. Notre programmation estbâtie sur la création et la coopération avecces lieux : notre id<strong>en</strong>tité ne se fonde pas surl’exclusivité, mais sur le partage.Propos recueillis par Catherine RobertLe C<strong>en</strong>tquatre, 104, rue d’Aubervilliers /5, rue Curial, 75019 Paris. Tél. 01 53 35 50 00.www.104.fre Blogguez sur www.journal-laterrasse.frEntreti<strong>en</strong> e Mathieu BauerFeuilleton théâtralLe directeur du Nouveau Théâtre de Montreuil <strong>en</strong>tame un nouveau projetoriginal : un feuilleton théâtral, intitulé Une Faille, dont la saison 1 estprés<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> septembre. A suivre…Pourquoi avoir choisi cette forme particulièrequi est celle du feuilleton ?Mathieu Bauer : Pour de bonnes raisons :d’abord parce que les feuilletons télévisés,qui fascin<strong>en</strong>t de nombreux téléspectateurs,nous donne des nouvelles de notre mondeet sont le vrai lieu d’une réflexion sur notretemps. Pour d’autres raisons – les mauvaisespeut-être ! – : parce que ces séries ontun côté populaire qui répond au consumérismede l’époque, puisqu’il faut toujoursy rev<strong>en</strong>ir et qu’on att<strong>en</strong>d la suite de façonaddictive. Mais surtout, cet objet fait naîtreun rapport au public différ<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> façonde s’emparer du spectacle est forcém<strong>en</strong>tdiffér<strong>en</strong>te quand l’objet n’est pas fini. Pourmoi, c’est aussi lié au fait d’être dev<strong>en</strong>udirecteur d’un théâtre, et pas seulem<strong>en</strong>tparce que c’est un projet fédérateur pourla population et l’équipe artistique. C’estmoi qui assure la mise <strong>en</strong> scène des troispremiers r<strong>en</strong>dez-vous, mais j’aimerais aussipartager cet objet avec d’autres metteurs <strong>en</strong>scène qui <strong>en</strong> respecterai<strong>en</strong>t la charte maisy imposerai<strong>en</strong>t leur marque, exactem<strong>en</strong>tcomme le font les producteurs des sériesaméricaines. A l’échelle d’un CDN, il s’agiraitd’inviter artistes et compagnies pourparticiper à cette belle équation de pleinde choses.“Notre id<strong>en</strong>titéne se fonde passur l’exclusivité,mais sur le partage.”José-Manuel GonçalvèsComm<strong>en</strong>t le projet est-il né ?M. B. : J’ai travaillé avec une vraie scénaristequi a l’habitude des codes de narrationpropres au feuilleton, Sylvie Coquart-Morel,pour mettre <strong>en</strong> place un scénario aveccliffhanger, rebondissem<strong>en</strong>ts, personnagesqui évolu<strong>en</strong>t. Le texte a été écrit par SophieMaurer, sociologue de formation, mais avanttout auteur, qui est allée à la r<strong>en</strong>contre desg<strong>en</strong>s de Montreuil, parce que je voulais quece projet s’inscrive dans le contexte de cetteville. Très vite, l’idée de produire une cartographiede la ville est apparue évid<strong>en</strong>te ;et cela nous a am<strong>en</strong>és à l’idée de travaillerautour du thème du logem<strong>en</strong>t. Tous lestypes d’habitat exist<strong>en</strong>t à Montreuil, ladiversité et la cohabitation y sont incroyables.Avec humour et distance, on n’est doncpas déconnecté d’une certaine réalité mêmesi la question du réalisme au plateau estcompliquée…© Pierre Grobois© Mario Del CurtoThéâtre du Rond-Pointconception et mes Marie RémondAndréCritique<strong>La</strong> jeune Marie Rémond crée un spectacle touchant et incisif à partir del’autobiographie d’André Agassi, où le champion avoue haïr le t<strong>en</strong>nis.Une histoire particulière, à portée universelle.Marie Rémond, Clém<strong>en</strong>t Bresson et Sébasti<strong>en</strong> Pouderoux mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> forme avec une grande s<strong>en</strong>sibilitéle parcours tumultueux… d’André Agassi.Marie Rémond et ses amis acteurs issus de lamême promotion à l’école du Théâtre Nationalde Strasbourg (2007), Clém<strong>en</strong>t Bresson etSébasti<strong>en</strong> Pouderoux, réussiss<strong>en</strong>t avec Andréun spectacle original, touchant et percutant à lafois. <strong>La</strong> découverte de l’autobiographie d’AndréQue se passe-t-il au plateau ?M. B. : L’histoire est un huis clos. Le théâtre nepermet pas la multiplicité des décors commedans les séries ! Cinq personnages sont coincésdans la buanderie d’une maison de retraitesur laquelle s’est écroulé un immeuble <strong>en</strong> pleineconstruction : un vieux critique de cinéma, p<strong>en</strong>sionnairede la maison de retraite, son fils, unejeune femme flic, une doctoresse et un jeune quideale tout dans la maison de retraite, du chocolatau viagra. Ils discut<strong>en</strong>t, polémiqu<strong>en</strong>t, s’<strong>en</strong>gueul<strong>en</strong>tet se réconcili<strong>en</strong>t. L’intrigue avance aufil de l’<strong>en</strong>quête liée à l’effondrem<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> premièresaison compte huit épisodes d’une demi-heure,joués <strong>en</strong> trois fois, <strong>en</strong> septembre, <strong>en</strong> décembre et<strong>en</strong> mai. A chaque reprise, il y aura des résumés,et puis des coupures de pub, du pop corn, desbonus ! En tournée, on jouera les huit épisodes.<strong>La</strong> version de Montreuil citera cette ville, maiscomme les thématiques sont universelles, <strong>en</strong>tournée, on l’adaptera pour que ça parle à tous !Pourquoi ajouter un chœur d’amateurs ?M. B. : Pour constituer un chœur de citoy<strong>en</strong>squi, dans l’intrigue, vi<strong>en</strong>t apporter son souti<strong>en</strong>aux rescapés. Ils sont là pour rappeler la ville,pour mettre de la distance, pour occuper le terrain.Ils chant<strong>en</strong>t, constitu<strong>en</strong>t des irruptions,des passages, des mom<strong>en</strong>ts d’écoutes. Ils nejou<strong>en</strong>t pas à proprem<strong>en</strong>t parler, et il ne s’agitpas pour moi de donner ainsi des cours dethéâtre. Je ne suis ni pédagogue ni animateur ;mais construire ou se construire à partir degestes ou d’hésitations sur un plateau, j’adoreça. Il s’agit d’inviter les g<strong>en</strong>s à pr<strong>en</strong>dre part à unobjet artistique, <strong>en</strong> essayant de dépasser l’opposition<strong>en</strong>tre le socioculturel et la création.Propos recueillis par Catherine RobertNouveau Théâtre de Montreuil,10 place Jean-Jaurès, 93100 Montreuil.Saison 1 : Haut, bas, fragile. Épisodes 1 à 4,Pris au piège, du 24 septembre au 14 octobre2012. Lundi, v<strong>en</strong>dredi et samedi à 20h30 ;mardi et jeudi à 19h30 ; dimanche à 17h (saufle 30 septembre et le 7 octobre). Suite dufeuilleton : épisodes 5 et 6, Susp<strong>en</strong>dus, du 3au 20 décembre ; épisodes 7 et 8, Reconstruire,du 14 mai au 8 juin. Tél. 01 48 70 48 90.Agassi est à l’origine de la pièce. « Le premierchapitre a résonné longtemps dans ma tête »,confie Marie Rémond, impressionnée par lesdoutes, les contradictions, les questionnem<strong>en</strong>tsqui assaill<strong>en</strong>t le champion (certains de sesquestionnem<strong>en</strong>ts pouvant d’ailleurs rejoindreceux de l’acteur). Né le 29 avril à <strong>La</strong>s Vegas, professionnelde 1986 à 2006, vainqueur de multiplestournois, Agassi déclare avec une grandesincérité : « je hais le t<strong>en</strong>nis ». Marie Rémond avoulu porter à la scène les conflits intérieursdu joueur, et mesurer l’écart <strong>en</strong>tre son imagemédiatique et sa vérité intrinsèque. Utilisantune scénographie extrêmem<strong>en</strong>t simple, les troiscomédi<strong>en</strong>s, qui ont <strong>en</strong>semble écrit le spectacle,parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à distiller toutes les aspérités decette histoire fascinante. Tout est dans le jeu,dans les relations <strong>en</strong>tre les personnages ; cequi apparaît sur le plateau, ce n’est justem<strong>en</strong>tpas ce qui habituellem<strong>en</strong>t et publiquem<strong>en</strong>tse voit, mais bi<strong>en</strong> au-delà des appar<strong>en</strong>ces ceque l’on ress<strong>en</strong>t au plus profond de soi, ce quibouscule et chamboule tout son être, toutesles douleurs morales et physiques, tout l’<strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>tet toute la pression qui annihil<strong>en</strong>t laliberté. Symptôme concret : le corps souffre terriblem<strong>en</strong>t,tandis que sur le court il est voué àse surpasser. <strong>La</strong> forme trouvée pour donner vieaux personnages principal et secondaires esthabile, simple et judicieuse, pleine d’un humourqui laisse cep<strong>en</strong>dant voir tout le sérieux et parfoisle tragique de la situation.« Tu p<strong>en</strong>ses pas, tu te conc<strong>en</strong>tres. »Mais pas de ton larmoyant ici. Le texte vif,concis et incisif - comme un coup droit ! - fait<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre toute l’int<strong>en</strong>sité de cette vie programméemalgré soi. Car dès l’âge de six ans, le pèred’Agassi lui impose un <strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t draconi<strong>en</strong>: « Tu p<strong>en</strong>ses pas, tu te conc<strong>en</strong>tres ». Lepetit est doué, et son père le sait, comme lesaura son <strong>en</strong>traîneur. Marie Rémond interprèteAndré avec une épatante justesse, fragile ett<strong>en</strong>ace à la fois, tandis que Clém<strong>en</strong>t Bressonet Sébasti<strong>en</strong> Pouderoux interprèt<strong>en</strong>t eux aussiavec finesse et juste ce qu’il faut de caricatureson père, son frère, son coach, sa premièreépouse Brooke Shields… Les comédi<strong>en</strong>s transmett<strong>en</strong>tavec beaucoup de s<strong>en</strong>sibilité et detal<strong>en</strong>t cette histoire invitant à méditer sur lesdifficultés du libre-arbitre, l’histoire d’une viepétrie de doutes et de contradictions.Agnès SantiThéâtre du Rond-Point, 2 bis av<strong>en</strong>ue FranklinD. Roosevelt, 75008 Paris. Du 5 septembre au3 octobre à 21h, dimanche à 15h30, relâche lelundi. Tél. 01 44 95 98 21. Durée : 1h15. Spectaclevu à Avignon Off 2012 au Théâtre du Chêne Noir.e Réagissez et blogguez sur www.journal-laterrasse.frZimoun Michel GroismanLe Musée des Cœurs BrisésChristophe BeauregardCéleste Boursier-Moug<strong>en</strong>otNuits 104Week-<strong>en</strong>ds Radio FranceAlbin de la SimoneKloeb 104The Bad PlusSalons de musiqueIswhat?!Hollie CookGorillaz Sound SystemEZ3kielThe Tiger Lillies et Mark Holthus<strong>en</strong>Jacques Gamblin et <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t de WildeJeune CréationMUSIQUEKankaIlya et Emilia KabakovARTS VISUELSPHPKouyaté – NeermanFestival NEMOAbraham Inc.BumcelloMoataz NasrL’Artothèque de BellevilleKeith HaringOrchestre de chambre de Pari / Gavin BryarsÀ Voir & à manger - <strong>en</strong>tre (deux)Hema UpadhyayOlivier MeyrouRyoji IkedaBallaké SissokoGlaser / KunzWinter FamilyYan Duyv<strong>en</strong>dakPierre Rigal / Compagnie dernière minuteRadhouane El Meddeb et Thomas LebrunMaguy MarinRoger BernatCyril TesteMarie RémondNinon Brétécher et Arnaud CathrineLia RodriguesA.I.M.E / Julie Nioche et Virginie MiraSylvain Decure / Cie Les Hommes p<strong>en</strong>chésCie 14:20 - C. Debailleul et R. NavarroYann FrischJacques GamblinEric VignerSéverine ChavrierOlivier DuboisGu Dexin Fausto Paravidino avec la troupe de la Comédie-FrançaiseTélérama Dub FestivalBals Pop’Jean-François SpricigoOlivier SmoldersThe Leg<strong>en</strong>dary Tigerman & Rita Redshoes / Rodrigo AreiasImpati<strong>en</strong>ce - festival de jeunes compagniesFestival Urban’Artsl’abonnem<strong>en</strong>t c’est maint<strong>en</strong>antFESTIVALSBertrand BossardJosef NadjAngelin PreljocajMathias Pilet, Alexandre Fournier et Radhouane El MeddebCie Yoann BourgeoisTHÉÂTREFausto Paravidino avec la troupe de la Comédie-FrançaisePassages 2013 etc. - prolongationsMarta SoaresD<strong>en</strong>is MarleauIvan MosjoukinePhia Ménard / Cie Non NovaTEMPS D’IMAGESaperçude saison2012/2013DANSEA.I.M.E / Julie Nioche et Virginie MiraOlivia Ros<strong>en</strong>thal et Chloé MogliaPRÉSENCES électroniqueParis CinémaCIRQUEMAGIEC’Magic - <strong>en</strong>tre (deux)VOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.frEcrire à la rédaction-administration : la.terrasse@wanadoo.fr


10 théâtre septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 théâtre 11demi-juin12_Mise <strong>en</strong> page 1 01/06/2012 14:03 Page 1CritiqueCritique e RepriseThéâtre Nanterre-Amandiers du 14 sept. au 27 oct. 2012BritannicusTexte Jean RacineMise <strong>en</strong> scène Jean-Louis Martinelliwww.nanterre-amandiers.com01 46 14 70 00Avec Anne B<strong>en</strong>oîtÉric CarusoAlain FromagerGrégoire ŒstermannAgathe RouillerAnne SuarezJean-Marie WinlingScénographie Gilles TaschetLumière Jean-Marc SkatchkoSon Alain GravierCostumes Ursula PatzakCoiffure, maquillageFrançoise ChaumayracAssistante à la mise <strong>en</strong> scèneAmélie W<strong>en</strong>dlingThéâtre Nanterre-Amandiers du 17 au 27 oct. 2012<strong>La</strong> Vie dans les plisD’après les œuvres d’H<strong>en</strong>ri MichauxConception et mise <strong>en</strong> scèneBlandine Savetier & Thierry RoisinComposition et direction musicale Olivier B<strong>en</strong>oîtwww.nanterre-amandiers.com01 46 14 70 00Avec Marion CoulonOlivier DupuySébasti<strong>en</strong> Ev<strong>en</strong>oFrédéric Leidg<strong>en</strong>sSamuel MartinBruno Pes<strong>en</strong>tiAnne SéeIrina SolanoLes musici<strong>en</strong>sSakina AbdouIvann CruzPatrick GuionnetMartin GrangerPeter OrinsAntoine RousseauJuli<strong>en</strong> RousseauJean-Baptiste RubinScénographie Sarah LefèvreCostumes Olga KarpinskyÉclairage Stéphanie DanielThéâtre de la Colline / d’après Luigi Pirandelloadaptation et mes Stéphane BraunschweigSix personnages<strong>en</strong> quête d’auteurStéphane Braunschweig met <strong>en</strong> scène la pièce emblématique dePirandello et l’adapte aux problématiques du théâtre contemporain,s’efforçant de faire représ<strong>en</strong>tation de la confrontation <strong>en</strong>tre une trouped’aujourd’hui et les personnages pirandelli<strong>en</strong>s.En 1927, quelques années après avoir écritSix personnages <strong>en</strong> quête d’auteur, Pirandellorépond non sans humour à son traducteur françaisB<strong>en</strong>jamin Crémieux, qui lui demande quelquesnotes biographiques : « j’ai oublié de vivre,oublié au point de ne pouvoir ri<strong>en</strong> dire, maisexactem<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>, sur ma vie, si ce n’est peutêtreque je ne la vis pas, mais que je l’écris ».Voilà qui donne son importance à la fiction… <strong>La</strong>pièce emblématique de l’auteur sicili<strong>en</strong> dévoileles coulisses du processus de fabrication d’unepièce, et confronte une troupe de théâtre et despersonnages déjà autonomes, déconnectés deleur auteur et <strong>en</strong> quête d’incarnation. Ces personnagesporteurs d’un drame familial douloureuxfont irruption pour faire valoir leur histoireet pour exister par le jeu. Pirandello aussi remet<strong>en</strong> cause le théâtre bourgeois de l’époque. StéphaneBraunschweig adapte avec une pointe dedérision et d’ironie la pièce aux problématiquesdu théâtre d’aujourd’hui, qui reflèt<strong>en</strong>t d’ailleursdes problématiques sociales plus larges : ilinterroge la notion de personnage, d’auteur, dematériau théâtral, les rapports flous et brouillés<strong>en</strong>tre fiction et réalité, la complexité et la multiplicitédes id<strong>en</strong>tités…Acteurs <strong>en</strong> criseet personnages <strong>en</strong> manqueIl a réécrit le prologue, où un metteur <strong>en</strong> scène etquatre acteurs d’aujourd’hui plutôt peu convaincuspar la pièce qu’ils répèt<strong>en</strong>t dialogu<strong>en</strong>t sur lethéâtre et font part de leurs questionnem<strong>en</strong>ts.Le résultat est piquant et plaisant. Il a réécritaussi les parties où les personnages discut<strong>en</strong>tde théâtre avec les acteurs, mais n’a pas modifiéte texte concernant le rapport des personnagesà leur drame. L’ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t de la scène même,très clairem<strong>en</strong>t dessiné par le metteur <strong>en</strong> scèneet scénographe – voire même trop clairem<strong>en</strong>t,ce qui confère un côté statique à la mise <strong>en</strong>scène –, et l’utilisation de la vidéo font écho àla confrontation tantôt palpitante tantôt figée<strong>en</strong>tre acteurs <strong>en</strong> crise et personnages <strong>en</strong> manque,et aussi aux préoccupations de ces acteurs,qui interrog<strong>en</strong>t le rapport <strong>en</strong>tre l’art et la vie, l’illusionet le réel… Stéphane Braunschweig évoqueinternet qui consacre auteur n’importe quelcontributeur, la télé-réalité qui fait théâtre d’undéballage de vie privée, les réseaux sociaux quiexpos<strong>en</strong>t des pans d’intimité aux yeux de tous oupresque. Prisonnier peut-être du désir de vou-Région / BourgesMC Bourges / Une heure <strong>en</strong> villeD’après Kafka / mes Frédéric ConstantPropos recueillis e Frédéric ConstantAu plus près de KafkaUn dispositif original dans lequel le spectateur active lui-même sonvoyeurisme pour une plongée au cœur de l’intime : c’est Une heure <strong>en</strong>ville de Frédéric Constant conçu à partir de textes de Kafka.Des personnages <strong>en</strong> quête de théâtre :comm<strong>en</strong>t être un acteur ?loir tout évoquer de notre modernité au théâtre,le metteur <strong>en</strong> scène octroie trop de pouvoir auxmots, ce qui donne l’impression que le comm<strong>en</strong>taireprime par rapport aux autres aspectsde la représ<strong>en</strong>tation, jusqu’à l’emprisonner. Enoutre, les ressassem<strong>en</strong>ts des acteurs n’ont pasla portée « révolutionnaire » qu’avait le texte dePirandello à l’époque, mais se cantonn<strong>en</strong>t plutôtà une suite d’explications et d’états d’âme quipeuv<strong>en</strong>t être intéressants mais demeur<strong>en</strong>t tropdémonstratifs, plus inscrits dans une forme dediscours que de jeu théâtral, malgré les effets demise <strong>en</strong> abyme parfois saisissants. Ainsi on est àl’écoute, mais on est loin d’être captivé. Commesi la page blanche du plateau de théâtre devait<strong>en</strong>core trouver son écriture, et sa mise <strong>en</strong> jeu.Agnès SantiThéâtre national de la Colline, 15, rue Malte-Brun, 75020 Paris. Du 5 septembre au 7 octobreà 20h30 sauf mardi à 19h30, dimanche à 15h30,relâche le lundi. Tél. 01 44 62 52 52. Durée : 2h.Spectacle vu au Festival d’Avignon 2012.« Dans Une heure <strong>en</strong> ville, les spectateurs choisiss<strong>en</strong>tle personnage qu’ils veul<strong>en</strong>t suivre – ily <strong>en</strong> a sept au total – et par groupes réduits,assist<strong>en</strong>t à ses faits et gestes de la vie quotidi<strong>en</strong>ne.Les comédi<strong>en</strong>s se déplac<strong>en</strong>t, se crois<strong>en</strong>t,interagiss<strong>en</strong>t dans une fausse ville suggéréepar quelques décors – à Bourges, on seradans l’anci<strong>en</strong> hôpital militaire – et à leur suite,les spectateurs activ<strong>en</strong>t leur voyeurisme, seplac<strong>en</strong>t au plus près, choisiss<strong>en</strong>t leur angle de© Christophe Raynaud de <strong>La</strong>ge© MLM Marina© Olivier DerozièreAthénée-Théâtre Louis-Jouvet / D’Anton Tchekhovmes et scénographie Christian B<strong>en</strong>edettiOncle VaniaChristian B<strong>en</strong>edetti met <strong>en</strong> scène Oncle Vania, une constructionmagistrale et épurée avec d’époustouflants comédi<strong>en</strong>s, et r<strong>en</strong>ouvelle ledrame tchékhovi<strong>en</strong>.Tchekhov, c’est un maître absolu ! L’un de cestrès rares écrivains d’une extraordinaire (et siordinaire !) proximité avec nous, comme avecchaque génération. Tout est dit : la vie d’hier,la vie d’aujourd’hui, la vie <strong>en</strong> transition, affrontantdes changem<strong>en</strong>ts mal maîtrisés vers desl<strong>en</strong>demains incertains. <strong>La</strong> vie qui se cherche,se débat, esquive, ou fait face à ses illusions,ses déceptions, ses désirs, ses att<strong>en</strong>tes. Lesamovar trônant sur la table n’est pas éternel…<strong>La</strong> vie est un perpétuel mouvem<strong>en</strong>t, quel’on compr<strong>en</strong>d mieux <strong>en</strong> regardant ce théâtre.(Isabelle Sadoyan) et Astrov (Christian B<strong>en</strong>edetti), le thé ou la solitude…Avec Tchekhov, Christian B<strong>en</strong>edetti revi<strong>en</strong>tà ses premières amours. Il avait monté <strong>La</strong>Mouette à son arrivée à Paris il y a tr<strong>en</strong>te ans.L’an dernier, il a initié le projet de monter l’intégralitéde l’œuvre dramatique de Tchekhov,et l’a inauguré avec une Mouette unanimem<strong>en</strong>tsaluée, façonnée dans le même esprit que cetOncle Vania avec pour partie les mêmes comédi<strong>en</strong>s.Christian B<strong>en</strong>edetti a réussi à mettre <strong>en</strong>forme cette exceptionnelle proximité tchékhovi<strong>en</strong>neavec le spectateur par la constructionmagistrale et épurée de sa mise <strong>en</strong> scène,extrêmem<strong>en</strong>t précise, att<strong>en</strong>tive au moindredétail. Une construction d’une simplicité radicaleet ess<strong>en</strong>tielle, nette, claire, remarquablem<strong>en</strong>tallusive, sans esbroufe, et portée par uneéquipe d’époustouflants comédi<strong>en</strong>s.Consci<strong>en</strong>ce aiguë de la perteChristian B<strong>en</strong>edetti-le médecin Astrov, DanielDelabesse-Vania, Judith Morisseau-Sonia,Flor<strong>en</strong>ce Janas-El<strong>en</strong>a, Brigitte Barilley-Maria,<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Huon-Téléguine, Philippe Crubézy-leprofesseur Sérébriakov, et last but not leastIsabelle Sadoyan-Marina la vieille nounouform<strong>en</strong>t une partition étonnamm<strong>en</strong>t richeregard. L’idée est née d’une improvisation – ona suivi un comédi<strong>en</strong> qui jouait l’écrivain quittantson bureau pour r<strong>en</strong>trer chez lui – au cours delaquelle j’ai ress<strong>en</strong>ti quelque chose que je n’aiet pleine. <strong>La</strong> scénographie est constituée dustrict nécessaire et d’accessoires basiques.Sans psychologie, dépassant la notion depersonnage, la mise <strong>en</strong> scène se déploie defaçon stupéfiante dans la relation nuancéeet forte que les mots incarnés <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tavec le spectateur. Ainsi l’adresse, la postureet la diction p<strong>en</strong>sées dans l’espace du plateaupr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ici un relief inédit, d’une importancecardinale, qui fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre le texte de façonà la fois percutante et très s<strong>en</strong>sible. Plus lareprés<strong>en</strong>tation avance, plus cette façon dedire résonne avec force et vérité, comme unesorte de dévoilem<strong>en</strong>t de quelque chose de lanature profonde des drames tchekhovi<strong>en</strong>s,ou de la condition humaine. Entre rires et larmesforcém<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>tre consci<strong>en</strong>ce aiguë de laperte, tristesse résignée et rage qui parfoisexplose. Débit très rapide des paroles (qui audébut surpr<strong>en</strong>d, et évite d’emblée un réalismepsychologisant), mom<strong>en</strong>ts susp<strong>en</strong>dus d’arrêtssur image qui fig<strong>en</strong>t la scène et le temps,int<strong>en</strong>ses mom<strong>en</strong>ts de confid<strong>en</strong>ce d’El<strong>en</strong>aou Vania qui s’avanc<strong>en</strong>t tout près du public,sil<strong>en</strong>ces… Le rythme nerveux et sous t<strong>en</strong>sion,comme l’est singulièrem<strong>en</strong>t Astrov, insuffleune forme nouvelle à la pièce, interpelle etexacerbe notre regard, admiratif…Agnès SantiAthénée-Théâtre Louis-Jouvet,7 rue Boudreau, 75009 Paris. Du 28 septembreau 13 octobre, du mardi au samedi à 20h00(matinée aussi à 15h le samedi) <strong>en</strong> alternanceavec <strong>La</strong> Mouette. Tél. 01 53 051919. Durée : 1h20.Spectacle vu au Théâtre-Studio d’Alfortville.e Rejoignez-nous sur facebookjamais retrouvé ailleurs. C’est une théâtralité àpart, un effet de réel particulier. Avec ce dispositif,il se déploie <strong>en</strong> fait une étrange réalité quinous a m<strong>en</strong>és directem<strong>en</strong>t à Kafka, chez qui onest toujours au plus près du personnage, sanssavoir ce qui se passe dehors. Nous avons donctravaillé sur son œuvre complète. On retrouvedans Une heure <strong>en</strong> ville des personnages, dessituations de ses romans et carnets, des procédésde collage et de montage qui sont à l’originede mon désir de mettre <strong>en</strong> scène. »Propos recueillis par Eric DemeyMaison de la culture de Bourges(spectacle à l’anci<strong>en</strong> hôpital militaire),du 2 au 6 octobre à 19h et du 8 au 12 octobreà 21h. Tél. 02 48 67 74 74.e Blogguez sur www.journal-laterrasse.fr51 SPECTACLES THÉÂTRE, MUSIQUE, DANSE, CIRQUE.Un lieu de créations : HOMMAGE À BACHACCENTUS - LE ROI PÊCHEUR VINCENT COURTOIS /ZE JAM AFANE - REPETITIO FRANCK KRAWCZYK -L’ODEUR DU SANG... SHAKESPEARE / PHILIPPE ULYSSEPARFUMS DE SCANDALE FRANCK KRAWCZYK -WANDERER, POST SCRIPTUM ANTOINE GINDT -PRIVATE JOKE FRANCK KRAWCZYK / FRANÇOIS SALÈS -LA MOUETTE TCHEKHOV / ARTHUR NAUZYCIEL -COMPLÈTEMENT TOQUÉ FUOCO E CENEREet aussi : CE QUE J’APPELLE OUBLI ANGELINPRELJOCAJ - SE TROUVER PIRANDELLO /STANISLAS NORDEY - UNIVERS... L’AFRIQUE ABOULAGRAA - HISTOIRE DU SOLDAT STRAVINSKY /RAMUZ / ROLAND AUZET - CENDRILLON MAGUYMARIN / BALLET DE L’OPÉRA DE LYON - WEAR ITLIKE A CROWN CIRKUS CIRKÖR - PROXIMITYGARY STEWART / AUSTRALIAN DANCE THEATRE -LA FAMILLE SEMIANYKI LES SEMIANYKI - L’ENFANTET LES SORTILÈGES ARNAUD MEUNIER / DIDIERPUNTOS - CANTATES ROMANTIQUES KARINEDESHAYES / OPERA FUOCO - CLÔTURE DEL’AMOUR PASCAL RAMBERT - CYRANO DEBERGERAC EDMOND ROSTAND / DOMINIQUEPITOISET - MILLE ET UNE NUITS ANGELINPRELJOCAJ...Conception graphique Gérard Ségard gerard@segard.pro & Sylvie Garnier / Couverture : photographies Théâtre © Nolw<strong>en</strong>n Brod - Photographies spectacles : C<strong>en</strong>drillon © Jaime Roque de la Cruz - <strong>La</strong> familleSemianyki © Katya Doritch<strong>en</strong>ko - Se trouver © Brigitte Enguérand - Clôture de l’amour © Marc Domage - Wear it like a crown © Mats Bäcker - Just to dance... © <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Philippe - Lic<strong>en</strong>ce n°3-1035913VOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.frRéservez votre billet sur www.journal-laterrasse.fr


14 théâtre septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 théâtre 15Crédits photos : Circus Incognitus : Drôles de Dames / Vous désirez ? : Christophe Ubelmann / Aulnay All Blues : Raisin MusicOCT. NOV.DÉC. 2012MUSIQUE - CHANSONPINOCCHIO5 ET 6/10 À 20H307 ET 13/10 À 16HCRÉAFESTIVALAULNAY ALL BLUESDU 19 AU 24/11Hommage à<strong>La</strong> Nouvelle-OrléansLA BELLE DE CADIX30/11 À 20H30Cie Opéra ÉclatéKAMEL EL HARRACHI11/12 À 21HTHÉÂTRED’HOMMAGESSANS INTERDIT(S)21/10 À 16HJean-Claude DreyfusLE PETIT POUCET ÷ 7+21/12 À 20H30<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t GutmannCIRQUE - DANSEHENRIETTE & MATISSE ÷ 4+19/10 À 20H30Cie Kelem<strong>en</strong>isVOUS DÉSIREZ ?8/11 À 20H30Céline LefèvreCIRCUS INCOGNITUS11/11 À 16HJamie AdkinsFESTIVAL H 2 O16 e ÉDITIONDU 12 AU 16/12RÉSERVATIONS 01 48 66 49 90www.aulnay-sous-bois.fr134 AV. ANATOLE FRANCE93600 AULNAY-SOUS-BOISDirection Christophe UbelmannAULNAY-SOUS-BOISThéâtre national de la Collinetexte et mes Anna Nozière<strong>La</strong> PetitePropos recueillis e Anna NozièrePorosité <strong>en</strong>tre la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, l’intérieur etl’extérieur… Après Les Fidèles – Histoire d’Annie Rozier <strong>en</strong> 2010,l’auteure et metteure <strong>en</strong> scène Anna Nozière crée <strong>La</strong> Petite au Théâtr<strong>en</strong>ational de la Colline.« <strong>La</strong> question de l’espace et du temps, de plusieursespace-temps qui s’<strong>en</strong>trechoqu<strong>en</strong>t, sesuperpos<strong>en</strong>t, fusionn<strong>en</strong>t pour de nouveau seséparer est l’une des choses que l’on retrouvedans chacune de mes pièces. Sans douteest-ce dû à mon <strong>en</strong>fance lors de laquelle,pour diverses raisons, ri<strong>en</strong> n’était clair pourmoi : la vie était poreuse, béante, déstructurée.J’avais beaucoup de mal à compr<strong>en</strong>drel’univers dans lequel j’évoluais, ce qui a créé,chez moi, une sorte de confusion. Je croisL’apostrophe / Les Abbesses / Villa + Discursotexte et mes Guillermo Calderonque mon écriture est née à l’<strong>en</strong>droit de cetteconfusion. Lorsque que je mets <strong>en</strong> scène mestextes, je passe d’ailleurs mon temps, sur leplateau, à essayer de saisir ce qui se cacheexactem<strong>en</strong>t derrière ce que j’ai écrit.Un risque d’intrusion perman<strong>en</strong>tCar mon écriture est très mouvante. Parfois,on peut avoir l’impression de savoir exactem<strong>en</strong>toù l’on se situe et, <strong>en</strong> une seconde,on réalise que l’on se trouve ailleurs. DansFrancisca Lewin, Macar<strong>en</strong>a Zamudio et Carla Romero interrog<strong>en</strong>t le drame de l’Histoire chili<strong>en</strong>ne.Gros planQuand le théâtrefait œuvre de mémoireExplorant l’Histoire chili<strong>en</strong>ne dans un diptyque, Villa + Discurso, GuillermoCalderon s’interroge sur la mise <strong>en</strong> œuvre de la mémoire et la constructionde l’av<strong>en</strong>ir. Un théâtre politique universel et profondém<strong>en</strong>t vivant.m<strong>en</strong>t ceux qui port<strong>en</strong>t une parole publique. « J’aitoujours considéré la scène comme un lieu idéalpour p<strong>en</strong>ser politiquem<strong>en</strong>t » souligne le metteur<strong>en</strong> scène, invité dans divers festivals internationaux,s’attachant sur le plateau de théâtre àconcilier le débat d’idées et la dialectique scénique.« C’est un espace de libre expression dela rage et aussi d’un certain optimisme quant àla capacité de l’art à changer le monde » confiet-il<strong>en</strong>core, assignant au théâtre une mission demémoire et de réflexion.Héritant du traumatisme de la dictature, lagénération de Guillermo Calderon, qui a grandisous le régime de Pinochet, s’interroge sur les<strong>en</strong>s et le drame de l’Histoire, qui soudain asservittoute une population sous le joug d’une autoritésuprême, conc<strong>en</strong>trant <strong>en</strong> ses mains tous lespouvoirs. Au Chili, justice n’a pas été faite contreles violations des droits de l’homme, ce quir<strong>en</strong>d d’autant plus impératif de se souv<strong>en</strong>ir etde transmettre, et responsabilise particulièredre<strong>en</strong> charge l’av<strong>en</strong>ir. Dans Villa, elles doiv<strong>en</strong>tpr<strong>en</strong>dre une décision : que faire de la VillaGrimaldi, qui fut l’un des principaux c<strong>en</strong>tresde torture sous Pinochet ? Musée, mémorial,lieu de témoignages avec archives orales… Ledébat très int<strong>en</strong>se reflète ceux qui ont effectivem<strong>en</strong>teu lieu dans le pays. Les trois comédi<strong>en</strong>nes,Francisca Lewin, Macar<strong>en</strong>a Zamudioet Carla Romero font <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre dans Discursoles adieux fictifs de Michelle Bachelet à la finImmédiateté du théâtreL’immédiateté du théâtre permet de questionnerl’histoire avec force et vivacité. Conçu pourêtre joué dans des espaces non-théâtraux(dont d’ex-lieux de dét<strong>en</strong>tion), le diptyque Villa+ Discurso, <strong>en</strong> deux volets inséparables, met<strong>en</strong> scène trois jeunes femmes confrontées àla douleur du passé et à la difficulté de pr<strong>en</strong>deson mandat présid<strong>en</strong>tiel (2006-2010). Undiscours <strong>en</strong> forme de bilan où se mêl<strong>en</strong>t lesespoirs, les contradictions voire les frustrationsd’une femme de pouvoir et d’une partied’un peuple <strong>en</strong>gagé avec elle dans le deuil actifdes blessures du passé et la construction d’unav<strong>en</strong>ir juste. Dépassant le contexte chili<strong>en</strong>, cesquestions dont s’empare la scène concern<strong>en</strong>t àjamais l’histoire de l’humanité tout <strong>en</strong>tière…Agnès SantiL’apostrophe, scène nationale deCergy-Pontoise et du Val-d’Oise. Les 5 et6 octobre à 20h30. Tél. 01 34 20 14 14.Théâtre des Abbesses, 75018 Paris.Du 9 au 19 octobre à 20h30, relâche lessamedis et dimanches. Tél. 01 42 74 22 77.Dans le cadre du Festival d’Automne.e Blogguez sur www.journal-laterrasse.frVOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fr© Val<strong>en</strong>tino Saldivar© Elisabeth Carecchio© IbucL’auteure et metteure <strong>en</strong> scène Anna Nozière.mes spectacles, la frontière <strong>en</strong>tre le réel etl’imaginaire, le naturalisme et la théâtralité,le monde des vivants et celui des morts estsouv<strong>en</strong>t poreuse. C’est le cas dans <strong>La</strong> Petite,pièce au c<strong>en</strong>tre de laquelle une jeune femme<strong>en</strong>fermée dans un théâtre est traquée parle monde extérieur. Le risque d’intrusionest perman<strong>en</strong>t. Quelque chose d’inquiétantplane tout au long de la représ<strong>en</strong>tation. IciD’après Shakespearemes Philippe NicolleBeaucoup debruit pour ri<strong>en</strong><strong>La</strong> compagnie Les 26000 couverts propose savision décalée et drôle de la comédie shakespeari<strong>en</strong>ne: le théâtre ici sait nous surpr<strong>en</strong>dreet nous pr<strong>en</strong>dre à parti.Les 26000 Couverts revisit<strong>en</strong>t shakespeare.Experts du théâtre de rue, la compagnie Les26000 couverts, créative et subversive, estr<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> salle avec une mise <strong>en</strong> scène peuconv<strong>en</strong>tionnelle de la comédie shakespeari<strong>en</strong>neBeaucoup de bruit pour ri<strong>en</strong>, comédie où l’amouravant de se dévoiler connaît de tumultueusespéripéties. <strong>La</strong> troupe <strong>en</strong> profite pour interrogerles conv<strong>en</strong>tions du théâtre, et brouiller avechumour et esprit la frontière <strong>en</strong>tre la scène et lasalle. Maniant leur s<strong>en</strong>s de la farce et du décalage,leur art des détournem<strong>en</strong>ts, les comédi<strong>en</strong>sbouscul<strong>en</strong>t les habitudes et le spectateur danssa tranquillité parfois trop passive. De multiplesrebondissem<strong>en</strong>ts au programme ! A. SantiThéâtre Firmin Gémier – <strong>La</strong> Piscine,Chât<strong>en</strong>ay-Malabry. Du 4 au 6 octobre à 20h30.Tél. 01 41 87 20 84.<strong>La</strong> Scène WatteauTexte et mes François Cervantes<strong>La</strong> Curiositédes angesAvec Zig et Arletti – Dominique Chevallier etCatherine Germain –, François Cervantes faitdécouvrir la magie de la r<strong>en</strong>contre.François Cervantes est l’un de ces artistesess<strong>en</strong>tiels qui vise à partager son art avec lepublic, à toucher profondém<strong>en</strong>t les spectateurs,ce qui, loin d’être un cliché conv<strong>en</strong>u, demeureune finalité inépuisable au théâtre, et difficileà mettre <strong>en</strong> œuvre ! Créée <strong>en</strong> 1987, troisièmepièce de la compagnie qui voyait naître lesclowns imm<strong>en</strong>ses et bouleversants Zig (DominiqueChevallier) et Arletti (Catherine Germain),<strong>La</strong> Curiosité des Anges a beaucoup voyagé, carces clowns becketti<strong>en</strong>s, pitres marginaux horsde toute psychologie, de toute anecdote et de© D. R.© Fanny Legras<strong>en</strong>core, le rapport <strong>en</strong>tre les fantasmes et laréalité est c<strong>en</strong>tral, ainsi que le rapport <strong>en</strong>trel’intimité et le reste du monde, <strong>en</strong>tre l’intérieuret l’extérieur. Qu’est-ce que cet extérieurcherche à nous voler ? Face à toutesces t<strong>en</strong>tatives d’intrusion, qu’est-ce que l’onparvi<strong>en</strong>t à préserver de soi, de son intimité ?<strong>La</strong> Petite est traversée par ces questionnem<strong>en</strong>tset ces oppositions. Tout cela, bi<strong>en</strong> sûr,fait naître une forme de complexité. Et toutl’<strong>en</strong>jeu de ma mise <strong>en</strong> scène est de résisterau désir de résoudre cette complexité, tout<strong>en</strong> parv<strong>en</strong>ant à faire <strong>en</strong> sorte que les spectateursréussiss<strong>en</strong>t à se l’approprier, à voyageravec elle. »Propos recueillis parManuel Piolat SoleymatThéâtre national de la Colline,15 rue Malte-Brun, 75020 Paris.Du 27 septembre au 27 octobre 2012.Du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h et ledimanche à 16h. Tél. 01 44 62 52 52.www.colline.frZig et Arletti, deux clowns bouleversants.tout folklore, sav<strong>en</strong>t agir sur notre imaginaire,sur nos émotions profondes. « Le clown pose laquestion du prés<strong>en</strong>t absolu » confie FrançoisCervantes. « Cette pièce, c’est la r<strong>en</strong>contre del’autre, c’est ça, c’est tout. »A. Santi<strong>La</strong> Scène Watteau, place du Théâtre,Nog<strong>en</strong>t-sur-Marne. Le 6 octobre à 20h30.Tél. 01 48 72 94 94.Théâtre Gérard PhilipeMaison des métallosUne semaine<strong>en</strong> compagnieL’idée pr<strong>en</strong>d racine et c’est tant mieux. Unesemaine <strong>en</strong> compagnie – deuxième édition –nous fait découvrir des propositions singulières.SODA, un titre pop pour une pièce qui pétille d’audace.C’est simple : chaque structure coorganisatrice– Arcadi, la maison des métallos, le collectif 12et le TGP – choisit un spectacle qu’elle a <strong>en</strong>viede déf<strong>en</strong>dre, parce que singulier, audacieuxet émerg<strong>en</strong>t. Cette année, c’est SODA (Soyonsoublieux des désirs d’autrui), saga de huit épisodeset dix heures écrite comme un roman deThomas Pynchon, signée Nicolas Kersz<strong>en</strong>baum,D<strong>en</strong>is Baronnet, Ismaël Jude ; c’est Lubna Cadiot(×7), récit intime et politique <strong>en</strong>tre la France etl’Algérie par Anaïs Allais B<strong>en</strong>bouali ; c’est L’Exam<strong>en</strong>de la maturité qui exhume des brouillons del’éternel ado Gombrowicz, par Marion Chobert ;et c’est <strong>en</strong>fin Wagons libres, pièce sur Beyrouthmêlant docum<strong>en</strong>taire et fiction, par Sandra Iché.Quatre spectacles qui nous invit<strong>en</strong>t dès la r<strong>en</strong>tréeà sortir des s<strong>en</strong>tiers battus. E. DemeyTGP, 59 bd Jules Guesde, St-D<strong>en</strong>is.Tél. 01 48 13 70 10. <strong>La</strong> Maison des Métallos,94 rue Jean-Pierre-Timbaud, 75011 Paris.Tél. 01 47 00 25 20. Du 11 au 16 septembre.Ecrire à la rédaction-administration : la.terrasse@wanadoo.frIMANYLES PLATEAUX DU CDC DU VALDEMARNECCN DE CRETEIL ET DU VAL DE MARNECOMPAGNIE KAFIG / MOURAD MERZOUKI YO GEE TI + TEMPS FORT HIP HOPMARC BEAUPRÉ / ALBERT CAMUS CALIGULA REMIXBILL T. JONES / ARNIE ZANE DANCE COMPANY CLASSICAL MUSIC PROGRAMLES 7 DOIGTS DE LA MAIN PATINOIREROBYN ORLIN / MOVING INTO DANCE BEAUTY…CHRISTOPHE HONORÉ NOUVEAU ROMAN CRÉATION FESTIVAL D’AVIGNON 2012JAY SCHEIB WORLD OF WIRESMICHAEL CLARK COMPANY NOUVELLE CRÉATIONFESTIVAL NEMO KERY JAMES ACOUSTIQUEMAGUY MARIN / BALLET DE L’OPERA DE LYON CENDRILLONFABRICE MURGIA / COMPAGNIE ARTARA LES ENFANTS DE JEHOVAHDANS LE CADRE DES THÉÂTRALES CHARLES DULLIN, ÉDITION 2012JOANNE LEIGHTON EXQUISITE CORPSEPHILIPPE DECOUFLÉ / COMPAGNIE DCA PANORAMALE COMTE DE BOUDERBALAKUBILAI KHAN INVESTIGATIONS TIGER TIGER BURNING BRIGHTFESTIVAL SONS D’HIVERCOMPAGNIE LES CHIENS DE NAVARRE / JEANCHRISTOPHE MEURISSECREATION 2013 QUAND JE PENSE QU’ON VA VIEILLIR ENSEMBLEFESTIVAL INTERNATIONAL DE FILMS DE FEMMESFESTIVAL INTERNATIONAL EXIT 2013 PROG. EN COURSTEMPORARY DISTORTION NEWYORKLANDIVO VAN HOVE / TONEELGROEP AMSTERDAM PERSONA CREATION 2013BIENNALE NATIONALE DE DANSE DU VAL DE MARNECHRIS HARING TALKING HEADARTHUR NAUZYCIEL / ANTON TCHEKHOVLA MOUETTE CREATION FESTIVAL D’AVIGNON 2012BALLET PRELJOCAJ / ANGELIN PRELJOCAJLES MILLE ET UNE NUITS TITRE PROVISOIRE CREATIONORCHESTRE NATIONAL D’ILEDEFRANCE BONS BAISERS DE RUSSIELA MUSE EN CIRCUIT / FESTIVAL EXTENSIONLE PLANCHER DE JEANNOT DE SEBASTIAN RIVAEDOUARD BAER A LA FRANÇAISE !Programmation <strong>en</strong> cours


16 théâtre septembre 2012 / N°201 la terrasseThéâtre du Rond-Point / L’Atelier volanttexte et mes Valère NovarinaUne fascinationpour l’acteurGros PlanEn fin de tournée à la Réunion, la troupe du Vrai Sang décide de faireretour sur L’Atelier volant, la première pièce de Novarina. Un beau réveilde l’animal.L’auteur, metteur <strong>en</strong> scène et peintre Valère Novarina.Certes, le texte originel (1971) a subi quelquescoupes mais la pièce reste intégrale.Le livre reste pour Novarina « un animalde mots » <strong>en</strong> sommeil qu’il faut savoirréveiller à bon esci<strong>en</strong>t et <strong>en</strong> toute délicatesse.<strong>La</strong> fable de L’Atelier volant n’a guèrevieilli : plutôt une jeunesse qui s’est paradoxalem<strong>en</strong>tconservée grâce au travail dutemps qui n’a fait que confirmer la détériorationd’un monde <strong>en</strong> émoi. De l’avis del’auteur, la pièce « décrit les métamorphoses,les mutations d’une petite boîte, une<strong>en</strong>treprise où opère un trio patronal et uneconstellation de cinq employés immatriculésA, B, C, D, E. ». Monsieur Boucot,Madame Bouche et le Docteur, les cadresde l’<strong>en</strong>treprise, mèn<strong>en</strong>t la danse face àcinq employés qui fabriqu<strong>en</strong>t des objetsinid<strong>en</strong>tifiables sur une cad<strong>en</strong>ce de plus <strong>en</strong>plus vive. Il s’agit bi<strong>en</strong> sûr d’une lutte desclasses implicite mais aussi de « lutte deslangues ». De quoi mettre l’auteur de théâtredans tous ses états quand le mondedevi<strong>en</strong>t décidém<strong>en</strong>t l’objet de l’emprise etde la mécanisation du langage. Ni pause,ni respiration.Le comédi<strong>en</strong>, cet « animal érotiquedu théâtre »Mais c’est trop peu faire confiance à lalangue <strong>en</strong>core car cette dame saltimbanqueest capable de toutes les résurg<strong>en</strong>ceset résurrections, grâce à son ardeur et à© Olivier Marchettisa prop<strong>en</strong>sion à l’incandesc<strong>en</strong>ce. Corpsvolatils et danses parlées, les acteurs sontdes interprètes par lesquels tout advi<strong>en</strong>t,comme la perception de la bête vivanteque nous portons tous <strong>en</strong> nous. L’av<strong>en</strong>turecontinue <strong>en</strong> compagnie du scénographePhilippe Marioge, de la collaborationartistique de Céline Schaeffer, du musici<strong>en</strong>Christian Paccoud avec ses « points incandesc<strong>en</strong>tsmusicaux ». Et puisqu’incandesc<strong>en</strong>ceil y a, le comédi<strong>en</strong> – cet « animalérotique du théâtre » – participe du mêmeinc<strong>en</strong>die à l’intérieur d’un cube magique,« un noyau où tout se déplace dans la vélocitéjoyeuse des corps et de la parole ».Avec le verbe généreux de Novarina, le rêvede fascination du public devi<strong>en</strong>t accessiblejusqu’à la réalité.Véronique HotteThéâtre du Rond-Point, 2 bis av<strong>en</strong>ueFranklin-D.-Roosevelt. 75008 Paris.Du 6 septembre au 6 octobre 2012.Du mardi au samedi à 21h, dimanche à 15h,relâche le 9 septembre. Tél. 01 44 95 98 21.www.theatredurondpoint.fre Réservez votre billet sur www.journal-laterrasse.frPropos recueillis e D<strong>en</strong>is MarleauGros planLe CENTQUATRE / Les Aveuglesde Maurice Maeterlinck / mes D<strong>en</strong>is MarleauLe CENTQUATRE / Dors mon petit <strong>en</strong>fantde Jon Fosse / mes D<strong>en</strong>is MarleauFantasmagories 01/02Dans le cadre du festival Temps d’Images, le metteur <strong>en</strong> scène québécoisD<strong>en</strong>is Marleau prés<strong>en</strong>te un spectacle à deux volets compr<strong>en</strong>ant Dors monpetit <strong>en</strong>fant et Les Aveugles. Une fantasmagorie technologique qui ouvrela voie à « un nouveau territoire de jeu pour l’acteur ».Cirque / théâtre de la communeConception Matej et Petr FormanObludariumLes Frères Forman embarqu<strong>en</strong>t pour un voyage étrange et merveilleuxau cœur de l’imaginaire forain.© D. R.« Les Aveugles représ<strong>en</strong>te l’aboutissem<strong>en</strong>tdes obsessions qui depuis longtemps habitai<strong>en</strong>tle metteur <strong>en</strong> scène que je suis. Dèsmes premiers collages dadaïstes, j’ai explorécertains registres de prés<strong>en</strong>ce sur scène àtravers le mannequin, l’effigie et aussi à traversune direction de jeu qui marionnettisaitl’acteur. Quand j’ai lu l’œuvre de Maeterlinck,je me suis très vite mis à rêver à un chœurdes visages créé à partir d’un seul hommeet d’une seule femme. Ce rêve scénique s’estmatérialisé, si l’on peut dire, après plusieursDors mon petit <strong>en</strong>fant, mis <strong>en</strong> scène par D<strong>en</strong>is Marleau.mois de tournage et de montage dans la sallemultimédia du Musée d’art contemporain àMontréal, où j’étais à l’époque <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce.Cette installation a <strong>en</strong>suite regagné le mondedu théâtre de façon fulgurante, <strong>en</strong> voyageantp<strong>en</strong>dant dix ans dans plusieurs pays. <strong>La</strong> créationdes Aveugles (ndlr, <strong>en</strong> 2002) a représ<strong>en</strong>téun tournant dans mon parcours, un agrandissem<strong>en</strong>tdes perspectives, si l’on peut dire,autant géographiques que dans ma proprerecherche scénique.Le regard et la voixCette façon de représ<strong>en</strong>ter le double ou lefantôme par le biais du masque vidéo - quiprovoque une “inquiétante étrangeté” parsa ressemblance illusionniste avec la figurehumaine - <strong>en</strong>traîne nécessairem<strong>en</strong>t unegrande force d’introspection dans le jeu.Cette introspection correspond pour moi àquelque chose de fondam<strong>en</strong>tal au théâtre,quelque chose qui se résume à la questionde la prés<strong>en</strong>ce. Une prés<strong>en</strong>ce toujours reliéeà une recherche d’écoute de l’autre, où l’imprégnationdu texte devi<strong>en</strong>t l’objet d’une véritablequête de vérité : vérité d’une inspirationqui passe seulem<strong>en</strong>t par le regard et la voix.Ce gros plan sur le visage peut constituer unnouveau territoire de jeu pour l’acteur. Maisce n’est pas une finalité <strong>en</strong> soi, c’est un travailsur la forme toujours lié à une dramaturgieparticulière, à des œuvres qui questionn<strong>en</strong>telles-mêmes le statut du personnage, safaçon d’être ou de ne plus être au monde. »Propos recueillis par Manuel Piolat SoleymatLe CENTQUATRE, 5 rue Curial, 75019 Paris.Du 9 au 19 octobre 2012. Le mardi, le jeudiet le v<strong>en</strong>dredi à 19h et 21h ; le mercredi à 17h,19h et 21h ; le samedi et le dimanche à 15h, 17h,19h et 21h. Tél. 01 53 35 50 00. www.104.fr© D. R.Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue dans le cabinet de curiosités des frères Forman…On s’y glisse comme <strong>en</strong> terres d’<strong>en</strong>fance,quand les rires excités chahutai<strong>en</strong>t la pénombreapeurée des soirs d’exception. Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>uedans le cabinet de curiosités des frères Forman…Aussitôt la p<strong>en</strong>sée s’<strong>en</strong>vole dans unétrange voyage au cœur de l’imaginaire forain.On y croise une foule bigarrée de curieusescréatures : l’homme le plus fort du monde,une femme à barbe sexy, une sirène désabusée,un cheval de bois grandeur nature, troispoupées de tissu qui fix<strong>en</strong>t le public de leursgrosses têtes impavides, inquiétantes et naïves.Les deux marionnettistes tchèques, compagnonsd’av<strong>en</strong>ture de la Volière Dromeskoet de la Baraque d’Igor et Lili, ont cousu mainun drôle de cabaret aux charmes d’antan.« Aujourd’hui, la tradition se perd peu à peu…Nous ne voulons pas de marionnettes pourtouristes ou pour <strong>en</strong>fants, nous voulons autrechose, un spectacle pour tous. C’est une idéequi nous occupait depuis plusieurs années,retrouver l’esprit du théâtre ambulant desannées 30, où l’on montrait notamm<strong>en</strong>t desêtres étranges, des monstres. Nous aimonsjouer avec les lieux, les ambiances, mélangerle théâtre, le cabaret, le cirque… » expliquePetr Forman, l’un des deux jumeaux.Un théâtre populaire et nomade« Fascinés par les destins souv<strong>en</strong>t émouvantsde ces personnes, nous composons avec<strong>en</strong>gouem<strong>en</strong>t et passion la mosaïque de notrespectacle. Et comme eux jadis, nous partonsVOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fravec Obludarium <strong>en</strong> voyage à travers les villes,les bourgs et les villages » ajoute-t-il. En piste,il fait un Monsieur Loyal aux airs de magici<strong>en</strong>échevelé. Crânem<strong>en</strong>t drapé dans une longuepèlerine cramoisie, il mène la parade aurythme des acc<strong>en</strong>ts tziganes de l’orchestre desix musici<strong>en</strong>s, tandis que les bras s’actionn<strong>en</strong>t<strong>en</strong> cad<strong>en</strong>ce pour faire briller les lanternesà dynamos. Les numéros se succèd<strong>en</strong>tcomme autant de saynètes fantastiques : unetimide femme-panthère, une mariée-amazonechevauchant des ombres chinoises, quatreFrères Jacques pour une partie de faussesclaquettes, un molosse énamouré chantantses amours ou <strong>en</strong>core une sirène noyée parmides poissons volants défil<strong>en</strong>t sur la tournettec<strong>en</strong>trale qui fait valser les clichés sépias duthéâtre de foire. Poésie pure, bricolage merveilleux,t<strong>en</strong>dre dérision… Les frères Forman,fils du réalisateur Milos Forman, raviv<strong>en</strong>t unetradition qui convoque à la fois le monstre, lebizarre, l’exploit, le rêve et l’illusion. Commeune par<strong>en</strong>thèse chimérique pour lutter contrela monstruosité de la vie…Gwénola DavidThéâtre de la Commune, C<strong>en</strong>tre DramatiqueNational d’Aubervilliers, 2 rue Edouard-Poisson,93 Aubervilliers. Du 28 septembre au 5 octobre,du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h.Tél. 01 48 33 16 16.e Rejoignez-nous sur facebookwww.journal-laterrasse.frun site flambant neuf


18 Focus / c<strong>en</strong>tre dramatique national des alpes / saison 2012-2013 septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 Focus 19Faire rayonner lacréation contemporaineAvec à l’affiche de cette saison dix créations et une reprise, le CDNA s’affirme commeun formidable outil de création et de déc<strong>en</strong>tralisation, mettant <strong>en</strong> œuvre toutes lesétapes de fabrication des spectacles. Le théâtre dirigé par Jacques Osinski crée avec<strong>en</strong>thousiasme et conviction les conditions nécessaires au partage de la création etrayonne dans toute la région Rhône-Alpes voire au-delà, qu’il revisite le répertoireou permette la découverte d’auteurs d’aujourd’hui.George Dandin / de MolièreOrage / d’August StrindbergMon Prof est un Troll / de D<strong>en</strong>nis Kellymes Jacques OsinskiEntreti<strong>en</strong> e Jacques OsinskiLe CDNA : Fabriquede théâtre de A à ZJacques Osinski, directeur du CNDA depuis 2008, prés<strong>en</strong>te cettesaison trois spectacles : une reprise, Mon Prof est un troll de D<strong>en</strong>nisKelly, et deux créations, George Dandin de Molière et Orage d’AugustStrindberg.Quelles sont les spécificités du CNDA ?Jacques Osinski : Installé dans la MC2, Maisonde la Culture de Gr<strong>en</strong>oble qui abrite aussile C<strong>en</strong>tre Chorégraphique National dirigé parJean-Claude Gallotta (nous avons un projetcommun pour la saison suivante) et lesMusici<strong>en</strong>s du Louvre Gr<strong>en</strong>oble dirigés par MarcMinkowski, le C<strong>en</strong>tre Dramatique National desAlpes a la particularité d’être un outil de créationoù les pièces se fabriqu<strong>en</strong>t de A à Z. Pourcela, c’est tout un collectif, – dramaturge, scénographes,costumiers, comédi<strong>en</strong>s… – qui estmobilisé. Doté d’un atelier de construction desdécors, d’un atelier costumes, et d’une grandesalle de répétitions, le CNDA crée et coproduitdes spectacles dont certains ne sont pas jouésà la MC2 mais dans divers lieux de la régionRhône-Alpes. Nous avons développé une politiquede prés<strong>en</strong>tation hors les murs, tels ARoméo et Juliette / de William Shakespearemes Yves BeaunesneDemain de Pascale H<strong>en</strong>ry créé à Bourgoin-Jallieuou L’Enfant de Carole Thibaut créé à Parisavant de rev<strong>en</strong>ir à Saint-Antoine l’Abbaye. MonProf est un Troll, très jolie pièce jeune publicd’un auteur contemporain anglais, D<strong>en</strong>nisKelly, que je repr<strong>en</strong>ds, est jouée hors les murs.Les textes d’auteurs d’aujourd’hui sont bi<strong>en</strong>représ<strong>en</strong>tés : Julie Berès, Sarah Berthiaumemise <strong>en</strong> scène par Célie Pauthe… Toute l’année,nous effectuons des lectures de textescontemporains <strong>en</strong> <strong>en</strong>trée libre, <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariatavec le théâtre du Rond-Point ou seuls. Dernièrespécificité : nous accueillons cette saisonbeaucoup d’auteures et metteures <strong>en</strong> scènefemmes.Vous créez George Dandin de Molière.Pourquoi ce choix ?J. O. : Je souhaite faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la dim<strong>en</strong>-Propos recueillis e Yves BeaunesneBelgitude des rivalitésshakespeari<strong>en</strong>nesLe metteur <strong>en</strong> scène Yves Beaunesne crée une « version belge » deRoméo et Juliette. Une version bilingue qui oppose des Capulet flamandset des Montaigu wallons…« Si j’ai choisi de mettre <strong>en</strong> scène Roméoet Juliette avec une double distribution –flamande et wallonne – c’est pour donnercorps au postulat de départ de la pièce deShakespeare : deux jeunes g<strong>en</strong>s qui naiss<strong>en</strong>tdans des familles aisées et rivales. <strong>La</strong> piècepermet un nombre incalculable d’incarnationsde cette hypothèse. <strong>La</strong> relisant, j’y aivu le « malheur des Belges », pour repr<strong>en</strong>drele titre d’un roman du grand écrivainflamand Hugo Claus. Des Capulet du Nord,sans doute de nouveaux riches au bon s<strong>en</strong>strempé dans un réalisme issu de déc<strong>en</strong>niesde lutte pour l’id<strong>en</strong>tité flamande ; desMontaigu du Sud empêtrés dans les privilègesd’une vieille aristocratie à la françaiseet adeptes du “non”. Bi<strong>en</strong> que parlant deslangues différ<strong>en</strong>tes, ces deux « clans » serejoign<strong>en</strong>t dans une même lutte contre lesoccupants espagnols, français, hollandais,allemands…éternel conflitIls viv<strong>en</strong>t aussi un même partage desgrands courants spirituels et artistiques quiont traversé l’histoire de leur pays et queShakespeare n’aurait pas r<strong>en</strong>iés : l’expressionisme,le surréalisme, le fantastique…Mais ces voisins s’<strong>en</strong>tredéchir<strong>en</strong>t, malgréla meilleure volonté du monde. Même toutpetit, mon plat pays natal reproduit l’éternelconflit <strong>en</strong>tre le Nord et le Sud… Et depuisShakespeare, nous savons que les amourssont décidées au Panthéon par une divinitédotée d’un s<strong>en</strong>s de l’humour… très belge.Je pars donc de ce que je connais intimem<strong>en</strong>t,le reste est l’affaire du poète et descomédi<strong>en</strong>s, belges tous, avec un « jeu flamand» pour les uns, un « jeu wallon » pourles autres, les wallons étant les plus germaniquesdes latins, les flamands les plusbourguignons des europé<strong>en</strong>s… »Propos recueillis par Manuel Piolat SoleymatThéâtre de la Place à Liège. Le 22 mars 2013.Puis tournée.© Pierre Grosbois© B.M. Palazonsion sociale très moderne de la pièce, où lesrapports de classe m’intéress<strong>en</strong>t pour leurséchos actuels. Uniquem<strong>en</strong>t accepté pour sonarg<strong>en</strong>t, George Dandin, riche paysan, est rejetéparce qu’il n’est pas du même monde que sesbeaux-par<strong>en</strong>ts, nobles de province ruinés quiont imposé cette union à leur fille Angélique.Il vit un cauchemar presque clinique, commedans un polar. A trois reprises, il appelle sesbeaux-par<strong>en</strong>ts, apporte des preuves qu’Angéliquele trompe et ça ne marche pas. Cettecomédie noire d’une cruauté terrible me toucheaussi beaucoup car à travers ce héros qui aimeAngélique qui ne l’aime pas, l’œuvre exprimeune sorte de mélancolie que l’on retrouve souv<strong>en</strong>tchez Molière. Je veux éviter toute caricatureet tout aspect farcesque dans le jeu théâtral.George Dandin est interprété par Vinc<strong>en</strong>tBerger, avec qui j’ai très souv<strong>en</strong>t travaillé,nous avons tous deux une conniv<strong>en</strong>ce forte.Delphine Hecquet interprète Angélique, unejeune fille d’aujourd’hui, libre, ni coquette niminaudante. <strong>La</strong> pièce a lieu dans un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tcontemporain, sur le seuil d’un appartem<strong>en</strong>thaussmanni<strong>en</strong>, avec deux grandes porteset un couloir un peu mystérieux. Tout se jouedans ce décor unique. L’œuvre se révèle assezviol<strong>en</strong>te voire dérangeante, même si la mécaniquedu rire fonctionne. Si on <strong>en</strong>lève un peul’imagerie d’époque, ce texte est une matièrede théâtre extraordinaire, une matière d’unetrès grande immédiateté et modernité.Vous montez aussi Orage d’August Strindberg(1849-1912), après avoir mis <strong>en</strong> scène LeSonge il y a quelques années…J. O. : J’avais <strong>en</strong>vie de rev<strong>en</strong>ir à Strindberg.J’ai relu par hasard cette œuvre très rarem<strong>en</strong>tjouée. Avec <strong>La</strong> Sonate des Spectres ou Le Pélican,c’est l’une de ses “pièces de chambre”,un texte très court de la fin de sa vie dont lepersonnage c<strong>en</strong>tral, appelé Monsieur et interprétépar Jean-Claude Frissung, s’est retiré dumonde. Il vit de manière très solitaire dans l’<strong>en</strong>tresold’une maison, avec sa gouvernante, unejeune par<strong>en</strong>te. Au-dessus d’eux un couple s’estinstallé, et on s’aperçoit que c’est l’ex-femmede Monsieur (beaucoup plus jeune que lui) etson nouveau mari qui ont emménagé. Aprèsune scène des retrouvailles assez dramatique,“Le CNDA créeet coproduit desspectacles dontcertains ne sontpas joués à la MC2.”Jacques Osinskielle va finalem<strong>en</strong>t repartir, et la vie continueradans la solitude. Aucune ellipse temporell<strong>en</strong>’intervi<strong>en</strong>t dans la pièce, seuls des changem<strong>en</strong>tsde focale dans un lieu unique structur<strong>en</strong>tles actes. Cela m’intéresse et me touchebeaucoup de parler de cet homme à la retraiteet <strong>en</strong> retrait du monde. Cette œuvre m’évoquele film <strong>La</strong> ballade de Narayama de Imamura,où à un certain âge les par<strong>en</strong>ts doiv<strong>en</strong>t allermourir dans la montagne. Orage est une piècecalme, très apaisée, où la t<strong>en</strong>sion est moindreque dans les autres œuvres de Strindberg.Ainsi pass<strong>en</strong>t l’orage de chaleur et l’orage dansla vie intime de Monsieur.Propos recueillis par Agnès SantiMon Prof est un troll, les 13 et 14 septembre2012 au Théâtre Prémol à Gr<strong>en</strong>oble.George Dandin, du 9 au 27 octobre 2012à la MC2 Gr<strong>en</strong>oble, et du 9 au 17 novembre 2012au théâtre de la Croix-Rousse à Lyon.Orage, du 12 au 23 mars 2013 à la MC2 Gr<strong>en</strong>oble.Yukonstyle / de Sarah Berthiaumemes Célie PautheL’hiverau YukonCélie Pauthe met <strong>en</strong> scèneYukonstyle, de la jeune dramaturgequébécoise Sarah Berthiaume.Un quatuor amoché soigne sesblessures à l’âme, et réinv<strong>en</strong>te la viecommune aux confins du monde.Sarah Berthiaume est <strong>en</strong>core peu connue.Comm<strong>en</strong>t l’avez-vous r<strong>en</strong>contrée ?Célie Pauthe : J’ai découvert Yukonstyle grâceau comité de lecture de <strong>La</strong> Colline, dont jefais partie : ça a été une divine surprise ! AvecYukonstyle, je me confronte pour la premièrefois à une écriture <strong>en</strong> train de naître, qui nepuise pas forcém<strong>en</strong>t ses racines dans lavieille culture europé<strong>en</strong>ne. A l’origine, SarahBerthiaume est comédi<strong>en</strong>ne, elle est <strong>en</strong>suiteL<strong>en</strong>demains de fêteconception et mes Julie BerèsLe bel âgeTexte et mes Carole ThibautL’Enfant –drame ruralCoup de cœur du comité de lecture du CDNAqui l’a égalem<strong>en</strong>t coproduit, L’Enfant – dramerural fait fiction d’une collection de témoignagesautour d’un mystérieux <strong>en</strong>fant.En résid<strong>en</strong>ce dans la région de Saint-Antoinel’Abbaye pour le festival Textes <strong>en</strong>l’air, Carole Thibaut a collecté des paroleset témoignages auprès de la population.L’auteure-metteure <strong>en</strong> scène, qui accompagnetraditionnellem<strong>en</strong>t son travail de créationd’un profond <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t sur le terrain,a transformé le matériau de ces récits <strong>en</strong>une fiction où la figure de l’<strong>en</strong>fant sert desésame pour pénétrer « les intérieurs etles intimités cachés derrière les murs desmaisons ». Créé au Théâtre de la Tempête,L’Enfant – drame rural déroule les histoiresde treize personnages dont les trajectoiress’<strong>en</strong>trechoqu<strong>en</strong>t. Une chronique qui s’éloignedu docum<strong>en</strong>taire, pour que résonne l’imaginairede l’artiste dans une « communautéhumaine ordinaire, où il n’y a pas d’<strong>en</strong>fants,jusqu’au matin où un <strong>en</strong>fant nouveau-né yapparaît soudain »…E. DemeyThéâtre de la Tempête à Paris du 26 septembreau 27 octobre 2012. Puis tournée et retourà Saint-Antoine l’Abbaye <strong>en</strong> juillet 2013.Entreti<strong>en</strong> e Célie Pauthedev<strong>en</strong>ue metteur <strong>en</strong> scène. <strong>La</strong> r<strong>en</strong>contre avecelle a été très belle : c’est une personne d’unes<strong>en</strong>sibilité et d’une humilité magnifiques.Pourquoi ce titre ?C. P. : L’histoire se passe au Yukon, province laplus au nord du Canada, proche de l’Alaska. <strong>La</strong>mythologie du Yukon est celle de la ruée versl’or. C’est une terre peu peuplée, colonisée trèstard, d’une manière viol<strong>en</strong>te, brutale et rapide,dès qu’on a trouvé de l’or dans la rivière Klondike.Le Yukon est une terre de fuite, où on vaquand on veut aller le plus loin possible. C’est làoù s’échoue la civilisation occid<strong>en</strong>tale, avec sonlot de viol<strong>en</strong>ce, de misère et d’individualisme,et qu’elle est contredite et percutée par laperman<strong>en</strong>ce d’une spiritualité qui, chronologiquem<strong>en</strong>t,la précède et sans doute lui survivra.Cette terre porte <strong>en</strong> effet <strong>en</strong> elle la dim<strong>en</strong>sionancestrale et chamanique d’une poésie quivi<strong>en</strong>t de très loin et parle à travers les êtres.Entreti<strong>en</strong> e Julie BerèsJulie Berès et les si<strong>en</strong>s cré<strong>en</strong>t une fiction onirique qui r<strong>en</strong>d à la vieillessesa part amoureuse, créative et joyeuse. Comédi<strong>en</strong>s et circassi<strong>en</strong>spérégrin<strong>en</strong>t dans l’espace m<strong>en</strong>tal d’un vieux musici<strong>en</strong>.Pourquoi cet attrait pour la vieillesse ?Julie Berès : J’ai grandi <strong>en</strong> Afrique. Quand jesuis arrivée <strong>en</strong> France, il y a plusieurs années,j’ai été choquée par le regard porté sur lespersonnes âgées. <strong>La</strong> vieillesse et la mort sonttaboues <strong>en</strong> Occid<strong>en</strong>t. En 2006, j’ai créé On n’estpas seul dans sa peau, fiction qui explorait déjàla vieillesse. <strong>La</strong> vieillesse n’est pas seulem<strong>en</strong>tune conclusion de la vie ou le temps des souv<strong>en</strong>irs.Certes, c’est l’âge de la fragilité, puisque le© D. R.corps et la mémoire s’affaibliss<strong>en</strong>t, mais c’estaussi l’âge d’aimer, de désirer, d’appr<strong>en</strong>dre oude se réinv<strong>en</strong>ter. L<strong>en</strong>demains de fête est unefiction, une invitation au voyage m<strong>en</strong>tal d’unvieil homme, un musici<strong>en</strong>, qui va traverser sespaysages intérieurs, et reconstituer les morceauxdu puzzle de sa vie.A quels comédi<strong>en</strong>s confiez-vous cette histoire ?J. B. : Il y a d’abord deux acteurs magnifiquesAmour et piano / de Georges Feydeaumes Marie Potonet“Yukonstyle a étéune divine surprise !”Célie PautheQue raconte la pièce ?C. P. : Quatre personnages se retrouv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>semble à passer l’hiver au Yukon. Chacunporte une blessure, une faille id<strong>en</strong>titaire, undeuil face auquel il adopte une carapace. <strong>La</strong>pièce s’emploie à faire voler <strong>en</strong> éclats ces carapaces.Chacun porte <strong>en</strong> lui une part de l’autre,et va revivre quelque chose de sa propre histoireà son contact. Sous l’impulsion d’une forceinconnue d’eux, ils vont être <strong>en</strong>traînés les unsvers les autres, pour que chacun s’accepte etse répare. Ces quatre-là réinv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble,sur les décombres de leur vie <strong>en</strong> friche, quelquechose d’une famille de hasard, d’une petitecommunauté de secours qui va leur permettred’avancer d’un pas, le temps de cet hiver-là.Propos recueillis par Catherine RobertDu 28 mars au 27 avril 2013 au Théâtre nationalde <strong>La</strong> Colline à Paris. A l’automne 2013à la MC2 à Gr<strong>en</strong>oble.“Je fais plutôt unthéâtre de l’illusionqu’un théâtre frontaloù tout serait donnéet raisonné.”Julie Berèsde soixante-dix ans <strong>en</strong>viron, qui incarn<strong>en</strong>t cettehistoire d’amour, puisque le musici<strong>en</strong> effectue cevoyage <strong>en</strong> compagnie d’une femme du même âgeque lui. Deux jeunes circassi<strong>en</strong>s et une chanteuseet danseuse incarn<strong>en</strong>t les corps retrouvés ou fan-De la tranquillitéà la folieEntreti<strong>en</strong> e Marie PotonetMarie Potonet met <strong>en</strong> scène l’une des premières pièces de Georges Feydeau.Un spectacle « léger, jouable partout, y compris <strong>en</strong> appartem<strong>en</strong>t ».© D. R.Que met <strong>en</strong> jeu la mécanique comique deFeydeau dans Amour et piano ?Marie Potonet : Bi<strong>en</strong> qu’Amour et piano soitl’une des toutes premières pièces de Feydeau,la maîtrise de la scène du dramaturge est déjàtotalem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>te. Le point de départ estassez jubilatoire : un jeune provincial qui veutse lancer dans le monde croit frapper chezune cocotte qu’il veut <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir. Il tombe <strong>en</strong>réalité sur Lucile, jeune fille de bonne famillequi révise ses gammes et p<strong>en</strong>se avoir affaire àun professeur de piano. <strong>La</strong> pièce est à l’imagedes gammes de Lucile : tranquille et régulièreau début, elle devi<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus folle. <strong>La</strong>musique est au cœur d’Amour et piano. Maispeu à peu, l’un et l’autre des protagonistesfiniss<strong>en</strong>t par s’<strong>en</strong> désintéresser totalem<strong>en</strong>t.Ce sera un spectacle très léger, jouable partout,y compris <strong>en</strong> appartem<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> proximitéavec le public me semble intéressante : lesalon de Lucile est celui des spectateurs.Surtout, le piano est au c<strong>en</strong>tre de la mise <strong>en</strong>scène – normal et respectable au début, il sedémantibule au fil de l’avancée de la pièce.Quel regard votre mise <strong>en</strong> scène porte-t-ellesur édouard et Lucile ?M. P. : Ces deux personnages sont extrêmem<strong>en</strong>tjeunes. C’est d’ailleurs cette jeunessequi m’intéresse. Ils sont très bi<strong>en</strong> dessinés,de Heiner Müller / mes Flor<strong>en</strong>t SiaudQuartettAffrontem<strong>en</strong>t dans un espace hors du temps.Le metteur <strong>en</strong> scène Flor<strong>en</strong>t Siaud a choisi deuxinterprètes féminines pour incarner le vicomtede Valmont et la marquise de Merteuil, ces libertinsinspirés de <strong>La</strong>clos qui « s’abîm<strong>en</strong>t dans unjeu de rôles où les frontières <strong>en</strong>tre bourreau etvictime, féminin et masculin, s’effac<strong>en</strong>t jusqu’auvertige ». M. Piolat SoleymatThéâtre <strong>La</strong> Chapelle à Montréal.Du 2 au 13 avril 2013.Texte et mes Pascale H<strong>en</strong>ryÀ demainAvec À demain, Pascale H<strong>en</strong>ry interroge lasouffrance dans cette société contemporainetout occupée à l’évacuer.Le dispositif est simple : trois personnages, undialogue, une diagonale pour « un spectacle àsusp<strong>en</strong>s, empruntant à la série télé autant qu’àBeckett ». Le sujet de l’interrogatoire qui sedéroule sur scène se dévoile progressivem<strong>en</strong>t.Mais au fond, c’est le statut de la souffrancequ’on interroge ici. Pascale H<strong>en</strong>ry est partie d’uneintuition subtile et pertin<strong>en</strong>te sur la souffranceaujourd’hui : « L’intuition d’une guerre m<strong>en</strong>éecontre elle. D’une t<strong>en</strong>tative d’élimination recouvertede compassion. (…) Une guerre dont leseffets boulevers<strong>en</strong>t profondém<strong>en</strong>t la représ<strong>en</strong>-© Clarisse Giroudtasmés qui <strong>en</strong>vahiss<strong>en</strong>t son espace m<strong>en</strong>tal. Cescinq interprètes incarn<strong>en</strong>t tour à tour les différ<strong>en</strong>tsâges de la vie. Les corps cré<strong>en</strong>t de l’humour,du burlesque, de l’absurde, du fantastique.Comm<strong>en</strong>t caractériser le théâtre que vous créez ?J. B. : C’est un théâtre onirique, s<strong>en</strong>soriel, quimet <strong>en</strong> jeu les sons, les lumières et les matières.<strong>La</strong> scénographie se transforme au fur et àmesure du spectacle. L’espace intérieur de lamaison est <strong>en</strong>vahi par la nature. On passe d’unespace social et domestique à un espace organique,qui devi<strong>en</strong>t la toile de fond de l’espacem<strong>en</strong>tal de cet homme. Je fais un théâtre quin’est ni provocateur, ni démonstratif, plutôt unthéâtre de l’illusion qu’un théâtre frontal où toutserait donné et raisonné.Propos recueillis par Catherine RobertMC2 à Gr<strong>en</strong>oble, du 22 janvier au 1 er février 2013.Reprise au Théâtre des Abbesses à Paris,du 25 février au 5 mars 2013. Tournée <strong>en</strong> Francede février à mai 2013.“<strong>La</strong> musique est aucœur d’Amour et piano.”Marie Potonettrès humains. Édouard n’est pas très futé,mais il a une assurance un peu débordantequi peut m<strong>en</strong>er la pièce assez loin. Lucile estune personnalité forte. Au début de la pièce,elle a un très joli monologue dans lequel elleremet <strong>en</strong> cause la façon dont on élève lesfilles pour les marier. En même temps, elle esttrès obéissante. J’ai <strong>en</strong>vie, à travers ce spectacle,d’aborder la question de l’éducation, <strong>en</strong>particulier celle des filles.Entreti<strong>en</strong> réalisé par Manuel Piolat SoleymatAmphithéâtre du Pont-de-Claix. Le 3 avril 2013.Puis <strong>en</strong> avril tournée dans l’Isère.tation de l’Homme ». Dans le registre de la tragicomédie,Pascale H<strong>en</strong>ry continue de gratter ledessous des choses, « là où se log<strong>en</strong>t les dérivesde la condition humaine ».E. DemeyThéâtre Jean Vilar à Bourgoin-Jallieu.Du 12 au 18 décembre 2012.D’après l’œuvre de Marguerite Durasmes Moïse TouréDuras, notrecontemporain(e)Moise Touré conçoit une trilogie durassi<strong>en</strong>ne.Créé <strong>en</strong> mai 2012 à Ouagadougou, Duras, notrecontemporain(e) est un dialogue <strong>en</strong> trois parties<strong>en</strong>tre la comédi<strong>en</strong>ne Odile Sankara et l’œuvre deMarguerite Duras, autour de <strong>La</strong> Musica, <strong>La</strong> Maladiede la mort, Aurélia Steiner et Un Barrage contre lepacifique. Cette trilogie convoque tour à tour théâtre,danse et théâtre-roman. M. Piolat SoleymatL’Heure Bleue à Saint-Martin-d’Hères.<strong>La</strong> Musica, les 12 et 13 mars 2013.c<strong>en</strong>tre dramatique nationaldes alpes4, rue du Paul-Claudel à Gr<strong>en</strong>oble.Tél. 04 76 00 79 00.www.cdna-gr<strong>en</strong>oble.fr


20 théâtre septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 théâtre 21MC93Conception / Bartabas et Ko MurobushiLe C<strong>en</strong>taureet l’AnimalBartabas et Ko Murobushi. R<strong>en</strong>contre artistique<strong>en</strong>tre le pionnier d’un théâtre équestre r<strong>en</strong>ouveléet le plus grand représ<strong>en</strong>tant du butô.R<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre deux mondes.L’un d’eux rejoue, de pièce <strong>en</strong> pièce, la fascinationpour l’animal, le li<strong>en</strong> archaïque quinous unit à la puissance du cheval. L’autreincarne le butô, cette « danse des ténèbres» née au Japon et suscitant des imagesambival<strong>en</strong>tes, troublant les repères etles id<strong>en</strong>tités : homme-femme, vieux-jeune,mais aussi, tout particulièrem<strong>en</strong>t, humainanimal…L’événem<strong>en</strong>t que constitue la r<strong>en</strong>contrede ces deux personnalités n’est doncpas si improbable, tant leurs recherches,extrêmem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes au premier abord,sont traversées de correspondances secrètes.Dans cette pièce conçue par Bartabas,et dont ils sign<strong>en</strong>t conjointem<strong>en</strong>t la mise <strong>en</strong>scène et la chorégraphie, les deux artistespartag<strong>en</strong>t la scène avec quatre chevaux etavec le bestiaire imaginaire de <strong>La</strong>utréamont :les Chants de Maldoror, dits par Jean-LucDebatisse. Une proclamation impérieuse dudroit à la métamorphose. M. ChavanieuxMC93, 9 bd Lénine, Bobigny. Du 8 au22 septembre à 20h30, dimanche à 15h30,relâche lundi et jeudi. Tél. 01 41 60 72 72.Théâtre de la Bastille / De Clarice Lispectoradaptation et mes Bruno Bay<strong>en</strong><strong>La</strong> femmequi tuales poissonsBruno Bay<strong>en</strong> n’est pas « convaincu de l’utilitédes monologues au théâtre » mais lestextes de Clarice Lispector et la subtilité dejeu d’Emmanuelle <strong>La</strong>fon l’ont projeté vers <strong>La</strong>femme qui tua les poissons.Le jeu d’acteur au c<strong>en</strong>tre de la Femme qui tua lespoissons.Peu connue <strong>en</strong> France, Clarice Lispector estune figure majeure de la littérature brésili<strong>en</strong>ne.<strong>La</strong> découverte du monde réunit seschroniques hebdomadaires parues dans leJornal do Brazil <strong>en</strong>tre 1967 et 1973. Vivierd’écrits singuliers, <strong>en</strong>tre anecdotes et contessurréalistes, mêlant récits prosaïques etaphorismes percutants, cet atelier de sonœuvre romanesque se détache de l’actualitépour élaborer des textes pleins de fantaisiesans cesse ancrés dans une adresse au lecteur.Piochant dans cet imm<strong>en</strong>se matériau,© Huma Ros<strong>en</strong>talski © D. R.Bruno Bay<strong>en</strong> a choisi Emmanuelle <strong>La</strong>fon pourporter ces textes où « la voix prime, la voix flue<strong>en</strong>tre moi et non-moi, et vous ». E. DemeyThéâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette,75011 Paris. Du 17 septembre au14 octobre 2012 à 19h30, dimanche à 16h, relâche les 19, 24 septembre et 1 er et 8 octobre.Tél. 01 43 57 42 14.Théâtre Éphémère de <strong>La</strong> Comédie-Françaisede Molière / mes Jean-Pierre Vinc<strong>en</strong>tDom JuanJean-Pierre Vinc<strong>en</strong>t fait un feu d’<strong>en</strong>fer du DomJuan de Molière où chaque mot subversif sejoue au prés<strong>en</strong>t. Un voyage fantastique dans lexvii e siècle avec le couple éternel, combatif,polémique et burlesque du maître et du valet.Jean-Pierre Vinc<strong>en</strong>t.Loïc Corbery repr<strong>en</strong>d le rôle du jeune acteur<strong>La</strong> Grange qui créa Dom Juan <strong>en</strong> 1665, figurejuvénile d’un Dom Juan aristocrate et versaillais,tandis qu’échoit à Serge Bagdassarianle rôle même de l’auteur et acteur Molière, soitSganarelle. <strong>La</strong> pièce dénonce <strong>en</strong>core et pourla dernière fois le règne de l’obscurantisme,de la dévotion et de ses hypocrisies. Le metteur<strong>en</strong> scène Jean-Pierre Vinc<strong>en</strong>t se réapproprieaujourd’hui avec une belle gourmandisele mythe fantastique conçu par Molière pourun théâtre spectaculaire, d’autant plus insol<strong>en</strong>tdans ses int<strong>en</strong>tions. Selon Jean-PierreVinc<strong>en</strong>t et son dramaturge Bernard Chartreux,les tirades assassines sur l’hypocrisie,le cynisme moral, les propos blasphématoireset les déclarations d’athéisme épous<strong>en</strong>t avecbonheur les scènes d’av<strong>en</strong>tures paysannes oude chevauchées forestières, les décors successifset les apparitions d’un merveilleuxplein d’effroi. Une histoire extrêmem<strong>en</strong>tvivante cernée par le hors-norme car « le pireest toujours déjà là ».V. HotteThéâtre Éphémère – <strong>La</strong> Comédie-Française,place Colette. 75001 Paris. Du 18 septembreau 11 novembre 2012, <strong>en</strong> alternance.Soirées 20h30, matinées 14h. Tél. 0825 10 1680(0,15 e TTC/min). www.comedie-francaise.frCélestins, Théâtre de LyonMort d’un commis voyageurd’Arthur Miller / mes de Claudia StaviskyMortd’un commisvoyageurClaudia Stavisky met <strong>en</strong> scène la tragédie deWilly Loman, commis voyageur écrasé parle rêve américain : une pièce qui résonnecruellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> notre époque de capitalismecynique.Sans relâche et jusqu’au bout de ses forces,Willy Loman sillonne les routes pour assurerl’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de sa famille, payer ses traiteset maint<strong>en</strong>ir le fragile équilibre de sa vieà tempéram<strong>en</strong>t. Mais un accid<strong>en</strong>t de voiturevi<strong>en</strong>t fissurer l’édifice d’une vie faussem<strong>en</strong>taccomplie : de désillusions <strong>en</strong> humiliations,de regrets <strong>en</strong> remords, de déveine <strong>en</strong> déroute,Willy Loman doit admettre l’échec de sonexist<strong>en</strong>ce. Claudia Stavisky s’empare de ce« monum<strong>en</strong>t théâtral de l’Amérique d’aprèsguerre», <strong>en</strong> insistant sur la modernité dudrame imaginé par Arthur Miller. Notre époquede crises financières à répétition et demarasme économique ruine matériellem<strong>en</strong>tVOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fr© D. R.© Margot SimmoneyLe Lucernaire / Taboud’après la plaidoirie de Gisèle Halimi / mes <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce FévrierLe viol est un crime,MessieursCinq actrices sur le plateau pour déf<strong>en</strong>dre les droits de la femme.et psychologiquem<strong>en</strong>t les tristes antihérosde la classe moy<strong>en</strong>ne, qui ressembl<strong>en</strong>t àces Américains trompés par le rêve de l’épanouissem<strong>en</strong>tconsumériste et laborieux, et seretrouv<strong>en</strong>t « coincés dans l’asc<strong>en</strong>seur social<strong>en</strong>tre deux étages ».C. RobertCélestins, Théâtre de Lyon,4 rue Charles-Dullin, 69002 Lyon.Du 5 au 31 octobre 2012. Du mardi au samedià 20h ; le dimanche à 16h. Tél. 04 72 77 40 00.Au Karavan Théâtre de Chassieu, du 14 au16 novembre à 20h. Tél. 04 78 90 88 21.A l’Espace culturel Jean-Carmet de Mornant,les 22 et 23 novembre à 20h30.Tél. 04 78 44 05 17.A la Comédie de Picardie d’Ami<strong>en</strong>s du 11au 14 décembre. Tél. 03 22 22 20 20.Studio Théâtre de <strong>La</strong> Comédie Françaisede Molière / mes Clém<strong>en</strong>t Hervieu-Léger<strong>La</strong> Critiquede l’Écoledes FemmesClém<strong>en</strong>t Hervieu-Léger repr<strong>en</strong>d sa pétillanteCritique, une réponse de Molière aux détracteursde L’École des Femmes. Vertige d’unebelle mise <strong>en</strong> abyme du théâtre.Molière décl<strong>en</strong>che des réactions viol<strong>en</strong>tes àla création de L’École des Femmes <strong>en</strong> 1662,© Brigitte Enguérandqui bouscule les règles classiques. En 1663,l’auteur répond à ses détracteurs par <strong>La</strong> Critiquede l’École des Femmes. <strong>La</strong> propositionest audacieuse à travers la perspective dece jeu de miroirs où quelques personnagesse retrouv<strong>en</strong>t chez Uranie. Dans une remisequi fait office de salle de répétition, on argum<strong>en</strong>te,on se montre favorable ou bi<strong>en</strong> défavorable,le temps d’une conversation sansprét<strong>en</strong>tion. Certains, comme Dorante, déf<strong>en</strong>d<strong>en</strong>tla pièce puisqu’elle peint les hommesd’après nature : « c’est une étrange <strong>en</strong>trepriseque celle de faire rire les honnêtes g<strong>en</strong>s ».D’autres, comme le marquis, attaqu<strong>en</strong>t cetteconception de l’art. Ces regards révèl<strong>en</strong>t lacomplexité des relations humaines. Avec degrands tal<strong>en</strong>ts, Loïc Corbery, Clothilde de Bayser,Elsa Lepoivre, Georgia Scalliet, ChristianHecq…V. HotteStudio-Théâtre de la Comédie-Française,Galerie du Carrousel du Louvre,99 rue de Rivoli, 75001 Paris. Du 22 septembreau 28 octobre 2012. Du mardi au samedi à 18h30.Tél. 01 44 58 98 58.Réservez votre billet sur www.journal-laterrasse.frGros PlanEn portant à la scène Tabou, l’actrice <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce Février poursuit uncombat tant obstiné qu’efficace contre les humiliations dont l’être humainest victime.Pour sa nouvelle création, <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce Févriers’inspire de Gisèle Halimi et de sa flamboyanteplaidoirie à la Cour d’Assises d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce,le 3 mai 1978, lors d’un procès mémorable fustigeantle viol. L’agression sexuelle est significativede l’état d’une société où la viol<strong>en</strong>cephysique et la pression psychologique vont depair dans la dévalorisation des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts etde l’érotisme. Il a fallu att<strong>en</strong>dre l’influ<strong>en</strong>ce desmouvem<strong>en</strong>ts féministes des années 1960-1970,d’abord aux Etats-Unis, et la place nouvelleaccordée à la femme dans la vie économique,pour que la législation pr<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> compte lesmanifestations de l’opinion publique féminine,et reconnaisse comme crime, tout acte de pénétrationsexuelle commis par contrainte.<strong>La</strong> dénonciation du violeurGisèle Halimi est à l’origine de la loi de 1980<strong>en</strong> France, condamnant irréversiblem<strong>en</strong>t leviol. <strong>La</strong> culpabilité où s’<strong>en</strong>fermait la victimelaisse place <strong>en</strong>fin à la dénonciation du violeurdont l’image bascule dans la criminalité. <strong>La</strong> loireconnaît que des rapports sexuels imposésdans le cadre légal du mariage <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dansla catégorie des sévices sexuels. Tabou neraconte pas un viol particulier, ni l’histoire duprocès d’Aix. Au-delà des générations et desclivages sociaux, il s’agit de mettre <strong>en</strong> scènele questionnem<strong>en</strong>t de la soumission face à lapolice, à la justice, à la société qui harcèle etdoute jusqu’à faire de celle qui est humiliée, lacoupable. Avec Véronique Ataly, Mia Delmaë,Françoise Huguet, Carine Piazzi, Anne-liseSabouret.Véronique HotteLe Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs75006 Paris. À partir du 5 septembre 2012.Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 17h.Tél. 01 45 44 57 34.e Réagissez et blogguez sur www.journal-laterrasse.frGeorgia Scalliet et Elsa Lepoivre.SAISON20122013théâtremusiquedansecirqueDES TEMPS FORTS CIRQUEANDIAMOLA FAMILLE MORALLÈS / OCTOBRE 2012TOUT EST BIENCATASTROPHE ET BOULEVERSEMENTNIKOLAUS / CIE PRE-O-C-COUPÉ / DÉCEMBRE 2012POSTCIRQUE BANG BANG / FÉVRIER 2013AMORTALECIRCUS RONALDO / AVRIL 2013DES TEMPS FORTS THÉÂTREMAÎTRE PUNTILA ET SON VALET MATTIBERTOLT BRECHT / GUY PIERRE COULEAU / NOVEMBRE 2012FIGARO !BEAUMARCHAIS / DA PONTE / JEAN LIERMIER / AVRIL 201358 SPECTACLESÀ DÉCOUVRIRDES AUTEURSRABELAIS, TCHEKHOV, MARIVAUX, KAFKA, DESPROGES, BECKETT,RAY BRADBURY, WAJDI MOUAWAD...DES ARTISTESPATRICK PINEAU, LAURENT BRETHOME, FRANÇOIS RANCILLAC,SYLVAIN MAURICE, ANNE-LAURE LIÉGEOIS, JEAN BELLORINI,CIE DOS À DEUX, 26000 COUVERTS, JANI NUUTINEN…DE LA DANSEAKRAM KHAN COMPANY, CIE WANTED POSSE,SÉBASTIEN RAMIREZ & HONJI WONG,MICHAEL CLARK COMPANY, THIERRY MALANDAINDES CONCERTSSTAFF BENDA BILILI, EZ3KIEL EXTENDED, KERY JAMES,MICHEL DELPECH, TÉTÉ, CHILLY GONZALES,ET TOUS LES JEUDIS SOIRS, LES CONCERTS DU PÉDILUVEDE LA MUSIQUE CLASSIQUE, DE L’OPÉRAORCHESTRE NATIONAL D’ÎLE-DE-FRANCE, ORCHESTRE LES SIÈCLES,LES PALADINS, LE CONCERT SPIRITUEL, LA FAMILLE ARTIESMONTEVERDI / JÉRÔME CORREAS & CHRISTOPHE RAUCKHAYDN / L’ATELIER LYRIQUE DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARISET BIEN D’AUTRES RENDEZ-VOUS !PROGRAMMESUR SIMPLE DEMANDEConception : zaoum – Photo : Bruno Jarret - Lic<strong>en</strong>ces : 1050635 - 1050634 - 1036047 - 1036049


22 Focus / théâtre national de bordeaux <strong>en</strong> aquitaine / saison 2012-2013 septembre 2012 / N°201 la terrasse la terrasse septembre 2012 / N°201 Focus 23tnba : <strong>en</strong>tre rêve et raisonDominique Pitoiset, metteur <strong>en</strong> scène et directeur du Théâtre National de Bordeaux <strong>en</strong>Aquitaine, déf<strong>en</strong>d un théâtre de « rêveurs lucides » où l’esthétique rejoint le politique,où un pati<strong>en</strong>t travail permet à l’imaginaire de déployer toute sa force de frappe. Par leprisme du génie artisanal et du regard critique des artistes, – nombreux de r<strong>en</strong>omméeinternationale, d’autres à découvrir –, les spectacles du TnBA dévoil<strong>en</strong>t leurs mondes,leurs histoires, leurs éclats de vérité humaine.Cyrano de Bergerac / d’Edmond Rostandadaptation et mes Dominique PitoisetLe pacte fausti<strong>en</strong>de CyranoAprès Qui a peur de Virginia Woolf ?, Mort d’un commis voyageur etMerlin ou <strong>La</strong> Terre dévastée, Dominique Pitoiset met <strong>en</strong> scène Cyranode Bergerac avec, dans le rôle-titre, Philippe Torreton. Une création quipr<strong>en</strong>d part à une saison 2012 / 2013 placée sous le signe des « rêveurslucides ».Qu’évoque, pour vous, la notion de « rêveurslucides » sous laquelle vous avez choisi deplacer cette saison ?Dominique Pitoiset : être un rêveur lucide,c’est chercher à ne pas systématiquem<strong>en</strong>t faires’opposer le rêve et la raison. C’est se situerdans ces états intermédiaires qui permett<strong>en</strong>tde redéfinir la nécessité qui nous pousse à agir,qui nous pousse à créer, ces états qui permett<strong>en</strong>tde remettre constamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> éveil ce quifonde notre passion de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t. Pour undirecteur de théâtre, être un rêveur lucide, c’estavoir consci<strong>en</strong>ce qu’il faut se situer à la fois auposte de vigie et dans la soute. C’est être unes<strong>en</strong>tinelle, un défricheur, un être fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>tvigilant.Quels mouvem<strong>en</strong>ts et quels choix cette notionÉmigrant (Chants du Friûl)De Nadia Fabrizioimplique-t-elle dans la ligne artistique duThéâtre national de Bordeaux <strong>en</strong> Aquitaine(TnBA) ?D. P. : Le TnBA a ceci de particulier qu’il s’agitnon seulem<strong>en</strong>t d’un lieu de production, decréation et de diffusion, mais égalem<strong>en</strong>t d’unlieu de formation. Ainsi, l’une des premièresimplications de la douce utopie à laquelledonn<strong>en</strong>t corps les rêveurs lucides est l’att<strong>en</strong>tionque l’on doit porter aux poètes, auxformes émerg<strong>en</strong>tes, aux temps de la gestationpuis de l’éclosion. Aujourd’hui, ce qui mepassionne avant tout au théâtre, ce n’est passeulem<strong>en</strong>t la qualité des prés<strong>en</strong>ces ou desgestes, mais l’humanisme qui se dégage desartistes et de leurs propositions. Je constatechaque jour à quel point les athées issusdes Lumières, communauté à laquelle j’apparti<strong>en</strong>s,sont minoritaires dans le monde.Entreti<strong>en</strong> e Nadia Fabrizio<strong>La</strong> quête inlassabledes racines<strong>La</strong> comédi<strong>en</strong>ne Nadia Fabrizio interprète des chants d’inspirationtraditionnelle, <strong>en</strong> frioulan et <strong>en</strong> « cjargnel », langue des montagnes, pourdire l’éternelle histoire du déplacem<strong>en</strong>t et du déracinem<strong>en</strong>t des êtres.Vous avez la nostalgie d’un pays, le Frioulitali<strong>en</strong>, où vous n’êtes pas née…Nadia Fabrizio : Fille et petite-fille d’immigrésitali<strong>en</strong>s v<strong>en</strong>us d’une région rurale duNord de l’Italie perchée dans les montagnesdu Frioul, la Carnia, je suis née <strong>en</strong> Suisse, oùj’ai d’ailleurs étudié au Conservatoire de <strong>La</strong>usanne,et je vis <strong>en</strong> France depuis une vingtained’années. Comme beaucoup, j’apparti<strong>en</strong>s aucercle de ceux qui sont à la recherche de leursracines terri<strong>en</strong>nes insaisissables puisqu’on vittoujours dans l’<strong>en</strong>tre-deux, pas ici <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>tdans le prés<strong>en</strong>t, et pas là-bas non plus.Quelle est l’origine de votre spectacle musicalÉmigrant ?N. F. : J’ai toujours écouté, depuis toute petite,le frioulan et le « cjargnel », une langue particulièrede la région des montagnes, aux résonancesdures et rustiques, véhiculée par leschants traditionnels. Adolesc<strong>en</strong>te, <strong>en</strong> vacanceschez mes grands-par<strong>en</strong>ts, j’écoutais un groupedes années 80, le Polovâr Ensemble, dont lem<strong>en</strong>tor et le chanteur était le poète GiorgioFerigo. Ces chansons étai<strong>en</strong>t belles et fortes,parlai<strong>en</strong>t de ceux qui étai<strong>en</strong>t restés au pays,rêvai<strong>en</strong>t de ceux qui étai<strong>en</strong>t partis, et parlai<strong>en</strong>taussi de ceux qui, partis, rêvai<strong>en</strong>t de ceux quiétai<strong>en</strong>t restés. Les textes de Ferigo évoqu<strong>en</strong>t<strong>en</strong> particulier le mal-être, le mal-vivre de ceuxqui sont restés dans le pays d’origine.Comm<strong>en</strong>t concevez-vous le spectacle ?N. F. : Nous sommes quatre sur le plateau,les musici<strong>en</strong>s – Philippe Vranckx à la guitareet Christophe Jodet à la contrebasse –, KatiaFabrizio Cuénot pour l’accompagnem<strong>en</strong>t de voixet moi-même au chant et au récit. On réinterprèteces chants des années 80 pour les tirerjusqu’à nous, tout <strong>en</strong> nous inspirant du chant àdeux voix a capella et des chants traditionnelsde la région montagneuse de la Carnia. Ces voixEntreti<strong>en</strong> e Dominique PitoisetOr le théâtre public ne doit pas, selon moi,être l’<strong>en</strong>droit d’un mysticisme narcissique…Je me situe résolum<strong>en</strong>t contre les mouvem<strong>en</strong>tsréactionnaires qui travers<strong>en</strong>t notredramaturgie post-brechti<strong>en</strong>ne. Je déf<strong>en</strong>dsune idée forte de la citoy<strong>en</strong>neté, une traditionqui plonge ses racines directem<strong>en</strong>t dans lesécrits de Jean-Jacques Rousseau et D<strong>en</strong>isDiderot, pour ne citer que ces deux auteurs.Je crois qu’il faut savoir rester fâché, savoir nepas se soumettre. Pour faire référ<strong>en</strong>ce à monpersonnage de cœur, Alceste, je crois qu’il fautsavoir rester des atrabilaires amoureux.Comm<strong>en</strong>t est née l’idée de mettre <strong>en</strong> scèneCyrano de Bergerac avec Philippe Torreton ?D. P. : Sur un quiproquo. Philippe et moi nousconnaissons depuis très longtemps. Voilà desannées que nous avons <strong>en</strong>vie de travailler<strong>en</strong>semble. Un jour, il m’a demandé de relireCyrano. Et quand je l’ai rappelé pour lui parlerde ma lecture, il m’a dit qu’il ne m’avait pasdemandé de relire Cyrano, mais Figaro ! Nousnous sommes alors mis à parler de la piècede Rostand et avons décidé de nous lancer“le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t profondde n’être jamaisvraim<strong>en</strong>t au bon<strong>en</strong>droit.”Nadia Fabrizioet cette musique traduis<strong>en</strong>t le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t profondde n’être jamais vraim<strong>en</strong>t au bon <strong>en</strong>droit,d’être ni d’ici ni d’ailleurs, dans la quête dugrand amour.Êtes-vous s<strong>en</strong>sible à cette forme de dés<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t?N. F. : Je ne peux me défaire de ces li<strong>en</strong>s indissolublesliés à mon parcours personnel. Lespectacle est empreint de douceur et de mélancolie,d’âpreté et de rage. Émigrant fait appelaux chansons et au récit. C’est une chambreintime, le « palazzo m<strong>en</strong>tale » d’une femme quiconvoque ses fantômes. Ces figures sont despersonnages <strong>en</strong> crise – ceux qui sont partis etont souffert de ce départ, et ceux qui sont restéset ont souffert de leur <strong>en</strong>lisem<strong>en</strong>t.Propos recueillis par véronique HotteDu 9 au 20 octobre 2012.© Cosimo Mirco Magliocca© Mila Savic<strong>en</strong>semble dans cette av<strong>en</strong>ture. Pourtant, jedois dire qu’avant de la relire, j’étais rempli d’apriori sur Cyrano. Cette pièce, avec ses duels,ses référ<strong>en</strong>ces, toutes les images qui lui coll<strong>en</strong>tà la peau, me paraissait très poussiéreuse.Qu’est-ce qui a eu raison de ces a priori ?D. P. : En relisant att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t la pièce, jeme suis aperçu que derrière cette impressionde poussière, il y avait des choses réellem<strong>en</strong>tmagnifiques, des choses jubilatoires. Car quelpersonnage que ce Cyrano ! Quel cousin d’Alceste,mon héros, dont j’ai déjà parlé ! Un cousind’Alceste qui <strong>en</strong>gage un pacte fausti<strong>en</strong>. Enla personne de Christian, Cyrano crée <strong>en</strong> effetun avatar dont il sera l’esprit, le souffle poétique,la voix… Mais ce pacte aboutira à la mortdes deux protagonistes. Plus que d’éclairer la“Cyrano questionnel’être à la foisdans son ess<strong>en</strong>ceet dans ses pulsions.”Dominique Pitoisetnotion de panache, ce qui m’intéresse dansCyrano de Bergerac, c’est de faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre unecertaine forme d’esprit français : le « être seulmais libre », l’insoumission, le « non, merci ! »,la rev<strong>en</strong>dication de l’<strong>en</strong>droit juste du cheminparcouru, le point de vue sur l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t…Qu’est-ce qui vous touche particulièrem<strong>en</strong>tdans le personnage de Cyrano ?D. P. : C’est qu’il questionne l’être à la fois dansson ess<strong>en</strong>ce et dans ses pulsions. Cyrano atous les symptômes du maniaco-dépressif, ilfonctionne par ruptures et par cycles. Il manifeste,tour à tour, un appétit boulimique pour lesmots, pour les paroles flamboyantes, pour lesprises de risque, et une profonde mélancolie,une nature traversée par des humeurs sombres.Je trouve cette mélancolie absolum<strong>en</strong>t bouleversante.Je crois que mon amour pour Cyranonaît de cette grande solitude, et du défi que sapersonnalité lance à la raison raisonnable.Entreti<strong>en</strong> réalisé par Manuel Piolat SoleymatDu 20 février au 2 mars 2013.Le restede la saisonDe quoi rêver… tout au long de l’année.En ouverture de saison, <strong>La</strong> Mouette d’ArthurNauzyciel orchestre un bal crépusculaire <strong>en</strong>trela vie et la mort. Dans Invisibles, Nasser Djemaïfait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la mémoire d’immigrés v<strong>en</strong>us duMaghreb dans les années 60 : ils ont vieilli et sesouvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t. Stev<strong>en</strong> Coh<strong>en</strong> remonte aux originesde l’homme dans The Cradle of Humankind. AnnaNozière superpose divers mondes dans <strong>La</strong> Petite,Vanessa Van Durme joue sa vie dans Regardemaman, je danse, Zimmermann & De Perrot mett<strong>en</strong>tle monde s<strong>en</strong>s dessus dessous dans Hanswas Heiri, Mike Bartlett et Mélanie Leray explor<strong>en</strong>tle monde de l’<strong>en</strong>treprise dans Contractions,Antoine Defoort & Halory Goerger inv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t unmonde loufoque et débridé avec Germinal, Jean-François Sivadier propose Le Misanthrope, <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t<strong>La</strong>ffargue crée Molly Bloom à partir d’Ulyssede Joyce, Marie Rémond crée André d’après la vied’André Agassi, Valère Novarina propose L’Ateliervolant, Declan Donnellan monte Ubu roi deJarry, Sylvain Levey et Pascale Daniel-<strong>La</strong>comberevisit<strong>en</strong>t le thème de l’errance dans Commedu Sable, Roland Auzet et Jérôme Thomas propos<strong>en</strong>tDeux hommes qui jonglai<strong>en</strong>t dans leurtête, Macha Makeïeff r<strong>en</strong>d hommage avec LesApaches aux déclassés magnifiques de la BelleEpoque. En danse, Ko<strong>en</strong> Augusttijn<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>teAu-delà, Anne Teresa de Keersmaeker proposeEn att<strong>en</strong>dant et Ces<strong>en</strong>a, Dada Masilo réinv<strong>en</strong>teLe <strong>La</strong>c des Cygnes, Sankai Juku crée Tobari. Pourles <strong>en</strong>fants, <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Gutmann revisite Le PetitPoucet et Nathalie Papin et Betty Heurtebisecré<strong>en</strong>t Le Pays de Ri<strong>en</strong>.A. SantiSous la ceinture / De Richard Dressertrad. Daniel Loayza / mes Delphine SalkinClass <strong>en</strong>emy / de Nigel Williamsmes Nuno CardosoEntreti<strong>en</strong> e Nuno CardosoClasse <strong>en</strong> lutteet lutte des classesLe metteur <strong>en</strong> scène portugais Nuno Cardoso dirige six jeunes comédi<strong>en</strong>sdans Class <strong>en</strong>emy, de Nigel Williams, brûlot écrit <strong>en</strong> 1978 et alarme quisonne plus fort que jamais dans la crise actuelle.Que raconte Class <strong>en</strong>emy ?Nuno Cardoso : <strong>La</strong> pièce date de 1978. Elleest liée au mom<strong>en</strong>t de son écriture : l’époqueoù l’Angleterre vivait <strong>en</strong>tre mouvem<strong>en</strong>tpunk et crise du pétrole. Des élèves, abandonnéspar leurs professeurs terrorisésdans une salle de classe dévastée, onttoute une après-midi pour eux. Ils décid<strong>en</strong>tde se faire classe à eux-mêmes. Ondécouvre ainsi les rapports qu’ils <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tavec leurs par<strong>en</strong>ts, la société, leEntreti<strong>en</strong> e Delphine SalkinParabole satiriquesur le monde du travailDelphine Salkin met <strong>en</strong> scène, pour la première fois <strong>en</strong> français, Sousla ceinture, de Richard Dresser. Une comédie hilarante sur les jeux depouvoir cruels <strong>en</strong>tre trois travailleurs.Comm<strong>en</strong>t avez-vous découvert ce texte ?Delphine Salkin : Thomas Ostermeier l’avaitmonté <strong>en</strong> allemand <strong>en</strong> 1998-99. A l’époque,le programmateur de l’Odéon avait trouvé letexte formidable et avait demandé à DanielLoayza de le traduire <strong>en</strong> français pour unelecture. Alors que je cherchais un texte quime permette de particulièrem<strong>en</strong>t travaillersur le jeu de l’acteur, Daniel, qui est mon mari,a ressorti celui-là d’un tiroir. <strong>La</strong> pièce n’avaitjamais été mise <strong>en</strong> scène <strong>en</strong> français. RichardDresser est inédit <strong>en</strong> France : Sous la ceintureDe émile Zolames David Csezi<strong>en</strong>skiL’Assommoirest la seule de ses pièces traduite dans notrelangue. Je l’ai lue et j’ai immédiatem<strong>en</strong>t voulula monter !Que raconte cette pièce ?D. S. : Elle évoque un univers qui rappelleBrazil, un monde qui oscille <strong>en</strong>tre Kafka etBeckett. On rit beaucoup, mais derrière lerire, se révèle une épaisseur absurde et cauchemardesque.Sur une plate-forme <strong>en</strong> pleindésert, travaill<strong>en</strong>t trois hommes. Ils sont vérificateurs,sans qu’on sache ce qu’ils vérifi<strong>en</strong>t.sexe, l’espoir, le monde. Et ces rapportssont déchirants.Cette pièce parle-t-elle <strong>en</strong>core à notre époque ?N. C. : En tr<strong>en</strong>te-quatre ans, beaucoup dechoses ont changé ; mais on retrouve lasituation décrite dans la pièce dans notrevie de tous les jours, d’autant que la crisea largem<strong>en</strong>t modifié le point de vue généralsur l’éducation et la société. Le libéralismetriomphant s’est désinvesti de la sécurité,gros PlanLe destin tragique de Gervaise, la courageuse ouvrière de Zola, est mis<strong>en</strong> scène par le jeune berlinois David Csezi<strong>en</strong>ski. Un spectacle portépar les membres du collectif OS’O issus de l’ESTBA (école Supérieurede Théâtre de Bordeaux <strong>en</strong> Aquitaine).Faire passer sur scène la prose de Zolarelevait assurém<strong>en</strong>t de la gageure. Défirelevé par David Csezi<strong>en</strong>ski, qui installales élèves de l’ESTBA dans le bar L’Assommoir,où la classe ouvrière vi<strong>en</strong>t boire sapaye, et leur fit t<strong>en</strong>ir tour à tour les rôlesde narrateurs ou d’interprètes exposant lavie de Gervaise Macquart, petite ouvrièrequi vi<strong>en</strong>t à Paris avec son amant et leursdeux <strong>en</strong>fants. Le père des <strong>en</strong>fants l’abandonne,mais elle n’est pas loin de se sortirde sa condition <strong>en</strong> ouvrant une blanchisserie.Coups du sort et déterminismecontrarieront cep<strong>en</strong>dant sa trajectoirepour l’<strong>en</strong>voyer dans le cercueil. C’était il ya deux saisons et la première promotion de© Frédéric DesmesureLes élèves de l’ESTBA donn<strong>en</strong>t corps à la théâtralité de Zola.© D. R.© D. R.Il sont perdus, seuls, sans loisirs ni plaisirs ;le travail est le seul point de mire. Ces troishommes se racont<strong>en</strong>t mais sont commeextirpés de ce qui fait le s<strong>en</strong>s et le goût dela vie humaine. <strong>La</strong> pièce raconte une sociétépleine de solitude, où les hommes ne parl<strong>en</strong>tpas de ce qui les anime vraim<strong>en</strong>t. L’<strong>en</strong>sembleapparaît comme le cauchemar d’une fin dumonde où ne resterai<strong>en</strong>t que des rescapésabsurdes. Ils pass<strong>en</strong>t le temps à s’infliger lesuns aux autres, par la parole, tous les coupsbas possibles. Sous la ceinture, dit le titre,désignant ainsi les coups interdits dans uncombat loyal.Que dire de la traduction ?D. S. : Daniel Loayza traduit de plus <strong>en</strong> plusd’auteurs américains. Il a su donner à laversion française le ton comique du texteoriginal, réinv<strong>en</strong>tant les jeux de mots, dansde l’éducation, de tout ce qui faisait l’étatsocial. Tout cela devi<strong>en</strong>t de moins <strong>en</strong> moinsimportant face à l’économie et aux profits.Cela <strong>en</strong>traîne des problèmes très grandsqui comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à provoquer de petitesexplosions un peu partout, surtout chez lesjeunes.Pourquoi avoir choisi de conserver le titreanglais ?N. C. : Parce qu’il joue de l’ambiguïté du mot« classe » : classe scolaire et classe sociale.Ces jeunes sont des <strong>en</strong>nemis de la classe,autant dans l’école que dans la société. On vitdans un monde où la lutte des classes sembleeffacée par la publicité et la séduction ;mais elle est toujours là. J’ai choisi de laisserle titre <strong>en</strong> anglais car nous n’avons pas trouvéde titre aussi heureux <strong>en</strong> français.l’école du TnBA a saisi cette riche matière àjouer avec tal<strong>en</strong>t et jubilation. Preuve quele pari fut gagné, le TnBA a demandé à L’Assommoirde réinvestir le studio de créationcette année, avec ses situations de jeuproduites conjointem<strong>en</strong>t par la théâtraliténaturelle de la prose de Zola et par le travaild’improvisation des jeunes acteurs.Atmosphère dionysiaque<strong>La</strong> r<strong>en</strong>contre des élèves avec David Csezi<strong>en</strong>skis’est faite lors d’un stage à Berlinautour du Merlin de Tankred Dorst, quifut <strong>en</strong>suite monté par Dominique Pitoi-“Derrière le rire,se révèle uneépaisseur absurdeet cauchemardesque.”Delphine Salkinune langue très moderne, très vive. Cettetraduction m’a paru évid<strong>en</strong>te, et Daniel acontinué à l’affiner au fur et à mesure deslectures.Quels acteurs faut-il pour une telle partition?D. S. : Il faut des acteurs à la palette très large.Comme toute comédie, elle doit être jouéeavec précision et vélocité. Cela requiert unegrande technicité, et autant d’ironie et d’humourque d’épaisseur tragique. Les trois rôlessont équival<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> force et <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce : ilfaut donc trouver une égalité de jeu où lescomédi<strong>en</strong>s peuv<strong>en</strong>t se r<strong>en</strong>voyer la balle et semotiver les uns les autres.Propos recueillis par Catherine RobertDu 29 janvier au 9 février 2013.“Le libéralismetriomphants’est désinvestide la sécurité,de l’éducation,de tout ce qui faisaitl’Etat social.”Nuno CardosoQuelle est la morale de la pièce ?N. C. : <strong>La</strong> fin de la pièce suggère la possibilitéde deux chemins. L’un est celui de l’espoir; l’autre, celui du nihilisme. Le nihilismepeut paraître un peu plus contestataire maisil est sans futur et conduit à l’immobilisme.L’espoir, lui, offre un chemin à parcourir.Tout dép<strong>en</strong>d de la lecture qu’<strong>en</strong> feront lesacteurs, et je ne veux pas leur imposer lami<strong>en</strong>ne. A vrai dire, je ne sais pas quel estle chemin que je préfère.Propos recueillis par Catherine RobertDu 14 au 25 mai 2013.set. Proximité générationnelle aidant – lemetteur <strong>en</strong> scène n’a que 27 ans –, ils ontdécidé de se retrouver autour de cette histoirese déroulant « dans un monde capitalistequi ressemble beaucoup au nôtre »selon Csezi<strong>en</strong>ski, et qui offre l’occasionaux comédi<strong>en</strong>s de « créer six personnagesqui puiss<strong>en</strong>t raconter cette histoire ».Les membres du collectif OS’O incarn<strong>en</strong>tà la fois des narrateurs s’<strong>en</strong>ivrant au baret les personnages charriés par le flot deleurs paroles et du vin. Une atmosphèredionysiaque s’empare joyeusem<strong>en</strong>t de labrutalité du texte de Zola et place au cœurde son récit les thématiques de l’alcool, del’amour et de la mort, mais surtout de l’importancede la solidarité <strong>en</strong> cette périodede capitalisme florissant.Éric DemeyDu 15 au 24 novembre 2012, dans le cadrede Novart. Relâche les 18 et 19.théâtre national de bordeaux<strong>en</strong> aquitainePlace R<strong>en</strong>audel, 33000 Bordeaux.Tél. 05 56 33 36 80. www.tnba.org


24 théâtre septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 théâtre 25AbonnezVOUS !VOUS!AbonnezSAISON /C<strong>en</strong>tre d’artet de cultureLe Bourgeois G<strong>en</strong>tilhomme | 23 e Festival ducourt métrage d’humour | <strong>La</strong> Botte secrète |H<strong>en</strong>riette & Matisse | Les 39 marches |Ibrahim Maalouf | Swan | Retour à Ithaque| De Beaux L<strong>en</strong>demains | Dominique A |Le Conservatoire fête ses 40 ans |Fric frac l’arnaque | Et si j’étais moi ! | Lemec de la tombe d’à côté | L’Île des esclaves| Sur les rives d’Abyssinie | Murmures desmurs | Les Trois Richard, Un Richard III |Concert symphonique | Pour Giselle |Vinc<strong>en</strong>t Delerm | Gaspard Proust tapine |David Grimal | Confér<strong>en</strong>ce spectacle autourde Louis XIV : roi danseur | Boxe, boxe |Gregory Porter | Les Cancans | FrançoiseAtlan, L’Âge d’or espagnol | Chante-moi...Mozart |01 49 66 68 90meudon.fr15 bd des Nations-Unies92190 MeudonCréation :Théâtre 95 / écriture, mise <strong>en</strong> scèneet jeu Sophie Brech et Louis FortierLe destintragi-comiquede Tubbyet NottubyA travers le périple de Tubby et Nottuby,Sophie Brech et Louis Fortier imagin<strong>en</strong>t unequête exist<strong>en</strong>tielle délicieusem<strong>en</strong>t burlesqueet onirique.Deux clowns à découvrir au fil d’un voyage burlesque.Experts dans l’art du clown et du jeu masqué,virtuoses dans l’art du dire avec le corps,Sophie Brech et Louis Fortier propos<strong>en</strong>t avecLe Destin tragique de Tubby et Nottuby unvoyage délicieusem<strong>en</strong>t burlesque et onirique,fortem<strong>en</strong>t évocateur, conjuguant drameet comédie, anglais et français, langagescorporel, parlé ou chanté. Fondateurs dela compagnie Théâtre Fools and Feathers,d’origines québécoise, française et britannique,les deux artistes se sont nourris del’imaginaire exubérant de Shakespeare, puisantdans l’étoffe des rêves, pour imaginer lepériple de ces deux créatures aussi vulnérablesque sincères, perdus dans le monde,oscillant <strong>en</strong>tre ne pas être ou… être, <strong>en</strong>tre sejeter dans <strong>La</strong> Tamise ou vivre <strong>en</strong> dépassantle réel. Rappelant Chaplin ou <strong>La</strong>urel et Hardy,Tubby et Nottuby se lanc<strong>en</strong>t dans une quêteexist<strong>en</strong>tielle tumultueuse et poétique, versune r<strong>en</strong>aissance.A. SantiThéâtre 95, allée du Théâtre, Cergy-Pontoise.Les 2 et 4 octobre à 9h30 et 14h30,le 5 à 9h30. Tél. 01 30 38 11 99.Maison de la Poésie / d’après All<strong>en</strong> Ginsbergmes Bérangère Jannelle66 Gallery<strong>La</strong> compagnie <strong>La</strong> Ricotta donne à ré<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dreles « voix vibrantes » de la Beat G<strong>en</strong>eration.Une création qui, loin de toute nostalgie, viseà faire jaillir « une secousse rock ».L’acteur et poète sonore Douglas Rand,dans 66 Gallery.« Avant toute chose, fait remarquer la fondatricede la compagnie <strong>La</strong> Ricotta, BérangèreJannelle, la 66 Gallery est un dispositiftrès mobile, une installation plastique.Plongés dès leur <strong>en</strong>trée dans une ambiancesonore qui mixe des sons d’archives et [des]accords rock (…), les spectateurs sont invitésà boire un verre de saké. » Après unebrève introduction <strong>en</strong> forme de ciné-concert,l’acteur et poète sonore Douglas Randinterprète (<strong>en</strong> américain et <strong>en</strong> français)Howl, l’un des poèmes phares de la culture© D. R.© Stéphane Pauvretbeatnik. « <strong>La</strong> performance poétique de Douglasest <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t accompagnée par laperformance musicale de Jean-Dami<strong>en</strong>Ratel qui joue de l’ordinateur et d’un instrum<strong>en</strong>toriginal, le “Moloch Amédée” (ndlr,une sorte de harpe totem) conçu pour l’occasion», explique Bérangère Jannelle. Enprovoquant « une secousse rock qui ébranleles utopies autant qu’elle les stimule », lametteure <strong>en</strong> scène souhaite nous faire ré<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dreles « voix vibrantes », les « voix hilares», les « voix libres (…) et vivantes » de laBeat G<strong>en</strong>eration. M. Piolat SoleymatMaison de la Poésie, Passage Molière,157, rue Saint-Martin, 75003 Paris.Du 4 octobre au 4 novembre 2012,du mercredi au samedi à 20h, le dimanche à 16h.Tél. 01 44 54 53 00. www.maisondelapoesie.com.Égalem<strong>en</strong>t du 19 au 21 novembre 2012aux Bains-Douches au Havre, les 24 et25 novembre à <strong>La</strong> Manufacture atlantiqueà Bordeaux, le 1 er décembre à l’Equinoxe àChâteauroux.Ménagerie de VerreConception et mes Giuseppe Chicoet Barbara MatijevicForecastingChampions des id<strong>en</strong>tités mutantes, des ruptureset des paradoxes, Giuseppe Chico etBarbara Matijevic mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> scène un espace-tempsdu futur qui télescope le virtuel etle réel.Barbara Matijevic et Giuseppe Chico font surgir l’inatt<strong>en</strong>du,et la scène perd son unité et ses cadres…Forecasting constitue le dernier volet d’unetrilogie intitulée « D’une théorie de la performanceà v<strong>en</strong>ir ou le seul moy<strong>en</strong> d’éviter lemassacre serait-il d’<strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ir les auteurs ?»,initiée par le duo formé par Barbara Matijevicet Giuseppe Chico. Nourries de plusieurssources et disciplines artistiques, leurspièces cré<strong>en</strong>t de nouveaux modes narratifs<strong>en</strong>tre docum<strong>en</strong>taire et fiction. Alors que lesdeux premiers volets étai<strong>en</strong>t fondés sur desélém<strong>en</strong>ts historiques et biographiques desannées 1984 et 1989, Forecasting se projettedans le futur et bouscule le réel et son unitépar de continuelles mises <strong>en</strong> forme de ruptureset paradoxes, utilisant principalem<strong>en</strong>t lecroisem<strong>en</strong>t et le télescopage de deux univers :le monde physique et les mondes de l’écran.Point de r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre ces deux planètes :le corps, qui se dédouble et se compose d’unecombinaison de moy<strong>en</strong>s, « <strong>en</strong> vue de produireun effet qui le dépasse <strong>en</strong> tant qu’individu ».Les deux artistes ont sélectionné une sériede vidéos amateurs postées sur YouTube, defabuleux outils de narration de soi qu’ils seréappropri<strong>en</strong>t pour construire leur spectacle.« Nous p<strong>en</strong>sons que le théâtre doit pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>considération la façon dont la technologie est<strong>en</strong> train de réécrire nos corps, notre compréh<strong>en</strong>sionde la narration, notre relation avecla culture et notre compréh<strong>en</strong>sion de la prés<strong>en</strong>ce.» Le futur au prés<strong>en</strong>t, susp<strong>en</strong>du <strong>en</strong>treréel et virtuel.A. Santi<strong>La</strong> Ménagerie de Verre, 12/14 rue Léchevin,75011 Paris. Du 26 au 29 septembre à 20h30.Dans le cadre du Festival d’Automne.Tél. 01 53 45 17 17 ou 01 43 38 33 44.VOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fr© Olivier Heinry© D. R.© Brigitte EnguérandDe Philippe Adri<strong>en</strong> et Jean-Louis Bauermes Philippe Adri<strong>en</strong>Bug !Philippe Adri<strong>en</strong>.En TournéeThéâtre de Saint Qu<strong>en</strong>tin / De Luigi PirandelloTraduction de Jean-Paul ManganaroMES de Stanislas NordeySe trouverStanislas Nordey monte Se trouver dePirandello, le drame exist<strong>en</strong>tiel d’une actricequi examine sa vie.Emmanuelle Béart, l’actrice capable de Se Trouver.Se trouver, que met <strong>en</strong> scène Stanislas Nordey,pièce pirandelli<strong>en</strong>ne peu connue, créée<strong>en</strong> France par Claude Régy avec Delphine Seyriget Samy Frey <strong>en</strong> 1966, offre au spectateurune vraie découverte dans un décor grandioseart déco de début de siècle. Le seul mondeque nous révèle l’art, c’est notre âme puisquela consci<strong>en</strong>ce est incapable d’expliquer lecont<strong>en</strong>u de la personnalité : « C’est l’Art, et l’ArtGros PlanPhilippe Adri<strong>en</strong> met <strong>en</strong> scène cette comédie délirante qu’il a coécriteavec Jean-Louis Bauer, métaphore rocambolesque qui t<strong>en</strong>te de percerle secret du malaise de la civilisation.Comm<strong>en</strong>t mettre <strong>en</strong> scène le malaise d<strong>en</strong>otre civilisation ? Comm<strong>en</strong>t sur un plateaude théâtre pointer du doigt ce qui ne va pasdans notre société ? « Que sommes-nousaujourd’hui après ce qu’on a appelé la mort deDieu, la colonisation, deux Guerres mondiales,la Shoah, la fin des empires et des idéologiesuniversalistes ? Sommes-nous indemnes duprojet génocidaire ? De la razzia néo-libérale,de la société du spectacle et de la consommation? Savoir après tout, si nous ne sommespas, <strong>en</strong> fait, des mutants ? » Philippe Adri<strong>en</strong>et Jean-Louis Bauer ont coécrit une comédiedélirante qui nourrit la réflexion sur ces questions,ils ont imaginé une av<strong>en</strong>ture rocambolesquetotalem<strong>en</strong>t débridée, une métaphoreultra contemporaine qui laisse justem<strong>en</strong>t voirles impasses et les dangers de notre mondede plus <strong>en</strong> plus obnibulé par la performanceet la perfection, au point de mettre <strong>en</strong> veilleles <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts et la place fondam<strong>en</strong>talede la mémoire dans l’Histoire toujours <strong>en</strong>marche de l’humanité.Quête (in)humaine de la perfectionRéfér<strong>en</strong>ce absolue de notre modernité galopante,la révolution informatique et ses logicielstoujours plus effici<strong>en</strong>ts fourniss<strong>en</strong>tle cadre idéal à cette création théâtrale,d’autant plus qu’au point où nous <strong>en</strong> sommes,Philippe Adri<strong>en</strong> et Jean-Louis Bauerassimil<strong>en</strong>t cette quête (in)humaine de laperfection à… un programme informatique.Soit un dispositif qui connaît différ<strong>en</strong>ts bugsplus ou moins graves, dont peut témoigner latragique Histoire du vingtième siècle. Bug !met <strong>en</strong> scène deux brillants informatici<strong>en</strong>s,lauréats d’un concours de logiciels qui, alorsqu’ils prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t leur création au public, sontmétamorphosés <strong>en</strong> avatars, plus précisém<strong>en</strong>t<strong>en</strong>… chimpanzés. Ils part<strong>en</strong>t alors débusquerle bug, sillonnant sans relâche l’espace et letemps, de l’Europe à l’Afrique <strong>en</strong> passant parle Château de Versailles et le Rwanda. Ilscrois<strong>en</strong>t nombre de célébrités vivantes oudisparues, <strong>en</strong> quête du dysfonctionnem<strong>en</strong>tqui toujours leur échappe. Treize comédi<strong>en</strong>stal<strong>en</strong>tueux sont partie pr<strong>en</strong>ante de cetteinlassable chasse au bug, où Philippe Adri<strong>en</strong>devrait pouvoir déployer tout son humour ettoute son audace, prompts à dévoiler les véritéscachées sous la surface… de l’écran.Agnès SantiThéâtre de la Tempête, Cartoucherie,75012 Paris. Du 22 septembre au27 octobre 2012, du mardi au samedi à 20h,dimanche à 16h. Tél. 01 43 28 36 36.e Réservez votre billet sur www.journal-laterrasse.frseul, qui nous révèle à nous-mêmes » (OscarWilde). Ainsi, les jours qui pass<strong>en</strong>t sur la scènefont œuvre de création pour la protagonisteDonata, interprétée par Marta Abba <strong>en</strong> 1932,l’actrice d’élection de Pirandello : « Ce qui estvrai, c’est… qu’il faut se créer, créer ! Et c’estalors seulem<strong>en</strong>t qu’on se trouve ». Ainsi, aubout d’un parcours initiatique, l’actrice résout leconflit intime qui la déchire, accède à sa véritéet déchiffre son moi profond. Auparavant, savie n’était que le théâtre d’une introspection decomédi<strong>en</strong>ne livrée aux s<strong>en</strong>sations, aux signesfugitifs d’un désir qui disparaît avant de s’accomplir.Or, se réfugier dans les songes et l’erranceimaginaire <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t devacuité devant le miroir nocturne de la loge dethéâtre. Pour exister, il faut s<strong>en</strong>tir la confrontationbrute des élém<strong>en</strong>ts et les v<strong>en</strong>ts viol<strong>en</strong>tsdes tempêtes intérieures, <strong>en</strong> éludant les rôlesfictifs trop superficiels. Aussi Donata se jette-telledans les bras d‘Ely Niels<strong>en</strong>, mâle autoritaireet extraverti, possessif et jaloux. Le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>td’inaccomplissem<strong>en</strong>t de l’actrice se démultiplieface à l’insatisfaction s<strong>en</strong>suelle de vivre auprèsd’un piètre compagnon, un échec privé. L’actricefait dès lors un retour sur les planches : la scèneavec la magie du rôle lui révèle sa vérité, ce quelui refusait la vie. Emmanuelle Béart, star glamourattachée à son auth<strong>en</strong>ticité, est parfaitedans le rôle principal.V. HotteThéâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-Yvelines,place Georges-Pompidou, 78054 Saint-Qu<strong>en</strong>tin<strong>en</strong>-Yvelines.Tél. 01 30 96 99 00.Le 4 octobre à 19h30, les 5 et 6 à 20h30.Spectacle vu au Théâtre National de Bretagneà R<strong>en</strong>nes.Ecrire à la rédaction-administration : la.terrasse@wanadoo.frPôleculturel - 2012/2013LES MYSTÈRESDE PARISAvec Jacques Courtès, Zazie Delem,Marie Frémont, Ster<strong>en</strong>n Guirriec,Julie <strong>La</strong>uf<strong>en</strong>buchler, William Mesguich,Romain FranciscoAssistante à la mise <strong>en</strong> scène Charlotte EscamezProduction déléguée : le Théâtre de l’Etreinte • Coproduction : le Pôle Culturel d’AlfortvilleCompagnie associée <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce et le Théâtre de l’Ouest Parisi<strong>en</strong> de Boulogne.Avec la participation artistique de Jeune Théâtre National.“Eugène Sue est un maître du susp<strong>en</strong>se, du ricochetdramatique, il peuple ses mots de gueules hors du commun,d’atmosphères angoissantes et joyeuses. C’est unehistoire folle, à épisodes, qu’il faudra t<strong>en</strong>ter d’explorercomme si on ouvrait les tiroirs d’une commode monum<strong>en</strong>tale,fresque impr<strong>en</strong>able sauf si l’on fait du théâtre detout, si le jeu est <strong>en</strong>diablé.” William MesguichSamedi 6 octobre 2012 • 20h30Eugène Sue s’<strong>en</strong>fonce dans les <strong>en</strong>traillesd’une ville gargantuesque avec des mots“crus de vérité.” Charlotte EscamezDécouvrez la saison surwww.pole-culturel.frParvis des Arts (angle rues M. Bourdarias et J. Franceschi) 94140 AlfortvilleBilletterie/Abonnem<strong>en</strong>ts 01 58 73 29 18RER D 7 mn de la Gare de Lyon (Station Maisons-Alfort/Alfortville)Métro ligne 8 (Station Ecole Vétérinaire)et bus 103 (Station Mairie d’Alfortville)www.pole-culturel.fr© Shutterstock/Poznukhov YuriyMeudonCAC2012_la terrasse2_exe.indd 1 21/06/12 16:18


26 théâtre septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 théâtre d’ivry antoine vitez / Focus 27L’ARGENTD’après le textede Christophe Tarkos*DE Anne Théron& Christian Van Der BorghtAvec STANISLAS NORDEY& AKIKO HASEGAWAUn spectacle <strong>en</strong>treperformance numérique& concert qui décortiquejusqu’à l’os et dénonce avecune évid<strong>en</strong>ce tranquille etperturbante le nerf dela guerre : l’arg<strong>en</strong>t.19 > 23 septembre 2012*L’arg<strong>en</strong>t, In Écrits Poétiques,Éditions P.O.L, 2008.INFORMATION & Réservation WWW.GAITE-LYRIQUE.NET/BILLETERIE AUX GUICHETS DE LA GAÎTÉ LYRIQUE PAR TÉLÉPHONE AU 01 53 01 51 51www.lucernaire.fr 01.45.44.57.34 53 rue Notre Dame des Champs 75006 Paris© ÉMILIE MAILLIETà partir du5 septembre 2012du mardi au samedidimanche 17 hThéâtre de la Ville / de Bertolt Brechtmes Heiner MüllerLe Berliner Ensemble prés<strong>en</strong>te <strong>La</strong> résistible asc<strong>en</strong>sion d’Arturo Ui de Bertolt Brecht.Maison de la Poésie / De Heiner Müllermes de Wilfried W<strong>en</strong>dlingMüllermachinesWilfried W<strong>en</strong>dling crée un spectacle mêlant« tous les arts du plateau » à partir de troistextes de Heiner Müller. Sur scène : le comédi<strong>en</strong>D<strong>en</strong>is <strong>La</strong>vant et la danseuse aéri<strong>en</strong>neCécile Mont-Reynaud.D<strong>en</strong>is <strong>La</strong>vant et Cécile Mont-Reynaud dans Müllermachines.C’est autour des textes Paysage sous surveillance,Libération de Prométhée et Nocturneque Wilfried W<strong>en</strong>dling a conçu Müllermachines. Souhaitant r<strong>en</strong>dre compte del’esthétique et de la dramaturgie propresaux textes de l’auteur allemand HeinerMüller, le metteur <strong>en</strong> scène, musici<strong>en</strong>et vidéaste a confronté mouvem<strong>en</strong>ts defragm<strong>en</strong>tations et de converg<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>déployant « une succession de séqu<strong>en</strong>cesdistinctes » composée de théâtre, dedanse, de cirque, de musique, de vidéo…Parties « presque plastiques et chorégraphiques,figées dans la contemplationd’univers fantasmagoriques » ; mom<strong>en</strong>ts« qui s’<strong>en</strong>trechoqu<strong>en</strong>t, assumant la viol<strong>en</strong>cedes rapprochem<strong>en</strong>ts et des <strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>tsbrutaux » : Müller machinesprés<strong>en</strong>te tous ces « blocs d’émotions littéraires» de manière « quasim<strong>en</strong>t brute »,« dans le dénuem<strong>en</strong>t de leur force intrinsèque». M. Piolat SoleymatMaison de la Poésie, passage Molière,157 rue Saint-Martin, 75003 Paris.Du 3 au 28 octobre 2012, du mercrediau samedi à 20h, le dimanche à 16h.Tél. 01 44 54 53 00.www.maisondelapoesie.com.Égalem<strong>en</strong>t le 16 novembre 2012 à laScène nationale de Nantes, le 20 novembreà Scènes Croisées à M<strong>en</strong>de, le 22 novembreau Théâtre de l’Archipel à Perpignan, les 28et 29 novembre au Théâtre de la R<strong>en</strong>aissanceà Oullins, le 6 avril 2013 au C<strong>en</strong>tre dramatiqu<strong>en</strong>ational de Dijon, les 19 et 20 mai au festivalMusique Action à Vandœuvre-lès-Nancy.Réagissez et blogguez sur www.journal-laterrasse.frGros Plan<strong>La</strong> Résistible Asc<strong>en</strong>siond’Arturo UiCe fut la dernière mise <strong>en</strong> scène signée par Heiner Müller avant samort, <strong>en</strong> 1995. Autour du comédi<strong>en</strong> allemand Martin Wuttke, le BerlinerEnsemble repr<strong>en</strong>d le célèbre spectacle au Théâtre de la Ville.Écrite par Bertolt Brecht <strong>en</strong> 1941, alors qu’ilétait <strong>en</strong> exil <strong>en</strong> Finlande, <strong>La</strong> Résistible Asc<strong>en</strong>siond’Arturo Ui éclaire la prise de pouvoird’Adolphe Hitler à travers les agissem<strong>en</strong>tsd’un petit malfrat vivant à Chicago, au débutdes années 1930. A la fois inspiré par la figuredu dictateur nazi et par celle du gangster AlCapone, Arturo Ui pr<strong>en</strong>d peu à peu la tête dela pègre. Ne reculant devant aucun crime, ilse débarrasse progressivem<strong>en</strong>t de tous sesadversaires, met la main sur le marché duchou-fleur et instaure la terreur autour de lui.Créée <strong>en</strong> juin 1995 à Berlin, la mise <strong>en</strong> scènede la pièce signée par Heiner Müller est dev<strong>en</strong>uel’un des spectacles emblématiques duBerliner Ensemble.Le portrait d’un psychopatheC’est avec cette farce virul<strong>en</strong>te que la célèbretroupe allemande revi<strong>en</strong>t – après L’Opéra de© Beatrice Logeais - Maison de la PoésieQuat’sous <strong>en</strong> 2009, Richard II <strong>en</strong> 2010, Lulu <strong>en</strong>2011 et Simplem<strong>en</strong>t compliqué <strong>en</strong> 2012 – auThéâtre de la Ville, <strong>en</strong> ce début de saison. Dansle rôle d’Arturo Ui, Martin Wuttke dessine nonseulem<strong>en</strong>t le portrait d’un tyran, mais égalem<strong>en</strong>tcelui « d’un bandit minable, d’un maladebourré de tics, d’un psychopathe ». Incarnant« la viol<strong>en</strong>ce sarcastique » que souhaitait voirnaître Heiner Müller dans son spectacle, lecomédi<strong>en</strong> ridiculise Hitler qui, « sous les traitsd’Arturo Ui, devi<strong>en</strong>t (…) une bête dangereuseprête à toutes les monstruosités ».Manuel Piolat SoleymatThéâtre de la Ville, 2 place du Châtelet,75004 Paris. Les 24, 25, 27 et28 septembre 2012, à 20h30. Tél. 01 42 74 22 77.www.theatredelaville-paris.com.Dans le cadre du Festival d’automne à Paris.Spectacle <strong>en</strong> allemand surtitré <strong>en</strong> français.© Barbara Braun© D. R.L’art résiste<strong>La</strong> saison 2012-2013 du Théâtre d’Ivry Antoine Vitezne faillit pas à ses principes d’ouverture à tous lespublics et définit la scène comme lieu de partage etde croisem<strong>en</strong>ts. Cette r<strong>en</strong>trée se fait sous la houletteposthume d’Allain Leprest, décédé l’an passé,citoy<strong>en</strong> d’Ivry, imm<strong>en</strong>se poète chanteur programmérégulièrem<strong>en</strong>t au Théâtre.Poète pour tousEntreti<strong>en</strong> e JulietteAprès la tournée No Parano !, la chanteuse à la langue aiguisée se faitcomplice du projet Je hais les Gosses.Vous dites débarquer comme une fleur sur lespectacle. Que font donc les fleurs ?Juliette : Entre 2 Caisses a écrit le spectacle,un beau petit scénario plein de chansons.J’intervi<strong>en</strong>s pour revisser quelques boulons,ajuster la mécanique, mettre <strong>en</strong> scène,faire que tout leur travail fonctionne ! Je les“Les petits se trait<strong>en</strong>tde la même manièreque leurs aînés.”Julietteconnais bi<strong>en</strong>, on s’est croisé lors de festivals,ainsi qu’aux 20 ans du Théâtre d’Ivry. Avec euxon est toujours sûr de s’amuser !Avez-vous quelques craintes à toucher lejeune public ?J : Les petits se trait<strong>en</strong>t de la même manièreque leurs aînés, le mélange des deux tire versle haut. On ne sera pas dans un spectaclepolitique, mais dans la vie quotidi<strong>en</strong>ne, suivantune idée douce et intellig<strong>en</strong>te : dans unfutur lointain, Entre 2 Caisses nous guide dansune banlieue et dans une drôle d’époque – lanôtre – où la poésie résistait pour survivre. LesLe quatuor Entre 2 caisses.Allain Leprestvu parLeila Cukiermanet aussi…© D. R.poètes et la poésie sont remerciés à leur justevaleur… De la vraie sci<strong>en</strong>ce fiction !<strong>La</strong> poésie d’Allain Leprest est donc un g<strong>en</strong>re<strong>en</strong> survie ?J : Leprest est un type d’une importance capitale,reconnu par tous ses pairs et un pan dupublic, mais absolum<strong>en</strong>t pas médiatisé par lesfaiseurs d’audi<strong>en</strong>ce, dont la culture est parfoisproche du zéro. Il avait le tal<strong>en</strong>t de JeanFerrat, la même exig<strong>en</strong>ce d’écriture, la mêmefaçon de concevoir la chanson. Ses chansonsne peuv<strong>en</strong>t que faire mouche. Une fois <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dues,on les sifflote, elles rest<strong>en</strong>t <strong>en</strong> nous. Sestextes peuv<strong>en</strong>t être d’un abord simple ou d’uneconstruction complexe, nous plongeant dansun imaginaire si subjectif qu’on est parfoisincapable d’expliquer ce qui nous touche.Propos recueillis par Vanessa FaraCRéATION / le quatuor Entre 2 Caisseschante Allain Leprest / mes JulietteJe hais les GossesQuatuor de musici<strong>en</strong>s, « chantistes » armésd’accordéons et d’instrum<strong>en</strong>ts à cordes,D. Bouchery, B. Martins, J.-M. Mouron etG. Raymond ont bi<strong>en</strong> connu Allain Leprest,et savour<strong>en</strong>t la t<strong>en</strong>dresse mordante aveclaquelle il aimait les petits hommes. Ils puis<strong>en</strong>tdans son répertoire des textes dépeignantle monde à travers une poésie naïveou cruelle, et cré<strong>en</strong>t un spectacle narratifsous forme d’une farce utopique r<strong>en</strong>danthommage aux artistes des mots. V. FaraDans le cadre du Festi’Val de Marne,du jeudi 11 au v<strong>en</strong>dredi 19 octobre.Douze représ<strong>en</strong>tations tout public et surle temps scolaire. Tarif unique 6€.Allain Leprest« Allain Leprest était <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce baignédans le tissu du réel, notamm<strong>en</strong>t à Ivry : ilattrapait des situations, des personnages,qu’il mettait à jour. Il inscrivait son écrituredans le quotidi<strong>en</strong> des g<strong>en</strong>s, une écriture surréalistefaite de fulgurances, de collages quasi docum<strong>en</strong>taires. Par son imm<strong>en</strong>se émotion, il semettait – et nous mettait – <strong>en</strong> danger. J’avais toujours peur qu’il n’aille pas au bout, il r<strong>en</strong>dait lessituations fragiles, sur scène comme dans sa discographie. Mais tout <strong>en</strong> se donnant cet espaced’être dérangeant, il était d’une grande acuité, d’une grande perspicacité. Une complexité liée àune fêlure intime qu’on ne peut pas sonder, transc<strong>en</strong>dée par l’écriture. »Fred Pellerin, jeune conteur québécois, nous raconte (le 7 octobre à 16h) les rumeurs de son village.Puis Sapho, fusionne les influ<strong>en</strong>ces musicales (le 12 octobre à 20h30). En première partie,Nevchéhirlian dit Prévert. Enfin, Ivry nous offre Caubère, qui fait revivre l’homme de théâtre AndréB<strong>en</strong>edetto avec Urg<strong>en</strong>t Crier ! (19 et 20 octobre à 20h30).© D. R.Entreti<strong>en</strong> e Leila Cukierman“Restons inv<strong>en</strong>tifs !”Directrice du Théâtre d’Ivry, Leila Cukierman propose chaque annéeune programmation à dominante musicale, ancrée dans une culture dela relation à l’autre.Quelle est la symbolique du colibri, emblèmede cette nouvelle saison ?Leïla Cukierman : Petit oiseau capable demiracles, il est l’allégorie de l’insignifiant quirevêt une puissance de résistance : il pr<strong>en</strong>dles v<strong>en</strong>ts contraires, s’échappe, pollinise,construit… Le colibri produit de l’imaginaire,primauté de l’art dans un monde dévoreur. <strong>La</strong>société contemporaine est un rouleau compresseur: le colibri résiste et susp<strong>en</strong>d cettevitesse inconséqu<strong>en</strong>te.Un rapport avec votre amour de la culturehaïti<strong>en</strong>ne, toujours prés<strong>en</strong>te dans la programmation?L. C. : Haïti est le pays de la créolisation, lar<strong>en</strong>contre de cultures qui inv<strong>en</strong>te une langueet un imaginaire communs. Haïti, c’est le colibri,petit pays qui subit le volcan, le choléra,l’esclavage, mais qui cultive et résiste. C’estun pays <strong>en</strong> lutte.<strong>La</strong> programmation se ré-ancre davantagedans la chanson…L.C. : Ce choix est <strong>en</strong> partie dû à la disparitiond’Allain Leprest : il faisait partie de nos vies,le Théâtre l’a accompagné durant quelques“Allain Leprest faisaitpartie de nos vies.”Leïla Cukiermanannées. Le meilleur moy<strong>en</strong> de r<strong>en</strong>dre prés<strong>en</strong>tAllain dans la saison était de r<strong>en</strong>forcer la placede la chanson. On s’est donc placé dans saperspective à lui : la chanson d’auteur, dansune dim<strong>en</strong>sion d’ouverture au monde, sur desterrains où elle r<strong>en</strong>contre d’autres esthétiques :le conte, le rap, le théâtre masqué, la poésie…On souhaite rester inv<strong>en</strong>tif et imprévisible, nepas être là où on nous att<strong>en</strong>d.Propos recueillis par J.-L. Caradec et V. FaraEntreti<strong>en</strong> e Romain DidierHommageau frangin d’écritureP<strong>en</strong>dant vingt-sept ans, Romain Didier a écrit avec Allain Leprestquelques-unes des plus belles chansons du répertoire français. Parmicelles-ci, Où vont les chevaux quand ils dorm<strong>en</strong>t…Pourquoi choisir cette chanson pour titrer cespectacle ?Romain Didier : C’est une chanson que nousavons écrite <strong>en</strong>semble au début des années90. Dans le répertoire de Leprest, il y a souv<strong>en</strong>tune dim<strong>en</strong>sion spirituelle, presque mystique.Dans ce titre et dans cette question,chacun peut trouver ce qu’il veut : c’est unechanson qui laisse l’auditeur dans une postured’ouverture, qui pousse à la méditation.Comm<strong>en</strong>t avez-vous r<strong>en</strong>contré Allain Leprest ?R. D. : Au Printemps de Bourges, <strong>en</strong> 1985. Toutle monde parlait de ce plateau-découvertes oùavait chanté cet ovni incroyable. Tout le mondeétait bouleversé. Très vite, nous nous sommesr<strong>en</strong>contrés, et j’ai mis <strong>en</strong> musique ses textes.P<strong>en</strong>dant vingt-sept ans, nous ne nous sommespas quittés, avec des périodes de collaborationplus ou moins resserrées, et plein d’av<strong>en</strong>turesmagnifiques.Qu’avait Leprest de si particulier ?R. D. : L’homme était complètem<strong>en</strong>t atypique.C’était un auteur incroyable. Parce qu’ilinv<strong>en</strong>te des mots, parce que, comme tous lesgrands, il fait de l’universel avec de l’anecdotiqueet tresse des choses incroyables avecdes bouts de ficelle. C’était aussi un interprètefulgurant, bringuebalant, fâché avec lerythme et le tempo, mais qui avait un s<strong>en</strong>sinné de la scène et du geste. Chanter étaitpour lui une façon de vivre. Chez Leprest, toutétait chanson : il regardait vivre les autres etse regardait vivre lui-même, et tout dev<strong>en</strong>ait“Chez Leprest,tout était chanson.”Romain Didierassociation de mots. Il avait une plume aiguisée,toujours à l’affût, toujours prête.Propos recueillis par Catherine RobertCREATION / De Claude Lemeslemes Gérard Moreldirection musicale Romain DidierOù vont les chevauxquand ils dorm<strong>en</strong>t ?Le jour de l’<strong>en</strong>terrem<strong>en</strong>t d’Allain Leprest, <strong>en</strong>août 2011, Claude Lemesle a prononcé undiscours flamboyant que Didier Pascalis lui ademandé d’adapter <strong>en</strong> un spectacle retraçantpoétiquem<strong>en</strong>t la vie de leur ami. Bruno Putzululira ces textes de transition <strong>en</strong>tre les chansonsinterprétées par Romain Didier, Jehan, et JeanGuidoni. « Il faut chanter ses chansons et lesfaire connaître au plus grand nombre », ditDidier Pascalis.V. FaraSamedi 29 septembre à 20h30 et dimanche 30à 16h. Places : de 6 à 20€.théâtre d’ivry antoine vitez1, rue Simon-Dereure, 94200 Ivry-sur-Seine. Tél. 01 47 70 21 55.


28 théâtre septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 théâtre 292012 2013carlo m. cipollaLES LOIS FONDAMENTALES DE LA STUPIDITÉ HUMAINElecture par hubert jappelleB<strong>en</strong>oît <strong>La</strong>mbertJean-Baptiste AndréKubilai Khan InvestigationsLes 7 doigts de la mainCamilleTurak ThéâtreChristian BourigaultVanessa Van DurmeSurnatural Orchestra ...festival baroque de pontoisePEAU D’ÂMEc ie de l’aunealbert camusLES JUSTESmise <strong>en</strong> scène : hubert jappellejean-claude carrièreLA CONTROVERSE DE VALLADOLIDmise <strong>en</strong> scène : hubert jappellepauline salesL’INFUSIONc ie chanthéâtrejean-françois maurierQUINZAINE DE LA BRADERIE ARTISTIQUEla boétieDISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRElecture par geoffroy guerrier - avec la participation de jean salem et sophie laveranmaupassantDES NOUVELLES DE MAUPASSANTc ie théâtre <strong>en</strong> stockRetrouvez la saison complète du Théâtre de l’Usine sur :WWW.THEATREDELUSINE.NETInformations et réservations : 01 30 37 01 11<strong>La</strong> Cie Hubert Jappelle est sout<strong>en</strong>ue par la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise,la direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France - ministère de la culture et de lacommunication, et le Conseil général du Val-d’oise. Lic<strong>en</strong>ce 3 - 1036082Paco DècinaCie InouïeValère NovarinaHervé SuhubietteT<strong>en</strong>nessee WilliamsOlivier DuboisCirque Baroque...T2Gconception et mes R<strong>en</strong>é PolleschIch schau dirin die Aug<strong>en</strong>gesellschaftlicherVerbl<strong>en</strong>dungszusamm<strong>en</strong>hang!V<strong>en</strong>ant d’Allemagne, on connaît la vervecontestataire de Falk Richter, le théâtre radicalde Castorf mais beaucoup moins le travailde R<strong>en</strong>é Pollesch. Dans cette lignée d’unthéâtre ardemm<strong>en</strong>t politique, Ich schau dir…est à découvrir sans faute.Batterie et ballons multicolores face à l’aveuglem<strong>en</strong>tsocial, de R<strong>en</strong>é Pollesch.Ce n’est pas un hasard si R<strong>en</strong>é Pollesch collaboreà la Volksbühne dirigée par Castorf.L’artiste n’a de cesse de remettre <strong>en</strong> causeles structures de la société capitaliste, maisaussi la manière dont le théâtre les véhicule.Prônant un théâtre « qui cherche à mettreà disposition des outils pour voir la réalité,comme le font les sociologues et les philosophes», Ich schau dir in die Aug<strong>en</strong> gesellschaftlicherVerbl<strong>en</strong>dungszusamm<strong>en</strong>hang !(Je te regarde dans les yeux contexte d’aveuglem<strong>en</strong>tsocial !) r<strong>en</strong>voie ainsi au conceptd’aveuglem<strong>en</strong>t d’Adorno et propulse FabianHinrichs, seul sur scène, qui porte les textesbrûlants de Pollesch.E. DemeyAu Théâtre de G<strong>en</strong>evilliers, 41 av<strong>en</strong>uedes Grésillons, G<strong>en</strong>nevilliers.Le 16 septembre à 15h, le 18 à 19h30, les 15et 19 à 20h30. Tél. 01 41 32 26 26.Dans le cadre du Festival d’Automne.Cirque / Théâtre d’Objets / RepriseChapiteau de la VilletteConception Auréli<strong>en</strong> BoryGéométriede caoutchoucAprès le robot ultra-moderne de Sans Objet,c’est un chapiteau de cirque, dans ce qu’il ade plus traditionnel, qui se trouve au c<strong>en</strong>trede Géométrie de Caoutchouc d’Auréli<strong>en</strong> Bory.Huit personnages chancell<strong>en</strong>t dans sa matièreflasque et indomptable.Les comédi<strong>en</strong>s de Géométrie de caoutchoucà la difficile conquête du chapiteau.Le travail d’Auréli<strong>en</strong> Bory part de l’espacescénique. <strong>La</strong> conception, la dramaturgie, lestableaux de ses spectacles sans texte quicombin<strong>en</strong>t cirque, théâtre et danse, tourn<strong>en</strong>ttoujours autour d’un dispositif scénographiquequi interroge la théâtralité. Sansobjet avait ainsi propulsé sur scène un robotultra-sophistiqué de l’industrie automobiledans un spectacle que traversait tout dulong la question du rapport de l’homme à latechnique. Dans Géométrie de Caoutchouc© Thomas Aurin© Aglaé Bory– un autre nom pour la topologie, l’étude desdéformations spatiales – un chapiteau, telqu’on <strong>en</strong> a tous l’image, non pas chapeaupointu mais avec deux tours carrées, deplastique tout blanc, qui ressemble vaguem<strong>en</strong>tà un château gonflé, trône au milieud’une scène installée elle-même sous unimm<strong>en</strong>se chapiteau. C’est un système <strong>en</strong>gigogne qu’Auréli<strong>en</strong> Bory a mis <strong>en</strong> placepour revisiter l’imagerie du lieu, son pouvoirde suggérer le merveilleux mais aussicette réalité de t<strong>en</strong>te plastique incongruedans le paysage, posée au milieu de nullepart, inconfortable et difficile à installer.Dans un dispositif quadrifrontal, quatrecouples hommes-femmes, moins couplesqu’évocations métaphoriques de l’humanité,pour comm<strong>en</strong>cer ramp<strong>en</strong>t contre la bâche,puis s’extrai<strong>en</strong>t par le dessous de ce v<strong>en</strong>trerectangulaire, lui grimp<strong>en</strong>t dessus, gliss<strong>en</strong>tle long de ses flancs lisses, s’essai<strong>en</strong>tà conquérir son sommet, dégringol<strong>en</strong>t sesp<strong>en</strong>tes rebondissantes, vals<strong>en</strong>t <strong>en</strong> touss<strong>en</strong>s, trembl<strong>en</strong>t sur sa crête comme trapézistequi salue avant de se jeter, patin<strong>en</strong>t àsa base comme pingouins qui pein<strong>en</strong>t surla banquise, essai<strong>en</strong>t de pr<strong>en</strong>dre pied surune matière qui toujours se dérobe, sorted’îlot instable, de radeau sans cesse aubord de chavirer qu’ils t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t finalem<strong>en</strong>tde décapiter… Vêtus d’imperméables, aussitouchants et empruntés que des MonsieurHulot, ils incarn<strong>en</strong>t avec grâce la fragilitéd’une humanité élastique et malléable queson <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>ace sans cesse derejeter. E. DemeyDu 3 au 28 octobre à l’Espace Chapiteaude la Villette. Réservations : www.villette.comet 01 40 03 75 75.Spectacle vu lors de sa création au Grand T.Théâtre de G<strong>en</strong>nevilliersconception et mes Young Jean LeeUntitledFeminist ShowetWe’re gonna dieL’égérie de la scène expérim<strong>en</strong>tale new-yorkaiseYoung Jean Lee propose un spectacleféminin subversif et un concert pop de chansonspopulaires.Un véritable Untitled Feminist Show.Young Jean Lee, metteuse <strong>en</strong> scène américained’origine coré<strong>en</strong>ne, manie un artconfirmé de la provocation, couronné d’unebonne dose d’humour et de malice. Pourson retour au Festival d’Automne à Paris,elle offre à son public averti deux spectaclessur la question du g<strong>en</strong>re posé commeconstruction sociale. Entre happ<strong>en</strong>ing,danse, performance et revue de cabaret,Untitled Feminist Show met <strong>en</strong> scène sixfigures significatives du théâtre, de ladanse contemporaine et du burlesque.Fortes d’une nudité décomplexée et d’unphysique généreux assumé, ces maîtressesfemmes dépass<strong>en</strong>t les clichés de canonsesthétiques trop étriqués. Quant à We’regonna die, le récital est clairem<strong>en</strong>t défini© Blaine Davis© D. R.Théâtre de l’Ouest parisi<strong>en</strong> / Le Système Ribadierde Georges Feydeau / mes Jean-Philippe VidalJean-Philippe Vidal met <strong>en</strong> scène la partition de Feydeau.par sa conceptrice comme un détournem<strong>en</strong>tde la chanson populaire, révélateurde la condition amère – <strong>en</strong>tre émotion ettrivialité – de toute exist<strong>en</strong>ce. À ne pasmanquer.V. HotteThéâtre de G<strong>en</strong>nevilliers, 41 rue des Grésillons,92230 G<strong>en</strong>nevilliers. Untitled Feminist Show,du 3 au 7 octobre 2012, mercredi 20h30, jeudi,v<strong>en</strong>dredi, samedi à 19h30 et dimanche à 15h.Durée : 1h. We’re gonna die, du 5 au7 octobre 2012 à 20h30, dimanche à 17h.Durée 1h. Tél. 01 53 45 17 17.www.festival-automne.comThéâtre du Vieux-Colombier / de Jean Anouilhmes Marc Paqui<strong>en</strong>AntigoneSeule contre tous, <strong>en</strong>fant rebelle contre l’ordreadulte, résistante effrontée s’insurgeantcontre les diktats de la realpolitik, l’Antigoned’Anouilh fait son <strong>en</strong>trée au Français avecMarc Paqui<strong>en</strong>.Créée <strong>en</strong> 1944, sous l’Occupation allemande,au Théâtre de l’Atelier, Antigone faitune <strong>en</strong>trée tardive à la Comédie-Française,presque sept déc<strong>en</strong>nies après que JeanAnouilh <strong>en</strong> a actualisé la tragédie. L’Antigoned’Anouilh n’est pas seulem<strong>en</strong>t la réécriturede la pièce de Sophocle, mais plutôt,selon les mots de Marc Paqui<strong>en</strong>, « un objetPropos recueillis e Jean-Philippe VidalM<strong>en</strong>songes etquiproquos amoureuxUn homme hypnotise son épouse pour pouvoir s’évader dans les brasd’autres femmes. C’est Le Système Ribadier de Georges Feydeau, queJean-Philippe Vidal met <strong>en</strong> scène <strong>en</strong>tre comédie et poésie.« Ce qui me semble, au premier abord, le plusintéressant dans le théâtre de Georges Feydeau,c’est ce qu’on appelle “la mécanique”.C’est-à-dire la forme. <strong>La</strong> construction d’unelogique imparable et implacable, <strong>en</strong> mêmetemps que l’absurdité de situations improbables.Comm<strong>en</strong>t se frotter aujourd’hui aux codestrès appuyés et presque désuets du vaudeville,tout <strong>en</strong> restant fidèle à la volonté de l’auteur :“être crédule et même pousser la crédulité aumaximum, croire à tout ce qui arrive” ? Ici, à partdeux fauteuils, il n’y aura aucun décorum, ce quicontraint les acteurs à une grande précision,une grande économie gestuelle. Ils sont dansl’obligation de jouer cette partition musicale à lavirgule près, au point d’exclamation près.L’étonnem<strong>en</strong>t de l’instant prés<strong>en</strong>tJe leur demande ainsi d’être constamm<strong>en</strong>tdans l’étonnem<strong>en</strong>t de l’instant prés<strong>en</strong>t, d’assumertotalem<strong>en</strong>t la naïveté que cet étonnem<strong>en</strong>t© Bruno Perroudsuppose. Cela, afin que puisse émerger toutela poésie des personnages. Dans Le SystèmeRibadier, ce n’est pas ce qui se passe qui faitavancer la pièce, mais ce qui se dit. Il s’agit, sansdoute, plus d’une comédie que d’un vaudeville.Une certaine forme de gravité surgit mêmepar mom<strong>en</strong>t : par exemple, lors de la scène oùAngèle Ribadier est supposée jouer un tourp<strong>en</strong>dable à son mari pour le punir de ses tromperies.On a l’impression que, subitem<strong>en</strong>t, lacomédie s’arrête. Puis elle repart de plus belle.Mais la suite de la représ<strong>en</strong>tation garde, jusqu’àsa fin, la trace de cette rupture. »Propos recueillis parManuel-Piolat SoleymatThéâtre de l’Ouest Parisi<strong>en</strong>, 1 place Bernard-Palissy, 92100 Boulogne-Billancourt.Du 6 au 14 octobre 2012, du mardi au samedià 20h30, dimanche à 16h00. Tél. 01 46 03 60 44.e Réagissez et blogguez sur www.journal-laterrasse.frMarc Paqui<strong>en</strong> met <strong>en</strong> scène Antigone, de JeanAnouilh.singulier, complexe, polémique et poétique,qui nous saisit et nous émeut, violemm<strong>en</strong>t». D’abord parce que la jeune filleimaginée par Anouilh ne ressemble pas àl’héritière des <strong>La</strong>bdacides, mais davantageaux jeunes résistants contemporains desa création. Ensuite, parce que la manièredont Anouilh <strong>en</strong> actualise la figure <strong>en</strong> faitl’incarnation de « toutes les rebellions dumonde », pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> charge « notre proprehistoire, nos propres révoltes, nos propresactes de résistance contemporaine », ditle metteur <strong>en</strong> scène. Une <strong>en</strong>fant aspirant àrester pure et à se garder des souillures dela compromission, telle est cette Antigoneque Marc Paqui<strong>en</strong> accompagne sur scènecomme une petite sœur.C. RobertThéâtre du Vieux-Colombier, 21 rue duVieux-Colombier, 75006 Paris.Du 14 septembre au 24 octobre 2012.Mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h,dimanche à 16h. Tél. 01 44 39 87 00 / 01.MCB˚SAISNHRS LESMURSTHÉÂTREUNEHEUREEN VILLEFRANZ KAFKA /FRÉDÉRIC C ONSTANTDU AU DU AU CTANCIEN HÔPITAL BAUDENS: :D’après l’œuvre de Franz KafkaConception et mise <strong>en</strong> scène Frédéric ConstantDramaturgie Xavier MaurelCollaboration artistique Catherine PietriDécors et costumes Muriel Delamotte, Anne DeschaintresCréation lumières Jérôme AllartRégie générale Serge CastelliCoordination technique B<strong>en</strong>oît AndréAvec Sophie Affholder Jacob, Véronique Affholder, Jérôme Allart, SergeCastelli, Frédéric Constant, Guillaume Junot, Daniel Martin, Philippe Morier-G<strong>en</strong>oud, Catherine Pietri, Pierre PoirotAttachée d’administration Dominique ClermontCoproduction MCB° Bourges ; Les Affinités électives. <strong>La</strong> compagnie est conv<strong>en</strong>tionnéepar la DRAC C<strong>en</strong>tre et sout<strong>en</strong>ue par la région C<strong>en</strong>tre et le départem<strong>en</strong>t du Loir-et-Cher<strong>La</strong> MCB° est subv<strong>en</strong>tionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication-DRACC<strong>en</strong>tre, la ville de Bourges, le conseil général du Cher et le conseil régional du C<strong>en</strong>tre.Remerciem<strong>en</strong>ts à la MC93 Bobigny.MAISONDE LACULTUREDE BOURGESCLICWWW.MCBOURGES.CMSCÈNENATINALECENTREDE CRÉATINALLO VOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.frRéservez votre billet sur www.journal-laterrasse.fr


30 théâtre septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 odéon-théâtre de l’europe / saison 2012-2013 / Focus I7 e FESTIVALAUTOMNE EN NORMANDIEDEVANT L’HISTOIREDAVID BOBEE | RACHID OURAMDANE | PIERRE RIGAL | BRUSSELS PHILHARMONIC / MICHEL TABACHNIK | KOLBEN DANCE COMPANY | MATHILDE MONNIER | QUATUOR LUDWIG | MIÉCOQUEMPOT / PIERRE HENRY | EMMANUELLE HUYNH / PERCUSSIONS RHIZOME | ARTHUR NAUZYCIEL | PIERRE HENRY | LINA SANEH / RABIH MROUÉ | EMMANUELLE VO-DINH /ENSEMBLE TM+ | FRITZ THE CAT / ARTAVAZD PELECHIAN | FABRICE MURGIA | FOOFWA D’IMOBILITÉ / GILLES JOBIN / ORCHESTRE DE CHAMBRE DE GENÈVE | BÉRANGÈRE JANNELLE |XAVIER LE ROY | CHRISTIAN SCHIARETTI / TRÉTEAUX DE FRANCE / THÉÂTRE NATIONAL POPULAIRE | COMPAGNIA ZAPPALÀ DANZA | TEATRO LINEA DE SOMBRA | VINCENT DUMESTRE LEPOÈME HARMONIQUE / ARCAL | CHRISTIAN RIZZO / SOPHIE LALY | PATRICK LE MAUFF / COMPAGNIE BLONBA | COMPAGNIE MOTUS | FABRICE MELQUIOT / CIRQUE ACROBATIQUE DETIANJIN | GROUPE BLITZ | LAURENT FRÉCHURET | VANESSA WAGNER | PÁL FRENÁK | ORCHESTRE DE CHAMBRE FRANCO-ALLEMAND / SOLENNE PAÏDASSI | BRUNO BELTRÃO | PASCALDUSAPIN | ISABELLE LAFON | VANESSA WAGNER / MURCOF | PAUL DESVEAUX / TEATRO SAN MARTÍN DE BUENOS AIRES | MOKHALLAD RASEM | COMPAGNIE ARIADONE / CARLOTTAIKEDA / KO MUROBUSHI | OLIVER FRLJIC ´ | TENNESSEE WILLIAMS / JULIETTE DE CHARNACÉ | PERCUSSIONS DE STRASBOURG | BALLET PRELJOCAJPETER BROOKDENIS PODALYDÈSMORIARTYMICHÈLE ANNE DE MEYENSEMBLE CAIRNCAMILLETIGRAN HAMASYANLES ANGES AU PLAFONDDOMINIQUE ATHOMAS JOLLYFRANCESCO TRISTANOSOPHIE HUNGERJOS HOUBENPIERRE RIGALABRAHAM INC.SAISON 2012·2013www.theatredarras.com+33 (0)3 21 71 66 16DU 8 AU 30 NOVEMBRE 2012Le Théâtre d’Arras, scène conv<strong>en</strong>tionnéemusique et théâtre, est subv<strong>en</strong>tionné par la Ville d’Arras,le Conseil régional Nord-Pas-de-Calais, le Ministère de la cultureet de la communication, le Conseil général du Pas-de-CalaisPhilippe Ramette : Objet à voir le monde <strong>en</strong> détail (utilisation), 1990-2004. Photographie couleur 150x120 cm. Photo : Olivier Antoine © Philippe Ramette - ADAGP Courtesy galerie XippasDesign : www.altstudio.be | Photo : <strong>La</strong>etitia BicaThéâtre Nanterre-Amandiers / de Jean Racinemes Jean-Louis MartinelliBritannicusAgathe Rouiller, Jean-Louis Martinelli et Anne B<strong>en</strong>oît, lors d’une répétition de Britannicus.De Pierre Desprogesmes Michel DidymChroniquesd’une haineordinaireMichel Didym fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la langue acéréeet railleuse de Pierre Desproges avecChristine Murillo et Dominique Valadié.Christine Murillo et Dominique Valadié, deux comédi<strong>en</strong>nesd’exception pour faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre Desproges.Comm<strong>en</strong>t ne pas être frappé par la remarquablethéâtralité de la langue de Pierre Desproges ?Théâtralité dans le s<strong>en</strong>s le plus ess<strong>en</strong>tiel duterme, à savoir dans l’indéfectible volonté de partagersa parole avec un interlocuteur, dans l’<strong>en</strong>vie© Eric DidymGros PlanAprès Andromaque <strong>en</strong> 2003 et Bérénice <strong>en</strong> 2006, le directeur du ThéâtreNanterre-Amandiers poursuit son travail sur les tragédies de Racine<strong>en</strong> mettant <strong>en</strong> scène Britannicus. Une réflexion sur les imbrications dupolitique et du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t amoureux servie par Anne B<strong>en</strong>oît, Eric Caruso,Alain Fromager, Grégoire Oestermann, Agathe Rouiller, Anne Suarez etJean-Marie Winling.Créée <strong>en</strong> 1669 à l’Hôtel de Bourgogne, Britannicusest la première pièce de Jean Racine inspiréede l’histoire romaine. Développant les différ<strong>en</strong>tsévénem<strong>en</strong>ts qui voi<strong>en</strong>t l’empereur Néron(Alain Fromager) pr<strong>en</strong>dre ses distances avec samère Agrippine (Anne B<strong>en</strong>oît) pour s’approprierJunie (Anne Suarez), la fiancée de Britannicus,son frère par alliance (Eric Caruso), cette tragédie<strong>en</strong> cinq actes imbrique deux des sujetsqui compt<strong>en</strong>t parmi les thèmes d’explorationprivilégiés de Jean-Louis Martinelli : les mouvem<strong>en</strong>tsde la politique et ceux de la quêteamoureuse. « Si on parcourt l’histoire desmises <strong>en</strong> scène de Britannicus, déclare-t-il,on se r<strong>en</strong>d compte que certaines étai<strong>en</strong>t plutôtori<strong>en</strong>tées sur la prise de pouvoir de Néron,alors que d’autres s’attachai<strong>en</strong>t davantage auxcomportem<strong>en</strong>ts purem<strong>en</strong>t passionnels. »Le concret de la langue« Je crois qu’il ne peut s’agir d’opter pour l’uneou l’autre ligne, poursuit le metteur <strong>en</strong> scène.L’intérêt de la pièce réside bel et bi<strong>en</strong> dansl’observation des mécanismes qui font que lescomportem<strong>en</strong>ts passionnels conditionn<strong>en</strong>t laquête du pouvoir, mais que son exercice, pourse faire sereinem<strong>en</strong>t, exige la maîtrise desdébordem<strong>en</strong>ts de la passion. » A travers unedirection d’acteur qui insiste sur l’importancede chaque mot, qui s’appuie sur le s<strong>en</strong>s pourr<strong>en</strong>dre toute la puissance et toute la beauté desalexandrins, Jean-Louis Martinelli inscrit cett<strong>en</strong>ouvelle création dans la droite perspective deses mises <strong>en</strong> scène d’Andromaque et de Bérénice.Une fois <strong>en</strong>core, le directeur du ThéâtreNanterre-Amandiers a choisi de privilégier le« concret de la langue », afin de donner corps àun théâtre qui « ne parle jamais pour soi ou pourexprimer un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t », mais pour fabriquer« du discours [capable de] modifier l’autre ».Manuel Piolat SoleymatThéâtre Nanterre-Amandiers, 7 av<strong>en</strong>uePablo-Picasso, 92022 Nanterre.Du 14 septembre au 27 octobre 2012,du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à15h30, le jeudi à 19h30. Tél. 01 46 14 70 00.www.nanterre-amandiers.comde le surpr<strong>en</strong>dre, d’ouvrir des brèches inéditesdans sa réflexion et son imaginaire, de le laisserKO parfois, dans le goût des mots qui caracol<strong>en</strong>t<strong>en</strong> liberté, raffolant des décalages et des chutesles plus inatt<strong>en</strong>dus, et dans cette façon extrêmem<strong>en</strong>taudacieuse de mêler la dénonciationet le rire, sans jamais larmoyer. Cette étonnanteférocité, dés<strong>en</strong>chantée et grinçante laisse évidemm<strong>en</strong>tvoir une certaine t<strong>en</strong>dresse pour leg<strong>en</strong>re humain… « L’interprète fulgurant totalem<strong>en</strong>tatypique qu’était Pierre Desproges a faitoublier qu’il était aussi un grand dramaturge »souligne Michel Didym, qui a déjà mis <strong>en</strong> scèneLes animaux ne sav<strong>en</strong>t pas qu’ils vont mourir dumême auteur, et adapte Les Chroniques de lahaine ordinaire, nées sur les ondes de FranceInter <strong>en</strong> 1986 avant d’être publiées. Deux comédi<strong>en</strong>nesd’exception, Christine Murillo et DominiqueValadié, donn<strong>en</strong>t corps à ces chroniquesavec finesse et un tal<strong>en</strong>t fou. Elles révèl<strong>en</strong>t aupublic « l’irrévér<strong>en</strong>ce et la viol<strong>en</strong>ce comique decette langue » que les jeunes générations neconnaiss<strong>en</strong>t peut-être pas. A. SantiThéâtre Jean Arp, Clamart.Le 14 septembre à 20h30. Tél. 01 41 90 17 02.Théâtre Firmin Gémier – <strong>La</strong> Piscine,Chât<strong>en</strong>ay-Malabry. Le 21 septembre à 20h30.Tél. 01 41 87 20 84.VOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fr© Gilles TaschetPlace forte dela scène europé<strong>en</strong>neA la tête du Théâtre de l’Odéon depuis mars 2012, Luc Bondy, jusqu’ici directeur desWi<strong>en</strong>er Festwoch<strong>en</strong> <strong>en</strong> Autriche, succède à Olivier Py, dont le remarquable travaileffectué depuis 2007 a été unanimem<strong>en</strong>t salué. Europé<strong>en</strong> par ses racines ancréesdans la Mitteleuropa, qui a vu naître de si merveilleux auteurs, international parl’ét<strong>en</strong>due de son tal<strong>en</strong>t, Luc Bondy invite pour cette première édition des compagnonsde route, des artistes phares de la scène europé<strong>en</strong>ne, sachant faire naître desmondes sur la scène, des metteurs <strong>en</strong> scènes pour la plupart r<strong>en</strong>ommés, pourcertains <strong>en</strong>core méconnus <strong>en</strong> France. Il souhaite pour l’av<strong>en</strong>ir faire découvrir dejeunes metteurs <strong>en</strong> scène à Berthier et ouvrir une école de théâtre, afin de conjuguerprestige et vitalité.Odéon 6 e / Les Beaux jours d’AranjuezDe Peter Handke / mes Luc BondyOdéon 6 e / Le RetourDe Harold Pinter / trad. Philippe Djian / mes Luc BondyQue ce magnifiquethéâtre vive !© D. R.Entreti<strong>en</strong> e Luc BondyLuc Bondy prés<strong>en</strong>te son projet pour le théâtre de l’Odéon, ainsi que sesdeux mises <strong>en</strong> scène au programme : Les Beaux Jours d’Aranjuez, un trèsbeau texte de Peter Handke <strong>en</strong> ouverture de saison, et Le Retour d’HaroldPinter, créé dans une nouvelle traduction de Philippe Djian avec unesuperbe distribution.Quels projets proposez-vous au théâtre del’Odéon ?Luc Bondy : Je réunis de grands artistes dethéâtre, dont les œuvres ne sont pas dansl’arbitraire, et je propose des pièces que jevoudrais monter moi-même. J’aime aussil’idée que les projets naiss<strong>en</strong>t du désir de ser<strong>en</strong>contrer ou de se retrouver, de discussions,et pas de façon plus ou moins péremptoire.Ainsi, je travaille souv<strong>en</strong>t avec des acteursavec lesquels j’ai une histoire, tels Misha Lescotou Louis Garrel. Parmi les artistes invitéscette saison, Peter Stein prés<strong>en</strong>te pour la premièrefois une mise <strong>en</strong> scène <strong>en</strong> français d’unepièce que j’aime beaucoup, Le Prix Martin de<strong>La</strong>biche, 40 ans après sa mise <strong>en</strong> scène de <strong>La</strong>Cagnotte à Berlin, <strong>en</strong> allemand. J’accueilleaussi un artiste dont je suis le travail depuisdes années et que j’ai invité à Vi<strong>en</strong>ne, maisqui demeure méconnu <strong>en</strong> France, GrzegorzJarzyna, qui met <strong>en</strong> scène Nosferatu d’aprèsDracula de Bram Stoker. Christoph Marthalerpropose Foi, Amour, Espérance, une étrange,étonnante et vraim<strong>en</strong>t excell<strong>en</strong>te mise <strong>en</strong>scène de la pièce d’Odon von Horvath et LukasKristi, sans doute l’une des pièces marthaléri<strong>en</strong>nesles plus tristes et les moins ironiques.Il propose aussi Meine Faire Dame (un laboratoirede langues), un travail musical librem<strong>en</strong>tinspiré de Pygmalion de George BernardShaw. Claude Régy met <strong>en</strong> scène <strong>La</strong> Barquele Soir de l’auteur norvégi<strong>en</strong> Tarjei Vesaas. Auprogramme aussi cette saison Alain Françon,Martin Kusej, Robert Lepage, <strong>La</strong>rs Nor<strong>en</strong> etErik Stubo, Jean-François Sivadier et JoëlPommerat. Mais l’Odéon n’est pas seulem<strong>en</strong>tun monum<strong>en</strong>t merveilleux, où de beaux projetsse concrétis<strong>en</strong>t ! Je veux que ce magnifiquethéâtre vive, qu’on ait tout le temps <strong>en</strong>vie d’yaller, que ce ne soit pas seulem<strong>en</strong>t un lieu deprojets mais aussi un lieu très actif.Comm<strong>en</strong>t faire pour que le théâtre vivedavantage ?Luc Bondy met <strong>en</strong> scène un très beau dialogue d’été, Les Beaux Jours d’Aranjuez de Peter Handke.L. B. : Lorsque j’ai débuté au Théâtre UniversitaireInternational à Paris, j’ai connu uneatmosphère stimulante d’échanges et d’<strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>tmutuel que j’aimerais recréerau théâtre même. Le théâtre doit aussi dev<strong>en</strong>irun <strong>en</strong>droit de r<strong>en</strong>contres. Il va y avoir unnouveau restaurant à l’Odéon <strong>en</strong> bas ouverttrès tard, les g<strong>en</strong>s pourront s’y asseoir, parler,inviter d’autres personnes. J’aimerais aussidans la durée travailler sur la transmission,que l’on puisse créer des ateliers, mettre <strong>en</strong>place une école de théâtre, de mise <strong>en</strong> scène.Pour cela, nous avons besoin de davantagede salles de répétition, que l’on pourraitouvrir à Berthier, car celles qui exist<strong>en</strong>t sonttrop petites et trop peu nombreuses. L’instrum<strong>en</strong>tn’est pas <strong>en</strong>core à la hauteur de sonprestige. Dès la saison suivante, je souhaitefaire découvrir à Berthier de jeunes metteurs<strong>en</strong> scène français. Au théâtre, on est toujoursà l’affût de découvertes ! Mais je ne veux pasaccompagner ces nouveaux metteurs <strong>en</strong>scène à travers un festival de jeunes compagnies,une forme qui ne me convainc pas.Je souhaite plutôt travailler dans la régularitéet accueillir ces jeunes à l’intérieur del’Odéon, sur un projet spécifique.Vous inaugurez la saison avec Les BeauxJours d’Aranjuez de Peter Handke, et vouscréez Le Retour d’Harold Pinter. Qu’est-ce quivous a décidé à mettre <strong>en</strong> scène cette piècede Pinter ?L. B. : J’avais très <strong>en</strong>vie de monter cettepièce ! En France, Pinter a parfois été associéà un univers connoté boulevard alors queje trouve au contraire que cette pièce estun drame psychologique hors normes, horsmilieu, elle ne peut pas s’expliquer selon lescritères habituels, selon des causes et deseffets clairem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiés. <strong>La</strong> nouvelle traductioncommandée à Philippe Djian évitetotalem<strong>en</strong>t l’écueil du conv<strong>en</strong>tionnel pourau contraire laisser <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre toute unegamme de t<strong>en</strong>sions. <strong>La</strong> psychologie atteintici une dim<strong>en</strong>sion quasi magique. Mais lethéâtre n’exige pas d’être vraisemblable, cequi compte, c’est que la construction intérieurefonctionne, que l’histoire fonctionne <strong>en</strong>elle-même. Naturellem<strong>en</strong>t, tout le monde sedemande comm<strong>en</strong>t une femme peut se prêterà ce jeu : il est évidemm<strong>en</strong>t très étonnantqu’elle quitte son mari et ses <strong>en</strong>fants pours’installer avec son beau-père, son frère etses deux fils et dev<strong>en</strong>ir prostituée. On peutla définir de diverses façons, elle est selonmoi le contraire même d’une idiote qui subitsa vie, sa décision peut s’appar<strong>en</strong>ter à uneespèce de v<strong>en</strong>geance de femme contre cequ’elle a vécu. Le Retour n’est pas du tout unepièce misogyne, mais une pièce très féministeavant la lettre. Dans le même esprit, MichelTournier explique que la nymphomanie deMadame Bovary est une v<strong>en</strong>geance contre lafaçon dont elle a été traitée.Est-on dans une forme de réalisme ?L. B. : Il faut impérativem<strong>en</strong>t que s’instaureune sorte de normalité. Et soudain, au cœurde ces situations plus ou moins normales,surgit un scandale terrible. On ne doit pasprévoir ce qui va adv<strong>en</strong>ir. Il se passe toujoursdes choses compliquées, inatt<strong>en</strong>dues, qui necorrespond<strong>en</strong>t pas à nos schémas de p<strong>en</strong>sée.Les personnages sont un peu comme des animauxdans une cage. C’est Pinter qui a inv<strong>en</strong>téce théâtre énigmatique, un théâtre de la surpriseet du décalage, qui ne peut cep<strong>en</strong>dantpas être rangé dans la catégorie du théâtrede l’absurde. C’est une œuvre formidable pourles acteurs : Bruno Ganz, Emmanuelle Seigner,Louis Garrel, Pascal Greggory, Jérôme Kircheret Micha Lescot. Une belle distribution…<strong>La</strong> pièce est-elle toujours aussi dérangeante ?L. B. : Bi<strong>en</strong> sûr. C’était un véritable scandaled’écrire une telle pièce au début desannées 60. Et aujourd’hui la pièce ouvred’autres perspectives, faisant par exempleécho à ces faits divers incompréh<strong>en</strong>siblesliés à des séquestrations. Les bons auteursrésonn<strong>en</strong>t différemm<strong>en</strong>t selon les époques,et ils sont toujours un peu visionnaires. Lesœuvres transc<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t alors leur contexte decréation, pos<strong>en</strong>t des questions nouvelles,port<strong>en</strong>t des significations singulières. Ellesdevi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t fortes au lieu de dev<strong>en</strong>ir dépassées.Et je ne crois que pas que la dim<strong>en</strong>sionmorale puisse compter, on ne fait pasdu théâtre <strong>en</strong> p<strong>en</strong>sant à la morale. A quellemorale d’ailleurs ?... Essayons de faire duthéâtre de telle manière qu’on puisse se“Les bons auteursrésonn<strong>en</strong>tdifféremm<strong>en</strong>tselon les époques,et ils sont toujoursun peu visionnaires.”Luc Bondyposer des questions qui nous intrigu<strong>en</strong>t,explorer des problématiques qui nous touch<strong>en</strong>t,sans jugem<strong>en</strong>t facile.Passant de l’invective à des mom<strong>en</strong>ts d’accalmie,ces personnages sembl<strong>en</strong>t capablesde tout…L. B. : Oui, mais je crois qu’ils sont plus dansle fantasme que dans la réalité. Le fantasmeest toujours dangereux car proche de son exécution.D’une certaine manière une forme demythomanie définit cette pièce.Le spectacle inaugural de la saison estun texte de Peter Handke Les beaux joursd’Aranjuez. Ce dialogue <strong>en</strong>tre un homme etune femme est-il un dialogue d’acteurs ?L. B. : C’est ainsi que je le conçois, comme un


II Focus / odéon-théâtre de l’europe / saison 2012-2013 septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201Focus IIIdialogue d’acteurs après une représ<strong>en</strong>tation,un soir d’été. Je p<strong>en</strong>se qu’ils se connaiss<strong>en</strong>tdepuis très longtemps, même si cela n’estpas dit. Au début de leur échange, de façonsoudaine, l’homme demande à la femme :« Ta première nuit avec un homme ? ». Decette question découl<strong>en</strong>t toute l’histoire, etla dialectique, qui n’est pas toujours dans lacontradiction, mais se déploie à plusieursniveaux. Peter Handke a écrit ce texte <strong>en</strong> françaispuis l’a traduit <strong>en</strong> allemand, je l’ai créé auFestival de Vi<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> allemand avec deux trèsgrands acteurs, Dörte Lyssewski et J<strong>en</strong>s Harzer.Toute la poétique de Peter Handke est là,dans ce dialogue d’été. Ils jou<strong>en</strong>t à l’intérieurde règles, qui sont celles de la pièce, maisles transgress<strong>en</strong>t toujours. Ils voyag<strong>en</strong>t dansle temps, dans un passé imaginaire, tout <strong>en</strong>étant dans le prés<strong>en</strong>t de la scène, installésdans un jardin offrant des s<strong>en</strong>sations, desfrémissem<strong>en</strong>ts, des murmures.Qu’est-ce qui les caractérise et les différ<strong>en</strong>cie?Berthier 17 e / <strong>La</strong> Barque le soirDe Tarjei Vesaas / mes Claude RégyAu cœurde l’inexprimableL. B. : Ils ne fonctionn<strong>en</strong>t pas sur le même mode,n’abord<strong>en</strong>t pas les mêmes thèmes, n’éprouv<strong>en</strong>tpas les mêmes s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts, mais quelque partse rejoign<strong>en</strong>t. C’est comme si les aspects masculinet féminin étai<strong>en</strong>t inscrits dans les deux.Entreti<strong>en</strong> e Claude RégyAprès Brume de Dieu <strong>en</strong> 2010, Claude Régy crée un nouveau texte del’auteur norvégi<strong>en</strong> Tarjei Vesaas. Il prés<strong>en</strong>te <strong>La</strong> Barque le soir : unelongue navigation <strong>en</strong>tre vie et mort interprétée par Yann Boudaud, OlivierBonnefoy et Nichan Moumdjian.Qu’est-ce qui vous attire particulièrem<strong>en</strong>tdans l’œuvre de Tarjei Vesaas ?Claude Régy : Je suis très attaché à l’écriturede cet auteur. Historiquem<strong>en</strong>t, j’ai connu l’œuvrede Tarjei Vesaas (ndlr, né <strong>en</strong> 1897, mort <strong>en</strong>1970) par Jon Fosse – écrivain dont j’ai mis<strong>en</strong> scène plusieurs textes. Il est d’ailleurstrès important de savoir que Jon Fosse s’estmis à écrire après avoir lu l’œuvre de TarjeiVesaas. Après Brume de Dieu (ndlr, créationtirée d’un extrait du roman Les Oiseaux deVesaas, <strong>en</strong> 2010), j’ai eu <strong>en</strong>vie de continueravec cet auteur. Ce qui est d’ailleurs unede mes habitudes : généralem<strong>en</strong>t, je mets<strong>en</strong> scène deux ou trois œuvres d’un mêmeécrivain, et après je m’arrête pour passer àautre chose ! Je crois qu’il est intéressant,après une première approche, d’<strong>en</strong>trer plusprofondém<strong>en</strong>t dans une écriture. Spécialem<strong>en</strong>tlorsqu’il s’agit de Vesaas, parce que cetauteur change d’écriture à chaque œuvre.Dans <strong>La</strong> Barque le soir, il y a une nouveautéd’écriture tout à fait extraordinaire : ce texteva plus loin dans l’épure que Les Oiseaux. Cequi m’attire dans son écriture, c’est aussi cequi m’a attiré dans celle de Jon Fosse ou, il ya très longtemps, dans celle de Maeterlinck,c’est qu’il s’agit d’une écriture née dans unpays où la raison ne triomphe pas. A ce titre,j’aime beaucoup citer Jung qui dit que « lasurestimation de la raison a ceci de communavec le pouvoir d’état absolu : sous sa domination,l’individu dépérit ». Il faut remarquerque j’ai toujours très majoritairem<strong>en</strong>t montédes auteurs étrangers, et des auteurs étrangerscontemporains.Pourquoi, mises à part Marguerite Duras etNathalie Sarraute, vous êtes-vous aussi peuintéressé à des auteurs français ?Cl. R. : Sans doute pour échapper à la célèbreclarté de la langue française : « Ce quel’on conçoit bi<strong>en</strong> s’énonce clairem<strong>en</strong>t, et lesmots pour le dire arriv<strong>en</strong>t aisém<strong>en</strong>t… »* ! Toutcela est complètem<strong>en</strong>t faux. Je me suis peuà peu aperçu, tout au long de ma très longueexist<strong>en</strong>ce, que l’on vit sur des m<strong>en</strong>songes, desimpostures, sur des fabrications artificiellesqui, quand on sonde un peu les choses, onttrès peu à voir avec la réalité profonde.Diriez-vous que cette quête de la « réalité profonde» constitue l’ess<strong>en</strong>ce de votre travail ?Cl. R. : Je p<strong>en</strong>se que travailler dans le champde la littérature n’a d’intérêt que si l’on sep<strong>en</strong>che sur les secrets de notre consci<strong>en</strong>ce.Des g<strong>en</strong>s p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t qu’il y a une zone de mystèreau-delà de l’inconsci<strong>en</strong>t. Donc, il ne s’agitmême plus d’explorer l’inconsci<strong>en</strong>t, mais cequi pourrait être un au-delà de l’inconsci<strong>en</strong>t.Au plus les années pass<strong>en</strong>t, au moins je croisà la nécessité de choses directem<strong>en</strong>t explicables.Je crois que c’est <strong>en</strong> acceptant l’inexplicableet l’inexprimable que l’on mainti<strong>en</strong>t lapossibilité de la poétique. L’abs<strong>en</strong>ce du s<strong>en</strong>sest peut-être la seule possibilité d’accéder àun s<strong>en</strong>s nouveau, un s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> train de se faire,<strong>en</strong> train de s’inv<strong>en</strong>ter. Il n’y a pas de « noncommunicationfondam<strong>en</strong>tale » avec ce quel’on croit ne pas compr<strong>en</strong>dre. Il faut dépasserl’idée de « ne pas compr<strong>en</strong>dre ». C’est unechose très importante. Souv<strong>en</strong>t, si les spectateursn’ont pas compris dans le premierquart d’heure ce qui se passe sur le plateau,ce que les acteurs racont<strong>en</strong>t, ils sont affolés,Odéon 6 e / Le Prix MartinDe Eugène <strong>La</strong>biche / mes Peter Stein© D. R.“Je propose des piècesque j’aimeraismonter moi-même.”Luc BondyNous ne sommes pas là dans un théâtre de psychologie.Il n’est pas question de cacher quelquechose. Elle se raconte – parfois de manièreassez masculine –, se découvre, effectue uneintrospection profonde de sa vie de femme, desdiverses phases qu’elle a traversées, elle dévoilece que les hommes ont représ<strong>en</strong>té pour elle, etdécrit aussi comm<strong>en</strong>t elle les a rejetés. Elle n’ajamais désiré une v<strong>en</strong>geance précise, son attituded’opposition n’est pas dirigée contre leshommes, mais contre un ordre établi, contre laconv<strong>en</strong>tion – un thème cher à Peter Handke. Illa contredit non pas expressis verbis mais <strong>en</strong>projetant une autre manière de voir les choses.Ainsi, il expose la vie de la nature, explicite parexemple le trajet de plantes sauvages, et parils sont perdus. J’ai d’ailleurs analysé à traversma longue exploration de la littérature àquel point l’hypertrophie de l’imaginaire quereprés<strong>en</strong>te la création artistique est prochede ce que l’on croit être la maladie m<strong>en</strong>tale :c’est-à-dire un mom<strong>en</strong>t où l’on ne distingueplus ce que l’on croit être le réel d’un mondetotalem<strong>en</strong>t imaginaire.Vers quelles zones, vers quels territoiresTarjei Vesaas nous propose-t-il de voyagerdans <strong>La</strong> Barque le soir ?Cl. R. : Dans ce texte, Tarjei Vesaas a trouvé lemoy<strong>en</strong> de s’approcher de ce qu’il y a de plusinexplicable, de plus inexprimable : la mort. Etcette chose-là <strong>en</strong>tre dans ma grande obsessionde ne pas opposer les contraires, mais deles mettre <strong>en</strong>semble, pour voir s’il ne peut pasnaître un nouveau matériau qui serait fait desdeux domaines que l’on croit opposés. Il estquestion, dans ce texte, de la grande opposition<strong>en</strong>tre la vie et la mort. Tout cela est complexe.Mais il faut que ça le soit, car la réalité,s’il y <strong>en</strong> a une, est d’ess<strong>en</strong>ce complexe. <strong>La</strong> Barquele soir est un pur poème. Vesaas se sertd’une situation qu’il distord longuem<strong>en</strong>t, uneGros planLe théâtre commeexpéri<strong>en</strong>ce collectivePeter Stein met <strong>en</strong> scène à la demande de Luc Bondy l’une des dernièrespièces de <strong>La</strong>biche, Le Prix Martin, avec des acteurs français. Une pièce« à la construction géniale », explorant <strong>en</strong>tre folie douce et drôleriegrinçante les domaines de la fidélité et de la sexualité.C’est un maître de théâtre <strong>en</strong> Europe, l’un deceux qui marqu<strong>en</strong>t leur temps, qui imprègn<strong>en</strong>tla mémoire des spectateurs. Né à Berlin <strong>en</strong>1937, vivant aujourd’hui <strong>en</strong> Italie, Peter Stein arévolutionné le théâtre allemand, il a dirigé laSchaubühne de Berlin de 1970 à 1986, où il asu mettre <strong>en</strong> œuvre un théâtre véritablem<strong>en</strong>tcollectif de très haut niveau, où l’autogestiona permis une totale indép<strong>en</strong>dance. L’Orestied’Eschyle (1980), Les Trois Sœurs de Tchekhov© D. R.là même célèbre le hasard. Car il refuse ce quiest prévu dans la nature. C’est sa réponse àl’introspection de la femme, une réponse inadaptéequi peut être drôle pour le spectateur. Ilpasse d’ailleurs de l’agressivité à la complicité.On peut parfois avoir l’impression d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dredes monologues à deux.Sont-ils dans la perte de quelque chose ?L. B. : Ce n’est pas vraim<strong>en</strong>t une perte, ils assum<strong>en</strong>tquelque chose par la narration. Et au fur età mesure que le récit avance, cette chose qu’ilsont racontée est derrière eux, ils s’<strong>en</strong> libèr<strong>en</strong>t. <strong>La</strong>pièce explore la solitude et l’amour. Il n’y a pasd’accomplissem<strong>en</strong>t dans cette pièce, je p<strong>en</strong>seque c’est une pièce pessimiste, mélancolique,même si Peter Handke m’affirme le contraire.Propos recueillis par Agnès SantiLes Beaux Jours d’Aranjuez du 12 au15 septembre 2012.Le Retour du 18 octobre au 23 décembre 2012.“travailler dansle champ dela littératur<strong>en</strong>’a d’intérêt quesi l’on se p<strong>en</strong>chesur les secretsde notre consci<strong>en</strong>ce.”Claude Régysituation qui est à la lisière de l’inconnaissable.Un homme au milieu de sa vie (ndlr, le doublede l’auteur), après des déceptions et des fatigues,a la t<strong>en</strong>tation de se laisser glisser dansl’eau mais, une fois dans l’eau, il n’a aucune<strong>en</strong>vie de mourir. Il passe donc son temps à selaisser porter par les courants et quelques foispar sa volonté, à sombrer dans les fonds ou àatteindre la surface pour pr<strong>en</strong>dre un peu d’airet survivre. Il s’accroche à un tronc d’arbre quil’emporte dans le courant. Durant cette longu<strong>en</strong>avigation, il n’est ni vraim<strong>en</strong>t dans la vie, nivraim<strong>en</strong>t dans la mort. Il est dans cet <strong>en</strong>tredeuxqui r<strong>en</strong>voie à l’interrogation de Dante :qu’est-ce que l’on serait si l’on n’était ni mortni vivant ? C’est un territoire tout à fait inconnuque l’on explore. Vesaas a même le courage dedire que son reflet dans l’eau et sa place trèsproche de la mort lui permett<strong>en</strong>t de dire ceque personne ne sait. Il ne le dit pas, d’ailleurs,mais toute l’œuvre t<strong>en</strong>d à nous faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre,à nous mettre <strong>en</strong> communication avec cettechose-là qui est inexprimable.Propos recueillis parManuel Piolat Soleymat* Extrait de L’Art poétique de Nicolas Boileau.Du 27 septembre au 3 novembre 2012.(1988), Le Parc de Botho Strauss (1985), etc. :il a créé plusieurs mises <strong>en</strong> scène phares quiont fait date. Peter Stein a ce tal<strong>en</strong>t impressionnantde savoir créer et construire unetransposition scénique des textes, une transpositionoù l’art de l’acteur atteint des sommetset où celui de la mise <strong>en</strong> scène déploieune formidable imagination. Après avoirprés<strong>en</strong>té I Demoni au théâtre de l’Odéon <strong>en</strong>2010, monum<strong>en</strong>t théâtral de douze heuresadapté du roman visionnaire de Dostoïevski,– une rare expéri<strong>en</strong>ce collective –, Peter Steinrevi<strong>en</strong>t à la demande de son ami Luc Bondypour mettre <strong>en</strong> scène Le Prix Martin (1876)d’Eugène <strong>La</strong>biche (1815-1888). En 1973, ilavait mis <strong>en</strong> scène à la Schaubühne avecl’aide de Jean Jourdheuil <strong>La</strong> Cagnotte dansune version signée Botho Strauss, qui avaitobt<strong>en</strong>u un grand succès. Des bourgeois deprovince v<strong>en</strong>us profiter des innombrables possibilitésqu’offre la vie parisi<strong>en</strong>ne s’y trouv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>traînés dans une course poursuite et unedesc<strong>en</strong>te aux <strong>en</strong>fers. « Au départ, j’avais desdoutes sur Le Prix Martin, l’une des dernièrespièces de <strong>La</strong>biche. Je trouvais la pièce un peulégère, mais <strong>en</strong> fin de compte sa constructiongénérale est absolum<strong>en</strong>t géniale. Les dialoguessérieux regorg<strong>en</strong>t de trouvailles, de merveillesd’humour et d’intellig<strong>en</strong>ce. Deux trèsvieux amis mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lumière ce que sontla fidélité et la vie sexuelle, alors que moi, j<strong>en</strong>’<strong>en</strong> ai pas la moindre idée ! Je suis l’exécuteurou l’interprète de leur dialogue, de leur jeu.C’est un exercice très stimulant. Et lorsque j’aiappris que Flaubert était un grand admirateurde cette pièce, cela a totalem<strong>en</strong>t conforté lechoix de la monter! »Berthier 17 e / Jeux de cartes 1 : Piquede la compagnie Ex Machina / mes Robert Lepage“Je suis un hommetragique, et je mets<strong>en</strong> scène une comédiefrançaise !”Peter SteinEntreti<strong>en</strong> e Robert LepageLes beautés dela culture islamiquePique, cœur, carreau, trèfle. Le metteur <strong>en</strong> scène canadi<strong>en</strong> RobertLepage et les artistes de sa compagnie (Ex machina) cré<strong>en</strong>t une suitede quatre spectacles traitant de nos rapports avec le monde musulman.Une tétralogie explorant l’univers des jeux de cartes dont le premiervolet – Pique – s’intéresse au thème de la guerre.Comm<strong>en</strong>t est née l’idée de cette tétralogieautour des quatre couleurs d’un jeu de cartes?Robert Lepage : Elle est née à l’occasion desnombreuses tournées que j’ai effectuées auxEtats-Unis avec la compagnie Ex Machina.Durant ces tournées, nous sommes souv<strong>en</strong>tappelés à animer des ateliers avec des étudiantsd’universités. Nous essayons alorsde montrer comm<strong>en</strong>t nous travaillons à <strong>La</strong>Caserne (ndlr, c<strong>en</strong>tre de création de RobertLepage et de la compagnie Ex Machina, àQuébec), comm<strong>en</strong>t notre groupe fonctionne.Pour initier ces ateliers, j’ai pris l’habitude desolliciter l’imaginaire des étudiants autourd’un jeu de cartes. C’est un point de départ“Les quatrehistoires de Piques’<strong>en</strong>trecrois<strong>en</strong>tles unes les autres,un peu commedans un filmde Robert Altman.”Robert Lepageextrêmem<strong>en</strong>t intéressant, extrêmem<strong>en</strong>t riche,qui relie chacun d’<strong>en</strong>tre nous à l’inconsci<strong>en</strong>tcollectif. Et puis un jour je me suis dit qu’il yavait matière, dans cet univers-là, non seulem<strong>en</strong>tà un spectacle, mais à plusieurs…A travers ces spectacles, à quelles symboliquesreliez-vous les quatre couleurs d’un jeude cartes ?R. L. : Nous sommes rev<strong>en</strong>us aux symbolesoriginaux de ces quatre couleurs. Le pique,© D. R.© Erick <strong>La</strong>bbequi a longtemps été associé à l’épée, nousramène au thème de la guerre : ce sera notrepremière création. Le cœur, qui s’est aussiappelé la coupe, nous transportera dans l’universdes croyances et de la magie. Quant aucarreau, qui est relié aux pièces de monnaie,il nous donnera l’occasion de parler du mondedes affaires. Enfin, le trèfle, que l’on a aussi« Sublime horreur » des Alpes suissesDans la scène inaugurale, Ferdinand Martinet Agénor Montgommier, deux vieux amis,jou<strong>en</strong>t comme toujours au bésigue, jeu decartes couramm<strong>en</strong>t pratiqué au xix e siècle :« nous tuons agréablem<strong>en</strong>t trois heures parjour, l’un dans l’autre. » L’un est marié, l’autr<strong>en</strong>on, mais il a pour maîtresse… Loïsa Martin,l’épouse de son ami, et comm<strong>en</strong>ce à se lasserd’elle et de son <strong>en</strong>thousiasme. Auteur virtuosed’un théâtre du mouvem<strong>en</strong>t qui a l’artde s’emballer à pleine vitesse, <strong>La</strong>biche faitdécoller l’intrigue jusqu’à la « sublime horreur» des Alpes suisses, et Loïsa finira mêmepar fuir dans une contrée lointaine, dans lesjungles du Nouveau Monde. Cocasse et burlesque,mais aussi lucide et corrosif, <strong>La</strong>bicheest un expert des dérèglem<strong>en</strong>ts du comportem<strong>en</strong>t,jusqu’à l’absurde, car les événem<strong>en</strong>tssuccessifs et les rebondissem<strong>en</strong>ts cré<strong>en</strong>tles situations les plus extravagantes. Le PrixMartin désigne le prix que fonde FerdinandMartin pour distinguer « l’auteur du meilleurmémoire sur l’infamie qu’il y a à détourner lafemme de son meilleur ami… », et vise à fairecesser le chaos du cocufiage. Les didascaliesdécriv<strong>en</strong>t comme à l’accoutumée un intérieurbourgeoisem<strong>en</strong>t meublé, puis le salon d’unhôtel à Chamonix, et dans l’acte III un chalet àla Handeck. « Cette pièce pose aussi pour moile problème de sa scénographie, car une pièceappelé le bâton, nous ouvrira les portes desmondes paysan et ouvrier. Chacune de cesquatre thématiques constituera la matièrec<strong>en</strong>trale d’un spectacle, tout <strong>en</strong> interv<strong>en</strong>antdans les autres de façon secondaire, de façonpériphérique.Pourquoi avez-vous relié cet univers aumonde musulman ?R. L. : Parce que le jeu de cartes, tel que nousle connaissons aujourd’hui, est une inv<strong>en</strong>tiondu monde arabe. <strong>La</strong> culture arabo-musulmanea beaucoup influ<strong>en</strong>cé la culture europé<strong>en</strong>neet, par voie de conséqu<strong>en</strong>ce, la culture américaine.Dans une époque qui a t<strong>en</strong>dance à stigmatiserle monde islamique, à l’<strong>en</strong>fermer dansune image obscure, il m’a paru intéressant deconcevoir une suite de spectacles traitant deJeux de cartes 1 : Pique, premier voletd’une tétralogie de Robert Lepageconsacré à nos rapports avec le mondemusulman.de ce g<strong>en</strong>re n’a pas besoin de scénographie ! »souligne Peter Stein.Le meilleur de l’acteurLe metteur <strong>en</strong> scène crée la pièce <strong>en</strong> français,avec Jacques Weber, Christine Citti, Jean-Dami<strong>en</strong> Barbin, Pedro Casablanc… et travaille<strong>en</strong> profondeur le texte, collectivem<strong>en</strong>t, avecles acteurs. « Aborder la pièce par la traditionde la Comédie-Française n’est pour moi paspossible. J’ai dit à tous les acteurs qu’il fallaitcomm<strong>en</strong>cer par la méthode Stanislavski,comme lorsqu’on porte à la scène une œuvrede Tchekhov, et après il faut voir ce qui peutressortir de ce travail. » Un travail pati<strong>en</strong>t, artisanal,éminemm<strong>en</strong>t professionnel, qui vise àmettre à jour le meilleur de l’acteur. « C’est trèsémouvant pour moi de mettre <strong>en</strong> scène cettepièce <strong>en</strong> français, j’ai vécu <strong>en</strong> zone française àBerlin, et le français était ma première langue.Lorsque je crée une pièce, j’ai peur de décevoirles att<strong>en</strong>tes et les imaginaires. Un artistedoit toujours avoir ce s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t-là ! » Eschyle,Tchekhov, Kleist, Goethe, Botho Strauss… et<strong>La</strong>biche. « Je suis un homme tragique, et jemets <strong>en</strong> scène une comédie française ! » Singulièrecontradiction…Agnès SantiDu 22 mars au 5 mai 2013.nos rapports avec la culture musulmane. C’estune manière de nous rapprocher, à travers cesinflu<strong>en</strong>ces, de nos propres origines, d’<strong>en</strong>visagerles élém<strong>en</strong>ts v<strong>en</strong>us d’ailleurs qui ontparticipé à créer notre culture.Quelle image de la culture musulmane souhaitez-vousdessiner à travers ces spectacles?R. L. : L’image d’une culture riche et lumineuse,une culture pleine de beautés. Au Canada, onconnaît assez mal le monde arabe. Et cetteignorance s’accompagne souv<strong>en</strong>t, commec’est le cas <strong>en</strong> Europe, de préjugés négatifs.Le souv<strong>en</strong>ir des événem<strong>en</strong>ts du 11 septembre2001 est évidemm<strong>en</strong>t toujours là… Atravers ces spectacles, je souhaite éclairerles grandeurs du monde islamique, rappelerles choses qui, au sein même de nos racines,vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t témoigner des li<strong>en</strong>s qui nous uniss<strong>en</strong>tà cette grande civilisation.Rev<strong>en</strong>ons au premier volet de cette tétralogie: Pique. Ce spectacle nous transporte audébut des années 2000, au mom<strong>en</strong>t où lesEtats-Unis <strong>en</strong>vahiss<strong>en</strong>t l’Irak…R. L. : C’est ça. Pique met <strong>en</strong> parallèle deuxvilles construites dans des déserts : <strong>La</strong>sVegas et Bagdad. L’action se passe dans l’undes hôtels-casinos de la capitale du Nevada.On suit quatre histoires. Celle d’un Québécoisv<strong>en</strong>u se marier. Celle d’un Britannique et d’uneFrançaise totalem<strong>en</strong>t sous l’emprise du jeu.Celle d’un Danois, un militaire qui s’<strong>en</strong>traînedans un faux village arabe construit dans ledésert. Celle du monde souterrain qui graviteà <strong>La</strong>s Vegas : les croupiers, les femmes deménage, les immigrés clandestins qui viv<strong>en</strong>tde petits métiers… Ces quatre histoires s’<strong>en</strong>trecrois<strong>en</strong>tles unes les autres, un peu commedans un film de Robert Altman. Chacune esttraitée de façon spécifique, donnant ainsinaissance à un théâtre différ<strong>en</strong>t : psychologique,brechti<strong>en</strong>…Qu’est-ce qui vous semble constituer le cœurde votre démarche artistique ?R. L. : Je crois que c’est de donner naissanceà un théâtre rassembleur, un théâtre quiassume pleinem<strong>en</strong>t son pouvoir de réconciliation.Je trouve que le théâtre d’aujourd’huipr<strong>en</strong>d souv<strong>en</strong>t trop de distance avec la notionde jeu. A travers mes spectacles, j’essaie deretrouver cet esprit-là.Propos recueillis parManuel Piolat SoleymatSpectacle <strong>en</strong> français, anglais et espagnolsurtitré. Du 19 mars au 14 avril 2013.


VI Focus / odéon-théâtre de l’europe / saison 2012-2013 septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201Focus VIIBerthier 17 ede <strong>La</strong>rs Norén / mes <strong>La</strong>rs Norén et Sofia JupitherOdéon 6 ede Karl Schönherr / mes Martin KušejGros planDer Weibsteufel(Le Diable fait femme)Quelque part dans les Alpes autrichi<strong>en</strong>nes, la manipulation se joue de laséduction <strong>en</strong>tre un contrebandier, sa femme et un chasseur alpin. MartinKušej met <strong>en</strong> scène ce huis clos démoniaque.Auteur de drames naturalistes et de poèmes<strong>en</strong> dialecte tyroli<strong>en</strong>, peu joué du fait de saréputation d’écrivain régionaliste, Karl Schönherrfut pourtant salué et reconnu commel’équival<strong>en</strong>t d’Arthur Schnitzler à l’aube du xx esiècle. Der Weibsteufel, considéré comme l’unde ses chefs-d’œuvre, a été souv<strong>en</strong>t adaptéau cinéma, mais fort peu prés<strong>en</strong>té sur scène.C’est sans doute ce qui a fait le succès éclatantdu spectacle de Martin Kušej à sa création,puisqu’il r<strong>en</strong>dait à la lumière ce dramaturgeinjustem<strong>en</strong>t oublié. Au cœur du Tyrol, se jouela crise <strong>en</strong>tre un contrebandier, sa femme etle chasseur alpin chargé d’arrêter le bandit. Letrafiquant pousse sa femme à séduire l’<strong>en</strong>quêteur,afin de faire échouer sa mission.Dans la forêt monstrueuse des affectsMais les affects simulés se révèl<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôtbrûlants et dévastateurs, et la femme manipuléefinit par retourner la situation : « il fautchasser le diable par le diable », dit un proverbetchèque… Martin Kušej arrache ce trio infernalau folklore autrichi<strong>en</strong> et élève l’affrontem<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tre les protagonistes à la hauteur d’unmythe. <strong>La</strong> scénographie de Martin Zehetgruberinscrit l’action dans un <strong>en</strong>chevêtrem<strong>en</strong>t detroncs aux proportions colossales, évoquant« autant une forêt de montagne après l’avalancheque les ruines d’une lutte <strong>en</strong>tre puissancestitanesques ». Les trois interprètes,Birgit Minichmayr, Tobias Moretti et WernerWölbern, font de leurs personnages de grandshéros tragiques, et anim<strong>en</strong>t int<strong>en</strong>sém<strong>en</strong>t ceconflit <strong>en</strong>tre le calcul cyniquem<strong>en</strong>t rationnel etl’incalculable puissance de la passion.Catherine RobertDu 20 au 23 février 2013.Gros planFragm<strong>en</strong>te (Fragm<strong>en</strong>ts)Dans le cadre du projet europé<strong>en</strong> Villes <strong>en</strong> scène / Cities on stage, <strong>La</strong>rsNorén et Sofia Jupither auscult<strong>en</strong>t l’évolution des sociétés modernes oùs’exacerb<strong>en</strong>t les t<strong>en</strong>sions et se creus<strong>en</strong>t les écarts.Dans sa dernière œuvre, écrite pour le Folkteaternde Göteborg, <strong>La</strong>rs Norén continued’explorer la marge, et les écarts symboliques,sociaux et urbains <strong>en</strong>tre c<strong>en</strong>tres etpériphéries. Les populations et les générationss’affront<strong>en</strong>t à force d’incompréh<strong>en</strong>sion; les distances s’accroiss<strong>en</strong>t jusqu’à larupture, et les êtres humains se côtoi<strong>en</strong>tLe Diable fait femme,conflit dévastateur mis <strong>en</strong>scène par Martin Kušej.sans se voir, et surtout sans se regarder.Trahison, viol<strong>en</strong>ce, m<strong>en</strong>songe, brutalité :vivre <strong>en</strong>semble se réduit à faire cohabiterdes solitudes inquiètes et hargneuses. Pourm<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> le projet de mettre <strong>en</strong> scène c<strong>en</strong>ouveau texte, <strong>La</strong>rs Norén s’associe à SofiaJupither, artiste <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce au Folkteatern.Ensemble, comme si le travail <strong>en</strong> commun© D. R.L’auteur et metteur <strong>en</strong> scène <strong>La</strong>rs Nor<strong>en</strong>.était une forme de résistance aux situationsdécrites dans la pièce, ils guid<strong>en</strong>t au plateauces « invisibles individus qui s’obstin<strong>en</strong>t àespérer et à t<strong>en</strong>ter de survivre <strong>en</strong>core ». Arvidsort de prison et se heurte à son fils. H<strong>en</strong>ryBerthier 17 ed’après Bram Stoker / mes Grzegorz JarzynaNosferatu© D. R.Gros planDouble première : Dracula fait son <strong>en</strong>trée à l’Odéon sous la houlette dupolonais Grzegorz Jarzyna. Une adaptation et un metteur <strong>en</strong> scène àdécouvrir sans trembler.Le sombre personnage semble habiterdepuis toujours les <strong>en</strong>trailles de notreculture tant il se fait réceptacle de désirs,de croyances, de pulsions et de refoulé.Nosferatu est pourtant né à la littérature<strong>en</strong> 1897 seulem<strong>en</strong>t, sous la plumede l’écrivain irlandais Bram Stoker, tandisque se déploie dans toute l’Europe la modedu roman gothique et, à Londres, l’ombreLes étranges et attirants vampires de Nosferatu.m<strong>en</strong>açante de Jack L’év<strong>en</strong>treur. Populariséepar le chef-d’œuvre cinématographiquede Murnau, déclinée sous des formes trèsdiverses depuis – <strong>en</strong>viron deux c<strong>en</strong>ts filmsà son actif –, la figure du vampire Draculaembrasse Eros et Thanatos, recycle desfigures échappées d’un bestiaire moy<strong>en</strong>âgeux– la chauve-souris, le loup-garou– tout <strong>en</strong> revisitant la figure du diable et duMal dans un <strong>en</strong>chevêtrem<strong>en</strong>t baroque desmotifs du désir, de l’autre, de l’ailleurs, de lanuit, de la pureté, de l’immortalité… Rarem<strong>en</strong>tpourtant, si on laisse de côté les expéri<strong>en</strong>cesmusicales ou burlesques autourdes vampires, le théâtre s’est emparé dupersonnage de Nosferatu.Se confronter àses angoisses inavouéesIl y a quatre ans, Ivan Blanloeil proposaitune figure de réprouvé épris de liberté, àla cheville d’un monde qui quitte la religionpour <strong>en</strong>trer dans celui de la sci<strong>en</strong>ce.Cet automne, c’est le metteur <strong>en</strong> scènepolonais Grzegorz Jarzyna qui s’emparedu roman de Stoker « pour <strong>en</strong> faire unspectacle esthétique et dérangeant ». Onconnaît assez peu Grzegorz Jarzyna <strong>en</strong>tâche d’oublier ses souv<strong>en</strong>irs des Balkans auvolant de son taxi.Solitude et dérélictionL<strong>en</strong>a meurt chez elle p<strong>en</strong>dant que son maricouche avec la voisine. Sanna ne peut plusretrouver ses <strong>en</strong>fants et veut se suicider. Rainera tué un homme, gratuitem<strong>en</strong>t. Une fillecherche à <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> contact avec sa mère,partie au loin. Un fils t<strong>en</strong>te de se faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>drepar son père à l’article de la mort. Scèneaprès scène, <strong>La</strong>rs Norén fait le portrait d’unehumanité défaite qui semble n’avoir plus quele théâtre comme lieu d’écoute. Au spectateur,alors, de pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce de cette réalitéqu’il doit <strong>en</strong>fin affronter, <strong>en</strong> surmontant lestravers de notre condition et de notre civilisation.Catherine RobertDu 23 au 27 avril 2013.France. Metteur <strong>en</strong> scène de r<strong>en</strong>omméeinternationale né <strong>en</strong> 1968, il est directeurdepuis 2006 du TR Warszawa, anci<strong>en</strong> TeatrRozmaitości, Théâtre des Variétés à Varsovie.Il navigue <strong>en</strong>tre classiques europé<strong>en</strong>set textes contemporains, <strong>en</strong>tre le théâtreet l’opéra, dans des spectacles qu’il représ<strong>en</strong>teaux Etats-Unis et partout <strong>en</strong> Europe.Sur scène, il mêle les g<strong>en</strong>res et les artscomme <strong>en</strong> témoigne par exemple sa précéd<strong>en</strong>tecréation tirée de Théorème de Pasolini.Du personnage érotique et christiquede l’auteur itali<strong>en</strong>, qui vi<strong>en</strong>t comme uneapparition mettre à bas l’ordre établi d’unefamille bourgeoise, au « rejeton tardif d’unromantisme noir contemporain de l’essorde la civilisation industrielle », il n’y avaitqu’un pas. A l’instar du personnage pasolini<strong>en</strong>,l’étranger buveur de sang devi<strong>en</strong>td’ailleurs dans ce Nosferatu, « moins lespectre surgi d’un vieux folklore qu’unefigure <strong>en</strong>core à v<strong>en</strong>ir – le grand perturbateurqui nous confrontera à nos angoissesinavouées ». Novateur insatiable, Jarzynaabrite donc l’action de son spectacle dansun intérieur art déco qui vibre au rythmede la musique de John Zorn, où, « dansune civilisation dépourvue de toute traced’espoir, on navigue <strong>en</strong>tre l’hypnose, l’inconsci<strong>en</strong>tet la réalité ». De quoi plongerdans les profondeurs inquiétantes de personnagesqui dans la s<strong>en</strong>sualité brûl<strong>en</strong>tleur désir d’immortalité.éric DemeyDu 16 au 23 novembre 2012.© D. R.Berthier 17 e / <strong>La</strong> Réunification des deux Corées et C<strong>en</strong>drillonDe Joël PommeratOdéon 6 e / Le Misanthropede Molière / mes Jean-François SivadierComm<strong>en</strong>t jouersans jouer ?Entreti<strong>en</strong> e Jean-François SivadierJean-François Sivadier met <strong>en</strong> scène Le Misanthrope de Molière, etinterroge les paradoxes de l’<strong>en</strong>nemi du g<strong>en</strong>re humain ainsi que la crisede la représ<strong>en</strong>tation qu’induit sa posture théâtrale.Vous mettez <strong>en</strong> scène Molière pour la premièrefois. Pourquoi Le Misanthrope ?Jean-François Sivadier : <strong>La</strong> première fois quej’ai lu, adolesc<strong>en</strong>t, la scène inaugurale de lapièce, je me suis évidemm<strong>en</strong>t tout de suite id<strong>en</strong>tifiéà Alceste, qui semble rêver d’une sociétésans masques, et j’ai rejeté Philinte dans lecamp des hypocrites. J’ai relu cette scène beaucoupplus tard, avec un regard plus critique.Qu’est-ce que ce monde sans aucun artifice,sans théâtre dont parle Alceste, ce monde oùla franchise, la sincérité, l’abs<strong>en</strong>ce totale decompromis fonderai<strong>en</strong>t notre comportem<strong>en</strong>t ?<strong>La</strong> modération de Philinte n’est-elle pas lagarantie d’un accommodem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>veillant aujeu social pour maint<strong>en</strong>ir un ordre ? <strong>La</strong> questionn’est pas de savoir qui a tort, qui a raison.<strong>La</strong> question est plutôt : est-il possible, dans unmonde civilisé, d’être autre chose que les deux àla fois, Alceste et Philinte, p<strong>en</strong>ser comme l’un etagir comme l’autre ? Cette première scène ressembleau dialogue intérieur d’un homme seul.Elle est emblématique d’une pièce qui traitede toutes les contradictions humaines. Toutesces questions sont le moteur de la pièce et songrand ressort comique. Et, bi<strong>en</strong> sûr, cette scènedevi<strong>en</strong>t vertigineuse si l’on sait que ce sont deuxacteurs qui parl<strong>en</strong>t.Entreti<strong>en</strong> e Joël PommeratAssociation et libertéArtiste associé au Théâtre de l’Odéon jusqu’<strong>en</strong> juin 2013, Joël Pommeraty crée une nouvelle pièce et repr<strong>en</strong>d C<strong>en</strong>drillon, bouleversante réécrituredu conte.Comm<strong>en</strong>t votre association avec l’Odéon estell<strong>en</strong>ée ?Joël Pommerat : J’ai une longue histoire de collaborationavec Olivier Py et son équipe, notamm<strong>en</strong>tAgnès Troly, sa proche collaboratricedepuis longtemps. Le CDN d’Orléans a été undes premiers c<strong>en</strong>tres dramatiques à vraim<strong>en</strong>tsout<strong>en</strong>ir et diffuser mes pièces, du début desannées 2000 à la fin du mandat d’Olivier Py àOrléans. Quand il a été nommé à l’Odéon, il m’aproposé de le rejoindre comme artiste associé,mais je v<strong>en</strong>ais de m’<strong>en</strong>gager pour trois ans avecles Bouffes du Nord. Quand Peter Brook a quittéles Bouffes du Nord et qu’Olivier a confirmé saproposition, je suis allé avec plaisir le rejoindreà l’Odéon. Au-delà de l’amitié professionnelleet de l’estime <strong>en</strong>tre nous, l’Odéon m’intéressaitbeaucoup car la salle de Berthier est la salleparisi<strong>en</strong>ne la plus adaptée à mes créations. Onpeut la configurer de différ<strong>en</strong>tes manières ; elleautorise toutes les scénographies ; et, commeil y a deux salles, on peut travailler sur de trèslongues périodes <strong>en</strong> amont de la création, <strong>en</strong>situation de spectacle. C’est unique et précieux.Les discussions avec Luc Bondy et son équipem’ont permis d’<strong>en</strong>visager dans l’av<strong>en</strong>ir d’autresprojets de création à Berthier. Je vais donc sansdoute continuer à collaborer avec le Théâtre del’Odéon, mais sans le label d’artiste associé. Cecontrat d’association court jusqu’<strong>en</strong> juin 2013,avec une création prévue <strong>en</strong> janvier. Puis je vaisdévelopper mon association avec le ThéâtreNational de Bruxelles. J’ai toujours refusé l’idéede diriger un lieu, mais j’ai cherché à développerdes li<strong>en</strong>s de fidélité avec les théâtres. Etaujourd’hui, je recherche plus de liberté.Que jouez-vous à l’Odéon cette saison ?J. P. : Nous allons repr<strong>en</strong>dre C<strong>en</strong>drillon et jevais créer un spectacle qui s’appelle <strong>La</strong> Réunificationdes deux Corées, dont je ne vousparlerai pas, parce que j’y travaille et que je“Ce qui me passionneet m’<strong>en</strong>richit le plus,c’est le travailde création absolue.”Joël Pommeratne me s<strong>en</strong>s pas <strong>en</strong>core assez sûr de moi. Audébut de la conception et de l’écriture d’unspectacle, je rechigne toujours à <strong>en</strong> parler ;j’ai des scrupules, autant faits de prud<strong>en</strong>ceque de confusion.Peut-on considérer qu’il y a deux parties dansvotre œuvre : les mythes et la fiction pure ?J. P. : Par la force des choses, oui. Ces deuxlignes se sont constituées par hasard autantque par nécessité. J’ai réécrit trois contes –<strong>en</strong>core que Pinocchio ne soit pas tout à faitQuelle importance qu’il s’agisse de deuxacteurs ?J.-F. S. : Alceste et Philinte parl<strong>en</strong>t de ce quel’on est et de ce que l’on représ<strong>en</strong>te. Ils parl<strong>en</strong>tdonc de l’acteur et de son rôle, et de ce qu’ilssont <strong>en</strong> train de faire : jouer. Quelle pièce pourraits’écrire à partir du mom<strong>en</strong>t où l’un despersonnages prét<strong>en</strong>d rester sur scène sansjouer la comédie ? Dès la première scène dela pièce, la représ<strong>en</strong>tation elle-même est <strong>en</strong>crise. Que veut dire l’acteur qui joue Alcestequand il prét<strong>en</strong>d que tout le monde tricheet que lui seul est sincère ? Que veut dire lemot « vérité » sur la scène d’un théâtre ? <strong>La</strong>position ambiguë d’Alceste (toujours là, déjàparti) empêche la construction d’un récit. <strong>La</strong>pièce est plutôt comme une suite de variationsautour d’une expéri<strong>en</strong>ce que font lespersonnages, les acteurs <strong>en</strong> direct, <strong>en</strong> public,au prés<strong>en</strong>t. Une expéri<strong>en</strong>ce sur l’id<strong>en</strong>tité, surce que c’est qu’être soi-même, <strong>en</strong> face del’autre. Si, profondém<strong>en</strong>t, nous adhérons à lacolère d’Alceste, à quel mom<strong>en</strong>t et pourquoicomm<strong>en</strong>ce-t-on à travestir nos s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts,à jouer la comédie ? Dans le fond et dans laforme, Le Misanthrope est totalem<strong>en</strong>t à partdans l’œuvre de Molière, c’est sans doute sapièce la plus radicale.© D. R.© D. R.Joël Pommerat revisite avec maestria l’histoire de C<strong>en</strong>drillon.un conte, même s’il est dev<strong>en</strong>u un mythe. J’airéalisé trois spectacles à partir de ces mythes,et on peut dire aujourd’hui qu’ils constitu<strong>en</strong>tun assemblage catégorisable. Mais ce n’est niconsci<strong>en</strong>t ni volontaire de ma part. C<strong>en</strong>drillonrépondait à une invitation du Théâtre Nationalde Bruxelles. J’ai d’ailleurs eu peur d’uneespèce de spécialisation, <strong>en</strong> rev<strong>en</strong>ant si viteau conte après Pinocchio. En même temps, Il ya chez moi un intérêt, une utilité et un s<strong>en</strong>s àv<strong>en</strong>ir de temps <strong>en</strong> temps me ressourcer avecces grandes histoires : c’est une manière de“Une expéri<strong>en</strong>cesur l’id<strong>en</strong>tité,sur ce que c’estqu’être soi-même,<strong>en</strong> face de l’autre.”Jean-François Sivadiercontinuer à m’éduquer comme auteur, parceque j’ai choisi de ne pas abandonner le récitau théâtre. Mais ce travail à partir d’une œuvreexistante diffère du travail de création ex nihilo.Et ce qui me passionne et m’<strong>en</strong>richit le plus,c’est le travail de création absolue.Propos recueillis par Catherine Robert<strong>La</strong> Réunification des deux Corées, du 17 janvierau 3 mars 2013.C<strong>en</strong>drillon, du 23 mai au 29 juin 2013.Pourquoi ?J.-F. S. : Parce qu’il n’y a pas d’histoire, pasd’action, pas de réel dénouem<strong>en</strong>t, pas defigure du pouvoir (hormis celle, hors champ,du roi), pas de figure du peuple, et pratiquem<strong>en</strong>tpas de lieu. Molière inv<strong>en</strong>te un espaceétrange, où sans l’aide d’aucune véritableintrique, il peut ausculter et disséquer lecomportem<strong>en</strong>t d’un petit peuple d’animauxqui se ressembl<strong>en</strong>t tous. Cette conc<strong>en</strong>tration,à ce point, du temps et de l’espace est assezinédite dans le théâtre de Molière. C’est aussisa pièce la plus autobiographique : quandAlceste débarque sur scène <strong>en</strong> rage et sansmasque, Molière ne parle que de lui-mêmeet de son propre rapport au pouvoir, règle sescomptes avec sa femme, avec ses détracteursdans « l’affaire Tartuffe ». <strong>La</strong> mise <strong>en</strong> abymeest totale.Qui est Alceste ?J.-F. S. : <strong>La</strong> folie d’Alceste ressemble à celle desgrandes figures obsessionnelles du théâtre deMolière (Dom Juan, Arnolphe, Argan, Tartuffe,Harpagon) qui se rêv<strong>en</strong>t, le temps d’une pièce, àcôté ou au-dessus du monde, comme des demidieux,et qui, au terme d’une sorte de voyageinitiatique au bout de leur délire, se retrouv<strong>en</strong>tcloués au sol, dans la réalité, faillibles, définitivem<strong>en</strong>thumains. Alceste s’est rêvé, seul <strong>en</strong> facede l’humanité, comme le derniers des honnêteshommes. Le verdict de la fin de la pièce est sansappel, Alceste voulait qu’on le distingue, il finitconfondu dans la foule.Comm<strong>en</strong>t jouer Alceste alors ?J.-F. S. : Comme un être humain. On a parfoist<strong>en</strong>dance à considérer la pièce comme la tragédied’un homme juste, noble et malheureux,car totalem<strong>en</strong>t incompris. En réalité il est surtouthumain, pétri de contradictions, ingérable,imprévisible, excessif, démesuré, séduisantet insupportable. Je crois qu’il faut refuser leromantisme, la douleur d’Alceste, le point devue psychologique, la logique du comporte-


VIII Focus septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 théâtre 31m<strong>en</strong>t. Ce qui fait la puissance du texte, c’est lamise <strong>en</strong> théâtre de toutes les contradictionshumaines, de l’abs<strong>en</strong>ce de logique. C’est important,pour son plaisir, que le spectateur puisserester critique, et soit lui-même dans cettecontradiction de trouver tous les personnages<strong>en</strong> même temps séduisants et insupportables.Et c’est excitant pour les acteurs de jouer lescontradictions plutôt que de répondre à unelogique du comportem<strong>en</strong>t. Et la première deOdéon 6 e / Foi, Amour, Espérance / de Odon von Horvathet Meine faire Dame / mes Christophe MarthalerFoi, Amour et espérance d’Odon von Horvath, mise <strong>en</strong> scène par Christoph Marthalerces contradictions, à mon avis, est que, danscet acharnem<strong>en</strong>t à condamner les hommes, lacolère d’Alceste est égale à son espérance, etque l’auteur, <strong>en</strong> filigrane, signe, dans la colèreinépuisable du personnage, l’aveu d’une foi inaltérable<strong>en</strong> l’humanité.Propos recueillis par Catherine RobertDu 22 mai au 29 juin 2013.Le mondeselon MarthalerGros planChristoph Marthaler est de retour à l’Odéon avec une pièce d’Odon vonHorvath, Foi, Amour, Espérance, et avec Meine faire Dame (un laboratoirede langues), pièce musicale inspirée de My Fair lady.C’est dans une période de crise int<strong>en</strong>se,<strong>en</strong> 1932, peu après Casimir et Caroline,qu’Odon von Horvath écrit Foi, Amour,Espérance, pièce sous-titrée « une petitedanse de mort ». Le récit véridique de sonami Lukas Kristi, chroniqueur judiciaire, luia inspiré l’intrigue, c<strong>en</strong>trée sur une jeunefille démunie aux prises avec les brutalitésde la justice et du pouvoir. Kristi était effarépar « l’application bureaucratique et irresponsabledes articles mineurs de la loi » etvoulait <strong>en</strong> r<strong>en</strong>dre compte. <strong>La</strong> jeune Elisabeth,représ<strong>en</strong>tante <strong>en</strong> lingerie, a besoinpour exercer d’une carte professionnelle.Repérée par la police pour avoir t<strong>en</strong>ter detravailler sans cette carte, elle a décidé delutter pour s’<strong>en</strong> sortir mais s’<strong>en</strong>fonce irrémédiablem<strong>en</strong>tdans la spirale de la misère.Christoph Marthaler a déjà mis <strong>en</strong> scènetrois pièces d’Odon von Horvath, et cettepièce, qui donne voix au courage des déclassés,est sa préférée.Un laboratoire de languesreconverti <strong>en</strong> groupe de parolesAvant d’être un film avec Audrey Hepburn, Myfair lady fut une comédie musicale à succèsde Broadway, et bi<strong>en</strong> avant <strong>en</strong>core, <strong>en</strong> 1914,une pièce de George Bernard Shaw intituléePygmalion. Le Professeur phonétici<strong>en</strong> H<strong>en</strong>ryHiggins t<strong>en</strong>te d’y faire de la jeune fleuriste desouche populaire Eliza Doolittle une femmedu monde, <strong>en</strong> lui inculquant les bonnesmanières linguistiques. Dans un décor delaboratoire de langues des années 70, conçupar sa fidèle collaboratrice Anna Viebrock,Christoph Marthaler duplique la jeune fleuriste<strong>en</strong> trois personnages d’âges différ<strong>en</strong>tsdans une pièce mélancolique et drôle quetravers<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t un organiste Monstrede Frank<strong>en</strong>stein, une hôtesse de l’air, descouples qui se disput<strong>en</strong>t sur des airs decomédie musicale… Le spectacle tourne ledos à la narration linéaire pour s’embarquerdans un théâtre musical qui traque le détai,cherche une émotion qui se rit de la théâtralitépour faire rejaillir l’humain dans toute safragilité. C’est <strong>en</strong> effet avant tout cette souterrainemusique de l’âme qu’inlassablem<strong>en</strong>tMarthaler t<strong>en</strong>te d’exprimer, et que les élèvesde ce laboratoire de langues reconverti <strong>en</strong>groupe de paroles font <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre.éric DemeyFoi, Amour, Espérance du 14 au 21 septembre2012.Meine faire Dame du 11 au 16 décembre 2012.© Walter MairOdéon 6 e / Fin de partieDe Samuel Beckett / mes Alain Françon<strong>La</strong> réjouissanced’<strong>en</strong> finirOdéon-Théâtre de l’Europe– Théâtre de l’Odéon,Place de l’Odéon, 75006 Paris– Ateliers Berthier,1 rue André Suarès, 14 bd. Berthier, 75017 ParisTél. 01 44 85 40 40 et www.theatre-odeon.frEntreti<strong>en</strong> e Alain FrançonLe metteur <strong>en</strong> scène Alain Françon repr<strong>en</strong>d Fin de partie avec desinterprètes virtuoses, Serge Merlin, Gilles Privat, Michel Robin et IsabelleSadoyan. Une partition musicale, où import<strong>en</strong>t chaque respiration etchaque sil<strong>en</strong>ce, pour dire la “fin”.Pourquoi avez-vous décidé de monter Fin departie de Beckett, alors que vos préfér<strong>en</strong>cesvont vers les œuvres de Bond, de Tchekhovet d’Ibs<strong>en</strong> ?Alain Françon : <strong>La</strong> proposition vi<strong>en</strong>t de FrédéricFrank, directeur à l’époque du Théâtre dela Madeleine. Comme j’ai monté beaucoup depièces de Bond, une œuvre diamétralem<strong>en</strong>topposée à celle de Beckett, ce choix peut surpr<strong>en</strong>dre.En fait, Fin de partie est la premièremise <strong>en</strong> scène que j’ai faite à Saint-Éti<strong>en</strong>ne, et“C’est un contres<strong>en</strong>sde p<strong>en</strong>ser quecette fin, quine vi<strong>en</strong>t jamais,serait une douleur.”Alain Françonce souv<strong>en</strong>ir de mes jeunes années reste trèsprécis. J’aime cette pièce majeure becketti<strong>en</strong>ne.Cap au pire est aussi un texte magnifique.Et je vais monter bi<strong>en</strong>tôt un sommet depoésie, <strong>La</strong> Dernière Bande, avec Serge Merlin.Je suis surtout un admirateur du romancierBeckett, avec la trilogie Molloy, L’Innommableet Malone meurt.En quoi l’œuvre de Beckett se confronte-telleà celle de Bond ?A. F. : Edward Bond estime qu’une fois leconstat fait, à travers le théâtre de Beckett,d’un monde profondém<strong>en</strong>t absurde, la conclusionserait : « Puisque c’est comme ça, allonsjouer au billard ! ». Mais justem<strong>en</strong>t, au lieud’aller jouer au billard, Bond t<strong>en</strong>te de refonderla petite chose capable de retrouver lasignification du mot « humanité ». Le point devue se ti<strong>en</strong>t, puisque le système de Bond nedéveloppe que des situations extrêmes danslesquelles sont <strong>en</strong>trevus des gestes inexplicables,des actes, des personnages, qui sontautant de signes qui font réfléchir à la refondationd’un monde autre.Beckett dans Fin de partie propose aussi unesituation extrême…A. F. : L’action pourrait se situer après leDéluge de Noé, un mom<strong>en</strong>t de grand chambardem<strong>en</strong>t.On ouvre un hublot, et on ne saitplus où est la terre ni la mer. <strong>La</strong> situationest extrême <strong>en</strong> ce qu’il n’y a plus ri<strong>en</strong>, telest le refrain qui revi<strong>en</strong>t sans cesse danscette pièce énigmatique dont Beckett disaitqu’elle était dénuée de s<strong>en</strong>s. Ri<strong>en</strong> ne peut<strong>en</strong> résumer le secret. On ne peut pas dir<strong>en</strong>on plus que la situation serait plutôt cellede l’après-Shoah ou de l’après explosionatomique.Quelle est votre intuition immédiate de cetteœuvre ?A. F. : Je crois que c’est sur le mot « Fin » quetout se joue car les deux personnages sontprofondém<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>és par le désir d’<strong>en</strong> finir.C’est un contres<strong>en</strong>s de p<strong>en</strong>ser que cette fin,qui ne vi<strong>en</strong>t jamais, serait une douleur. Elle estune précipitation jouissive, une réjouissance.<strong>La</strong> pièce est athée : nul salut, nul rachat. Restecette fin prévue, avec le désir et le bonheur del’accomplissem<strong>en</strong>t.Les acteurs pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t plaisir à jouer le texte, àla façon d’une partition…A. F. : On a coutume de dire que le théâtre becketti<strong>en</strong>se résume à des P<strong>en</strong>sées de Pascal,jouées par les Fratellini. Certes, il s’agit d’unemachine côtoyant l’absurde et le dérisoire dansla jubilation d’une ironie mordante. Mais si lejeu est vif, la r<strong>en</strong>contre avec le personnage estégalem<strong>en</strong>t intérieure avec les figures du pèreet du fils, du maître et de l’esclave, l’expressiondes relations humaines et des relationsde classe, de l’ironie et du tragique.D’où provi<strong>en</strong>t cette fascination que provoquele théâtre becketti<strong>en</strong> ?A. F. : Fin de Partie atteint un équilibre rare<strong>en</strong>tre les mots et le sil<strong>en</strong>ce ; aucune phras<strong>en</strong>’est de trop, tout est évid<strong>en</strong>t. J’ai travaillésur les cahiers de régie de Beckett, que j’airéussi à obt<strong>en</strong>ir ; l’auteur a monté deux fois lapièce. Il a procédé à de nombreuses coupesdans la version finale. Pour la mise <strong>en</strong> scène,je pr<strong>en</strong>ds le texte tel quel ; je n’y touche pas,j’essaie de voyager avec. J’avance <strong>en</strong> t<strong>en</strong>tantde compr<strong>en</strong>dre le mouvem<strong>en</strong>t de l’écriture,un travail minutieux de phrase à phrase : desfrictions peuv<strong>en</strong>t apparaître, mais ce sont desexplosions intérieures, elles ne vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pasde l’extérieur.Propos recueillis par Véronique HotteDu 10 janvier au 10 février 2013.© Michel Corbou© D. R.© Suzane BrunConception et mes Troupe de SebatuUne Nuit balinaiseGros planEn hommage à Antonin Artaud : cette proposition consacrée à la danse, authéâtre et à la musique balinaises permet de découvrir un art merveilleux,d’une grande beauté.Le théâtre balinais fut découvert <strong>en</strong> France lorsde l’exposition coloniale de 1931, sous les yeuxbouleversés d’Antonin Artaud. Le poète s’<strong>en</strong> estemparé, admirant dans cet art total un idéal dulangage auquel le théâtre devrait t<strong>en</strong>dre. Cetteforme de danse et de théâtre a circulé dans lesplus grands lieux europé<strong>en</strong>s. « <strong>La</strong> merveille estqu’une s<strong>en</strong>sation de richesse, de fantaisie, degénéreuse prodigalité se dégage de ce spectacleréglé avec une minutie et une consci<strong>en</strong>ceUn art exceptionnel, combinant musiques, danses etthéâtre de Bali.Théâtre de la Communeaffolantes » écrit Artaud dans Le Théâtre etson double. Cette programmation nous permetde mieux compr<strong>en</strong>dre l’histoire de ce théâtredansé, qui porte aussi bi<strong>en</strong> les traditions ancestralesd’un peuple que les inv<strong>en</strong>tions du débutdu xx e siècle.Se replonger dans la visiond’Antonin ArtaudCette plongée dans la culture balinaise regroupedes Danses solistes des années 20. Parallèlem<strong>en</strong>t,le programme Bali danses et drames estun temps fort de cette Nuit balinaise, mettant<strong>en</strong> scène 50 danseurs et musici<strong>en</strong>s. Les artistesréunis pour ces représ<strong>en</strong>tations exceptionnellessont des danseurs, des musici<strong>en</strong>s, et desacteurs issus de la région du village de Sebatu.L’effervesc<strong>en</strong>ce artistique de cette zone del’île est due à une famille, qui a su transmettreson art au-delà de son cercle, rassemblantdes habitants, qu’ils soi<strong>en</strong>t riziculteurs ou étudiants,autour d’un noyau d’artistes.Nathalie YokelBi<strong>en</strong>nale de la Danse de Lyon, Auditorium,149 rue Garibaldi, 69003 Lyon. Les 14 et 15 septembreà 20h30, le 16 à 17h. Tél. 04 27 46 65 65.Théâtre national de Chaillot, 1 place du Trocadéro,75016 Paris. Du 21 au 29 septembre à 19h, saufdimanche à 14h, relâche lundi. Tél. 01 53 65 30 00.Les Gémeaux, scène nationale,49 av<strong>en</strong>ue Georges-Clém<strong>en</strong>ceau, 92 Sceaux.Du 2 au 6 octobre à 20h45, le 7 à 17h.Tél. 01 46 61 36 67.R<strong>en</strong>contres Ici et LàGros PlanLe Théâtre de la Commune prés<strong>en</strong>te la septième édition des R<strong>en</strong>contresIci et Là. Une nouvelle occasion de sortir du théâtre pour porter les artsde la scène au plus près des habitants d’Aubervilliers.<strong>La</strong> ville éphémère par la Compagnie Méliadès, le 29septembre à 18h, Square Stalingrad à Aubervilliers.ques – créés par les artistes participant àcette nouvelle édition des R<strong>en</strong>contres Ici etLà. Huit représ<strong>en</strong>tations exceptionnelles de« la machine à fantasmes et poésie populaire» sont proposées par les frères Forman(Obludarium). Un spectacle musical dela Compagnie Méliadès (<strong>La</strong> Ville éphémère,Comme chaque saison, le programme estéclectique. Une soirée d’ouverture (<strong>en</strong>tréelibre, sur réservation) prés<strong>en</strong>te les « impromptus» – de cirque, de musique, d’arts plastireprés<strong>en</strong>tation<strong>en</strong> <strong>en</strong>trée libre), <strong>en</strong> s’attachantà rep<strong>en</strong>ser la cité, questionne les utopies d’unnouveau monde et relève « le pari de rêver à cequ’il y a après, quand la ville implose à forced’agitation ».Une culture qui se vit ailleurset autrem<strong>en</strong>tEnfin, les appr<strong>en</strong>tis de l’Académie Fratelliniapport<strong>en</strong>t, eux aussi, leur pierre à l’édifice decette manifestation organisée au plus prèsdes habitants. Depuis sept ans, le C<strong>en</strong>tre dramatiqu<strong>en</strong>ational d’Aubervilliers donne corps,à travers ces R<strong>en</strong>contres, à son « <strong>en</strong>vie t<strong>en</strong>acede raconter des histoires, <strong>en</strong> petit ou grandformat, sous chapiteau » ou au sein d’autrescadres extra-théâtraux. Une <strong>en</strong>vie qui, par lebiais de propositions issues de diverses disciplinesartistiques, crée le mouvem<strong>en</strong>t d’unr<strong>en</strong>dez-vous populaire se pr<strong>en</strong>ant à rêver à« une culture au plus proche du public », uneculture qui se vit « ailleurs, autrem<strong>en</strong>t ».Manuel Piolat SoleymatThéâtre de la Commune, C<strong>en</strong>tre dramatiqu<strong>en</strong>ational d’Aubervilliers, 2 rue Edouard-Poisson,93300 Aubervilliers. Du 28 septembreau 6 octobre 2012. Tél. 01 48 33 16 16.www.theatredelacommune.comEcrire à la rédaction-administration : la.terrasse@wanadoo.frouiwww.journal-laterrasse.frun site flambant neufbulletin d’abonnem<strong>en</strong>tje m’abonne à la terrasse pour 59 €Écrire <strong>en</strong> lettres capitales, merciNom :Prénom :Adresse :Code postal :Ville :Téléphone :Email :Coupon à retourner à<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong>, service abonnem<strong>en</strong>t, 4 av<strong>en</strong>ue de Corbéra - 75012 Paris.Commander par téléphone au 01 53 02 06 60Je règle aujourd’hui la somme deCi-joint mon règlem<strong>en</strong>t par chèque CCP mandat à l’ordre de <strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> LA TERRASSE 201Imprimez aussi notre formulaire d’abonnem<strong>en</strong>t sur www.journal-laterrasse.fr


32 théâtre septembre 2012 / N°201 la terrasse la terrasse septembre 2012 / N°201 théâtre 33Annonce<strong>Terrasse</strong> 122x182:Mise <strong>en</strong> page 1 8/06/12 13:00 Page 1Théâtre de Sartrouville et des Yvelinesdu Collectif HVDZ / mes Guy AlloucherieLes VeilléesGuy Alloucherie et les artistes de sa compagniequitt<strong>en</strong>t mom<strong>en</strong>taném<strong>en</strong>t le bassinminier du Pas-de-Calais pour s’installer àSartrouville. Dix-sept jours de résid<strong>en</strong>ceartistique qui aboutiront à deux soirées deVeillées.Guy Alloucherie et les veilleurs de sa compagnieinvestiss<strong>en</strong>t Sartrouville.« Les Veillées, explique le metteur <strong>en</strong> scène GuyAlloucherie, c’est par tous les moy<strong>en</strong>s – cirque,danse, théâtre, vidéo – aller à la r<strong>en</strong>contre des[habitants] pour collecter des témoignages etinv<strong>en</strong>ter, <strong>en</strong>semble, des formes d’art où lesg<strong>en</strong>s se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t concernés par ce qui [se] ditet ce qui [se] fait. » Ainsi, du 24 septembre au10 octobre, comme ils l’ont fait par le passéau sein de nombreuses autres communes, lesartistes de la compagnie H<strong>en</strong>drick Van der ZeeRégion / BéthuneH<strong>en</strong>ry VI et H6m² / de Shakespeare / mes de Thomas Jollyvont s’inscrire dans le quotidi<strong>en</strong> de Sartrouville.Performances, <strong>en</strong>trevues, activités de lavie locale, réalisation de vidéos, discussionsde tous ordres, partage de savoirs et d’émotions…<strong>La</strong> matière brute récoltée lors de tousces échanges donnera corps à un spectaclepluridisciplinaire. Un spectacle qui, au coursde deux Veillées, « [reflètera] la richesse d’unterritoire et [offrira] aux habitants la possibilitéde voir d’un œil nouveau leur ville ou leurquartier ».M. Piolat SoleymatThéâtre de Sartrouville et des Yvelines –C<strong>en</strong>tre dramatique national, place Jacques-Brel,78500 Sartrouville. Le 11 octobre 2012 à 19h30et le 12 octobre à 21h (<strong>en</strong>trée libre).Tél. 01 30 86 77 79.www.theatre-sartrouville.comThéâtre du Rond-Pointtexte et mes Pierrick Sorin22h13(Ce titre est susceptible d’êtremodifié d’une minute à l’autre).L’auteur, metteur <strong>en</strong> scène et vidéaste PierrickSorin révèle sa magie personnelle à travers unone man show interprété par Nicolas Sansier,<strong>en</strong>tre théâtre et performance visuelle.Pour le public naturellem<strong>en</strong>t profane, ils’agit de pénétrer dans les arcanes de l’ac-Pousser les murs© Jérémie BernaertEntreti<strong>en</strong> e Thomas JollyPari fou lancé par Thomas Jolly : monter in ext<strong>en</strong>so H<strong>en</strong>ry VI, pièce fleuvede Shakespeare, prés<strong>en</strong>tée cette saison dans sa première partie (huitheures), et <strong>en</strong> format cond<strong>en</strong>sé avec H6m².© Brigitte EnguérandL’acteur Nicolas Sansier dans tous ses états à 22h13.tivité quotidi<strong>en</strong>ne de l’artiste vidéaste etscénographe Pierrick Sorin. L’<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>tet la magie sont les terres d’électionde ce concepteur espiègle et malicieux,dont l’humour caustique et le s<strong>en</strong>s aigu dela poésie visuelle pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t appui, pour unelarge part, sur la production de séqu<strong>en</strong>cesvidéo <strong>en</strong> direct. Grâce au principe de l’incrustation,l’artiste – ici interprété par lecomédi<strong>en</strong> Nicolas Sansier – se dédoublesur les écrans, épousant tous les rôles,chanteur, musici<strong>en</strong>, psychanalyste ou visiteurexc<strong>en</strong>trique d’une galerie d’art. Enguise de cadre à l’action, le mystère d’unatelier avec ses pots de peintures, sonmatériel de bricolage, ses ordinateurs, sescaméras, ses vidéoprojecteurs, son postede radio, son vieux répondeur téléphonique,ses éponges et ses balais-brosses. Sousforme d’un journal de bord décliné <strong>en</strong> voixoff, l’artiste offre spontaném<strong>en</strong>t au publicles doutes et les hésitations qui peu à peuconstruis<strong>en</strong>t son œuvre. Le spectacle s’installeplutôt du côté du champ théâtral quede la performance. Un joli portrait d’artisteau travail pour éclairer une p<strong>en</strong>sée mobileet une pratique <strong>en</strong>jouée du bricolage et dela fantaisie.V. HotteThéâtre du Rond-Point, 2 bis av<strong>en</strong>ueFranklin-D.-Roosevelt 75008 Paris.Du 7 septembre au 6 octobre 2012.Du mardi au samedi à 20h30,dimanche 15h30.Tél. 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr© Emeric AdrianGaîté Lyrique / de Christophe Tarkosmes Anne ThéronL’arg<strong>en</strong>tEntre performance et concert, le texte décapantde Christophe Tarkos est prétexte à unebelle foire d’empoigne pour Anne Théron etStanislas Nordey.Stanislas Nordey et Akiko Hasegawa.Anne Théron crée L’Arg<strong>en</strong>t par l’auteur ChristopheTarkos, poète disparu <strong>en</strong> 2004. <strong>La</strong> syntaxesingulière de l’œuvre explore le langageet fabrique une série de signes géométriquesqui aboutiss<strong>en</strong>t à une langue nouvelle. L’Arg<strong>en</strong>texplore la valeur de l’arg<strong>en</strong>t, infiltréedans toutes les réalisations de l’esprit, lesgestes et les mouvem<strong>en</strong>ts, une véritable forcevivante. Le spectacle est un objet dont l’ambitionest de traiter le flux verbal <strong>en</strong> interactionavec le flux numérique, d’où la collaborationde Christian Vanderborght, artiste polymédia.Plus précisém<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> relation avec le flux de laparole, le projet décl<strong>en</strong>che la visualisation desdonnées de l’arg<strong>en</strong>t, un pur flux financier, unevirtualité qui fonctionne sur des ordres donnéset des statistiques. Pour ce spectacle quiprocède d’une nouvelle grammaire visuelle,interactive et narrative, il fallait deux interprètesfameux sur la scène, Stanislas Nordeyet la danseuse Akiko Hasegawa. V. HotteGaîté Lyrique, 3 rue Papin, 75003 Paris.Les 19, 20, 21 et 22 septembre à 20h30,les 22 et 23 septembre à 15h30.Tél. 01 53 01 52 00. www.gaite-lyrique.net© D. R.Région / ColmarComédie de l’Est / de Bertolt Brecht / mes Guy-Pierre CouleauPropos recueillis e Guy-Pierre CouleauMaître Puntilaet son valet MattiLe metteur <strong>en</strong> scène et directeur de la Comédie de l’Est Guy-PierreCouleau monte la célèbre comédie de Brecht, qui explore la complexitédes rapports de domination.guerre. Maître Puntila et son valet Matti estune comédie, rev<strong>en</strong>diquée comme telle parBrecht qui recommandait de la jouer dansle registre farcesque. C’est la pièce qu’il achoisie pour fonder le Berliner Ensemble, <strong>en</strong>1951, signant par elle son retour dans sa lan-« Après Camus et Sartre, je continue, avecBrecht, à explorer un théâtre de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t,et plus particulièrem<strong>en</strong>t, avec cettepièce (écrite <strong>en</strong> 1940 <strong>en</strong> Finlande mais créée<strong>en</strong> 1948 à Zurich), le théâtre de l’aprèsgueet son pays. Cette pièce n’est pas didactique,mais conjugue plutôt fable populaireet fable sur l’humain. Il y est question de ladualité (celle du maître et du valet d’abord),mais aussi de l’aliénation et du rapport autravail. Il y est aussi question des modalitésde la prise de parole : comm<strong>en</strong>t parle-t-on,comme se tait-on ? C’est aussi une pièce quiprés<strong>en</strong>te quatre figures féminines très touchantes,qui sont les seules femmes libres etautonomes de l’œuvre de Brecht. Brecht estdifficile à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre aujourd’hui, tout simplem<strong>en</strong>tparce que nous connaissons la fin del’Histoire ! Mais ce problème s’efface devantle plaisir de raconter une histoire : celle dePuntila et Matti, un homme ivre, fou et viol<strong>en</strong>tdu pouvoir qu’il a, et son valet et chauffeur,homme libre qui conduit souterrainem<strong>en</strong>t lesévénem<strong>en</strong>ts de la pièce. »Propos recueillis par Catherine RobertComédie de l’Est – C<strong>en</strong>tre DramatiqueNational d’Alsace, 6 route d’Ingersheim,68027 Colmar. Du 9 au 26 octobre à 20h30,sauf jeudi à 19h et samedi à 18h, relâcheles dimanches et lundis. Tél. 03 89 24 31 78.e Rejoignez-nous sur facebookDanseALBAN RICHARD – Boire les longs oublisKADER ATTOU – Symfonia Piesni ZalosnychTHOMAS LEBRUN – <strong>La</strong> jeune fille et la mortDOMINIQUE BRUN – Sacre #197HOFESH SHECHTER – Uprising / The art of not looking backJazzSANDRA NKAKÉ – Nothing for grantedONJ – Piazzolla !KYLE EASTWOOD – Songs from the chateauRICHARD GALLIANO – Nino RotaIBRAHIM MAALOUF QUINTET – The WindThéâtreDENIS PODALYDÈS – Le bourgeois g<strong>en</strong>tilhommePIERRE NOTTE – Sortir de sa mère / <strong>La</strong> chair des tristes culsSYLVAIN MAURICE – <strong>La</strong> chute de la maison UsherJOHN MALKOVICH – Les liaisons dangereusesCIE DOS À DEUX – Abs<strong>en</strong>ce New York 2036Programmationet billetterie surwww.leprisme.sqy.frRetrouvez-nous surfacebook/leprismesqyWeDo CommuicationPlus qu’un défi, c’est presque une provocationque de se lancer dans cette av<strong>en</strong>ture.Thomas Jolly : Beaucoup m’ont dit « tu n’y arriveraspas ». Avec la compagnie, on se s<strong>en</strong>taitcoincé par les politiques culturelles, dans les<strong>en</strong>s où elles cadr<strong>en</strong>t les choses et conduis<strong>en</strong>tà créer des objets formatés. Pour monterH<strong>en</strong>ry VI, on a dû imposer notre désir et rêver cespectacle dans la réalité. Shakespeare y montreun des règnes les plus longs et les plus dramatiquesde l’histoire d’Angleterre, sur lequelplane comme une malédiction. H<strong>en</strong>ry VI est roià neuf mois. En grandissant, il devi<strong>en</strong>t un roibi<strong>en</strong>veillant et serein, qui prône des valeurs depaix. Malheureusem<strong>en</strong>t, avec ces qualités, illaisse son royaume à l’abandon. En effet, uneforme d’<strong>en</strong>nui grandit à la fin de la guerre deC<strong>en</strong>t Ans et les seigneurs finiss<strong>en</strong>t par repr<strong>en</strong>dreles armes pour se faire la guerre <strong>en</strong>tre eux.C’est comme si l’amour sur un trône conduisaità la barbarie.C’est un texte que vous auriez pu couper ouremanier.T. J. : Cette pièce vi<strong>en</strong>t assez tôt dans la vie deShakespeare, ce qui explique qu’elle ne soit pascalibrée. Shakespeare fait <strong>en</strong>trer le spectateurdans sa pièce par le rire, et ce n’est que plustard que se développ<strong>en</strong>t de longs monologuestragiques, quand les spectateurs sont attachésaux personnages. Avec une telle construction,on ne pouvait pas couper. Pour cette premièrepartie, on s’est arrêté au milieu de la pièce, alorsque deux personnages principaux meur<strong>en</strong>t etque se prépare un passage de génération.Quel rôle joue H6m² aux côtés de H<strong>en</strong>ry VI ?T. J. : H6m² c’est tout H<strong>en</strong>ry VI <strong>en</strong> quarantecinqminutes sur six mètres carré. L’idée estnée d’un travail de répétition : j’avais demandéaux acteurs un résumé rapide de ce qu’onavait joué. On a ainsi décidé de monter un vraipetit spectacle qui vi<strong>en</strong>ne comp<strong>en</strong>ser l’énormitéde son grand frère. H6m² propose donc“Je ne veux paslaisser sur le bordde la route ceux quela durée effraierait.”Thomas Jollyune <strong>en</strong>trée vers la grande forme. Il a un effetteaser, très populaire, et qui nous permet der<strong>en</strong>ouer avec le théâtre forain. On sillonne lesvilles et les campagnes sur des tréteaux, avecquatre acteurs qui déroul<strong>en</strong>t l’histoire d’H<strong>en</strong>ryVI. Car je ne veux pas laisser sur le bord dela route ceux que la durée effraierait. Et jesuis très attaché au rayonnem<strong>en</strong>t régionalde notre compagnie.Propos recueillis par Eric DemeyComédie de Béthune, le Palace, 138 rue du 11Novembre à Béthune. H<strong>en</strong>ry VI (première partie),épisode 1 : le 6 février ; épisode 2 : le 7 février ;intégrale le 9 février. Tél. 03 21 63 29 19.H6m² : Audel, le 16 octobre ; Houdain, le17 octobre ; Bruay-la-Buissière, le 19 octobre ;Béthune, le 24 janvier ; <strong>La</strong> Couture, le 25 janvier.© D. R.Réagissez et blogguez sur www.journal-laterrasse.frEcrire à la rédaction-administration : la.terrasse@wanadoo.fr


34 théâtre septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 théâtre 35<strong>La</strong> curiositédes angesCervantes, Germain, ChevallierEmma Milán etLos Hermanos Florestango, musiques d’Arg<strong>en</strong>tineComédie tchétchèneYoann <strong>La</strong>vabre, Bruno <strong>La</strong>jaraPierre-Yves MacéL’Instant Donné,musique contemporaineLe misanthropeMolière, Nicolas LiautardOwa, quand le ciels’ouvre…Philippe BoronadEt puis j’ai demandéà Christian de jouerl’intro de ZiggyStardustR<strong>en</strong>aud CojoLe choixde BlanquetteJoséphine SourdelLittlematchsellerNicolas LiautardQuatuor LudwigChostakovitch, Jevtic, Schubert<strong>La</strong> ScèneWatteauscène conv<strong>en</strong>tionnée de Nog<strong>en</strong>t-sur-Marne2012 / 2013Le projet RWWalser, Collectif Quatre AilesRichard IIIShakespeare, Jérémie Le LouëtRachel des Boisfolk, pop, rockMounira Mitchalamusiques du TchadTout mon amourMauvignier, Les PossédésPays natalDimitriadis, Daskas, PoirierTuktu, le petit caribouCéline EspardellierDos à deux, 2 e acteArtur Ribeiro et André CurtiUn grand singeà l’AcadémieFranz Kafka, Jade DuviquetAlaska foreverPhilippe BoronadMathias Duplessyet les 3 violonsdu mondeFrance, Chine, Inde, Mongolie01 48 72 94 94Nuit du Malimusiques, danses, arts du récit<strong>La</strong> Scène Watteau / Place du Théâtre / Nog<strong>en</strong>t-sur-Marnestation RER E Nog<strong>en</strong>t-Le Perreux / www.sc<strong>en</strong>ewatteau.frgraphisme Philippe Bouana - Visuel : Parato - Fotolia.com - lic<strong>en</strong>ces d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur de spectacles : 1-1041399, 2-1041401, 3-1041402Pôle Culturel d’Alfortville / D’Eugène Sueadaptation Charlotte Escamez / mes WilliamMesguichLes Mystèresde ParisWilliam Mesguich met <strong>en</strong> scène la fresquemonum<strong>en</strong>tale d’Eugène Sue, spectacled’av<strong>en</strong>tures « où susp<strong>en</strong>se et ricochets dramatiquesse côtoi<strong>en</strong>t joyeusem<strong>en</strong>t ».Le metteur <strong>en</strong> scène William Mesguich.<strong>La</strong> compagnie du Théâtre de l’Etreinte relèvele défi : porter à la scène une desc<strong>en</strong>te effarantedans les bas-fonds du Paris du xix esiècle, un monde de dangers, de peurs etde viol<strong>en</strong>ces, peuplé des voix des démuniset des malheureux. Publié sous forme defeuilletons dans Le Journal des Débats <strong>en</strong>1842 et 1843, le roman fleuve rédigé parEugène Sue a véritablem<strong>en</strong>t passionné unemultitude de lecteurs. Le héros Rodolphe,Prince redresseur de torts grimé <strong>en</strong> ouvrier,s’immisce dans les <strong>en</strong>trailles de la ville, oùil r<strong>en</strong>contre la fragile Fleur-de-Marie, ditela Goualeuse, le Chourineur… « Adapter LesMystères de Paris ressemble à une excursiondans le sale, le sombre et le sang, le toutmêlé d’une t<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>vie de justice », souligneCharlotte Escamez, auteure de l’adaptationdu roman, complice habituelle de la compagniefondée par William Mesguich. Le metteur<strong>en</strong> scène dresse un tableau foisonnantet flamboyant de ce Paris t<strong>en</strong>taculaire oùgravit<strong>en</strong>t des personnages hors normes, etun Monsieur Loyal omnisci<strong>en</strong>t. A. SantiPôle Culturel, Parvis des Arts, 94140 Alfortville.Le 6 octobre à 20h30. Tél. 01 58 73 29 18.CirqueLe Monfort / Le C<strong>en</strong>tquatreConception collectif Ivan MosjoukineDe nos jours[notes onthe circus]Troisième opus du quatuor Ivan Mosjoukine,De nos jours est un spectacle de cirque quiparle du cirque avec une belle théâtralité.Un numéro d’équilibriste sur le fil du cirque signé IvanMosjoukine.Ivan Mosjoukine n’est pas le nom du directeurd’un cirque russe : il est la réunion de quatrecircassi<strong>en</strong>s tal<strong>en</strong>tueux, Erwan Ha Kyoon <strong>La</strong>rcher,Maroussia Diaz Verbèke, Virmala Pons etTsirihaka Harrivel, tous passés par le C<strong>en</strong>treNational des Arts du Cirque. En 2007, ils form<strong>en</strong>tleur collectif dans l’idée de déf<strong>en</strong>dre laquestion de l’écriture au cirque. Ce sera chosefaite avec Le Cinéma m<strong>en</strong>t et <strong>La</strong> disparition duslow, leurs deux premiers travaux. Aujourd’hui,De nos jours [notes on the circus] illustre leurvolonté t<strong>en</strong>ace de toujours parler du cirque,© D. R.© Ivan Mosjoukineavec les moy<strong>en</strong>s, les accessoires et la virtuositédu cirque doublés d’une grande inv<strong>en</strong>tivité.Pour corser l’affaire, les quatre complicesont édicté un certain nombre de règles, vœuxou principes qui guid<strong>en</strong>t le spectacle, parmilesquels : « L’expérim<strong>en</strong>tation sera toujoursprivilégiée à la démonstration. Par là nousacceptons de ne ri<strong>en</strong> savoir et de multiplierles questions ». Un manifeste ! N. YokelLe Monfort, parc Georges Brass<strong>en</strong>s,106 rue Brancion, 75015 Paris. Du 25 septembreau 27 octobre 2013, du mardi au samedi à 20h30,relâche le 9. Tél. 01 56 08 33 88.Le C<strong>en</strong>tquatre, 5 rue Curial, 75019 Paris.Du 17 au 24 novembre 2013. Tél. 01 53 35 50 50.Région / Lille / RepriseThéâtre du Nord / de Dylan Thomasmes Stuart SeideAu bois lactéStuart Seide repr<strong>en</strong>d Au Bois lacté, poèmeradiophonique de Dylan Thomas dont il a crééune version scénique saluée par le public etla critique.Stuart Seide transpose à la scène le très beau poèmede Dylan Thomas.Avec onze comédi<strong>en</strong>s aguerris ou sortis depuispeu de l’EPSAD, l’école qu’abrite le théâtre qu’ildirige, Stuart Seide a réussi le défi de donnervie au poème bruissant de Dylan Thomas, auxêtres qui peupl<strong>en</strong>t ce petit village gallois nésous la plume du poète, et ressemblant auvillage réel où il vivait. « C’est une œuvre quim’émeut, me parle profondém<strong>en</strong>t, et dont laforme insolite évoque vingt-quatre heures d’unvillage gallois et la soixantaine de personnagesqui l’habit<strong>en</strong>t. On parle des « petits », des g<strong>en</strong>ssans conséqu<strong>en</strong>ce, des laissés pour compte. Ilne se passe ri<strong>en</strong> et pourtant il se passe millechoses. On dort, on rêve, on chante, on boit,on danse, on se recouche ; la nuit desc<strong>en</strong>d etrecouvre le village. C’est formidable de s’attarderavec ces soixante personnages, leursaspirations, leur jalousie, leurs mesquineries :ils sont passionnants parce que tous les êtreshumains, les petits comme les grands, peuv<strong>en</strong>tl’être. » Une œuvre à découvrir et un imm<strong>en</strong>sepoète. C. RobertThéâtre du Nord, 4 place du Général-de-Gaulle,59 Lille. Du 26 septembre au 12 octobre à 20hsauf jeudi à 19h et dimanche à 16h,relâche les 1 er , 5 et 6 octobre. Tél. 03 20 14 24 24.théâtre du Rond-Pointconception et mes Pauline bureauModèlesPauline Bureau crée Modèles avec cinq comédi<strong>en</strong>nestr<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aires, et interroge la constructiondes id<strong>en</strong>tités féminines <strong>en</strong> 2010.Comm<strong>en</strong>t se définit et se construit la féminité ?Fascinante question explorée par Pauline Bureauet cinq comédi<strong>en</strong>nes.<strong>La</strong> metteure <strong>en</strong> scène Pauline Bureau interrogela place de la femme dans la société,Pauline Bureau crée Modèles, avec cinq© Cédric Calmels © D. R.artistes de sa génération, tr<strong>en</strong>t<strong>en</strong>airesau xxi e siècle, explorant la constructionde l’id<strong>en</strong>tité sexuelle dans sa dim<strong>en</strong>sionsociale et intime. « On ne naît pas femme,on le devi<strong>en</strong>t », a dit Simone de Beauvoir (LeDeuxième Sexe), et la metteure <strong>en</strong> scènequestionne : « De quelle manière ? » Vasteinterrogation, complexe et fascinante,pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> compte les représ<strong>en</strong>tationsd’hier et nos vies d’aujourd’hui, ainsi quela transmission consci<strong>en</strong>te et inconsci<strong>en</strong>tedes rôles féminins et masculins. Lespectacle rassemble un collage de textes– Simone de Beauvoir, Marguerite Duras,Pierre Bourdieu, Virginie Desp<strong>en</strong>tes, JudithButler – de témoignages, d’interviews, dechansons – Edith Piaf et Courtney Love – etd’images – Cranach, Nan Goldin. Sur le plateaus’<strong>en</strong>tremêl<strong>en</strong>t ainsi le jeu des comédi<strong>en</strong>nes,divers matériaux et perspectives,afin de définir véritablem<strong>en</strong>t le spectaclecomme la représ<strong>en</strong>tation de la réflexiondes artistes. Une démarche ambitieuse etpassionnante.A. SantiDu 10 octobre au 10 novembre au Théâtre duRond-Point, 2 bis av<strong>en</strong>ue Franklin-D.-Roosevelt75008 Paris. Tél. 01 44 95 98 21.www.theatredurondpoint.frThéâtre Paris-VilletteUne Mouette / d’après <strong>La</strong> Mouette deTchékhov / Mes Isabelle <strong>La</strong>fonUne Mouette© Fred KihnPhoto de répétition Une Mouette.Une Mouette féminine d’après Tchékhov,avec Johanna Kothals Altes, Norah Krief,Gilberte de Poncheville, Judith Perillat, etI’inspiratrice Isabelle <strong>La</strong>fon.Chercher le théâtre là où il peut surgir,voilà la quête d’Isabelle <strong>La</strong>fon, à l’origined’Igishanga d’après Jean Hatzfeld, et duJournal d’une autre d’après Anna Akhmatovaet Lydia Tchoukovskaïa. Aujourd’hui,la metteuse <strong>en</strong> scène se p<strong>en</strong>che sur une« vraie » pièce – <strong>La</strong> Mouette de Tchékhov –qui pousse très loin, et de façon magnifique,la question de la représ<strong>en</strong>tation du théâtre :« Oui, il s’agit de théâtre ; d’une famille, lamère est actrice, le fils écrivain, l’amantde la mère écrivain officiel, celle que le filsaime veut être actrice… » Sur le plateaunu, comme le préfère l’écrivain russe, seproduis<strong>en</strong>t non pas les onze personnagesatt<strong>en</strong>dus, mais cinq belles actrices à la prés<strong>en</strong>ceint<strong>en</strong>sém<strong>en</strong>t profonde, des instrum<strong>en</strong>tshumains qui donn<strong>en</strong>t à l’œuvre uneautre résonance. Pour le spectateur, c’estaussi faire partie de la représ<strong>en</strong>tation etconsidérer le théâtre comme dernier abri,quand il s’agit d’art, d’amour et de mort. Ilne faut pas manquer cet audacieux quintetted’exception.V. HotteThéâtre Paris-Villette, Parc de la Villette,211, av<strong>en</strong>ue Jean-Jaurès 75019 Paris.Du 1 er au 15 octobre 2012, mer, sam à 19h30lun, mar, jeu, v<strong>en</strong> à 21h, relâche dim et mardi9 octobre. Tél. 01 40 03 72 23.© Barbara BraunThéâtre des MathurinsConception et MES André Pignat, Géraldine Lonfat, Stéphanie BollShabbathUne interprétation puisant au plus profonddes expéri<strong>en</strong>ces et des émotions.Gros plan<strong>La</strong> compagnie Interface prés<strong>en</strong>te une création pluridisciplinaire sur lesrelations de pouvoir.sant au plus profond de leurs expéri<strong>en</strong>ceset de leurs émotions. Une quête exigeantequi affronte à travers la représ<strong>en</strong>tationdes corps et des voix les contradictionsde la condition humaine, une quête dédiéeau partage <strong>en</strong>tre artistes et public. Shabbathexplore le thème du pouvoir, et lesVoilà vingt ans que la compagnie Interface,née de la r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre André Pignat,Géraldine Lonfat et Nathalie Zufferey,rejoints <strong>en</strong> 2000 par Stéphanie Boll, créeses spectacles très personnels, pluridisciplinaireset fondés sur des recherches puimembresde la compagnie se sont mis àl’épreuve dans la domination ou l’acceptation<strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ant à tour de rôle chef absoludes autres.M<strong>en</strong>eurs et suiveurs<strong>La</strong> manière d’obéir a varié d’un chef à l’autre,et l’expérim<strong>en</strong>tation a impliqué un travail surm<strong>en</strong>eurs et suiveurs, sur les relations de pouvoir,les prisons intérieures de l’un pouvantse confondre avec la volonté d’emprisonnerl’autre. Pouvoir destructeur, pouvoir constructif: le pire et le meilleur jalonn<strong>en</strong>t l’Histoire etles parcours individuels. Le spectacle a étémûri p<strong>en</strong>dant un an, et la transcription desémotions sur la scène a intégré les tourm<strong>en</strong>tshistoriques qui ont meurtri le vingtième siècle,car « revivre le passé avec les tripes », c’est« compr<strong>en</strong>dre son prés<strong>en</strong>t ». Musique, danseet paroles – une voix off faisant <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre desdiscours de leaders politiques du xx e siècle– se combin<strong>en</strong>t afin de représ<strong>en</strong>ter au plusjuste le pouvoir et “l’effondrem<strong>en</strong>t de l’hommepar l’homme”, nourri par la peur. Un spectaclequi <strong>en</strong>gage profondém<strong>en</strong>t ses interprètes.Agnès SantiThéâtre des Mathurins, 36 rue des Mathurins75008 Paris. Tél. 01 42 65 90 00.Depuis le 26 août , les dimanches à 19het les lundis à 21h.VOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.frEncart_Saison_<strong>La</strong>_<strong>Terrasse</strong>-New.indd 1 19/07/12 14:19


danse36 septembre 2012 / N°201 la terrassePrincesse hlmElisabeth TroestlerLian & le lotusCie théâtre de l’ombrelleClandestilandHamed Bouzzine & Ali MerghacheRousseau jugede Jean-JacquesCie l’arbre théâtreAlbatrosCie la pièce montéeDu côté d’AliceCie star théâtreBallet jazz artDanse jazz mixSimhamedB<strong>en</strong>halimaExistePatrice ValéroFantaisie barock’Fantaisies boréalesCie le chi<strong>en</strong>d<strong>en</strong>tDanses du mondeNon stop jeune danseHip-hop is strongMorceaux <strong>en</strong> sucrePascal Ayerbe & Johanne MathalyMusique malgacheRock Rangers CarsonOldelafBête et méchantBarber shop quartetOpus 3Jérémy CharbonnelL’homme idéalou juste un gros connard ?Vinc<strong>en</strong>t RocaVite, ri<strong>en</strong> ne presse !Gustave ParkingDe mieux<strong>en</strong> mieux pareilmjctheatr e .comS A I S O N 2 0 1 2 - 2 0 1 38MJC THEATRE DE COLOMBES96/98 rue st-d<strong>en</strong>is 92700 colombes - 0156838181Espace 1789 / Maison des ArtsChor. Mourad MerzoukiYo Gee TiAtelier de ParisCarolyn Carlsonsaison12 / 13CritiqueUn ballet organique : c’est la volonté de cette pièce signée MouradMerzouki, née de la r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre des danseurs français ettaïwanais.Le spectacle s’ouvre sur un alignem<strong>en</strong>t decorps, aux formes indéterminées, aux évolutionsdignes des colonies d’insectes lesplus organisées. Bêtes à peine sorties deleurs chrysalides, insectes rampants, <strong>en</strong>titésextra-terrestres ? Ils sembl<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dantne constituer qu’un seul corps, mus par uneforce chorégraphique structurant leur formeet ne laissant ri<strong>en</strong> au hasard. Le hasard estune donnée qui semble effectivem<strong>en</strong>t banniedu projet de Mourad Merzouki. Basé pourtantsur la r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre deux groupes qui ne seconnaissai<strong>en</strong>t pas (les danseurs français etceux du Chiang Kai Shek Cultural C<strong>en</strong>ter deTaipei), le spectacle aurait pu livrer son lot desurprises. Il préfère s’appuyer sur la beautéet le ravissem<strong>en</strong>t, pour ne pas dire la séduction,apportée par des danseurs contemporainstaïwanais maîtrisant le mouvem<strong>en</strong>t àla perfection, jusqu’au moindre déploiem<strong>en</strong>tde bras quasi néoclassique, et rivalisantde virtuosité avec les danseurs de hip hop.Ensemble, ils explor<strong>en</strong>t le monde d’<strong>en</strong> bas,fait de reptations, de déplacem<strong>en</strong>ts au sol,d’emmêlem<strong>en</strong>ts de corps, pour mieux décoller<strong>en</strong>suite et libérer le geste vers des <strong>en</strong>voléeslyriques et des portés puissants.Spectacle totalSi mélange il y a, c’est bi<strong>en</strong> dans la recherched’un vocabulaire allant au-delà des stéréotypesdu hip hop – quitte à tomber dans ceux ducontemporain. Mais le voyage à Taiwan a portéses fruits à bi<strong>en</strong> d’autres égards. A défaut defaire s<strong>en</strong>s, le spectacle préfère faire image, etil y parvi<strong>en</strong>t grâce au formidable travail descostumes et de la scénographie, magnifié parles lumières. <strong>La</strong> scène est littéralem<strong>en</strong>t méta-Les danseurs français et taïwanais de Yo Gee Ti <strong>en</strong> pleine démonstration de force.région / lyon / CRÉATION 2012CHORÉGRAPHIE ANGELIN PRELJOCAJ / TEXTE LAURENT MAUVIGIERmorphosée par le travail de la matière-laine,tantôt <strong>en</strong> lourde <strong>en</strong>veloppe, tantôt <strong>en</strong> légersrideaux de fils. Le styliste et designer taïwanaisYohan Ku a sculpté l’espace et les corps,faisant de Yo Gee Ti une symphonie pour lesyeux. <strong>La</strong> pièce oscille <strong>en</strong>tre expéri<strong>en</strong>ces dignesde Nikolais et spectacle total à la façon d’unballet. Un ballet qui ne manque pas de corps,mais dont on chercherait <strong>en</strong> vain l’argum<strong>en</strong>t.Nathalie YokelEspace 1789, 2/4 rue Alexandre-Bachelet,93400 Saint-Ou<strong>en</strong>. Les 29 septembre 2012à 20h30 et le 30 à 17h. Tél. 01 40 11 50 23.Maison des Arts de Créteil, place Salvador-All<strong>en</strong>de, 94000 Créteil. Du 9 au 13 octobre à20h30. Tél. 01 45 13 19 19. Spectacle vu auFestival Montpellier Danse 2012.e Réservez votre billet sur www.journal-laterrasse.frENTRETIEN e ANGELIN PRELJOCAJCE QUE J’APPELLE OUBLIAngelin Preljocaj invite six danseur et un comédi<strong>en</strong> à s’emparer du textede <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Mauvignier.Y a-t-il une par<strong>en</strong>té <strong>en</strong>tre ce projet et votreprécéd<strong>en</strong>t Funambule d’après G<strong>en</strong>et ?Angelin Preljocaj : C’est une sorte d’ext<strong>en</strong>siondu travail que j’ai <strong>en</strong>tamé avecLe Funambule. J’essaye de développer icicette confrontation à l’écriture. Je trouveque l’écriture de <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Mauvignier s’ap-“UNE SORTE DEDÉROULEMENT SENSITIFEN RAPPORT AVECLE TEXTE.”ANGELIN PRELJOCAJ© Michel Cavalca© B<strong>en</strong>oît LineroÀ LA POINTE DU BALLETLE BALLET DU BOLCHOÏ8 BALLETS EXCEPTIONNELS AU CINÉMAEl erizo | Ember © QuintasR<strong>en</strong>dezvous réguliers ouverts à tousautour des chorégraphes invités <strong>en</strong> masterclasseset des artistes <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce de créationOp<strong>en</strong> studio | Journées <strong>en</strong> Compagnie | Immersions | SpectaclesAteliers de pratique amateurs, adultes, <strong>en</strong>fants, par<strong>en</strong>ts-<strong>en</strong>fantsFestival June Ev<strong>en</strong>tsDanse | Paris | Cartoucheriedu 4 au 16 juin 2013Masterclasses professionnellesGermán Jauregui | Mychel Lecocq & Maguy Marin | Jean <strong>La</strong>mbert-wild &Juha Marsalo | Dami<strong>en</strong> Jalet | Carolyn Carlson | Susan Buirge | Lucinda ChildsAlban Richard | Danièle Desnoyers | Meredith MonkNouveau workshop d’été: Summer <strong>La</strong>bRosalind CrispPlus d’informationswww.atelierdeparis.orgAtelier de Paris-Carolyn Carlson < théâtre | studio >Cartoucherie | 75012 Paris | Tél. 01 417 417 07L’Atelier de Paris est membre du CDC Paris Réseau/c<strong>en</strong>tre de développem<strong>en</strong>t chorégraphique(Atelier de Paris, L’étoile du nord, micadanses-ADDP, studio Le Regard du Cygne-AMD XX e )par<strong>en</strong>te d’une certaine manière à celle deJean G<strong>en</strong>et. Il y a quelque chose de direct etde très charnel dans les deux cas. Ce sontdeux textes très porteurs pour la danse,qui réclam<strong>en</strong>t presque à être incarnés. Enmême temps se profile un vrai danger, carils se suffis<strong>en</strong>t à eux-mêmes. Que va apporterla danse, comm<strong>en</strong>t va-t-elle pouvoir êtreune partition supplém<strong>en</strong>taire plutôt qu’uneillustration plate et <strong>en</strong> dessous de la forcedu texte ?Comm<strong>en</strong>t néanmoins allez-vous appréh<strong>en</strong>derla narration ?A. P. : Ce que je vais développer avec la danseva se situer au niveau de la s<strong>en</strong>sation, unesorte de déroulem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>sitif <strong>en</strong> rapport avecle texte, plutôt qu’un déroulé narratif linéaireet descriptif de l’action. Je considère chacundes personnages comme une <strong>en</strong>tité. L’histoirese passe dans un c<strong>en</strong>tre commercial, et montrecomm<strong>en</strong>t quelqu’un de la marge est reçudans le c<strong>en</strong>tre. Ce rapprochem<strong>en</strong>t est vouéà l’échec, et je trouve cela très intéressant àtravailler.Ce texte viol<strong>en</strong>t exprime une vision dumonde. Cet aspect est-il rev<strong>en</strong>diqué parvous, ou dilué dans l’abstraction de ladanse ?A. P. : Pour moi c’est un texte politique. Il esttiré d’un fait réel qui montre une situationsociale sidérante. J’ai <strong>en</strong>vie de m’<strong>en</strong> emparerpour ces raisons. Il y a quelque chose dansnotre société actuelle, dans la façon dontles choses se développ<strong>en</strong>t, qui m’inquiète,qui m’interroge, qui me répugne parfois. Cespectacle touche aussi à ma vie personnellede citoy<strong>en</strong>.Propos recueillis par Nathalie YokelThéâtre des Célestins. Lyon. Du 15 au21 septembre 2012.Théâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-Yvelines,place Georges Pompidou, Montigny-le-Bretonneux, Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-Yvelines.Les 28 et 29 septembre à 20h30.Tél. 01 30 96 99 00.e Réagissez et blogguez sur www.journal-laterrasse.frSAISON 2012-2013En direct de Moscou au cinémaINFO ET RÉSA SUR PATHELIVE.COMRéagissez et blogguez sur www.journal-laterrasse.frPub-<strong>La</strong><strong>Terrasse</strong>-01.indd 2 28/08/12 16:14


38 danse septembre 2012 / N°201 la terrasseMCB˚SAISNHRS LESMURSDANSE/VIDÉOPORTRAITSDANSÉSPHILIPPE JAMETDU AU OCT DU AU OCTÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ART: :Maison des Arts de CréteilChor. Anne Nguy<strong>en</strong>CritiqueProm<strong>en</strong>ade obligatoireVoici un mom<strong>en</strong>t que l’on s<strong>en</strong>tait chez Anne Nguy<strong>en</strong> une captivantesingularité. Ne cherchons plus, c’est dans Prom<strong>en</strong>ade obligatoire qu’ellepr<strong>en</strong>d <strong>en</strong>fin tout son s<strong>en</strong>s, dans un spectacle où le geste hip hop devi<strong>en</strong>tpour la première fois <strong>en</strong>voûtant.<strong>La</strong> discrète Anne Nguy<strong>en</strong> s’était fait remarquerdès son premier solo, où elle mettait beaucoupd’elle-même : Racine carré levait le voile sur sonesprit mathématique, sur son s<strong>en</strong>s de l’espace,et sur sa posture de breakeuse. Peu de femmesissues de la sphère hip hop, <strong>en</strong>core aujourd’hui,parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à affirmer leur singularité parmi leschorégraphes reconnus issus des collectifs dela première génération. Anne Nguy<strong>en</strong> vi<strong>en</strong>t dedémontrer sa capacité à porter une véritableœuvre de groupe, extrêmem<strong>en</strong>t dansée, et toutautant ancrée dans « l’ess<strong>en</strong>ce du hip hop » parun propos et un discours exclusivem<strong>en</strong>t tournésvers son art. Sa Prom<strong>en</strong>ade obligatoire est unepièce pour huit interprètes : ceux-ci vont s’élancerdans une heure de flux ininterrompu, nonpas une flânerie, comme pourrait le suggérerle titre, mais une marche savamm<strong>en</strong>t ordonnéesans autre but que la traversée du plateau.Un élan qui nous emporteAnne Nguy<strong>en</strong> a <strong>en</strong> effet composé le spectacleautour d’un parti pris radical : la traversée,de jardin à cour, et de profil, des danseurs lesuns après les autres. Seul maître mot, le pop,une technique gestuelle propre au hip hop etfaite d’arrêts, de blocages et d’isolations. Leurprom<strong>en</strong>ade a tout de suite quelque chosed’inexorable, tous <strong>en</strong>semble t<strong>en</strong>dus vers unecause commune. Ri<strong>en</strong> ne les arrête, pris dansune progression qui s’int<strong>en</strong>sifie à chaque nouvelle<strong>en</strong>trée. <strong>La</strong> chorégraphe, prise dans sescontraintes, ne leur laisse aucune échappatoire.C<strong>en</strong>tre PompidouConception Jérôme BelDisabled TheaterProm<strong>en</strong>ade Obligatoire sur le plateau de la Bi<strong>en</strong>nalede Danse du Val-de-Marne.Elle s’<strong>en</strong> délecte <strong>en</strong> réinv<strong>en</strong>tant chaque nouvelleapparition, <strong>en</strong> complexifiant l’ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t despassages, des arrêts, des ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>ts, et dela gestuelle qui évolue et se libère. Les couloirssolitaires appell<strong>en</strong>t à des cheminem<strong>en</strong>ts degroupe, mais révèl<strong>en</strong>t la singularité de chaqueinterprète : un très beau casting qui, loin d’êtreformaté, porte à bras le corps les élans de cetteprom<strong>en</strong>ade, et le public avec.Nathalie YokelMaison des Arts de Créteil, place Salvador-All<strong>en</strong>de, 94000 Créteil. Le 28 septembre 2012à 20h30. Tél. 01 45 13 19 19.CritiqueLe spectacle de Jérôme Bel est une collaboration avec le Theater Hora,compagnie suisse composée d’acteurs handicapés m<strong>en</strong>taux. Une miseau jour de personnalités polluée par un procédé contreproductif.© Philippe GramardLA DANSE AU SOMMETNEDERLANDS DANS THEATER4 SOIRÉES EN DIRECT AU CINÉMAÉcrit par Philippe Jamet, Didier Jacquemin, Philippe DemardRéalisation, prise de vue, chorégraphie Philippe JametConcept vidéo, montage et fresques Philippe DemardAvec Patrick Harlay, Nikola Kriskova, Philippe Lebhar, Stéphanie PignonCoproduction Groupe Clara Scotch ; MCB° Bourges ; Théâtre national de Chaillot ; C<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>ational de la Danse à Pantin ; Odéon-Théâtre de l’Europe avec Culture France ; Théâtre duMerlan, scène nationale de Marseille ; Théâtre Granit, scène nationale de Belfort ; Contre-Jour,CCN de Franche-Comté ; Théâtre de Brétigny, scène conv<strong>en</strong>tionnée Val d’Orge ; DSN-Dieppescène nationale ; CDRC-Le Lieu Unique à Nantes ; Le Channel, scène nationale de Calais ;Maison des Métallos à Paris ; Fondation Roma Europa ; Rhurfestspiel Recklinghaus<strong>en</strong>. Avec lesouti<strong>en</strong> du Conseil régional d’Ile-de-France. Avec la collaboration des services culturels desAmbassades de France, le souti<strong>en</strong> du Gouvernem<strong>en</strong>t Nouvelle-Calédonie et du Secrétariatd’Etat à l’outre-mer. Avec le souti<strong>en</strong> de la SACD.MAISOND E LACULTUREDE BOURGESCLICWWW.MCBOURGES.CMSCÈNENATINALECENTRED E CRÉATINALLO Ils sont onze, tous comédi<strong>en</strong>s, et tous porteurs dehandicaps m<strong>en</strong>taux. Jérôme Bel leur donne unevisibilité, fait de ces hommes et de ces femmesle sujet de la pièce, portant avec minimalismeet simplicité ces singularités sur le devant dela scène. Mais ce qui pouvait faire par exemplede Véronique Doisneau ou de Cédric Andrieux,deux précéd<strong>en</strong>tes pièces, de véritables incursionsdans le « monde de l’autre », avec un travailsur le mode de représ<strong>en</strong>tation et sur les codesthéâtraux, ne fonctionne pas dans DisabledTheater. Si l’on applaudit à tout rompre à la findu spectacle, c’est pour saluer la générosité desinterprètes, tous au meilleur de ce que peut leurdemander Jérôme Bel. L’ambival<strong>en</strong>ce vi<strong>en</strong>t précisém<strong>en</strong>tde la demande, qui ponctue la pièce :chaque séqu<strong>en</strong>ce s’ouvre par la formulation, viason assistante et traductrice, des demandes deJérôme Bel à l’<strong>en</strong>contre de ces acteurs. Une foisdite, ils y répond<strong>en</strong>t un par un.R<strong>en</strong>dre visibleA ce petit jeu de « Jacques a dit », le procédé seretourne vite contre lui-même, faisant de JérômeBel le démiurge, le grand ordonnateur de lareprés<strong>en</strong>tation, face à une famille d’exécutants.En voulant abolir les distances via un regardsimple et décomplexé porté sur ces acteurshandicapés, à travers des questions veillant àLes acteurs handicapés de Disabled Theater.les dévoiler, c’est une distance énorme qui secrée, creusée par le rapport créateur-créaturesque le procédé met à jour. Brillamm<strong>en</strong>t, JérômeBel désamorce toute espèce de critique <strong>en</strong> lesfaisant formuler par les acteurs eux-mêmes.A sa demande, ils nous livr<strong>en</strong>t les impressionslaissées par leurs par<strong>en</strong>ts après avoir assisté auspectacle. <strong>La</strong> dureté des propos n’étonne qu’àpeine. En privilégiant cette position pour s’emparerde la question du handicap, Jérôme Bel neparvi<strong>en</strong>t pas à questionner notre regard, pire, ilr<strong>en</strong>d vaine la nécessité de sa démarche.Nathalie YokelC<strong>en</strong>tre Pompidou, place Georges-Pompidou,75004 Paris. Du 10 au 13 octobre 2012 à 20h30.Tél. 01 44 78 12 33. Spectacle vu au Festivald’Avignon 2012.VOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fr© Michael BauseSAISON 2012-2013En direct de <strong>La</strong> Haye au cinémaINFO ET RÉSA SUR PATHELIVE.COM


42 danse septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 danse 43ROBYN ORLINBEAUTY REMAINEDFOR JUST A MOMENTTHEN RETURNEDGENTLY TO HER STARTINGPOSITION...8, rue des Anci<strong>en</strong>nes-Mairies 92000 NanterreCréation – Première <strong>en</strong> Ile-de-FranceJeudi 11 et v<strong>en</strong>dredi 12octobre 2012 à 20h30<strong>La</strong> chorégraphe sud-africaine r<strong>en</strong>d hommage à cestribus d’Afrique qui tir<strong>en</strong>t de « la grande armoire deMère Nature » des accessoires rituels à faire pâlird’<strong>en</strong>vie les plus grands créateurs de mode.Et aussi Une heure avec Robyn OrlinR<strong>en</strong>contre inédite avec la chorégraphe sud-africaineMardi 9 octobre 2012 à 19hRéservation au 39 92Location par internet :www.nanterre.fr/<strong>en</strong>vies/cultureou www.fnac.comAccès RER AStation Nanterre-VilleSortie n°3, rue Maurice-Thorez(7 min. à pied)Rejoignez la Maisonde la musique sur facebookphoto : John HoggBi<strong>en</strong>nale de la Dansede LyonThéâtre national de Chaillotchor. Paul-André FortierSolo 30x30Réagissez et blogguez sur www.journal-laterrasse.frGros planL’Esplanade du Trocadéro comme espace de danse : Paul-André Fortier ydansera tous les jours à 18 h, du 21 septembre au 20 octobre. Accès libre !Paul-André Fortier est l’un des grands nomsde la danse contemporaine au Québec, depuisles années 1970. Sa danse, précise et int<strong>en</strong>se,souv<strong>en</strong>t empreinte d’une forme de théâtralité,s’est souv<strong>en</strong>t révélée dans des solos marquants,qui ont fait le tour du monde. Sa démarche secaractérise aussi par un jeu subtil d’interrogationdes codes et des habitudes du monde de ladanse, remettant <strong>en</strong> question les façons de faireet les modes de relation au public. Depuis 2006,Paul-André Fortier parcourt les contin<strong>en</strong>ts avecune œuvre étonnante, qui s’inscrit dans la durée– il ne la donne que s’il peut assurer 30 jours dereprés<strong>en</strong>tations consécutives dans chaque lieud’accueil ! – et dans l’espace urbain : <strong>en</strong> extérieur,sous la pluie ou le soleil, face aux regardsadmiratifs ou interloqués.Danse in situSes gestes dialogu<strong>en</strong>t avec les bâtim<strong>en</strong>ts, sasilhouette résonne avec les rues et s’imprègnede l’atmosphère urbaine, nous invitant à porterun regard nouveau sur les lieux a priori banals :ponts, parvis, espaces de transit… Loin des artificesde la scène, la force et la fragilité du corpss’exprim<strong>en</strong>t ici de façon radicale. C’est aussil’occasion, pour qui le souhaite, de modifier seshabitudes de spectateur <strong>en</strong> jouant le jeu derev<strong>en</strong>ir voir le solo, pour le redécouvrir dans unelumière, une température, une ambiance autres.Une expéri<strong>en</strong>ce qu’il nous est rarem<strong>en</strong>t donnéde m<strong>en</strong>er dans le monde de la danse… Ce « solosur 30 jours » est aussi, à chaque fois, l’occasionPaul-André Fortier à Montréal.Gros plan<strong>La</strong> 15 e édition de la Bi<strong>en</strong>nale de Danse de Lyon, haut lieu de la créationchorégraphique mondiale, propose une programmation foisonnante, auxesthétiques contrastées.Dix-neuf créations dont quinze premières mondialessont à découvrir, et parmi elles huit résid<strong>en</strong>cesde création ont été finalisées à Lyon. <strong>La</strong>Bi<strong>en</strong>nale se caractérise aussi par les multiplestemps d’échanges organisés avec le public,conjuguant un volet réflexif et critique, nourri der<strong>en</strong>contres avec des artistes, des philosophes,des universitaires, et un volet participatif et festif,riche de mom<strong>en</strong>ts ludiques, avec les bals, lesdéfilés, et un Battle hip hop des <strong>en</strong>fants trèsatt<strong>en</strong>du. A la tête du Festival et de la Maisonde la Danse depuis l’été 2011, Dominique Hervieus’attache à mêler approches s<strong>en</strong>sibles etintellectuelles, afin d’élargir la participation dupublic et de proposer diverses manières d’appréh<strong>en</strong>derl’art et les processus de création.Divers cheminem<strong>en</strong>ts<strong>La</strong> programmation permet de choisir divers cheminem<strong>en</strong>ts; l’un est relié à l’Asie avec les musiqueset danses balinaises issues du village deSebatu, qui avai<strong>en</strong>t subjugué Antonin Artaud <strong>en</strong>1931, avec aussi le rituel exceptionnel de UshioAmagatsu, les solos de la danseuse Kaori Ito,l’univers s<strong>en</strong>soriel de Hiroaki Umeda, le hip hopjaponais de Mortal Combat, Former Aktion etRepoll : FX. Une autre thématique est développée: le récit, le rapport <strong>en</strong>tre danse et littérature,« signe d’une transdisciplinarité de plus <strong>en</strong> plusstimulante, où la danse influ<strong>en</strong>ce les autres arts ».David Bobee, Angelin Preljocaj, Raphaël NavarroUne nouvellecréation d’UshioAmagatsu à Lyon.et Clém<strong>en</strong>t Debailleul, Rachid Ouramdane, DadaMasilo… « Une œuvre répond à l’autre, une architecturede l’inatt<strong>en</strong>du se construit à l’intérieurd’une forme de cohér<strong>en</strong>ce. Plus que chaque œuvrepour elle-même, les li<strong>en</strong>s et les oppositions <strong>en</strong>treles œuvres cré<strong>en</strong>t une attitude d’ouverture, decompréh<strong>en</strong>sion », souligne Dominique Hervieu.Une fête de l’imaginaire !Agnès Santi15 e Bi<strong>en</strong>nale de la Danse de Lyon,3 rue du Présid<strong>en</strong>t-Edouard-Herriot,69001 Lyon. Du 13 au 30 septembre 2012. Tél. 0427 46 65 65. www.bi<strong>en</strong>naledeladanse.compour le chorégraphe de créer des r<strong>en</strong>contres –non seulem<strong>en</strong>t avec les spectateurs, mais avecd’autres artistes, invités à se mettre <strong>en</strong> relationavec sa proposition. Au Théâtre national deChaillot, cette invitation pr<strong>en</strong>dra notamm<strong>en</strong>t laforme d’ateliers d’écriture ouverts à tous, avecl’écrivain Jacques Ser<strong>en</strong>a.Marie ChavanieuxThéâtre national de Chaillot, 1 place duTrocadéro, 75116 Paris. Sur l’esplanadedu Trocadéro, accès libre. Du 21 septembreau 20 octobre 2012, tous les jours à 18h.Ateliers d’écriture avec Jacques Ser<strong>en</strong>a : les 6et 7 octobre de 10h à 17h. Tél. 01 53 65 30 00.© Elian Bachini© Philippa Favreau© Vinc<strong>en</strong>t Cavaroc© KNIThéâtre de la Cité InternationaleConception Xavier Le RoyLow PiecesMaison des Arts de CréteilLes Plateaux –20 e éditionC’est toujours le même esprit qui guide lesPlateaux : découvertes, foisonnem<strong>en</strong>t, petiteset grandes formes qui se télescop<strong>en</strong>t pourdeux jours d’int<strong>en</strong>se activité chorégraphique.Basse Danse, un des projets prés<strong>en</strong>tés aux PlateauxdC<strong>en</strong>tre de Développem<strong>en</strong>t chorégraphique du Valde-Marne.Même si Les Plateaux sont désormais resserréssur un seul lieu – la Maison des Arts deCréteil – ri<strong>en</strong> n’empêche ces créations, extraitsde spectacle ou performances de trouver unejuste place dans la manifestation, qui promeutla vitalité de la création chorégraphiqueactuelle. Dès le v<strong>en</strong>dredi, réservé aux professionnels,c’est l’occasion de découvrir descréateurs v<strong>en</strong>us du nord : le norvégi<strong>en</strong> GunhildBjørnsgaard prés<strong>en</strong>te Thousand Rooms,tandis que le néerlandais Arno Schuitemakerdonne son Fifte<strong>en</strong> Project. Si cette journéeest particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> remplie, il faut sedonner la peine de prolonger jusqu’au soir.C’est là qu’on peut découvrir le nouveau projetde Stéphanie Aubin, Ambi<strong>en</strong>te, et l’excell<strong>en</strong>t<strong>en</strong>otre article). Le l<strong>en</strong>demain, autour de ToméoVergès et d’Yvann Alexandre, sont représ<strong>en</strong>tésdes pays comme la Hongrie, la Suède, Taiwanou la Belgique.N. YokelMaison des Arts, place Salvador-All<strong>en</strong>de,94000 Créteil. Le 28 septembre 2012 à partirde 10h30, et le 29 à partir de 10h.Tél. 01 45 13 19 19.Théâtre national de Chaillotchor. Système CastafioreLes Chantsde l’UmaïChants, danses, images, hologrammes…Le Système Castafiore nous <strong>en</strong>traîne dans ununivers foisonnant.Marcia Barcellos dans Les Chants de l’Umaï.Marcia Barcellos, danseuse-chorégraphe, etKarl Biscuit, metteur <strong>en</strong> scène et compositeur,ont créé la compagnie Système Castafiore <strong>en</strong>1989. Anci<strong>en</strong>s du collectif Lolita, ils sont aussitous deux passés chez Alwin Nikolais : ils <strong>en</strong> ontgardé un goût prononcé pour le mélange desg<strong>en</strong>res. Les illusions et les collages, sonores etgestuels, sont dev<strong>en</strong>us leur marque de fabrique :Prom<strong>en</strong>ade obligatoire d’Anne Nguy<strong>en</strong> (voirTél : 01 46 61 36 67Réservez votre billet sur www.journal-laterrasse.frCritiqueUne œuvre qui échappe totalem<strong>en</strong>t aux conv<strong>en</strong>tions de la représ<strong>en</strong>tationdu mouvem<strong>en</strong>t dansant, et qui <strong>en</strong>globe son propre discours réflexif. Unemagistrale métamorphose des corps et des regards.On ne ressort pas indemne de Low Pieces, créél’année dernière par Xavier Le Roy, tant la chargepuissante des corps embarque dans un voyageflottant, vite balayé par la mise <strong>en</strong> place d’unéchange systématique avec le public. C’est ainsique Xavier Le Roy a composé le spectacle : desséqu<strong>en</strong>ces de danse où prime le corps, mis ànu sans aucun artifice spectaculaire, musicalou scénographique, <strong>en</strong>trecoupées par desmom<strong>en</strong>ts de dialogue à bâtons rompus <strong>en</strong>trele spectateur et les neufs performeurs. L’exercicede style est périlleux, et peut vite tournerau vinaigre tant le regard est questionné, autantque la place du spectateur, dans une forme d’inconfortqui porte au malaise. Il peut adv<strong>en</strong>ir à cemom<strong>en</strong>t-là que le spectacle soit dans la salle,situation regrettable quand on songe à ce qui sepasse sur scène. Sur le plateau, les propositionsL’étrangeté des performeurs de Low Pieces, pièce deXavier Le Roy.© Karl Biscuitchorégraphiques de Xavier Le Roy sont <strong>en</strong> effetun phénomène à elles toutes seules.Le corps fixateur des dualitésde notre mondeRadicales, sans concessions, elles montr<strong>en</strong>t,dans la veine de son solo Self unfinished écrit<strong>en</strong> 1998, les métamorphoses du corps débarrasséde tout vocabulaire gestuel, de tout code,de toute technique, de tout artifice et de toutapparat. Les danseurs progress<strong>en</strong>t <strong>en</strong> unesorte d’informe communauté, à peine humaine,parfois végétale, parfois minérale, quand ell<strong>en</strong>’est pas carrém<strong>en</strong>t animale ou mécanique. Ilsmaîtris<strong>en</strong>t les états de corps à la perfection,évoluant dans des paysages flottants, écrivantune poésie singulière du corps où celui-cidonne la s<strong>en</strong>sation d’échapper à tout, tout <strong>en</strong><strong>en</strong>globant le monde. Chaque scène fait image,provoque le regard, et donne à voir des possibilitésd’être au monde dans des comportem<strong>en</strong>tset des modes de relations spécifiques. A ce jeu,Xavier Le Roy touche. Il interroge les dualitésobjet-sujet, humain-non humain, r<strong>en</strong>verse lescorps et les regards et questionne notre propreposition. Tout comme dans les mom<strong>en</strong>ts de dialogue,où finalem<strong>en</strong>t nos modes de communicationet d’être <strong>en</strong>semble étai<strong>en</strong>t mis à mal…Nathalie YokelThéâtre de la Cité Internationale, 21 boulevardJourdan, 75014 Paris. Du 15 au 20 octobre 2012à 20h30, relâche le mercredi. Tél. 01 43 13 50 50.Spectacle vu au Festival d’Avignon 2011.e Blogguez sur www.journal-laterrasse.frDu 2 au 7 octobre 2012Une nuit balinaiseArtaud / Bali


44 danse septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 danse 45SAISONDANSEMOURAD MERZOUKI— — — — — — — — — — — — — — —MAGUY MARINET DENIS MARIOTTE— — — — — — — — — — — — — — —ABOU LAGRAA— — — — — — — — — — — — — — —CFB 451 - CHRISTIANET FRANÇOIS BEN AÏM— — — — — — — — — — — — — — —HÉLA FATTOUMIET ERIC LAMOUREUX— — — — — — — — — — — — — — —THIERRY THIEÛ NIANG— — — — — — — — — — — — — — —YUVAL PICKinformations,réservationsespace-1789.com01 40 11 50 23tarifs:13€ 9€ 8€terrasse.indd 1 26/07/12 19:4012- 16 rue de la libération95880 Enghi<strong>en</strong>-les-Bainsun succès qui ne se dém<strong>en</strong>t pas depuis plus devingt ans. Dans Les Chants de l’Umaï, MarciaBarcellos – superbe interprète, dont il faut v<strong>en</strong>iradmirer la puissance et la fluidité – incarne unefemme matrice de l’univers, synthèse de divinitésarchaïques, égalem<strong>en</strong>t évoquées par deschants v<strong>en</strong>us d’Inde et d’Afrique. Un hommagevibrant à la féminité, dans une atmosphère à lafois proche et lointaine. M. ChavanieuxThéâtre national de Chaillot,1 place du Trocadéro, 75116 Paris.Les 4 et 5 octobre à 20h30, le 6 octobre à 17h.Tél. 01 53 65 30 00.L’Ondechor. Andrés MarinLes chantsdu retourUne nouvelle étape pour Andrés Marin, legrand nom du flam<strong>en</strong>co contemporain.Andrés Marin, la puissance cont<strong>en</strong>ue.Fluide et puissant, Andrés Marin nous <strong>en</strong>traînedans un univers crépitant, qui ne laisse personnede marbre : à la fois profondém<strong>en</strong>tconnaisseur de la tradition et des techniquesreconnues, et inv<strong>en</strong>teur d’un style personnel, ilnous donne l’étonnante impression de retrouverune danse que l’on connaît tout <strong>en</strong> étantperpétuellem<strong>en</strong>t surpris. Son travail se caractéris<strong>en</strong>otamm<strong>en</strong>t par la subtilité des li<strong>en</strong>s qu’ilmet <strong>en</strong> valeur <strong>en</strong>tre danse et chant. Sa nouvellepièce, Les chants du retour (Ida y vuelta),est une nouvelle étape dans cette recherchequi l’anime depuis plus de vingt ans : il invitecette fois le chanteur Arcangel, une figure dela nouvelle génération de chanteurs flam<strong>en</strong>co.Un concert dansé qui s’annonce ard<strong>en</strong>t, et quisera précédé d’une confér<strong>en</strong>ce, destinée à ceuxqui souhait<strong>en</strong>t découvrir de façon plus précisel’univers du flam<strong>en</strong>co et l’histoire des chantsd’Ida y vuelta.M. ChavanieuxL’Onde, 8 bis av<strong>en</strong>ue Louis-Breguet,78140 Vélizy Villacoublay. Le 29 septembreà 21h (confér<strong>en</strong>ce à 19h). Tél. 01 34 58 03 35.Théâtre des Bouffes du NordChorégraphie Min TanakaLocus FocusLe nom de Min Tanaka est indissociable decelui de Tatsumi Hijikata. Disciple du père dubutô, Min Tanaka revi<strong>en</strong>t aujourd’hui au Festivald’Automne pour une performance inédite.Sa dernière apparition au Festival d’Automnedate de 1975. Depuis, Min Tanaka n’a pas abandonnéles principes et l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de sonmaître Tatsumi Hijikata, fondateur du butô,même s’il est passé par la culture de la terre.« Je ne suis pas un danseur professionnel, jesuis un fermier », déclare-t-il. Sa performanceLocus Focus démontre parfaitem<strong>en</strong>t qu’il estpossible d’<strong>en</strong>visager les deux, et que l’un etl’autre se réponde. Le projet est profondém<strong>en</strong>tlié à l’espace qu’il investit, où chaque pas, chaques<strong>en</strong>sation se réinv<strong>en</strong>te dans l’expressionmême du lieu. En solo, le japonais réécrit lespoèmes de son corps, traversé par un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ts<strong>en</strong>sible, connecté aux vibrations del’univers par une écoute minutieuse de l’espaceet du temps. N. YokelThéâtre des Bouffes du Nord,37 bis boulevard de la Chapelle, 75010 Paris.Le 21 septembre 2013 à 20h30, le 22 à 15h30et 20h30. Tél. 01 46 07 34 50.© Bernard Hiribarr<strong>en</strong>Théâtre de la Villechor. Thierry Thieû Nianget Jean-Pierre Moulères…du printemps !Vingt-cinq amateurs âgés de plus de 65 ansnous <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t dans une ronde saisissante,qui questionne dans le même mouvem<strong>en</strong>t l’histoirede la danse et la mémoire du corps.Une chorégraphie magnétique, portée par des corps<strong>en</strong>gagés.Le Sacre du Printemps de Nijinski et Stravinskiaura 100 ans <strong>en</strong> 2013. C’est l’occasion,tout au long de la saison, de célébrer cetteœuvre marquante par de nombreuses relectures.Celle de Thierry Thieû Niang et Jean-Pierre Moulères s’intitule… du printemps ! Néed’un projet d’atelier avec des amateurs, elle afait l’événem<strong>en</strong>t lors du festival d’Avignon <strong>en</strong>2011. Sur la figure de la ronde, de la spirale,induisant à la fois la force de la communauté,du c<strong>en</strong>tre, et la fatigue, les 25 « s<strong>en</strong>iors » participantà la tournée nous <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t dansune réflexion sur les âges du corps. PatriceChéreau participe à ce projet étonnant, <strong>en</strong>lisant des écrits de Nijinski qui évoque, dansses cahiers, la question de la marche et de lacourse : une réflexion poétique sur les saisons,la mémoire et l’infini retour. M. ChavanieuxThéâtre de la Ville, 2 place du Châtelet,Paris 4 e . Du 10 au 20 septembre à 20h30(dimanche 16 septembre à 15h).Tél. 01 42 74 22 77.Opéra national de Paris3 ballets de George BalanchineGeorgeBalanchine<strong>La</strong> saison du Ballet de l’Opéra comm<strong>en</strong>ceavec une soirée consacrée à trois balletsemblématiques du grand chorégraphe d’originerusse.Le Ballet de l’Opéra national de Paris dans Sérénade,de Balanchine.Formé à Saint-Petersbourg, danseur dansles Ballets Russes de Diaghilev de 1924à 1929, créateur complice de Stravinski,fondateur du New York City Ballet, GeorgeBalanchine est un artiste marquant du xx esiècle, et un grand nom du « néoclassicisme »<strong>en</strong> danse. L’Opéra nous invite à le redécouvriravec trois pièces fondam<strong>en</strong>tales : Sérénade(1934), magnifique pièce abstraite et épurée,sur la musique de Tchaikovski ; Agon (1957)qui témoigne de l’incroyable fécondité desli<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre Stravinski et le chorégraphe, etLe Fils prodigue (1929), inspiré de l’histoirebiblique, sur une musique de Prokofiev. Les24 et 26 septembre, la soirée s’ouvrira avec ledéfilé du ballet de l’Opéra, qui prés<strong>en</strong>te tousles élèves de l’école et tous les danseurs, despetits rats aux étoiles. M. ChavanieuxOpéra national de Paris, Palais Garnier,place de l’Opéra, 75 Paris. Du 24 septembreau 18 octobre, 11 représ<strong>en</strong>tations à 19h30.Tél. 08 92 89 90 90.VOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fr© Icare / Opéra national de Paris © Jean-Louis Fernandez© Patrick Coh<strong>en</strong>Région / BourgesEntreti<strong>en</strong> e Philippe JametPhilippe Jamet, artisteassociéTout au long de la saison, Philippe Jamet fait vivre le projet de la Maisonde la Culture de Bourges à l’extérieur, à travers une démarche artistiquefaite de r<strong>en</strong>contres et de créations.On vous retrouve à Bourges avec les fameuxPortraits Dansés…Philippe Jamet : Les Portraits Dansés ontconstitué une bonne <strong>en</strong>trée <strong>en</strong> matière, à lafois dans mon travail, et <strong>en</strong> même temps dansle li<strong>en</strong> avec le territoire. Ce sont des portraitsdes habitants du monde, déjà réalisés dansquinze pays. J’y interroge des hommes et desfemmes de tous âges, chez eux, sur ce quePhilippe Jamet, artiste associé à la Maison de laCulture de Bourges.c’est que l’amour, le bonheur, le malheur, lapeur, l’espoir. Et à chaque fois qu’ils me répond<strong>en</strong>tquelque chose, je leur demande de danserce qu’ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de dire. Et mes danseursrepr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t eux-mêmes les gestes des g<strong>en</strong>ssur ces thématiques pour leurs propres soli.J’ai filmé des habitants de Bourges, des dét<strong>en</strong>usà la Maison d’arrêt… C’est un moy<strong>en</strong> defaire un travail avec les habitants de la ville etde les relier à des g<strong>en</strong>s du monde <strong>en</strong>tier. J’aitrouvé que c’était intéressant dans le cadredu projet d’Olivier Atlan, qui n’est pas simplem<strong>en</strong>td’élaborer une programmation, maisd’aller à la r<strong>en</strong>contre des publics, de créer uneeffervesc<strong>en</strong>ce dans la ville.Parmi vos autres projets, y a-t-il une formeplateau qui naîtra de votre prés<strong>en</strong>ce àBourges ?P. J. : Oui, une création intitulée Travail seraprés<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> mars. C’est un projet qui a étéréalisé dans six villes françaises, et a consistéà filmer dans chacune trois hommes et troisfemmes sur la question : quel s<strong>en</strong>s a le travailThéâtre des Champs-Elyséesgala internationalGala des étoilesdu xxi e siècleLe grand gala international de danse sedéroule chaque année à Paris depuis 1998.Les amateurs de danse classique trouverontleur bonheur au Gala des étoiles du xxi esiècle : les danseurs étoiles de compagniesprestigieuses du monde <strong>en</strong>tier s’y produis<strong>en</strong>t,et cette série de représ<strong>en</strong>tations est, pourplusieurs d’<strong>en</strong>tre eux, leur première v<strong>en</strong>ue <strong>en</strong>France. Le Gala cherche aussi à faire découvrirde jeunes solistes aux débuts prometteurs.Au sein de pas de deux du répertoire,mais aussi de pièces contemporaines, voirede créations, ils nous font voyager dans différ<strong>en</strong>tesfaçons d’habiter et d’animer la techniqueacadémique : de New York à Berlin, de© D. R.dans votre vie ? On a créé six séries de filmssur le travail, accompagnés d’une installationinteractive et d’un spectacle, où troisdanseurs r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t trois travailleurs, surle plateau.Quelle idée du travail avez-vous <strong>en</strong>vie demettre au jour à travers ce projet ?P. J. : Vaste sujet ! Je n’ai pas d’idée préconçueà développer <strong>en</strong> particulier. J’ai interviewédes g<strong>en</strong>s parce que je me pose moi-même“aller à la r<strong>en</strong>contredes publics, créerune effervesc<strong>en</strong>cedans la ville.”Philippe Jametdes questions sur mon travail. Nous sommestous confrontés à cette idée de r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t, àcette idée que l’être humain n’a plus autantd’importance que ça dans le monde du travail.En questionnant les g<strong>en</strong>s, je ne ti<strong>en</strong>s pasdu tout compte de ce qu’ils font, je ne parlepas de leur profession, mais plutôt du s<strong>en</strong>sque le travail revêt dans leur vie. C’est uneparole libre, sans questionnaire préétabli. Jem’éloigne de toute démarche sociologique.Je crée des projets qui t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de répondreà mes questionnem<strong>en</strong>ts. Mon travail s’ancrebeaucoup dans les territoires. C’est le cas desprojets <strong>en</strong> cours : une création pour une vingtained’amateurs, qui va se jouer dans l’anci<strong>en</strong>dortoir d’une abbaye, mais aussi notre projetde festival à Bourges, Les Epiphanies, quiaura lieu dans la ville, peut-être même chezdes commerçants.Propos recueillis par Nathalie YokelPortraits dansés, Ecole Nationale Supérieured’Art, rue E.-Branly à Bourges. Du 4 au10 octobre 2012 à 18h et 20h15, relâche le 7.Travail, Auditorium. Du 5 au 9 mars 2013 à 20h.Création amateur, C<strong>en</strong>tre culturel de r<strong>en</strong>contrede l’Abbaye de Noirlac. Les 18 et 19 mai 2013.Les Epiphanies, le 6 juin 2013 à Bourges.Maison de la Culture, Place André Malraux,Bourges. Tél. 02 48 67 74 78.e Réservez votre billet sur www.journal-laterrasse.frHélène Bouchet et Thiago Bordin, du Ballet deHambourg.Hambourg à la Flandre, ce sont différ<strong>en</strong>tess<strong>en</strong>sibilités, mais aussi différ<strong>en</strong>tes formationsqui s’exprim<strong>en</strong>t. Le programme de cetteédition 2012 est particulièrem<strong>en</strong>t attirant,avec des chorégraphies de Jules Perrot, JohnNeumeier, Christopher Wheeldon, MauriceBéjart, William Forsythe… M. ChavanieuxThéâtre des Champs-Elysées,15 av<strong>en</strong>ue Montaigne, 75008 Paris.Les 21 et 22 septembre à 20h, le 23 septembreà 16h. Tél. 01 49 52 50 50.Ecrire à la rédaction-administration : la.terrasse@wanadoo.fr


classique46 septembre 2012 / N°201 la terrasseEntreti<strong>en</strong> e D<strong>en</strong>is Raisin Dadre et Kudsi ErgunerFestival d’Île-de-FranceEglise de Saint-Sulpice-de-Favières, Saint-Sulpice-de-Favières (91910)Les croisem<strong>en</strong>tsdu BosphoreComplices de longue date, D<strong>en</strong>is Raisin Dadre, directeur de l’<strong>en</strong>sembleDoulce mémoire, et Kudsi Erguner, grand virtuose du Ney, directeurd’un <strong>en</strong>semble qui porte son nom, crois<strong>en</strong>t leurs chemins et spécialitésmusicales. Ensemble, ils tiss<strong>en</strong>t des li<strong>en</strong>s s<strong>en</strong>sibles et spirituels <strong>en</strong>treOri<strong>en</strong>t et Occid<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>tre musiques chréti<strong>en</strong>nes de la R<strong>en</strong>aissance etmusiques ottomanes du xv e siècle inspirées par la poésie soufi. Undialogue int<strong>en</strong>se aux résonances troublantes à retrouver à la fois <strong>en</strong>concert, dans le cadre du festival d’Île-de-France sous le titre « L’échodu Bosphore » et très prochainem<strong>en</strong>t au disque (« <strong>La</strong> Porte de Félicité »chez Zig Zag Territoires).Comm<strong>en</strong>t est née l’idée de faire dialoguer cesmusiques si différ<strong>en</strong>tes pourtant composéesà la même époque…Kudsi Erguner : Le projet est avant tout lié à laprise d’Istanbul <strong>en</strong> 1453, qui marque à la foisl’origine de l’ère Ottomane et de la R<strong>en</strong>aissance.C’est un dialogue <strong>en</strong>tre deux musici<strong>en</strong>s : nousnous sommes mis <strong>en</strong> accord sur le fait que nousne souhaitions pas faire de fusion, ni d’expositionacadémique de nos répertoires. Notre passionde l’histoire et de la musique est à la sourcede cette r<strong>en</strong>contre qui nous a permis d’actualisernos répertoires historiques. Mon <strong>en</strong>semble,spécialisé dans les musiques savantes et soufide l’époque ottomane, a déjà réalisé de multiplesprojets de r<strong>en</strong>contre avec d’autres g<strong>en</strong>reset d’autres disciplines, comme le flam<strong>en</strong>co, lamusique indi<strong>en</strong>ne, le jazz, la musique classique,la musique japonaise, la musique byzantine,ainsi que la danse et le théâtre.D<strong>en</strong>is Raisin Dadre : Géographiquem<strong>en</strong>t, noussavons que les deux styles de musique ontcohabité. Notre idée était simplem<strong>en</strong>t desavoir si la communauté musulmane, aprèsla prise de Constantinople, et la communautéchréti<strong>en</strong>ne itali<strong>en</strong>ne et française, restée <strong>en</strong>face sur la colline de Péra, avai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>tpu échanger musicalem<strong>en</strong>t.K. E. : Un des principes qui nous met <strong>en</strong> harmonieavec D<strong>en</strong>is est que chacun garde sonoriginalité, ce qui, à mon s<strong>en</strong>s, fait la particularitéde ce projet.Qu’att<strong>en</strong>diez-vous, sur un plan strictem<strong>en</strong>tmusical, de cette « confrontation », de cette« conversation » ?D. R. D. : Il est toujours passionnant deconfronter des musiques comme les nôtres,transmises par l’écrit, avec des musiquesdont une partie de la transmission est orale.D<strong>en</strong>is Raisin DadreCette r<strong>en</strong>contre nous apporte spontanéité etliberté dans nos modes de jeu.K. E. : Le terme de conversation est plusadaptée à notre démarche. Je p<strong>en</strong>se que nousvivons une époque où tout t<strong>en</strong>d vers l’uniformisation.Nos p<strong>en</strong>sées, nos expressionsartistiques, sont de plus <strong>en</strong> plus formatées.A travers ces conversations, nous espéronsoffrir au public une autre façon d’<strong>en</strong>visageret d’apprécier les musiques anci<strong>en</strong>nes, tout<strong>en</strong> respectant ses formes. Car je p<strong>en</strong>se quela musique est un art qui peut lier le passé etle futur autour du temps prés<strong>en</strong>t.© Luc Detours“<strong>La</strong> musique estun art qui peut lierle passé et le futurautour du tempsprés<strong>en</strong>t.”Kudsi ErgunerVotre volonté semble autant d’éclairer les différ<strong>en</strong>cesque les échanges et influ<strong>en</strong>ces réciproques.Dans un monde où les dialogues <strong>en</strong>treNord et Sud, Ori<strong>en</strong>t et Occid<strong>en</strong>t, sont souv<strong>en</strong>tdifficiles, un tel projet artistique est-il de nature,selon vous, à offrir quelques clés nouvellesde perception du monde contemporain ?K. E. : Les dialogues <strong>en</strong>tre le Nord et le Sud oul’Ori<strong>en</strong>t et l’Occid<strong>en</strong>t n’<strong>en</strong> étai<strong>en</strong>t pas vraim<strong>en</strong>t,historiquem<strong>en</strong>t, puisqu’ils favorisai<strong>en</strong>t l’assimilation.Par conséqu<strong>en</strong>t, nous faisons face àun Ori<strong>en</strong>t complexe, puisqu’il n’est que partiellem<strong>en</strong>toccid<strong>en</strong>talisé, et que l’Europe semble àmon s<strong>en</strong>s se fermer sur ses propres valeurs. Sila mondialisation a d’abord été un phénomèneéconomique et politique, elle devi<strong>en</strong>t culturelleet favorise un modèle « occid<strong>en</strong>tal », gommantpar conséqu<strong>en</strong>t certaines particularités,certaines valeurs, ou <strong>en</strong>core certains goûts.Nous t<strong>en</strong>tons nous-mêmes, avec notre projet,de restaurer ces particularités. L’harmonieculturelle du xv e siècle à Istanbul, marquéeavant tout par le respect des différ<strong>en</strong>ces et parles échanges <strong>en</strong>tre diverses communautés etreligions, est un exemple à souligner.D. R. D. : Puisse ce projet prouver, s’il <strong>en</strong> étaitbesoin, que la civilisation ottomane est uneimm<strong>en</strong>se civilisation et que sa musique estadmirable ! Après un concert, un auditeurm’a dit un jour : « j’étais contre l’<strong>en</strong>trée de laTurquie dans l’Europe, votre concert m’a faitchanger d’opinion ! »Propos recueillis par Jean LukasSamedi 22 septembre à 20h45 à l’EgliseSaint-Sulpice de Favières (91).Tél. 01 58 71 01 01. Places : 13 à 18 €.e Réservez votre billet sur www.journal-laterrasse.fr© J.-P. MandegouLA STAR DES OPÉRASLE METROPOLITAN OPERA12 OPÉRAS EN DIRECT AU CINÉMAorchestre symphoniqueThéâtre des Champs-ÉlyséesDaniele GattiLe chef itali<strong>en</strong> inaugure la saison de l’Orchestr<strong>en</strong>ational de France avec un programmeBeethov<strong>en</strong> et Strauss.R<strong>en</strong>trée parisi<strong>en</strong>ne pour Daniele Gatti.Après leur intégrale des œuvres symphoniquesde Mahler – un marathon sur trois saisonsqui s’est achevé <strong>en</strong> janvier dernier –, l’Orchestr<strong>en</strong>ational et son directeur musical plong<strong>en</strong>tde nouveau dans les délices orchestraux duromantisme tardif avec Une vie de héros. Lepoème symphonique de Richard Strauss, véritableépopée lyrique sans parole, regorge de cesatmosphères dramatiques changeantes queDaniele Gatti aime à mettre <strong>en</strong> valeur par destempos souv<strong>en</strong>t généreusem<strong>en</strong>t étirés. En premièrepartie, le chef itali<strong>en</strong> a inscrit deux œuvresde Beethov<strong>en</strong>, un compositeur que l’orchestrea souv<strong>en</strong>t célébré avec brio sous la directionde Kurt Masur. Après l’ouverture Léonore III,l’orchestre accueille un trio de solistes inéditpour le « Triple Concerto » : le violoniste R<strong>en</strong>audCapuçon, le violoncelliste Yann Levionnois et lepianiste David Kaddouch. J.-G. LebrunJeudi 13 septembre à 20h au Théâtre des Champs-Élysées. Tél. 01 56 40 15 16. Places : 10 à 60 €.© Radio France / Christophe Abramowitzorchestre symphoniqueThéâtre des Champs-ÉlyséesYannickNézet-SéguinLe jeune chef québécois à qui tout sourit estde retour av<strong>en</strong>ue Montaigne avec l’OrchestrePhilharmonique de Rotterdam.Yannick Nézet-Séguin, nouveau directeur musical del’Orchestre de Philadelphie.En juin dernier, il était sur la scène du Théâtredes Champs-Elysées, le voilà de retour àParis, toujours à la tête de l’Orchestre Philharmoniquede Rotterdam. Une formation dontil accompagne et surtout suscite l’asc<strong>en</strong>siondepuis quatre ans. Ce travail pati<strong>en</strong>t et ambitieux,inscrit dans la durée, vise à imposer laphalange néerlandaise dans le circuit d’élitedes orchestres symphoniques europé<strong>en</strong>s. Maisun autre défi att<strong>en</strong>d dès ce début de saisonle petit surdoué québécois puisqu’il fera sespremiers pas <strong>en</strong> qualité de nouveau directeurmusical de l’Orchestre de Philadelphie (àla suite de Charles Dutoit), lors d’un concertinaugural prévu le 18 octobre au Verizon Hall.Pour l’heure, Yannick Nézet-Séguin reste surle sol europé<strong>en</strong> et dirige à Paris un programmequi culminera avec la Neuvième symphonie deDvorak, débutera avec <strong>La</strong> Moldau de SmetanaRéagissez et blogguez sur www.journal-laterrasse.fr© D. R.SAISON 2012-2013En direct de New York au cinémaINFO ET RÉSA SUR PATHELIVE.Opéras sous-titrés <strong>en</strong> français


48 classique septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 classique 49et apportera sa touche de frisson supplém<strong>en</strong>taireavec le Poème de l’amour et de la mer deChausson chanté par la grande mezzo néerlandaiseChristianne Stotijn, mélodiste dansl’âme, très rare sur les scènes d’opéra (elle nechante qu’une production par an), recherchantpar dessus tout l’intimité du concert.J. LukasLundi 17 septembre à 20h au Théâtredes Champs-Elysées. Tél. 01 49 52 50 50.Places : 5 à 85 €.chant / Théâtre des Champs-ÉlyséesLes GrandesvoixR<strong>en</strong>trée prometteuse pour la célèbre saisonde concerts parisi<strong>en</strong>ne, où l’on retrouv<strong>en</strong>otamm<strong>en</strong>t Patrizia Ciofi et Roberto Alagna.Les « Grandes voix » ne connaîtrai<strong>en</strong>t-elles pasla crise ? Dès le mois de septembre, la saisonde concerts parisi<strong>en</strong>ne propose deux récitalsavec orchestre. Le premier réunit deux voixitali<strong>en</strong>nes, Patrizia Ciofi et Leo Nucci, dansdes extraits de deux ouvrages « tubes » durépertoire bel cantiste : Lucia di <strong>La</strong>mmermoorde Donizetti et <strong>La</strong> Traviata de Verdi. Les deuxchanteurs, passés maîtres dans l’art du legato,sont accompagnés par l’Orchestre de chambrede Paris, que l’on n’att<strong>en</strong>dait pas forcém<strong>en</strong>tdans ce répertoire, dirigé par Marco Zambelli.Dix jours plus tard, r<strong>en</strong>dez-vous cette fois-ciavec deux « guest stars » françaises, RobertoAlagna et Karine Deshayes, à l’affiche parmid’autres chanteurs de deux opéras donnés <strong>en</strong>version de concert (voir plus bas, Le dernierjour d’un condamné).A. PecqueurLe 19 septembre à 20h au Théâtredes Champs-Elysées. Tél. 01 49 52 50 50.Places : de 5 à 95 €. Le 29 septembre à 20hà la Salle Pleyel. Tél. 01 42 56 13 13.Places : 10 à 145 €.Retour <strong>en</strong> France de B<strong>en</strong>edict Mason et HansAbrahams<strong>en</strong> deux compositeurs inv<strong>en</strong>tifs etinspirés.C’est à une figure joyeuse de la musiquecontemporaine que le Festival d’Automneconsacre un cycle de cinq concerts jusqu’au15 décembre. Lors de ce premier r<strong>en</strong>dez-vousautour de B<strong>en</strong>edict Mason le 21 septembreà l’Amphithéâtre-Bastille, Rolf Hind aupiano et David Alberman au violon donn<strong>en</strong>tSev<strong>en</strong>th, un duo autant à voir qu’à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre,écrit pour des musici<strong>en</strong>s capables dejouer la comédie et d’aller au-delà de leurrôle de musici<strong>en</strong>s. Par la parole rajoutée à lamusique instrum<strong>en</strong>tale, par une écriture quicherche à surpr<strong>en</strong>dre et une mise <strong>en</strong> espacetoujours r<strong>en</strong>ouvelée pour s’adapter à chaquesalle, la partition de Sev<strong>en</strong>th est fantasque.Elle oblige le spectateur à perdre ses repèreset à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre les sonorités brutes desdeux instrum<strong>en</strong>ts classiques à cordes lesplus emblématiques, loin des habitudes dudéroulem<strong>en</strong>t d’un concert ordinaire. L’EnsembleRecherche investit égalem<strong>en</strong>t l’Amroyaumontsaison musicaletous les week-<strong>en</strong>ds du 25 août au 14 octobre33 concerts ı 3 spectacles chorégraphiques ı7 r<strong>en</strong>contres ı 14 ateliers jeune public… ıabonnez-vous !ı soyez nos hôtes le temps d’un week-<strong>en</strong>d musicalı dormez à l’abbaye, goûtez à nos d ners thématiquesı vivez la Saison musicale <strong>en</strong> famille ou <strong>en</strong> groupe !réservation royaumont.com / 01 34 68 05 50Fondation Royaumont 95 270 Asnières sur Oiseroyaumontsaisonmusicale201225 août14 octobreconcertsspectacleschorégraphiquesatelierspour <strong>en</strong>fantsr<strong>en</strong>contresfilmsCycle de concerts / Cité de la musiqueBach – KurtágHéritier de Bach autant que de Bartok, admirateurde Schumann comme de Boulez, le compositeurGyörgy Kurtág est le passeur idéal<strong>en</strong>tre les musiques d’hier et d’aujourd’hui.Le compositeur György Kurtág, invité à dialoguer avecBach à la Cité de la musique.Bi<strong>en</strong> qu’il soit contemporain de la « générationde Darmstadt », celle des Boulez, Maderna ouStockhaus<strong>en</strong>, marquée par une p<strong>en</strong>sée radicalede la musique nouvelle, György Kurtágn’a jamais épousé l’idée d’une tabula rasa. Aucontraire, il est sans doute parmi les compositeursde la deuxième moitié du xx e sièclecelui qui est <strong>en</strong>tré le plus <strong>en</strong> communion avecles figures du passé, non pas pour les imiter(comme l’ont fait les mouvem<strong>en</strong>ts néo-tonauxou néo-romantiques) mais pour r<strong>en</strong>dre d<strong>en</strong>ouveau valide leur modernité, au-delà desclichés d’interprétation. Nombre d’œuvresdu compositeur hongrois sont ainsi des hommages– consci<strong>en</strong>ts, sincères mais surtout àla hauteur, esthétiquem<strong>en</strong>t parlant, de leurmodèle. Le modèle absolu, c’est bi<strong>en</strong> sûr Bach :dans cette œuvre ouverte à la transcription etau travail minutieux de l’orchestration, GyörgyKurtág a toujours trouvé de quoi nourrir soninspiration, au point que leurs musiques, malgréles siècles, se mêl<strong>en</strong>t et se confond<strong>en</strong>t.Le cas le plus emblématique est représ<strong>en</strong>tépar le duo à quatre mains que le compositeurforme avec son épouse Márta (le 22 septembre)où les transcriptions de Bach s’<strong>en</strong>chaî-musiques anci<strong>en</strong>nesMachaut ı Knöfel ı Frescobaldi ı Carissimiı Charp<strong>en</strong>tier ı Vivaldi ı Pergolèse ımusiques des XIX e et XX e sièclesDe Kreutzer à Beethov<strong>en</strong> ı <strong>La</strong> chansonet la romance ı Les lieder de Schubert àStrauss ı L’orchestre et le piano de Debussy ımusiques orales et improviséesAka Balkan Moon (Fabrizio Cassol) ıInterzone ext<strong>en</strong>ded (Serge Teyssot-Gay)ı Station Congo (Ray Lema) ımusiques et danse d’aujourd’huiRelectures Ligeti et Brian Ferneyhough ıPosadas ı Catherine Contourles artistes…Alain Planès ı Alexei Lubimov ı OrchestreLes Siècles ı Ensemble Correspondances ıDiotima ı Amandine Beyer ı Pierre Goy ıDialogos ı François Couturier ı Les Paladinsı Les Cris de Paris ı Arnaud Marzorati ıChiara Skerath ıphotographie michel chassat© D. R.n<strong>en</strong>t aux pièces des Játékok. Autre passeurde répertoires, Pierre-<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Aimard, procheinterprète du compositeur hongrois et auteurd’un <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t remarqué de L’Art de lafugue (chez DG), propose un programme similaire– mais à deux mains – le 26 septembre.Plutôt tournée vers la musique de chambre,l’œuvre de Kurtág invite aussi parfois à uneredécouverte de l’espace orchestral ; PatrickDavin <strong>en</strong> donne un aperçu le 20 septembre àtravers deux cycles pour soprano et <strong>en</strong>semble,avec Natalia Zagorinskaya et l’Ensembleintercontemporain.J.-G. LebrunDu 19 au 26 septembre à la Cité de la musique.Tél. 01 44 84 44 84. Places : 18 à 32 €.orchestre symphonique / Salle PleyelPaavo Järviet l’Orchestrede ParisUn mini festival Dvorák pour débuter la saison.Paavo Järvi est à la tête de l’Orchestre de Paris depuisla saison 2010-2011L’Orchestre de Paris <strong>en</strong>tame <strong>en</strong> ce début desaison un festival Dvorák sous la directionde Paavo Järvi, son directeur musical. Desminiatures des Variations symphoniques àla liberté des thèmes de la Symphonie n°8,qui fait éclater la forme sonate habituelle, ceprogramme montre la modernité d’un compositeurà l’orée du xx e siècle, très attaché à sesracines slaves. Le Concerto pour piano n°3 deBeethov<strong>en</strong> témoigne des progrès de la facturede l’instrum<strong>en</strong>t dans une période post-mozarti<strong>en</strong>ne,avec une gravité dans l’expression quesaura retranscrire Rudolf Buchbinder. Aprèsavoir donné l’intégralité des concertos deBeethov<strong>en</strong> avec le Philharmonique de Vi<strong>en</strong>neau Musikverein <strong>en</strong> 2011, le géant autrichi<strong>en</strong>du clavier fait ses débuts très att<strong>en</strong>dus avecl’Orchestre de Paris.A.-T. Nguy<strong>en</strong>Les 19 et 20 septembre à 20h à la Salle Pleyel.Tél. 01 42 56 13 13.musique contemporaineAmphithéâtre Opéra BastilleFestivald’Automne© Ixi Ch<strong>en</strong>phithéâtre Bastille, le 5 octobre pour unesoirée toute de transpar<strong>en</strong>ce, consacrée audanois Hans Abrahams<strong>en</strong>. Sa musique synthétisesans t<strong>en</strong>sion deux versants presqueopposés du postmodernisme, concrétiste etpostromantique.A.-T. Nguy<strong>en</strong>Les 21 septembre à 20h et 5 octobre à 20hà l’Amphithéâtre Bastille. Tél. 01 53 45 17 17.Musique de scèneThéâtre des Champs-ÉlyséesL’Arlési<strong>en</strong>neL’œuvre de Georges Bizet est r<strong>en</strong>due à sadim<strong>en</strong>sion dramatique sous la direction deJean-Claude Malgoire, avec la participationde Daniel Mesguich.Jean-Claude Malgoire dirige L’Arlési<strong>en</strong>ne de Bizet auThéâtre des Champs-Élysées.Le sort de L’Arlési<strong>en</strong>ne de Bizet est celui d<strong>en</strong>ombre de partitions de musique de scène :souv<strong>en</strong>t réduite à une suite symphonique,plus souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core ravalée, <strong>en</strong> bis d’unconcert symphonique au rang de faire-valoirvirtuose (la fameuse « Marche des rois »), on<strong>en</strong> oublie qu’elle fut à l’origine pleinem<strong>en</strong>tliée au projet dramatique d’Alphonse Daudetpour le Théâtre du Vaudeville. Ainsi, seize desvingt-sept numéros que compte la partitionconstitu<strong>en</strong>t des mélodrames – parfois trèscourts – où la déclamation est soulignée parla musique. C’est donc chacun à mi-chemindu théâtre et de la musique que se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>tici Daniel Mesguich, récitant, et Jean-Claude Malgoire, à la tête de <strong>La</strong> Grande Écurieet la Chambre du Roy et des Musici<strong>en</strong>s duParadis.J.-G. LebrunDimanche 23 septembre à 11h au Théâtredes Champs-Élysées. Tél. 01 49 52 50 50.Places : 25 €.crossover / Salle PleyelJeff MillsLe célèbre DJ se produit avec l’Orchestr<strong>en</strong>ational d’Ile-de-France dirigé par ChristopheMangou.Christophe Mangou retrouve l’Orchestre nationald’Ile-de-France pour un concert « crossover ».Les DJs sont de plus <strong>en</strong> plus t<strong>en</strong>tés par le« gros son » symphonique. Après Carl Craig,avec l’<strong>en</strong>semble Les Siècles de François-XavierRoth, c’est au tour de Jeff Mills, un autreartiste de Detroit, de t<strong>en</strong>ter l’expéri<strong>en</strong>ce. Il nepouvait trouver meilleur allié que l’Orchestr<strong>en</strong>ational d’Ile-de-France, qui n’<strong>en</strong> est pas àson premier projet crossover – on se souvi<strong>en</strong>tnotamm<strong>en</strong>t du concert avec le pianiste dejazz Brad Mehldau. <strong>La</strong> baguette est confiéeau jeune Christophe Mangou, spécialiste dela technique d’improvisation dirigée dite du« soundpainting ». Reste à savoir si l’éclairagede la Salle Pleyel, trop souv<strong>en</strong>t glacial, va oserd’autres couleurs, plus électro ! A. PecqueurDimanche 23 septembre à 20h à la Salle Pleyel.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 25 à 35 €.© Danielle Pierre© Pablo de Selva© Alix <strong>La</strong>veau© D. R.Concert-lectureAbbaye des Vaux de CernayL’appeldu Levant<strong>La</strong> r<strong>en</strong>contre de textes de Khalil Gibran lus parMichael Lonsdale et de pièces pour piano deChopin et de Ravel jouées par Abdel RahmanEl Bacha.Le pianiste franco-libanais r<strong>en</strong>d hommage au Pays duCèdre à travers une r<strong>en</strong>contre musicale et poétique.<strong>La</strong> poésie de Khalil Gibran est emprunte desacré, de mélancolie, de sagesse. Le thèmede l’errance réunit ses textes lus par MichaelLonsdale et le piano s<strong>en</strong>sible d’Abdel RahmanEl Bacha, dans cet hommage au paysdu cèdre. Vivant <strong>en</strong>tre l’Amérique et le Liban,Gibran a beaucoup écrit sur Jésus, qui apparaissaitdans ses rêves. L’Abbaye des Vaux deCernay est un lieu idéal pour cette r<strong>en</strong>contremusicale et poétique, où Ravel et Chopin, puisantégalem<strong>en</strong>t leur inspiration dans l’exil,précèd<strong>en</strong>t les propres compositions d’AbdelRahman El Bacha.A.-T. Nguy<strong>en</strong>Dimanche 23 septembre à 16h30 à l’Abbayedes Vaux de Cernay (78). Tél. 01 58 71 01 01orchestre symphonique / Salle GaveauOrchestreColonneOuverture de saison <strong>en</strong> deux concerts à laSalle Gaveau.Le chef Alexandre Bloch sera le premier à <strong>en</strong>trer <strong>en</strong>scène, le 27 septembre à la Salle Gaveau, à l’occasionde la soirée « Tal<strong>en</strong>ts Adami 2012 ».Avant de bondir <strong>en</strong> personne sur le podiumde son orchestre le 11 octobre, <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>tPetitgirard cède la baguette pour le concertinaugural de l’Orchestre Colonne à troisjeunes chefs d’orchestre désignés commeTal<strong>en</strong>ts Adami 2012. Créée <strong>en</strong> 1994, l’associationartistique de l’Adami (l’organismequi administre les droits des artistes etmusici<strong>en</strong>s interprètes) a distingué <strong>en</strong> 2012,pour la troisième année consécutive, troisjeunes chefs sur lesquels elle fonde degrands espoirs. Alexandre Bloch, qui vi<strong>en</strong>td’obt<strong>en</strong>ir son Master de direction d’orchestreau CNSMDP et a déjà eu l’honneur d’uneinvitation du Royal Concertgebouw Orchestrad’Amsterdam, dirigera la Symphonie« l’Horloge » de Haydn. Auréli<strong>en</strong> Azan Zielinski,connu comme directeur musical duChœur et Orchestre des Grandes Ecoles etbi<strong>en</strong>tôt à l’affiche de l’Orchestre National deBordeaux-Aquitaine, abordera la Symphonie<strong>en</strong> ut de Bizet. Et <strong>en</strong>fin, Vinc<strong>en</strong>t R<strong>en</strong>aud,régulier de l’Opéra National de Lyon, livrerasa vision de la Symphonie n°8 de Beethov<strong>en</strong>.Deux semaines plus tard, même salle,même orchestre, Petitgirard sera seul aupupitre dans un m<strong>en</strong>u musical emblématiquede sa griffe de programmateur, qui seplaît à associer classiques du grand répertoire(Ouverture de Coriolan de Beethov<strong>en</strong>,Symphonie n°2 de Brahms) et œuvres© D. R. © D. R.contemporaines (Concerto pour clarinettede Philippe Hersant, avec Flor<strong>en</strong>t Héau àla clarinette).J. LukasLes jeudis 27 septembre et 11 octobre à 20hà la Salle Gaveau. Tél. 01 42 33 72 89.Places : 10 à 30 €.orchestre symphonique / Salle PleyelMyung-WhunChungEntrée <strong>en</strong> piste de l’Orchestre Philharmoniquede Radio France dans deux programmes àdominante russe.Roger Muraro vi<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>registrer sous la direction duchef coré<strong>en</strong> une magnifique version du Concerto <strong>en</strong>sol de Ravel pour Deutsche Grammophon.Avant de prés<strong>en</strong>ter au public de Pleyel l’undes temps forts de sa saison parisi<strong>en</strong>ne avecune représ<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> version de concert deTristan und Isolde de Wagner le 13 octobreavec Nina Stemme et Christian Franz dansles rôles-titres, le patron de l’Orchestre Philharmoniquede Radio France succombe poursa r<strong>en</strong>trée parisi<strong>en</strong>ne à une véritable inspirationslave. Le 28 septembre, il rapproche leDvorák de l’imposant Concerto pour violoncelle(avec Jian Wang <strong>en</strong> soliste) du Chostakovitchde la Symphonie n° 6, œuvre majeureet longtemps méconnue, de forme singulièrepar sa structure <strong>en</strong> trois mouvem<strong>en</strong>ts. Uneœuvre déroutante, car elle s’ouvre sur un longmouvem<strong>en</strong>t l<strong>en</strong>t, mais surtout irrésistible parles pics orchestraux et s<strong>en</strong>sibles que constitu<strong>en</strong>tles deux derniers mouvem<strong>en</strong>ts rapides,glorieux ou joyeux <strong>en</strong> appar<strong>en</strong>ce, tragiqueset pessimistes <strong>en</strong> réalité… Une semaine plustard, le chef coré<strong>en</strong> poursuivra <strong>en</strong> terres russesavec les partitions de Shéhérazade deRimski-Korsakov et la Quatrième symphoniede Tchaïkovski, après cep<strong>en</strong>dant un détouravant l’<strong>en</strong>tracte du côté de Debussy (En blancet noir dans l’orchestration de Robin Holloway; Fantaisie pour piano et orchestre, avecRoger Muraro <strong>en</strong> soliste).J. LukasLes v<strong>en</strong>dredi 28 septembre et 5 octobre à 20hà la Salle Pleyel. Tél. 01 42 56 13 13.Places : 10 à 60 €.Musique électroacoustiqueCité de la musiquePierre H<strong>en</strong>ryCréation du Fil de la vie, œuvre « joyeusem<strong>en</strong>tintrospective » du père de la musiqueconcrète.Le compositeur Pierre H<strong>en</strong>ry et ses machines sonores.<strong>La</strong> musique électronique a cet avantage :comme elle se passe d’interprète, elle esttoujours disponible, pâte constamm<strong>en</strong>t prêteà être remodelée par son créateur – ou pard’autres, tels les nombreux fils naturels dece « père de la musique concrète » qui luiavai<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>du hommage pour ses soixantedixans <strong>en</strong> remixant son œuvre la plus célèbre,la Messe pour le temps prés<strong>en</strong>t. Quinze ansOrchestre Colonnedirecteur musical <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t PetitgirardSAISON 2012/2013SALLE GAVEAU 27 SEPT. 2012 À 20 HTALENTS CHEF D’ORCHESTRE ADAMIALEXANDRE BLOCH, AURÉLIEN AZANZIELINSKI, VINCENT RENAUDHAYDN, BIZET, BEETHOVENSALLE GAVEAU 11 OCT. 2012 À 20 HLAURENT PETITGIRARD, FLORENT HÉAUBEETHOVEN, HERSANT, BRAHMSSALLE PLEYEL 20 NOV. 2012 À 20 HLAURENT PETITGIRARD, SUNG-WON YANGSIBELIUS, DVOŘÁK, VISVIKIS, STRAVINSKYSALLE PLEYEL 15 JAN. 2013 À 20 HLAURENT PETITGIRARD, JEAN-PHILIPPE COLLARDCHŒUR DE L’ORCH. COLONNE, FRANCIS BARDOTCONNESSON, RAVELSALLE PLEYEL 5 FÉV. 2013 À 20 HLAURENT PETITGIRARD, GARY HOFFMANFRANCK, PETITGIRARD, CHOSTAKOVICHÉGLISE ST-EUSTACHE 28 FÉV. 2013 À 20 H 30LAURENT PETITGIRARD, FABIENNE CONRADNICOLAS LÉPOLARD, FRANCIS BARDOTCHŒUR DE L’ORCHESTRE COLONNEDAZZI, BRAHMSSALLE PLEYEL 16 AVRIL 2013 À 20 HLAURENT PETITGIRARD, VICTORIA KOGANPRODROMIDES, RACHMANINOVTCHAÏKOVSKYSALLE GAVEAU 16 MAI 2013 À 20 HARIE VAN BEEK, NATHALIA ROMANENKOBEFFA, MASSENET, BEETHOVENÉGLISE ST-EUSTACHE 6 JUIN 2013 À 20 H 30FRANCIS BARDOT, PHILIPPE DOCHŒUR DE L’ORCHESTRE COLONNEKODÁLY, LISZT, JANÁČEKWWW.ORCHESTRECOLONNE.FRTÉL. 01 42 33 72 89ORCHESTRE COLONNESALLE COLONNE, 94 BOULEVARD AUGUSTE BLANQUI, 75013 PARISABONNEZ-VOUS POUR 12 € PAR CONCERT** Prix <strong>en</strong> 1 re catégorie, à partir de 5 concerts. Hors abonnem<strong>en</strong>t : places de 10 à 30 €Lic<strong>en</strong>ce 756227 – PolylogueVOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.frRéservez votre billet sur www.journal-laterrasse.fr


50 classique septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 classique 51 N° de Lic<strong>en</strong>ces : 2-1046129 / 3-1046130plus tard, l’habitant de la « Maison des sons »est toujours au commande d’une œuvre toujoursredéfinie, recomposée de jour comme d<strong>en</strong>uit et qui, le temps d’un concert, pr<strong>en</strong>d uneappar<strong>en</strong>ce nouvelle, fugace et partagée. LeFil de la vie, prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> création à la Cité dela musique, est l’occasion pour Pierre H<strong>en</strong>ryd’une manière d’autobiographie par les sons :« Ce sera un voyage d’introspection, comme ladécomposition de certaines de mes œuvres ;tout ce langage expressif parcourt comme unfil la gamme de mes états corporels et s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tauxau cours de la vie ». Une musique,une œuvre où l’humain et l’humour ont touteleur place.J.-G. LebrunSamedi 29 septembre à 20h à la Cité dela musique. Tél. 01 44 84 44 84. Places : 20 à 25 €.Opéra <strong>en</strong> version de concert / Salle PleyelLe dernier jourd’un condamnéRoberto Alagna et Karine Deshayes serv<strong>en</strong>tl’opéra français.Roberto Alagna dans une œuvre écrite sur mesure parson frère.En 2007, la création mondiale du Dernier jourd’un condamné de David Alagna spécialem<strong>en</strong>tcomposé pour son frère avait bouleverséle public du Théâtre des Champs-Elysées.A Pleyel, Roberto Alagna repr<strong>en</strong>d le rôledu prisonnier du roman de Victor Hugo, avecsa justesse de ton et sa diction lég<strong>en</strong>dairequi r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t intelligible toute la détresse dupersonnage. Une œuvre rare de Mass<strong>en</strong>etcomplète la soirée. Créée avec succès <strong>en</strong>1894, <strong>La</strong> Navarraise est un opéra naturalistequi met <strong>en</strong> scène des personnages hauts<strong>en</strong> couleurs dans une Espagne <strong>en</strong> guerre.Peu de temps avant sa première Carm<strong>en</strong>à l’Opéra Bastille, Karine Deshayes campecette héroïne tragique lors d’une soirée quis’annonce comme celle chant français portéà son plus haut niveau. A.-T. Nguy<strong>en</strong>Samedi 29 septembre à 20h à la Salle Pleyel.Tél. 01 42 56 13 13.Musique de chambreThéâtre des Champs-ElyséesMichelDalbertoLe pianiste français avec altiste et quatuor.Michel Dalberto, spécialiste français de Schubert.Les Concerts du Dimanche Matin de JeanineRoze sont souv<strong>en</strong>t l’occasion de bellesr<strong>en</strong>contres <strong>en</strong>tre musici<strong>en</strong>s. Le programmevi<strong>en</strong>nois du 30 septembre permet deconfronter des membres du Quatuor Modigliani,le jeune <strong>en</strong>semble français qui monte,à leur aîné Michel Dalberto, dans une œuvrerare mais inspirée de Mahler, le quatuoravec piano. Rare interprète à avoir <strong>en</strong>registrétoute l’œuvre pour piano solo de Schubert,Michel Dalberto s’attaque égalem<strong>en</strong>t© D. R.© D. R.ici à la virtuose et sautillante sonate opus53, ainsi qu’à des transcriptions de Liederavec alto. Gérard Caussé (alto) et FrançoisSalque (violoncelle) se joign<strong>en</strong>t au QuatuorModigliani pour donner la version de chambrede <strong>La</strong> Nuit transfigurée de Scho<strong>en</strong>berg,une de ses œuvres les plus accessibles etémouvantes.A.-T. Nguy<strong>en</strong>Dimanche 30 septembre au Théâtredes Champs-Elysées. Tél. 01 49 52 50 50.orchestre symphonique / Salle PleyelTomás NetopilL’Orchestre de Paris joue la musique tchèque.En s’attaquant à l’histoire sanglante de TarasBulba, Janácek créa son premier chef-d’œuvresymphonique. L’Orchestre de Paris confiece poème narratif au directeur de l’Opéra dePrague. Avec un s<strong>en</strong>s du drame qui avaitimpressionné dans Kátia Kabanová à Garnier<strong>en</strong> 2011, Tomás Netopil contera avec passionle destin tragique de l’infanticide commandantcosaque qui finit brûlé vif. Autre monum<strong>en</strong>tde la musique tchèque au programme,la Symphonie du Nouveau Monde d’un Dvorákvivant à New York évoque peut-être davantageles terres de Bohème que celles desAmériques. Une puissante nostalgie imprègneégalem<strong>en</strong>t les Quatre derniers Lieder deRichard Strauss chantés par la grande AnjaHarteros, qui remplace Malin Byström, initialem<strong>en</strong>tprévue.A.-T. Nguy<strong>en</strong>Jeudi 4 octobre à 20h à la Salle Pleyel.Tél. 01 42 56 13 13.orchestre symphonique / Salle PleyelValery GergievLe chef de l’Orchestre symphonique deLondres réunit Brahms et Szymanowski à laSalle Pleyel.<strong>La</strong> violoniste Janine Jans<strong>en</strong> joue le Premier Concertode Szymanowski à la Salle Pleyel.Il fallait oser un tel rapprochem<strong>en</strong>t. D’uncôté, la Symphonie n°1 de Brahms, grandmessedu répertoire orchestral, surnomméeà l’époque la « Dixième symphonie »de Beethov<strong>en</strong>, et de l’autre la Symphoni<strong>en</strong>°1 de Szymanowski, tombée dans l’oubli<strong>en</strong> dépit de sa richesse d’écriture post-romantique.On ne pouvait <strong>en</strong> tout cas imaginermeilleur li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre ces deux univers queConcertLe violon deMme. de PompadourŒuvres autour de L.-G. Guillemain,Forqueray, Duphly et Couperin parl’Ensemble AliquandoStéphanie Paulet, violonMaude Gratton, clavecinLucile Boulanger, basse de violeMercredi 3 octobre 2012 à 20 h 00Eglise des Billettes, Paris 4 e – Tarifs 10 à 15 eR<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts et réservations surmusicaourcetis@orange.frou au 06 14 25 62 88© Decca/Sara Wilson© Éric Manasla gestique instinctive et paradoxalem<strong>en</strong>ttoujours contrôlée de Valery Gergiev (saufpeut-être quand son ag<strong>en</strong>da de ministre nelui permet pas assez de répéter !), à la têtede son Orchestre symphonique de Londres.Pour ne ri<strong>en</strong> gâcher, le Concerto pour violonn°1 du même Szymanowski est déf<strong>en</strong>du parJanine Jans<strong>en</strong>, à l’archet aussi gracieux quesurvolté. Et si le parallèle Brahms-Szymanowskivous convainc, sachez que ce cyclese poursuit tout au long de la saison de laSalle Pleyel.A. PecqueurSamedi 6 octobre à 20h à la Salle Pleyel.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 10 à 85 €.musique contemporaine / Pavillon BaltardOscar StrasnoyLe compositeur franco-arg<strong>en</strong>tin a conçu, <strong>en</strong>réponse à une commande de l’<strong>en</strong>semble marseillaisMusicatreize, une création vocalemonum<strong>en</strong>tale sur le thème de l’Odysséed’Ulysse.Pour nous livrer sa propre vision de L’Odyssée,Strasnoy a collaboré avec l’écrivainarg<strong>en</strong>tin Alberto Mangel, auteur du livret,pour qui le personnage d’Ulysse incarne lafigure du « réfugié, de l’exilé politique, dunomade involontaire ». Le voyage d’Ulyssevers sa terre s’appar<strong>en</strong>te alors à la traverséed’un labyrinthe de cultures et d’id<strong>en</strong>tités,comme <strong>en</strong> témoigne dans sa structuremême l’œuvre musicale, spatialisée sousla voûte de verre et de métal de Baltard,incarnée par six chœurs, chacun composéd’une quarantaine de chanteurs représ<strong>en</strong>tantles peuples croisés par Ulysse, tousporteurs des harmonies d’une langue particulière(latin, espagnole, itali<strong>en</strong>ne, allemande,anglaise)… Aux commandes de ces240 chanteurs issus des chœurs amateursde la région Ile-de-France, Roland Hayrabediandirige aussi son <strong>en</strong>semble vocalMusicatreize, l’Ensemble Proxima C<strong>en</strong>tauriet L’Ensemble Itinéraire.J. LukasDimanche 7 octobre à 16h30au Pavillon Baltard de Nog<strong>en</strong>t-sur-Marne.Tél. 01 58 71 01 10.Musique sacréeEglise Saint-Mathurin de <strong>La</strong>rchantLe ConcertSpirituelHervé Niquet dirige des œuvres d’AntonioVivaldi et de Pierre Hugard à l’Eglise Saint-Mathurin de <strong>La</strong>rchant.Hervé Niquet dirige In exitu Israël de Vivaldi, évocationde l’arrivée du peuple de Moïse <strong>en</strong> terre promise.Le Magnificat RV 610 de Vivaldi fut sansdoute l’œuvre vocale la plus jouée duvivant du compositeur. Autre œuvre au programmequi donne son titre au concert, lepsaume In exitu Israël conte l’exode desdesc<strong>en</strong>dants de Jacob hors d’Egypte.Ordonné prêtre <strong>en</strong> 1703, Vivaldi était égalem<strong>en</strong>tprofesseur et compositeur à l’Ospedaledella Pietà, une institution charitableréputée où se pressai<strong>en</strong>t des visiteurs detoute l’Europe pour <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre une musiqueliturgique vivifiante et virtuose, comme lefameux Gloria RV 589. A.-T. Nguy<strong>en</strong>Dimanche 7 octobre à 16h30à l’Eglise Saint-Mathurin de <strong>La</strong>rchant (77).Tél. 01 58 71 01 01.© D. R.© Mirjam Devri<strong>en</strong>dtMusique sacrée / Salle PleyelJohn EliotGardinerA la tête du Monteverdi Choir et de l’Orchestrerévolutionnaire et romantique, JohnEliot Gardiner revisite la Missa Solemnis deBeethov<strong>en</strong>.Gardiner et Beethov<strong>en</strong>, une alliance sur mesure.<strong>La</strong> Missa Solemnis est l’une des œuvres lesplus complexes de Beethov<strong>en</strong>. Ses dim<strong>en</strong>sionsimposantes et sa richesse contrapuntiquepeuv<strong>en</strong>t même la r<strong>en</strong>dre indigeste,surtout quand les interprètes soulign<strong>en</strong>t exagérém<strong>en</strong>tla sol<strong>en</strong>nité de son écriture. JohnEliot Gardiner fait le pari inverse : chœur dechambre (Monteverdi Choir) et instrum<strong>en</strong>tsanci<strong>en</strong>s (Orchestre révolutionnaire et romantique)lui permett<strong>en</strong>t de clarifier le discoursmusical, sans pour autant tomber dans unequelconque sécheresse d’articulation. Lechef anglais s’appuie sur une distributionvocale qui évite les projections à outrance,avec Lucy Crowe, Daniela Lehner, James Gilchristet Matthew Rose. A. PecqueurLundi 8 octobre à 20h à la Salle Pleyel.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 10 à 85 €.musique sacrée / Oratoire du LouvreLes fontainesd’IsraëlPhilippe Herreweghe dirige le cycle de motetsde Johann Hermann Schein, chef-d’œuvre dela musique sacrée du xvii e siècle.Philippe Herreweghe remonte aux sources dumotet allemand avec une œuvre majeure de JohannHermann Schein.Contemporain de Heinrich Schütz, JohannHermann Schein (1586-1630) participe àla consolidation du répertoire sacré allemand,et tout particulièrem<strong>en</strong>t à celle de latradition du motet avec ce cycle de vingtsixpièces vocales tirées des Écritures etchantées <strong>en</strong> allemand. Cantor de la chapelleSaint-Thomas de Leipzig un siècle avantBach, Schein y ouvre la voie aux inv<strong>en</strong>tionsdramatico-musicales <strong>en</strong> mêlant traditionallemande et influ<strong>en</strong>ce du madrigal itali<strong>en</strong>.Déf<strong>en</strong>seur inlassable de ces œuvres charnières,Philippe Herreweghe dirige ici le CollegiumVocale G<strong>en</strong>t, le chœur qu’il a fondé<strong>en</strong> 1970 et qui est depuis son part<strong>en</strong>aireprivilégié dans ce répertoire. J.-G. LebrunMardi 9 octobre à 20h30 à l’Oratoire du Louvre.Tél. 01 48 24 16 97. Places : 20 à 35 €.Du 12 au 14 octobre 2012Le Messiede Ha<strong>en</strong>del<strong>La</strong> Chapelle RhénaneDirection : B<strong>en</strong>oît HallerEn Résid<strong>en</strong>ce de Productionaux Gémeaux / Sceaux / Scène NationaleTél : 01 46 61 36 67Réagissez et blogguez sur www.journal-laterrasse.frEcrire à la rédaction-administration : la.terrasse@wanadoo.fr


52 classique septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 classique 53CHŒUR RÉGIONAL VITTORIAD’ILE DE FRANCESAISON2012-201325 ANS DE PASSIONAUDITIONSChoristes confirmésMichel Piquemal, direction musicaleBoris Mychajliszyn, chef associéRENSEIGNEMENTS PRATIQUESINSCRIPTION POUR AUDITIONau 01 42 65 08 02RÉPÉTITIONS : mardi et jeudi soirau CRR de ParisMétro Europe ou St-<strong>La</strong>zarePLUS D’INFOSsur notre site : www.vittoria.asso.fr© Photo : François BerthelotFormation vocale et solfégique disp<strong>en</strong>séepar une équipe pédagogique professionnelleCONCERTS2 e symphonie de MahlerSalle PleyelOrchestre Pasdeloup Wolfgang DoernerMesse de Sainte Cécile de GounodSt Roch-Paris VélizyOrchestre de la Police Nationale Jérôme HilaireRequiem de RopartzMesse de CaillebotteSt-Eustache-Paris YerresOrchestre Pasdeloup Michel PiquemalGloria de Poul<strong>en</strong>cSte Clotilde-Paris Coignières Opéra de MassyOrchestre Pasdeloup Michel PiquemalTERRASSE.8 mai.indd 1 08/05/12 15:24Violon et pianoThéâtre des Champs-ElyséesJulia FischerAu Théâtre des Champs-Elysées, la violonisteconfronte Bach et Ysaÿe.Julia Fischer, la perfection du timbre.Sa sonorité est l’une des plus <strong>en</strong>voûtantesdu mom<strong>en</strong>t. Grain moelleux, vibrato équilibré,homogénéité des registres : la violonisteJulia Fischer obti<strong>en</strong>t de son instrum<strong>en</strong>tune rondeur exceptionnelle. Au Théâtre desChamps-Elysées, elle s’attaque à la Sonat<strong>en</strong>°1 et à la Partita n°1 de Bach, un compositeurqu’elle a déjà remarquablem<strong>en</strong>tservi au disque (Decca). Son jeu souligne laperfection formelle des œuvres, éloigné àla fois du style des interprètes sur instrum<strong>en</strong>tsanci<strong>en</strong>s et des versions romantisantes.Dans le même récital, elle donnera égalem<strong>en</strong>tla Sonate n°2 d’Ysaÿe, rappelant ladette du compositeur belge <strong>en</strong>vers le Cantorde Leipzig.A. PecqueurJeudi 11 octobre à 20h au Théâtre desChamps-Elysées. Tél. 01 49 52 50 50.Places : 5 à 65 €.© Decca/Uwe Ar<strong>en</strong>sBaroque / Sceaux<strong>La</strong> ChapellerhénaneEn résid<strong>en</strong>ce aux Gémeaux, Scène nationalede Sceaux, l’<strong>en</strong>semble vocal dirigé par B<strong>en</strong>oîtHaller interprète le chef-d’œuvre de la musiquesacrée anglaise : Le Messie de Ha<strong>en</strong>del.B<strong>en</strong>oît Haller dirige Le Messie de Ha<strong>en</strong>del à Sceaux.Après Bach ou Schütz, qui sont au cœur durépertoire établi pour <strong>La</strong> Chapelle rhénanepar son fondateur B<strong>en</strong>oît Haller, l’<strong>en</strong>semblevocal et son chef font un pas de côté<strong>en</strong> livrant leur interprétation du Messie deHa<strong>en</strong>del. Comme le souligne B<strong>en</strong>oît Halleravec sa coutumière érudition passionnée :« Le Messie, dit-il, est le chef-d’œuvre toujoursremanié d’un compositeur aussi pragmatiqueque génial, façonné par une traditiond’interprétation comparable avec nulleautre dans toute l’histoire de la musique ».Œuvre atypique aussi où ce maître saxon del’opéra itali<strong>en</strong> se tourne de nouveau vers l’artsacré, mais sans sacrifier aux canons de laliturgie ni abandonner les qualités dramatiquesde son écriture.J.-G. LebrunLes 12 et 13 octobre à 20h45, le 14 octobreà 17h aux Gémeaux, à Sceaux (92).Tél. 01 46 61 36 67. Places : 33 €.OPéRAreprise / Opéra Bastille<strong>La</strong> Filledu régim<strong>en</strong>tL’opéra-comique de Gaetano Donizetti estprés<strong>en</strong>té dans la production déjà classique ettoujours brillante (et désopilante) de <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>tPelly.Natalie Dessay repr<strong>en</strong>d à l’Opéra Bastille le rôle deMarie dans la production <strong>en</strong>diablée de <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pelly.Parfois le bon s<strong>en</strong>s vi<strong>en</strong>t aux directeursd’opéra. Plutôt que de se lancer dans un<strong>en</strong>ouvelle production de <strong>La</strong> Fille du régim<strong>en</strong>t,Nicolas Joël a préféré repr<strong>en</strong>dre la version<strong>en</strong>diablée de <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pelly, créée <strong>en</strong> 2007à Cov<strong>en</strong>t Gard<strong>en</strong> et qui n’a ri<strong>en</strong> perdu de saverve <strong>en</strong> parcourant le monde, du Staatsoperde Vi<strong>en</strong>ne au Met de New York. Les six représ<strong>en</strong>tationsd’octobre permett<strong>en</strong>t de retrouverle duo de choc – Natalie Dessay et Juan DiegoFlorez – pour qui le metteur <strong>en</strong> scène et sadramaturge Agathe Mélinand avai<strong>en</strong>t taillésur mesure les rôles de Marie et Tonio. Cinqans plus tard, le même grain de folie, immortalisédepuis sur DVD (Virgin Classics), serat-iltoujours prés<strong>en</strong>t sur scène ? Avec FelicityLott <strong>en</strong> Duchesse de Crak<strong>en</strong>torp, il n’y a guèrede raison d’<strong>en</strong> douter.J.-G. LebrunLes 15, 18, 24, 27, 30 octobre, 2, 6 et 8 novembreà 19h30, les 21 octobre et 11 novembre à 14h30à l’Opéra Bastille. Tél. 08 92 89 90 90.Places : 5 à 180 €.© D. R.© D. R.reprise / Théâtre du ChâteletWest Side StoryCinq ans après son premier succès à Paris, leThéâtre du Châtelet repr<strong>en</strong>d cette productiondu chef-d’œuvre de Bernstein à l’occasion deson cinquantième anniversaire.Le chef-d’œuvre de Bernstein de nouveau à l’afficheà Paris.Cette transposition contemporaine du Roméoet Juliette de Shakespeare devait à l’origines’intituler East Side Story et raconter l’histoired’amour tragique <strong>en</strong>tre une Juive et un Catholique.L’immigration v<strong>en</strong>ue de Porto Rico dans lesannées 1950, la viol<strong>en</strong>ce des gangs latinos avecson lot de trafic de drogues et de règlem<strong>en</strong>tsde comptes à l’arme à feu constituèr<strong>en</strong>t finalem<strong>en</strong>tun cadre plus actuel et réaliste pour uneadaptation moderne à Manhattan. Ce qui séduit<strong>en</strong>core aujourd’hui est le nombre impressionnantde tubes écrits par un Leonard Bernsteinparticulièrem<strong>en</strong>t inspiré <strong>en</strong> mélodies <strong>en</strong>têtanteset irrésistibles : Tonight, Maria, America, I feelpretty ou Somewhere ont été et continu<strong>en</strong>t d’êtremaintes fois repris par des musici<strong>en</strong>s issus de lapop, du classique ou du jazz. Et la perfection deWest Side Story ne doit ri<strong>en</strong> au hasard tant sescréateurs ont connu une carrière glorieuse parla suite. Jerome Robbins (idée originale et chorégraphie),Leonard Bernstein (musique), Arthur<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ts (livret) et Steph<strong>en</strong> Sondheim (paroles)n’étai<strong>en</strong>t alors qu’au début de leur carrière… Lesoin apporté au moindre détail de chaque spectaclefait désormais du Châtelet un temple dela comédie musicale que même Broadway nous<strong>en</strong>vie. C’est l’une des nombreuses raisons deredécouvrir l’histoire de Tony et de Maria dans unspectacle aux décors sobres mais aux chorégraphiesspectaculaires et à la partition diablem<strong>en</strong>tefficace.A.-T. Nguy<strong>en</strong>Du 24 octobre 2012 au 1er janvier 2013au Théâtre du Châtelet. Tél. 01 40 28 28 40.Reprise / Opéra Bastille / Palais GarnierCapricciode RichardStraussContesd’Hoffmannd’Off<strong>en</strong>bachRetour de deux productions emblématiquesdu metteur <strong>en</strong> scène canadi<strong>en</strong> Robert Cars<strong>en</strong>à l’Opéra National de Paris.Le metteur <strong>en</strong> scène Robert Cars<strong>en</strong><strong>La</strong> saison comm<strong>en</strong>ce dans les deux salles del’Opéra National de Paris par la reprise de productionsde Robert Cars<strong>en</strong>, qui ont pour pointcommun d’avoir pour sujet l’art lyrique. Capriccio,sur un livret du chef d’orchestre Clem<strong>en</strong>sKrauss, est <strong>en</strong> effet une conversation dans unsalon français du xviii e siècle sur les différ<strong>en</strong>tesproblématiques de l’écriture et de la représ<strong>en</strong>tationd’un opéra. Sur une intrigue plus intellec-© D. R.© D. R.© D. R.<strong>La</strong> programmation éclectique de l’abbaye offrecette année un programme prometteur autourdes Stabat Mater de Pergolèse et PasqualeCaffaro avec de jeunes chanteurs <strong>en</strong>cadréspar Les Paladins de Jérôme Corréas. Mais cemois de septembre reste avant tout dévolu àla création contemporaine.Pour la vingt-troisième année consécutive, l’Abbayede Royaumont accueille ainsi sa « sessionde composition » qui pr<strong>en</strong>d pour thème cetteannée le quatuor, sous ses formes variées : àcordes (avec le Quatuor Diotima), de saxophones(Quatuor Xasax), avec pianos et percussions(Makrokosmos) ou vocal (avec les jeuneschanteurs de l’Atelier vocal animé par GeoffroyJourdain). Les quinze jeunes compositeurs quiont passé trois semaines auprès de leurs professeurs– dont Brian Ferneyhough, soixant<strong>en</strong>eufans, fondateur de cette action pédagogique<strong>en</strong> 1990 – ont l’occasion de donner à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>drele résultat de leurs travaux le 22 septembre.Au-delà de ce r<strong>en</strong>dez-vous, où ont été découvertspar le passé quelques figures parmi lesplus inv<strong>en</strong>tives de la création contemporaineactuelle ; Raphaël C<strong>en</strong>do, né <strong>en</strong> 1975, participantde la session 2003, est aujourd’hui professeur àRoyaumont et participe aux inv<strong>en</strong>tions formeltuelleque dramatique, Robert Cars<strong>en</strong> réussitl’une de ses mises <strong>en</strong> scène les plus génialeset les plus bouleversantes, <strong>en</strong> parv<strong>en</strong>ant dansla très belle scène finale à répondre à la questionque l’héroïne refuse de trancher : primautéde la musique ou suprématie du texte ? Dansles Contes d’Hoffmann, où le héros mauditest amoureux d’une cantatrice, Robert Cars<strong>en</strong>pousse plus loin <strong>en</strong>core le concept du théâtredans le théâtre, avec <strong>en</strong> miroir perman<strong>en</strong>t unereprés<strong>en</strong>tation du Don Giovanni de Mozart vudes coulisses, de la scène, de la fosse d’orchestre,du bar… Hommage à l’Opéra Bastille,au Palais Garnier, à Mozart, aux divas, ces deuxspectacles font <strong>en</strong>trer le public au cœur de lacréation sans <strong>en</strong> briser le charme.A.-T. Nguy<strong>en</strong>Les Contes d’Hoffmann, du 7 septembreau 3 octobre à l’Opéra Bastille. Capriccio,du 8 septembre au 27 septembre au PalaisGarnier. Tél. 08 92 89 90 90 (0,34€ la minute).Baroque / Val d’OiseFestivalde Pontoise<strong>La</strong> 27 e édition du Festival fait la part belle aumerveilleux.Le chœur Arsys commémore les 400 ans de la mort deGiovanni Gabrieli.<strong>La</strong> pluridisciplinarité n’est pas un vain motau Festival de Pontoise. Son directeur, Jean-Bernard Meunier, n’a de cesse de dénicherdes projets mêlant la musique à la danse, authéâtre, au cinéma… Avec un seul point commun: le baroque. <strong>La</strong> programmation de cette27 e édition met à l’honneur le merveilleux, desmadrigaux du Moy<strong>en</strong>-âge exhumés par l’<strong>en</strong>semble<strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce du Festival, les Musici<strong>en</strong>s deSaint-Juli<strong>en</strong> de François <strong>La</strong>zarevitch, à Peaud’Ane par la compagnie de danse de l’Aune, <strong>en</strong>passant par la reprise du Caligula de Pagliardiavec marionnettes, un spectacle délicieux créél’année dernière au Festival de Charleville-Mézières.Seul regret : la baisse s<strong>en</strong>sible du nombrede concerts du Festival, qui vi<strong>en</strong>t rappelerl’équilibre budgétaire plus que jamais délicat dece type de manifestations. A. PecqueurDu 14 septembre au 20 octobre.Tél. 01 34 35 18 71.Temps fort Festival de PontoisearsysBourgogneLe chœur de chambre s’associe à <strong>La</strong> F<strong>en</strong>icepour redonner vie aux fêtes sacrées deV<strong>en</strong>ise.Son anniversaire était passé inaperçu : cetteannée, Giovanni Gabrieli aurait eu 400 ans ! L’occasionpour les deux formations basées <strong>en</strong> Bourgogne(le chœur Arsys et l’<strong>en</strong>semble <strong>La</strong> F<strong>en</strong>ice)de recréer <strong>en</strong>semble les fêtes de la basiliqueSaint-Marc de V<strong>en</strong>ise, où Gabrieli occupait lesfonctions d’organiste principal. Cette reconstitutionambitieuse met à l’honneur les partitions deGabrieli à double, triple, voire même quadruplechœur (avec effets de spatialisation) et exhumel’instrum<strong>en</strong>tarium d’époque, avec notamm<strong>en</strong>t laprés<strong>en</strong>ce de longues trompettes naturelles <strong>en</strong>arg<strong>en</strong>t. Le chef Jean Tubéry, spécialiste incontestédu répertoire R<strong>en</strong>aissance, unit les deux<strong>en</strong>sembles.A. PecqueurV<strong>en</strong>dredi 14 septembre à 20h45 auFestival baroque de Pontoise.Tous répertoires / Val d’OiseSaison musicalede RoyaumontOPÉRAS ( mis <strong>en</strong> scène )Photo : Opéra Royal © H Lewandowski / RMNBIZET : CARMENVivica G<strong>en</strong>aux, Florian <strong>La</strong>coniChœur et Orchestre de l’Opéra de Rou<strong>en</strong>Mise <strong>en</strong> scène Frédéric RoelsDir. Luciano Acocella> 14, 16, 18 octobreROSSINILA CAMBIALE DI MATRIMONIOL’Académie Baroque Europé<strong>en</strong>ne d’AmbronayMise <strong>en</strong> scène Stefan GroglerDir. Leonardo Garcia Alarcon> 15 et 17 novembre 2012LULLY / MOLIÈRELE BOURGEOIS GENTILHOMMEMise <strong>en</strong> scène D<strong>en</strong>is PodalydèsEnsemble Baroque de limogesDir. Christophe Coin> 19, 20 et 21 novembrePURCELL : KING ARTHURLe Concert SpirituelMise <strong>en</strong> scène Corinne et Gilles B<strong>en</strong>izioDir. Hervé Niquet> 19, 20, 22 et 24 janvierRAMEAU : PLATÉEPaul Agnew, Cyril AuvityMise <strong>en</strong> scène François Raffinot<strong>La</strong> Grande Ecurie et la Chambre du RoyDir. Jean Claude Malgoire> 17, 19 et 22 févrierHAENDEL : ALESSANDROMax Emanuel C<strong>en</strong>cic, Vivica G<strong>en</strong>auxMise <strong>en</strong> scène Lucinda ChildsOrchestre Armonia At<strong>en</strong>eaDir. George Petrou> 31 mai et 2 juinMOZART : DON GIOVANNIMise <strong>en</strong> scène Jean-Paul ScarpittaOrchestre National de MontpellierDir. Raphaël Schluesselberg> 23, 25 et 27 juin© D. R.Le Quatuor Diotima <strong>en</strong>tame une résid<strong>en</strong>ce de troisans à l’abbaye de Royaumont.Dirigé par Katarina Livljanic, sa fondatrice,l’<strong>en</strong>semble Dialogos emmène le public àla découverte des traditions musicalesde Bosnie-Herzégovine, lieu de croisem<strong>en</strong>td’influ<strong>en</strong>ces culturelles et religieusesmultiples ; le voyage se prolonge le 23septembre avec le poème <strong>en</strong> langue croateMarko Marulic. Le 15 septembre toujours,l’<strong>en</strong>semble Mircologus de Patrizia Boviexplore l’héritage itali<strong>en</strong> de la musique deGuillaume de Machaut, inv<strong>en</strong>teur de forlesde la programmation musicale (concert de« mélodrames » autour de textes brefs de YannickHa<strong>en</strong>el <strong>en</strong> compagnie de l’<strong>en</strong>semble Multilatéraledu compositeur Yann Robin, le 16 juin).Autre maître invité pour la session de composition,l’Espagnol Alberto Posadas (né <strong>en</strong> 1967)poursuit ici sa collaboration avec le QuatuorDiotima, déjà créateur de son génial cycle decinq quatuors Liturgia Fractal, créé <strong>en</strong> 2008 et<strong>en</strong>registré chez Kairos, avec trois œuvres dontune <strong>en</strong> création.J.-G. LebrunJusqu’au 14 octobre à l’Abbayede Royaumont (95). Tél. 01 34 68 05 50.Places : 10 à 25 €.OPÉRAS ( version concert )BALLETSPANCRACE ROYER : PYRRHUSChoeur et orchestre Les Enfants d’ApollonDir. Michael Gre<strong>en</strong>berg> 16 septembre, Salle des CroisadesSACCHINIRENAUD OU LA SUITE D'ARMIDELes Tal<strong>en</strong>s lyriques, Les Chantres du CMBVDir. Christophe Rousset> 19 octobreGOSSEC : THÉSÉELes Agrém<strong>en</strong>sChœur de chambre de NamurDir. Guy Van Waas> 13 novembreRAMEAU : HYPPOLITE ET ARICIEDir. Raphael Pichon> 13 févrierVIVALDI : FARNACEMax Emanuel C<strong>en</strong>cic, Vivica G<strong>en</strong>auxDir. George Petrou> 3 avrilWAGNER : DER FLIEGENDE HOLLÄNDERLOUIS DIETSCH : LE VAISSEAU FANTÔMELes Musici<strong>en</strong>s du Louvre Gr<strong>en</strong>obleDir. Marc Minkowski> 21 maiHAENDEL : TERPSICHORECompagnie Fêtes galantesChorégraphie Béatrice MassinDir. Christophe Rousset> 9 octobreLE BALLET DES FÉES DE LA FORÊTDE ST GERMAIN - Shlemil ThéâtreLes Pages et les Symphonistes du CMBVDir. Olivier Schneebeli> 10 novembreMÉDÉE ET JASON, RENAUD ET ARMIDECompagnie L’Év<strong>en</strong>tailChorégraphie Marie-G<strong>en</strong>eviève MasséDir. Hervé Niquet> 13 et 15 décembreCOPPÉLIABallet Víctor Ullate Comunidad de MadridDir. Víctor Ullate> 18, 19, 20 et 21 décembreBÉJART BALLET LAUSANNEBrel et Barbara> 31 janvier, 1 er et 2 févrierGALA DE L’ÉCOLE DE DANSEDE L’OPÉRA DE PARISTric<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire de l’École de Danse> 25 avrilCENDRILLONMalandain Ballet BiarritzOrchestre symphonique d'EuskadiDir. Josep Caballé Dom<strong>en</strong>echChorégraphie Thierry Malandain> 7, 8, 9 et 10 juinwww.chateauversailles-spectacles.fr 01.30.83.78.89© Corinne SilvaTemps fort RoyaumontRésonancesmédiévalesDans le cadre des Journées europé<strong>en</strong>nes dupatrimoine, l’Abbaye de Royaumont fait résonner,le 15 septembre, les voix médiévales deFrance et d’ailleurs.L’<strong>en</strong>semble Dialogos revisite l’Europe vocalemédiévale à Royaumont le 15 septembre.CONCERTSHISTOIRES SACRÉES I : CHARPENTIERLes Pages, les Chantres et les SymphonistesDir. Olivier Schneebeli> 6 octobre, Chapelle RoyaleHISTOIRES SACRÉES II : CHARPENTIERDir. William Christie> 7 octobre, Chapelle RoyaleUN OFFICE AU GRAND SIÈCLELE PRINCE - CHARPENTIER - LULLYChœur et orchestre du Concert SpirituelDir. Hervé Niquet> 13 Octobre, Chapelle RoyaleFÊTES ROYALES À VERSAILLESLULLY - RAMEAU - GLUCKDir. François Xavier Roth> 19 novembre, Galerie des GlacesMONTEVERDI : MADRIGAUX DU LIVRE IVDir. Paul Agnew22 novembre, Salon d’HerculeMOZART : GRANDE MESSE EN UT MINEURDir. <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce Equilbey> 24 novembre, Chapelle RoyaleNOËL À LA CHAPELLE ROYALECHARPENTIER : Te deum, Messe de minuitAmsterdam Baroque Orchestra & ChoirDir. Ton Koopman> 12 décembre, Chapelle RoyaleBACH : MESSE EN SI MINEURChœur et Orchestre Collegium 1704Dir. Vaclav Luks> 20 décembre, Chapelle RoyaleWAGNER : LE CONCERT DE VIENNE 1863Chevauchée des Walkyries, extraits deTannhauser, Crépuscule des DieuxLes Musici<strong>en</strong>s du Louvre Gr<strong>en</strong>obleDir. Marc Minkowski> 6 janvierRAVEL : BoléroMOUSSORGSKI : Tableaux d’une expositionOrchestre Anima EternaDir. Jos Van Immerseel> 23 janvierVÉRONIQUE GENSHÉROÏNES MOZARTIENNESDir. Christophe Rousset> 5 févrierPATRICIA PETIBON : RÉCITAL VIRTUOSE<strong>La</strong> Cetra> 25 Février, Galerie des GlacesLULLY - CHARPENTIER : TE DEUMLe Poème HarmoniqueDir. Vinc<strong>en</strong>t Dumestre> 23 et 24 mars, Chapelle RoyalePERGOLÈSE : STABAT MATEROrchestre Recréation BaroqueDir. Michael Hofstetter> 27 Mars, Chapelle RoyaleBACH : PASSION SELON ST JEANDir. Raphael Pichon> 28 et 29 Mars, Chapelle RoyaleCECILIA BARTOLILiaisons dangereusesDir. Diego Fasolis> 16 juinBACH : ORATORIOS DE PÂQUES ET DEL'ASCENSIONThe Monterverdi ChoirThe English Baroque SoloistsDir. John Eliot Gardiner> 26 juin, Chapelle RoyaleVOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fr


54 classique septembre 2012 / N°201 la terrassejazzla terrasse septembre 2012 / N°201 / chanson / musiques du monde 55EncartSaisonOK_<strong>La</strong>yout 2 24/07/12 08:24 Page 1SAM 8 SEPT20HRICHARD GALLIANORENE LACAILLE, REGIS GIZAVO,MARTIN LUBENOV, LULINHA ALENCARLE TRIANONPARIS (75)DIM 16 SEPT - 16HFORÊT DOMANIALE DE MARLY (78))L’AFFICHE ROUGESYLVAIN KASSAP - JERÔME IMARDVEN 5 OCT - 20H45LE COMPTOIR, FONTENAYSOUS-BOIS (94)DIM 23 SEPT17HHOMMAGE A ROZA ESKENAZILES VOIX DU REBETIKOS.YANNATOU - M. DEMIR – Y. NEGALE CABARET SAUVAGEPARIS (75)SAM 29 SEPT - 21HL'ONDE, VÉLIZY-VILLACOUBLAY (78)ANDRÉS MARÍN DANSEARCÁNGEL CHANTDIM 30 SEPT - 17HTHÉÂTRE MUNICIPALFONTAINEBLEAU (77)DIM 7 OCT16H30ENSEMBLE MUSICATREIZEOSCAR STRASNOYODYSSÉE - CRÉATION POUR CHOEURSET ORCHESTREPAVILLON BALTARDNOGENT-SUR-MARNE(94)VEN 14 SEPT20HYOMD’EST EN OUESTLA DYNAMO DE BANLIEUES BLEUESPANTIN (93)LE CABARET SAUVAGEPARIS (75)VEN 21 SEPT20H30JOEL FREDERIKSEN& L’ENSEMBLE PHOENIXMUNICHEGLISE NOTRE-DAMEVINCENNES (94)DIM 23 SEPT16H30ABDEL RAHMAN EL BACHAPIANOMICHAEL LONSDALELECTUREABBAYE DES VAUXDE CERNAY(78)SAM 6 OCT20H45FRANÇOISE ATLAN& L’ORCHESTRE ARABO-ANDALOU DE FÈSEGLISE SAINT-GERMAINL'AUXERROIS, DOURDAN(91)SAM 13 OCT20H30ZAD MOULTAKADIPTYQUESPARIS-BEYROUTHINSTITUT DU MONDE ARABEPARIS (75)www.festival-idf.fr01 58 71 01 01 | www.fnac.com | Fnac-Carrefour: 0892 683 622 (0,34€/mn)29 CONCERTS / 26 LIEUX8 SEPT - 14 OCT 2012DIASPORASMUSIQUES EN PARTANCEDIM 16 SEPT16H30CHŒUR D’ARMENIESOLISTES DU HOVERCHAMBER CHOIRÉGLISE NOTRE-DAMETAVERNY (95)SAM 22 SEPT20H45ENSEMBLEDOULCE MEMOIREENSEMBLE KUDSI ERGUNERDIR. DENIS RAISIN DADREEGLISE DE SAINT-SULPICEDE-FAVIÈRES (91)28 SEPT - 20H3029 SEPT - 20H3030 SEPT - 16H30HOMMAGE ÀCESARIA EVORACAMANE - ANGELIQUE KIDJO-ISMAEL LOBONGA - MAYRA ANDRADE - TEOFILO CHANTRECIRQUE D’HIVERPARIS (75)JEU 11 OCT20H45OMRI MOR TRIO& DIALNATHEATRE DU GARDE-CHASSELES LILAS (93)DIM 14 OCT17HTANGO CONNECTIONTOMAS GUBITSCH - JUAN CARLOS CACERESANNA SAEKI - JEREZ LE CAMSPLENDOR TANGO CLUB…LE BATACLANPARIS (75)mes nouvelles. C’est avant tout un grandrhéteur que les musici<strong>en</strong>s cherch<strong>en</strong>t ici àfaire découvrir.J.-G. LebrunSamedi 15 septembre à 17h30 et 20h45à Royaumont.Baroque / AinFestivald’AmbronayPlacé sous le thème de la métamorphose, lefestival réunit stars et jeunes valeurs montantesdu baroque.Grand-messe du baroque, le Festival d’Ambronayse met à explorer des répertoires plustardifs. Cette édition, intitulée « Métamorphose», met ainsi à l’honneur la musiquesacrée de Mozart. <strong>La</strong> Messe du Couronnem<strong>en</strong>tsera donnée par le Cercle de l’harmoniesous la baguette de Jérémie Rhorer (le 15septembre, avec le jeune chœur Aedes), tandisque les Vêpres sol<strong>en</strong>nelles d’un confesseurseront dirigées par Giulio Prandi avecle Ghislieri Consort (le 28 septembre). Fidèledu festival, le chef Leonardo Garcia Alarcons’attaque de son côté à l’inévitable Requiem(le 29 septembre). Encore plus audacieux,Ambronay propose même des symphonies deSchubert avec Marc Minkowski et les Musici<strong>en</strong>sdu Louvre, qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>registrerl’intégrale pour le label Naïve (le 16 septembre).Mais les baroqueux pur jus peuv<strong>en</strong>têtre rassurés : ils retrouveront égalem<strong>en</strong>t<strong>La</strong> Petite bande dans Bach (le 21 septembre),ainsi qu’un récital autour de Ha<strong>en</strong>del(le 27 septembre) par l’exceptionnel sopranoRoberta Invernizzi (dont le dernier disque,consacré à Vivaldi, est à tomber, chez Glossa),sans oublier William Christie et ses Arts Flo’dans Charp<strong>en</strong>tier (le 5 octobre). En parallèlesont organisées confér<strong>en</strong>ces et master-classesouvertes à tous.A. PecqueurDu 14 septembre au 7 octobre à Ambronay.Tél. 04 74 38 74 00.Temps fort ambronayNabuccoLeonardo Garcia Alarcon exhume l’oratorio deMichelangelo Falvetti.Leonardo Garcia Alarcon dirige son <strong>en</strong>semble CapellaMediterranea.Nabucco à Ambronay ? On imaginait déjà lepublic de l’Abbatiale repr<strong>en</strong>ant le Va p<strong>en</strong>sieroverdi<strong>en</strong>… Mais cela restera de l’ordre du fantasmepuisque le Nabucco dont il est questiona été composé <strong>en</strong> 1683 par MichelangeloFalvetti. Après avoir <strong>en</strong>registré Il Diluviouniversale, le chef Leonardo Garcia Alarconredonne donc vie à une autre partition ducompositeur itali<strong>en</strong>, connu pour son s<strong>en</strong>s duspectaculaire. Le musici<strong>en</strong> arg<strong>en</strong>tin retrouveson <strong>en</strong>semble, Capella Mediterranea, et unedistribution alléchante, avec notamm<strong>en</strong>tCéline Sche<strong>en</strong> et Matteo Bellotto. Commepour Il Diluvio universale, Leonardo GarciaAlarcon fait appel au percussionniste traditionnelirani<strong>en</strong> Keyvan Chemirani, dont l’imaginaireori<strong>en</strong>tal n’est pas étranger à cettemusique écrite <strong>en</strong> Sicile (Falvetti fut maîtrede chapelle à Messine), au croisem<strong>en</strong>t descultures.A. PecqueurLe 14 septembre à 20h30.Tous répertoires / DoubsFestivalde Besançon<strong>La</strong> 65 e édition accueille comme artisteassocié le chef d’orchestre GerdAlbrecht.Misato Mochizuki est la compositrice <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce duFestival de Besançon.Le Festival de Besançon est actuellem<strong>en</strong>tà la recherche de son nouveau directeur.En att<strong>en</strong>dant, profitons de la dernière édition,prometteuse, concoctée par David Olivera.Le statut d’artiste associé est attribuécette année au chef d’orchestre GerdAlbrecht, anci<strong>en</strong> lauréat du Concours dechef d’orchestre de Besançon. Il dirige unconcert jeune public avec l’Orchestre desjeunes du <strong>La</strong>nd de Hesse (le 16 septembre)et l’Orchestre symphonique de Bâle (le 22septembre) dans un programme Beethov<strong>en</strong>et Misato Mochizuki. Cette dernière est lacompositrice <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce du Festival, quiprogramme notamm<strong>en</strong>t son quatuor Terresrouges par le Quatuor Voce (le 21 septembre).Il ne faut <strong>en</strong>fin pas manquer l’ant<strong>en</strong>nemobile de l’étonnant musée sonore de Berlin,créée par Gerd Albrecht, permettantà tout un chacun de s’initier à la pratiqueinstrum<strong>en</strong>tale (le 16 septembre, toute lajournée).A. PecqueurDu 14 au 23 septembre à Besançon.Tél. 03 81 82 08 72.Tous répertoires / AubeFestivalde Clairvaux« Ombres etlumières »Philippe Hersant est le compositeur <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>cede la 9 e édition du Festival.L’abbaye de Clairvaux est connue pourabriter l’une des prisons les plus sécuriséesde France, où l’on trouvait, parmi lesex-p<strong>en</strong>sionnaires, le tueur de l’est parisi<strong>en</strong>Guy Georges ou le terroriste Carlos. Ce quel’on sait moins, c’est que l’Abbaye accueilleaussi, sur un week-<strong>en</strong>d de septembre, unfestival de musique. On pourra y <strong>en</strong>t<strong>en</strong>drecette année le pianiste Jean-Claude P<strong>en</strong>netierdans des œuvres de Liszt, Schumann etSchubert (le 22 septembre), ou <strong>en</strong>core despolyphonies corses par l’<strong>en</strong>semble BarbaraFurtuna (le 22 septembre). Mais surtout, leFestival a commandé une nouvelle œuvrepour chœur et instrum<strong>en</strong>ts à Philippe Hersant,d’après des textes de dét<strong>en</strong>us de laMaison c<strong>en</strong>trale de Clairvaux. On ne pouvaitimaginer meilleur choix que celui du compositeurdu Château des Carpathes, dontle langage, d’une rare sincérité, s’imprègned’influ<strong>en</strong>ces multiples (baroque, musiquestraditionnelles) sans jamais tomber dansl’imitation.A. PecqueurDu 21 au 23 septembre à Clairvaux.Tél. 03 25 27 52 55.© Y. Petit© D. R.New Quartet / New MorningTemps fort ClubDuc des LombardsUn mois<strong>en</strong> bref…Concert idéal de r<strong>en</strong>trée pour exhiber votrejoli bronzage.Le tromboniste Sébasti<strong>en</strong> Llado nousramène à la plage <strong>en</strong> soufflant dans sescoquillages (les 13 et 14 <strong>en</strong> quartet). Il cède<strong>en</strong>suite la scène et son parasol à RiccardoDel Fra qui r<strong>en</strong>d hommage à Chet Bakeravec Airelle Besson à la trompette (« MyChet, My Song » le 15), au retour <strong>en</strong> club dela chanteuse danoise Susi Hyldgaard, avec<strong>en</strong> poche et <strong>en</strong> tête l’album « Dansk », hommagesophistiqué et s<strong>en</strong>sible à son pays(les 21 et 22), à l’afro jazz movie du KoraJazz Trio (les 24 et 25) et <strong>en</strong>fin à l’imm<strong>en</strong>sepianiste cubain Hilario Duran <strong>en</strong> trio, qui aEntreti<strong>en</strong> e Sylvain BeufSylvain Beuf s’éclaireà l’électricitéEnfant des années 60, le saxophoniste, leader et compositeur SylvainBeuf s’est nourri de toutes les musiques du xx e siècle, du Sacre duPrintemps au Rock. Après huit albums strictem<strong>en</strong>t acoustiques dansdiffér<strong>en</strong>tes configurations, il opère aujourd’hui un spectaculaire passageà l’électricité avec un nouvel opus intitulé Electric Exc<strong>en</strong>tric (sorti le 11septembre), ouvrant de nouvelles perspectives.Comm<strong>en</strong>t s’est élaboré ce passage vers unprojet et un groupe électriques ?Sylvain Beuf : Ce « passage » supposait dedéboucher sur une nouvelle histoire musicale ethumaine, sur un espace sonore vierge qui pourraitme permettre d’avancer de façon créative etsereine. Disons qu’après huit albums sous monnom dédié à des formations « acoustiques », du triojusqu’à l’octet, s’est imposée à moi l’<strong>en</strong>vie d’explorerune autre voie musicale à travers une formationà quatre qui impliquerait pour moi de lâcherprise, d’aborder d’une autre façon mon rapport auson, à l’émotion et à l’énergie… Il m’a fallu un certaintemps avant que mon saxophone s’acclimateà ce bain frais et brûlant à la fois, aux cotés de cestrois individualités fortes que sont Manu Codjia àla guitare, Philippe Bussonnet à la basse et Juli<strong>en</strong>Charlet à la batterie. Dans le prolongem<strong>en</strong>t desnombreux mom<strong>en</strong>ts passés <strong>en</strong>semble sur scène<strong>en</strong> club sur Paris, l’idée est née de monter ce nouveaurépertoire… Un an et demi a été nécessairejusqu’à la sortie de l’album.Former un groupe électrique, c’est puiser dansune autre « mémoire musicale » que celle dujazz à proprem<strong>en</strong>t parler, celle du rock, dujazz-rock, de la musique africaine, etc.S. B. : Je vis cette nouvelle expéri<strong>en</strong>ce dans lacontinuité d’une histoire <strong>en</strong>tamée il y a 35 ans,l’histoire de quelqu’un qui dévalisait la discothèquede ses frères et sœurs, avide de découvertes…G<strong>en</strong>esis, Weather Report, Neil Young,Le Sacre du printemps… Cette gigantesqueculture de la pop, du rock, du jazz électrique, faitpartie intégrante de ma vie musicale, au même“Lâcher prise, aborderd’une autre façonmon rapport au son,à l’émotionet à l’énergie…”Sylvain Beuftitre que la musique europé<strong>en</strong>ne classique etdu jazz, qui est v<strong>en</strong>u peu après.Vous n’aviez pour l’instant jamais ou presqueintégré de guitare dans vos groupes précéd<strong>en</strong>ts.Pourquoi ?S. B. : L’habitude ! En fait, j’avais tout de même<strong>en</strong>registré avec quatre guitaristes <strong>en</strong> tant quesideman : Birelli <strong>La</strong>grène, Sylvain Luc, OlivierLouvel et Michel Perez. Mais comme compositeur,je vais plus naturellem<strong>en</strong>t vers uneécriture pianistique. Pourtant Jeff Beck, PatMeth<strong>en</strong>y, John Scofield ou Bill Frisell font partiede mes héros. Je me suis vraim<strong>en</strong>t décidéà jouer avec un guitariste lors d’un concert auNew Morning où j’ai <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du Manu Codjia. <strong>La</strong>précision de son jeu, la richesse de ses couleurset sa façon d’incarner l’esprit des différ<strong>en</strong>tsmorceaux m’ont donné <strong>en</strong>vie de provoquerune r<strong>en</strong>contre avec lui. Pour moi, il faitcohabiter cette énergie formidable v<strong>en</strong>ue durock avec cette sci<strong>en</strong>ce mélodique et harmoniqueissue du jazz. Son empreinte musicaleest déterminante dans le son de l’album. EtJuli<strong>en</strong> et Philippe ont su s’<strong>en</strong>gouffrer dans sonmonde sonore…Propos recueillis par Jean-Luc CaradecJeudi 4 octobre à 21h au New Morning.Tél. 01 45 23 51 41.e Réservez votre billet sur www.journal-laterrasse.frpartagé la scène avec les plus grands de laplanète cali<strong>en</strong>te, du Bu<strong>en</strong>a Vista Social Clubà Dizzy Gillespie (les 26 et 27).J.-L. CaradecTél. 01 42 33 22 88 au Duc des Lombards.Relecture / New MorningDavid LinxLe vocaliste belge prés<strong>en</strong>te sur scène lamusique de son nouvel album consacré à unerelecture de Porgy and Bess.Le magnifique opéra de Gershwin avait déjà inspiréà Miles Davis et Gil Evans <strong>en</strong> 1958 un album<strong>en</strong>tré depuis dans l’histoire du jazz. Plus d’undemi-siècle plus tard, David Linx, <strong>en</strong> tandemavec sa complice la chanteuse portugaise MariaJoao, et porté par le Brussels Jazz Orchestra, selance à son tour dans une av<strong>en</strong>ture de relecturebrillante et souv<strong>en</strong>t brûlante de ce grand opéra• florileges.creations@free.fr•SEPT.OCTOBRENOVEMBREDÉC.JANVIERFÉVRIERMARSAVRILMAIS P E C T A C L E SS A I S O N2 0 1 2 / 2 0 1 3PRÉSENTATION DE SAISONVOYAGE EN EUROPETOMÁS GUBITSCH TRIOCHANGER CONSTAMMENTEN LUMIÈRE ET EN FLAMMECRAZYMOOOOOOOOONSTRESGRAND CORPS MALADEDE BRANCHES ET DE POMMESRENOUVEAU ARTISTIQUEVOLONTAIREMENTELABORÉ EN LIVEIVRE D’ÉQUILIBRELES MONOLOGUES VOILÉSELECTRO DELUXE & BIG BANDLE PORTEUR D’HISTOIRELA CHUTE DE LA MAISON USHERPALETTES MAGIQUESBALLET 2 RUELE GAI SAVOIR DU CLOWNBLACK BAZAR ET CONCERTET SI J’ÉTAIS MOI !AU PAYS DESKAOSROULEZ JEUNESSE !MÈRE COURAGE ET SES ENFANTSOWA,QUANDLECIELS’OUVRELA RONDELES PARFUMS DE L’ÂMEUN PETIT HUBLOT DE CIELAH ! ANABELLETHE MOZ’ART GROUPDOM JUANLIL’DRAGONCORRERIA AGWABEAUCOUP DE BRUIT POUR RIENNIGTH BOX / HARRYKATIA GUERREIROV<strong>en</strong>dredi 14 à 19hV<strong>en</strong>dredi 21 à 20h30Mardi 9 à 20h30V<strong>en</strong>dredi 12 à 20h30Lundi 15 à 20h30Mar. 23 à 10h et 15h30 / Mer.24 à 10h30Samedi 27 à 20h30Mar. 6 à 9h30 et 11h / Mer. 7 à 10hMardi 13 à 14h30 et 20h30V<strong>en</strong>dredi 16 à 20h30Mardi 20 à 20h30V<strong>en</strong>dredi 23 à 20h30Mardi 27 à 20h30Mardi 4 à 20h30Samedi 22 à 15hMardi 15 à 20h30V<strong>en</strong>dredi 18 à 20h30Mardi 22 à 20h30Mar. 29 à 10h et 14h30 / Mer. 30 à 14h30Mardi 5 à 20h30Jeudi 7 à 20h30Mardi 12 à 20h30V<strong>en</strong>dredi 15 à 20h30Jeu. 21 à 10h et 14h30 / V<strong>en</strong>. 22 à 14h30Mardi 26 à 20h30V<strong>en</strong>dredi 1 er à 20h30Jeu. 14 à 10h et 11h / V<strong>en</strong>. 15 à 10h et 11hMar. 19 à 10h et 14h30 / Mer. 20 à 14h30Dimanche 24 à 15h30V<strong>en</strong>dredi 29 à 20h30V<strong>en</strong>dredi 5 à 20h30V<strong>en</strong>dredi 12 à 20h30V<strong>en</strong>dredi 19 à 20h30Jeudi 25 à 20h30Jeudi 30 à 20h30ESPACE CULTUREL BORIS VIANBilletterie : 01 69 29 34 91 www.lesulis.frVOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.frRéservez votre billet sur www.journal-laterrasse.fr


56 jazz / chanson / musiques du monde septembre 2012 / N°201 la terrasse la terrasse septembre 2012 / N°201 jazz / chanson / musiques du monde 57Un géant du jazz américain obsédé par l’Afrique.Né sur le sol américain, à Brooklyn, <strong>en</strong> 1926,Randy Weston perçoit d’emblée la dim<strong>en</strong>sionafricaine du jazz grâce à son père d’originejamaïquaine qui l’initie à la musique par sesmots : « Mon fils, tu es un Africain né <strong>en</strong> Amépopulaire.Outre l’insol<strong>en</strong>t brio vocal des interprèteset l’impeccable qualité du big band belge,le projet doit aussi beaucoup à une équipe trèsinternationale d’arrangeurs parmi lesquels lefrançais Pierre Bertrand. J.-L. CaradecLe 26 septembre à 20h30 au New Morning.Tél. 01 45 23 51 41.Temps fort ClubPiano au Sunset-Sunsidemaîtresdu clavierBelle série de maîtres du clavier aux deuxétages du « 60, rue des Lombards ».Le pianiste Patrick Favre prés<strong>en</strong>te la musiquede son deuxième album « Origines » le 27 septembreau Sunside.Premier à <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> scène : le pianiste itali<strong>en</strong>Giovanni Mirabassi qui répond à l’invitation dusaxophoniste Christophe <strong>La</strong>borde (le 13) avantl’hommage d’Antoine Hervé à Weather Report,qui provoque une relecture décapante du répertoiredu groupe, grâce <strong>en</strong> particulier à la magici<strong>en</strong>neet sculptrice des sons Véronique Wilmart,qui prolonge les recherches de Joe Zawinul (du13 au 15), Manuel Rocheman <strong>en</strong> trio pour la suitede son “tribute to Bill Evans” (les 14 et 15), EricLegnini au piano mais aussi au F<strong>en</strong>der Rhodes,<strong>en</strong> trio avec Franck Agulhon à la batterie et ThomasBramerie à la contrebasse (du 18 au 20), letrès jeune Frédéric Perreard, nouveau tal<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>quartet avec Jean-Jacques Elangué au saxophone(le 19) et <strong>en</strong>fin, Patrick Favre <strong>en</strong> quartetpour la sortie de l’album “Origines” chez Axootljazz / Frémeaux, deuxième album introspectif,marqué par le sil<strong>en</strong>ce et le désir de remonter auxsources de sa musique et son histoire personnelle,<strong>en</strong>touré de Pierre Perchaud à la guitare,Gildas Boclé à la contrebasse et Karl Jannuskaà la batterie (le 27).J.-L. CaradecTél. 01 40 26 21 25 au Sunset Sunside.Concerts de lancem<strong>en</strong>tStudio de l’ErmitageThe BrainfestivalCoup d’<strong>en</strong>voi à Paris d’un festival au profit dela recherche sur les maladies du cerveau.Complices réguliers, le saxophoniste Thomas dePourquery et la vocaliste Jeanne Added sont tous deuxà l’affiche de “Sunday au Bataclan” le 23 septembre.Le Brain festival rassemble des artistes bénévolessout<strong>en</strong>ant l’Association Neuroligue <strong>en</strong>gagéedans la recherche sur les maladies neurodégénératives.« Nous savons que l’espérancede vie augm<strong>en</strong>te. Avec elle, augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t aussiles risques que se déclare une maladie neurodégénérative.Tous <strong>en</strong>semble, nous auronsplus de force pour faire avancer la recherchesur nos maladies. Nous luttons pour nous etnos <strong>en</strong>fants, pour aujourd’hui et pour demain »explique le Docteur François de Pourquery, fondateurde Neuroligue. Ce festival prés<strong>en</strong>te une© D. R.© Caradec / F451 productionssérie de concerts de lancem<strong>en</strong>t à Paris du 20 au23 septembre dans trois belles salles parisi<strong>en</strong>nes: le Bataclan, la Maroquinerie et le Studiode l’Ermitage. A l’affiche : le duo André Minvielle-LionelSuarez (le 20 à 20h30), deux « Nuits dela Maroquinerie » à dominantes électro (les 21et 22) et <strong>en</strong>fin un flamboyant Sunday Bataclan(brunch, r<strong>en</strong>contres, concerts, films, performancesde 14h à 20h) concocté par le SurnaturalOrchestra <strong>en</strong>touré de nombreux invitésparmi lesquels Jacques Higelin, Oxmo Puccino,les Chi<strong>en</strong>s de Navarre, Babx, L, Camélia Jordana,Elise Caron & D<strong>en</strong>is Chouillet, Thomas dePourquery, Jeanne Added et Andy Emler. Le festivalse poursuivra au niveau national jusqu’au3 novembre. J.-L. CaradecDu 20 au 23 septembre au Bataclan,à la Maroquinerie et au Studio de l’Ermitage.www.thebrainfestival.comFestival / Théâtre de Saint-MaurJazz <strong>en</strong> BoucleSixième édition du festival, déclinée <strong>en</strong> troisgrandes soirées au Théâtre de Saint-Maur.Le guitariste Sylvain Luc.Le violoniste Didier Riey, directeur de la manifestation,a souhaité ori<strong>en</strong>ter sa programmationvers la guitare et la voix. Ri<strong>en</strong> d’étonnant donc àce que ce disciple de Grappelli convoque pourla soirée d’ouverture les guitaristes StocheloRos<strong>en</strong>berg et Romane, deux grands héritiersde Django Reinhardt et du swing gitan (le 27).Autre grand monsieur de la six cordes att<strong>en</strong>duà Saint-Maur : Sylvain Luc <strong>en</strong> « Organic Trio » dechoc composé d’André Ceccarelli à la batterieet Thierry Eliez aux claviers (le 28), précédé <strong>en</strong>première partie du crooner Fr<strong>en</strong>chy MatthieuBoré. Du côté des voix, le l<strong>en</strong>demain, place auxVoice Mess<strong>en</strong>gers de Thierry <strong>La</strong>lo, exemplairegrande formation de huit vocalistes héritiers desDouble Six (le 30 à 17h30, avec le pianiste Ludovicde Preissac <strong>en</strong> sextet <strong>en</strong> première partie).Une édition « Off » du festival complète la programmationle samedi 29 septembre avec unecopieuse série de concerts de jeunes tal<strong>en</strong>ts àSaint-Maur et dans ses <strong>en</strong>virons.J.-L. CaradecDu 27 au 30 septembre au Théâtrede Saint-Maur. Tél. 01 48 89 99 10.Nouveau festival / ProvinsProvinsDuke FestivalPremière édition d’une manifestation dédiéeà Duke Ellington à Provins.Le chef d’orchestre <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Mignard.A l’origine de ce nouveau festival, d’une partla passion et l’expertise de <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Mignard,spécialiste du génial jazzman américain etfondateur du Duke Orchestra, et d’autre partle souv<strong>en</strong>ir d’un concert exceptionnel donnépar Duke Ellington le 4 juillet 1970 à… Provins !Il n’<strong>en</strong> fallait pas davantage pour provoquerl’alliance de la célèbre cité médiévale et deMignard l’elligtonmaniaque. Au programme : leVOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fr© LEVY-STAB© D. R.© D. R.Chamber Jazz Quintet, l’exposition Duke EllingtonPanorama, le groupe Orphéon Celesta, leYoung Blood Quintet avec Didier Lockwood <strong>en</strong>invité dans le rôle du vétéran, une confér<strong>en</strong>cede Claude Carrière et <strong>en</strong>fin, <strong>en</strong> concert de clôture,le spectacle musical « Ellington Fr<strong>en</strong>chTouch » du <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Mignard Duke Orchestraavec les chanteuses Nicolle Rochelle et <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ceAllison (samedi 29 septembre à 20h30au C<strong>en</strong>tre culturel Saint-Ayoul). J.-L. CaradecLes 28 et 29 septembre à Provins (77).Tél. 08 200 77 160.saxophone / SunsetSébasti<strong>en</strong>JarrousseLe saxophoniste signe un nouvel album etcontinue de citer parmi ses principales référ<strong>en</strong>cesartistiques John Coltrane, BrandfordMarsalis et Wayne Shorter.Révélé <strong>en</strong> 2004 lors du Concours international deJazz de <strong>La</strong> Déf<strong>en</strong>se où il fait une razzia sur le palmarès(1 er prix de composition, 2 e prix d’orchestre,deux prix de solistes), Sébasti<strong>en</strong> Jarrousseest aussi le saxophoniste de la très remarquéepièce de théâtre musical « A Love Supreme » <strong>en</strong>hommage à John Coltrane… Il signe aujourd’huil’album le plus important de sa trajectoire devaleur sûre de la génération des 30-40 ans dujazz français : « Wait and see » <strong>en</strong>registré <strong>en</strong>quartet avec Pierre-Alain Goualch au piano,Matthieu Chazar<strong>en</strong>c à la batterie, Mauro Garganoà la contrebasse. « Une musique improviséerésolum<strong>en</strong>t contemporaine » pour repr<strong>en</strong>dre lestermes du saxophoniste qui revisite toujours et<strong>en</strong>core l’héritage insondable de son grand maîtreJohn Coltrane.J.-L. CaradecLes 28 et 29 septembre au Sunset.Tél. 01 40 26 21 25.Vibraphone / Maison de Radio-FranceDavid PatroisLe vibraphoniste prés<strong>en</strong>te son nouvel albumdans l’excell<strong>en</strong>te série « Jazz sur le vif » dustudio Charles Tr<strong>en</strong>et de Radio-France.David Patrois, un des meilleurs spécialisteseuropé<strong>en</strong>s du vibraphone.Celui que Jack DeJohnette <strong>en</strong> personne compteparmi « les improvisateurs et compositeurs lesplus originaux de la scène du jazz actuel s’exprimantau vibraphone » vi<strong>en</strong>t de signer un nouvelalbum. « Live » qui sort chez Arts <strong>en</strong> Spectacles/MVS marque la suite <strong>en</strong> quintet des av<strong>en</strong>turesdu trio organisé par David Patrois (vibraphone,marimba) autour des saxophones de Jean-CharlesRichard et de la batterie de Luc Is<strong>en</strong>mann.Mais le vibraphoniste français avait <strong>en</strong>vie de muscleret complexifier le son de son trio aux climatsmélodiques magnétiques. Pour cela, il a convoquéSébasti<strong>en</strong> Llado (trombone & conques) et PierreDurand (guitare) : « Trois musici<strong>en</strong>s ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t labaraque et deux autres colori<strong>en</strong>t l’histoire ; l’undonne une couleur pour salir et l’autre une respiration,une ambiance » confie Patrois. Au mêmeprogramme de la série de Radio-France, une autreformation française, le Paris Jazz UndergroundSextet composé de Olivier Zanot (saxophone alto),David Prez (saxophone ténor), Sandro Zerafa &Romain Pilon (guitares), Yoni Zelnik (contrebasse)et Karl Jannuska (batterie). J.-L. CaradecSamedi 29 septembre à 17h30 au studioCharles Tr<strong>en</strong>et de Radio-France.Tél. 01 56 40 15 16.© Fred Pauwels© D<strong>en</strong>is RouvreFabrizio Cassol / Abbaye de RoyaumontItinérairebulgareAux marches de l’Europe, la Bulgarie a produitune bande-son aux croisées des musiques,comme le suggère ce parcours concocté parFabrizio Cassol, maître à jouer des Belgesd’Aka Moon.Les Belges Aka Moon devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le temps d’unecréation les Balkan Moon.Belle idée que cet Itinéraire bulgare, un vraivoyage sonore. Il y <strong>en</strong> aura pour tous les goûtset tous les âges. Trip initiatique avec un récitalpour les <strong>en</strong>fants, sous forme de conte. PuisFabrizio Cassol, maître de cérémonie, conviedes musici<strong>en</strong>s bulgares qui apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t àune génération charnière : celle qui avait <strong>en</strong>tre15 ans et 25 ans <strong>en</strong> 1990. Soit à la jonction dela tradition et de l’ouverture vers le monde desmusiques, avec une forte capacité à improviserà l’instar du saxophoniste Vladimir Karparov.On retrouvera <strong>en</strong>fin ce dernier pour la créationintitulée Aka Balkan Moon, création <strong>en</strong>trela p<strong>en</strong>sée résolum<strong>en</strong>t innovatrice d’Aka Moonet certains des meilleurs artificiers du vivierbalkanique : au c<strong>en</strong>tre des <strong>en</strong>jeux, le rythmedémultiplié, la mélodie <strong>en</strong> chantier. J. D<strong>en</strong>isLe 29 septembre à partir de 14h à l’Abbayede Royaumont, 95270 Asnières-sur-Oise.Tél. 01 34 68 05 50. Places : de 15 à 25 €.Trompette ori<strong>en</strong>tale / Vélizy-VillacoublayIbrahim MaaloufEn att<strong>en</strong>dant The Wind, son prochain opus, letrompettiste fait le bilan.Le trompettiste Ibrahim Maalouf donne au jazz rockun parfum de mélopées ori<strong>en</strong>tales.Sorti voici un an, l’album Diagnostic (commeson titre l’indique, le dernier volume d’untriptyque musicalo-psychanalytique) a portéson auteur aux cimes des v<strong>en</strong>tes, grâce à unerecette toute personnelle. Quelque part <strong>en</strong>trele jazz et les musiques ori<strong>en</strong>tales, le trompettistefranco-libanais y retrace les grandes étapesde sa vie, <strong>en</strong> traçant des courbes magnétiqueset dédales rythmiques qui charri<strong>en</strong>ttout autant la charge émotionnelle du passéqu’elles projett<strong>en</strong>t vers le futur d’un monde <strong>en</strong>redécomposition. À méditer.J. D<strong>en</strong>isLe 5 octobre à 21h au Grand théâtre de L’Onde,Théâtre et C<strong>en</strong>tre d’Art Vélizy-Villacoublay (78).Tél. 01 34 58 03 35. Places : de 19 à 24 €.African Rythm Trio / New MorningRandy WestonRéagissez et blogguez sur www.journal-laterrasse.frSaison Jazz 2012 / 2013Les 23 et 24 octobre 2012Ibrahim Maalouf, France / LibanDiagnostic / Nouvel albumLe 9 novembre 2012Antoine Hervé SextetHommage à Weather Report/ Nouvel albumLe 23 novembre 2012Jazz à la Déf<strong>en</strong>sePremier prix du concoursLe 21 décembre 2012Orchestre Franck TortillerJanis the Pearl / Nouvel albumLe 25 janvier 2013Thierry Maillard TrioBehind the Mirror / Nouvel albumLe 6 février 2013Orchestre National de JazzPiazzola ! / Nouvel albumLe 28 mars 2013Térez MontcalmLe 21 mai 2013Manu KatchéTél : 01 46 61 36 67


couv plaquette bagneux:couv plaquette bagneux 12/06/12 0:52 Page 158 jazz / chanson / musiques du monde septembre 2012 / N°201 la terrassela terrasse septembre 2012 / N°201 annonces classées 59THÉÂTRE VICTOR HUGOcouv plaquette bagneux:couv plaquette bagneux 12/06/12 0:52 Page 1ouv plaquette bagneux:couv plaquette bagneux 12/06/12 0:52 Page 114, av<strong>en</strong>ue Victor-Hugo • 92220 Bagneuxtél. 01.46.63.10.54 / 01.41.17.48.12ABONNEZ-VOUSPRÉSENTATIONDE LA SAISONCULTURELLE2012/2013théâtreJEUDI 2513 octobre SEPTEMBRE 2012À PARTIR Les DE 19H Mystères de ParisAU THÉÂTRE VICTOR HUGOdu 8 au 11 novembreFestival « Auteurs <strong>en</strong> acte »PRÉSENTATIONDE LA SAISONCULTURELLE2012/2013JEUDI 13 SEPTEMBRE 2012À PARTIR DE 19HAU THÉÂTRE VICTOR HUGOTHÉÂTRE VICTOR HUGO 01 46 63 10 54MAISON DE LA MUSIQUE ET DE LA DANSE 01 70 19 30 50DIRECTION DES ACTIONS CULTURELLES 01 41 17 48 12rique. Tu as des millénaires d’histoire derrièretoi ». Nourrie par sa grande connaissance descivilisations africaines et par de nombreuxvoyages sur le contin<strong>en</strong>t (Nigéria et Maroc <strong>en</strong>particulier), la musique de cet artiste fascinépar ailleurs par Coleman Hawkins et TheloniousMonk pr<strong>en</strong>d très tôt l’appar<strong>en</strong>ce d’uneréflexion sur l’id<strong>en</strong>tité et la mémoire. Dès 1958,sa grande suite « Uhuru Africa », puis « BlueMoses » (son plus grand succès inspiré par lamusique des Gnawas du Maroc), témoign<strong>en</strong>tde cette obsession et inspiration africaines quil’anim<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core à 86 ans après plus de cinqdéc<strong>en</strong>nies sur scène. Avec Alex Blake (basse)et Neil Clarke (percussions). J.-L. CaradecMardi 2 octobre à 20h30 au New Morning.Tél. 01 45 23 51 41.MUSIQUESDU MONDENew Klezmer / Dynamo de Pantin /Cabaret SauvageYomd’Est <strong>en</strong> OuestPassé, prés<strong>en</strong>t, futur, Yom conjugue la traditionau pluriel de ses subjectifs.Le dénommé « nouveau roi de la clarinetteklezmer » marche avec allégresse dans lespas des aînés, tout <strong>en</strong> osant les grands écarts,des doux délires avec les Wonder Rabbis audialogue avec le Chinois Wan Li autour del’apocalypse verte… Le voilà de retour, avecpas mal de ses anci<strong>en</strong>s compères, pour unspectaculaire événem<strong>en</strong>t qui repr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> troisétapes l’histoire de la diaspora juive. Uneintime création à <strong>La</strong> Dynamo, une joyeusedéambulation <strong>en</strong> fanfare le long du canal del’Ourcq, et <strong>en</strong>fin, arrivé au Cabaret Sauvage,une explosion des formes, dans tous les s<strong>en</strong>s,du rock à l’électro funk.J. D<strong>en</strong>isLe 14 septembre à partir de 20h, à <strong>La</strong> Dynamode Pantin (93), et à 22h au Cabaret Sauvage(Paris). Tél. 01 58 71 01 01. Places : 15 à 22 €.Algérie / Cité de la MusiqueMémoiresau Prés<strong>en</strong>t5 avrilMelingo “Corazòn & hueso”Chanson tangoMusiques algéri<strong>en</strong>nes et indép<strong>en</strong>dance.Dans le cadre d’un cycle « Mémoire et créationx:couv plaquette 11 ou 12 couv avril bagneux plaquette 12/06/12 bagneux:couv 0:52 plaquette Page 1 bagneux 12/06/12 0:52», la CitéPagede la1Chorus des Hauts-de-SeineMusique célèbre un demisiècled’indép<strong>en</strong>dance de l’Algérie <strong>en</strong> mettant25 maiThomas de Pourquery , Supersonic “A tribute to Sun Ra”, jazz<strong>en</strong> lumière les champs d’une musique populaire,<strong>en</strong>gagée, hétérodoxe, et toujours <strong>en</strong> quêteDANSE / ARTS URBAINSde liberté. Le samedi, un après-midi de débatsautour de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t artistique sera ponctuépar un concert du chanteur Baâziz,25 janvierLe Grandiloqu<strong>en</strong>t Moustache Poésie ClubSlam<strong>en</strong>treÉSENTATIONDE LA SAISONCULTURELLE2012/201325 et 26 novembrePuppet crashtestMa foiMa biche et mon lapin31 janvierLe DindonI 13 SEPTEMBRE 2012TIR DE 19HÉÂTRE VICTOR HUGOd’après Eugène Sue,mise <strong>en</strong> scène William MesguichFestival de théâtre d'aujourd'huiFestival MAR.T.Ode George Feydeau, mise <strong>en</strong> scène Philippe Adri<strong>en</strong>7 févrierTHÉÂTRE VICTOR HUGO <strong>La</strong> 01 Fontaine, 46 63 10 54homme libre et libertin Jean-Claude DrouotMAISON DE LA MUSIQUE 21 mars ET DE LA DANSE 01 70 19 30 50DIRECTION DES ACTIONS Bronx CULTURELLES 01 41 17 48 12 Francis Huster, mise <strong>en</strong> scène Steve Suissa19 avrilFrères de sangHUMOUR2 décembreMozART Group13 janvierMélange 2 temps12 févrierC'est la dernière fois… !MUSIQUES6 octobreProfessor Harrison Stafford “Madness”12 octobreMarcel Azzola & le Quatuor Inédits23 novembreR<strong>en</strong>aud Garcia Fons “Solo”7 décembreTérez Montcalm “Tribute to Shirley Horn”19 janvierHip-Hop Orchestra2 févrierCarm<strong>en</strong> Souza Quartet9 févrierArthur Ribo “L'un et l’autre”23 févrierSandra Nkakésuivi de Anthony Joseph & the Spam BandArtur Ribeiro et André CurtiCompagnie BP ZoomCompagnie PGK, danse jazzPRÉSENTATIONPRÉSENTATIONDE LA SAISONCULTURELLE2012/2013DE LA SAISONCULTURELLE2012/2013THÉÂTRE VICTOR HUGO 01 46 63 10 54MAISON DE LA MUSIQUE ET DE LA DANSE 01 70 19 30 50DIRECTION DES ACTIONS CULTURELLES 01 41 17 48 12Club Slam et HumourThéâtre musicalJEUDI 13 SEPTEMBRE 2012À PARTIR DE 19HAU THÉÂTRE VICTOR Création HUGOwww.bagneux92.frPopeckReggaeJazz MusetteJazzJazzClassique et RapWorldSlam poésieJazz & Soul16 marsPyramide des rythmes de Mamady KeïtaMusique du Monde15 févrierParce qu’on va pas lâcher Compagnie Onstap, step et théâtre7 avrilUnfinished fragm<strong>en</strong>tsJEUNE PUBLIC18 et 20 novembre L’histoire du Petit Tailleur Conte JEUDI musical13 SEPTEMBRE 2012À PARTIR DE 19HAU THÉÂTRE VICTOR HUGO12 et 13 décembre Petit éloge de la désobéissance(à l'usage des <strong>en</strong>fants) Marionnettes25 janvier Le petitloqu<strong>en</strong>t Moustache Poésie20 et 21 février Mooooooooonstres Théâtre d'objets27 et 28 février Grat'moi la puce que j’ai dans l’do27 et 28 mars Soufre Théâtre d'objets16 avril Noces-Bayna - Fawzy al Aïedi Voyage musical30 et 31 mai Brigands Théâtre d'objets et de papierEt aussi… Festivals Zone Franche,Auteurs <strong>en</strong> Acte et MAR.T.O, cinéma,nos voisins sont formidables…SAISONCULTURELLE2 0 1 2 / 2 0 1 3SAISONSAISONCULTURELLE2 0 1 2 / 2 0 1 3Plaquettede saisonsur demandeCULTURELLESAISONCULTURELLE2 0 1 2 / 2 0 1 3chaâbi et rock alternatif. Puis Cheba Fadela,l’une des trop rares femmes respectées du raï,succédera à un plateau de chaâbi avec AbdelkaderChaou. Le dimanche, un concert du poètede la résistance kabyle Lounis Aït M<strong>en</strong>guellets’immisce dans un cycle de projections dépeignantles combats politiques et sociaux dupeuple algéri<strong>en</strong>, avec pour bouquet final unfilm de Willliam Klein sur le Panaf, le mythiquefestival panafricain d’Alger de 1969, quiregroupa dans un espoir de créativité culturellepléthore d’artistes tels Myriam Makeba,Archie Shepp, Barry White <strong>en</strong>tre autres artistesdu monde <strong>en</strong>tier se trouvant des racines communesdans le giron africain.V. FaraDu 11 au 16 septembre à la Cité de la Musique.Tél. 01 44 84 44 84. Places : de 5 à 25 €.Brésil / L'Europé<strong>en</strong>Vitto MeirellesLe chanteur et compositeur transc<strong>en</strong>de sesracines brésili<strong>en</strong>nes, <strong>en</strong>tre classicisme bossaet musicalité croisée.Vitto Meirelles, un Brésili<strong>en</strong> à l’Europé<strong>en</strong>.Cet artiste carioca est à sa place dans toutesles programmations, des festivals de jazz auxplateaux chanson et autres r<strong>en</strong>dez-vous demusiques du monde. Vitto Meirelles converse<strong>en</strong> musiques, interrogeant autant les racineslatines, africaines et europé<strong>en</strong>nes de la musiquebrésili<strong>en</strong>ne, que ses frictions avec le jazz, la pop,le rock, la Caraïbe ou la chanson. Ses compositionsont la grâce mélodique de standards debossa, <strong>en</strong>veloppées d’une patine d’arrangem<strong>en</strong>tsdont la douceur est la face émergée d’un processrythmique et orchestral méticuleux. V. FaraSamedi 15 septembre à 20h30 à l’Europé<strong>en</strong>.Tél. 01 43 87 97 13. Places : 19 €.Flam<strong>en</strong>co / <strong>La</strong> JavaRaphaël FaysCHANSONP U Z Z L ELe grand guitariste <strong>en</strong> concert avec son groupeflam<strong>en</strong>co.Né dans le jazz et élevé dans le culte de DjangoReinhardt par un père guitariste (Louis Faÿs),passé par la guitare classique, Raphaël Faysbouleverse sa trajectoire musicale suite à sar<strong>en</strong>contre <strong>en</strong> 1987 avec Paco de Lucia. Il s’appropriealors toutes les traditions pour créerson propre flam<strong>en</strong>co, dans une démarche desynthèse des styles gitan et flam<strong>en</strong>co, comme<strong>en</strong> témoigne plus que jamais son dernierSAISONnoga BEBEY2 0 1 2 / 2 0 1 3musique <strong>en</strong> libertéPATRICKCULTURELLE2 0 1 2 / 2 0 1 3VOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fr© D. R.© D. R.© Omri Barel© D. R.Retrouvons le guitariste sur son « camino con elFlam<strong>en</strong>co ».album <strong>en</strong> date sorti <strong>en</strong> mars 2011 « Mi CaminoCon el Flam<strong>en</strong>co » (Chant du Monde / HarmoniaMundi). Avec Tito (guitare flam<strong>en</strong>ca), JoséPalomo (percussions), Claude Mouton (contrebasse)et Diana Regano (danse).J.-L. CaradecV<strong>en</strong>dredi 21 septembre à 20h30 à <strong>La</strong> Java,105 rue du Faubourg du Temple, 75010 Paris.Tél. 01 42 02 20 52.Grèce / Cabaret SauvageLes voixdu rebetikoIl ne fallait pas moins de trois voix pour honorerle chant <strong>en</strong>ivrant de Roza Esk<strong>en</strong>azi, laBillie Holiday grecque disparue <strong>en</strong> 1980.Yota Nega et Mehtap Demir, deux des nouvelles voixdu rebetiko.Si Markos Vamvakaris fut le véritable maître àjouer (et composer) du rebetiko, Roza Esk<strong>en</strong>azi<strong>en</strong> reste sans conteste la diva qui exporta ceg<strong>en</strong>re de blues, à la grecque, outre-Atlantique.Dotée d’une voix id<strong>en</strong>tifiable <strong>en</strong>tre toutes, lanative de Constantinople demeure une référ<strong>en</strong>ce.Pour preuve, le docum<strong>en</strong>taire « My SweetCanary » que lui consacra le cinéaste Roy Sher,désormais transposé <strong>en</strong> scène avec les chanteusesSavina Yannatou, Yota Nega et MehtapDemir.Toute une épique odyssée <strong>en</strong>tre les culturesgrecques, turques et sépharades. J. D<strong>en</strong>isLe 23 septembre à 17h au Cabaret Sauvage(Paris). Tél. 01 58 71 01 01. Places : 15 à 20 €.Cap-Vert / Cirque d'HiverHommage àCesaria EvoraUne révér<strong>en</strong>ce r<strong>en</strong>due par Bonga, Camané,Angélique Kidjo, Ismaël Lo, Mayra Andradeet Teofilo Chantre, initiée par le Festival d’Ilede-France.Cesaria Evora, 1941-2011, chantée au Cirque d’Hiverpar la fine fleur de la scène lusophone et africaine.Quelques mois après la disparition de CesariaEvora, quelques-uns de ses pairs, inspirateurset successeurs, se joign<strong>en</strong>t à ses musici<strong>en</strong>s pourune série de concerts repr<strong>en</strong>ant le répertoire de© Emmanuel Bovet© D. R.la plus célèbre des Cap-Verdi<strong>en</strong>nes. <strong>La</strong> musiqued’Evora, balançant <strong>en</strong>tre rythme et mélancolie,sera ici portée avec émotion, douceur et énergiepar un sublime plateau d’artistes portugaiset africains, dont Bonga, l’auteur du « Sodade »que Cesaria immortalisa, la propulsant au rangd’artiste internationale.V. FaraDu 28 au 29 septembre à 20h30au Cirque d’Hiver Bouglione. Tél. 01 47 00 28 81.Places : 13 à 26 €.Ray Lema / Abbaye de RoyaumontStation CongoRay Lema réunit ceux qui font le son du Congo<strong>en</strong> 2012 : tradi-modernes et jeunes rappeurs,adeptes de la rumba et convertis au n’dombolo…Tous unis derrière le patron.Avec son nouveau projet, Ray Lema réinvestitle fertile champ du Congo.« <strong>La</strong> culture <strong>en</strong> Afrique se transmettait ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tpar l’oralité, des plus vieux auxplus jeunes. Après le passage de la colonisationet de l’urbanisation des pays, la chaînes’est rompue. Aujourd’hui nous nous devons<strong>en</strong> urg<strong>en</strong>ce d’inv<strong>en</strong>torier et de redynamisernos cultures afin de passer aux générationsqui suiv<strong>en</strong>t un patrimoine culturel vivace quipuisse les guider dans les méandres de la globalisation.» Infatigable chercheur de sons,Ray Lema n’a cessé de creuser un sillon originaldepuis son <strong>en</strong>trée <strong>en</strong> musiques voici plusd’un demi-siècle. C’est <strong>en</strong>core le cas avec ceprojet où l’esthète des claviers, de retour aupays après plus de trois déc<strong>en</strong>nies, convietoutes les générations et id<strong>en</strong>tités pour uneav<strong>en</strong>ture transculturelle qui inv<strong>en</strong>te un autrefutur <strong>en</strong> conjuguant l’énergie de la scèneurbaine et l’originalité de la tradition.J. D<strong>en</strong>isLe 6 octobre à partir de 20h30 à l’Abbayede Royaumont (95270 Asnières-sur-Oise).Tél. 01 34 68 05 50. Places : de 10 à 17 €.Blues-Rock / L’Empreintede Savigny-le-TemplePopa ChubbySous des airs « no future, » Popa Chubby estune âme pure du blues rock.Tournée française toujours très att<strong>en</strong>due de PopaChubby, rockeur et new-yorkais absolu.Il a savamm<strong>en</strong>t intégré l’ess<strong>en</strong>ce roots dela musique américaine, des influ<strong>en</strong>ces dube-bop au rockabilly, du pur blues au rockmétallique, s’inscrivant dans le fil majeur dela musique urbaine des Etats-Unis. Guitarhero au look impeccablem<strong>en</strong>t tatoué, repr<strong>en</strong>anttous les codes extrêmes des Fifties àaujourd’hui, Popa n’a pas seulem<strong>en</strong>t une posturede lég<strong>en</strong>de, il <strong>en</strong> a surtout la carrure, letal<strong>en</strong>t, et la route bi<strong>en</strong> tracée. V. FaraMercredi 10 octobre à la Scène Nationalede Sénart (77). Tél. 01 60 34 53 60.Places : de 17 à 25 €.Réservez votre billet sur www.journal-laterrasse.frTél. 01 53 02 06 60www.journal-laterrasse.frFax : 01.43.44.07.08.E-mail : la.terrasse@wanadoo.frDirecteur de la publicationDan AbitbolRédactionOnt participé à ce numéroThéâtre éric Demey, Véronique Hotte,Manuel Piolat Soleymat, Catherine Robert,Agnès SantiDanse Marie Chavanieux, Nathalie YokelMusique classique et opéraJean Lukas, Jean-Guillaume Lebrun,Anh-Tuan Nguy<strong>en</strong>, Antoine PecqueurJazz -musiques du monde chansonJean-Luc Caradec, Jacques D<strong>en</strong>is,Vanessa FaraDirecteur délégué des rubriquesclassique /jazz et du hors-sérieAvignon-<strong>en</strong>-scènesJean-Luc CaradecResponsable des part<strong>en</strong>ariatsclassique / opéraEmmanuel CharletSecrétariat de rédactionAgnès SantiMaquetteLuc-Marie Bouët 01 42 71 12 64Conception graphiqueAgnès Dahan Studio, ParisWebmaster : Ari AbitbolDiffusion : Nicolas KapetanovicImprimé par : Imprimerie Saint-Paul,LuxembourgPublicité et annonces classées au journalTirageCe numéro est distribué à 80 000 exemplaires.Déclaration de tirage sous la responsabilitéde l’éditeur soumise à vérification de l’OJD.Dernière période contrôlée année 2009,diffusion moy<strong>en</strong>ne 74 500 ex.Chiffres certifiés sur www.ojd.comÉditeur : Eliaz éditions,4, av<strong>en</strong>ue de Corbéra 75012 ParisTél. 01.53.02.06.60. – Fax : 01.43.44.07.08.E-mail : la.terrasse@wanadoo.fr<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> est une publication de la sociétéEliaz éditions.Gérant : Dan Abitbol – I.S.S.N 1241 - 5715Toute reproduction d’articles, annonces, publicités,est formellem<strong>en</strong>t interdite et <strong>en</strong>gage les contrev<strong>en</strong>antsà des poursuites judiciaires.ouiNom :Prénom :Adresse :Code postal :Ville :Téléphone :Email :recruteétudiants / étudiantesPour distribuer devant les salles de concertet de théâtre le soir à 18 h 30 et 19 h 30.Disponibilité quelques heures par mois.Tarif horaire : 9,40 €/brut+ 2 € net d’indemnité de déplacem<strong>en</strong>tEnvoyer photocopies carte d’étudiant+ carte d’id<strong>en</strong>tité+ carte de sécu et coordonnées à<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong>, service diffusion,4 av. de Corbéra, 75012 Paris,ou email : la.terrasse@wanadoo.frétudiants / étudiantesavec voiturePour distribuer devant les salles de concertet de théâtre le soir à 18 h 30 et 19 h 30.Tarif horaire : 13 €/brut+ 6 € d'indemnité de carburantTéléphonez au 01 53 02 06 60ou email : la.terrasse@wanadoo.frje m’abonne à la terrasse pour 59 €Écrire <strong>en</strong> lettres capitales, merciCoupon à retourner à<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong>, service abonnem<strong>en</strong>t, 4 av<strong>en</strong>ue de Corbéra - 75012 Paris.Commander par téléphone au 01 53 02 06 60Je règle aujourd’hui la somme deCi-joint mon règlem<strong>en</strong>t parSans titre-3 1 18/04/12 12:20bulletin d’abonnem<strong>en</strong>t chèque CCP mandat à l’ordre de <strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> LA TERRASSE 201Imprimez aussi notre formulaire d’abonnem<strong>en</strong>t sur www.journal-laterrasse.fr


Orchestre Colonnedirecteur musical <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t PetitgirardSAISON 2012/2013SALLE GAVEAU 27 SEPT. 2012 À 20 HTALENTS CHEF D’ORCHESTRE ADAMIALEXANDRE BLOCH direction (Haydn)AURÉLIEN AZAN ZIELINSKI direction (Bizet)VINCENT RENAUD direction (Beethov<strong>en</strong>)HAYDN SYMPHONIE « L’HORLOGE »BIZET SYMPHONIE EN UTBEETHOVEN SYMPHONIE Nº8SALLE GAVEAU 11 OCT. 2012 À 20 HLAURENT PETITGIRARD directionFLORENT HÉAU clarinetteBEETHOVEN OUVERTURE DE CORIOLANHERSANT CONCERTO POUR CLARINETTEBRAHMS SYMPHONIE Nº2SALLE PLEYEL 20 NOV. 2012 À 20 HLAURENT PETITGIRARD directionSUNG-WON YANG violoncelleSIBELIUS FINLANDIADVOŘÁK CONCERTO POUR VIOLONCELLEVISVIKIS FONTAINE DES PROFONDEURSSTRAVINSKY L’OISEAU DE FEUSALLE PLEYEL 15 JAN. 2013 À 20 HLAURENT PETITGIRARD directionJEAN-PHILIPPE COLLARD pianoCHŒUR DE L’ORCHESTRE COLONNEFRANCIS BARDOT chef de chœurCONNESSON THE SHINING ONE, POUR PIANORAVEL CONCERTO POUR LA MAIN GAUCHERAVEL DAPHNIS ET CHLOÉ ballet intégralSALLE PLEYEL 5 FÉV. 2013 À 20 HÉGLISE SAINT-EUSTACHE28 FÉV. 2013 À 20 H 30LAURENT PETITGIRARD directionFABIENNE CONRAD sopranoNICOLAS LÉPOLARD barytonCHŒUR DE L’ORCHESTRE COLONNEFRANCIS BARDOT chef de chœurDAZZI AM SAUM DES GEDANKENSBRAHMS REQUIEM ALLEMANDSALLE PLEYEL 16 AVRIL 2013 À 20 HLAURENT PETITGIRARD directionVICTORIA KOGAN pianoPRODROMIDES TRAVERSESRACHMANINOV VARIATIONSSUR UN THÈME DE PAGANINITCHAÏKOVSKY SYMPHONIE Nº5SALLE GAVEAU 16 MAI 2013 À 20 HARIE VAN BEEK directionNATHALIA ROMANENKO pianoBEFFA LES RUINES CIRCULAIRESMASSENET CONCERTO POUR PIANOBEETHOVEN SYMPHONIE Nº6« PASTORALE »ÉGLISE SAINT-EUSTACHE6 JUIN 2013 À 20 H 30FRANCIS BARDOT directionPHILIPPE DO ténorCHŒUR DE L’ORCHESTRE COLONNEKODÁLY PSALMUS HUNGARICUSLISZT PSAUME XIIIJANÁČEK L’ÉVANGILE ÉTERNELLAURENT PETITGIRARD directionGARY HOFFMAN violoncelleFRANCK LE CHASSEUR MAUDITPETITGIRARD CONCERTO POUR VIOLONCELLECHOSTAKOVICH SYMPHONIE Nº1WWW.ORCHESTRECOLONNE.FRTÉL. 01 42 33 72 89ORCHESTRE COLONNESALLE COLONNE, 94 BOULEVARD AUGUSTE BLANQUI, 75013 PARISABONNEZ-VOUS POUR 12 € PAR CONCERT** Prix <strong>en</strong> 1 re catégorie, à partir de 5 concerts. Hors abonnem<strong>en</strong>t : places de 10 à 30 €Lic<strong>en</strong>ce 756227 – Polylogue

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