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Dernière édition en pdf - La Terrasse

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4 théâtre avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 théâtre 55, rue curial75019 parismº riquet01 53 35 50 00www.104.fr19 avril >18 août 2013grands formatsL’exposition « Keith Haring /The Political Line* » est aussi auwww.mam.paris.frKeith Haring, The T<strong>en</strong> Commandm<strong>en</strong>ts, 1985 © Keith Haring Foundation. Conception graphique change is goodThéâtre de la Collinede Sarah Berthiaume / mes Célie PautheYukonstyleCélie Pauthe met <strong>en</strong> scèneYukonstyle, de la jeune dramaturgequébécoise Sarah Berthiaume, etfait découvrir une nouvelle écriture,confirmant son magnifique tal<strong>en</strong>tde metteur <strong>en</strong> scène.« Une divine surprise » : Célie Pauthe définit ainsila découverte de Yukonstyle par le comité delecture du Théâtre de la Colline, dont elle faitpartie. Comédi<strong>en</strong>ne et metteur <strong>en</strong> scène, SarahBerthiaume fait une <strong>en</strong>trée remarquée parmiles auteurs contemporains, avec cette pièce à lalangue inv<strong>en</strong>tive et ciselée, à la construction dramaturgiquecomplexe et passionnante, aux analysespsychologiques profondes et captivantes.Aux confins du monde occid<strong>en</strong>tal, là où le froid<strong>en</strong>gourdit les corps et anesthésie les blessuresde l’âme, quatre personnages amochés réappr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tà vivre <strong>en</strong> passant l’hiver <strong>en</strong>semble,Critiquevaille que vaille et coûte que coûte, au prix d’uneélucidation douloureuse des traumatismes passés,et dans l’aveu maladroit du besoin de l’autre.Les héros de cette odyssée sept<strong>en</strong>trionale ont lecœur <strong>en</strong> hiver : Garin, bougon brutal <strong>en</strong> mal d’unemère qu’il n’a jamais connue, et qu’il aimeraitpouvoir aimer malgré le fait qu’elle a v<strong>en</strong>du soncorps à tous avant que celui-ci ne soit dépecépar un tueur <strong>en</strong> série ; Dad’s, son père, alcooliqueà bout de souffle, dont le delirium trem<strong>en</strong>sfait apparaître des corbeaux inquiétants dansle ciel de son angoisse ; Yuko, jeune Japonaisev<strong>en</strong>ue trouver au Yukon l’<strong>en</strong>droit où ri<strong>en</strong> ne luirappelle son pays et sa famille ; et Kate, lolitadéglinguée qui cherche à avorter du fruit d’uneétreinte furtive dans un des bus qui travers<strong>en</strong>t leCanada et qu’elle emprunte, sempiternellem<strong>en</strong>t,coast to coast.Critique© D. R.Flore Babled et Cathy Min Jung dans Yukonstyle.Un quatuor éblouissantLe texte de Sarah Berthiaume est d’une trucul<strong>en</strong>ceet d’une richesse sémantique jouissives: emprunts à l’anglais, idiomes inv<strong>en</strong>téspar la Belle Province ou conservés d’un françaisdésuet, constitu<strong>en</strong>t autant de pépites quiparaiss<strong>en</strong>t arrachées au fond aurifère du Klondike,fleuve vers lequel se ruèr<strong>en</strong>t les ancêtresdes habitants du Yukon. Le texte fait alternerrécitatifs et dialogues : la langue magnifique deSarah Berthiaume, poétique et pleine de verve,sonne juste dans chaque registre. Ce tuilage <strong>en</strong>permet un autre, <strong>en</strong>tre introspection analytiqueet action, qui constitue une gageure que CéliePauthe résout haut la main. <strong>La</strong> scénographie deGuillaume Delaveau souti<strong>en</strong>t remarquablem<strong>en</strong>tla mise <strong>en</strong> scène et la construction du texte, morcelantle plateau <strong>en</strong> espaces de jeu complém<strong>en</strong>taires,que délimit<strong>en</strong>t les très belles lumières deJoël Hourbeigt. Les comédi<strong>en</strong>s, Dan Artus, FloreBabled, Jean-Louis Coulloc’h et Cathy Min Jung,camp<strong>en</strong>t leurs personnages avec un tal<strong>en</strong>t quiforce l’admiration. Tous les quatre sont d’unevérité, d’une auth<strong>en</strong>ticité, d’une justesse, d’uneprécision absolum<strong>en</strong>t éblouissantes. Le travailm<strong>en</strong>é par Célie Pauthe et les si<strong>en</strong>s, dans ce spectaclemagnifique, révèle un auteur et confirme letal<strong>en</strong>t d’une des meilleurs metteurs <strong>en</strong> scène desa génération.Catherine Robert<strong>La</strong> Colline-Théâtre National, 15 rue Malte-Brun,75020 Paris. Du 28 mars au 27 avril 2013.Du mercredi au samedi à 21h ; mardi à 19h ;dimanche à 16h. Tél. 01 44 62 52 52. Durée : 2h.Rejoignez-nous sur FacebookCritiquechemins de traversejours…11>13 AVRILScène nationale de Sénartspectacles…3pour appr<strong>en</strong>dre à déjouer tous les piègesde la manipulation m<strong>en</strong>taleKeith HaringThe Political Line** <strong>La</strong> ligne politique<strong>La</strong> Tour Vagabonde, Cité Internationale des Artsde Shakespeare / mes Baptiste BelleudyRoméo et JulietteThéâtre Artistic Athévainsde jean Ech<strong>en</strong>oz / mes anne-marie lazariniRavelsionnant, <strong>en</strong>touré de Coco Felgeirolles et MarcSchapira, très justes, interprètes de plusieurspersonnages et de la voix narrative.lic<strong>en</strong>ces 1-1056504 / 2-1056528 / 3-1056529 photo Mario Del Curto © conception graphique Jeanne Roualetopus électromécanique pour marionnettesLE VIEUXDE LA MONTAGNEPatrick Sims | Les Antliaclastes16|04 au 27|04Établissem<strong>en</strong>t culturel de la Ville de Paris106 rue Brancion, 75015 Paris01 56 08 33 88 | www.lemonfort.fr<strong>La</strong> Compagnie Les Mille Chandelles investit la Tour Vagabonde, théâtre debois imité du Globe shakespeari<strong>en</strong>, avec un Roméo et Juliette romantiqueet <strong>en</strong>levé, <strong>en</strong> forme d’ode à la jeunesse.Conçue sur le modèle du Théâtre du Globe, oùla troupe de Shakespeare créa nombre de sespièces, la Tour Vagabonde a été construite, il ya plus de quinze ans, par les Ateliers de l’Orme,à Treyvaux, <strong>en</strong> Suisse. Récemm<strong>en</strong>t restaurée,cette charmante boîte à théâtre offre un cadreprivilégié à la reprise des œuvres du grand Elisabéthain.L’étroit écrin de la scène, les deuxbalcons, les escaliers de bois et les coursivessonores offr<strong>en</strong>t la possibilité d’effets prochesde ceux dont devait user Shakespeare pourses spectacles. Les bancs rustiques, la visionpanoptique, le vin chaud de l’<strong>en</strong>tracte et lasoupe d’après spectacle permett<strong>en</strong>t au publicun voyage historique, exotique et savoureux.www.journal-laterrasse.frPartout !<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> <strong>en</strong> responsivedesign adapte son formatà vos terminaux.Lisez-nous partoutsur vos portableset vos tablettes.rice (excell<strong>en</strong>te Sylvy Ferrus), transform<strong>en</strong>t lesvitelloni fantasques et fins bretteurs <strong>en</strong> de trèscrédibles <strong>en</strong>fants du siècle à la Musset : le partipris dramaturgique fonctionne avec bonheur. Ilest moins efficace quand il fait des amants destourtereaux fiévreux et lyriques, réduisant lesdeux comédi<strong>en</strong>s à la caricature de jeunes pre-Anne-Sol<strong>en</strong>ne Hatte,Juliette belle et rebelle.Lecture passionnéede la tragédie élisabéthaine<strong>La</strong> Compagnie Les Mille Chandelles a r<strong>en</strong>contrél’équipe de la Tour Vagabonde <strong>en</strong> avril dernier :artistes et concepteurs de ce lieu itinérant ontdécidé de pr<strong>en</strong>dre la route <strong>en</strong>semble, avec unRoméo et Juliette adapté à ce lieu, offrant ainsiun sympathique retour aux sources. BaptisteBelleudy, qui voit <strong>en</strong> Roméo une « figure rimbaldi<strong>en</strong>ne», interprète le jeune Montaigu et met<strong>en</strong> scène la pièce. Face à lui, Anne-Sol<strong>en</strong>neHatte campe une Juliette belle et rebelle, fougueuseadolesc<strong>en</strong>te exaltée. Baptiste Belleudyaffirme et assume un traitem<strong>en</strong>t romanesquede la pièce, tout <strong>en</strong> émotions et <strong>en</strong> pamoisons.<strong>La</strong> scène de la joute rhétorique <strong>en</strong>tre Mercutio(tal<strong>en</strong>tueux Paul Gorostidi) et Roméo, <strong>en</strong>tourépar la fine fleur de la jeunesse véronaise, etcelle, <strong>en</strong>tre ces mêmes jeunes g<strong>en</strong>s et la nourmiersnarcissiques, modulant mal leurs épanchem<strong>en</strong>ts.Autour d’eux, le reste de la troupeincarne efficacem<strong>en</strong>t les seconds rôles : bellevérité débonnaire de Bernard Métraux <strong>en</strong> pèreCapulet, belle humanité maladroitem<strong>en</strong>t meurtrièred’Axel Blind, <strong>en</strong> Frère <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t. Le texte deShakespeare, dans la traduction de Jean Sarm<strong>en</strong>t,est simple à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, et permet un traitem<strong>en</strong>tdynamique et <strong>en</strong>levé de l’intrigue. L’<strong>en</strong>semblecompose un bel hymne à la jeunesseet à l’amour, servi par une troupe évidemm<strong>en</strong>tsincère et plaisamm<strong>en</strong>t charmante.Catherine Robert<strong>La</strong> Tour Vagabonde, Cité Internationale des Arts,18 rue de l’Hôtel-de-Ville, 74004 Paris.A partir du 20 mars 2013. Du mardi au samedià 20h ; samedi et dimanche à 15h.Tél. 07 78 52 52 27. Durée : 3h40 avec <strong>en</strong>tracte.Rejoignez-nous sur Facebook© Thierry Mercier et Dominique Azambre© Marion DuhamelAnne-Marie <strong>La</strong>zarini réussitbrillamm<strong>en</strong>t son pari : faire<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre l’écriture de JeanEch<strong>en</strong>oz et donner vie au portraitbouleversant de Ravel.Dans ce roman concis magnifiquem<strong>en</strong>t écrit,Jean Ech<strong>en</strong>oz réinv<strong>en</strong>te les dix dernièresannées de la vie du compositeur Maurice Ravel(1875-1937), « le musici<strong>en</strong> le plus considéré dumonde ». Nourri d’un long travail de docum<strong>en</strong>tationsur l’homme et son époque, l’auteur acréé une merveilleuse fiction, une écriture plusdescriptive et cinématographique que tournéevers l’intériorité, qui permet de saisir les véritésprofondes de ce personnage fascinant, au cœurRavel, partition théâtrale évocatrice, avec dans le rôle du compositeur un Michel Ouimet impressionnant.Inv<strong>en</strong>ter à partir du réelPasseurs du récit sans le confort de l’incarnation,les acteurs réussiss<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant à r<strong>en</strong>drece portrait extraordinairem<strong>en</strong>t prégnant, jusqu’àatteindre par la qualité et la fluidité de leur jeula vérité de l’être. Le va-et-vi<strong>en</strong>t remarquablem<strong>en</strong>tmaîtrisé <strong>en</strong>tre personnages et récitants,ainsi que la distribution de la parole finem<strong>en</strong>trépartie particip<strong>en</strong>t au succès de la représ<strong>en</strong>tation.Sur la scène débordant de bleu, quelquesrepères épurés : la baignoire, la Peugeot201 d’Hélène Jourdan-Morhange, un transat,le paquebot France… et un piano. Un piano bi<strong>en</strong>vivant qu’Andy Emler fait résonner d’une partitionnouvelle, qu’il a créée pour la pièce à partirde la musique de Ravel et de l’univers littéraired’Ech<strong>en</strong>oz. Là <strong>en</strong>core, l’artiste inv<strong>en</strong>te à partirde son monde. Sa « petite maison compliquée »à Montfort-l’Amaury, avec sa vue sur la vallée, latournée grandiose aux états-Unis, puis la maladi<strong>en</strong>eurologique qui le frappe et l’emportera…Une star mondiale mais un homme seul, malgréde fidèles proches. Guidée par son amour pourcet auteur, <strong>en</strong>chantée par « l’humour, l’ironiedouce et la légère distance sur les choses » quitravers<strong>en</strong>t le texte, Anne-Marie <strong>La</strong>zarini a faitle pari audacieux de « faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre l’écritured’Ech<strong>en</strong>oz et faire théâtre à partir d’elle » : paribrillamm<strong>en</strong>t réussi ! Sans ri<strong>en</strong> changer au textemis à part quelques coupes, elle crée une représ<strong>en</strong>tationprofondém<strong>en</strong>t vivante et captivante,avec dans le rôle-titre Michel Ouimet, impresduréel, et de belle façon. Une représ<strong>en</strong>tation <strong>en</strong>remarquable adéquation avec le texte, commeun écho à la narration judicieusem<strong>en</strong>t formalisé,un écho délicat, subtil, élégant, lui aussiriche d’humour, d’ironie douce, et de t<strong>en</strong>dresse.Un rêve littéraire dev<strong>en</strong>u rêve théâtral…Agnès SantiThéâtre Artistic Athévains, 45 bis rue Richard-L<strong>en</strong>oir, 75011 Paris. Du 26 mars au 5 mai, mardi20h, mercredi, jeudi 19h ; v<strong>en</strong>dredi, samedi20h30 ; samedi, dimanche 16h ; relâche lundi.Tél. 01 43 56 38 32. Durée : 1h20.Rejoignez-nous sur FacebookTÉL 01 60 34 53 60SCENENATIONALE-SENART.COMÀ LA RECHERCHEDES CANARDS PERDUSFrédéric FERRERC ie VERTICAL DÉTOURQUI-VIVEThierry COLLETC ie LE PHALÈNEBIENVENUE DANSL’ESPÈCE HUMAINEB<strong>en</strong>oît LAMBERTTHÉÂTRE DE LA TENTATIVEPhoto © Vinc<strong>en</strong>t Arbelet, Nathaniel Baruch, Cyrille Cauvet — Lic<strong>en</strong>ces n° 1-1043569 | 1-1043567 | 2-1043106 | 3-1043107Réagissez sur www.journal-laterrasse.frrejoignez-nous sur facebook


12 théâtre avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 théâtre 13C<strong>en</strong>tre culturelJean-HoudremontSaison 2012>20135, 6 ET 7 AVRIL I JONGLAGEFESTIVAL RENCONTRE DES JONGLAGES<strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec la Maison des jonglagesCollectif Petit Travers, Cie Jérôme Thomas,Cie Bal/Jeanne Mordoj, Cie Caktus...20 AVRIL I THÉÂTRELE HORLA I CIE LES DRAMATICULES26 AVRIL I MUSIQUES DU MONDE hors les mursORLANDO POLEO + PMO SOCIAL CLUB© Grégory EdeleinRéservations : 01 49 92 61 61resac<strong>en</strong>treculturel@ville-la-courneuve.frwww.ville-la-courneuve.frrubrique saison culturelleThéâtre Nanterre-Amandiersd’après H<strong>en</strong>rik Ibs<strong>en</strong> / mes Thomas OstermeierLE FESTIVAL DONT VOUS ÊTES LES ACTEURS !DU JEU 18 AU DIM 21 AVR 2013Les Rev<strong>en</strong>ants6 SPECTACLES / 2 EXPOSITIONSPROGRAMME COMPLET SUR WWW.LONDE.FRRÉSERVATIONS 01 34 58 03 35L’ONDE / THÉÂTRE ET CENTRE D’ART / 8 BIS, AVENUE LOUIS BREGUET / 78140 VÉLIZY-VILLACOUBLAYgraphisme : et d’eau fraîche / © Thomas Delepière / Lic<strong>en</strong>ces 1039182 / 1039183 / 1039184CritiqueThomas Ostermeier prés<strong>en</strong>te son premier spectacle <strong>en</strong> français auThéâtre Nanterre-Amandiers. Il met <strong>en</strong> scène Les Rev<strong>en</strong>ants, de H<strong>en</strong>rikIbs<strong>en</strong> (l’un de ses auteurs fétiches), dans une nouvelle version qu’ilcosigne avec Olivier Cadiot. Une création troublante et sinueuse.Une grande table <strong>en</strong>tourée de quelques chaises.Ailleurs, un sofa, un fauteuil, un tapis de salon.Une scène qui tourne, à allure modérée. Unecloison et des murs sur lesquels sont projetéesdes images vidéo : paysages, herbes balancéespar le v<strong>en</strong>t, visages d’hommes et de femmesfilmés depuis le plateau, <strong>en</strong> gros plan, qui nousfix<strong>en</strong>t. Et donc, ces êtres – une mère, un fils, unedomestique, un pasteur, un m<strong>en</strong>uisier – qui s’affair<strong>en</strong>t,évoqu<strong>en</strong>t le passé, font ce qu’ils peuv<strong>en</strong>tavec le prés<strong>en</strong>t, lutt<strong>en</strong>t contre des fantômesqui revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de loin, contre des secrets quipès<strong>en</strong>t. Des êtres d’aujourd’hui, que Valérie Dréville,éric Caravaca, Jean-Pierre Gos, FrançoisLoriquet et Mélodie Richard – remarquables –r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à la fois d<strong>en</strong>ses et filandreux, distinctset opaques. Car dans cette version des Rev<strong>en</strong>antssignée Thomas Ostermeier, la sombrehistoire de famille imaginée par H<strong>en</strong>rik Ibs<strong>en</strong>se dévoile de façon organique.Une représ<strong>en</strong>tation à diffusion l<strong>en</strong>teElle suit la double cad<strong>en</strong>ce d’une représ<strong>en</strong>tationà diffusion l<strong>en</strong>te, qui s’imprègne <strong>en</strong> noussecrètem<strong>en</strong>t, comme sourdem<strong>en</strong>t. Tout comm<strong>en</strong>cepar une première partie d’une ret<strong>en</strong>ue etd’une l<strong>en</strong>teur consommées. Ensuite, les chosess’accélèr<strong>en</strong>t, pour subitem<strong>en</strong>t se cabrer et voler<strong>en</strong> éclat. Une forte déflagration fait déferler lesremous intérieurs des uns et des autres. Entrele poids de l’instant et celui du passé, mère etfils se débatt<strong>en</strong>t pour t<strong>en</strong>ter d’échapper à l’ombreet à l’hérédité du père disparu. Et puis lesmasques tomb<strong>en</strong>t, mais sans révéler tous lesarcanes de ces personnalités troubles. D’uneexig<strong>en</strong>ce extrême, la mise <strong>en</strong> scène du directeurde la Schaubühne ne joue d’aucune facilité,d’aucun artifice. Elle met <strong>en</strong> jeu les instrum<strong>en</strong>tsnécessaires à l’exploration de cette vérité del’intime, pénètre au cœur d’un prés<strong>en</strong>t irriguépar l’humain. Cherchant à révéler plutôt qu’àmettre <strong>en</strong> pleine lumière, cette vision contemporainede la pièce d’Ibs<strong>en</strong> finit de grandir <strong>en</strong>nous bi<strong>en</strong> après la fin de la représ<strong>en</strong>tation. Ellecontinue longtemps à imprimer sa marque, ànourrir nos impressions sur les profondeurs del’être qu’elle a mises <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t.Manuel Piolat SoleymatThéâtre Nanterre-Amandiers, 7 av. Pablo-Picasso, 92022 Nanterre. Du 5 au 27 avril 2013.Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h,le jeudi à 19h30. Tél. 01 46 14 70 00.www.nanterre-amandiers.comDurée de la représ<strong>en</strong>tation : 1h40.Spectacle vu <strong>en</strong> mars 2013, lors de sa créationau Théâtre Vidy-<strong>La</strong>usanne.En tournée les 6 et 7 mai 2013 à L’Hippodromede Douai, du 15 au 17 mai au Lieu unique àNantes, les 23 et 24 mai à la Maison des artsde Thonon-évian, les 29 et 30 mai au Théâtrede Cornouailles à Quimper, du 5 au 7 juin auThéâtre de Ca<strong>en</strong>, les 11 et 12 juin au Printempsdes comédi<strong>en</strong>s à Montpellier.Rejoignez-nous sur FacebookLes Rev<strong>en</strong>ants de H<strong>en</strong>rik Ibs<strong>en</strong>, dans une mise <strong>en</strong> scène de Thomas Ostermeier.Théâtre Gérard PhilipeCompagnie les Sans Cou / mes Igor M<strong>en</strong>djiskyJ’ai couru commedans un rêveCritiqueCréation collective de la compagnie des Sans Cou, qu’on avait vu produireun drôle d’Hamlet, J’ai couru comme dans un rêve poursuit la double utopied’un théâtre de l’élan vital et d’une vie qui pr<strong>en</strong>ne s<strong>en</strong>s dans le jeu.Des anges s’invit<strong>en</strong>t chez les Sans Cou.L’argum<strong>en</strong>t de cette histoire est simple, trèssimple : le jour même de ses tr<strong>en</strong>te ans, Martinappr<strong>en</strong>d que sa compagne est <strong>en</strong>ceinte, maisaussi qu’une tumeur le condamne à court terme.Choc frontal de la vie et de la mort qui sonnel’urg<strong>en</strong>ce de bâtir du s<strong>en</strong>s là où chacun se laissehabituellem<strong>en</strong>t porter par le cours monotone dutemps, du clash naît un sprint exist<strong>en</strong>tiel m<strong>en</strong>éavec l’inéluctable. A préciser, cet argum<strong>en</strong>tjoue aussi comme métaphore, comme prétexteà questionner l’intérêt de faire du théâtre, <strong>en</strong>essayant de faire souffler sur le plateau cetteénergie vitale propre à l’art de l’ici et du maint<strong>en</strong>ant.Pour cela, plutôt que de dérouler unehistoire écrite à l’avance, la compagnie desSans Cou a décidé de placer les comédi<strong>en</strong>s surle fil dynamique de l’improvisation, de ne bâtir àcoups de propositions individuelles qu’un canevasde situations qui à tout mom<strong>en</strong>t laisse librecours à la fragilité de l’instant.« Comm<strong>en</strong>t tu fais pour ess<strong>en</strong>tialiserle temps qui te reste ? »Est donc née une pièce hybride qui <strong>en</strong>chaîneles saynètes sous la supervision d’un metteur<strong>en</strong> scène incarné par Romain Cottard, à la prés<strong>en</strong>cetoujours aussi imposante. Sur le plateaunu, les situations se suiv<strong>en</strong>t et ne se ressem-© Mario Del Curto© Anne Nordman© Christophe Raynaud de <strong>La</strong>geThéâtre de la Villede Romeo CastellucciThe four seasonsrestaurantCritiqueUltime volet d’une trilogie intitulée Le Voile noir du pasteur, le dernierspectacle de Romeo Castellucci déploie une suite de tableaux quirésonn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tout s<strong>en</strong>s et sont pour certains d’une stupéfiante beauté.The four seasons restaurant de Romeo Castellucci.Redoutable exercice que d’écrire sur Thefour seasons restaurant quand tout ce que laFrance compte de critiques de théâtre s’y estdéjà attelé. Prés<strong>en</strong>té au festival d’Avignon2012, un an après le superbe Sul concettodi volto nel figlio di Dio, qui avait réveillé lefanatisme de quelques stupides intégristes,le dernier spectacle de Romeo Castellucci a<strong>en</strong>core une fois récolté les félicitations dubl<strong>en</strong>t pas, dans une économie de moy<strong>en</strong>s scénographiquesqui sonne comme une ode à lacapacité du théâtre de produire de la vie et del’imaginaire. « Comm<strong>en</strong>t tu fais pour ess<strong>en</strong>tialiserle temps qui te reste ? ». « On est tous lespersonnages d’une pièce absurde. » <strong>La</strong> moralede l’histoire p<strong>en</strong>che cep<strong>en</strong>dant trop souv<strong>en</strong>tvers l’explicite, voire le démonstratif et l’att<strong>en</strong>du.Et cette course épique se déployant deux heurestr<strong>en</strong>te durant, avant de s’achever dans unetirade sur le sublime de la vie, paraît un peul<strong>en</strong>te. Ce spectacle a été créé à l’Atalante, reprisà Beauvais. Coup de cœur de Christophe Rauck,directeur du TGP, qui a aussitôt décidé de le programmer,il témoigne d’un esprit de groupe, detroupe, d’un amour de la matière théâtrale, icidéclinée sous bi<strong>en</strong> des formes différ<strong>en</strong>tes, etd’un goût pour l’inv<strong>en</strong>tion et la liberté formellequi ont su séduire l’anci<strong>en</strong> de chez Mnouchkine.Des promesses sont <strong>en</strong> germe dans le spectaclede cette jeune compagnie, qui demand<strong>en</strong>tcep<strong>en</strong>dant à être confirmées.Éric DemeyThéâtre Gérard Philipe, 59 Bd. Jules-Guesde,93200 St-D<strong>en</strong>is. Du 6 au 27 avril à 19h30,samedi à 18h, dimanche à 16h, relâche le mardi.Tél. 01 48 13 70 00.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frwww.journal-laterrasse.frPartout !<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> <strong>en</strong>responsive designadapte son formatà vos terminaux.Lisez-nous partoutsur vos portableset vos tablettes.jury, à la quasi-unanimité. Saluée par tous :la beauté des images que propose cettepièce dont le titre s’inspire de l’histoire deRothko, qui décida de retirer ses toiles duFour Seasons restaurant basé à New-York.Un geste de retrait – pour Castellucci, dedéfi au monde consommateur – que la fabledu spectacle met <strong>en</strong> parallèle avec l’histoired’Empédocle portée par un poème d’Hölderlin.<strong>La</strong> lég<strong>en</strong>de dit <strong>en</strong> effet que le philosopheprésocratique décida de quitter ce monde <strong>en</strong>se jetant dans l’Etna.L’homme sans Dieu fonde la tragédieNul besoin de connaître la vie du philosophegrec, l’œuvre de l’écrivain allemand, ni l’histoiredu peintre américain pour apprécier le spectacle.Le thème de la séparation, de la disparition,voire de l’abandon poursuit naturellem<strong>en</strong>tcelui de la déréliction qui habitait le précéd<strong>en</strong>topus. L’homme sans Dieu fonde la tragédie, etcette tragédie remonte à l’époque présocratiqued’Empédocle, quand sous les coups de larationalité s’élaborai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t les fondem<strong>en</strong>tsde la démocratie. Sous la plume d’Hölderlin,la révolte de l’homme abandonné paraîtannoncer les chants que Camus adressera àcette nature désolée, vidée de ses dieux, etl’hybris d’Empédocle le conduit, comme touthéros révolté, à vouloir rivaliser avec eux. Maiscette fois, la destinée de l’homme privé de laprés<strong>en</strong>ce de Dieu ne soulèvera pas les foudresdes ultras. Une ouverture sur les sons destrous noirs du cosmos récoltés par la Nasa,des jeunes filles qui se coup<strong>en</strong>t la langue,sans un cri, que des chi<strong>en</strong>s vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dévorer,qui jou<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite la tragédie d’Hölderlinavec des poses maniérées, à l’antique, puis quiaccouch<strong>en</strong>t d’elles-mêmes dans une chorégraphiebouleversante, se retir<strong>en</strong>t, laiss<strong>en</strong>t untrou noir exploser dans un puissant vacarme,et vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t caresser les lèvres d’une figurede jeune fille aux yeux mi-clos, figure christiquerégénérée. Voilà rapidem<strong>en</strong>t résumée lasuccession de tableaux hétéroclites que proposecette pièce, qui peut déstabiliser tantelle invite chaque spectateur à développer sapropre herméneutique, mais qui r<strong>en</strong>d surtoutà l’image muette sa profondeur, sa capacitéà émouvoir et à parler, tout ce que le bruit etla superficialité de ce monde consommateurpeuv<strong>en</strong>t lui retirer : l’inoubliable.Éric DemeyThéâtre de la Ville, 2 place du Châtelet,75004 Paris. DU 17 au 27 avril à 20h30,le dimanche à 15h. Tél. 01 42 74 22 77.Spectacle vu au Festival d’Avignon 2012.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frLes Contemporaines :Fabrice MelquiotDu 10 au 12 avril 20133 journées, 3 spectacles<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de l’auteurMercredi 10 avril à 21h JEANDramaturgie plurielle - Edouard Ferlet,Jeanne Roualet et Fabrice MelquiotComm<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dre compte de la musique intérieure dequelqu’un ? Entre transcription, transmission, traduction,Jean t<strong>en</strong>te de r<strong>en</strong>dre s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t la subtilité d’une âme.Jeudi 11 avril à 21h S’ENFUIRJean-Baptiste André et Fabrice MelquiotS’<strong>en</strong>fuir ou comm<strong>en</strong>t écrire <strong>en</strong> courant, danser <strong>en</strong> parlant,marcher sur les mains <strong>en</strong> lisant, rire <strong>en</strong> pleurant, écrire àquatre mains uun texte qui a pris les jambes à ses deuxcous.V<strong>en</strong>dredi 12 avril à 20h Mise <strong>en</strong> espace de POLLOCKFabrice MelquiotJoël Dragutin prés<strong>en</strong>te une mise <strong>en</strong> espace de Pollock,l’un des derniers textes de Fabrice Melquiot qui revi<strong>en</strong>tsur la vie de Jackson Pollock, l’un des plus grandspeintres américain et de sa femme Lee Krasner.Représ<strong>en</strong>tation suivie d’une r<strong>en</strong>contre avec l’auteur.Les r<strong>en</strong>dez-vous d’avril du Théâtre 95Mer. 17 avril à 21h« Parole Politique » ROBERTBADINTER parElvira Jaou<strong>en</strong>Un théâtre de créationau cœur de la citéV<strong>en</strong>. 19 avril à 21h UNE FEMMEÀ BERLINMise <strong>en</strong> scèneTommaso SimioniMer. 24 |Jeu. 25 avril à 21h LOST (REPLAY)Texte et mise<strong>en</strong> scène GérardWatkins01 30 38 11 99 - www.theatre95.frreservation@theatre95.frLesr<strong>en</strong>dez-vous# Avril© Mélanie Maussionwww.grouperougevif.fr - AIRE - 51021 - mars 2013Réagissez sur www.journal-laterrasse.frrejoignez-nous sur facebook


14 Focus / théâtre dijon bourgogne avril 2013 / N°208 la terrasse la terrasse avril 2013 / N°208 Focus 15Théâtre <strong>en</strong> mai :dialogue des formes etdialogue des générationsDésormais dirigé par B<strong>en</strong>oît <strong>La</strong>mbert, le Théâtre Dijon Bourgogne continue de fêterl’arrivée du printemps <strong>en</strong> observant l’émerg<strong>en</strong>ce des jeunes pousses créatives, et<strong>en</strong> leur offrant la possibilité d’un dialogue artistique avec les figures tutélaires dela scène. Matthias <strong>La</strong>nghoff et Philippe G<strong>en</strong>ty sont les parrains de l’édition 2013, lavingt-quatrième du festival Théâtre <strong>en</strong> mai. Cette année, onze jeunes compagnies fontbattre le cœur de cette manifestation, témoignant de la vitalité du théâtre contemporain.Revisitant le répertoire ou inv<strong>en</strong>tant les écritures de demain, affrontant les figureslittéraires ou les fantômes de l’Histoire, ces regards singuliers et divers auscult<strong>en</strong>t lemonde, ce qui nous arrive et ce qui nous att<strong>en</strong>d.Entreti<strong>en</strong> e B<strong>en</strong>oît <strong>La</strong>mbertS’inv<strong>en</strong>ter unecommunauté de destinLe nouveau directeur du Théâtre Dijon Bourgogne repr<strong>en</strong>d le flambeaude Théâtre <strong>en</strong> mai, <strong>en</strong>tre continuité et r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t, avec le projet defaire de ce temps de r<strong>en</strong>contres un espace de création.Pourquoi cette fidélité à l’échange <strong>en</strong>tre« jeunes pousses » et « vieux maîtres » ?B<strong>en</strong>oît <strong>La</strong>mbert : Avec François Chattot, évidemm<strong>en</strong>t,avec Pierre Debauche, mon premiermaître, un vrai pédagogue libertaire qui a forméun nombre considérable d’artistes, mais aussiavec Pierre Ascaride, Jean-Pierre Vinc<strong>en</strong>t, Jean-Louis Hourdin, j’ai fait des r<strong>en</strong>contres qui m’ontfait gagner un temps fou ! Le milieu théâtralfrançais est organisé par blocs et vagues géné-rationnelles. On sort <strong>en</strong> bandes des écoles, et ilfaut un certain temps pour mélanger les générations.Je trouve normal et naturel de donnerl’occasion aux « jeunes pousses » (expressionque Chattot avait empruntée à R<strong>en</strong>é Gonzales,lui aussi très attaché à l’idée de transmission etde partage), de r<strong>en</strong>contrer des maîtres aguerris.Mais j’ai aussi <strong>en</strong>vie d’une nouvelle inflexion,afin que le rapport <strong>en</strong>tre vieilles branches etjeunes pousses change ! Ainsi, cette année,nous accueillons onze jeunes compagnies surles quatorze spectacles programmés.Comm<strong>en</strong>t les avez-vous choisis ? Qu’est-cequi les caractérise ?B. L. : J’ai rassemblé plusieurs jeunes compagniesque j’avais repérées et les ai réunies presquecomme un manifeste. Matthias <strong>La</strong>nghoff© Louise Vayssiéfait figure de parrain pour cette édition, mais aucœur de ce festival très textuel, j’ai aussi vouluinviter Philippe G<strong>en</strong>ty, génie de la dramaturgiemuette. <strong>La</strong> plupart des travaux prés<strong>en</strong>tés sontdes exercices de réappropriation (de Brecht àMolière, de <strong>La</strong> Dame aux camélias aux culturesurbaines), et je crois que le théâtre est un exercicede réappropriation. Mais ce qui m’intéressesurtout, c’est la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre ces propositions.Il y a une très grande variété d’expressionsthéâtrales aujourd’hui. J’ai <strong>en</strong>vie de montrerun état du champ théâtral actuel, avec l’espoirqu’il soit <strong>en</strong>thousiasmant. Il faut une convictionincroyable pour faire du théâtre aujourd’hui, etles compagnies que nous invitons sont sur despositions déterminées et convaincues, presquecombattantes. Comme j’ai aussi <strong>en</strong>vie de rajeunirle public, ri<strong>en</strong> de mieux pour cela que d’allerchercher l’énergie des jeunes g<strong>en</strong>s. Il s’agit demontrer que le théâtre n’est pas mort. C’estpourquoi j’ai aussi <strong>en</strong>vie de les réunir pour parler<strong>en</strong>semble des conditions matérielles, économiques,techniques de nos métiers. Aujourd’huije suis à la tête d’un outil public, je veux réfléchirà la façon de le partager.Quel av<strong>en</strong>ir pour Théâtre <strong>en</strong> mai sous votrehoulette ?B. L. : J’aimerais qu’il redevi<strong>en</strong>ne un festivalde création. Que ce mom<strong>en</strong>t soit une fêteet, <strong>en</strong> même temps, un vrai espace d’essai“Montrer unétat du champthéâtral actuel,avec l’espoir qu’ilsoit <strong>en</strong>thousiasmant.”B<strong>en</strong>oît <strong>La</strong>mbertet d’expérim<strong>en</strong>tation où croiser des désirset des énergies, pour pouvoir accueillir desg<strong>en</strong>s <strong>en</strong> travail et pas seulem<strong>en</strong>t des spectacles.J’aimerais aussi creuser l’ouverturesur l’Europe, celle du sud notamm<strong>en</strong>t, maisaussi, pourquoi pas, regarder plus loin, vers laMéditerranée, le Maghreb, et plus loin <strong>en</strong>core.Les questions politiques et économiques seréfléchiss<strong>en</strong>t aujourd’hui à l’échelle europé<strong>en</strong>ne: il faut que les jeunes artistes puiss<strong>en</strong>ts’inv<strong>en</strong>ter une communauté de destin àcette même échelle.Propos recueillis par Catherine RobertGuns ! Guns ! Guns !texte et mes du Blitz Theatre GroupEntreti<strong>en</strong> e Blitz Theatre GroupComm<strong>en</strong>t changerle monde ?Fondée <strong>en</strong> 2004 par Giorgos Valaïs, Angeliki Papoylia et Chritos Passalis,la compagnie Blitz cherche à atteindre une forme de théâtre susceptiblede r<strong>en</strong>ouveler l’art dramatique.Sur quelle trame narrative avez-vousconstruit Guns ! Guns ! Guns ! ?Blitz Theatre Group : Ce spectacle est une critiquedu xx e siècle. Certains des événem<strong>en</strong>tsayant eu lieu durant cette période ont changéle monde, ou du moins ont essayé de le faire.Guns ! Guns ! Guns ! se conc<strong>en</strong>tre sur ces événem<strong>en</strong>ts.Et sur le désir de l’homme de transformerle monde au sein duquel il vit.Call me Chrisd’Aline Reviriaud / mes de l’Idem CollectifQuel regard portez-vous sur l’Histoire à traverscette création ?B. T. G. : Pour nous, l’Histoire n’a pas d’explication,pas de but, elle n’est soumise à aucundéterminisme. Et personne ne peut <strong>en</strong> tirer desconclusions définitives. L’Histoire est une lutteperpétuelle <strong>en</strong>tre la notion de désir et celle d<strong>en</strong>écessité. Dans cette création, une lutte se faitégalem<strong>en</strong>t jour : la lutte <strong>en</strong>tre notre romantisme,notre désir de changer le monde, et notrePropos recueillis e Elisabeth HölzleRéinv<strong>en</strong>ter la narrationCritique du salariat contemporain, Call me Chris est aussi un spectaclequi cherche à inv<strong>en</strong>ter un mode singulier de narration. R<strong>en</strong>contre avecl’une des actrices de cette création collective.Bi<strong>en</strong> que fragm<strong>en</strong>té, Call me Chris déroule-tilun fil directeur ?Elisabeth Hölzle : Il y a une histoire qui s<strong>en</strong>oue autour du personnage de B<strong>en</strong>ssaïmFatoui, un homme d’origine immigrée qui sefait appeler Christian <strong>La</strong>porte pour v<strong>en</strong>dre duvin par téléphone au sein de l’<strong>en</strong>treprise WEK.Petit à petit, on suit sa dérive, on compr<strong>en</strong>dqu’il ne fait pas de chiffre et qu’il finit par sefaire virer. Mais c’est plus le personnage c<strong>en</strong>tralque l’histoire qui structure cette pièce,dans le s<strong>en</strong>s où, à l’instar de la personnalitéde cet homme errant, tout paraît se déstructurer.Au début, on connaît la fin de l’histoire,et on remonte le temps par bulles successives.Il y a plein de flashs avec des personnagesqui gravit<strong>en</strong>t autour de l’histoire de cettefigure principale. Le spectacle porte un œilcritique, mais pas maniché<strong>en</strong>, sur le monde dutravail. Mais il n’est pas réaliste pour autant.© Vinc<strong>en</strong>t Arbelet © Sofia TopolovLe Blitz Theatre Group.cynisme, notre prop<strong>en</strong>sion à l’incrédulité, à laméfiance (qui croît au fur et à mesure que nousvieillissons). Nous ne croyons pas <strong>en</strong> l’humanité.Parce que nous avons pleinem<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>ceque le plus grand nombre est vraim<strong>en</strong>t trèsproche de la bêtise, pour ne pas dire de ladangerosité. <strong>La</strong> nature humaine doit toujoursêtre considérée avec beaucoup de méfiance -n’oublions jamais Auschwitz. Nous pr<strong>en</strong>ons leparti de croire <strong>en</strong> certains êtres particuliers,des êtres qui essai<strong>en</strong>t de changer leur propreexist<strong>en</strong>ce. Guns ! Guns ! Guns ! s’intéresse à cespersonnes-là, et non au monde <strong>en</strong> général.Quelle place l’humour et la dérision occup<strong>en</strong>t-ilsdans ce spectacle ?B. T. G. : L’humour a toujours eu une placeL’Idem collectif.C’est une matière éclatée et très théâtrale, unpeu délirante, qui offre beaucoup de matièreà jouer.Votre collectif s’est r<strong>en</strong>contré autour dePhilippe Minyana, dans quelle mesure celase ress<strong>en</strong>t-il ici ?E. H. : Aline Reviriaud, <strong>La</strong>ure Mathis et moimêmeavons toutes travaillé d’une manièreou d’une autre avec Minyana. L’écriture d’Alineest aussi influ<strong>en</strong>cée par Vinaver et Beckett.Nous avons approché ce texte comme unematière musicale, <strong>en</strong> effectuant un travailtechnique avant de p<strong>en</strong>ser au s<strong>en</strong>s et aux“Ri<strong>en</strong> n’estsuffisamm<strong>en</strong>t sacrépour que l’ons’interdise d’<strong>en</strong> rire.”Blitz Theatre Groupimportante dans notre travail. Car nous sommespersuadés que n’importe quelle question,dans la vie, peut être <strong>en</strong>visagée de façonhumoristique. Peut-être est-ce une questionde génération mais, pour nous, aucun sujetn’est sacré. Ou bi<strong>en</strong>, pour être plus précis,ri<strong>en</strong> n’est suffisamm<strong>en</strong>t sacré pour que l’ons’interdise d’<strong>en</strong> rire. Car rire de quelque chos<strong>en</strong>e diminue <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> son importance. Nousp<strong>en</strong>sons, au contraire, que cela peut r<strong>en</strong>drela chose dont ont rit <strong>en</strong>core plus réelle etplus urg<strong>en</strong>te. Ce que nous savons, c’est quela vérité est complexe. Or, l’humour est sansdoute l’un des moy<strong>en</strong>s les plus efficaces pouréclairer cette complexité.Propos recueillis et traduits de l’anglais parManuel Piolat SoleymatLe 24 mai à 21h, le 25 à 17h, le 26 à 19h.“Une manièrede raconterpar glissem<strong>en</strong>ts.”Elisabeth Hölzlepersonnages. <strong>La</strong> spécificité de notre travailest plutôt que nous sommes trois à mettre<strong>en</strong> scène pour nous affranchir de ce rapporthiérarchique.C’est donc un spectacle qui réfléchit égalem<strong>en</strong>tsur la forme théâtrale ?E. H. : Absolum<strong>en</strong>t. Parce que la frontière estsouv<strong>en</strong>t poreuse <strong>en</strong>tre les personnages et lescomédi<strong>en</strong>s. Mais aussi parce qu’à travers unespace scénique ouvert et une forme éclatée,nous avons expérim<strong>en</strong>té une manière de raconterpar glissem<strong>en</strong>ts, qui rapproche sans cessel’univers de la fiction de celui de la réalité.Propos recueillis par Eric DemeyLe 19 mai à 17h ; le 20 à 15h et 20h.Se souv<strong>en</strong>ir de Violettad’après <strong>La</strong> Dame aux camélias d’Alexandre Dumas / mes Caroline Guiela N’Guy<strong>en</strong>Gros planUn amour adolesc<strong>en</strong>tL’adolesc<strong>en</strong>ce et la difficile question de l’émancipation du cercle familialsont au cœur du propos de ce conte initiatique, très librem<strong>en</strong>t inspiré duroman d’Alexandre Dumas fils.« Comm<strong>en</strong>t un jeune ado tombe-t-il amoureuxd’une femme malade ? Dans ce spectacle, j’ai eu<strong>en</strong>vie de travailler sur la question de l’adolesc<strong>en</strong>ce.Tel que je l’avais lu, le roman d’AlexandreDumas fils, <strong>La</strong> Dame aux camélias, parlait <strong>en</strong> sonfond du rapport que l’auteur <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ait avec sapropre incapacité à s’émanciper de son foyer, desa famille. Il était emblématique de la difficulté àr<strong>en</strong>contrer le monde. Et le monde fait effraction<strong>en</strong> la personne de cette femme à laquelle toutl’oppose. Comm<strong>en</strong>t fait-il <strong>en</strong>trer cette courtisane,cette tuberculeuse, dans sa vie ? » Le spectacle,qui trouve son argum<strong>en</strong>t dans ce texte majeurde la littérature romantique française, ouvre surune nouvelle fiction, axée sur l’adolesc<strong>en</strong>ce, parle biais de son auteur, Caroline Masini.Croiser les g<strong>en</strong>res et les personnesL’inv<strong>en</strong>tion dramatique emprunte égalem<strong>en</strong>t àl’initiatique Reine des neiges d’Anders<strong>en</strong>, dansun geste familier à la jeune metteur <strong>en</strong> scène,qui « aime utiliser les contes dans ses spectaclespour ouvrir un autre espace fictionnel ». Favoriserl’<strong>en</strong>trecroisem<strong>en</strong>t des g<strong>en</strong>res et des personnesest au cœur du travail de la compagnie Les HommesApproximatifs, qui mêle comédi<strong>en</strong>s professionnelset amateurs. « J’aime croiser différ<strong>en</strong>tsniveaux de récits. Convoquer des amateurs, c’estinviter une toute autre prés<strong>en</strong>ce sur le plateau,une prés<strong>en</strong>ce brute, poétique, permettant le jeudes allers-retours <strong>en</strong>tre la fiction et le réel. Ilne s’agit pas de jouer mais au contraire de préserverce non savoir-faire », dit Caroline GuielaN’Guy<strong>en</strong>.Marie-Emmanuelle GalfréLe 21 mai à 21h ; le 22 à 19h.CarolineGuiela N’Guy<strong>en</strong>© D. R.Ne m’oublie pasde Philippe G<strong>en</strong>tyUn singe <strong>en</strong> hiverGros planCréé <strong>en</strong> 1992, Ne m’oublie pas est aujourd’hui repris par Philippe G<strong>en</strong>tyet Mary Underwood avec les jeunes artistes norvégi<strong>en</strong>s du Collègeuniversitaire du Nord-Trøndelag.Plastici<strong>en</strong> de formation, Philippe G<strong>en</strong>ty mêle,dans ses spectacles, le théâtre, la danse, lemime, les jeux d’ombres et de lumières, lamusique, et plusieurs formes de l’art de lamarionnette, dont il est un des spécialistes lesplus créatifs (« t<strong>en</strong>tant vainem<strong>en</strong>t d’échapper àl’étiquette de marionnettiste ou de magici<strong>en</strong> duspectacle », comme il le dit avec humour de luimême).Alliant poésie et performance technique,le metteur <strong>en</strong> scène plie et transforme l’espacescénique au gré de ses songes facétieuxet de ses fantasmagories féeriques. Depuis lesannées 80 et Rond comme un cube, il travailleavec Mary Underwood, chargée de la créationchorégraphique des spectacles.un maître et de jeunes perce-neige…Le Collège universitaire du Nord-Trøndelag avu le jour <strong>en</strong> 2005. Cette école publique supérieurede théâtre se situe à Verdal, à c<strong>en</strong>tkilomètres au nord de Trondheim. Récréer Nem’oublie pas avec les jeunes Norvégi<strong>en</strong>s a étél’occasion, pour Philippe G<strong>en</strong>ty, d’ajouter unélém<strong>en</strong>t supplém<strong>en</strong>taire à son spectacle : « lechant des grandes ét<strong>en</strong>dues arctiques au milieudes glaces peut-être éternelles ». On suit doncavec eux les av<strong>en</strong>tures de Clarisse, chimpanzéde taille humaine <strong>en</strong> robe longue, qui interrogeles figures humaines « qu’elle fait surgir commedes spectres d’un passé dont on ne sait s’il estindividuel ou collectif ». De l’autre côté d’unecage fictive, la prés<strong>en</strong>ce de Clarisse « acc<strong>en</strong>tuel’absurdité des comportem<strong>en</strong>ts dérisoireset pathétiques » des humains.Catherine RobertLe 18 mai à 20h ; le 19 à 15h ; le 20 à 18h.Philippe G<strong>en</strong>ty© D. R.d’après Molière / par l’Ensemble epik hotelDon Juan<strong>La</strong> jeune troupe de l’Ensemble epik hotel proposeune version europé<strong>en</strong>ne de Don Juan.Don Juan l’éternel, le mythique séducteur<strong>en</strong> quête d’absolu, défiant les autorités etdéliant les <strong>en</strong>traves du désir, rompant lesnœuds de la morale conv<strong>en</strong>tionnelle pourse lancer dans une course à la fois s<strong>en</strong>suelleet métaphysique qui le précipiteradans la mort. Que peut-on dire au sujet duhéros de Molière, né sous la plume de Tirsode Molina, qui n’ait déjà été écrit ? Et decombi<strong>en</strong> de manières l’a-t-on déjà représ<strong>en</strong>té? Peu importe. <strong>La</strong> jeune troupe del’epik hotel ne s’effraie pas de cet <strong>en</strong>combranthéritage, et convoque avec justesse lecombat d’Eros et Thanatos pour expliquerla persistance du mythe dans l’inconsci<strong>en</strong>tcollectif. Fort de son id<strong>en</strong>tité europé<strong>en</strong>ne– la troupe est composée d’Allemands,d’Autrichi<strong>en</strong>s, de Français – l’epik hotelfragm<strong>en</strong>te, cond<strong>en</strong>se, diffracte sur leslamelles d’un rideau, projette l’arrogancede la jeunesse <strong>en</strong> un Don Juan aussi avidede plaisirs que Casanova, bref, lance à sontour sa fougue à l’assaut des commandeursdu passé.E. DemeyLe 24 mai à 20h ; le 25 à 15h.Et aussi…D’autres jeunes compagnies sont réunies par le Théâtre Dijon Bourgogne, pour un festival quise veut la chambre d’écho de la création contemporaine et le lieu d’une réflexion communesur ses conditions de possibilité.Du 19 au 23 mai à 21h, la Compagnie Amaranta prés<strong>en</strong>te <strong>La</strong> Vieille qui lançait des couteaux(texte et mise <strong>en</strong> scène de Martin Petitguyot). Le 19 mai, à 20h, le T.O.C. prés<strong>en</strong>teson excell<strong>en</strong>t Turandot ou le congrès des blanchisseurs, repris le 20 à 17h45 et précédé,à 17h, de L’Auto-T.O.C., performance collective et autofictionnelle. Du 19 au 21 mai, à 19h,la Compagnie AsaNIsMAsa interprète Sous contrôle, écrit et mis <strong>en</strong> scène par FrédéricSonntag. Le 21 mai à 19h, et les 22 et 23 à 20h, la Compagnie Les Enfants du Siècle proposeVoyageur-51723. Le 24 mai à 19h, le 25 à 15h et le 26 à 17h, Pauline Ringeade met <strong>en</strong>scène Les Bâtisseurs ou le Schmürz, de Boris Vian. Le 24 mai à 20h, le 25 à 17h et le 26 à15h, Thomas Condemine met <strong>en</strong> scène Hétéro. Trois r<strong>en</strong>contres artistiques sont organiséesdans le cadre de 12h, Scènes d’ailleurs : le 19 mai avec l’équipe d’Œdipe, Tyran ; le 20 aveccelle de Ne m’oublie pas ; le 25 avec celle de Guns ! Guns ! Guns ! A noter, égalem<strong>en</strong>t, pourles professionnels, une r<strong>en</strong>contre le 24 mai : Produire le théâtre : quels outils pour lesartistes ?C. Robertde Heiner Muller / mes Matthias <strong>La</strong>nghoffŒdipe, TyranAcc<strong>en</strong>tuée par les choix dramaturgiques deMatthias <strong>La</strong>nghoff, la tragédie œdipi<strong>en</strong>nes’ancre dans le champ politique et pose laquestion du vivre <strong>en</strong>semble.Appuyé sur le drame total écrit par Heiner Muller,lui-même inspiré par la version poétiquedonnée par Hölderlin de la tragédie de Sophocle,le spectacle conçu par Matthias <strong>La</strong>nghoffporte haut les valeurs dramaturgiques desmeilleures pièces qu’il a pu prés<strong>en</strong>ter sur lesplus importantes scènes europé<strong>en</strong>nes. L’histoirede la création de cet Œdipe, Tyran mérited’être retracée. Sa portée métaphorique commela puissance de son intérêt mythique immédiatem<strong>en</strong>tpolitique <strong>en</strong> sont éclairées. <strong>La</strong> piècevoit le jour avec une jeune troupe de comédi<strong>en</strong>safghans du Théâtre Aftaab. Transportée <strong>en</strong> Russie,pays avec lequel le metteur <strong>en</strong> scène, né <strong>en</strong>Allemagne de l’Est, <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t une relation trèsforte, elle pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong>core une autre dim<strong>en</strong>sion. Aunombre des plus beaux spectacles de Matthias<strong>La</strong>nghoff, Cet Œdipe, Tyran russo-ori<strong>en</strong>tal jouedes anachronismes pour mieux investir l’actualitéde son propos tout <strong>en</strong> servant son argum<strong>en</strong>tinitial. M.-E. GalfréLe 17 mai à 20h ; le 18 et le 19 à 17h.par le Collectif Quincaillerie moderneVernissageet RixeLe collectif stéphanois Quincaillerie Moderneconfronte théâtre et cultures urbaines à traversun spectacle-performance à deux volets.Entre art du graffiti et pratique des battles.« N o u s a vons la volonté d e c réer d e sspectacles sur des sujets contemporains,déclar<strong>en</strong>t les cinq membres fondateurs ducollectif Quincaillerie moderne, sur des problématiquesactuelles, parfois polémiques,tout <strong>en</strong> restant dans le jeu et le divertissem<strong>en</strong>t.Cela <strong>en</strong> nous <strong>en</strong>gageant à chercherdes formes théâtrales accessibles à unlarge public. » Fidèle à ses <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tsartistiques, la compagnie stéphanoiseprés<strong>en</strong>te deux propositions composant lesvolets d’une même représ<strong>en</strong>tation sur laculture hip-hop. Mise <strong>en</strong> lumière de l’artdu graffiti (Vernissage), exploration desbattles qui oppos<strong>en</strong>t les rappeurs (Rixe) :deux façons « de jouer avec les codes de laculture hip-hop pour mieux les détourner,les regarder à la loupe et s’<strong>en</strong> amuser, voir<strong>en</strong> inv<strong>en</strong>ter d’autres ». M. Piolat SoleymatLes 24 et 25 mai à 20h ; le 26 à 15h.Festival Théâtre <strong>en</strong> mai. Du 17 au 26 mai 2013.Théâtre Dijon Bourgogne – C<strong>en</strong>tre Dramatique National. Accueil et billetterieau Parvis Saint-Jean, rue Danton. Tél : 03 80 30 12 12. www.tdb-cdn.com


16 théâtre avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 théâtre 17CritiqueCritique<strong>La</strong> Colline-Théâtre nationalde Ibs<strong>en</strong> / Mes Alain FrançonThéâtre 71De Dario Fo / mes Joan MompartDEUX SPECTACLESET UN AUTEUR :GUSTAVE AKAKPOMÊME LES CHEVALIERSTOMBENT DANS L’OUBLISAMEDI 20 AVRIL À 20H30Mise <strong>en</strong> scène Matthieu RoyTarifs : 4 à 9,50 €avril ’134 et 5 avril à 21hChairde poulesJeanne HerryAude LégerCHICHE L’AFRIQUEMARDI 23 AVRIL À 20H30Tarifs : 5 à 14 €RÉSERVATIONS 01 48 66 49 9093600 AULNAY-SOUS-BOISDirection Christophe UbelmannAULNAY-SOUS-BOISV<strong>en</strong>. 12 avril à 21hAbd Al MalikL’art et la révolteDans le cadre de Chorusdes Hauts-de-SeineCrédits photos : Même les chevaliers tomb<strong>en</strong>t dans l’oubli… © Bruce Clarke / Chiche l’Afrique © Éric LegrandSolnessle constructeurAlain Françon livre une version classique mais délicate du drame d’Ibs<strong>en</strong>,incarné avec force par les acteurs.« Vous n’avez jamais remarqué, Hilde, quel’impossible… vous attire pour ainsi dire, vousappelle ? » lance Solness dans l’élan d’uneconfession. L’impossible, vertigineux absolu,effroyablem<strong>en</strong>t excitant… sans doute cettequête irrésistible mine-t-elle <strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce ladestinée de ce constructeur d’empire sansroyaume. Tout comme l’angoisse de se voirdétrôné par la jeunesse concurr<strong>en</strong>te et ladouleur lancinante d’une consci<strong>en</strong>ce tailladéepar le prix payé pour cette réussite éclatante.Lui qui a écrasé autrefois son rival et piétine<strong>en</strong>core son fils, calculateur d’un égoïsme fouqui a bâti sa fortune sur les ruines fumantesde la maison de sa femme, cruel paranoïaquequi manipule et humilie sans vergogne,soudain, révèle la faille. Il aurait continué devivre avec ces tourm<strong>en</strong>ts bi<strong>en</strong> cad<strong>en</strong>assés <strong>en</strong>son for intérieur si n’avait surgi du passé unefillette dev<strong>en</strong>ue femme à qui il avait promisun château de princesse voici dix ans. Arrivantcomme une tornade vivifiante, Hilde<strong>en</strong>flamme l’architecte autodidacte et libèrela parole qui s’<strong>en</strong>gouffre alors dans la criseexist<strong>en</strong>tielle, mystique, autant qu’érotique.Tourm<strong>en</strong>ts de l’âmeDans cette pièce livrée <strong>en</strong> 1892 alors qu’il revi<strong>en</strong>tdans sa patrie après vingt ans d’exil, Ibs<strong>en</strong> glissel’écho de ses luttes contre les démons du cœuret de l’esprit : monstre sacré contesté par unejeune génération d’auteurs qui réclam<strong>en</strong>t desformes nouvelles et la reconnaissance, il sequestionne sur l’accomplissem<strong>en</strong>t d’une ambitiond’écrivain et sur l’autoréalisation de soi. Lepoète écrit comme pour « prononcer sur soi leJugem<strong>en</strong>t dernier » et, dans une langue conciseet précise, naturelle et irréelle, qui s’<strong>en</strong>fonce aucœur du sujet, échafaude son récit selon unearchitecture tout <strong>en</strong> symboles. Alain Françon,qui par trois fois déjà a fréqu<strong>en</strong>té les œuvresdu Norvégi<strong>en</strong>, semble à son aise avec ce théâtredes âmes <strong>en</strong> proie aux affres du doute, du devoiret du remord, à la fois quotidi<strong>en</strong> et métaphysi-Wladimir Yordanoff et Adeline D’Hermy.que. Il dirige les acteurs avec grande finesse,notamm<strong>en</strong>t Wladimir Yordanoff qui campe unSolness aussi exécrable que touchant, et AdelineD’Hermy qui donne à Hilde Wrangel l’alacritésauvageonne, l’ingénuité et le tranchantde la jeunesse. Dommage que l’esthétiquebourgeoise un brin désuète de la scénographieet des costumes gomme le symbolisme et rivele texte au passé. En notre époque qui t<strong>en</strong>d àcélébrer le carriérisme comme valeur fautede vision politique et d’ambition spirituelle, ilrésonne pourtant avec force.Gwénola David<strong>La</strong> Colline-Théâtre national, 15 rue Malte-Brun,75020 Paris, jusqu’au 25 avril 2013, à 20h30,sauf mardi à 19h30 et dimanche à 15h30,relâche lundi. Tél. 01 44 62 52 52.Rejoignez-nous sur Facebook© Elisabeth Carecchio© Carole ParodiOn ne paie pas,on ne paie pas !Joan Mompart met <strong>en</strong> scène l’éloge de la désobéissance civile <strong>en</strong> formede farce ménagère, écrit par Dario Fo il y a quarante ans. Une piècetoujours actuelle et toujours aussi caustique.Joan Mompart met <strong>en</strong> branle le farcesque Dario Fo.« Le monde n’est qu’une branloire pér<strong>en</strong>ne », disaitMontaigne, et il faut être grand sage ou subtil équilibristepour s’accommoder de ses soubresauts…Voilà désormais quarante ans que l’Europe est<strong>en</strong> crise, que le chômage, la hausse des prix de lanourriture, des loyers et des services, étrangl<strong>en</strong>t leprolétariat, et le condamn<strong>en</strong>t à une misère grandissante.Dario Fo décrit <strong>en</strong> 1974 une situation quidemeure la même aujourd’hui : aboulie des syndicats,qui, à force de légalisme, se font déborderpar une base excédée, économie de la débrouilleet réinv<strong>en</strong>tion des solidarités pour tâcher de survivre,quand vivre est dev<strong>en</strong>u un luxe. Dans un décor<strong>en</strong> forme de bascule, Joan Mompart installe unetroupe dynamique et allègre qui, autour de BrigitteRosset (pétulante Antonia), interprète la farcemilitante de Dario Fo. <strong>La</strong> scénographie s’inspirede la cabane de Charlot et Big Jim dans <strong>La</strong> Ruéevers l’or : susp<strong>en</strong>due au bord de la falaise, elle peutà tout mom<strong>en</strong>t basculer dans le vide, de même quel’appartem<strong>en</strong>t d’Antonia et Giovanni est m<strong>en</strong>acépar les promoteurs cyniques, qui ont le projet dedémolir les immeubles qu’ils ont longtemps louésà prix d’or aux ouvriers abusés.Un abattage granguignolesqueMais comme souv<strong>en</strong>t dans les révolutions (commele 23 février 1917 à Petrograd), ce sont les femmeset la faim qui mett<strong>en</strong>t le feu aux poudres ! Antoniaet ses copines ont décidé de ne plus payerles courses au supermarché, « pour tout l’arg<strong>en</strong>tque vous nous avez volé depuis des années et desannées, sur tout ce qu’on achète ! ». A l’usine, bi<strong>en</strong>tôtdélocalisée, les ouvriers sont aussi partis dela cantine sans payer ; au retour, ils se sont couchéssur les voies du chemin de fer, pour protestercontre l’augm<strong>en</strong>tation du prix des billets. Giovanni,allergique aux débordem<strong>en</strong>ts anarchiques, supportemal de voir sa femme dev<strong>en</strong>ue complice del’action directe, mais, peu à peu, à force de quiproquoset d’emballem<strong>en</strong>ts, il est pris dans la spiralehilarante de l’illégalité. Il devi<strong>en</strong>t légitime de volerles riches et de tromper les sbires de l’exploitationquand la lutte des classes est <strong>en</strong> marche. MauroBellucci, Juan Antonio Crespillo, Camille Figuereo,François Nadin et Brigitte Rosset imprim<strong>en</strong>t unebelle énergie au spectacle : les répliques fus<strong>en</strong>t,les corps virevolt<strong>en</strong>t, les portes et les f<strong>en</strong>êtresclaqu<strong>en</strong>t. Dans un traitem<strong>en</strong>t quasi granguignolesque,à l’image de la société bouffonne et tragiquedans laquelle nous vivons, la troupe réuniepar Joan Mompart r<strong>en</strong>d un hommage loufoque et<strong>en</strong>levé au maître Dario Fo.Catherine RobertThéâtre 71, 3 place du 11 Novembre, 92240Malakoff. Du 10 au 25 avril 2013. Mardi et v<strong>en</strong>dredià 20h30 ; mercredi, jeudi et samedi à 19h30 ;dimanche à 16h. Tél. 01 55 48 91 00. Durée : 1h50.Spectacle vu à la Comédie de G<strong>en</strong>ève.Rejoignez-nous sur FacebookC‘ E S TLAÀCo?FLrEbCREATION 2013A UuTsEieRCOMEDIE URBAINEDe Louise DoutreligneMise <strong>en</strong> scène Jean-Luc PalièsPhotos : DR - Lic<strong>en</strong>ce n° 1-1018335Sam. 6 avril à 21hSous mesdraps !Flor<strong>en</strong>ce PellyJean-Luc RevolSam. 20 avril à 21hDim. 21 avril à 17hNas zdarovié !Chansons russesAnne BaquetTrio Fontanarosa01 46 97 98 10www.theatre-suresnes.frDim. 14 avril à 17hAcc<strong>en</strong>tusBest 20Poul<strong>en</strong>c, Barber,Rachmaninov…<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce EquilbeyV<strong>en</strong>. 19 avril à 21hEn att<strong>en</strong>dantGodotSamuel BeckettBernard LevyJean-Claude GallottaThéâtre de la Tempêtede Pierre Corneille / mes Paulo CorreiaMédéeCorbeaux, dragons, vieuxparchemins… <strong>La</strong> compagni<strong>en</strong>içoise Collectif 8 mêle lesalexandrins de Pierre Corneilleà un univers d’heroic fantasy.Une Médée qui se noie dans unedébauche d’effets numériques.CritiqueC’est le destin d’une amante <strong>en</strong>flammée, <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>tofferte à sa passion, que celui de lamagici<strong>en</strong>ne Médée. Petite-fille du soleil, filledu roi de Colchide, elle trahit son père, tue etdécoupe son propre frère <strong>en</strong> morceaux pourpermettre à Jason, héros dont elle est tombéeamoureuse, de s’emparer de la toison d’or. Suivantcelui qu’elle aime de royaume <strong>en</strong> royaume,elle se dédie à lui, met au monde deux <strong>en</strong>fants,avant de se voir brutalem<strong>en</strong>t répudiée <strong>en</strong> faveurde Créuse, la fille du roi Créon. C’est le récit decette trahison amoureuse et de la v<strong>en</strong>geanceterrible qui <strong>en</strong> résulte que Pierre Corneille nouslivre dans ce Médée <strong>en</strong> alexandrins (il s’agit dela première tragédie de l’auteur, créée <strong>en</strong> 1635,deux ans avant Le Cid). « Je vous donne Médée,toute méchante qu’elle est, et ne vous dirai ri<strong>en</strong>pour sa justification », écrit le dramaturge ausein de la dédicace qui précède la pièce.Deux ans avant le Cid,la première tragédie de CorneilleEn reproduisant cette phrase, et celles qui lasuiv<strong>en</strong>t, sur une image de parchemin projetéeà l’avant-scène, la création de Paulo Correianous plonge, dès le début de la représ<strong>en</strong>tation,dans une atmosphère sépulcrale et rugissanted’heroic fantasy. Envolées de corbeaux. Balletsde dragons. Coulées de sang. Projection© Fraicher MatheyAmandine Pudlo et Gaële Boghossian dans Médée dePierre Corneille.de dessins et d’élém<strong>en</strong>ts de gravures empruntésà l’illustrateur Gustave Doré (1832-1883)…Le moins que l’on puisse dire, c’est que lesmembres du Collectif 8 ne font pas ici dans ledépouillem<strong>en</strong>t. Si on ajoute à cette profusiond’images <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t les vrombissem<strong>en</strong>tsquasi incessants de la bande sonore, les effetsde résonances, les inserts de voix off s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>cieux,on se fait une idée assez précise de l’impressionde surcharge que donne cette Médéeaux allures de jeu vidéo. Bi<strong>en</strong> sûr, la dim<strong>en</strong>sionsurnaturelle du mythe pose la question desmoy<strong>en</strong>s de représ<strong>en</strong>tation du merveilleux. Maisl’usage systématique des images et des sonsnumériques finit non seulem<strong>en</strong>t par lasser,mais par étouffer le théâtre. Pour t<strong>en</strong>ter d’existerface à cette débauche d’effets, les comédi<strong>en</strong>s(Gaële Boghossian, <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Chouteau,Stéphane Kordylas, Stéphane Naigeon, FabricePierre, Amandine Pudlo) n’ont pas d’alternative :ils doiv<strong>en</strong>t forcer le jeu. Leurs cris, leurs rires,leurs contorsions finiss<strong>en</strong>t d’alourdir cette propositionpléthorique.Manuel Piolat SoleymatThéâtre de la Tempête, Cartoucherie, route duChamp-de-Manœuvre, 75012 Paris. Du 21 marsau 21 avril 2013. Du mardi au samedi à 20h, ledimanche à 16h. Tél. 01 43 28 36 36.www.la-tempete.fr. Durée de la représ<strong>en</strong>tation :1h20. Reprise au C<strong>en</strong>tre dramatique nationalNice-Côte d’Azur du 30 avril au 10 mai 2013.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frLe Nouveau Prétexte 17, Rue André-<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t 94120 Font<strong>en</strong>ay-sous-BoisTèl : 01 48 77 94 33 /Réagissez sur www.journal-laterrasse.frrejoignez-nous sur facebook


18 théâtre avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 théâtre 19DANSE - THÉÂTRE - PERFORMANCE - MUSIQUE65 SPECTACLES / 54 COMPAGNIES / 20 CREATIONSDANSE À VANVES29 JAN > 25 AVRIL 2013AVRILDU 2 AU 13 AVRILCARTE BLANCHE À [E]UTOPIA ARMEL ROUSSEL & GUESTS7 spectacles - 20 représ<strong>en</strong>tationsArmel Roussel Ivanov Re/Mix d’après A. TchekhovJ.-B. Calame L’archéologue ou l’écran platArmel Roussel Nothing hurtsFlor<strong>en</strong>ce Minder Good mourning !Salvatore Calcagno <strong>La</strong> Veccia VaccaArmel Roussel Mélo [work in progress]Uiko Watanabe Hako OnnaMERCREDI 17 AVRILMadeleine Fournier & Jonas Chéreau Sexe symbole [création]Vinc<strong>en</strong>t Thomasset Bodies in the cellar [création]DU 23 AU 25 AVRILL’Orchestre d’Hommes-orchestre (Québec) joue à Tom WaitsDesign graphique : be_olitik - www.beolitik.comTQItextes Gabriel Calderón / mes Adel Hakim et Gabriel CalderónOre et OuzCritiqueAdel Hakim met <strong>en</strong> scène Ore, de Gabriel Calderón, <strong>en</strong> alternance (mêmedécor et mêmes acteurs) avec Ouz, dirigé par le jeune Uruguay<strong>en</strong> : undiptyque tonitruant, tonique, insol<strong>en</strong>t et provocateur !Adel Hakim, directeur du TQI, a découvertles premières pièces de Gabriel Calderón <strong>en</strong>2006, lors d’un séjour à Montevideo. Fascinépar l’écriture d<strong>en</strong>se, dynamique et transgressivedu dramaturge uruguay<strong>en</strong>, mais aussi parl’<strong>en</strong>thousiasme de ses jeunes admirateurs, ila fait traduire plusieurs de ses pièces et l’ainvité pour un mois de folie radicale au TQI.Adel Hakim met <strong>en</strong> scène Ore, et, Gabriel Calderón,avec la même distribution, Ouz. Anticonformisteet iconoclaste, d’une drôlerie qui vade la blague potache au sarcasme audacieux,ce théâtre sud-américain fait souffler unetempête insol<strong>en</strong>te sur la scène parisi<strong>en</strong>ne <strong>en</strong>dynamitant les digues du politiquem<strong>en</strong>t correct.Tout le monde <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>d pour son grade :les curés obscènes et leurs ouailles hystériques,les paranoïaques de tout poil (adeptesde la théorie du complot ou des missions desauvetage), les machos (ceux qui cass<strong>en</strong>t dupédé et ceux qui mépris<strong>en</strong>t les femelles), lesatt<strong>en</strong>tistes abouliques qui laiss<strong>en</strong>t les gueulardscommander, les lâches, les imbéciles,les invertis indécis et les journalistes s<strong>en</strong>sationnalistes.Évidemm<strong>en</strong>t, scandale il y a ! Nonseulem<strong>en</strong>t parce que Calderón met <strong>en</strong> scèneune jeune autiste sodomisant sa poupée avecla croix pectorale du prêtre qui rêve de coucheravec son frère, mais surtout parce queson texte constitue un scandale au s<strong>en</strong>s étymologiquedu terme, autrem<strong>en</strong>t dit un achoppem<strong>en</strong>tparticulièrem<strong>en</strong>t casse-gueule.Le théâtre scabreux du grand AutreLe caractère scabreux de ce théâtre ti<strong>en</strong>t aurythme qu’il impose aux comédi<strong>en</strong>s. Les répliquesse télescop<strong>en</strong>t, les scènes se succèd<strong>en</strong>thors continuité, <strong>en</strong> particulier dans Ore, quiCritique© Nabil BoutrosVéronique Ataly, mère meurtrière dans Ouz. / Ore,portrait d’une famille assassine.prés<strong>en</strong>te des hiatus temporels et spatiauxque la scénographie d’Yves Collet permetd’aménager très habilem<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> parabolemétaphysique remplace le drame psychologique: il faut une énergie considérable et unart aguerri de l’incarnation pour réussir à nepas laisser s’emballer la machine. Adel Hakimy parvi<strong>en</strong>t très bi<strong>en</strong> avec Ore, qui comm<strong>en</strong>cecomme un drame bourgeois, se transforme<strong>en</strong> délire de sci<strong>en</strong>ce-fiction, et se termine<strong>en</strong> méditation sur les affres de l’id<strong>en</strong>tité. Lestrois comédi<strong>en</strong>s qui camp<strong>en</strong>t les par<strong>en</strong>ts(Eddie Chignara, Philippe Cherdel et LouiseLemoine Torrès) sont particulièrem<strong>en</strong>t remarquables.<strong>La</strong> mise <strong>en</strong> scène de Ouz est moinsoriginale : de son propre aveu, Calderón estess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t dramaturge. Mais les comédi<strong>en</strong>sinterprèt<strong>en</strong>t avec une vitalité et unedrôlerie éblouissantes cette satire anticléricaleaux allures d’hystérie collective (qui n’estpas, comme le remarque Adel Hakim, sansrappeler Copi). Les personnages de Calderónsont des possédés : par le remords, la haine,la passion amoureuse, celle de la viande oucelle des éphèbes… Ils sont habités : par lesextraterrestres, l’âme du voisin, Dieu ou touteautre variation de la figure du grand Autre. Etau miroir de cette aliénation, il n’est pas totalem<strong>en</strong>texclu que chacun se reconnaisse…Catherine RobertThéâtre des Quartiers d’Ivry, studio Casanova,69 av<strong>en</strong>ue Danielle-Casanova, 94200 Ivry-sur-Seine. Radical Calderón – trilogie uruguay<strong>en</strong>ne,du 18 mars au 21 avril 2013. Ouz (le Village),et Ore (Peut-être la vie est-elle ridicule ?),du 18 mars au 14 avril. En alternance du mardiau v<strong>en</strong>dredi et <strong>en</strong> diptyque le 18 mars, ainsique les samedis et dimanches. Relâchesle 19 et le 25 mars, le 1 er et le 15 avril.A noter aussi, Ex (Que crèv<strong>en</strong>t les protagonistes),par les acteurs uruguay<strong>en</strong>s, <strong>en</strong> espagnol surtitré.Du 17 au 21 avril. Mercredi, v<strong>en</strong>dredi et samedià 20h, jeudi à 19h et dimanche à 16h.Tél. 01 43 90 11 11. Textes publiés chez ActesSud-Papiers. Durée : Ore, 1h30 ; Ouz, 1h20.Rejoignez-nous sur FacebookCritiquewww.theatre-vanves.frEn part<strong>en</strong>ariat avec :THÉÂTRE DE VANVESSCÈNE CONVENTIONNÉE POUR LA DANSE01 41 33 92 91Metro Ligne 13 (Malakoff-Plateau de Vanves)Odéon-Théâtre de l’EuropeMes Robert LepageJeux de cartes 1 : PiqueThéâtre de la Communetexte et mes Nasser DjemaïInvisibleswww.jazznomades.netLe québécois Robert Lepage livre le premier épisode d’une tétralogieambitieuse sur l’Occid<strong>en</strong>t et le monde arabe. Et se perd dans ladémonstration technique.Sur les routes de France et de Suisse depuis un an et demi, les sixinterprètes d’Invisibles s’arrêt<strong>en</strong>t pour une semaine au Théâtre de laCommune. Sous la direction de l’auteur et metteur <strong>en</strong> scène NasserDjemaï, ils s’illustr<strong>en</strong>t dans un mom<strong>en</strong>t de théâtre nécessaire.ON A FAIT TOUTCE QU’ON A PU▶ du 2 au 14 avril 2013mais tout s’est passé comme d’habitudeÉpopée scénique de et par Philippe F<strong>en</strong>wickRéservation ▶ 01 45 88 62 22 ○ www.theatre13.com« <strong>La</strong> recherche de l’origine des cartes mèneinvariablem<strong>en</strong>t au monde arabe. À la foisindép<strong>en</strong>dantes et liées, les quatre parties dela tétralogie composeront un cosmos traitantde nos rapports – passés, prés<strong>en</strong>ts et futurs–, de nos échanges et, parfois, de nos chocsavec la culture arabe. » Le projet épinglé aufronton de ces Jeux de cartes ne manque pasd’ambition… Robert Lepage, maître conteurqui souv<strong>en</strong>t vagabonde au creux des béancesde l’<strong>en</strong>fance et brode ces récits sur la tramede l’Histoire, a conçu de vastes fresques théâtralesqui laiss<strong>en</strong>t leurs couleurs <strong>en</strong>core vivesdans nos mémoires. Maniant à merveille l’espacescénique, qui se métamorphose d’un lieuà un autre <strong>en</strong> une bascule et mène ainsi lanarration, il tire les fils de banales destinéesqu’il tresse <strong>en</strong> extraordinaires épopées. Voilàdonc que, relevant le défi du Projet 360°, unréseau international de lieux circulaires créé<strong>en</strong> 2010, le metteur <strong>en</strong> scène québécois selance <strong>en</strong> piste et exerce son imaginaire surune scène ronde, qu’il truffe de trappes, detechnologies et d’esbroufes. Explorant lethème de la guerre et des valeurs occid<strong>en</strong>talesà partir de « Pique », le premier épisodetire l’épée à <strong>La</strong>s Vegas, cité de tous les possibles,où caprices et vanités <strong>en</strong>seveliss<strong>en</strong>t leréel sous le divertissem<strong>en</strong>t, le faux et l’espoirdu bel hasard.Mastodonte techniqueSe crois<strong>en</strong>t un producteur de séries télé <strong>en</strong>proie aux affres du jeu et sa « Fr<strong>en</strong>ch lover »rédemptrice, un couple v<strong>en</strong>u se marier dansla ville-spectacle, des femmes de chambreet des grooms clandestins, une prostituéetout cuir, un étrange cow-boy, un shaman…et deux soldats tourm<strong>en</strong>tés par le doute etleur chef sadique, v<strong>en</strong>us du camp militairevoisin où s’<strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t les forces alliéesavant d’interv<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> Irak. On passe ainside chambres d’hôtel au casino, du bar à laUne imposante scénographie.piscine, du Strip au désert… Rythmées parles mouvem<strong>en</strong>ts du mastodonte technique,qui fait surgir tous les décors et accessoiresde la coupole et des trappes, les saynètes<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t les dialogues de sitcomqui finiss<strong>en</strong>t par étouffer le propos confusdans l’anecdote, le show et les clichés. Aforce de vouloir reproduire les effets scéniquesqu’il maîtrise parfaitem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> frontal,Robert Lepage ignore les lois propres àl’espace circulaire et ne laisse voir que laprouesse technologique de la machinerie,qui d’ailleurs avale les acteurs. « Un coup dedé jamais n’abolira le hasard » : <strong>en</strong> un courtpoème, Mallarmé <strong>en</strong> disait bi<strong>en</strong> plus sur ledestin, l’incertitude, le mystère d’être et laquête de transc<strong>en</strong>dance…Gwénola DavidOdéon-Théâtre de l’Europe / Ateliers Berthier,1 rue André-Suarès (angle du bd. Berthier),75017 Paris. Jusqu’au 14 avril 2013, à 20h,sauf dimanche à 15h, relâche lundi.Tél. 01 44 85 40 40.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr© Erick <strong>La</strong>bbé© Philippe DelacroixIl y a Driss (Lounès Tazaïrt), Hamid (MostefaStiti), Majid (Angelo Aybar), Shériff (Kader Kada)et El Hadj (Azzedine Bouayad). Tous les cinq sontce que l’on appelle des Chibanis c’est-à-dire, <strong>en</strong>langue arabe, des « anci<strong>en</strong>s », des « cheveuxblancs ». V<strong>en</strong>us <strong>en</strong> France pour subv<strong>en</strong>ir auxbesoins de leur famille restée au Maghreb, cestravailleurs immigrés ont passé leur vie loindes leurs, dans nos usines ou sur nos chantiers,contribuant à la prospérité d’un pays quin’a pas su leur faire de place. Un jour, un jeuneInvisibles de Nasser Djemaï : à la r<strong>en</strong>contre deChibanis.« Français de souche » (David Arribe) fait irruptiondans le foyer Sonacotra au sein duquel cesouvriers à la retraite ont, pour diverses raisons,décidé de finir leurs jours. C’est le début d’unefable initiatique qui nous plonge au sein de l’intimitédes ces êtres que la France veut oublier.Porter notre regard sur des oubliésde l’histoire« Il faut respecter la pudeur, la fierté et lanoblesse de ces ancêtres, déclare l’auteur etmetteur <strong>en</strong> scène Nasser Djemaï, et aussi,avec délicatesse, brancher le détonateur etfaire exploser des mom<strong>en</strong>ts de vérité, avectoute la viol<strong>en</strong>ce, la cruauté et la drôlerie quis’impos<strong>en</strong>t. » Tout est dit. Coups de gueule,coups de main, éclats de rire, fantômes surgissantdu passé, parties de dominos autourd’une table <strong>en</strong> formica… Évitant les clichéset les facilités s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tales qui pourrai<strong>en</strong>talourdir ce type de projet, Nasser Djemaï créeun théâtre du quotidi<strong>en</strong>, un théâtre du s<strong>en</strong>siblequi porte un éclairage plein de finessesur ces hommes habituellem<strong>en</strong>t cantonnésà l’ombre. Ri<strong>en</strong> n’est jamais forcé, dans cespectacle à haute valeur politique. Aucuneréplique ne vi<strong>en</strong>t jamais nous faire la morale.Servi par une troupe de comédi<strong>en</strong>s exemplaires,Invisibles (texte édité chez Actes Sud-Papiers)nous touche au cœur. Qu’il est joyeux,<strong>en</strong> ces temps de crispations et de dérives discriminatoires,d’assister à un spectacle d’unehumanité aussi simple, aussi ess<strong>en</strong>tielle. CesChibanis nous font rire, nous émeuv<strong>en</strong>t, nousramèn<strong>en</strong>t aux évid<strong>en</strong>ces de problématiquesde vie pourtant complexes. « <strong>La</strong> misère, ça n’ajamais fabriqué des frères », confesse l’un deces hommes. Le théâtre, lui, lorsqu’il toucheà cet <strong>en</strong>droit de plénitude et d’équilibre, peutavoir cette vertu.Manuel Piolat SoleymatThéâtre de la Commune-C<strong>en</strong>tre dramatiqu<strong>en</strong>ational d’Aubervilliers, 2 rue Edouard-Poisson,93300 Aubervilliers. Du 17 au 24 avril 2013. Dumardi au v<strong>en</strong>dredi à 20h, le samedi à 18h, ledimanche à 16h. Tél. 01 48 33 16 16. www.theatredelacommune.com.Spectacle vu <strong>en</strong> décembre2012 à la MC2 Gr<strong>en</strong>oble. Durée de la représ<strong>en</strong>tation: 1h40.Égalem<strong>en</strong>t les 28 et 29 mai 2013, à la Scèn<strong>en</strong>ationale de Chambéry et de la Savoie.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frGRAPHIQUELAB, PARISThéâtreLE JOURNALD’UNE MACHINETexte et mise <strong>en</strong> scèneMatsuo SuzukiMAISON DE LA CULTUREDU JAPON À PARISGrande salle (niveau -3)101 bis, quai Branly / 75015 ParisRéservation 01 44 37 95 9525 et 26 avrilà 20h27 avril à 17hRéagissez sur www.journal-laterrasse.frrejoignez-nous sur facebook


20 Focus / théâtre national de toulouse avril 2013 / N°208 la terrasse la terrasse avril 2013 / N°208 Focus 21Le TNT fait soufflerl’esprit ouragan des« Ins<strong>en</strong>sés » sur ToulouseAvec audace et liberté, les « Ins<strong>en</strong>sés » dict<strong>en</strong>t la troisième thématique de la saison2012-2013 du Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées. Sous la houlette d’AgatheMélinand et de <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pelly, le TNT organise sa programmation selon plusieurs« Regard(s) », autour des créations des deux artistes associés à sa direction. En avril,<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pelly affronte la démesure hugoli<strong>en</strong>ne dans Mangeront-ils ? En mai, AgatheMélinand r<strong>en</strong>d hommage à l’inclassable Erik Satie dans Mémoires d’un amnésique.P<strong>en</strong>dant deux mois, le TNT invite ses spectateurs à « avoir un peu d’imagination »,comme le recommandait Hugo dans une lettre à Paul Fouchet de 1825, afin de voir« comm<strong>en</strong>t procèd<strong>en</strong>t ces fous qu’on appelle les poètes ».Erik Satie, Mémoires d’un amnésiquemusique et mots d’Erik Satie / écrit et RÉALISÉ par Agathe mélinandEntreti<strong>en</strong> e Agathe MélinandSatie sur les planches<strong>La</strong> codirectrice du Théâtre National de Toulouse signe à la fois l’écritureet la mise <strong>en</strong> scène du spectacle Erik Satie, Mémoires d’un amnésique :un « petit opéra comique sans lyrics ».Quel a été votre premier contact avec lamusique de Satie ?Agathe Mélinand : Quand j’ai adapté pour <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>tPelly Quel amour d’<strong>en</strong>fant !, de la Comtessede Ségur, il y a une vingtaine d’années,j’ai choisi <strong>en</strong> illustration musicale Parade, deSatie. Ce fut un véritable choc. Je connaissaisdéjà la musique de Satie, mais c’est àDe Samuel Beckett / direction Jacques Nichetce mom<strong>en</strong>t-là que j’ai mesuré l’inv<strong>en</strong>tivitéincroyable de ce compositeur, son travail surla répétition, son humour et son goût pour laprovocation. C’est l’inv<strong>en</strong>teur de la musiquemoderne ! J’ai <strong>en</strong>suite acheté de nombreuxdisques, notamm<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t desa musique par Francis Poul<strong>en</strong>c et GeorgesAuric, et quand on m’a proposé, il y a deux ans,Gros planTous ceux qui tomb<strong>en</strong>tJacques Nichet prés<strong>en</strong>te Tous ceux qui tomb<strong>en</strong>t, une pièce radiophoniqueécrite par Samuel Beckett pour la BBC, <strong>en</strong> 1956.C’est l’histoire de Madame Rooney : unepetite vieille qui se r<strong>en</strong>d « à pas traînants »à la gare de Boghill pour aller chercherDan, son mari aveugle qui doit arriver par le« rapide de midi tr<strong>en</strong>te ». Elle vit ce parcourscomme un véritable calvaire. « Sortir, de nosjours, lance la vieille dame au facteur qu’eller<strong>en</strong>contre <strong>en</strong> chemin, c’est le suicide assuré.Mais rester chez soi, Monsieur Tyler, resterchez soi, qu’est-ce que c’est ? C’est s’éteindreà petit feu. » Tout juste remise d’une maladiequi l’a t<strong>en</strong>ue cloîtrée durant de longs jours,Madame Rooney continue péniblem<strong>en</strong>t,l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, son trajet, croise Mr Slocum, ledirecteur des Courses, Mademoiselle Fitt,une bigote du village, Mr Barrell, le chef degare… Cette marche lui semble interminable.Lorsqu’elle arrive <strong>en</strong>fin à son point dedestination, à midi tr<strong>en</strong>te-six, le train de sonépoux n’est pas <strong>en</strong>core <strong>en</strong> gare… Écrite <strong>en</strong>1956 à la demande de la BBC, Tous ceux quitomb<strong>en</strong>t est la première pièce radiophoniquede Samuel Beckett. Dans une lettre à son amil’écrivain Aidan Higgins, l’auteur revi<strong>en</strong>t surcette commande : « Invité à écrire une pièceradiophonique pour [la BBC]. T<strong>en</strong>tant : piedsqui traîn<strong>en</strong>t, souffle court, bruits de roue,échange d’imprécations (…), vieilles jum<strong>en</strong>tsapathiques et prêtes à mettre bas rosséespar les villageois… »Une expéri<strong>en</strong>ce de théâtr<strong>en</strong>on pas à voir, mais à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dreAujourd’hui, Jacques Nichet s’empare de cetespace sonore théâtral à l’intérieur duquel circul<strong>en</strong>tonze « voix fantômes », parmi lesquellescelles d’Edith Scob, de Mickael Lonsdaleet de Dominique Pinon. Le public sera invité« à mettre un masque sur les yeux commepour un long voyage vers un pays imaginaire,explique le metteur <strong>en</strong> scène, vers une Irlandeperdue que Beckett retrouve <strong>en</strong> r<strong>en</strong>ouant sonécriture à une langue anglaise abandonnéedepuis longtemps ». Ainsi plongés dans le noir,c’est grâce aux seuls paysages sonores queles spectateurs-auditeurs suivront ce roadmoviedrolatique, <strong>en</strong> forme de conte cruel, quiporte un éclairage sans fard sur la conditionhumaine.Manuel Piolat SoleymatDu 26 au 30 mars.de Molièremes Jean LiermierL’écoledes femmesErik Satie.de monter un spectacle, j’ai souhaité rev<strong>en</strong>irà ce compositeur.Outre la musique, êtes-vous aussi fascinéepar sa personnalité ?A. M. : Ce qui me fascine, c’est qu’il est toujoursà l’<strong>en</strong>droit où l’on ne s’att<strong>en</strong>d pas à le trouver.C’était un personnage adorable, qui pr<strong>en</strong>ait dutemps pour s’occuper du patronage de la ligued’Arcueil et voulait même, un temps, dev<strong>en</strong>irconseiller municipal. N’oublions <strong>en</strong>fin pas qu’ila vécu dans la misère et l’alcool, et que sontal<strong>en</strong>t n’a été reconnu que neuf ans avant sadisparition. Il s’est donné un mal de chi<strong>en</strong> pourrater sa vie – ce qu’il a vraim<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> réussi !Jean Liermier met <strong>en</strong> scène les affres dutriste Arnolphe, barbon imbécile qui croit qued’avoir r<strong>en</strong>du Agnès niaise lui ôtera le goûtd’être déniaisée par un autre que lui…Arnolphe croit que l’amour peut naître de lareconnaissance et qu’il suffit de r<strong>en</strong>dre les femmessottes pour s’éviter les déboires du cocuage.Peine perdue ! Agnès s’épr<strong>en</strong>d d’Horace : l’amourni les filles ne ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cage ! Bêtem<strong>en</strong>t naïfou cruellem<strong>en</strong>t cynique ? Grotesque inoff<strong>en</strong>sifou dangereux misogyne ? « Je me garderai bi<strong>en</strong>d’être maniché<strong>en</strong>, dit le metteur <strong>en</strong> scène JeanLiermier. Arnolphe est tout cela ! Complexe et versatile,comme tout un chacun. Comme est complexed’ailleurs le li<strong>en</strong> qu’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t Molière avecson œuvre : n’écrit-il pas L’Ecole des femmes l’annéede son mariage avec Armande Béjart, de vingt© D. R.que qui m’a donné la forme du spectacle. Ilme fallait trouver un chemin aussi originalque la musique que j’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dais. Je ne voulaispas faire un spectacle poétique avecune alternance de texte et de musique, ni unrécit chronologique. J’ai ainsi imaginé cinqpetits actes, <strong>en</strong> voyageant avec lui à partirde la mer – il avait ses racines à Honfleur.L’idée est de partir d’une toile blanche, avec,à la fin, le visage de Satie qui apparaît. Untableau à la fois drôle et tragique… Le filconducteur est la musique, il y a une tr<strong>en</strong>tainede morceaux, mais j’ai réussi à faireun spectacle sur Satie sans les versionshabituelles des Gnossi<strong>en</strong>nes ou des Gymnopédies.Il me paraissait <strong>en</strong>fin ess<strong>en</strong>tielde réaliser un spectacle contemporain, surtoutpas rétro. Satie aimait la jeunesse, j’aidonc voulu regarder vers l’av<strong>en</strong>ir. <strong>La</strong> musiquede Satie ne peut pas être démodée, ilétait tellem<strong>en</strong>t agité ! Il a une démarchequi est absolum<strong>en</strong>t contemporaine : il créelui-même le vide qui permet à la musiqued’exister.Quel regard portez-vous sur les textes qu’ila écrits ?A. M. : Ses textes sont comme sa musique,totalem<strong>en</strong>t protéiformes. On trouve des textesd’une grande tristesse, des confér<strong>en</strong>ces“Satie est l’inv<strong>en</strong>teurde la musiquemoderne !”Agathe Mélinanddada, des aphorismes… Dans le spectacle, jeme permets une chose qu’il refusait toujoursdrastiquem<strong>en</strong>t : faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre dans sa pièceSports et divertissem<strong>en</strong>ts le texte <strong>en</strong> mêmetemps que la musique. Je l’assume !Quelle scénographie avez-vous imaginéepour ce spectacle ?A. M. : Avec Barbara de Limburg, nous avonsconçu un dispositif scénique assez simple,avec, comme base, trois cercles blancs. Cescercles devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t prétextesà des projections vidéo. Mais surtout, desélém<strong>en</strong>ts représ<strong>en</strong>tant l’univers de Satievi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’ajouter à ce décor. Il y a des perchesavec des costumes tous id<strong>en</strong>tiques,d’autres avec des parapluies tous id<strong>en</strong>tiques,des chiffres trois (son chiffre fétiche),des fauteuils <strong>en</strong> cageots qui se transform<strong>en</strong>t<strong>en</strong> canapés, des pupitres <strong>en</strong> pieds de parapluie,sans oublier la fameuse balle <strong>en</strong> poire.Nous recréons ainsi un univers surréalistequi reste toutefois aéré, jamais trop chargé.Avec, <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce, cette idée du blanc etdu vide.Propos recueillis par Antoine PecqueurDu 14 mai au 1 er juin.Comm<strong>en</strong>t avez-vous conçu ce spectacle ?A. M. : Plus que la docum<strong>en</strong>tation que j’aiamassée sur lui, c’est l’écoute de sa musianssa cadette, et fille de Madeleine, son anci<strong>en</strong>nemaîtresse ?» Pour servir de cadre à cette tragi-comédie,Jean Liermier imagine une propriété isoléedans un désert champêtre, où Agnès est ret<strong>en</strong>ue« comme un pot de fleur dans sa serre ». Arnolpheveille sur sa créature comme Frank<strong>en</strong>stein sur sonmonstre, <strong>en</strong> oubliant que pour n’être pas détesté,il faut comm<strong>en</strong>cer par aimer… C. RobertDu 15 au 25 mai.De Victor Hugomes Yves BeaunesneL’Interv<strong>en</strong>tionYves Beaunesne met <strong>en</strong> scène une autre piècedu recueil Théâtre <strong>en</strong> liberté : L’Interv<strong>en</strong>tiontraite de la jalousie sur fond d’injusticesociale, et du difficile équilibre <strong>en</strong>tre amouret misère.Marcinelle, d<strong>en</strong>tellière, et Edmond, peintresur év<strong>en</strong>tails, n’ont que l’amour à s’offrir <strong>en</strong>© pologarat-odessa1Mangeront-ils ?de Victor Hugo / mes <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t PellyUn théâtrede la démesureEntreti<strong>en</strong> e <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t PellyAprès Mille francs de récomp<strong>en</strong>se, <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pelly, metteur <strong>en</strong> scène etcodirecteur du TNT, retrouve le théâtre <strong>en</strong> liberté de Victor Hugo avecMangeront-ils ?Pourquoi avoir choisi cette thématique autourdes « Ins<strong>en</strong>sés » ?<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pelly : Les thématiques de nos saisonspart<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>vies ou d’idées autour d’une création.Le point de départ, <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce, était Mangeront-ils? S’est ajouté le spectacle sur Satie, parAgathe Mélinand. C’est Agathe qui a trouvé cette<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pellynotion d’ins<strong>en</strong>sé, qui s’applique parfaitem<strong>en</strong>t authéâtre <strong>en</strong> liberté de Victor Hugo qui, malgré saforme classique, est un théâtre sans limites, auxalexandrins fous et débridés. Théâtre <strong>en</strong> libertéest le recueil des pièces dramatiques écritesdurant l’exil à Jersey et Guernesey. Hugo ne voulaitpas que son théâtre soit à nouveau joué <strong>en</strong>France tant que la liberté n’y était pas rev<strong>en</strong>ue.Mais cette liberté n’est pas seulem<strong>en</strong>t celle quimanque à l’exilé : elle est aussi la forme de cethéâtre. Que ce soit dans Mille francs de récomp<strong>en</strong>se,parodie de mélodrame que j’ai précédemm<strong>en</strong>tmise <strong>en</strong> scène, dans <strong>La</strong> Forêt mouillée, dans<strong>La</strong> Grand-mère, dans Torquemada, et toutes lesautres pièces de ce recueil, on s<strong>en</strong>t que Hugon’est pas limité par la contrainte de la scène.Quand on lit Mangeront-ils ?, on se demandecomm<strong>en</strong>t le représ<strong>en</strong>ter ! J’aime beaucoup l’idéequ’on se perde dans l’imaginaire d’un auteur, lafolie d’une écriture, tout <strong>en</strong> parlant de chosesextrêmem<strong>en</strong>t concrètes. Et il y a, <strong>en</strong> plus, danscette pièce, une dose d’humour très importante,loin du cliché qu’on se fait de Hugo.Comm<strong>en</strong>t affrontez-vous cette démesure ?L. P. : Elle est à pr<strong>en</strong>dre à notre compte et à restituer.C’est un pari et un <strong>en</strong>jeu qui me plais<strong>en</strong>tbeaucoup. C’est aussi une drôle de chose pourles acteurs, car la forme, la versification, la longueurdes tirades (l’une d’elles fait six pages !)sont sans limites. Il faut qu’ils s’appropri<strong>en</strong>tcette langue, et cet alexandrin plus proche departage. Ils viv<strong>en</strong>t d’un quignon de pain etpleur<strong>en</strong>t leur petite fille, morte parce que lemédecin n’est pas arrivé à temps pour la sauver.<strong>La</strong> misère, qui fane les visages et durcitles cœurs, met le bonheur du jeune coupleà rude épreuve. Leur jalousie mutuelle lesconduit au bord de la rupture, lorsque fontirruption dans leur vie le riche baron de Gerpivracet sa danseuse du mom<strong>en</strong>t, MademoiselleEurydice. Par jeu, les deux nantisdécid<strong>en</strong>t de séduire les deux misérables.« Ce qui m’intéresse ici, c’est ce qui rested’une structure qui s’appar<strong>en</strong>te à du Marivauxou à L’Echange de Claudel : deux couplesd’amants, les riches, les pauvres, avec desrelations établies au départ. P<strong>en</strong>dant la pièce,ces relations se métamorphos<strong>en</strong>t, les objetsd’amour chang<strong>en</strong>t et à la fin, tous, commedans une constellation, se sont déplacés, less<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts se sont transformés et personn<strong>en</strong>’a été épargné », dit le metteur <strong>en</strong> scène YvesBeaunesne.C. RobertDu 9 au 13 avril.celui de Rostand que de celui de Racine, tout <strong>en</strong>conservant la légèreté et l’humour. Car il y a toutet son contraire chez Hugo, tout le temps. C’esttoute la complexité de cette forme. <strong>La</strong> premièrechose à considérer, ce sont les mots. On n’estpas exclusivem<strong>en</strong>t dans de la mise <strong>en</strong> scènequand on arrive à faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre et fonctionner“Le théâtre de Hugor<strong>en</strong>d intellig<strong>en</strong>t !”<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pellyune réplique de trois pages, à <strong>en</strong> faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>drele souffle. L’image crée une ambiance, une poésie,elle fait perdre les repères, mais avant tout,import<strong>en</strong>t les mots.Comm<strong>en</strong>t mettre <strong>en</strong> scène ce théâtre démesuré?L. P. : <strong>La</strong> pièce raconte l’histoire du roi de l’île deMan, située à l’ouest des côtes anglaises. Il està la poursuite de sa nièce, dont il est amoureux,et d’un jeune homme qui veut épouser la jeunefille. Les amoureux se réfugi<strong>en</strong>t dans la ruinesacrée d’un cloître où le roi et ses archets nepeuv<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>trer. Mais la végétation de leurasile est empoisonnée : ils ne peuv<strong>en</strong>t ni boir<strong>en</strong>i manger. Un voleur au grand cœur décidealors de les sauver <strong>en</strong> leur apportant à manger.<strong>La</strong> pièce n’est pas réaliste, et il faut réussir àOh les beaux joursde Samuel Beckett / mes Blandine Savetier© BNFr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> images cet univers halluciné. C’estpourquoi j’ai choisi une scénographie qui jouede la démesure : à la fois, elle perd le spectateurdans ses repères traditionnels et crée, pour lesacteurs, la contrainte et le déplacem<strong>en</strong>t surle plateau. J’accorde beaucoup d’importanceà l’image dans mes spectacles, et j’aime l’idéeque le spectateur puisse perdre ses repèresd’espace et de perspective.Comm<strong>en</strong>t ?L. P. : En inversant l’image. Logiquem<strong>en</strong>t, le cloîtredevrait être au fond du plateau, pour signifierle refuge. Or, là, j’ai fait comme si le cloître étaitdans la salle. On voit les personnages commes’ils étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>fermés à l’extérieur, comme sinous les regardions de l’intérieur. Le spectateurEntreti<strong>en</strong> e Blandine SavetierL’icône des beaux joursYann Colette dans le rôle de Winnie, Natalie Royer dans celui de sonépoux Willie : Blandine Savetier joue du travestissem<strong>en</strong>t pour servir l’unedes pièces emblématiques de Samuel Beckett.Pour quelle raison avez-vous choisi unhomme pour interpréter le rôle de Winnie ?Blandine Savetier : C’est une manière de prêteratt<strong>en</strong>tion à la figure idéale de l’icône que représ<strong>en</strong>tece personnage. Lorsque l’on travaille surle travestissem<strong>en</strong>t, on échappe immédiatem<strong>en</strong>tau réalisme. Je crois que j’avais besoin, à traversma mise <strong>en</strong> scène, de créer un écart troublantafin de faire ré<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre Oh les beaux jours d’unefaçon nouvelle et, ainsi, de pr<strong>en</strong>dre des distancesavec l’empreinte laissée par MadeleineR<strong>en</strong>aud sur le rôle de Winnie.Comm<strong>en</strong>t avez-vous travaillé avec Yann Colette ?B. S. : Nous avons cherché à faire surgir du trouble<strong>en</strong> nous accaparant cette figure féminine del’intérieur, à travers ses paysages intimes. Pourmoi, le travestissem<strong>en</strong>t est une manière de seréapproprier le théâtre par la métaphore. Il nefaut d’ailleurs pas oublier que Oh les beaux jourspropose, à bi<strong>en</strong> des égards, une mise <strong>en</strong> abymede la représ<strong>en</strong>tation théâtrale. Yann Coletteest un comédi<strong>en</strong> sans âge, qui dégage quelquechose de très particulier. Il est capable de porterla légèreté et la puissance de la langue deBeckett. Pour interpréter Winnie, je crois qu’ilfaut, comme lui, pouvoir faire naître une formede comique mélancolique touchant aux zonesde la vie et de la mort.Qu’est-ce qui vous lie à ce texte ?B. S. : J’ai été, très tôt, confrontée à la mort. Jecrois que la force vitale de cette pièce, le regardlumineux qu’elle porte sur l’exist<strong>en</strong>ce, me parl<strong>en</strong>t<strong>en</strong> profondeur. Car Winnie fait preuve d’une grandeélégance face à la déchéance. Elle se ti<strong>en</strong>t droitejusqu’au bout. Oh les beaux jours est une véritableode à la vie. Bi<strong>en</strong> que Winnie reste toujours trèslucide sur le fait qu’elle se dirige vers la mort, ell<strong>en</strong>e sombre jamais totalem<strong>en</strong>t dans le désespoir.devi<strong>en</strong>t presque la végétation empoisonnée dontil faut se garder.Comm<strong>en</strong>t le spectateur reçoit-il ce théâtre ?L. P. : <strong>La</strong> jubilation naît au bout de tr<strong>en</strong>te secondesde spectacle ! On a <strong>en</strong>vie de savoir ce quiva se passer, le susp<strong>en</strong>se est extraordinaire.Et il y a aussi ce regard humaniste de Hugo, sarévolte contre l’injustice, la tyrannie, la peinede mort. Dans toute son œuvre, Hugo éveillela consci<strong>en</strong>ce, avec cet appétit féroce et cettegénérosité incroyable : il y a aussi un plaisir jubilatoireà être le spectateur de cela. Le théâtrede Hugo r<strong>en</strong>d intellig<strong>en</strong>t !Propos recueillis par Catherine RobertDu 2 au 20 avril.Dessin de Victor Hugo pour Mangeront-ils ? dans l’exposition au Forum du théâtre du 2 au 20 avril.“Le travestissem<strong>en</strong>test une manièrede se réapproprierle théâtre parla métaphore.”Blandine SavetierElle est traversée par de la tristesse, bi<strong>en</strong> sûr, maiselle s’attache à habiller cette tristesse afin qu’ell<strong>en</strong>e soit jamais pesante. Elle est rongée par uneinquiétude profonde, mais elle ne tombe jamaisdans une noirceur absolue. Parfois le doute et lessouv<strong>en</strong>irs étrangl<strong>en</strong>t la parole. Et puis, subitem<strong>en</strong>t,la pulsion de vie ressurgit et, avec elle, les mots del’émerveillem<strong>en</strong>t. Il y a beaucoup de grâce danscette façon de faire face au vide avec combativité,avec dignité. J’espère que je pourrai aborder mapropre mort avec une telle grâce !Propos recueillis par Manuel Piolat SoleymatDu 16 au 19 avril.Et aussi…Cinéma, exposition, confér<strong>en</strong>ces, débats, et r<strong>en</strong>contres <strong>en</strong> bord de scène…Khmyr, un paysan naïf part à la recherche du bonheur dans la Russie tsariste, puis dansla Russie soviétique, et finit par le trouver, après bi<strong>en</strong> des vicissitudes, <strong>en</strong> rejoignant unkolkhoze : le 15 avril, <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec la Cinémathèque de Toulouse, le TNT projette LeBonheur, film culte d’Alexandre Medvedkine. Le film muet de l’imm<strong>en</strong>se réalisateur offrel’occasion d’un ciné-concert, avec Gregory Daltin à l’accordéon, Raphaël Howson au piano etJoris Vidal au tuba. Des confér<strong>en</strong>ces, des débats, des r<strong>en</strong>contres émaill<strong>en</strong>t la programmationde ce troisième Regard(s) de la saison du TNT, et une exposition des dessins de Victor Hugoest organisée, du 2 au 20 avril, dans le Forum du théâtre.C. RobertTNT – Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées.1 rue Pierre-Baudis, 31009 Toulouse. 05 34 45 05 05. www.tnt-cite.com


24 théâtre avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 théâtre 25Théâtre Gérard Philiped’Isaac de B<strong>en</strong>serade / mes Jean-Pierre Vinc<strong>en</strong>tIphis et IanteCritiqueIphis (Suzanne Aubert) et Iante (Chloé Chaudoye).© Raphaël ArnaudThéâtre du SoleilCréation collective Théâtre Aftaab / mes Hélène Cinque<strong>La</strong> Ronde de nuitCritiqueExhumée après trois siècles d’<strong>en</strong>dormissem<strong>en</strong>t, la comédie mise <strong>en</strong>scène par Jean-Pierre Vinc<strong>en</strong>t, qui, par-delà le thème de l’homosexualitéféminine, s’attache à la profondeur du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t amoureux, ti<strong>en</strong>t du pur<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t.<strong>La</strong> surveillance d’un théâtre par un gardi<strong>en</strong> de nuit afghan et la v<strong>en</strong>ueinopinée de ses frères <strong>en</strong> exil. Une <strong>en</strong>volée de tourm<strong>en</strong>ts oniriques etlibérateurs par le Théâtre Aftaab.« Il faut que je l’avoue ; ce mariage est si doux,j’y trouve assez d’appas. Et si l’on n’<strong>en</strong> riait,je ne m’<strong>en</strong> plaindrais pas. » L’aveu est osé.Placé dans la bouche d’Iante, au l<strong>en</strong>demainde sa nuit de noces alors même que la jeunefille n’est plus s<strong>en</strong>sée ri<strong>en</strong> ignorer du sexed’Iphis, il fait voler <strong>en</strong> éclats interdits morauxet conv<strong>en</strong>ances sociales. Le théâtre françaisdu xvii e siècle sort, avec Isaac de B<strong>en</strong>serade,le <strong>La</strong>garde et Michard de ses gonds. L’auteur,jeune poète âgé de 22 ans lorsqu’il écrit cettedérangeante comédie, inspiré par Les Métamorphosesd’Ovide, a l’audace de repousserles limites dans lesquelles le populaire poètede l’antiquité a maint<strong>en</strong>u la fable rocambolesque.Dans la fantaisie romanesque imaginéepar l’intrépide dramaturge baroque, la natureféminine d’Iphis, cette jeune fille élevée auxwww.journal-laterrasse.frPartout !<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> <strong>en</strong>responsive designadapte son formatà vos terminaux.Lisez-nous partoutsur vos portableset vos tablettes.yeux de tous comme un garçon dès le berceau,n’éclate au grand jour qu’après l’hyménée. Ilfait mieux : au remord de la travestie ou àla colère de la dupée font place les regretsde devoir sacrifier au qu’<strong>en</strong>-dira-t-on et à labi<strong>en</strong>séance la beauté pure du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t quiles unit et dont elles ont goûté la chair.Un bain de jouv<strong>en</strong>ceAvec « cette histoire à dormir debout d’uneliberté et d’une audace incroyables », Jean-Pierre Vinc<strong>en</strong>t, se réjouissant visiblem<strong>en</strong>tlui-même, donne à vivre un mom<strong>en</strong>t dethéâtre jubilatoire comme il <strong>en</strong> est peu. Toutconcourt, grâce à son habileté amusée, àfaire de cette comédie et perle du répertoirefrançais, un sommet dramatique <strong>en</strong> forme devrai bain de jouv<strong>en</strong>ce. Au premier rang desComédie-Françaisede Racine / Mes Michael MarmarinosPhèdreAvec Phèdre (1677), Marmorinosinstalle la brûlure tragique dansl’ombre de la solitude exist<strong>en</strong>tiellemoderne et sous le soleil visconti<strong>en</strong>de la déchéance.Le metteur <strong>en</strong> scène grec Michael Marmorinossitue l’épure tragique du drame sacré de Phèdresur le sol d’une villa maritime installée sur lacité grecque du Péloponnèse, à Trézène. Avecses oiseaux blancs qui plan<strong>en</strong>t, la mer scintillepar-delà les baies ouvertes de la demeure princièreet leurs volets de bois qu’articul<strong>en</strong>t avecprécaution les femmes de la suite de Phèdre. Àla manière de Visconti, le soleil <strong>en</strong>sommeille deson éclat mordant la vue panoramique tandisque les t<strong>en</strong>sions intérieures exacerbées de latragédie antique, revues sous le regard classiquede Racine, inflig<strong>en</strong>t la souffrance à desâmes nobles blessées, victimes et bourreaux, àla fois. Phèdre, aux origines divines contrastées,aime douloureusem<strong>en</strong>t Hippolyte, le fils de sonépoux, le puissant Thésée. De son côté, le jeunehomme n’a d’yeux que pour les forêts, les chevaux,la force virile paternelle, mais aussi pour lajeune Aricie, princesse de sang royal d’Athènesque Thésée garde <strong>en</strong> otage. Dire ou ne pas dire,telle est la question de Phèdre, selon Barthes.Mais les dés sont jetés dès que l’amoureuseéplorée (Elsa Lepoivre), cédant aux instancesautoritaires de sa confid<strong>en</strong>te O<strong>en</strong>one (Clotildede Bayser), fait des aveux inavouables. « C’esttoi qui l’as nommé », réplique Phèdre à la suivantequi a cité Hippolyte. <strong>La</strong> parole insidieuse,une fois échappée, ne peut plus se ret<strong>en</strong>ir et ledestin fatal s’accomplit.Une solitude exist<strong>en</strong>tielle avant l’heureL’anormalité des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts coupables est« personnifiée » dans le monstre marin déchaînépar le dieu Neptune, à la demande du créduleThésée (Samuel <strong>La</strong>barthe) qui veut punir sonfils, incestueux et sacrilège à ses yeux. <strong>La</strong> mise<strong>en</strong> scène est éloignée de tout néoréalisme ; ceci,malgré la prés<strong>en</strong>ce assourdie d’une radio grecqueposée sur une table avec carafe d’eau etquelques verres ; malgré la facétieuse Panopequalités de ce formidable spectacle vi<strong>en</strong>tla modestie des moy<strong>en</strong>s mis <strong>en</strong> œuvre quiautorise la conc<strong>en</strong>tration sur l’ess<strong>en</strong>tiel : les<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t et l’émotion. Le branlant décorde carton pâte <strong>en</strong>tremêlant gaillardem<strong>en</strong>tles époques, bâti dans l’esprit du théâtrede tréteaux, ravive la flamme dramatique.Il est s<strong>en</strong>sible que l’actualité – le mariagepour tous – a été r<strong>en</strong>contrée par cette formed’heureux hasard que l’art, quand il est libre,sait organiser. « C’est la r<strong>en</strong>contre avec lesdeux actrices » qui a donné au metteur <strong>en</strong>scène l’opportunité qu’il att<strong>en</strong>dait pour selancer. Dans les rôles-titres, Suzanne Aubertet Chloé Chaudoye sont parfaites. Elles nesont pas les seules à porter haut la beautéaussi grave que légère des vers de l’œuvreCritiqueElsa Lepoivre dans Phèdre par Michael Marmarinos.(Cécile Brune) qui se régale de confiture avantd’annoncer la mort supposée de Thésée ; malgréles sauts à la r<strong>en</strong>verse d’Aricie à la joie de ses<strong>en</strong>tir aimée par Hippolyte - et de sa confid<strong>en</strong>teIsmène (Émilie Prevosteau), sur un lit de salon ;Théâtre du Rond-Pointde Philippe Minyana / mes Frédéric MaragnaniCri et Gacherch<strong>en</strong>t la paixRéagissez sur www.journal-laterrasse.frCritiqueDeux amis s’élanc<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>semble, sur les chemins du monde. C’est Cri etGa cherch<strong>en</strong>t la paix, une fable philosophique de Philippe Minyana créée,au Théâtre du Rond-Point, par le metteur <strong>en</strong> scène Frédéric Maragnani.Une proposition qui déçoit.© Brigitte Enguérandfougueuse. Tous et toutes mérit<strong>en</strong>t d’êtrecités <strong>en</strong> avouant un coup de cœur pour BarthélémyMeridj<strong>en</strong> dans le rôle d’Ergaste.Marie-Emmanuelle GalfréThéâtre Gérard Philipe, C<strong>en</strong>tre DramatiqueNational, 59 Bd. Jules-Guesde, 93200 Saint-D<strong>en</strong>is. Du 15 avril au 6 mai 2013, lundi, mardi,jeudi, v<strong>en</strong>dredi, à 20h, samedi à 18h30, dimancheà 16h30, (durée 1h50). Tél. 01 48 13 70 10. www.theatregerardphilippeEt aussi, du 2 au 6 avril 2013 à la ScèneNationale de Sète et du bassin de Thau, du 9 au11 avril 2013 à la Comédie de Reims. Spectaclevu au Théâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frmalgré le micro sur pied dont use Théramène(Éric Génovèse) ; malgré les voix chuchotées,et les reprises de didascalies d’un personnageà l’autre, comm<strong>en</strong>tant les discours dans unjeu distancié. Une solitude exist<strong>en</strong>tielle avantl’heure mine ces figures maudites. Le spectacleconvainc par sa beauté qui tisse l’étoffecharmante du printemps de la vie. Ni Phèdr<strong>en</strong>i Thésée n’emport<strong>en</strong>t la mise sur le tapis de ladramaturgie, mais ce sont les amants Aricie etHippolyte, d’auth<strong>en</strong>tiques jeunes premiers quiillumin<strong>en</strong>t la scène et raviss<strong>en</strong>t l’att<strong>en</strong>tion. J<strong>en</strong>niferDecker dégage la pudeur de l’éveil amoureuxalors que Pierre Niney joue un Hippolytealtier et flamboyant. Pari audacieux réussi pourun tragique d’aujourd’hui.Véronique HotteComédie-Française, salle Richelieu, placeColette, 75001 Paris. Du 2 mars au 26 juin 2013,<strong>en</strong> alternance. Matinées à 14h, soirées à 20h30.Tél. 0825 10 16 80 (0,15 e la mn).Rejoignez-nous sur Facebook© Michèle <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t© Sonia BresslerLes comédi<strong>en</strong>s afghans de <strong>La</strong> Ronde de nuit parHélène Cinque.rée de l’intérieur, donne sur les pelousesatt<strong>en</strong>antes perdues dans la nuit, non loindu bois et des sans-abris, des trafiquantset des camionnettes de péripatétici<strong>en</strong>nes.Un soir d’hiver, lors d’un « orage de glace »,des hommes et femmes afghans, <strong>en</strong> att<strong>en</strong>tede papiers, de travail ou <strong>en</strong> transit avantl’Angleterre, trouv<strong>en</strong>t refuge chez un compatrioteplus heureux, loti d’un toit et d’unemploi. Son confort relatif fait que l’exiléconverse par Skype avec sa femme restée<strong>en</strong> Afghanistan, sous le regard de par<strong>en</strong>tsChristophe Huysman et Gaëtan Vourc’h dans Cri et Gacherch<strong>en</strong>t la paix.« Ce jour est à marquer d’une pierre blancheGa j’ai laissé l’inquiétude de côté » dit Cridans un pré planté d’arbres. « Je dois dire quesouv<strong>en</strong>t tes yeux me font peur », répond Ga.« C’est-à-dire que je vois dans le monde cequ’il faudrait ne pas voir et j’ai une faiblessedans les membres », <strong>en</strong>chaîne le premier.Souhaitant se débarrasser de leurs terreurset de leurs fantômes, ces deux amis <strong>en</strong>tam<strong>en</strong>tune marche initiatique, à la recherched’une forme de paix intérieure. Lors de cepériple insolite, ils crois<strong>en</strong>t un chat crucifié,une vache morte, des femmes à barbe,un neveu abandonné par son mari… Ils travers<strong>en</strong>tune grande prairie, emprunt<strong>en</strong>t desroutes et des chemins, visit<strong>en</strong>t un musée,pass<strong>en</strong>t près d’une source miraculeuse,s’arrêt<strong>en</strong>t chez une prénommée Colette, quileur révèle sa recette des paupiettes. Puisils arriv<strong>en</strong>t chez une vieille femme qui, elle,a trouvé la paix. Ce « Cri » qui ne cesse depousser la chansonnette, c’est ChristopheHuysman. Ce « Ga » longiligne qui ne lâchepas son compagnon d’une semelle, c’est GaëtanVourc’h. Comme les noms de ces personnagesle laiss<strong>en</strong>t deviner, c’est pour les deuxcomédi<strong>en</strong>s que l’auteur a imaginé Cri et Gacherch<strong>en</strong>t la paix.rejoignez-nous sur facebook<strong>La</strong> Ronde de nuit, création collective duThéâtre Aftaab mise <strong>en</strong> scène par HélèneCinque, n’a ri<strong>en</strong> à voir avec le tableau éponymede Rembrandt, sauf ce questionnem<strong>en</strong>tde Verlaine à son sujet : « De quel jourde mystère avec quelle ombre autour ? » Onp<strong>en</strong>se aussi à la ronde nocturne d’Hamletdont le spectre du roi défunt apparaît dansla brume aux officiers shakespeari<strong>en</strong>s. Ici, lethéâtre du gardi<strong>en</strong> de nuit afghan ressembleau Théâtre du Soleil, avec ses décorshétéroclites, ses cathédrales de valises,l’évocation de ses masques balinais et sadocum<strong>en</strong>tation qui rassemble les « archivesdu monde ». <strong>La</strong> façade de la verrière, éclaityranniques,une scène comique de quiproquosinénarrables <strong>en</strong>tre le va-et-vi<strong>en</strong>tde l’écran et du plateau. Sur la scène, unelocataire danseuse de cabaret ; le passaged’un sans-abri, d’une prostituée.Une déferlante de secrets intimesLe groupe d’Afghans est <strong>en</strong>vahi dans son sommeilpar des peurs et des terreurs non éteintes.Le théâtre dans le théâtre invite à unedéferlante des secrets intimes. Les fantômesdes mémoires meurtries se réveill<strong>en</strong>t sous lalumière de la « ghost lamp », la servante dethéâtre. Deuils, séparations, souv<strong>en</strong>irs blessantsou bi<strong>en</strong>faisants parfois, les rêves sontbrisés pour ceux qui ont quitté leur pays d’origine.Les corps – le visage caché sous un bonnetde laine – sont allongés sur des matelassommaires, <strong>en</strong>roulés dans des couvertures.Ils se lèv<strong>en</strong>t tels des automates, puis reviv<strong>en</strong>t« leur » scène, les vols, viols, viol<strong>en</strong>ces, tuerieset massacres. Quelques chants et musiquesfont sortir les victimes de leur abattem<strong>en</strong>t àtravers l’évocation s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tale d’un frère,d’un ami. Par la fierté aussi de fouler le soldu pays des Droits de l’Homme et de la Révolution,une terre d’asile digne de la scènevivante du tableau de Delacroix, <strong>La</strong> Libertéguidant le peuple. Hélène Cinque travailled’une façon plus brute dans l’héritage directd’Ariane Mnouchkine, mêmes <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts,même esthétique d’un théâtre populaire inscritdans la cité, au plus près de chacun. Lesacteurs investiss<strong>en</strong>t pleinem<strong>en</strong>t le plateauet jou<strong>en</strong>t du balancem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre comique ettragique. Le spectacle édifiant d’une troupethéâtrale à l’assaut de la vie.Véronique HotteThéâtre du Soleil, Cartoucherie, 75012 Paris.Du 27 mars au 28 avril 2013. Du mardi auv<strong>en</strong>dredi à 20h, le samedi à 15h et à 20h, ledimanche à 15h. Tél. 01 43 74 24 08.Spectacle <strong>en</strong> français et <strong>en</strong> dari surtitré.Rejoignez-nous sur FacebookUn périple loufoque et métaphoriqueC’est inspiré par les corps, les voix, les prés<strong>en</strong>ceset personnalités de ces complices de longuedate (aujourd’hui accompagnés sur scènepar Moustafa B<strong>en</strong>aïbout, Marion Camy-Palouet Juliette Savary) qu’il a écrit cette ode à lafraternité ouvrant sur les paysages du fantastique.A la lecture de la pièce (publiée chezL’Arche Editeur), on retrouve les <strong>en</strong>tremêlem<strong>en</strong>tsde cocasserie et de mélancolie, lesjuxtapositions de considérations triviales etde réflexions exist<strong>en</strong>tielles qui font le charme,l’acuité du théâtre de Philippe Minyana. Mais,sur le plateau du Théâtre du Rond-Point, toutesces choses nous gliss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les doigts.Car la mise <strong>en</strong> scène de Frédéric Maragnanine parvi<strong>en</strong>t pas à faire voyager notre imaginaire,et peine à créer la matière organiquede cette écriture exigeante. Réduites à unesuccession de tableaux statiques, les pérégrinationsde Cri et de Ga se révèl<strong>en</strong>t monotones.Elles provoqu<strong>en</strong>t quelques rires, mais achopp<strong>en</strong>tsur les vérités humaines (et théâtrales)qu’elles devrai<strong>en</strong>t faire surgir.Manuel Piolat SoleymatThéâtre du Rond-Point, 2 bis av. Franklin-D.-Roosevelt, 75008 Paris. Du 20 mars au 28 avril2013. Du mardi au samedi à 21h, les dimanchesà 15h30, relâche les lundis, ainsi que les 24 et31 mars. Tél. 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.frDurée de la représ<strong>en</strong>tation : 1h.En tournée du 22 au 25 mai 2013 Théâtre de laR<strong>en</strong>aissance, à Oullins.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frTERRA INCOGNITAL’ AUTRE CONTINENT(S) DU THEATREFESTIVAL 16 > 20 AvrilPorté par le Clastic Théâtre <strong>en</strong> collaborationavec le théâtre Rutebeufet avec le souti<strong>en</strong> de la ville de ClichySCHIKLGRÜBER,ALIAS ADOLF HITLERStuffed Puppet TheatreNevi l l e Tr a nt e rHUMPTY DUMPTYDROLATIC INDUSTRYEST-CE QUE LE MONDESAIT QU’IL ME PARLE ?KTHA COMPAGNIEICI AILLEURSOU AUTRE PARTCie LES YEUX CREUXACTE SANS PAROLES 1CLASTIC THEATREDORMIRNICOLAS GOUSSEFFJOURNAL D’ULYSSEMORBUS THEATREAU DIEU INCONNUTSARA / AURELIA IVANSTÉRÉOPTIKSTÉRÉOPTIKPLUS D’INFOS :WWW.VILLE-CLICHY.FR/91-RUTEBEUF.HTMWWW.FACEBOOK.COM/TERRA.INCOGNITA.100RENSEIGNEMENTS, RÉSERVATIONS THÉÂTRE RUTEBEUF16-18 ALLÉE Léon GAMBETTA 92110 CLICHY | 01 47 15 98 50 | 01 47 15 98 51TOUS LES JOURS DE 15H À 20Hreservation-rutebeuf@ville-clichy.frScultpure “An other great danger at sea“ - Francis Marshall © photo: Pierre Alanic-Lewi / Montage : Dami<strong>en</strong> Richard


26 Focus / anthéa, antipolis-théâtre d’antibes avril 2013 / N°208 la terrasse la terrasse avril 2013 / N°208 Focus 27Naissanced’un nouveau théâtreAvec un nom <strong>en</strong> forme d’acronyme et de jeu de mots (puisqu’<strong>en</strong> grec, Anthéa signifiel’excell<strong>en</strong>ce), Antipolis-Théâtre d’Antibes ouvre officiellem<strong>en</strong>t ses portes le 6 avril2013. Conçu pour équilibrer et diversifier les propositions artistiques du Var, et offrirau public d’Antibes et de sa région des occasions facilitées de découvrir le spectaclevivant, Anthéa comm<strong>en</strong>ce son av<strong>en</strong>ture avec une saison de printemps, raccourcie maisint<strong>en</strong>se. Daniel B<strong>en</strong>oin, son conseiller artistique, a réuni des propositions variées,avec l’espoir rev<strong>en</strong>diqué que l’éclectisme et la qualité sauront rallier les spectateursvers ce nouveau théâtre.Entreti<strong>en</strong> e Daniel B<strong>en</strong>oinLe spectacle vivantdynamise la RivieraLe directeur du Théâtre National de Nice est le conseiller artistiqued’Anthéa. Soucieux d’une complém<strong>en</strong>tarité des propositions <strong>en</strong>tre l’estet l’ouest du Var, il participe à faire du nouveau théâtre d’Antibes un pôlede diffusion pluridisciplinaire dynamique.Pourquoi avez-vous accepté d’être leconseiller artistique d’Anthéa ?Daniel B<strong>en</strong>oin : Parce que l’av<strong>en</strong>ture qui comm<strong>en</strong>ceà Antibes représ<strong>en</strong>te quelque chosequi n’arrive jamais ! Faire naître un théâtre exnihilo, construire un nouveau bâtim<strong>en</strong>t, quiremplace une salle de sport par un théâtre,c’est rarissime ! Il n’y avait jamais eu de théâtreà Antibes, sauf, évidemm<strong>en</strong>t, il y a de nombreuxsiècles ! On n’a pas connu d’av<strong>en</strong>ture équival<strong>en</strong>te<strong>en</strong> France depuis longtemps. C’était doncdifficile de refuser, et je suis heureux que laFrance et cette région s’équip<strong>en</strong>t d’un tel outil.Il s’agit aussi de recruter une équipe <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>tneuve. Anthéa n’est ni un CDN, ni unescène nationale, ni un théâtre conv<strong>en</strong>tionné. Ilexiste avant d’être labélisé. Dans sa dim<strong>en</strong>sionet sa programmation, remarquons néanmoinsqu’il s’appar<strong>en</strong>te à une scène nationale, et onpeut espérer qu’il obti<strong>en</strong>ne bi<strong>en</strong>tôt ce label. Cequi est exemplaire dans ce projet, c’est que cethéâtre va s’ouvrir à l’<strong>en</strong>semble du spectaclevivant, mais qu’il va chercher à y associer lescréateurs de la haute technologie.<strong>La</strong> Traviatade Verdi / mes Jean-Louis Grinda / direction musicale Antonino FoglianiLes théâtres lyriques du sud de la France onttoujours mis à l’honneur le répertoire itali<strong>en</strong>,qu’il soit bel cantiste ou vériste. Le nouveauthéâtre d’Antibes ne fait pas exception, <strong>en</strong>prés<strong>en</strong>tant pour son inauguration <strong>La</strong> Traviatade Giuseppe Verdi. Cette nouvelle productionde l’Opéra de Monte-Carlo, <strong>en</strong> coproductionavec l’Opéra Théâtre de Saint-Eti<strong>en</strong>ne, cumuleles atouts. A comm<strong>en</strong>cer par la distributionvocale, plus qu’alléchante, avec notamm<strong>en</strong>t,dans le rôle de Violetta, la soprano SonyaYoncheva, coqueluche des plus grandes scènes,de la Scala de Milan au Festival de Glyndebourne.A l’aise dans tous les répertoires(elle chante aussi bi<strong>en</strong> avec William Christiequ’avec Sting !), Sonya Yoncheva séduit parla richesse de son grain et son intellig<strong>en</strong>cestylistique. A ses côtés, le rôle d’Alfredo estt<strong>en</strong>u par le ténor Jean-François Borras, quia fait ses premiers pas musicaux dans laPrincipauté (chez les Petits chanteurs puisà l’Académie de Musique de Monaco). Quantau baryton-basse Luca Salsi, rompu à l’opéraitali<strong>en</strong>, il interprétera le rôle de GiorgioGermont.Le sacrifice par l’amourOn se réjouit égalem<strong>en</strong>t de retrouver à labaguette le tal<strong>en</strong>tueux Antonino Fogliani.Formé notamm<strong>en</strong>t par Gianluigi Gelmetti(actuel directeur musical de l’Orchestre philharmoniquede Monte-Carlo), ce jeune chefsicili<strong>en</strong> plein d’énergie se distingue depuisquelques années par ses interprétations desouvrages de Rossini, <strong>en</strong> particulier au Festivalde Pesaro, qui est à Rossini ce que Bayreuthest à Wagner. A Antibes, il dirigera les musici<strong>en</strong>sde l’Orchestre philharmonique de Nice.Quant à la mise <strong>en</strong> scène, elle a été confiée àJean-Louis Grinda, actuel directeur de l’Opérade Monte-Carlo, qui voit <strong>en</strong> <strong>La</strong> Traviata « laplus belle narration musicale du fondem<strong>en</strong>tdu romantisme : le sacrifice par l’amour ».Antoine PecqueurLe 6 avril, à 20h30.Gros planOuverture aux caméliasL’opéra de Verdi est prés<strong>en</strong>té à Antibes dans une mise <strong>en</strong> scène de Jean-Louis Grinda.Comm<strong>en</strong>t décrire cette saison d’ouverture ?D. B. : C’est d’abord une petite saison, puisqu’elles’ét<strong>en</strong>d du 6 avril au 7 juillet, à une périodeépouvantable sur la Côte d’Azur, puisque toutle monde est sur les plages ! Tr<strong>en</strong>te-sept représ<strong>en</strong>tationssont programmées p<strong>en</strong>dant deuxmois et demi (puisqu’on ne jouera pas p<strong>en</strong>dantles vacances de Pâques) : nous avons la volontéde montrer que dès les premiers mois, nouspouvons remplir ce théâtre. J’ai voulu une vraieprogrammation, très diversifiée, qui emprunte àtous les domaines, avec aussi de la recherche, dela création (cette année, un spectacle de dansesera créé). De l’opéra, du théâtre (avec la Comédie-Française,dans Marivaux, et <strong>La</strong> Maison d’osde Roland Dubillard), de l’humour avec François-Xavier Demaison et Max Boublil (que les adolesc<strong>en</strong>tsador<strong>en</strong>t !), un conte chinois magnifique,de la danse (dont Découflé), un grand concertsymphonique : et j’<strong>en</strong> passe ! Nous accueillonsChorégraphie Eugénie Andrinmes Julie Desmet© Victor Tonelliégalem<strong>en</strong>t une manifestation qui a lieu à Antibesdepuis quarante ans : Antibes générationvirtuoses. Les tarifs seront les mêmes qu’auThéâtre National de Nice, et l’opéra sera beaucoupmoins cher qu’à l’Opéra de Nice.Combi<strong>en</strong> Anthéa peut-il accueillir de spectateurs?D. B. : <strong>La</strong> grande salle peut accueillir mille deuxc<strong>en</strong>ts spectateurs, et on peut réduire sa jaugeà sept c<strong>en</strong>ts places. <strong>La</strong> petit salle, davantagedestinée à la recherche et aux idées nouvelles,compte deux c<strong>en</strong>ts places. <strong>La</strong> grande salleporte le nom de Jacques Audiberti, pour r<strong>en</strong>drehommage au grand poète né à Antibes. <strong>La</strong>petite porte celui de Pierre Vaneck, un acteuravec lequel j’ai beaucoup travaillé et qui étaittrès attaché à cette région.Les théâtres de Nice et d’Antibes vont-ilstravailler <strong>en</strong>semble ?D. B. : L’harmonisation et la mutualisation commanderont.Nous allons trouver les moy<strong>en</strong>s defaire des économies. Mais je veux surtout créerune synergie au niveau du public afin qu’aug-“On n’a pas connud’av<strong>en</strong>ture équival<strong>en</strong>te<strong>en</strong> France depuislongtemps.”Daniel B<strong>en</strong>oinm<strong>en</strong>te le nombre de spectateurs dans les Alpes-Maritimes, <strong>en</strong> drainant, pour Antibes, la populationde l’ouest du départem<strong>en</strong>t qui ne va pas àl’est, à Nice. Nous avons comm<strong>en</strong>cé, dès cetteannée, à intégrer certains des spectacles d’Antibesà l’abonnem<strong>en</strong>t de Nice (huit mille placesont été v<strong>en</strong>dues), et nous ferons la même chosedans l’autre s<strong>en</strong>s. Cela étant, demeureront desdiffér<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre les deux théâtres. A Nice, 80 %des textes créés sont ceux d’auteurs contemporains: c’est presque la marque de fabriquede la maison. Antibes équilibrera sa programmation<strong>en</strong>tre le contemporain et le classique, etsera beaucoup plus ouvert. Le théâtre d’Antibessera plus un théâtre de diffusion que celui deNice, accueillant des spectacles prestigieux,mais aussi des spectacles expérim<strong>en</strong>taux. Ilest évid<strong>en</strong>t qu’avec ce nouveau théâtre, la forced’impact du spectacle vivant dans les Alpes-Maritimes va être transformée.Propos recueillis par Catherine RobertPhèdre,la dernière danseGros planPour la première création d’Anthéa, la jeune chorégraphe EugénieAndrin expose une version à la fois intime et politique de la tragédieracini<strong>en</strong>ne.Eugénie Andrin, danseuse de formation classique,a comm<strong>en</strong>cé à chorégraphier très tôt,d’abord des ballets d’opéra, et égalem<strong>en</strong>t despièces chorégraphiques pour lesquelles elle collaborerégulièrem<strong>en</strong>t avec des artistes de théâtre.C’est le cas pour Phèdre, la dernière danse, àlaquelle participe Julie Desmet, <strong>en</strong> tant qu’interprèteet metteur <strong>en</strong> scène. Cet ancrage dans letravail théâtral contribue efficacem<strong>en</strong>t à la singularitéde l’écriture, qui navigue <strong>en</strong>tre la compositionde situations narratives, et la constructiond’états corporels int<strong>en</strong>ses. Totalem<strong>en</strong>t bouleversant,le retour de Thésée, c’est-à-dire du pouvoirlégitime, fait voler <strong>en</strong> éclat les frêles façades quipréservai<strong>en</strong>t un semblant d’unité familiale.Cinq magnifiques interprètesPhèdre a avoué son amour à Hippolyte, quiaime Aricie. Ce retour confronte chacun à laviol<strong>en</strong>ce et à l’impossibilité de son désir. Quelrôle, quel corps adopter quand on ne peutplus regarder <strong>en</strong> face son époux, son père,son beau-fils ou sa belle-mère ? De l’esthétiqueclassique, la chorégraphe ne conservepas le vocabulaire, mais une précision et ungoût pour la prise de risque qui met <strong>en</strong> jeu ledanseur, corps et âme. Un projet magnifiquem<strong>en</strong>tporté par les cinq interprètes, que l’on aadmirés <strong>en</strong> septembre dernier lors de la prés<strong>en</strong>tationd’une étape de la création : EugénieAndrin, Cyrille Bochew, Julie Desmet, CarolinePallarès - et Jean Guizerix qui, vingt-troisans après avoir quitté l’Opéra de Paris, nousdonne, dans son humilité et son exig<strong>en</strong>ce, uneleçon d’« être <strong>en</strong> scène ».Marie ChavanieuxLe 30 avril, les 2 et 7 mai, à 20h ; les 3 et 4, à 21h.Harold et Maudde Colin Higgins / mes <strong>La</strong>dislas Chollat© D. R.Propos recueillis e Line R<strong>en</strong>audLe terrain aux mimosasLine R<strong>en</strong>aud termine la tournée d’Harold et Maud à Anthéa. Jouer àAntibes lui offre l’occasion d’un émouvant retour aux sources et constitueun curieux clin d’œil du destin.« C’est à la fois ahurissant et très émouvantpour moi de v<strong>en</strong>ir jouer dans ce théâtre. Premierhasard <strong>en</strong> forme de signe du destin, j’ai comm<strong>en</strong>céla tournée d’Harold et Maud à Rueil-Malmaison,chez Loulou Gasté et chez moi. DanielB<strong>en</strong>oin m’a appelée et m’a parlé de ce nouveauthéâtre, dans lequel il nous proposait de v<strong>en</strong>irjouer la pièce. J’y suis allée <strong>en</strong> voiture avec desamis, et nous sommes arrivés av<strong>en</strong>ue Jules-Grec. J’ai reconnu alors l’anci<strong>en</strong>ne route de Biot,que j’avais connue il y a bi<strong>en</strong> des années, autemps où Loulou y possédait, avec ses sœurs,un terrain qu’il avait hérité de son père. C’étaitune route de campagnes, bordées de serres oùtravaillai<strong>en</strong>t les paysans itali<strong>en</strong>s. J’avais dix-huitans, et Loulou m’emm<strong>en</strong>ait cueillir du mimosaet des olives sur ce terrain. En 70, ce terrain aété préempté par la municipalité pour le transformer<strong>en</strong> terrain de sport. Et le théâtre étaitPropos recueillis e Jean Leonetti<strong>La</strong> culture,antidote à la criseJean Leonetti, Député-Maire d’Antibes Juan-les-Pins, est Présid<strong>en</strong>t de laCommunauté d’Agglomération Sophia Antipolis. Il est un des plus ard<strong>en</strong>tsdéf<strong>en</strong>seurs de ce nouveau lieu d’accueil du spectacle vivant.Concert symphonique « con brio ! »Orchestre philharmonique de NicePhilippe Auguinde Washingtonà AntibesLe chef de l’Orchestre philharmonique deNice dirige un programme Berlioz-Franck-Gershwin-Ravel.Après des années d’incertitude, marquéesnotamm<strong>en</strong>t par un projet de fusion avorté avecl’Orchestre régional de Cannes, l’Orchestrephilharmonique de Nice connaît un nouveaudépart avec l’arrivée de Philippe Auguin. Le chefd’origine niçoise, égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> poste à l’Opérade Washington, n’hésite pas à développer uneprogrammation ambitieuse, tant <strong>en</strong> matièrelyrique que symphonique. <strong>La</strong> preuve avec leconcert proposé au Théâtre d’Antibes qui donneà <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre des grandes pages du répertoire,« On nous pose souv<strong>en</strong>t la question de savoirpourquoi nous avons voulu créer ce nouveaulieu. Mais je crois que la vraie question se poseà l’inverse : pourquoi Antibes, ville de culture,ne l’a-t-elle pas fait avant ? Et pourquoi le faire<strong>en</strong> période de crise, demande-t-on souv<strong>en</strong>t.J’ai comm<strong>en</strong>cé ma carrière politique commeadjoint à la culture, et je sais que c’est souv<strong>en</strong>tpar là qu’on comm<strong>en</strong>ce, quand il s’agit derogner les budgets. Aujourd’hui, je crois quemieux qu’une variable d’ajustem<strong>en</strong>t financière,la culture est un antidote véritable à la crise. Ilétait donc évid<strong>en</strong>t de construire un théâtre àAntibes, et cette évid<strong>en</strong>ce devi<strong>en</strong>t incontournable,justem<strong>en</strong>t parce qu’il y a une crise ! <strong>La</strong> fréqu<strong>en</strong>tationdu Musée Picasso d’Antibes est <strong>en</strong>hausse de dix pour c<strong>en</strong>t chaque année. Pourquoicela ? Serait-ce que les g<strong>en</strong>s ont <strong>en</strong>vie des’évader ? Non ! Je crois surtout qu’ils ont <strong>en</strong>viede se retrouver : et le spectacle vivant permetde r<strong>en</strong>contrer à la fois l’autre et soi-même.L’excell<strong>en</strong>ce pour tousC’est la Communauté d’AgglomérationSophia Antipolis qui a porté le projet du bâtim<strong>en</strong>tavec l’Etat (dans le cadre du plan derelance), la Région, le Départem<strong>en</strong>t et la ville.Des financeurs privés particip<strong>en</strong>t aussi à ceprojet. Nombre d’<strong>en</strong>tre eux sont installés àSophia Antipolis, une des premières technopoleseuropé<strong>en</strong>nes. Cette technopole trèsactive, qui continue à créer mille emplois paran <strong>en</strong> période de crise, fait travailler tr<strong>en</strong>te-cinqmille salariés qui sont <strong>en</strong> demandelà, sur ce terrain où j’allais cueillir du mimosaet des olives ! C’est là que je jouerai les deuxdernières d’Harold et Maud. Cette coïncid<strong>en</strong>ceest riche de beaucoup d’émotion pour moi et jesuis heureuse de terminer cette belle av<strong>en</strong>tureavec toute l’équipe du spectacle de <strong>La</strong>dislasChollat là-bas. »Propos recueillis par Catherine RobertLe 6 mai à 20h30 et le 7 à 19h30.ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t français. Entrée <strong>en</strong> matièretonitruante avec l’Ouverture de B<strong>en</strong>v<strong>en</strong>uto Cellinid’Hector Berlioz, à la ferveur romantiqueet à l’instrum<strong>en</strong>tation grandiloqu<strong>en</strong>te.<strong>La</strong> Symphonie<strong>en</strong> ré mineur de César Franck, avec sonécriture cyclique et ses phrasés étirés, possède,elle, d’évid<strong>en</strong>tes influ<strong>en</strong>ces germaniques. Onatt<strong>en</strong>d avec impati<strong>en</strong>ce le solo de cor anglaisdu mouvem<strong>en</strong>t l<strong>en</strong>t, assurém<strong>en</strong>t l’un des plusbeaux passages de l’histoire de la musique, écritpour cet instrum<strong>en</strong>t. Incursion américaine duprogramme : le Concerto pour piano <strong>en</strong> fa majeurde George Gershwin révélera tout le tal<strong>en</strong>t de lajeune pianiste Mary Anne Huntsman. Pour clorele concert, Philippe Auguin dirigera la Suite n°2de Daphnis et Chloé de Ravel, dont la bacchanalefinale ti<strong>en</strong>t de l’exercice de haute voltige pourtous les orchestres, même les plus grands. Avecsa riche palette de nuances, cette œuvre permettraégalem<strong>en</strong>t de juger au mieux l’acoustiquedu nouveau Théâtre d’Antibes. A. PecqueurLe 26 mai, à 15h.© Victor Tonelli© Philip Ducapd’activité culturelle. Et installer ce théâtre <strong>en</strong>relation avec ce bassin de recherche dans lesnouvelles technologies, c’est aussi permettred’imaginer comm<strong>en</strong>t le spectacle vivantpeut s’adapter à une nouvelle modernité, c’estouvrir une part de rêve et de découverte. Il yAnthéa, nouveau théâtre à Antibes.Et aussi…Propos recueillis e François-Xavier DemaisonDemaison s’évadede François-Xavier Demaison, Samuel Le Bihan, Mickaël Quiroga et éric Théobaldmes éric ThéobaldUne nouvelle tribuneL’humoriste François-Xavier Demaison continue la longue tournée de sondernier spectacle <strong>en</strong> passant par Antibes, pour participer à l’événem<strong>en</strong>tde l’ouverture de ce nouveau théâtre.« Pour un acteur, l’ouverture d’un théâtre,c’est comme une nouvelle tribune : un lieude plus pour r<strong>en</strong>contrer le public. J’étaisheureux de répondre prés<strong>en</strong>t quand DanielB<strong>en</strong>oin m’a demandé de v<strong>en</strong>ir jouer à Antibes.Il avait programmé Demaison s’<strong>en</strong>vole,mon précéd<strong>en</strong>t spectacle, à Nice. C’estcomme ça que je l’ai r<strong>en</strong>contré. Quand desg<strong>en</strong>s se batt<strong>en</strong>t pour des lieux, il faut lessout<strong>en</strong>ir. Avec ce spectacle, j’ai fait <strong>en</strong>vironc<strong>en</strong>t quarante dates de tournée. J’adoreça ! C’est même ce que je préfère ! Arriverchaque jour dans un lieu nouveau, êtretoujours sur les routes, c’est la quintess<strong>en</strong>cedu métier de saltimbanque. Et j’aimejouer partout, des théâtres à l’itali<strong>en</strong>nejusqu’aux c<strong>en</strong>tres culturels, dans les petitescomme dans les grandes salles. Poura aussi, à Antibes, une population étudiantequi réside sur notre territoire et qui est plusjeune que la moy<strong>en</strong>ne d’âge des habitantsdes Alpes-Maritimes. A ce public, nous voulonsoffrir l’occasion d’aller au théâtre et destarifs attractifs. <strong>La</strong> seule politique culturelleque je souhaite, c’est une politique culturellepopulaire et de qualité. L’abs<strong>en</strong>ce de spectateursn’est pas un critère. On doit imaginer cethéâtre comme le lieu d’accueil de spectaclesdivers et ouvert à tous les publics. L’antiqueAntipolis avait un théâtre. Aujourd’hui,Antibes a Anthéa, qui signifie l’excell<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>grec… »Propos recueillis par Catherine Robertce qui concerne l’ouverture de ce théâtreà Antibes, je crois que c’est important decréer ou d’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir des lieux de culturedans des régions qui ont plutôt la réputationd’être des lieux de tourisme. Quandon p<strong>en</strong>se au sud de la France, on p<strong>en</strong>seà ses festivals d’été, à des lieux de pleinair, mais c’est important qu’il y ait là aussidivers lieux qui viv<strong>en</strong>t toute l’année. Dansdes théâtres comme Anthéa, le publicest constitué par moitié de g<strong>en</strong>s qui vousdécouvr<strong>en</strong>t (souv<strong>en</strong>t à l’occasion de leurabonnem<strong>en</strong>t) et par moitié de fans : c’estla r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre ces deux publics qui estchouette ! »Propos recueillis par Catherine RobertLe 23 mai à 19h30.Une saison de printemps avec du rire, de grands textes, de la musique, du théâtre, du classiqueet du moderne, pour grands et petits.Le 9 et le 11 avril, à 19h30, et le 10, à 20h30, Anthéa accueille la Comédie-Française avec LeJeu de l’amour et du hasard, de Marivaux, mis <strong>en</strong> scène par Galin Stoev. Les 3 et 4 mai, à 20h30,Jan <strong>La</strong>uwers ouvre <strong>La</strong> Maison des cerfs. Le 9 mai, à 19h30, Edouard Baer anime un cabaret A lafrançaise. Les 17 et 18 mai, à 20h30, Anne-<strong>La</strong>ure Liégeois fait trembler <strong>La</strong> Maison d’os, de RolandDubillard. Le 31 mai, à 14h30 et 20h30, et le 1 er juin, à 20h30, François Orsoni invite grands et petits(à partir de six ans) pour une expéri<strong>en</strong>ce unique avec Contes chinois. Max Boublil fait assaut deson humour potache le 8 juin, à 20h30 (pour tout public, à partir de douze ans). Le 11 mai, à 20h30,concert de Pink Martini. Les 16 et 17 mai, à 15h, et les 22 et 24, à 21h, Carm<strong>en</strong> la gitanilla revisitel’opéra de Bizet. Le 5 juin, à 20h30, le ballet Nice-Méditerranée interprète Balanchine, David Parsonset Nacho Duato. Les 14 et 15 juin, à 20h30, Philippe Decouflé prés<strong>en</strong>te Panorama. Les 22 et29 juin, à 20h30, Anthéa accueille le festival Antibes génération virtuoses. Le 5 juillet, à 20h30, etle 7, à 19h30, Don Giovanni, sous la direction musicale de Pierre-Michel Durand. C. RobertAnthéa, Antipolis-Théâtre d’Antibes, 260 av<strong>en</strong>ue Jules-Grec, 06600 Antibes.Tél. 04 83 76 13 13. Site : www.anthea-antibes.fr


28 théâtre avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 théâtre 29Théâtres de Seine-Saint-D<strong>en</strong>isGustave Akakpo / mes Matthieu RoyMême les chevalierstomb<strong>en</strong>t dans l’oubliThéâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-YvelinesTexte et mes Pascal RambertClôturede l’amourC’est la fin, la fin d’une histoire <strong>en</strong>tre Stanet Audrey. Face à face, Stanislas Nordeyet Audrey Bonnet se parl<strong>en</strong>t. L’un (lui) puisl’autre (elle). Une déflagration bouleversante.A voir absolum<strong>en</strong>t.Face à face, Andrey Bonnet et Stanislas Nordey. Uneconfrontation bouleversante.« Clôture de l’amour est un texte né à partir descorps de Stanislas Nordey et Audrey Bonnet,à partir de leurs voix, un texte inspiré par cescritiqueSpectacle jeune public à partir de huit ans, Même les chevaliers tomb<strong>en</strong>tdans l’oubli déconnecte couleur de peau et s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’appart<strong>en</strong>ance dansune pièce technologique et fantastique conçue par deux “débutants”.Pour cette troisième édition de résid<strong>en</strong>cejeune public initiée par le conseil général deSeine-Saint-D<strong>en</strong>is, Gustave Akakpo, comédi<strong>en</strong>et auteur d’origine togolaise et Matthieu Roy,metteur <strong>en</strong> scène issu du TNS, ont répondu àune commande du CG93, articulant créationthéâtrale et activité de s<strong>en</strong>sibilisation dansun réseau de théâtres du départem<strong>en</strong>t. Belleinitiative qui débouche donc, pour sa partie laplus visible, sur cette pièce pour laquelle auteuret metteur <strong>en</strong> scène font leurs premiers pas,ou presque, dans le domaine du jeune public.Cela se ress<strong>en</strong>t, positivem<strong>en</strong>t, dans la mesureoù cette pièce est avant tout contemporaine. S’ytrait<strong>en</strong>t les questions de l’id<strong>en</strong>tité, de la cultured’origine, de l’intégration et de la couleur de lapeau – thématiques qui trouv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Seine-Saint-D<strong>en</strong>is un écho tout particulier –, sur unplateau où le théâtre dialogue très habilem<strong>en</strong>tavec la vidéo, et dans un registre où le poétiquepr<strong>en</strong>d parfois l’acc<strong>en</strong>t de la banlieue. Pour ledire vite. Pour le dire vite car on ne tombe jamaislors de ce spectacle dans l’imitation de l’habitueltype 9.3. Mais on ne l’évite pas non plus.Un mariage parfait du fond et de la formeOn flirte avec lui, on le théâtralise, on le transforme,on le stylise dans le corps et dans la voix,on le diffracte <strong>en</strong> de multiples personnages, onle fait passer de chair et d’os à image vidéo,Un dispositif technique très réussi pour Même les chevaliers…© Christophe Raynaud de <strong>La</strong>ged’<strong>en</strong>fant à adolesc<strong>en</strong>t, bref, on le floute pourmieux le saisir, on le remplit de cette diversitéqui fait la richesse des hommes, de cette partinsaisissable qui construit chacun. C’est là lemessage ess<strong>en</strong>tiel que véhicule cette pièce –chacun est fait de tous – dans un mariage parfaitdu fond et de la forme. En ce soir de première,le dispositif technique paraissait <strong>en</strong>coreun peu <strong>en</strong>combrant, gênant pour le rythme, etl’histoire de George, jeune fille qui change depeau parce qu’elle est blanche mais africainepourrait poser des problèmes de compréh<strong>en</strong>sion.Mais le principe narratif reste parfaitem<strong>en</strong>taccessible, la vidéo habile, les effetsspéciaux spectaculaires juste ce qu’il faut et lalangue drôle, poétique, quotidi<strong>en</strong>ne et styliséeà la fois. Le théâtre jeune public, c’est sûr, serégénère singulièrem<strong>en</strong>t avec cette pièce.Éric DemeyForum du Blanc-Mesnil, 1/5 place de laLibération, 93150 Blanc-Mesnil. Le 11 avril à14h15 et 12 à 14h15 et 20h30. Tél. 01 48 14 22 00.Théâtre Jacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois,les 19 et 20 avril. Tél. 01 48 68 00 22. Les 25 et26 avril au Fil de l’eau à Pantin. Du 13 au 17 maià l’Echangeur à Bagnolet. Les 21 et 22 maià l’Espace Georges Sim<strong>en</strong>on à Rosny-sous-Bois.Les 24 et 25 mai à l’Espace 1789 à Saint-Ou<strong>en</strong>.deux comédi<strong>en</strong>s, issu d’un processus de créationspécifique » confiait Pascal Rambert dansnos colonnes <strong>en</strong> novembre dernier. L’auteur etmetteur <strong>en</strong> scène installe les deux comédi<strong>en</strong>sface à face, dans un espace blanc, vide, quilaisse place aux coups portés par les mots, àune confrontation totale et bouleversante quel’on a rarem<strong>en</strong>t l’occasion de voir au théâtre, àune confrontation où l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t physiqueet émotionnel des acteurs est tel qu’il noussidère. Stanislas Nordey et Audrey Bonnet sontéblouissants. Elle est carrém<strong>en</strong>t exceptionnelle,si <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t et radicalem<strong>en</strong>t Audreyqu’elle impressionne profondém<strong>en</strong>t. Les motss’échapp<strong>en</strong>t avec une force et une puissancerares sur un plateau de théâtre. Les corpsblessés, t<strong>en</strong>dus, accus<strong>en</strong>t le choc, emportéspar le séisme que cette séparation décl<strong>en</strong>che.Deux monologues lancés comme des bombes àfragm<strong>en</strong>tation, lorsque toute une vie s’achève.Et plus tard peut-être, r<strong>en</strong>aître… A. SantiThéâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-Yvelines,place Georges-Pompidou, 78054 Saint-Qu<strong>en</strong>tin<strong>en</strong>-Yvelines.Du 16 au 26 avril à 20h30,sauf jeudi à 19h30, relâche dimanche et lundi.Tél. 01 30 96 99 00.© Jean-Louis FernandezThéâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> YvelinesAdaptation libre de l’œuvre d’Albert Camusmusiques Bilal et Gérard Jouannest / textes et direction artistique Abd al MalikL’art et la révolteCritiqueTour de chant, déclamation poétique et acte théâtral mêlant la danse etla vidéo, le spectacle puisant à la source des grands thèmes camusi<strong>en</strong>séchappe aux clichés. à la manière d’Abd al Malik.Commande du Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce dansla cadre de Marseille-Prov<strong>en</strong>ce 2013, CapitaleEuropé<strong>en</strong>ne de la Culture, la création fut portéepar une ambition conjointe, celle de DominiqueBluzet, le directeur du Grand Théâtre, et deCatherine Camus, la fille de l’écrivain, le c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>airede la naissance d’Albert Camus coïncidantavec l’événem<strong>en</strong>t culturel europé<strong>en</strong>. « Ils m’ontcontacté », raconte Abd al Malik, « pour me proposerde travailler autour du Premier Homme.Mais j’avais une autre idée. » Dans la vie duslammeur rappeur franco-congolais, il est uneautre œuvre du poète philosophe du xx e sièclequi ti<strong>en</strong>t une place à part : L’<strong>en</strong>vers et l’<strong>en</strong>droit.« Je devais avoir 13 ans » se souvi<strong>en</strong>t-il, « lorsquej’ai lu ce livre. Ça a été comme une espèce derévélation. <strong>La</strong> préface que Camus a écrite vingtans après la première édition du livre a toujoursété pour moi une sorte de feuille de route. Unviatique, dans ma quête, <strong>en</strong> tant qu’hommede mots, d’une certaine vérité artistique ». Unthème ess<strong>en</strong>tiel inspire les différ<strong>en</strong>tes piècesmusicales écrites à partir de cette œuvre fondatrice: ce sera « L’art et la révolte ».Une charge émotionnelle singulièreAutobiographique, la référ<strong>en</strong>ce camusi<strong>en</strong>neéchappe à l’instrum<strong>en</strong>talisation et fait s<strong>en</strong>s.Pour le chanteur lettré, Camus est « un idéaldans la manière d’être artiste ». « J’ai surtoutvu <strong>en</strong> lui, comme <strong>en</strong> moi, ce farouche besoinde représ<strong>en</strong>ter “son peuple”, de représ<strong>en</strong>ter lessi<strong>en</strong>s et, par eux, de chercher inlassablem<strong>en</strong>t lemoy<strong>en</strong> de se connecter à tous. » Tout le tal<strong>en</strong>tdu poète chanteur est d’être capable d’offrir <strong>en</strong>partage la charge émotionnelle singulière dontcette lecture a été, par lui, investie. Les valeursdéf<strong>en</strong>dues appuyées sur une description critiquesans concession du réel trouv<strong>en</strong>t dansle champ scénique un moy<strong>en</strong> d’expressionprivilégié transfigurant la viol<strong>en</strong>ce de l’affect.<strong>La</strong> posture adoptée, débarrassée de tout effetsuperflu, se veut proche de celle du porte-parole.<strong>La</strong> mise <strong>en</strong> scène théâtrale de ce concert<strong>en</strong> forme de long poème dramatique mis <strong>en</strong>musique combine les effets. Lumières, sons,vidéo, intermèdes dansés, jou<strong>en</strong>t des nuanceset des contrastes pour se mettre au service durégionLe Grand Tfestival jeune publicFestival Petitset GrandsSpécifiquem<strong>en</strong>t destiné aux <strong>en</strong>fants de 6mois à 12 ans, le Festival Petits et Grandsessaime dans une tr<strong>en</strong>taine de lieux nantais.Dont Le Grand T.« Sœur, je ne sais pas quoi frère », Molière du jeunepublic 2008, l’une des cinq créations prés<strong>en</strong>tées auGrand T dans le cadre du festival.© Patrick Leiva<strong>La</strong> figure d’Albert Camus inspire le poète rappeurAbd al Malik.propos qui, à de nombreux égards, ti<strong>en</strong>t danscet adage : « Il faut se t<strong>en</strong>ir debout ».Marie-Emmanuelle GalfréThéâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines,Scène Nationale, place Georges Pompidou,78180. Le mardi 9 avril 2013 à 20h30.Tél. 01 30 96 99 00. www.theatreqy.orgEn tournée, le v<strong>en</strong>dredi 12 avril 2013 au théâtrede Suresnes Jean-Vilar, le mardi 16 avril 2013au théâtre Jean-Vilar à Bourgoin-Jallieu, le v<strong>en</strong>dredi19 avril 2013 à Châtillon dans le cadre dufestival Chorus des Hauts-de-Seine, le mardi 7 mai2013 au C<strong>en</strong>tre Dramatique National d’Angers.Spectacle vu au Théâtre Nanterre-Amandiers.Témoignant de la grande créativité des artistesde la scène française et europé<strong>en</strong>ne tournée,de façon privilégiée, vers le jeune public,le foisonnant Festival Petits et Grands ti<strong>en</strong>tl’affiche avec plus d’une quarantaine de créations.Concerts, contes, danses, arts de la jongle,marionnettes, chansons, théâtre d’objets,il mêle allègrem<strong>en</strong>t les g<strong>en</strong>res. Part<strong>en</strong>aire decette manifestation artistique printanière, leGrand T accueille cinq spectacles d’une hautet<strong>en</strong>ue dramatique. A l’affiche, l’audacieux MaTête est un caillou trop lourd pour mon cou,signé par la compagnie Le Théâtre Pom’ surle thème du polyhandicap, le Molière du jeunepublic 2008 Sœur je ne sais pas quoi frère dela compagnie Pour ainsi dire, le décoiffantCinématique où danse, vidéo, jonglage s’alli<strong>en</strong>tpour bousculer les principes rationnelsde nos exist<strong>en</strong>ces modernes, L’ins<strong>en</strong>sé ? inspirépar Lewis Caroll à la compagnie marionnettisteDrolatic Industry et <strong>La</strong> Scaphandrière,performance artistique <strong>en</strong> deux dim<strong>en</strong>sionssur un conte aussi magnifique que terriblesigné par Daniel Danis et mis <strong>en</strong> scène parOlivier Letellier. M.-E. GalfréLe Grand T, 84 rue du Général-Buat,44000 Nantes. Du 10 au 14 avril 2013.Tél. 02 51 88 25 25. www.legrandt.fr© Agnès Mellon© Marc Vanappelghem© Julie Rod<strong>en</strong>bourThéâtre <strong>La</strong> PiscineD’après Beaumarchais et Da Ponte /mes Jean LiermierFigaro !Jean Liermier impulse à cette “folle journée”un rythme impétueux et orchestre la rondedes désirs contrariés avec vivacité, au fild’une mécanique implacable.Le désir contre l’amour : une bataille qui se joue tambourbattant.Quel ravage provoque le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t amoureuxdans Figaro ! Quels détours emprunte ledésir constamm<strong>en</strong>t contrarié ! Jean Liermierest parti de la structure du livret de Da Pontecréé pour l’opéra de Mozart <strong>en</strong> y réinjectantle texte original de la pièce de Beaumarchais.Les comédi<strong>en</strong>s ne chant<strong>en</strong>t pas, il s’agit plutôt« d’une version de chambre parlée », resserrantl’action <strong>en</strong> quatre actes conc<strong>en</strong>trés surSuzanne, Figaro, le couple Almaviva, Chérubinainsi que Marceline. Suzanne et Figaroprépar<strong>en</strong>t leur mariage, mais le Comte Almaviva,homme de pouvoir, fait la cour à la joliecamériste… Les ruses des valets sauront-ilscontrecarrer les caprices arrogants des puissants? Jean Liermier orchestre cette rondedes désirs avec vivacité et habileté. Dans unmonde vacillant, la Révolution se devine, lesopprimés s’affirm<strong>en</strong>t et les personnages semiroir rempli d’ambival<strong>en</strong>ces, le metteur <strong>en</strong>scène nous propose un spectacle « à la croiséede la tragédie antique et du mélodramehollywoodi<strong>en</strong> ».M. Piolat SoleymatThéâtre Berthelot, 6 rue Marcelin-Berthelot,93100 Montreuil. Du 16 au 20 avril 2013.Tél. 01 41 72 10 35. www.montreuil.fr/culture/theatre/theatre-berthelotÉgalem<strong>en</strong>t le 11 avril 2013 à L’Archipel deGranville, le 13 avril au Théâtre Roger-Baratd’Herblay, les 2 et 3 mai à la Scène nationalede Petit-Quevilly.Théâtre le Lucernairede Fabrice Melquiot / mes Paul DesveauxJe suis drôleAprès sa mise <strong>en</strong> scène de Pollock, <strong>en</strong> 2009,Paul Desveaux revi<strong>en</strong>t à l’écriture de FabriceMelquiot avec Je suis drôle. Une comédiegrinçante à deux personnages, interprétéepar Claude Perron et Solal Forte.Claude Perron dans Je suis drôle deFabrice Melquiot.Fruit d’une commande de la comédi<strong>en</strong>neClaude Perron, Je suis drôle ouvre sur le quotidi<strong>en</strong>de Cathy Moulin, une actrice comiquedont la carrière est <strong>en</strong> chute libre. Vivant àrévèl<strong>en</strong>t à eux-mêmes après moult péripéties ses côtés, son fils de dix-sept ans fait faceet travestissem<strong>en</strong>ts. A. Santi aux bizarreries et aux extravagances de cettemère au bord de la crise de nerfs. « L’humour,Théâtre <strong>La</strong> Piscine, 254 av. de la Division-Leclerc, chez Fabrice Melquiot, est un révélateur des92290 Chât<strong>en</strong>ay-Malabry. Du 17 au 27 avril à failles et des faiblesses, déclare le metteur20h30, sauf jeudi et samedi à 19h30 et dimanche <strong>en</strong> scène Paul Desveaux. Son texte est uneà 17h, relâche lundi. Tél. 01 41 87 20 84. pub la terrasse comédie je suis dotée drole.indd d’un 1 fort s<strong>en</strong>s poétique. 06/03/13 C’est 16:58Théâtre Berthelotde R. W. Fassbinder / mes Yann DacostaLes <strong>La</strong>rmesamères dePetra von KantLe fondateur de la compagnie du Chat Foinmet <strong>en</strong> scène Les <strong>La</strong>rmes amères de Petra vonKant, de Rainer Werner Fassbinder. Une créationqui s’intègre dans un triptyque consacréà l’œuvre de l’artiste allemand.Yann Dacosta met <strong>en</strong> scène Les <strong>La</strong>rmes amères dePetra von Kant.Souhaitant explorer les grandes questionshumanistes que pose l’œuvre de R. W. Fassbinder,Yann Dacosta a imaginé un projet detrois spectacles répartis sur deux saisons.Après Le Village <strong>en</strong> flammes (octobre 2011)et avant Le Bouc (création prévue fin 2013),le metteur <strong>en</strong> scène prés<strong>en</strong>te aujourd’hui Les<strong>La</strong>rmes amères de Petra von Kant. « A traversce huis clos féminin, explique-t-il, Fassbinderorchestre sa grande tragédie de la dominationsociale afin de révéler, dans une ironie à la foisémouvante et effrayante, les nostalgies desuns, les cynismes et l’amertume exist<strong>en</strong>tielledes autres. C’est dans un univers glamour,attirant, esthétique et <strong>en</strong>voûtant, que nousallons raconter cet atroce besoin de trouvernotre maître. » Pour donner corps à ce jeu de© D. R.© Mario Del Curtodans cet écart que nous <strong>en</strong>trevoyons cettefragile humanité. <strong>La</strong> comédie reste un miroirfascinant des relations humaines ; le rire nousdécouvre toujours un peu plus. En un s<strong>en</strong>sle rire nous montre. » C’est une femme prochedu gouffre, que le rire révèle dans cettecomédie grinçante de Fabrice Melquiot. Unefemme aux paradoxes et à la dinguerie trèstouchants.M. Piolat SoleymatThéâtre le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris. Du 17 avril au 2 juin 2013.Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h.Tél. 01 45 44 57 34. www.lucernaire.frLe Monfortconception et réalisation Patrick SimsLe Vieuxde la MontagneThéâtre vivant pour marionnettes, automates,robots, flipper géant, acteurs masqués, etpersonnages virtuels, Le vieux de la montagnedéploie l’univers puissamm<strong>en</strong>t évocateurde Patrick Sims.L’univers fabuleux et extraordinaire de Patrick Sims.Fondateur de la compagnie de théâtre demarionnettes Les Antiaclastes, Patrick Simss’inspire ici d’une pièce d’Alfred Jarry (1896)qui raconte la lég<strong>en</strong>de d’Hassan Sabbah,créateur de la secte des Assassins au xI e siècle<strong>en</strong> Perse. D’après le mythe, Hassan SabbahFRANCE CULTURELA RADIODU SPECTACLE VIVANTChaque semaine, retrouvezl’actualité du théâtre et des artsvivants sur France CultureThéâtre et compagniecoordination Blandine Masson21h-23h / chaque dimancheCycle Georg Büchnerdimanches 14 et 21 avril / 21h-23hCorrespondance <strong>en</strong>tre Albert Camuset Michel VinaverDimanche 28 avril / 21h-23h<strong>La</strong> Disputespéciale arts vivantsArnaud <strong>La</strong>porteRegards critiques sur l’actualitéculturelle21h-22h / chaque lundiChangem<strong>en</strong>t de décorJoëlle GayotR<strong>en</strong>contre avec un homme ou unefemme de théâtre20h30-21h / chaque dimancheA écouter, réécouter et podcaster surfranceculture.frEn part<strong>en</strong>ariat avecRéagissez sur www.journal-laterrasse.frrejoignez-nous sur facebook


30 théâtre avril 2013 / N°208 la terrasse la terrasse avril 2013 / N°208 théâtre 31aurait <strong>en</strong>trainé ses soldats dans le jardin desdélices, avec jeunes vierges, drogues, fleurs,musiques et danses, avant de les <strong>en</strong>voyerfaire la guerre. L’auteur de la Beat G<strong>en</strong>erationWilliam Burroughs imprime aussi sa marquesur le spectacle. Profondém<strong>en</strong>t original, l’universfabuleux de Patrick Sims mêle des élém<strong>en</strong>tset époques disparates, orchestre desjuxtapositions et des contrastes surpr<strong>en</strong>antset interroge à travers le mythe les mécanismesdu contrôle et ceux de la révolte. De quoiréveiller nos imaginaires ! A. SantiLe Monfort, parc Georges Brass<strong>en</strong>s,106 rue Brancion, 75015 Paris. Du 16 au 27 avril,du mardi au samedi à 19h. Tél. 01 56 08 33 88.de Gustave Akakpo / mes Thierry BlancMême les chevaliers tomb<strong>en</strong>t dans l’oublide Gustave Akakpo / mes Matthieu RoyChiche l’AfriqueNé au Togo <strong>en</strong> 1974, Gustave Akakpo estauteur, comédi<strong>en</strong>, conteur, plastici<strong>en</strong> etillustrateur. Auteur invité du Théâtre Jacques-Prévert d’Aulnay-sous-Bois, il y prés<strong>en</strong>teChiche l’Afrique, et Matthieu Roy met <strong>en</strong>scène un de ses textes inédits.Gustave Akakpo, guerrier-silex drôlem<strong>en</strong>t combatif.Comme le disait Aimé Césaire à propos de Fanon,il est des « guerriers-silex » qui « ray<strong>en</strong>t le regarddes bourreaux » : par le rire, Gustave Akakpo estde ce combat ! Dans l’insol<strong>en</strong>t Chiche l’Afrique,il se fait bateleur et imitateur, et convoque leschefs d’Etat africains pour une délirante revuede presse. On y retrouve toutes les gabegies dela Françafrique, la corruption, l’hypocrisie, lesrelations incestueuses <strong>en</strong>tre l’anci<strong>en</strong>ne colonie,toujours avide, et ses rejetons autocratiques qui<strong>en</strong>graiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> affamant leurs peuples. Commeun gamin qui s’amuse, Gustave Akakpo transformela scène <strong>en</strong> guignol hilarant, et tire à bouletsrouges sur les compromis, les v<strong>en</strong>dus et lestraîtres. Le Théâtre Jacques-Prévert accueillela création d’un autre texte de Gustave Akakpo,Même les chevaliers tomb<strong>en</strong>t dans l’oubli, à voirà partir de huit ans. <strong>La</strong> Compagnie du Veilleurs’empare de l’histoire du petit Mamadou, parabolede l’altérité, et de la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre l’Afriqueet l’Europe.C. RobertThéâtre Jacques-Prévert, 134 av. Anatole-France, 93600 Aulnay-sous-Bois.Même les chevaliers tomb<strong>en</strong>t dans l’oubli : le20 avril à 20h30 (scolaires le 19 avril, à 10h et14h30). Chiche l’Afrique : le 23 avril à 20h30.Tél. 01 48 66 49 90. www.ejp93.frThéâtre des Bouffes du Nordd’après Michael Ondaatje / mes Dan JemmettThe CollectedWorks of Billythe KidÀ travers hold-up et règlem<strong>en</strong>ts de compte,Dan Jemmett donne r<strong>en</strong>dez-vous à la lég<strong>en</strong>dede Billy the Kid dans le saloon de fantaisie d<strong>en</strong>os rêves d’<strong>en</strong>fance.Les espaces vierges de la conquête de l’Ouestont toujours abrité la figure lég<strong>en</strong>dairede Billy the Kid qui n’a que 21 ans quand iltombe sous les balles du shérif Pat Garrett.Avec Les Œuvres complètes de Billy the Kid,l’auteur canadi<strong>en</strong> Michael Ondaatje réunitpoèmes et coupures de presse imaginairespour r<strong>en</strong>dre grâce au destin d’étoile filantede celui qui ne s’imaginait sûrem<strong>en</strong>t pas faire© Éric LegrandScène nationale de Sénart, <strong>La</strong> Coupoletrois jours, trois metteurs <strong>en</strong> scène, trois spectaclesla manipulationGros Plan<strong>La</strong> Scène nationale de Sénart propose un cond<strong>en</strong>sé de petites formesdrôles et décalées, sur le thème de la manipulation. Trois spectaclespour veiller <strong>en</strong> p<strong>en</strong>sée.« En septembre 2008, la N.A.S.A. lâche quatrevingt-dixcanards jaunes <strong>en</strong> plastique dans unglacier du Gro<strong>en</strong>land afin de mesurer la vitessedu réchauffem<strong>en</strong>t climatique. Att<strong>en</strong>dus quelquessemaines plus tard dans la baie de Disco,les canards ne réapparaîtront jamais. Maisoù sont-ils passés ? » Frédéric Ferrer proposeun spectacle <strong>en</strong> forme de confér<strong>en</strong>ce.Qui-vive à la Scène nationale de Sénart, dans le cadre du cycle <strong>La</strong> Manipulation.Théâtre Firmin-Gémier d’AntonyCircus RonaldoAmortaleCircus Ronaldo revi<strong>en</strong>t pour laquatrième fois avec son chapiteauà Antony et prés<strong>en</strong>te son nouvelopus.Une ambiance jolim<strong>en</strong>t patinée à l’anci<strong>en</strong>ne, lebagout <strong>en</strong>soleillé par l’acc<strong>en</strong>t itali<strong>en</strong> et un décord’époque piqué dans les malles à souv<strong>en</strong>irs :Circus Ronaldo rev<strong>en</strong>dique la tradition romantiquedu cirque d’autrefois et le pratique commeun art de vivre, arborant fièrem<strong>en</strong>t son <strong>en</strong>seignerougeoyante au flan de ses roulottes. Cettesaga familiale est née d’une fugue, lorsque, <strong>en</strong>1842, Adolf Peter Vand<strong>en</strong>berghe, jeune Gantoisav<strong>en</strong>tureux de quinze ans, quitte ses par<strong>en</strong>tspour rejoindre une bande de saltimbanques<strong>en</strong> partance. <strong>La</strong> lég<strong>en</strong>de s’est construite peu àpeu, de chemins hasardeux <strong>en</strong> s<strong>en</strong>sationnellesacrobaties. En 1973, quelque cinq générationsLe metteur <strong>en</strong> scène Dan Jemmett.un jour le bonheur du cinéma hollywoodi<strong>en</strong>.Jamais <strong>en</strong> mal d’inspiration, le metteur <strong>en</strong>scène Dan Jemmett s’amuse de ce fatrasmythique qui auréole le mauvais garçon afinde le faire briller sur une scène déjantée auxallures d’antique cinéma porno, « situé à uneportée de fusil de la frontière mexicaine ». Imaginativeet <strong>en</strong>jouée, la mise <strong>en</strong> scène réunitune bande épique de comédi<strong>en</strong>s farceurs et© D. R.Interrogeant depuis longtemps les capacitésfalsificatrices du discours et l’incapacité foncièrede l’homme à déterminer avec précisionla vérité absolue des choses, le metteur <strong>en</strong>scène interprète l’odyssée de ces palmipèdesperdus, à travers une mise <strong>en</strong> abyme théâtraledont il a le secret, aussi troublante queréjouissante. « Je ne fais pas de la magie pourGros Planet bi<strong>en</strong> des péripéties plus tard, Jan Van d<strong>en</strong>Broeck, alias Johnny Ronaldo, relevait la petite<strong>en</strong>treprise flamande avec les saveurs de l’Italie.L’av<strong>en</strong>ture se poursuit aujourd’hui sous la houlettede ses fils, Danny et David, qui sillonn<strong>en</strong>tl’Europe avec la troupe, posant ça et là leur jolichapiteau. Dev<strong>en</strong>u « Ambassadeur culturel deFlandre », Circus Ronaldo déf<strong>en</strong>d la piste danssa généreuse auth<strong>en</strong>ticité et l’exubérancerieuse de la Commedia dell’arte.Les jeux de l’amourAvec Amortale, la compagnie r<strong>en</strong>oue le fil desmarionnettes de Fili, spectacle qui arp<strong>en</strong>tal’Europe de 1999 à 2005. Croisant joyeusem<strong>en</strong>tfarce et mélancolie, acrobaties et clowneries,tours de force, musiques <strong>en</strong> fanfare ou chansonsdouces, les artistes mèn<strong>en</strong>t le bal descœurs perdus avec humour. « Le minuscule etle grand s’y confond<strong>en</strong>t continuellem<strong>en</strong>t, lesmoindres souffrances de la vie y subiss<strong>en</strong>t ungrossissem<strong>en</strong>t dramatique, jusqu’à ressemblerà une imm<strong>en</strong>se tragédie, alors que, parallèlem<strong>en</strong>t,le grand drame de l’exist<strong>en</strong>ce se rétrécitjoyeux, des chasseurs de prime lancés sur latrace de Billy, finalem<strong>en</strong>t aussi imprévisiblesque le héros et ayant tous la même gâchettefacile : Emma Darlow, Andrew Hachey, JohnFitzgerald Jay, Rick Kemp et Kristin Slaysman.Le divertissem<strong>en</strong>t a lieu sous les résonancesmusicales d’une bande originale de film réaliséepar Sadie Jemmett, que rehauss<strong>en</strong>t lesstandards d’Otis Redding, des Beach Boys etde Memphis Slim. De quoi se souv<strong>en</strong>ir de laforce d’une lég<strong>en</strong>de, <strong>en</strong> évitant les balles perdues,autant que faire se peut… V. HotteThéâtre des Bouffes du Nord,37 bis Bd. de la Chapelle, 75010 Paris.Tél. 01 46 07 34 50. Spectacle <strong>en</strong> anglais surtitré<strong>en</strong> français, à partir de 12 ans.Du 12 au 27 avril 2013. Du mardi au samedi à20h30, matinées les 20 et 27 avril à 15h30.© Nathaniel Baruch<strong>en</strong>dormir les g<strong>en</strong>s, mais pour les réveiller », ditThierry Collet.Viatique <strong>en</strong> triptyquecontre la décérébrationEn utilisant différ<strong>en</strong>ts dispositifs théâtrauxde dévoilem<strong>en</strong>t (refaire le tour plusieurs fois,le montrer sous des angles différ<strong>en</strong>ts, le fairesans les objets, le raconter), le magici<strong>en</strong> activel’esprit critique du public et l’invite à s’interrogersur les mécanismes de l’illusion, porteouverte à la manipulation. Entre plaisir prisà être trompé et satisfaction de compr<strong>en</strong>drecomm<strong>en</strong>t, le spectateur grandit <strong>en</strong> lucidité <strong>en</strong>même temps qu’<strong>en</strong> att<strong>en</strong>tion. Troisième et dernieropus du cycle prés<strong>en</strong>té à <strong>La</strong> Coupole deSénart, Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue dans l’espèce humaine estle nouveau volet du grand feuilleton théâtralimaginé par B<strong>en</strong>oît <strong>La</strong>mbert, Pour ou contreun monde meilleur. Retraçant à grands traitsl’histoire de l’espèce humaine, Anne Cuis<strong>en</strong>ieret Géraldine Pochon camp<strong>en</strong>t deux confér<strong>en</strong>cièresdélirantes et hilarantes, qui traqu<strong>en</strong>t leloup <strong>en</strong> l’homme, et interrog<strong>en</strong>t l’espoir de lasurvie de la civilisation sous les effets conjuguésde la bêtise et de la barbarie.Catherine RobertScène nationale de Sénart, <strong>La</strong> Coupole,rue Jean-François-Millet, 77380 Combsla-Ville.Du 11 au 13 avril 2013.A la recherche des canards perdus : le 11 etle 13, à 19h30 ; le 12 à 21h. Qui-vive : le 11 à19h30 ; le 12 à 21h ; le 13 à 18h. Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue dansl’espèce humaine : le 11, à 21h ; le 12, à 19h30 ;le 13 à 21h. Tél. 01 60 34 53 60.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frLe petit cirque des marionnettes de Circus Ronaldo.pour dev<strong>en</strong>ir ridiculem<strong>en</strong>t familier », annoncele programme. Dans ce cirque traditionnel, lecharme des jeux de l’amour opère comme unvoyage dans le temps.Gwénola DavidEspace Cirque d’Antony, rue Georges-Suant(quartier Pajeaud), 92160 Anthony, du 5 au21 avril 2013. Mardi, v<strong>en</strong>dredi, samedi à 20h,(sam. 6 à 19h), mercredi à 15h, dimanche à 16h.Tél. 01 41 87 20 84.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frThéâtre Paul éluardTexte et interprétation David Lescot<strong>La</strong> CommissionC<strong>en</strong>tralede l’EnfanceMusici<strong>en</strong>, auteur et metteur <strong>en</strong> scène, DavidLescot réveille ses souv<strong>en</strong>irs dans un récitintime qui croise l’Histoire des annéesd’après-guerre.Fondée <strong>en</strong> 1947 par des Juifs communistesfrançais pour les <strong>en</strong>fants de déportés, la CommissionC<strong>en</strong>trale de l’Enfance regroupait lesmaisons d’accueil où des milliers de gaminsont dévoré les plaisirs et les affres de la viecommunautaire, du sport et du théâtre. David© B<strong>en</strong>ny Degrove© D. R.© Xavier CantatDavid Lescot revi<strong>en</strong>t sur son <strong>en</strong>fance et sur l’av<strong>en</strong>turecommuniste.Lescot, qui fréqu<strong>en</strong>ta assidûm<strong>en</strong>t cette institutiondans les années 80, tire les fils de cettehistoire nouée autour des espoirs de l’aprèsguerre.Il raconte, guitare <strong>en</strong> mains, l’humour aucoin des mots, la générosité humaniste portéepar le communisme, les certitudes aveugléesde l’idéologie, l’usure de l’espoir laminé <strong>en</strong>slogan. Il dit la faillite héroïque d’une épopée,mais aussi l’appr<strong>en</strong>tissage de la transgression,l’éveil des s<strong>en</strong>s au temps de l’adolesc<strong>en</strong>ce, avecune drôlerie dés<strong>en</strong>chantée. Un cabaret t<strong>en</strong>dreet mélancolique. Gw. DavidThéâtre-Cinéma Paul éluard, 4 av. de Vill<strong>en</strong>euve-Saint-Georges, 94600 Choisy-le-Roi.Le 26 avril à 20h. Tél. 01 48 90 89 79.<strong>La</strong> Scène Watteaumes Artur Ribeiro et André CurtiDos à deux,deuxième acteQuinze ans après la création de Dos à deux,Artur Ribeiro et André Curti prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un<strong>en</strong>ouvelle version de leur premier spectacle à<strong>La</strong> Scène Watteau. Quand deux clowns s’avanc<strong>en</strong>tdans les pas de Samuel Beckett…Dos à deux, deuxième acte, d’Artur Ribeiro etAndré Curti.Comm<strong>en</strong>t raconter une histoire « <strong>en</strong> corps »,dans une théâtralité affirmée ? Voici l’unedes questions qui nourrit, depuis 2007, leparcours artistique d’Artur Ribeiro et AndréCurti, les deux fondateurs de la compagniede théâtre gestuel Dos à deux. Inspiré d’Enatt<strong>en</strong>dant Godot de Samuel Beckett, Dos àdeux, deuxième acte (une recréation du spectacleayant donné son nom à la compagnie)explore « une att<strong>en</strong>te sans fin dans laquelledeux clowns lunaires err<strong>en</strong>t avec t<strong>en</strong>dresseet poésie ». « Ce sont des êtres d’<strong>en</strong>fance quis’agripp<strong>en</strong>t l’un à l’autre, expliqu<strong>en</strong>t les deuxco-metteurs <strong>en</strong> scène, qui jou<strong>en</strong>t avec le feu,piaff<strong>en</strong>t d’excitation et s’<strong>en</strong>roul<strong>en</strong>t dans despeaux costumées d’adultes qui démang<strong>en</strong>t. »Tout cela sans prononcer un mot, à travers unduo burlesque (composé de Clém<strong>en</strong>t Chabocheet Guillaume Le Pape) empreint « d’unehumanité à fleur d’âme ». M. Piolat Soleymat<strong>La</strong> Scène Watteau, 1 place du Théâtre,94130 Nog<strong>en</strong>t-sur-Marne. Le 12 avril 2013 à20h30. Tél. 01 48 72 94 94. www.sc<strong>en</strong>ewatteau.frCité de l’Immigrationcorpus de textes / lectures conçues parSophie <strong>La</strong>hayvilleJ’ai malà l’AlgérieDes lectures de textes signés D<strong>en</strong>is Guénoun,Albert Camus, Germaine Tillion et MouloudFeraoun, unis par leur amour blessé pour laterre et le peuple algéri<strong>en</strong>s.Jeune fille <strong>en</strong> Algérie.Un sémite de D<strong>en</strong>is Guénoun (le 14 avril),Noces et L’été d’Albert Camus (le 12), interviewset écrits sur l’Algérie par GermaineTillion (le 13), Le journal de Mouloud Feraoun(le 13) : les extraits choisis parmi ce corpusoffr<strong>en</strong>t la beauté de la langue et exprim<strong>en</strong>tun li<strong>en</strong> intime profond avec la terre et le peuplealgéri<strong>en</strong>s. Un li<strong>en</strong> singulier pour chacundes auteurs – juif, pied-noir, français, arabe– qui se rejoign<strong>en</strong>t dans leur amour pourl’Algérie, bi<strong>en</strong>tôt bouleversé par la guerre. Unecinquantaine d’années après l’Indép<strong>en</strong>dancede l’Algérie, les lectures de ce corpus conçuespar Sophie <strong>La</strong>hayville réaffirm<strong>en</strong>t notre communehumanité, réaffirm<strong>en</strong>t aussi l’exig<strong>en</strong>cede vérité qui taraude tout artiste et touttémoin. Des auteurs liés par une p<strong>en</strong>sée <strong>en</strong>marche qui r<strong>en</strong>d absurde toute dichotomiehâtive <strong>en</strong>tre deux camps. Avec Sophie <strong>La</strong>hayvilleet Stanislas Roquette. A. SantiCité nationale de l’histoire de l’immigration,palais de la Porte Dorée, 293 av. Dausmesnil,75012 Paris. Les 12 et 13 avril à 20h, le 14 à 16h.Tél. 01 53 59 58 60.<strong>La</strong> Folie ThéâtreBrainstorming CieQuandl’<strong>en</strong>treprises’emballeUn quatuor burlesque croque une satire férocedu monde implacable de l’<strong>en</strong>treprise.Le monde de l’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> question.Compétitivité, productivité, r<strong>en</strong>tabilité… Lemonde de l’<strong>en</strong>treprise est ici tourné <strong>en</strong> dérisionpar un quatuor énergique et inv<strong>en</strong>tif, qui fond<strong>en</strong>otamm<strong>en</strong>t son travail sur le mime, le théâtre decorps et d’objets, le clown. <strong>La</strong> Compagnie Brainstormingmet <strong>en</strong> scène Christine Chouillard, quidirige d’une main de fer une petite PME, deuxemployés, Robert et José, qui se batt<strong>en</strong>t pourêtre au top, et un coach d’<strong>en</strong>treprise, dont l’arrivéevise à booster les performances et quitransforme les habitudes par des directives deplus <strong>en</strong> plus absurdes. « Notre volonté est dehors-série juillet 2013 avignon <strong>en</strong> scène(s)Grande <strong>en</strong>quête dans ce numéro spécial :L’état peut-il <strong>en</strong>core assumer la politiqueculturelle de la France ?informations voir p. 56© Marc Garanger© D. R.© D. R.prés<strong>en</strong>ter un spectacle drôle, dynamique, pertin<strong>en</strong>tet mordant, tout <strong>en</strong> utilisant un décor trèsépuré afin de jouer partout, pour tous » confi<strong>en</strong>tMaud Chaussé, Charlie Danancher, Adri<strong>en</strong> Perezet Grégory Truchet. A. Santi<strong>La</strong> Folie Théâtre, 6 rue de la Folie-Méricourt,75011 Paris. Du 28 mars au 12 mai, jeudi,v<strong>en</strong>dredi et samedi à 20h, dimanche à 16h30.Tél. 01 43 55 14 80.Théâtre 95 Cergy-PontoiseFestival Les ContemporainesInvité - FabriceMelquiotTrois jours de théâtre, de littérature, de poésieavec des spectacles, des lectures, desmises <strong>en</strong> espace et des r<strong>en</strong>contres autour deFabrice Melquiot.Fabrice Melquiot, auteur et directeur du Théâtre AmStram Gram de G<strong>en</strong>èveFabrice Melquiot est un auteur d’une tr<strong>en</strong>tainede pièces à travers lesquelles se crois<strong>en</strong>t leslangages et les disciplines, un matériau quela parole de l’acteur aime s’approprier « <strong>en</strong> luirésistant ». Melquiot naît au théâtre commeacteur auprès d’Emmanuel Demarcy-Mota,puis se tourne très vite vers l’écriture. Sonthéâtre est à la fois cru et poétique, peutêtreplus poétique que cru. Tourné vers lejeune public, cet auteur célébré au Théâtrepub la terrasse je suis drole.indd 1 06/03/13 16:58


32 théâtre avril 2013 / N°208 la terrassedanse 3395 de Cergy-Pontoise est l’un des contemporainsles plus joués avec des textes traduitsdans une douzaine de langues et représ<strong>en</strong>tésdans de nombreux pays… Prix du Théâtre2008 décerné par l’Académie Françaisepour l’<strong>en</strong>semble de son œuvre, son universsingulier, à la fois grave et <strong>en</strong>chanteur, sons<strong>en</strong>s de l’ellipse, « pos<strong>en</strong>t pièce après pièce laquestion du mal sans jamais s’<strong>en</strong>fermer dansles limites d’un sujet unique ou d’un théâtreréaliste ». L’auteur dirige le Théâtre Am StramGram de G<strong>en</strong>ève. Fabrice Melquiot questionnele monde pour que le spectateur à son tourpuisse s’interroger. Jean est une dramaturgieplurielle qui se p<strong>en</strong>che sur la relation dela musique et de la graphie. S’<strong>en</strong>fuir, co-écritavec Jean-Baptiste André, pose l’énigme dela m<strong>en</strong>ace du départ <strong>en</strong> chacun, de la fuiteexist<strong>en</strong>tielle. Lecture est une mise <strong>en</strong> espacepar Joël Dragutin de M’man ou Pollock, suivied’une r<strong>en</strong>contre avec le public. Beau programme!V. HotteThéâtre 95 Cergy-Pontoise, allée du Théâtre,95000 Cergy-Pontoise. Tél. 01 30 38 11 99.Jean, le 10 avril 2013 à 21h. S’<strong>en</strong>fuir, le 11 avril à21h et Lecture, le 12 avril à 21h.Maison de la culture du Japon à Paristexte et mes de Matsuo SuzukiLe Journald’une machineC’est l’un des artistes emblématiques dumonde de la création japonaise. Homme delettres, homme de cinéma et homme de théâtre,Matsuo Suzuki prés<strong>en</strong>te Le Journal d’unemachine à la Maison de la culture du Japonà Paris.Le Journal d’une machine, de Matsuo Suzuki.Akitoshi, un directeur d’usine castré et viol<strong>en</strong>t; Sachiko, son épouse, qu’il bat régulièrem<strong>en</strong>t; Michio, son frère cadet, qu’il ti<strong>en</strong>tprisonnier au bout d’une chaîne ; Keiko, unefemme masculine et sèche qui s’offre comme« machine sexuelle » à Michio. Créé <strong>en</strong> 1996,repris aujourd’hui dans une nouvelle mise<strong>en</strong> scène (spectacle <strong>en</strong> japonais, surtitré <strong>en</strong>français), Le Journal d’une machine « dépeintla complexité des li<strong>en</strong>s d’amour et de hainequi uniss<strong>en</strong>t ces quatre personnages ». Tournant<strong>en</strong> dérision « la viol<strong>en</strong>ce et les discriminationspropres à la société japonaise »,Matsuo Suzuki révèle ici un « microcosmefamilial au bord du chaos ». Un microcosmetotalem<strong>en</strong>t déjanté qui, <strong>en</strong>tre tragique et burlesque,joue avec les référ<strong>en</strong>ces populairesjaponaises pour dénoncer certains aspectsdes rapports humains/machines, hommes/femmes, employeurs/employés, bourreaux/victimes…M. Piolat SoleymatMaison de la culture du Japon à Paris,101 bis quai Branly, 75015 Paris.Les 25 et 26 avril 2013 à 20h, le 27 avril à 17h.Tél. 01 44 37 95 95. www.mcjp.frwww.journal-laterrasse.frPartout !<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> <strong>en</strong>responsive designadapte son formatà vos terminaux.Lisez-nous partoutsur vos portableset vos tablettes.© Nobuhiko HikijiC<strong>en</strong>tre Culturel Jean HoudremontfestivalR<strong>en</strong>contredes JonglagesLe C<strong>en</strong>tre Culturel Jean Houdremont accueillele festival piloté par la Maison des Jonglagesde <strong>La</strong> Courneuve. Trois jours où créationset travaux <strong>en</strong> cours démontr<strong>en</strong>t l’incroyablevitalité du jonglage aujourd’hui.Les besoins sont <strong>en</strong>core criants pour donnerau jonglage une véritable visibilité etles moy<strong>en</strong>s de son développem<strong>en</strong>t. Le festivaloffre, trois jours durant, une f<strong>en</strong>êtreGros PlanThéâtre de la Girandole / d’après le roman d’Edgar Hils<strong>en</strong>rathadaptation de Vinc<strong>en</strong>t Jaspartmes et jeu Corinne Fischer, Bernard Bloch, Vinc<strong>en</strong>t Jaspard et Thomas Carp<strong>en</strong>tier (violon)Fuck AmericaTrois acteurs (Corinne Fischer, Bernard Bloch et Vinc<strong>en</strong>t Jaspard) et unmusici<strong>en</strong> (Thomas Carp<strong>en</strong>tier) pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> charge la mise <strong>en</strong> scènecollective du roman explosif d’Edgar Hils<strong>en</strong>rath.« Les gouvernem<strong>en</strong>ts de tous les pays de cetteplanète se fout<strong>en</strong>t royalem<strong>en</strong>t de savoir si vousvous faites massacrer ou non. Le problème juifleur casse les pieds, à vrai dire, personne neveut se mouiller. En ce qui nous concerne, jeveux dire, nous, le gouvernem<strong>en</strong>t, dont au titrede Consul Général je suis le représ<strong>en</strong>tant, j<strong>en</strong>’ai qu’une chose à vous dire : des bâtards juifscomme vous, nous <strong>en</strong> avons déjà suffisamm<strong>en</strong>t<strong>en</strong> Amérique » : telle est la réponse qu’EdgarHils<strong>en</strong>rath imagine être <strong>en</strong>voyée par le ConsulGénéral des Etats-Unis au juif polonaisNathan Bronsky, après qu’il lui a demandé desvisas pour fuir l’Allemagne et échapper auxpersécutions nazies. Politiquem<strong>en</strong>t incorrect,provocateur et iconoclaste, loufoque et sarcastique,le roman d’Edgar Hils<strong>en</strong>rath provoquaun véritable séisme lors de sa publication.L’histoire de Jakob Bronsky est aussi celle deson auteur, qui connut, après l’épreuve de laguerre <strong>en</strong> Europe et des persécutions, cellede l’émigration dans une société hostile, mercantileet cynique. Ici l’Amérique déteste ceuxParc de la VilletteCompagnie Back to Back Theatrequi, comme Jakob Bronsky, ont quitté la vieilleEurope pour l’Eldorado occid<strong>en</strong>tal, mais JakobBronsky la déteste tout autant <strong>en</strong> retour, et ilne mâche pas ses mots !Un Woody All<strong>en</strong> mâtiné de BukowskyVinc<strong>en</strong>t Jaspard a adapté le roman pour lascène, et le met <strong>en</strong> scène et l’interprète avecCorinne Fischer, Bernard Bloch et ThomasCarp<strong>en</strong>tier. Fort de la remarque de l’auteur deFuck America, qui disait « Le dialogue est laforme qui me va le mieux. <strong>La</strong> langue est simplemais pas la p<strong>en</strong>sée », l’adaptation « met<strong>en</strong> valeur l’humour caustique, décapant, deHils<strong>en</strong>rath qui fait de lui, <strong>en</strong> plus couillu,une sorte de Woody All<strong>en</strong> des bas-fonds, unWoody All<strong>en</strong> mâtiné de Bukowsky ». « Nousaurons à cœur de restituer ce style économe,cette langue tranchante qui oscille constamm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tre le burlesque et la gravité, sanschichis, <strong>en</strong> tapant dans le mille », écriv<strong>en</strong>t lesquatre complices qui se partag<strong>en</strong>t la narrationet les rôles, dans un rapport direct auGros PlanGanesh Vs Third ReichPour la première fois sur une scène parisi<strong>en</strong>ne, la compagnie australi<strong>en</strong>neBack to Back Theatre prés<strong>en</strong>te Ganesh Vs Third Reich. Un spectacle burlesqueinterprété par cinq « comédi<strong>en</strong>s <strong>en</strong> situation de handicap m<strong>en</strong>tal ».Considérée comme l’un des collectifs lesplus importants de la scène australi<strong>en</strong>ne, lacompagnie Back to Back Theatre a été fondée<strong>en</strong> 1987, dans la région de Geelong, afin decréer des spectacles avec des « comédi<strong>en</strong>s <strong>en</strong>situation de handicap m<strong>en</strong>tal ». Au sein d’unesociété contemporaine obsédée par la beautéet l’idée de perfection, ces interprètes singuliersréinterrog<strong>en</strong>t la notion de normalité, demarginalité, tout <strong>en</strong> portant un regard aiguet subversif sur le monde. Fondées sur « untravail d’improvisation, de recherche et d’écriture», les créations du Back to Back Theatres’inspir<strong>en</strong>t ainsi des <strong>en</strong>jeux sociaux et politiquesde notre époque pour <strong>en</strong> dénoncer lesparts obscures et les excès. Cela <strong>en</strong> cherchantà initier, sous la direction artistique du metteur<strong>en</strong> scène Bruce Galdwin, de nouvellesformes de théâtre contemporain. Pour leurpremier r<strong>en</strong>dez-vous avec le public parisi<strong>en</strong>,les artistes australi<strong>en</strong>s ont choisi de prés<strong>en</strong>terGanesh Vs Third Reich, spectacle ayant obt<strong>en</strong>ule Prix de la critique au Festival de Melbourne,<strong>en</strong> 2011.Un burlesque tantôt acide, tantôt amerTantôt acide, tantôt amère, la veine burlesquede cette création nous transporte dans l’Allemagnehitléri<strong>en</strong>ne. C’est là que Ganesh (dieuindi<strong>en</strong> à tête d’éléphant) part à l’assaut d’unbunker nazi afin de récupérer le svastika (lacroix gammée), symbole hindouiste détournépar les dignitaires du troisième Reich. « L’équipéed’un dieu tout de sagesse et d’opiniâtretécroise celle d’un théâtre <strong>en</strong> train de se faire,expliqu<strong>en</strong>t les membres du Back to Back<strong>La</strong> compagnie Endogène est l’une des nombreusesinvitées de la R<strong>en</strong>contre des Jonglages à <strong>La</strong> Courneuve.ouverte sur les projets qui font l’actualité dujonglage : des créations, avec Sylvain Juli<strong>en</strong>et son cerceau dans Iopido, ou les sept jongleursdu Collectif Petit Travers avec LesBeaux Orages (qui nous étai<strong>en</strong>t promis). A© Emmanuel NavarroCorinne Fischer, Bernard Bloch, Vinc<strong>en</strong>t Jaspard etThomas Carp<strong>en</strong>tier interprèt<strong>en</strong>t Fuck America.public, qui ne sera pas davantage épargnéque ne l’est le lecteur de ce récit rocambolesque,fantasque et provocateur. <strong>La</strong> musiqueet le son composés pour le spectacle etinterprétés <strong>en</strong> live par Thomas Carp<strong>en</strong>tier,créeront une ambiance évoquant l’universdes films de Jacques Tati et des musiquesKlezmer d’Europe c<strong>en</strong>trale, <strong>en</strong>tre dérision ettragédie, humour et colère.Catherine RobertThéâtre de la Girandole, 4 rue Edouard-Vaillant,93100 Montreuil. Du 5 au 29 avril 2013. V<strong>en</strong>dredià 20h30 ; samedi à 16h et 20h30 ; dimanche à16h. Deux représ<strong>en</strong>tations exceptionnelles les8 et 29 avril, précédées d’une lecture parBernard Bloch du prochain projet de la compagnie: Fin, d’Isabelle Rèbre. Tél. 01 48 57 53 17.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frGanesh Vs Third Reich, de la compagnie Back to BackTheatre.Theatre. Aux prises avec un metteur <strong>en</strong> scèneirascible, les interprètes trouv<strong>en</strong>t le temps des’interroger sur leur responsabilité morale àporter le costard de tortionnaires. » Retournantleur veste à vue <strong>en</strong>tre Charlot, Marx Brothers etHardy, les personnages de cette mise <strong>en</strong> abymethéâtrale nous interrog<strong>en</strong>t sur la question éthiquede l’appropriation culturelle.Manuel Piolat SoleymatParc de la Villette, Grande halle, 75019 Paris.Les 10, 12 et 13 avril 2013 à 20h30 ; le 11 avrilà 19h30. Tél. 01 40 03 75 75. www.villette.comRéagissez sur www.journal-laterrasse.frl’intérieur du temps fort, une mise <strong>en</strong> valeurdu jonglage au féminin donne la parole à desartistes aussi différ<strong>en</strong>tes qu’Isabelle Dubois,Audrey Decaillon, Christelle Herrscher, AnniKüpper, Gaëlle Cathelineau, Dulce Duca ouJeanne Mordoj. <strong>La</strong> programmation s’étoffe deformes performatives in situ, mais aussi devrais mom<strong>en</strong>ts de découvertes de travaux <strong>en</strong>cours, petits formats de dix à vingt minutesqui s’offr<strong>en</strong>t au regard des professionnels etdu public pour un véritable échange.N. YokelC<strong>en</strong>tre Culturel Jean Houdremont,11 av. du Général-Leclerc, 93120 <strong>La</strong> Courneuve.Du 5 au 7 avril 2013. Tél. 01 49 92 60 56.www.maisondesjonglages.fr© D. R.© Bus© Tami WeissThéâtre national de ChaillotFestivalSur les frontièresThéâtre de la VilleChor. Gregory MaqomaExit/ ExistGregory Maqoma danse sonancêtre, chef rebelle de l’ethnieXhosa.Gregory Maqoma est l’un des chorégraphes lesplus célèbres de la jeune génération de chorégraphes<strong>en</strong> Afrique du Sud. Il a remporté d<strong>en</strong>ombreux prix, s’est formé à P.A.R.T.S., a étéinvité dans les plus grands festivals, travailléavec des collaborateurs prestigieux, dans lemonde <strong>en</strong>tier… Il est né <strong>en</strong> 1973. C<strong>en</strong>t ans plustôt, <strong>en</strong> prison, dans des circonstances troubles,mourait son ancêtre, Jongum-SobomvuMaqoma. Chef de l’ethnie Xhosa, il avait étéarrêté alors qu’il sommait les colons anglais delibérer les terres Xhosa : son acte de courageet sa dignité ont marqué les mémoires, pours’inscrire dans l’histoire. Il reste l’un des chefsXhosa les plus célèbres, dans un pays qui restemarqué par l’apartheid. Comm<strong>en</strong>t, aujourd’hui,un danseur peut-il évoquer un tel épisode ?© John HoggUne danse comme voyage initiatique.Gros planPremière édition d’un festival qui explore <strong>en</strong> quelque dix spectacles etfilms les réalités mouvantes des pays du pourtour méditerrané<strong>en</strong>.Alors que résonne <strong>en</strong>core la clameur sanglantequi <strong>en</strong>flamma les terres méditerrané<strong>en</strong>nessous le joug de l’oppression, desartistes témoign<strong>en</strong>t aujourd’hui avec force ets<strong>en</strong>sibilité des réalités complexes que traverseleur pays au quotidi<strong>en</strong>. L’écho du « printempsarabe » se propage toujours, n’<strong>en</strong> finitpas… Ne doit pas finir… C’est justem<strong>en</strong>t ceshistoires plurielles que dévoile Sur les frontières,festival qui se veut « un temps privilégiéde dialogue, de réflexion et de r<strong>en</strong>contres; un espace particulier où les propositionsde créateurs v<strong>en</strong>us d’horizons différ<strong>en</strong>ts seconfront<strong>en</strong>t, se « frott<strong>en</strong>t », se répond<strong>en</strong>t ous’interrog<strong>en</strong>t mutuellem<strong>en</strong>t ». Rassemblantdes artistes créant dans leur contrée d’origineou <strong>en</strong> exil, cette première édition parcourtainsi les rives de la Méditerranée <strong>en</strong>quelque dix spectacles et projections cinématographiques.Les Tunisi<strong>en</strong>s Hafiz Dhaouet Aïcha M’Barek bâtiss<strong>en</strong>t leur Kharbga-jeux<strong>La</strong>nd-Research, d’Arkadi Zaides.de pouvoir sur un amas de gravats, témoin desruines d’un prés<strong>en</strong>t qui appelle un av<strong>en</strong>ir àconstruire.Des artistes, témoins de leur tempsL’Israéli<strong>en</strong> Arkadi Zaides appréh<strong>en</strong>de lui lanotion de territoire comme <strong>en</strong>jeu chorégraphiqueet espace d’exploration intime dansun troublant <strong>La</strong>nd-Research, tandis que, avecses Sil<strong>en</strong>t Warriors, Naomi Perlov <strong>en</strong>gage ladanse dans la bataille et montre un monde<strong>en</strong> mutations. Avec My Paradoxical Knives, leperformeur irani<strong>en</strong> Ali Moini se donne à corpsperdu dans une transe giratoire qui tranch<strong>en</strong>et et dit toute l’ambival<strong>en</strong>ce dangereusede cette quête extatique. Son compatrioteMani Soleymanlou, dramaturge et comédi<strong>en</strong>installé au Québec, évoque la déchirure del’exil, irrémédiable quand le vécu chaque jourcreuse la distance avec l’expéri<strong>en</strong>ce de ceuxqui, restés au pays, espèr<strong>en</strong>t la liberté. Né etformé <strong>en</strong> France, le chorégraphe Abou <strong>La</strong>graaquestionne ses racines algéri<strong>en</strong>nes et raviveles rituels arabo-musulmans dans El-Djoudour,conçu comme un trait d’union <strong>en</strong>tre deuxrives. Enfin, la Batsheva Dance Company, quiœuvre depuis plus de vingt ans à Tel Aviv, vi<strong>en</strong>tavec deux pièces de répertoire. En échos, lesfilms de Yael Perlov et Jacqueline Caux livr<strong>en</strong>tune vision <strong>en</strong> images de ces terres <strong>en</strong> lutte.Gwénola DavidThéâtre national de Chaillot, place du Trocadéro,75016 Paris. Du 16 au 27 avril 2013.Tél. 01 53 65 30 00.Rejoignez-nous sur Facebookgros planLe corps comme lieu de mémoireGregory Maqoma relève le défi, <strong>en</strong> solo – mais<strong>en</strong>touré de plusieurs musici<strong>en</strong>s, qui accompagn<strong>en</strong>tla transformation physique dont il nousr<strong>en</strong>d témoins. D’abord vêtu d’un costume occid<strong>en</strong>tal,et donnant à voir sa danse d’aujourd’hui,il se laisse peu à peu <strong>en</strong>traîner, lorsque leschanteurs le rejoign<strong>en</strong>t, vers des rythmes traditionnels.Il convoque égalem<strong>en</strong>t des objets, descostumes issus de la culture Xhosa. Progressivem<strong>en</strong>t,c’est un changem<strong>en</strong>t d’id<strong>en</strong>tité quis’opère. Des images surgiss<strong>en</strong>t, comme celle duchef prisonnier, fer aux pieds. Mais c’est avanttout la vibration du corps qui parle : c’est <strong>en</strong>suivant cette métamorphose physique que l’onsaisit combi<strong>en</strong>, aujourd’hui <strong>en</strong>core, la force d’unévénem<strong>en</strong>t historique peut habiter un corps,se prolonger au-delà d’un individu pour irriguerl’imaginaire et l’action de tous ceux qui continu<strong>en</strong>tde se reconnaître <strong>en</strong> lui. Le corps commevecteur de l’interrogation de l’histoire – familialemais surtout, au premier chef, politique.Marie ChavanieuxThéâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses,Paris 18 e . Du 23 avril au 4 mai à 20h30.Tél. 01 42 74 22 77.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frLes r<strong>en</strong>dez-vouschorégraphiquesde Sceaux 2013El Djoudour (Les racines)Abou <strong>La</strong>graa / Compagnie <strong>La</strong> BarakaBallet contemporain d’Algerdu 5 au 7 avrilWelcome to ParadiseJoëlle Bouvier et Régis Obadia1 re partie : Duo d’Ed<strong>en</strong>, Chorégraphieet bande sonore Maguy Marindu 12 au 14 avrilKäfig BrasilMourad Merzouki / CCN de Créteilet du Val de Marnedu 18 au 21 avrilDes Branchés / CrossroadsCéline Lefèvre / Amala Dianorles 24 et 25 avrilTrocadéroJosé Montalvodu 16 au 18 maiTél : 01 46 61 36 67© Michel CavalcaRéagissez sur www.journal-laterrasse.frrejoignez-nous sur facebook


34 danse avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 danse 35CritiqueCritiqueCritiqueCritiqueC<strong>en</strong>tre National de la DanseChor. Auréli<strong>en</strong> RichardLe C<strong>en</strong>tquatreChor. Josef NadjThéâtre des BergeriesChor. Sylvain Prun<strong>en</strong>ecThéâtre Paul Eluard / Nouvel Espace Culturel Char<strong>en</strong>tonneauChor. Ambra S<strong>en</strong>atoreNoces / QuatuorAtem le soufflePrécis de camouflageJohnAuréli<strong>en</strong> Richard, <strong>en</strong> véritable musici<strong>en</strong>, propose une lecture desNoces de Nijinska sous l’angle de la dé-composition musicale etchorégraphique.Le duo prés<strong>en</strong>té au dernier Festival d’Avignon s’offre une belle série au104. L’occasion de découvrir un espace hors du temps bordé par un JosefNadj au meilleur de son étrangeté.Pour la première fois, Sylvain Prun<strong>en</strong>ec crée à l’att<strong>en</strong>tion du jeunepublic. Il <strong>en</strong> sort une proposition déroutante et absurde, qui ne trahit <strong>en</strong>ri<strong>en</strong> ses précéd<strong>en</strong>ts travaux.<strong>La</strong> nouvelle pièce d’Ambra S<strong>en</strong>atore offre un joyeux remue-ménage et unepoésie de l’objet qui laisse filer la douceur et la légèreté du quotidi<strong>en</strong>.Troisième pièce chorégraphique d’Auréli<strong>en</strong>Richard, Noces / Quatuor continue de creuserles li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre la danse et la musique, et plusexactem<strong>en</strong>t les correspondances <strong>en</strong>tre structuresmusicales et structures chorégraphiques.Avec Noces, il s’agit tout autant de s’attaquerà la partition de Stravinsky qu’à la chorégraphieque Bronislava Nijinska a offert <strong>en</strong> 1923aux Ballets Russes. De ce point de vue, la propositiond’Auréli<strong>en</strong> Richard est d’une grandecomplexité et d’une belle force : elle convoqueune autre façon de danser « sur » ou « avec » lamusique avec spatialisation du son, décompositionde la musique, repères dans l’oreilletteou lancem<strong>en</strong>t de la musique par le danseur aupédalier, mais elle invite aussi la danse à sereconstruire selon ses propres sources.Un vrai-faux quatuorAinsi, après une ouverture basée sur la recompositionde treize postures issues de la dansede Nijinska, tout <strong>en</strong> lignes et <strong>en</strong> angles, travaillantl’unisson, le décalage, le canon ou lesmodifications de rythmes selon les danseurs,la pièce déploie un <strong>en</strong>semble de référ<strong>en</strong>cesqui gravit<strong>en</strong>t autour de Noces : des maquillageset costumes <strong>en</strong> constantes mues, desfantômes des années 20, la vision d’OskarSchlemmer… Le tout dynamite un imaginaireet met <strong>en</strong> marche une lecture <strong>en</strong>core plus folledu mariage. Les rôles s’interpénètr<strong>en</strong>t, toutdansecoproductionAuréli<strong>en</strong> Richard signe Noces / Quatuor et s’affirme<strong>en</strong> chorégraphe.comme ceux des danseurs et des technici<strong>en</strong>s.En dehors de toutes ces référ<strong>en</strong>ces, Auréli<strong>en</strong>Richard donne à voir une version déjantée dela fête, dont la richesse appellerait bi<strong>en</strong> unedeuxième lecture.Nathalie YokelC<strong>en</strong>tre National de la Danse, 1 rue Victor-Hugo,93500 Pantin. Du 3 au 5 avril 2013 à 20h30.Tél. 01 41 83 98 98. Spectacle vu au FestivalDansfabrik au Quartz de Brest.Rejoignez-nous sur Facebook18>19 AVRILScène nationale de Sénart© Michel Thepaut<strong>La</strong> pièce repose <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t sur la configurationde l’espace et de la scénographie, qui vont agirsur les corps et sur l’atmosphère qui les baigne: une boîte noire de quatre mètres de côté,oppressante, sert de petit théâtre aux évolutionsde cet homme et de cette femme, <strong>en</strong> prise avecleur <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Car l’écrin est un troisièmepersonnage dans l’av<strong>en</strong>ture d’Atem le souffle,tant il paraît vivant et susceptible d’interagir avecles interprètes. A la façon d’œuvres plus anci<strong>en</strong>nesdu chorégraphe, la scénographie regorge desurprises, de trappes cachées, de mécanismesprompts à faire apparaître et disparaître objetset corps. Ceux-ci explor<strong>en</strong>t les moindres recoinsde cet espace confiné, comme prisonniers d’unlieu qui n’est autre que la projection de leurpropre espace m<strong>en</strong>tal. Entièrem<strong>en</strong>t éclairés àla bougie, les murs absorb<strong>en</strong>t les ombres et lesvisages reflèt<strong>en</strong>t une inquiétante expression.Anne-Sophie <strong>La</strong>ncelin,interprète sur mesureIl y a dans Atem le souffle une étrangeté quiti<strong>en</strong>t tout autant des images r<strong>en</strong>voyées par cet<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t que des personnages incarnéspar Josef Nadj et Anne-Sophie <strong>La</strong>ncelin.<strong>La</strong> danseuse, grimée de blanc, s’expose commeune figure presque fantomatique, aux élansexpressionnistes. Les deux cultiv<strong>en</strong>t une relationétroite mais extrêmem<strong>en</strong>t mesurée, parl’<strong>en</strong>tremise d’objets ou par des rapports decorps à corps d’une grande précision. Mais leurfaçon d’investir le geste nous fait parfois croireà un petit théâtre de marionnettes dont lesficelles, invisibles, guid<strong>en</strong>t les agissem<strong>en</strong>ts deL’univers sombre et inquiétant de Josef Nadj dansAtem le souffle.deux poupées solitaires. Josef Nadj a construitce duo <strong>en</strong> faisant appel à un imaginaire poétique(Paul Celan) et pictural (Dürer). Mais laperformance, qui s’appuie sur les profondesrespirations musicales d’Alain Mahé, développeun univers propre, « à la Nadj », et qui nemanque pas de souffle.Nathalie YokelLe C<strong>en</strong>tquatre, 5 rue Curial, 75019 Paris.Les 3, 4, 5, 9, 10, 11, 12, 17, 18, 19, 24, 25 et26 avril 2013 à 18h et 21h30, les 6, 7, 20, 21, 27et 28 avril à 15h et 20h30, le 13 avril à 15het le 14 avril à 20h30. Tél. 01 53 35 50 00.Spectacle vu au Festival d’Avignon 2012.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frCritique© Nadja <strong>La</strong> GanzaDepuis quelque temps, Sylvain Prun<strong>en</strong>ec seplace là où on ne l’att<strong>en</strong>d pas. Ses précéd<strong>en</strong>tssolos réunis dans le triptyque Gare !avai<strong>en</strong>t révélé un chorégraphe trash, n’hésitantpas à regarder vers les extrêmes etla s<strong>en</strong>sation, à la limite de la théâtralité etdu burlesque. Aujourd’hui, <strong>en</strong> se tournantvers l’<strong>en</strong>fance, il pr<strong>en</strong>d un parti tout aussiinatt<strong>en</strong>du, mais se garde bi<strong>en</strong> de faire desconcessions. Précis de camouflage faitsortir de la pénombre trois êtres hybrides,dont on ne sait s’ils form<strong>en</strong>t une communautéanimale, végétale ou minérale. Issusnotamm<strong>en</strong>t de l’imaginaire des plastici<strong>en</strong>sClédat & Petitpierre, ils offr<strong>en</strong>t une étrangecorporéité, jou<strong>en</strong>t de leur appar<strong>en</strong>ce, fontla t<strong>en</strong>tative de la monstruosité pour mieuxrévéler les fragilités qui les habit<strong>en</strong>t.Mystèreet humourChangem<strong>en</strong>t d’ambiance pour la deuxièmepartie du spectacle : les masques tomb<strong>en</strong>tet, plus que de découvrir une humanitécachée, c’est l’<strong>en</strong>fance au fond de chacundes danseurs qui s’offre à nous. Balayés lesmystères des personnages hésitant <strong>en</strong>trel’étrange et l’absurde, <strong>en</strong>volées les peurssuscitées par l’inconnu de ces silhouettes! Voici trois danseurs <strong>en</strong> chair et <strong>en</strong> os,qui revisit<strong>en</strong>t la t<strong>en</strong>tation du camouflage© Yvan ClédatUne pièce jeune public de Sylvain Prun<strong>en</strong>ecà l’univers visuel très prégnant.ou la t<strong>en</strong>tative de la cachette par des jeuxloufoques directem<strong>en</strong>t issus des pratiques<strong>en</strong>fantines. L’inquiétude fait place au rire,l’insolite révèle le quotidi<strong>en</strong>, toujours tourné<strong>en</strong> dérision.Nathalie YokelThéâtre des Bergeries, le 23 avril 2013 à 20h30,le 24 à 15h, les 25 et 26 à 10h et14h30. Spectacle vu à l’Espace Charles Vanelde <strong>La</strong>gny-sur-Marne.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr© Elian BachiniJohn, une belle surprise d’Ambra S<strong>en</strong>atore.C’est une pièce à l’image de la chorégraphe: belle, douce et sans heurt, drôle etpleine de surprises. <strong>La</strong> chorégraphe itali<strong>en</strong>nel’a baptisée John sans doute <strong>en</strong>hommage au compositeur américain JohnCage, dont les jeux sur le quotidi<strong>en</strong> et lehasard se sont retrouvés alim<strong>en</strong>ter ladanse. Ici, le spectacle se construit commeun jeu de plateau dont les règles s’édict<strong>en</strong>tau fur et à mesure. Ni les interprètes, niles spectateurs ne déti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les clés dupetit manège qui se déploie sous nos yeux :la course des toupies détermine le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>tde la pièce, et l’installation desobjets (projecteur, valise, téléphone…) dessineune histoire dont les t<strong>en</strong>ants et aboutissantsse révèl<strong>en</strong>t a posteriori. John estun essai sur le temps qui passe et sur lafaçon dont on peut agir pour reconstruireet déconstruire des séqu<strong>en</strong>ces de vie.Une précision extrême dans le jeuLes danseurs us<strong>en</strong>t des gestes du quotidi<strong>en</strong>et d’une adresse directe au publicpour nous confondre dans des correspondances,des fuites <strong>en</strong> avant ou desretours <strong>en</strong> arrière toujours surpr<strong>en</strong>ants.Quel déterminisme dans ce qui se jouede façon aussi simple et fluide ? Quelleslois régiss<strong>en</strong>t les usages et les normes decet univers à la fois id<strong>en</strong>tifiable et étranger? Ambra S<strong>en</strong>atore offre une fiction duréel brillamm<strong>en</strong>t construite, et, sous desappar<strong>en</strong>ces ludiques de bric et de broc, nelaisse finalem<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> au hasard.Nathalie YokelThéâtre Paul Eluard, 162 rue Maurice-Berteaux,95870 Bezons. Le 12 avril à 21h.Tél. 01 34 10 20 20. NECC, 107 av. Gambetta,94700 Maisons Alfort. Le 16 avril à 20h45.Tél. 01 58 73 43 03.Dans le cadre de la Bi<strong>en</strong>nale de dansedu Val-de-Marne. Spectacle vu au Théâtredes Hivernales à Avignon.Rejoignez-nous sur FacebookTRAVAILPhilippe JAMET - Groupe CLARA SCOTCHTÉL 01 60 34 53 60SCENENATIONALE-SENART.COMPhoto © DR — Lic<strong>en</strong>ces n° 1-1043569 | 1-1043567 | 2-1043106 | 3-1043107Versailles / Festival Plastique Danse Flore / Eaubonne / Escales DanseChor. Dominique BrunSacre # 197Avec ce titre, Dominique Brunassume pleinem<strong>en</strong>t son inscriptiondans la très longue histoire quirelie Le Sacre du Printemps deStravinsky à la danse. Et joue surles effets miroirs et de déjà-vu.Le branle-bas de combat au sujet du c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>airedu Sacre du Printemps aura agitébi<strong>en</strong> des projets, chacun pouvant célébrerla musique de Stravinsky ou la chorégraphiede Nijinski de sa propre relecture. DominiqueBrun, bi<strong>en</strong> qu’au cœur de l’actualité,échappe <strong>en</strong> quelque sorte à cette règle. Savision du Sacre, qu’elle rev<strong>en</strong>dique pourtantcomme si<strong>en</strong>ne, est si profondém<strong>en</strong>t ancréedans l’œuvre de 1913 qu’elle <strong>en</strong> devi<strong>en</strong>t unesorte de reflet, comme revu à travers un miroirdépoli par les années. L’attachem<strong>en</strong>t à laquestion de la trace et de la source, au cœurde sa démarche, fait pour beaucoup dans ces<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de déjà-vu.Un spectacle comme un puissant révélateurCep<strong>en</strong>dant, la pièce qui surgit de ce travail dechercheur et d’histori<strong>en</strong> se révèle comme unevéritable off<strong>en</strong>sive au passé : le xxi e siècle agitcomme un révélateur d’images coriaces serviessur une magnifique composition musicalede Juan Pablo Carreño. Le martèlem<strong>en</strong>t se faitLes ombres des Ballets Russes peupl<strong>en</strong>t le Sacrede Dominique Brun.sourd, ouvrant l’espace à la viol<strong>en</strong>ce du rituel.A l’intérieur, les danseurs se distingu<strong>en</strong>t d’unecommunauté <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t par de brillantssolos, et par des courses et attitudes contrariéespar la prégnance de la posture. De réminisc<strong>en</strong>ces<strong>en</strong> impressions, la pièce inv<strong>en</strong>te unSacre qui reconfigure les passions et réactiveles t<strong>en</strong>sions dans un grondem<strong>en</strong>t profond.Nathalie YokelLe Potager du Roi, 10 rue du Maréchal-Joffre,78000 Versailles. Le 14 avril 2013 à 17h.info@plastiquedanseflore.com. L’Orange bleue,7 rue Jean-Mermoz, 95600 Eaubonne.Les 19 et 20 avril à 21h. Tél. 01 34 27 71 20.Spectacle vu à la Ferme du Buisson.Rejoignez-nous sur FacebookRéagissez sur www.journal-laterrasse.fr© Marc Domage


36 danse avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 danse 37DjilliFestivalEdition Lyannaj RÉSERVATIONS01 40 11 50 23resa@espace-1789.com13€ 9€ 8€Michael Jackson,figure tragiqueou burlesque,martyre ou satyre,artiste inspiréou produitcommercial ?EIKONRAPHAËLLE DELAUNAYCOMPAGNIE TRACES—————jeudi 18 avril19 h 30Parc de <strong>La</strong> VillettefestivalHautes T<strong>en</strong>sions<strong>La</strong> Briqueterie / <strong>La</strong> Maison des Métallos / <strong>La</strong> Coupole à Sénartconception et réalisation Philippe JametTravailGros planLes fureurs du corps et la prise de risque sont à l’honneur dans cefestival qui invite le cirque et le hip hop à se partager l’affiche. Deuxsemaines ponctuées d’ateliers et de r<strong>en</strong>contres professionnelles au cœurdes espaces du Parc de <strong>La</strong> Villette.Plus que jamais les artistes déjou<strong>en</strong>t les cheminsde leur instabilité pour faire du déséquilibreet de la fragilité une voie pour l’expressiondu corps. Mathurin Bolze proposedans A bas bruit un petit peuple de marcheursconfrontés à un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t déroutant. Enprise directe avec une grande roue ou un tapisroulant, les trois interprètes dans<strong>en</strong>t dansla fluidité et l’harmonie les relations qui lesuniss<strong>en</strong>t au monde ou à eux-mêmes. MickaëlLe Mer s’appuie aussi sur les errances de sixdanseurs, confrontés, dans Instable, aux obstaclesde la vie matérialisés sur scène par destables mouvantes et des lignes lumineusesstructurant les déplacem<strong>en</strong>ts. D’autres artistespratiqu<strong>en</strong>t l’art de la déstabilisation parles modes de r<strong>en</strong>contres qui travers<strong>en</strong>t leurdémarche et bouscul<strong>en</strong>t les att<strong>en</strong>dus : HamidB<strong>en</strong> Mahi a revisité son hip hop à l’aune d’ununivers musical a priori éloigné. Les volutesmusicales d’Alain Bashung, jouées live pardeux musici<strong>en</strong>s du chanteur, transperc<strong>en</strong>tles corps et accompagn<strong>en</strong>t la tribu d’Apachedans une palette d’émotions intimes.Eikon.<strong>en</strong>cart<strong>Terrasse</strong>.indd 1 15/03/13 11:11phiques fédérateurs. A côté, le Rock it daddy deMickaël Le Mer fait figure d’exercice de style <strong>en</strong>se confrontant lui aussi au rock : des standardsdes années 50 à 70 sur lesquels les breakersoffr<strong>en</strong>t de nouvelles gammes de mouvem<strong>en</strong>t.Ce projet est une des petites formes qui separtag<strong>en</strong>t la scène de la grande halle, commel’éblouissante house des Serial Stepperz, l’énergies<strong>en</strong>sible des <strong>La</strong>dy Rocks ou la prouesse dutrampoliniste Rauli Koson<strong>en</strong>. En marge des propositionsdes dix-sept compagnies qui compos<strong>en</strong>tle programme de Hautes T<strong>en</strong>sions, il faudranoter la première édition du championnat deFrance d’art du déplacem<strong>en</strong>t, popularisé par lesétonnants et jubilatoires « parkours » des Yamakasi.Une pratique à expérim<strong>en</strong>ter égalem<strong>en</strong>tPhilippe Jamet prés<strong>en</strong>te Travail,une œuvre très aboutie mêlant<strong>en</strong>quête docum<strong>en</strong>taire et créationchorégraphique, sur la place et les<strong>en</strong>s du travail dans nos vies.Dans la continuité de ses Portaits dansésglanés dans le monde, Philippe Jametexplore la signification du travail dans notresociété <strong>en</strong> associant <strong>en</strong>quête docum<strong>en</strong>taireet création artistique. Il a interrogé et filmétr<strong>en</strong>te-six personnes de diverses générationset professions, issues de Bourges, Calais,Bobigny, Paris, Vitry et Sénart. Le spectaclecomm<strong>en</strong>ce par la diffusion des <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>sréalisés dans trois villes, suivie d’une performancechorégraphique associant trois travailleurset trois danseurs – des « travailleurschorégraphiques ». Les <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s prov<strong>en</strong>antdes villes restantes sont <strong>en</strong>suite diffusésdans un autre espace. Le travail accompli parPhilippe Jamet et son équipe est tel que lessix interprètes parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à composer un<strong>en</strong>semble vif, cohér<strong>en</strong>t et rythmé, qui <strong>en</strong>tre<strong>en</strong> résonance de multiples façons avec lespropos des personnes interrogées, et articuleavec finesse les relations <strong>en</strong>tre l’individu etle collectif. Contraintes, soumission, r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t,instinct de survie, abs<strong>en</strong>ce de liberté,soif de liberté… : les corps parl<strong>en</strong>t, et s’écout<strong>en</strong>t.Philippe Jamet s’appuie notamm<strong>en</strong>t surl’histoire personnelle de l’un des danseurs,Martin Kravitz, internationalem<strong>en</strong>t reconnu,qui évoque la relation à son père et sa décisionde dev<strong>en</strong>ir danseur malgré un corps quin’était pas a priori fait pour ça. Un parcoursqui rappelle qu’avec le travail l’homme réalise« son propre but dont il a consci<strong>en</strong>ce »,selon les mots de Karl Marx, et que le travailest une voie d’accès à la réalisation de soi,comme l’affirme Hegel !© <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t PhilippeQuelques éclats de rage explos<strong>en</strong>t dans l’Apached’Hamid B<strong>en</strong> MahiLe hip hop, le cirque,et l’art du déplacem<strong>en</strong>t urbainLe rock de Bashung et la danse d’Hamid B<strong>en</strong>Mahi ont <strong>en</strong> commun une certaine douceur ;mais les corps, ivres de musique, cherch<strong>en</strong>tl’explosion intérieure par des rituels chorégradansun atelier proposé aux <strong>en</strong>fants, mêlantacrobatie et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t urbain. Les r<strong>en</strong>contresprofessionnelles offr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t lapossibilité de faire le point sur la notion d’écritureet d’auteur <strong>en</strong> danse hip hop, et sur la mise<strong>en</strong> place du diplôme d’Etat d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t desdanses urbaines.Nathalie YokelParc de <strong>La</strong> Villette, 211 av. Jean-Jaurès, 75019Paris. Du 16 au 28 avril 2013. Tél. 01 40 03 75 75.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frComm<strong>en</strong>t le travail structure-t-il nos vies ?Réagissez sur www.journal-laterrasse.frCritiqueParole libreet réfléchieL’œuvre de Philippe Jamet est réussie car elleexpose de façon flagrante et avec une grandesobriété toute la complexité et la disparitédes situations humaines, face à leur destincommun. L’artiste évite l’écueil du catalogue; la parole recueillie, libre et réfléchie,se confronte au réel sans faux-semblants,et la performance fait écho de belle façonà ce foisonnem<strong>en</strong>t, avec beaucoup d’humouret parfois de l’émotion. Si le travailest c<strong>en</strong>sé assurer à l’homme subsistance,socialisation, épanouissem<strong>en</strong>t, il signifieaussi la peur, l’aliénation, voire une quêteinaccessible. <strong>La</strong> crise frappe aujourd’huitrès durem<strong>en</strong>t. Dans l’œuvre hybride crééepar Philippe Jamet, c’est l’humain dans son<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et son histoire qui prime,révélant notamm<strong>en</strong>t de cruels contrastes.Ainsi s’affich<strong>en</strong>t l’écart <strong>en</strong>tre ce qu’on désireet ce qu’on obti<strong>en</strong>t, ou la fracture <strong>en</strong>tre ceuxqui ont trop de travail et ceux qui n’<strong>en</strong> ontpas. Cet ancrage dans le vécu et le ress<strong>en</strong>tipr<strong>en</strong>d à partie le spectateur. L’homme clamehaut et fort son besoin de travail, et s’affirmeici malgré toutes les difficultés comme sujetet non comme objet !Agnès Santi<strong>La</strong> Briqueterie, 17 rue Robert-Degert,94400 Vitry-sur-Seine. Le 6 avril à 17het le 7 à 12h30. Tél. 01 56 34 09 75.<strong>La</strong> Maison des Métallos, 94 rue Jean-Pierre-Timbaud, 75011 Paris. Les 11 et 12 avril à 20h,le 13 à 19h, le 14 à 16h. Tél. 01 47 00 25 20.<strong>La</strong> Coupole, scène nationale de Sénart,rue Jean-François-Millet, 77385 Combs-la-Ville.Le 18 avril à 19h30 et le 19 avril à 20h30.Tél. 01 60 34 53 60. Durée : 1h30.Spectacle vu à la Maison de la Culturede Bourges.Rejoignez-nous sur Facebook© Olivier Derozière© Marc Domage© Ros KavanaghC<strong>en</strong>tre PompidouConception et chor. Christian RizzoC’est l’œil quetu protèges…Christian Rizzo signe un solo pour le danseuret performeur turc Kerem Gelelebek : uneinvitation à l’audace et à la confiance.Kerem Gelelebek, prom<strong>en</strong>eur d’un exil solitaire.L’homme est assis sur une caisse de bois.Depuis longtemps, bonnet bleu serré surles oreilles, chaussures de marche épuiséeset sac à dos rivé au sil<strong>en</strong>ce. Il att<strong>en</strong>d.Jusqu’à défaire les nœuds de ses souliers,de son bagage, de son passé. « HERE » : <strong>en</strong>quatre lettres rouges qu’il dresse au solet quelques cailloux, il cerne l’espace d’unexil qu’il découvre, porté par des vagues demusiques électro qui <strong>en</strong>fl<strong>en</strong>t, déferl<strong>en</strong>t etse retir<strong>en</strong>t. Dans cette rêverie solitaire quil’<strong>en</strong>traîne au cœur vivant de lui-même, il cheminede caresses <strong>en</strong> cassures, d’ondulations<strong>en</strong> tourbillons <strong>en</strong>ivrés, déployant une danseav<strong>en</strong>tureuse et s<strong>en</strong>suelle. « Sakinan Gözeçöp batar » dit la sagesse turque. Soit « C’estl’œil que tu protèges qui sera perforé »… Ceproverbe trace la ligne du solo que le chorégrapheChristian Rizzo a composé pour leperformeur turc Kerem Gelelebek. Et qu’ilinterprète à sa façon : « On a tout à gagner àse fragiliser. »…Gw. DavidC<strong>en</strong>tre Pompidou, 75004 Paris.Du 10 au 12 avril 2013, à 20h30.Tél. 01 44 78 12 33.Théâtre des AbbessesDirection et chor. Michael Keegan-DolanRianLe chorégraphe irlandais Michael Keegan-Dolan conjugue au prés<strong>en</strong>t la tradition de sonpays.Les danseurs suiv<strong>en</strong>t les élans jubilatoires de lamusique irlandaise.Les notes joyeusem<strong>en</strong>t cabriol<strong>en</strong>t, et cour<strong>en</strong>t,cour<strong>en</strong>t <strong>en</strong> farandoles, espiègles folâtres qui<strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t irrésistiblem<strong>en</strong>t les corps dansleurs mouvem<strong>en</strong>ts tourbillonnants. Portéspar les sonorités des tambours, flûtes, violons,mandolines, harpes, clavecins, cornemuseet le caractéristique frappé de pieds,les danseurs suiv<strong>en</strong>t les élans de la musiquesignée Liam Ó Maonlaí, qui colore la traditionirlandaise d’acc<strong>en</strong>ts lointains. Avec Rian, quisignifie « empreinte », le chorégraphe irlandaisMichael Keegan-Dolan émancipe la danse dufolklore pour lui donner tout son allant et saverve contemporaine. « Je suis très intéressépar la notion d’« empreinte » culturelle et lamanière dont cela affecte notre perception dela réalité, raconte-t-il. On devrait plus réflé-© D. R.chir et analyser sa propre empreinte culturelle,découvrir qui l’on est réellem<strong>en</strong>t et toutce dont on a hérité. Seulem<strong>en</strong>t alors il devi<strong>en</strong>draitpossible de passer à l’étape supérieure etd’accéder à une certaine forme de libération ».Sur la scène illuminée d’un vert incandesc<strong>en</strong>t,les huit danseurs s’y adonn<strong>en</strong>t avec un plaisirjubilatoire.Gw. DavidThéâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses,75018 Paris. Du 16 au 19 avril, à 20h30, le 20à 15h et 20h30. Tél. 01 42 74 22 77.Théâtre national de ChaillotConception et chor. Système CastafioreR<strong>en</strong>ée <strong>en</strong>botanistedans les planshyperbolesKarl Biscuit et Marcia Barcellos, duettistesde Système Castafiore, propos<strong>en</strong>t une balades<strong>en</strong>sorielle dans les méandres de la mémoire.Aussi fantasque que magique !Les personnages fantastiques de Système Castafiore.Elle a la fantaisie bi<strong>en</strong> bariolée et lui raffoledes mondes étranges où l’imaginaire caracole<strong>en</strong> liberté. Tous deux ont l’extravagance<strong>en</strong> partage et inv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à plaisir des histoiresfuturistes délirantes qui bouscul<strong>en</strong>t leréel s<strong>en</strong>s dessus dessous : la chorégraphebrésili<strong>en</strong>ne Marcia Barcellos et le musici<strong>en</strong>compositeurKarl Biscuit font bonne pairedepuis qu’ils ont mis au point le SystèmeCastafiore, <strong>en</strong> 1990. « Pour donner vie à nosidées de départ, nous avons recours au “bricolage”,car ce mode artisanal d’expérim<strong>en</strong>tationa de tout temps été une source sûrede magie », avoue-t-il. « Karl propose desespaces étranges, borgi<strong>en</strong>s, kafkaï<strong>en</strong>s, qui luivi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de lectures, de films. Il échafaudedes labyrinthes dans lesquels j’aime me glisseret circuler librem<strong>en</strong>t, méthodiquem<strong>en</strong>t,sans me soucier des conv<strong>en</strong>tions » rajoute-telle.Pour R<strong>en</strong>ée <strong>en</strong> botaniste dans les planshyperboles, leur dernière fantasmagoriepour cinq danseurs et beaucoup d’images, ilss’av<strong>en</strong>tur<strong>en</strong>t dans la mémoire d’une femmequi bascule dans l’autre monde. Fragm<strong>en</strong>tsde vie, bribes de souv<strong>en</strong>irs, réminisc<strong>en</strong>cestroubles, inconsci<strong>en</strong>ces oubliées… compos<strong>en</strong>tle paysage mouvant de ce voyage s<strong>en</strong>sorielaux lisières de la métaphysique et dumerveilleux.Gw. DavidThéâtre national de Chaillot, place du Trocadéro,75016 Paris. Du 11 au 13 avril 2013, à 20h30.Tél. 01 53 65 30 00. Durée : 1h.www.journal-laterrasse.frPartout !<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> <strong>en</strong>responsive designadapte son formatà vos terminaux.Lisez-nous partoutsur vos portableset vos tablettes.Samedi 06 Avril - 19hHORS CADRE3. IsolationChorégraphie : Hiroaki Umeda / Cie S20<strong>La</strong> compagnie S20 est <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce au Théâtre Louis Aragon,scène conv<strong>en</strong>tionnée pour la danse de Tremblay-<strong>en</strong>-France, dansle cadre de « Territoire(s) de la danse 2013 ». Elle est sout<strong>en</strong>ue parle Départem<strong>en</strong>t de la Seine-Saint-D<strong>en</strong>is.Debout !Chorégraphie : Raphaëlle Delaunay / Cie Tracescréation 2013MasculinesChorégraphie : Héla Fattoumi et Eric <strong>La</strong>moureuxCCN de Ca<strong>en</strong> - Basse Normandie, création 2013Navette gratuite depuis la gare du Vert-Galant (RER B)Réservations : 01 49 63 70 58 / www.theatrelouisaragon.fr24, boulevard de l’Hôtel de ville - 93290 Tremblay-<strong>en</strong>-FranceRER B (20 minutes de Gare du Nord)Tarifs de 5 à 17 €Réservations : 01 49 63 70 58www.theatrelouisaragon.frTremblay-<strong>en</strong>-FranceLe Théâtre Louis Aragon est sout<strong>en</strong>u par la Ville de Tremblay-<strong>en</strong>-France, le Départem<strong>en</strong>t de la Seine-Saint-D<strong>en</strong>is, le Conseil régional d’Île-de-France et le Ministère de la Culture – Direction régionale des affairesculturelles d’Île-de-France.© Dieter Hartwig


Les Siècles, l’orchestre-caméléon de François-Xavier Roth, célèbr<strong>en</strong>t le siècle du chef-d’œuvrede Stravinsky, fondateur de toute la musiquedu xx e siècle. Le Sacre a <strong>en</strong> effet vu le jour il ya tout juste c<strong>en</strong>t ans à Paris, le 29 mai 1913 auThéâtre des Champs-Elysées, dans le cadre desballets russes. <strong>La</strong> partition accompagnait alorsune chorégraphie de Vaslav Nijinski qui, plus quela musique elle-même, provoqua, on le sait, l’undes plus ret<strong>en</strong>tissants scandales de l’histoire dela musique… Les manifestations <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce àcette œuvre historique ne manqueront évidemm<strong>en</strong>tpas mais François-Xavier Roth et ses trouclassique/ opéra38 danse avril 2013 / N°208 la terrasse la terrasse avril 2013 / N°208 39RENTRÉE LE 1 ER OCTOBRE 2013RIDCRENCONTRES INTERNATIONALES DE DANSECONTEMPORAINEL’INSTITUTC<strong>en</strong>tre habilité par le ministère de la CultureFormation au Diplome d’Etat de professeurde danse option contemporaine Formation technique pour la préparationà l’E.A.T.Formation du danseurChorégraphes invités :Suzanne Alexander, Brigitte Asselineau,Christine Bastin, Fabrice Dugied, ChristineGérard, Lila Gre<strong>en</strong>e, Cécile Loyer, NathaliePernette, Alban Richard, Edmond Russo…AUDITIONS6 Juillet - 7 Septembre 2013Cours ouverts : <strong>en</strong>fants et adultes,du lundi au samedi.Stages : Dominique Dupuy, Carlo Locatelli,Nathalie Schulmann et Soahanta deOliveira, Déborah <strong>La</strong>ry, Jean Luc Pacaud…Pour tout r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tRIDC : 104, bd de Clichy - 75018 ParisTél./Fax : 00 33 (0) 142 647 771RIDC - Institut privé pour l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de la danse contemporaineThéâtre Louis-Aragonchor. Raphaëlle Delaunay, Hiroaki Umeda,Héla Fattoumi et Eric <strong>La</strong>moureuxNocturne #3Une nocturne « hors cadre » : trois propositionschorégraphiques pour déc<strong>en</strong>trer leregard.Raphaëlle Delaunay, dans une forme « <strong>en</strong> face àface ». 20h30Espace culturel Boris Vianwww.lesulis.fr© MATHIEU ORENGE, 2012Les Nocturnes du Théâtre Louis-Aragon sontun art de la mise <strong>en</strong> relation et compos<strong>en</strong>tune soirée fondée sur la juxtaposition d’esthétiquesqui, loin de se heurter, s’éclair<strong>en</strong>tles unes les autres. Le programme du 6 avrils’annonce à cet égard particulièrem<strong>en</strong>tréussi. <strong>La</strong> soirée comm<strong>en</strong>cera avec RaphaëlleDelaunay, qui prés<strong>en</strong>tera Debout !, un work inprogress interrogeant un nouveau mode deperformance, <strong>en</strong> contact direct avec le public,inspiré du « stand up », sorte de one man showapparu au xix e siècle. Hiroaki Umeda questionneraquant à lui, avec 3.isolation, les codesde la danse classique, avec trois danseusesqu’il immerge dans son univers technologique.Enfin, dans Masculines, Héla Fattoumi et Eric<strong>La</strong>moureux mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> crise le regard portésur la femme, et notamm<strong>en</strong>t la femme vue parle peintre Ingres : ils révèl<strong>en</strong>t ce que la voluptéet la passivité que les clichés lui prête peutrecouvrir de viol<strong>en</strong>ce. M. ChavanieuxThéâtre Louis-Aragon, 24 boulevard de l’Hôtelde-Ville,93290 Tremblay-<strong>en</strong>-France.Le 6 avril à 19h. Tél. 01 49 63 70 58.A VOIREN FAMILLEZero In OnNight Box / HarryLes Ballets jazz de MontréalCayetano Soto / W<strong>en</strong> Wei Wang / Barak MarshallDanse© Philippe SavoirEspace Lino-V<strong>en</strong>turachor. Brahim BouchelaghemDavaï DavaïDu battle au théâtre : Brahim Bouchelaghemmet <strong>en</strong> scène huit danseurs russes de hiphop.Du battle à l’intimité.On a souv<strong>en</strong>t célébré les alliances (réussies)<strong>en</strong>tre hip-hop et danse contemporaine… Enoubliant que les fondem<strong>en</strong>ts même du « spectacle» de hip-hop n’étai<strong>en</strong>t pas réductibles auxcodes du théâtre : c’est sur le mode du battle,donc de l’affrontem<strong>en</strong>t et de la compétition, etnon de la pièce fixée et destinée à « tourner »,que l’énergie hip-hop se développe. BrahimBouchelaghem, évoluant lui-même dans lemonde du hip-hop depuis l’âge de 12 ans, a précisém<strong>en</strong>tchoisi de donner à voir ce mode spécifiquede prés<strong>en</strong>tation de la danse. Réunissanthuit danseurs russes, vainqueurs du « Battle ofthe year » 2008, il les invite dans Davaï Davaïà raconter une histoire intime, et à nous fairepartager les émotions de leur parcours : pourle spectateur, c’est une façon de toucher dudoigt l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t sans concession de danseurshors pair, et d’approcher les vertigesinsoupçonnés liés à la préparation – « quasimystique » – d’un battle. M. ChavanieuxEspace Lino-V<strong>en</strong>tura, place de l’Appel du18 juin 1940, Torcy. Le 12 avril à 20h30.Tél. 01 60 37 37 60. Tarif réduit pour les titulairesde la carte annuelle de la Ferme du Buisson <strong>en</strong>réservant au 01 64 62 77 77.Théâtre d’Ivry-Antoine Vitezde Olivier Kemeid d’après Sophocle /Mes et chor. José BesprosvanyœdipeLe chorégraphe et metteur <strong>en</strong> scène JoséBesprosvany explore les ombres d’Œdipepour éclairer toute la puissance du mythe.Œdipe, <strong>en</strong> proie à son destin.Rattrapé par les spectres du passé, il secondamne aux ténèbres pour échapper à jamaisà la vision de son crime : ainsi se noue le sortd’Œdipe, qui, fuyant la terrible prédiction del’oracle - tuer son père <strong>La</strong>ïos, épouser sa mèreJocaste -, l’accomplit malgré lui. C’est justem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> explorant le contraste <strong>en</strong>tre ombre et lumièreque José Besprosvany a abordé ce mythe. « Jeme tourne ainsi vers deux disciplines qui m’interpell<strong>en</strong>t: le théâtre d’ombres qui, justem<strong>en</strong>t,est utilisé <strong>en</strong> Extrême-Ori<strong>en</strong>t pour raconter deshistoires fabuleuses mêlant texte et musique,et l’utilisation de l’ombre et de la lumière dansl’art contemporain » explique le chorégrapheet metteur <strong>en</strong> scène, qui mêle <strong>en</strong> scène texte,musique et mouvem<strong>en</strong>t. Portés par l’adaptationsignée Olivier Kemeid, qui ose un phrasécontemporain et donne à la tragédie l’int<strong>en</strong>sité© Frédéric Iovino© <strong>La</strong>nder Loeckxdramatique d’un polar politique, les comédi<strong>en</strong>set danseurs donn<strong>en</strong>t à cet implacable destin unécho étrange et saisissant. Gw. DavidThéâtre d’Ivry-Antoine Vitez, 1 rue Simon-Dereure, 94200 Ivry-sur-Seine. V<strong>en</strong>dredi 12 avrilà 20h30. Tél. 01 46 70 21 55. Durée : 1h20Théâtre <strong>La</strong> Reine BlancheAssociation Djilli ou les arts métissésFestival DjilliLe Festival Djilli célèbre la culture antillaisecontemporaine.Hubert Petit-Phar.L’association Djilli ou les arts métissés organisela seconde édition du Festival Djilli : les 6, 12et 13 avril seront l’occasion de (re)découvrir letravail d’Hubert Petit-Phar, Max Diakok, DelphineCammal, Jessica Orsinet-Diamanka. Tousont un parcours « métis », nourri de la culturedes Caraïbes mais aussi de leurs passages àl’école Mudra International (pour Hubert Petit-Phar), chez Odile Duboc (pour Delphine Cammal),Germaine Acogny, Christian Bourigault(pour Max Diakok), Moustapha Bangoura (pourJessica Orsinet-Diamanka), <strong>en</strong>tre autres…Ils prés<strong>en</strong>teront, lors de soirées composées,de courtes pièces permettant de goûter et demettre <strong>en</strong> relation leurs différ<strong>en</strong>ts univers. <strong>La</strong>musique sera à l’honneur égalem<strong>en</strong>t, avec lespercussions Gwo Ka, par Robert Coliné, et lesBèlè (musiques et danses de Martinique) avecl’association Bèlèspwa. M. ChavanieuxThéâtre <strong>La</strong> Reine Blanche, 2 bis passage Ruelle,75018 Paris. Du 6 au 13 avril. Tél. 06.59.57.38.82.djillifestival@yahoo.frEspace 1789chor. Raphaëlle DelaunayEïkonRaphaëlle Delaunay explore la figure ambival<strong>en</strong>tede Michael Jackson, <strong>en</strong>tre danseur horspair et icône déshumanisée.Une vision fantasmagorique de Michael Jackson.En 2009, le monde de la danse a perdu trois figuresmémorables : Pina Bausch, Merce Cunningham, etMichael Jackson. Ce dernier, contrairem<strong>en</strong>t auxdeux autres, n’a pas évolué dans les lieux dits« d’art ». Il n’<strong>en</strong> a pas moins été l’un des grandsdanseurs de son siècle, explorant des rythmes etdes possibilités physiques inatt<strong>en</strong>dues. RaphaëlleDelaunay plonge dans cette figure ambival<strong>en</strong>te :<strong>en</strong>tre humour et mélancolie, puissance et vulnérabilité,tragique et burlesque, mais aussi<strong>en</strong>tre homme et femme, <strong>en</strong>fant et adulte… PourRaphaëlle Delaunay, ce parcours est aussi uneinvitation à revisiter les danses de tout style quil’anim<strong>en</strong>t : savantes, populaires, issues des claquettes,du cinéma… Un hommage à la danse etau métissage, qui est aussi une réflexion <strong>en</strong> actesur les figures mythiques et notre besoin de créer,<strong>en</strong>core et toujours, des icônes. M. ChavanieuxEspace 1789, 2-4 rue Alexandre-Bachelet,93400 St-Ou<strong>en</strong>. Le 18 avril à 19h30.Tél. 01 40 11 50 23.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr© D. R.© Philippe Savoir© Gadi Dagon© E. BischoffC<strong>en</strong>tre national de la dansechor. Ohad NaharinKamuyotOhad Naharin prés<strong>en</strong>te une pièce créée pourles jeunes danseurs du Batsheva Ensemble :une danse d’énergie et d’émotions partagées.Une énergie communicative.<strong>La</strong> Batsheva Dance Company a ouvert, depuissa création <strong>en</strong> 1964, des pistes nouvelles pourla danse israéli<strong>en</strong>ne, qui occupe aujourd’huiune place de premier rang au niveau international.Elle a égalem<strong>en</strong>t été la pépinièred’une nouvelle génération de chorégraphes,qui poursuiv<strong>en</strong>t aujourd’hui un chemin originalet exigeant – et que le CND reçoit <strong>en</strong>trejanvier et avril 2013. Du 23 au 26 avril, OhadNaharin, directeur de la Batsheva, prés<strong>en</strong>teKamuyot, créée <strong>en</strong> 2003 pour la « jeune compagnie» (interprètes âgés de 18 à 24 ans)qu’est le Batsheva Ensemble : les quinze danseursy pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à bras le corps des rythmesv<strong>en</strong>us de la pop japonaise, du reggae, desséries télévisées « cultes »… Une exubérancejubilatoire, qui met à bas les frontières <strong>en</strong>trepublic et interprètes, pour <strong>en</strong>traîner les uns etles autres dans une expéri<strong>en</strong>ce chaleureuseet partagée.M. ChavanieuxC<strong>en</strong>tre national de la danse, 1 rue Victor-Hugo,93500 Pantin. Du 24 au 26 avril à 19h.Tél. 01 41 83 98 98.Théâtre Jean Vilar / Le Monfortchor. Brigitte Seth etRoser Montlló GubernaChange or dieBrigitte Seth et Roser Montlló Guberna,connues pour leurs savoureuses alliancesde danse et de théâtre, sign<strong>en</strong>t une nouvellepièce sur les textes de Robert Walser.L’univers délicieusem<strong>en</strong>t loufoque et poétique deBrigitte Seth et Roser Montlló Guberna.Dans ses Rêveries et autres petites proses,Robert Walser inv<strong>en</strong>te le personnage de W<strong>en</strong>zel,chercheur d’emploi, toujours inadéquat pour lespostes auxquels il postule. L’impossible accord<strong>en</strong>tre les att<strong>en</strong>tes formulées à l’égard des travailleurset la réalité d’un être humain, l’inconfortd’être soi… De cette figure inv<strong>en</strong>tée dans lesannées 1910, mais qui résonne de façon troublanteavec le contexte actuel, Brigitte Seth etRoser Montlló Guberna tir<strong>en</strong>t une sorte de fablethéâtralo-chorégraphique au titre éloqu<strong>en</strong>t :Change or die. Leur tal<strong>en</strong>t à jouer du déséquilibreet de l’absurdité des situations les conduitici à composer un parcours poétique, pour cinqinterprètes, qui donne toute son ampleur à laquestion de « se chercher une place »: une placedans l’<strong>en</strong>treprise, une place dans l’espace, uneplace dans le monde.M. ChavanieuxThéâtre Jean Vilar, 1 place Jean-Vilar,94400 Vitry. Le 6 avril à 21h et le 7 à 16h.Tél. 01 55 53 10 60. Dans le cadre de la Bi<strong>en</strong>nalede danse du Val-de-Marne.Au Monfort, 106 rue Brancion, Paris 15 e ,du 9 au 20 avril à 20h30, Tél. 01 42 74 22 77.En part<strong>en</strong>ariat avec le Théâtre de la Ville.© ULAL DTO© Opéra national de ParisEspace 1789Chor. Xavier Lot et Andrea SitterDouble plateauà l’Espace 1789Troisième soirée au long cours de la saison,qui nous promène dans des univers éclectiquesavec, pour seul mot d’ordre, la danse.Ici, Xavier Lot et Andrea Sitter se partag<strong>en</strong>tle plateau.Opus 13, la nouvelle création de Xavier Lot, est àl’Espace 1789.Opus 13 est la toute nouvelle création de XavierLot, et s’inscrit dans une démarche comm<strong>en</strong>céeavec Entre là autour du Cantique des Cantiques.Le solo montrait alors une variation sur le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tamoureux. Aujourd’hui, le triptyque sepoursuit par un duo homme-femme touchantaussi à la question de l’amour, mais dans l’idéal,lié à l’impossible. A ses côtés, on reverra <strong>La</strong> Reines’<strong>en</strong>nuie d’Andrea Sitter, qui a pu montrer les différ<strong>en</strong>tesfacettes de son travail au cours d’untemps fort dédié à son œuvre (« Embarquem<strong>en</strong>tpour Sitter »). Ce solo a la particularité de proposerun portrait de l’artiste à la fois <strong>en</strong> danseuse,<strong>en</strong> comédi<strong>en</strong>ne, et <strong>en</strong> poète, tout à son universonirique et fantaisiste. Il cond<strong>en</strong>se les thèmeset les variations qui compos<strong>en</strong>t sa démarche etmêle habilem<strong>en</strong>t le classique au rock’n roll. Unsolo qui lui colle à la peau.N. YokelEspace 1789, 2/4 rue Alexandre-Bachelet,93400 Saint-Ou<strong>en</strong>. Le 20 avril 2013 à 19h30.Tél. 01 40 11 50 23.Opéra Bastillechor. John NeumeierTroisièmesymphonie deGustav MahlerUn « marathon de danse » : une œuvre pharede Neumeier sur la musique pour orchestre,alto et chœurs de Mahler.Sébasti<strong>en</strong> Mathé.<strong>La</strong> Troisième Symphonie de Mahler est, selonses termes, « un poème musical <strong>en</strong>globant toutesles étapes de la Création selon une asc<strong>en</strong>sionprogressive qui comm<strong>en</strong>ce par l’universminéral pour culminer avec l’amour divin ».Dans cette partition séduisante et singulière,le compositeur joue de référ<strong>en</strong>ces bigarrées :de la musique populaire au langage musicalreligieux, de la musique militaire aux refrains<strong>en</strong>fantins… De cette musique, John Neumeier atiré des émotions puissantes, transcrites <strong>en</strong> unvocabulaire chorégraphique tout aussi int<strong>en</strong>seet contrasté : porters vertigineux, r<strong>en</strong>versem<strong>en</strong>tssubits. Il a aussi, avec cette premièrelecture de Mahler, <strong>en</strong>tamé un chemin fécond :ce ballet, créé <strong>en</strong> 1975, sera pour lui le débutd’une longue série de créations sur les œuvresde Mahler, dans lesquelles son style se révéleradans toute sa virtuosité. M. ChavanieuxOpéra Bastille, place de la Bastille, Paris.Du 9 avril au 12 mai. Tél. 08 92 89 90 90.© D. R.CITÉ DE LA MUSIQUEMUSIQUE DU XX e SIÈCLErejoignez-nous sur facebookTHÉÂTRE DE SAINT-QUENTIN-EN-YVELINESVIOLONCELLESONIA WIEDER-ATHERTONL’Odyssée méditerrané<strong>en</strong>ne de la violoncelliste,de Granados, Bellini ou Schumannaux chants populaires berbères, égypti<strong>en</strong>s,syri<strong>en</strong>s et byzantins.Son Odyssée pour violoncelle et chœur imaginaire estle dernier volet d’une Trilogie inaugurée avec Chantsd’Est puis Chants Juifs.Formée à Paris puis au Conservatoire deMoscou, lauréate du Concours Rostropovitch,la violoncelliste est familière de Bachet des compositeurs contemporains. Certainsparmi les plus considérables, de Dutilleux àFedele, lui destin<strong>en</strong>t et dédi<strong>en</strong>t leurs œuvres.Mais cette femme libre comme l’air demeureavant tout une musici<strong>en</strong>ne nomade : après sesChants juifs et Chants d’Est, la voici m<strong>en</strong>antun périple méditerrané<strong>en</strong>, s’id<strong>en</strong>tifiant à« une femme seule, <strong>en</strong>cerclée par la mer, quiparle, crie chuchote. A la terre, aux dieux, àelle-même. Son Odyssée est une successiond’av<strong>en</strong>tures au cours desquelles elle estconfrontée au v<strong>en</strong>t, aux vagues, au chaos, àla tempête, aux sanglots, à un chœur imaginaire…Peut-être que cette femme c’est moi,Gros planSCHOENBERG-STRAVINSKYComme Picasso et Kandinsky pour les arts plastiques, Stravinsky etScho<strong>en</strong>berg ont inv<strong>en</strong>té la modernité <strong>en</strong> musique au début du xx esiècle. <strong>La</strong> Cité de la musique met <strong>en</strong> parallèle la trajectoire des deuxcompositeurs.Frères <strong>en</strong>nemis <strong>en</strong> modernité, Igor Stravinsky(1882-1971) et Arnold Scho<strong>en</strong>berg(1874-1951) ont, à peu près au mêmemom<strong>en</strong>t, dynamité la tradition musicale <strong>en</strong>s’éloignant de la stricte tonalité pour le premier(dans L’Oiseau de feu), voire <strong>en</strong> l’abandonnantpurem<strong>en</strong>t et simplem<strong>en</strong>t dans lecas du Vi<strong>en</strong>nois (avec les Trois pièces pourpiano op. 15 puis, surtout, Pierrot lunaire).Connaît-on pour autant vraim<strong>en</strong>t dans touteleur complexité l’œuvre de ces deux géants ?Assurém<strong>en</strong>t non et, à côté des trois grandsballets de Stravinsky (L’Oiseau de feu,Pétrouchka et Le Sacre du printemps – cesdeux derniers dirigés par François-XavierRoth dans une chorégraphie de Farid Berki,pionnier de la danse hip-hop), la programmationinvite à découvrir ou ré<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre laSymphonie de psaumes, le court Babel, oud’autres pages vocales (dont le réjouissantR<strong>en</strong>ard, écrit avec la complicité de l’écrivainromand Charles-Ferdinand Ramuz).Découvertede pages méconnuesScho<strong>en</strong>berg est aujourd’hui <strong>en</strong>core bi<strong>en</strong>moins connu et ce tour d’horizon apparaîtplus que nécessaire - de la musique pourpiano jouée par Alain Planès et Sébasti<strong>en</strong>Vichard aux grandes pages d’orchestre telsle Concerto pour piano ou Un survivant deVarsovie que dirige Pascal Rophé. Scho<strong>en</strong>bergcomme Stravinsky ont eu une influ<strong>en</strong>ce© Katie Vandyck© D. R.Pascal Rophé, toujours remarquable dans lerépertoire des XX e et XXI e siècles, dirige Scho<strong>en</strong>berget Stravinsky à la Cité de la musique.décisive sur les générations de compositeursqui se sont succédées depuis le milieu du xx esiècle. <strong>La</strong> prés<strong>en</strong>ce de Michel Tabachnik (né<strong>en</strong> 1942) et Bruno Mantovani (né <strong>en</strong> 1974),à la tête respectivem<strong>en</strong>t du Brussels Philharmonic(13 avril) et de l’Ensemble Intercontemporain(12 avril), <strong>en</strong> est une bonneillustration.Jean-Guillaume LebrunCité de la musique, 221 av. Jean-Jaurès,75019 Paris. Du 6 au 13 avril. Tél. 01 44 84 44 84.Places : 18 à 41 €.Rejoignez-nous sur Facebooket que sa voix serait celle de mon violoncelle »confie Sonia Wieder-Atherton. J. LukasThéâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-Yvelines,place Georges-Pompidou, Montigny-le-Bretonneux. 78 Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-Yvelines.V<strong>en</strong>dredi 5 et samedi 6 avril à 20h30.Tél. 01 30 96 99 00. Places : 28 €LA VILLETTESYMPHONIQUE / CRéATION CHORéGARPHIQUE / HIP HOPLES SIèCLESFrançois-Xavier Roth dirige Le Sacre duPrintemps.2013, année du c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire du Sacre du Printemps.


40 classique avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 classique 41Salle PleyelAbonnem<strong>en</strong>t libre,dès 3 concertswww.orchestredeparis.comPaavo JärviDirecteur musicalpes sont parmi les premiers à se mettre sur lesrangs ! Leur hommage se décline dans trois propositions: un programme symphonique, créé àAmi<strong>en</strong>s le mois dernier, et repris <strong>en</strong> Île-de-Franceau Blanc-Mesnil (avant une tournée française <strong>en</strong>mai), une création chorégraphique hip-hop deFarid Berki à la Grande Halle de la Villette associantune c<strong>en</strong>taine d’<strong>en</strong>fants francili<strong>en</strong>s, puis <strong>en</strong>juillet <strong>en</strong> tournée française avec un programmepanoramique à dominante de musique françaiseintitulé « Quatre siècles de ballets », rassemblantdes œuvres de Lully (extraits du Bourgeois G<strong>en</strong>tilhomme),Rameau (extraits des Indes Galantes),Delibes (extraits de Coppelia), Mass<strong>en</strong>et (extraitsdu Cid), et Stravinsky et son Sacre. Fidèles à leurcredo orchestral, Les Siècles joueront sur instrum<strong>en</strong>tsd’époque, s’adaptant aux besoins desdiffér<strong>en</strong>ts répertoires abordés. J. LukasLe Forum, 1-5 place de la Libération,93150 Blanc-Mesnil. Mercredi 3 avril à 14h30et v<strong>en</strong>dredi 5 avril à 20h30. Tél. 01 48 14 22 00.Grande Halle de la Villette, Grande halle /Nef Sud, 211 av. Jean-Jaurès 75019 Paris.Samedi 6 avril à 20h et dimanche 7 avril à 16h30.Tél. 01 40 03 75 75. Places : 18 €.CITé DE LA MUSIQUEBAROQUEJOHN ELIOTGARDINERA la Villette, le chef anglais se lance dans unmarathon Bach.Se lever et s’<strong>en</strong>dormir au son de Bach, n’est-cepas le rêve de tout mélomane ? <strong>La</strong> Cité de la musiquele concrétise samedi 6 avril, avec une journéemarathon autour du chef John Eliot Gardiner,spécialiste émérite du Cantor de Leipzig, qui nousavait déjà <strong>en</strong>thousiasmé à la Villette avec soninterprétation pleine d’esprit des Concertos brandebourgeois.Cette fois-ci, place aux concertospour violon et deux violons (à 16h), à des motetset cantates, dont l’incontournable « Ich habeg<strong>en</strong>ug » (à 20h). On ne manquera égalem<strong>en</strong>t pasle récital matinal de la violoniste baroque MidoriSeiler, à l’archet toujours élégant (à 11h, avec lesPartitas n°2 et n°3) et celui de la clavecinisteBlandine Rannou, qui interprétera les VariationsGoldberg sur un clavecin Jean-H<strong>en</strong>ry Hemsch (de1761) du Musée de la musique. A. PecqueurCité de la musique, 221 av. Jean-Jaurès,75019 Paris. Samedi 6 avril. Tél. 01 44 84 44 84.COMPIÈGNE, éGLISE SAINT-ROCH ET MASSYCHŒURŒUVRES CHORALESDE POULENCL’<strong>en</strong>semble vocal Aedes et le Chœur Vittoriacélèbr<strong>en</strong>t le cinquant<strong>en</strong>aire de la disparitionde Poul<strong>en</strong>c.Michel Piquemal célèbre Francis Poul<strong>en</strong>c avec leChœur régional Vittoria d’Île-de-France.Francis Poul<strong>en</strong>c (1899-1963) représ<strong>en</strong>te à luiseul une certaine idée de la musique vocalefrançaise. Michel Piquemal revi<strong>en</strong>t régulièrem<strong>en</strong>tà ses Litanies à la Vierge noire et au Gloria,à la tête du Chœur régional Vittoria d’Île-de-France. Les deux œuvres, ainsi que le Concertopour orgue avec Mathias Lecomte, fidèle part<strong>en</strong>airedu chœur auquel se joint ici l’OrchestrePasdeloup, form<strong>en</strong>t un programme <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>tdédié au compositeur des Dialogues des Carmélites.De son côté, le jeune <strong>en</strong>semble vocal Aedes© D. R.<strong>La</strong> Zonzo Compagnie nous invite à plonger àla découverte joyeuse de la musique parfoisdéroutante de John Cage.Les « Zonzo », remuante compagnie anversoisefondée <strong>en</strong> 2001 par Wouter Van Looy,multiplie les projets musicaux innovants <strong>en</strong>réinv<strong>en</strong>tant les codes et <strong>en</strong> repoussant leslimites du « concert pour <strong>en</strong>fants ». Dans ceprojet prés<strong>en</strong>té à L’apostrophe, l’objectif quese fix<strong>en</strong>t ces étonnants flamands est de partir,dans un voyage sans parole, à la r<strong>en</strong>contrede l’un des compositeurs les plus radiinterprèteà Compiègne deux partitions un peuplus rares : la Messe <strong>en</strong> sol et les Quatre Motetspour un temps de pénit<strong>en</strong>ce qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t clorejuste avant guerre la série de pièces sacrées<strong>en</strong>tamée avec les Litanies <strong>en</strong> 1937. En regard,le directeur artistique Mathieu Romano a placéla Messe pour double chœur de Frank Martin(1890-1974) mais aussi les Deux psaumes dePhilippe Fénelon (né <strong>en</strong> 1952). J.-G. LebrunThéâtre impérial de Compiègne, 3 rue Oth<strong>en</strong>in,60200 Compiègne. Samedi 6 avril à 20h45.Tél. 01 44 40 45 00. Places : 10 à 30 €. ÉgliseSaint-Roch, 296 rue Saint-Honoré, 75001 Paris.Dimanche 7 avril à 16h. Tél. 01 42 78 10 00.Places : 25 €. Opéra de Massy, 1 place de France,91300 Massy. Mardi 9 avril à 20h.Tél. 01 60 13 13 13. Places : 20 à 25 €.SALLE PLEYELSYMPHONIQUETHOMASHENGELBROCKA la tête de l’Orchestre de Paris, le chef allemanddirige un programme Szymanowski-Bartok-Schumann.Radu Lupu se lance dans le Concerto pour piano n°3de Bartok.On a longtemps associé Thomas H<strong>en</strong>gelbrockaux seuls répertoires baroque et classique. Lechef de l’Ensemble Balthasar Neumann, sur instrum<strong>en</strong>tsanci<strong>en</strong>s, a d’ailleurs été régulièrem<strong>en</strong>tinvité ces dernières années par l’Opéra de Parispour diriger des ouvrages de Gluck et Mozart. Ona salué ici même ses interprétations <strong>en</strong>gagées, àla fois charnelles et dynamiques. Mais depuis saprise de fonction <strong>en</strong> 2011 à la tête de l’Orchestrede la radio de Hambourg, Thomas H<strong>en</strong>gelbrockn’hésite pas à aborder des répertoires symphoniquesbi<strong>en</strong> plus tardifs. <strong>La</strong> preuve ce mois-cià la Salle Pleyel, où, avec l’Orchestre de Paris,il s’attaque à la rare Ouverture de concert deSzymanowski et à la virtuose Symphonie n°2 deSchumann. Entre ces deux œuvres sera donnéle Concerto pour piano n°3 de Bartok, sous lesdoigts magnétiques de Radu Lupu.A. PecqueurSalle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. Mercredi 10 et jeudi 11 avril à 20h.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 10 à 85 €.MUSéE DU LOUVREMUSIQUE DE CHAMBRECYCLE DE MUSIQUEALLEMANDECoup d’<strong>en</strong>voi d’une série de concerts dédiésau répertoire germanique à l’auditorium duMusée du Louvre.Le Quatuor Arcanto, exceptionnelle réunion depersonnalités où l’on distingue l’altiste TabeaZimmermann et le violoncelliste Jean-Guih<strong>en</strong>Queyras, joue Mozart, Hindemith et Brahms.Six concerts accompagn<strong>en</strong>t l’exposition « Del’Allemagne 1800-1939 » prés<strong>en</strong>tée au Musée© Ivan Maly© Marco Borggreve© D. R.du Louvre jusqu’au 24 juin prochain. <strong>La</strong> lignemusicale de cette série n’est pas très lisiblemais offre une opportunité idéale de puiserdans le plus fabuleux et abondant réservoirde musique qui soit, de Mozart à Hindemith,comme lors du concert inaugural du phénoménalet atypique Quatuor Arcanto (le 10 avrilà 20h), ou de Schubert à Kurt Weill (<strong>en</strong> passantpar Wolf, Richard Strauss et Brahms),dans le récital vocal des Solistes de l’Atelierlyrique de l’Opéra national de Paris (le 17 avrilà 20h). Plus tard, un récital du jeune pianisteAdam <strong>La</strong>loum, deux concerts <strong>en</strong> quatuor avecles Modigliani et les Artemis et une soirée« Willkomm<strong>en</strong> im Kabarett » avec la sopranoDonati<strong>en</strong>ne Michel-Dansac seront à l’affiche…A noter <strong>en</strong>fin, le 29 avril à 19h, une confér<strong>en</strong>cedu musicologue André Tubeuf consacrée auLied, forme expressive <strong>en</strong>tre musique, poésieet philosophie, porteuse de l’id<strong>en</strong>tité allemandeau xix e siècle.J. LukasAuditorium du Louvre, musée du Louvre,75058 Paris. Six concerts du 10 avril au 5 juin.Tél. 01 40 20 55 00.FORUM DES HALLES / ESPACE BEAUJONNOUVELLE PRODUCTIONL’HISTOIREDU SOLDAT<strong>La</strong> pièce de Stravinsky est prés<strong>en</strong>tée par lacompagnie « Le temps qui file » dans unemise <strong>en</strong> scène de Mathilde Bost.L’Histoire du Soldat, dans une mise <strong>en</strong> scènecontemporaine de Mathilde Bost.L’Histoire du soldat attire les metteurs <strong>en</strong>scène. Après Jean-Christophe Saïs (avecl’<strong>en</strong>semble TM+, <strong>en</strong> tournée cette saison),c’est au tour de la jeune Mathilde Bost des’attaquer à l’œuvre de Ramuz et Stravinsky,décrivant la r<strong>en</strong>contre fantastique <strong>en</strong>tre unsoldat et le diable. <strong>La</strong> jeune directrice de lacompagnie « Le temps qui file » jette à traversce spectacle un regard critique sur lasociété de consommation. Une démarche<strong>en</strong>gagée, portée par de jeunes comédi<strong>en</strong>set musici<strong>en</strong>s. <strong>La</strong> direction musicale a étéconfiée à Léonard Ganvert, violoniste de formation.Mathilde Bost a par ailleurs ajoutédans l’œuvre un rôle dansé, celui de la princesse,t<strong>en</strong>u par Ida Bost. A. PecqueurC<strong>en</strong>tre d’animation des Halles (Forumdes Halles). Les 11 et 12 avril à 20h.Tél. 01 40 28 18 48. Places : 12 à 14 €.Espace Beaujon, 208 rue du Faubourg Saint-Honoré. Les 16, 18 et 19 avril à 20h30.Tél. 01 42 89 17 32. Places : 12 à 14 €.CERGY / JOHN CAGECONCERT FAMILIAL / à PARTIR DE 6 ANSLISTENTO THE SILENCE© D. R.© D. R.Le compositeur John Cage.caux, singuliers et importants de la deuxièmemoitié du xx e siècle : John Cage. List<strong>en</strong> to thesil<strong>en</strong>ce s’adresse aux <strong>en</strong>fants dès l’âge de6 ans, invités par un processus ludique etvisuel à faire l’expéri<strong>en</strong>ce d’un concert d’untype nouveau, totalem<strong>en</strong>t ouvert et interactif.Du Cage à portée d’oreilles ! LetiziaR<strong>en</strong>zini et Wouter Van Looy sign<strong>en</strong>t mise <strong>en</strong>scène, décors et création vidéo, et <strong>en</strong>tour<strong>en</strong>tle pianiste Jero<strong>en</strong> Malaise et le comédi<strong>en</strong>Tjyying Liu.J. LukasL’apostrophe, Théâtre des Arts, place des Arts,95000 Cergy. Jeudi 11 et v<strong>en</strong>dredi 12 avril à 10het 14h30, samedi 13 à 17h. Tél 01 34 20 14 14.ARRAS / VITRYMUSIQUE CONTEMPORAINEARS NOVADouble actualité de l’<strong>en</strong>semble dirigé depuis25 ans par Philippe Nahon.Philippe Nahon, directeur musical et chef <strong>en</strong> quêted’av<strong>en</strong>tures musicales depuis 25 ans avec son<strong>en</strong>semble…« Souv<strong>en</strong>t on me demande : “Au fond, qu’est-ceque vous faites ?”. Cela me convi<strong>en</strong>t, car j<strong>en</strong>’aime ri<strong>en</strong> tant que vivre des av<strong>en</strong>tures.C’était d’ailleurs déjà le cas du temps deMarius Constant, créateur de l’<strong>en</strong>semble <strong>en</strong>1963, si on compare le premier Ars Nova à lavoie, beaucoup plus droite, que suivait PierreBoulez, par exemple. Pour moi, une création,c’est avant tout une r<strong>en</strong>contre. Je ne veux passuivre une ligne directrice, savoir d’avance oùaller. Je préfère l’esprit de liberté, d’av<strong>en</strong>ture »confie Philippe Nahon, chef d’orchestre et<strong>en</strong>fant des années 60-70, fidèle à un certainesprit buissonnier, iconoclaste et frondeurqui tranche dans le paysage souv<strong>en</strong>t aseptiséde la musique contemporaine. Ars Nova fêtecette saison son cinquantième anniversaireet on le retrouve ce mois-ci d’abord associéà une représ<strong>en</strong>tation au Théâtre de Vitry del’opéra miniature « la Maison qui chante »de Betsy Jolas, pour quatre chanteurs-marionnettistes(le 21 avril à 16h, tout public),puis au Théâtre d’Arras dans un programme<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t dédié à un hommage du compositeurfranco-arg<strong>en</strong>tin Sébastian Rivasau célèbre album « Kind of Blue » de MilesDavis, parfois considéré comme le plus granddisque de l’histoire du jazz. Conçu pour unechanteuse, une clarinette basse, un alto, unaccordéon, un trombone et de l’électronique<strong>en</strong> temps réel (partie t<strong>en</strong>ue par le compositeur),Electric Blue Kitch<strong>en</strong> est aussi « unepièce influ<strong>en</strong>cée par la mouvance expérim<strong>en</strong>tal<strong>en</strong>ew-yorkaise, la fameuse Beat G<strong>en</strong>eration», d’où l’utilisation de poèmes de O’Haraet Kerouac (le 11 avril à Arras). J. LukasThéâtre d’Arras, 7 place du Théatre,62000 Arras. Jeudi 11 avril à 20h.Tél. 03 21 71 76 30.Théâtre de Vitry, 1 place Jean-Vilar,94400 Vitry-sur-Seine. Mardi 23 avril à 19h.Tél. 01 55 53 10 60. Places : 7,50 à 12,50 €Musique et parolesSteph<strong>en</strong>SondheimLivretJames <strong>La</strong>pineNouvelle orchestrationde Michael StarobinMise <strong>en</strong> scène originaleà Broadway de James <strong>La</strong>pine.Originellem<strong>en</strong>t produità Broadway par The ShubertOrganization et EmanuelAz<strong>en</strong>berg. En accord avecPlaywrights Horizon, Inc.New York City, créateurde la production originalede Sunday in the Park withGeorge <strong>en</strong> 1983.SUNDAYIN THE PARKWITHGEORGEDirection musicaleDavid Charles AbellMise <strong>en</strong> scèneLee BlakeleyOrchestrePhilharmonique deRadio FranceChœur du ChâteletJulian Ov<strong>en</strong>d<strong>en</strong>Sophie-LouiseDannRebeccade Pont DaviesJessica WalkerNickolas GraceDavid CurryNouvelle productiondu Théâtre du ChâteletEn anglais, surtitré15 – 25 avril 2013chatelet-theatre.com01 40 28 28 40Réagissez sur www.journal-laterrasse.frrejoignez-nous sur facebook


42 classique avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 classique 43MUSéE D’ORSAYMUSIQUE DE CHAMBREVIVA VERDI<strong>La</strong> saison du Musée d’Orsay célèbre le visagechambriste du plus grand compositeur d’opérade la musique itali<strong>en</strong>ne au xix e siècle.<strong>La</strong> mezzo américaine J<strong>en</strong>nifer <strong>La</strong>rmore interprète desMélodies de Rossini et Ravel.Comm<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong> étonner ou s’<strong>en</strong> plaindre : la programmationmusicale du Musée d’Orsay a, cestemps-ci, le cœur itali<strong>en</strong>. Après le cycle « Torniamoall’antico e sarà un progresso » inauguréle mois dernier et qui s’achèvera le 23 mai avecl’opéra <strong>La</strong> S<strong>en</strong>na festeggiante de Vivaldi, l’imm<strong>en</strong>semezzo-soprano J<strong>en</strong>nifer <strong>La</strong>rmore donnele coup d’<strong>en</strong>voi d’une série intitulée « Viva Verdi »<strong>en</strong> chantant, accompagnée par Antoine PallocJOHANN STAMITZRICHARD STRAUSSJOSEF SUKSinfonietta Paris Chamber OrchestraDir. Michael BooneJEUDI 11 AVRIL•20 h 00église Réformée des Batignolles • 17 ePrix des places : 10 et 15 €.Pour l’achat des billets, veuillez consulterle site Internet : www.sinfoniettaparis.org© D. R.Dans le cadre des concerts de Radio-France au104, ce week-<strong>en</strong>d thématique offre une traverséeinédite <strong>en</strong> cinq concerts à la recherche devéritables trésors, à comm<strong>en</strong>cer par celui deMoctezuma, conte populaire et musical « jeunepublic » adapté par Christophe Donner sur unemusique de Marco-Antonio Perez-Ramirez avec<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Stocker (récitant) et l’<strong>en</strong>semble AccrocheNote (le 13 à 14h30). Égalem<strong>en</strong>t à l’affiche :les musici<strong>en</strong>s de l’Orchestre National de Francedans un programme chambriste dominé par lesœuvres du brésili<strong>en</strong> Villa-Lobos (le 13 à 16h),d’autres sons du Brésil, sous les doigts del’<strong>en</strong>semble Baroque Nomade dirigé par Jeanaupiano, des mélodies de Rossini et Ravel (le11 avril à 20h). Ce cycle de concerts pr<strong>en</strong>d placedans le cadre de la célébration du bic<strong>en</strong>t<strong>en</strong>airede la naissance du grand compositeur dont lamusique sera mise <strong>en</strong> regard d’œuvres de quelques-unsde ses contemporains tels Rossini,Respighi, Gounod et Ravel.J. LukasMusée d’Orsay, 62 rue de Lille, 75007 Paris.Jeudi 11 avril à 20h. Tél. 01 53 63 04 63.Places : 35 €.GAVEAUPIANO ET MUSIQUE DE CHAMBRELA FOLLE NUITTrois jours de concerts <strong>en</strong> compagnie desartistes du label Mirare.Le pianiste Jean-Claude P<strong>en</strong>netier ouvre lamanifestation dans le Quintette pour piano et cordes<strong>en</strong> fa mineur de Franck le 12 avril à 19h.R<strong>en</strong>é Martin, producteur de disques et deconcerts qu’on ne prés<strong>en</strong>te plus, met à l’affichela petite sœur parisi<strong>en</strong>ne de sa FolleJournée nantaise. Sous le titre « Folle Nuit àGaveau », onze concerts d’une heure à tariftout doux sont accueillis dans la placide sallede la rue <strong>La</strong> Boétie. Récitals de piano et programmeschambristes s’<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t dare-dare« à la Nantaise » <strong>en</strong> compagnie <strong>en</strong>tre autresde Claire Désert, Emmanuel Strosser, AnneQueffélec, H<strong>en</strong>ri Demarquette, Jean-ClaudeP<strong>en</strong>netier, David Kadouch, Abdel Rahman ElBacha, Flor<strong>en</strong>t Boffard, Iddo Bar-Shaï, des© D. R.quatuors Sine Nomine et Modigliani, du TrioWanderer ou de l’octuor les Violoncelles Français.Du classique « bon esprit ». J. LukasSalle Gaveau, 45 rue <strong>La</strong> Boétie, 75008 Paris.Du 12 avril à 19h au 14 avril à 19h.Tél. 01 49 53 05 07.104MUSIQUE DE CHAMBRE / BRéSIL / ARGENTINEUN WEEK ENDEN AMERIQUEDU SUDCinq concerts (à tout petits prix) <strong>en</strong> deuxjours, pour partir à la découverte d’un contin<strong>en</strong>tmusical <strong>en</strong>core méconnu.Le pianiste arg<strong>en</strong>tin (de Paris) Gustavo Beytelmann.© D. R.Christophe Frisch qui célèbre un « Brésil royal etimpérial, <strong>en</strong>tre ferveur et frivolité » (le 13 à 18h),le Quatuor Tana, jeune carré à cordes, dans unprogramme arg<strong>en</strong>tino-brésili<strong>en</strong> réunissant desœuvres jamais jouées <strong>en</strong> France de Piazzolla,Alberto Nepomuc<strong>en</strong>o, Daniel D’Adamo et Villa-Lobos (le 14 à 16h) et <strong>en</strong>fin, last but not least,un hommage prometteur aux nuits musicalesdu Bu<strong>en</strong>os Aires des années 30-50 (« Cafetín deBu<strong>en</strong>os Aires »), programme de pièces de Troilo,Mores, Pugliese et consorts arrangées et jouéespar le pianiste et compositeur Gustavo Beytelmann(le 14 à 18h) <strong>en</strong>touré de spécialistes decette musique délicate et fiévreuse à la fois :Reynaldo Anselmi au chant, Gilberto Pereyra aubandonéon, Cyril Garac au violon et LeonardoTeruggi à la contrebasse.J. LukasLe C<strong>en</strong>tquatre, 5 rue Curial, 75019 Paris.Les 13 et 14 avril. Tél. 01 53 35 50 00.Places : 5 €.SALLE PLEYELPIANO ET ORCHESTREMARTHA ARGERICHET CLAUDIO ABBADORetrouvailles de deux artistes d’exception– et d’un orchestre fabuleux – autour deBeethov<strong>en</strong>.<strong>La</strong> complicité de Claudio Abbado et de MarthaArgerich est l’une des belles histoires de l’interprétationmusicale du dernier demi-siècle. C’est avecle chef itali<strong>en</strong> que la pianiste arg<strong>en</strong>tine faisait, <strong>en</strong>1967, ses débuts discographiques <strong>en</strong> concertopour Deutsche Grammophon. Les deux artistesse sont régulièrem<strong>en</strong>t retrouvés, au gré des postesoccupés par le maestro, à Londres, à Berlinet plus récemm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tournée avec le MahlerChamber Orchestra, qu’il a fondé <strong>en</strong> 1997 commeune alternative aux grandes institutions symphoniques.C’est donc avec le MCO qu’il accueilleMartha Argerich pour le Premier Concerto de© Fred Toulet / Salle Pleyel© Jean-Baptiste Millot© D. R.Claudio Abbado à la Salle Pleyel : un événem<strong>en</strong>t,comme toujours.Beethov<strong>en</strong>. Claudio Abbado dirige <strong>en</strong>suite la Symphonie« écossaise » de M<strong>en</strong>delssohn, qui depuislongtemps accompagne Beethov<strong>en</strong> ou Mahler aupanthéon du chef d’orchestre. J.-G. LebrunSalle Pleyel, 252 rue du faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. Dimanche 14 avril à 20h.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 10 à 160 €.SALLE PLEYELSYMPHONIQUEORCHESTRECOLONNE<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Petitgirard accueille la jeune pianisteVictoria Kogan dans la Rhapsodie deRachmaninov. Il dirige égalem<strong>en</strong>t Tchaïkovskiet une œuvre du compositeur français JeanProdromidès.<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Petitgirard, directeur musical de l’OrchestreColonne.Avec Jean Prodromidès (né <strong>en</strong> 1927), <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>tPetitgirard partage au moins un point commun,outre le fait qu’ils sièg<strong>en</strong>t tous deux à l’Académiedes Beaux-Arts : avoir mis <strong>en</strong> musique le commissaireMaigret, respectivem<strong>en</strong>t pour le cinémaet la télévision. Surtout, ces deux compositeursont opté pour une musique directem<strong>en</strong>t accessible,bâtie sur des schémas dramatiques bi<strong>en</strong>rodés et servie par une parfaite connaissance del’orchestre. À la tête de son Orchestre Colonne,<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Petitgirard repr<strong>en</strong>d ici Traverses. Le restedu programme est russe, avec la Rhapsodie surun thème de Paganini de Rachmaninov (avec lapianiste Victoria Kogan, petite-fille du lég<strong>en</strong>dairevioloniste Oleg Kogan, <strong>en</strong> soliste) et la Symphoni<strong>en</strong>° 5 de Tchaïkovski. J.-G. LebrunSalle Pleyel, 252 rue du faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. Mardi 16 avril à 20h.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 10 à 30 €.BOUFFES DU NORDVOIX ET QUATUORJULIANE BANSE ETLE QUATOR VOCELe jeune (et excell<strong>en</strong>t) Quatuor Voce abordedes partitions relativem<strong>en</strong>t rares du répertoire,de M<strong>en</strong>delssohn à Graciane Finzi, <strong>en</strong>passant par Berg.Le Quatuor Voce aborde sans complexes le vasterépertoire pour quatuor à cordes, du romantisme aucontemporain.S’il s’est établi à l’âge classique, avec lesœuvres de Haydn et Mozart, le g<strong>en</strong>re du qua-© Stefan Bremertuor à cordes a depuis poursuivi son évolution,dev<strong>en</strong>ant un terrain d’expression majeur pourles compositeurs romantiques, tel M<strong>en</strong>delssohnqui y revi<strong>en</strong>t régulièrem<strong>en</strong>t. Le Quatuorop. 80, son testam<strong>en</strong>t musical, est l’un desplus forts exemples d’expression mélancoliquesublimée par l’écriture musicale - le compositeurv<strong>en</strong>ait de perdre sa sœur, la compositriceFanny M<strong>en</strong>delssohn. Au début du xx e siècle,l’École de Vi<strong>en</strong>ne s’empare à son tour du quatuor: lui adjoignant une voix de soprano, AlbanBerg <strong>en</strong> fait le support d’une expression dramatiqueremarquable dans sa Suite lyrique de1926. Interprète de l’œuvre aux côtés du QuatuorVoce, Juliane Banse crée égalem<strong>en</strong>t uneversion des Sieb<strong>en</strong> frühe Lieder de Berg arrangéepour quatuor à cordes, ainsi que le PremierQuatuor de Graciane Finzi (née <strong>en</strong> 1945), sur untexte d’Arthur Schnitzler. J.-G. LebrunThéâtre des Bouffes du Nord,37 bis boulevard de la Chapelle, 75010 Paris.Lundi 15 avril à 20h30. Tél. 01 46 07 34 50.Places : 24 €.CITÉ DE LA MUSIQUECONTEMPORAINKAIJA SAARIAHO<strong>La</strong> Cité de la musique invite à découvrir l’universde la compositrice finlandaise, l’unedes figures majeures de la création musicalecontemporaine.Le Quatuor Meta4 participe au « domaine privé »consacré à la Finlandaise Kaija Saariaho par la Citéde la musique.C’est <strong>en</strong>tre l’imm<strong>en</strong>sité du cosmos et le mouvem<strong>en</strong>tintime des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts que se situel’inspiration de Kaija Saariaho qui apparti<strong>en</strong>t,comme par exemple Philippe Manoury, à la premièregénération de compositeurs qui a d’embléemaîtrisé l’outil informatique et l’extrêmeraffinem<strong>en</strong>t de la p<strong>en</strong>sée créatrice qu’il permet.Elle a ainsi souv<strong>en</strong>t travaillé à l’Ircam, même siles cinq concerts qui ici découvr<strong>en</strong>t son « jardinsecret » ne font aucun usage de l’électroniquemusicale. Ce sont plutôt des archétypes esthétiquesqui sont mis <strong>en</strong> avant : le mouvem<strong>en</strong>tdans Maa, dans une chorégraphie nouvellede Luca Vegetti, ou la lumière dans <strong>La</strong>nternamagica, l’une des cinq pièces données <strong>en</strong> créationfrançaise. Si les ouvrages lyriques de KaijaSaariaho ont souv<strong>en</strong>t choisi la langue françaisede son librettiste Amin Maalouf (une suite tiréedu dernier <strong>en</strong> date, Émilie, sera donnée le 23avril), elle a aussi mis <strong>en</strong> musique la languefinnoise dans ses Leino Songs et c’est <strong>en</strong> toutelogique que ces concerts établiss<strong>en</strong>t une filiationavec les pages les plus novatrices de Sibelius(le Quatuor « Voces intimae » ou la SeptièmeSymphonie).J.-G. LebrunCité de la musique, 221 av. Jean-Jaurès,75019 Paris. Les 17, 18, 19 et 23 avril à 20h,le 20 avril à 17h30. Tél. 01 44 84 44 84.Places : 18 à 25 €.www.journal-laterrasse.frPartout !<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> <strong>en</strong> responsivedesign adapte son formatà vos terminaux.Lisez-nous partoutsur vos portableset vos tablettes.TM+ESCALE LE COMPOSITEUR DANS LA VILLE8, rue des Anci<strong>en</strong>nes-Mairies 92000 NanterreJeudi 25 avrilà 20h30Symphonie villeDirection <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t CuniotŒuvres de Cathy Berberian,Luciano Berioet Jonathan PontierV<strong>en</strong>dredi 26 avrilà 19hVariations <strong>en</strong> étoileDirection <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t CuniotŒuvres de BernardParmegiani, François Bayle,Jean Schwarz, Guy ReibelV<strong>en</strong>dredi 26 avrilà 20h30GénérationsDirection Marc DesmonsŒuvres de Oscar Strasnoy,Bruno Mantovani,Guy Reibel, Alexandros MarkéasRéservation au 39 92Location par internet :www.nanterre.frou www.fnac.comAccès RER AStation Nanterre-VilleSortie n°3,rue Maurice-Thorez(7 min. à pied)G.PCphoto : John Hogg


PRÉFETDE LA RÉGION44 classique avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 classique 4513 eFESTIVALDECRÉATIONMUSICALEOrchestre Colonnedirecteur musical <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t PetitgirardSALLE PLEYELMAR. 16 AVRIL À 20 HLAURENT PETITGIRARD directionVICTORIA KOGAN pianoProdromidèsTRAVERSESRachmaninovVARIATIONS SURUN THÈME DE PAGANINITchaïkovskySYMPHONIE Nº502-29MAI2013PARIS /VAL-DE-MARNEWWW.ALAMUSE.COMPLACES À PARTIR DE 10 €**Hors abonnem<strong>en</strong>t : places de 10 à 30 €WWW.ORCHESTRECOLONNE.FRTÉL. 01 42 33 72 89ORCHESTRE COLONNELic<strong>en</strong>ce 756227 – PolylogueSALLE PLEYELPIANODENISMATSUEVLe virtuose russe s’attaque à Moussorgski,Rachmaninov et Tchaïkovski.Il faut avoir vu une fois dans sa vie D<strong>en</strong>isMatsuev <strong>en</strong> concert. Le pianiste, originaired’Irkoutsk, pr<strong>en</strong>d le clavier à bras le corps,le fait sonner au maximum de sa puissance.On ne s’étonnera pas qu’il soit un complicede longue date du chef Valery Gergiev. D’unevirtuosité inc<strong>en</strong>diaire (il a remporté <strong>en</strong> 1998le Concours Tchaïkovski), son jeu, puissant,int<strong>en</strong>se, fait merveille dans le répertoirerusse – on l’imagine mal dans Mozart. Celatombe bi<strong>en</strong> : la Salle Pleyel l’invite pour unprogramme mêlant les Tableaux d’une expositionde Moussorgski à des Préludes, Etudes età la Sonate n°2 de Rachmaninov, sans oublierla Doumka de Tchaïkovski. Âmes s<strong>en</strong>sibles,s’abst<strong>en</strong>ir !A. PecqueurSalle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. V<strong>en</strong>dredi 19 avril à 20h.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 10 à 60 €.CHAMPIGNY-SUR-MARNEMUSIQUE ET CIRQUEVARIÉTÉPierre Roullier dirige cette œuvre hors normesde Mauricio Kagel, musique avec acrobatemise <strong>en</strong> scène par Karim Sebbar.Que 2e2m retrouve la musique de MauricioKagel (1931-2008), et c’est l’assurance d’unmom<strong>en</strong>t particulier, promesse d’émotionmusicale et de poésie décalée. Le compositeurarg<strong>en</strong>tin aimait à marier les formesautant qu’à détourner les regards conv<strong>en</strong>us(comme avec le très sarcastique Mare Nostrummis <strong>en</strong> scène par Mireille <strong>La</strong>rroche) ; cepourrait être aussi le credo de Pierre Roullier,qui dirige cette fois Variété, « fantaisie pourquatre acrobates et six musici<strong>en</strong>s » que met<strong>en</strong> scène Karim Sebbar. Intrigante, la musiquede Kagel, d’une rigueur exceptionnelle soussa simplicité appar<strong>en</strong>te, est une constantesource d’inspiration pour les artistes etd’émerveillem<strong>en</strong>t pour le public.J.-G. LebrunC<strong>en</strong>tre culturel Gérard Philipe, 50 boulevarddu Château, 94500 Champigny-sur-Marne.V<strong>en</strong>dredi 19 avril à 14h30, samedi 20 avril à20h30 (matinée scolaire le 18 avril à 14h30).Tél. 01 48 80 05 95. Places : 5,1 à 12,2 €.PéNICHE OPéRAANNIVERSAIRESOIRéE BENJAMINBRITTEN<strong>La</strong> Péniche Opéra fête l’anniversaire deB<strong>en</strong>jamin Britt<strong>en</strong>… sept mois avant la datede son c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire.Alors que tous les opéras du monde célèbr<strong>en</strong>tcette année le bic<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire de la naissancedes grands compositeurs lyriques itali<strong>en</strong> etallemand, la Péniche Opéra se devait de fêterLe ténor Christophe Crapez est à la fois chanteur etdirecteur artistique de cet hommage àB<strong>en</strong>jamin Britt<strong>en</strong>.le c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire de la naissance de leur équival<strong>en</strong>tanglais, B<strong>en</strong>jamin Britt<strong>en</strong>. Après l’échecrelatif du monum<strong>en</strong>tal Gloriana, celui-ci aurasurtout composé des opéras de chambre etdes mélodies. C’est sans doute grâce à celaqu’il est dev<strong>en</strong>u l’un des compositeurs modernesles plus joués. Des chanteurs plus prochesdu public port<strong>en</strong>t mieux les émotions dans leschefs-d’œuvre que sont Noye’s Fludde, CurlewRiver, Let make’s an opera !, The Rape of Lucretia…Pour cet anniversaire, Salomé Haller, EvaGruber et Christophe Crapez ont concocté unprogramme plein de surprises. A.T. Nguy<strong>en</strong><strong>La</strong> Péniche Opéra, face au 46 quai de Loire,75019 Paris. Samedi 20 avril à 21h.Tél. 01 53 35 07 77. Places : de 15 à 20 €.CONSERVATOIRE D’ART DRAMATIQUEMUSIQUE DE CHAMBRESAISONLES PIANISSIMESSuite des discrets et précieux r<strong>en</strong>dezvousmusicaux de la salle (historique) duConservatoire d’Art Dramatique.Le clarinettiste Olivier Patey (photo) et le pianisteRomain Descharmes vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>registrer les deuxsonates de Brahms pour Arties Records.Sans un c<strong>en</strong>time d’euro d’arg<strong>en</strong>t public, la sériedes concerts Les Pianissimes parvi<strong>en</strong>t depuis2005, à force de passion et de chance (cellede se voir ouvrir l’une des plus belles sallesde Paris), à réunir de nombreux spectateurs,à révéler de magnifiques tal<strong>en</strong>ts et à contribuerdans une atmosphère simple et convivialeà décoincer le rituel du concert classique. Al’occasion du lancem<strong>en</strong>t du label Arties quifait paraître son premier <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t, lasérie parisi<strong>en</strong>ne met à l’affiche un programmechambriste <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t dédié à Brahms : Intermezzipour piano op.117, Sonate pour piano &clarinette n°1 op.120 et Trio pour piano, violon& violoncelle n°3 op.114, avec Romain Descharmes(piano), Olivier Patey (clarinette), PierreFouch<strong>en</strong>neret (violon) et Gauthier Herrmann(violoncelle).J. LukasConservatoire National Supérieur d’ArtDramatique, 2 bis rue du Conservatoire,75009 Paris. Lundi 22 avril 2013 à 20h.Tél. 01 48 87 10 90.Geoffroy Couteau pianoLundi 29 avril 2013 à 20h00Programme – Johannes Brahms, Rhapsodies opus 79,Variations sur un thème de Paganini opus 35,Klavierstüke opus 119, Valses opus 39 (extraits).Salon Roland Bonaparte10 av<strong>en</strong>ue d’Iéna - 75116 ParisCocktail à l’<strong>en</strong>tracte, placem<strong>en</strong>t libre. Tarif 30 eTél. 01 40 96 08 38 et www.musicalitiy-club.comP<strong>en</strong>sez à réserver votre dîner après le concertdans un des restaurants du Shangri-<strong>La</strong>.© D. R.© D<strong>en</strong>iz Saylan© Cosimo Magliocca © D. R.SALLE PLEYELSYMPHONIQUEPAAVO JÄRVILe chef de l’Orchestre de Paris dirige un programmeRavel-Sibelius-Brahms.Leonidas Kavakos joue le Concerto pour violon deSibelius.Leonidas Kavakos est l’un des violonistes lesplus convoités du mom<strong>en</strong>t. Cette saison, il est<strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce à la fois au Philharmonique deBerlin et à l’Orchestre symphonique de Londres.Une reconnaissance méritée : le jeu de Kavakospossède une profondeur unique, une musicalitésincère, loin des sonorités standardisées d<strong>en</strong>ombre de violonistes actuels. A la Salle Pleyel,il s’attaque au Concerto pour violon de Sibelius,dont on att<strong>en</strong>d avec impati<strong>en</strong>ce le finaleincandesc<strong>en</strong>t. Paavo Järvi et l’Orchestre de Parisinterprèt<strong>en</strong>t deux grandes pages du répertoiresymphonique : les Valses nobles et s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>talesde Ravel et la Troisième symphonie de Brahms.On pourra toutefois regretter l’abs<strong>en</strong>cede cohér<strong>en</strong>ce de ce programme, empilant desœuvres sans rapport <strong>en</strong>tre elles. A. PecqueurSalle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. Mercredi 24 et jeudi 25 avril à 20h.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 10 à 85 €.NOTRE-DAME DE PARISORATORIOLA VIERGECréée à l’Opéra de Paris <strong>en</strong> 1880, cette œuvretémoigne de l’affection que Jules Mass<strong>en</strong>etportait aux voix de sopranos.<strong>La</strong> soprano française Norah Amsellem, trop rare àParis, incarne le rôle-titre de <strong>La</strong> Vierge de Mass<strong>en</strong>et.Dans le cadre de ses 850 ans, la Cathédralede Paris programme une œuvre méconnuequi avait été choisie par le Vatican pour célébrerl’an 2000 au Festival de Pâques. <strong>La</strong> Viergeest une « lég<strong>en</strong>de sacrée », divisée <strong>en</strong> quatregrandes scènes : l’Annonciation, les Noces deCana, le V<strong>en</strong>dredi Saint et l’Assomption. Lesvoix solistes sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t féminines,le Christ ne s’exprimant jamais, contrairem<strong>en</strong>taux archanges ou Marie-Madeleine. <strong>La</strong> scènede l’extase est l’une des plus belles jamaisécrites par Mass<strong>en</strong>et. Séduite par la puretéde la ligne vocale de la Vierge, MontserratCaballé avait créé l’un de ses derniers rôles.A Notre-Dame, le Chœur de l’Armée française© Christophe Abramowitz / Radio Francerejoignez-nous sur facebooket l’Orchestre du Conservatoire de Paris sontdirigés par Patrick Fournillier. A.T. Nguy<strong>en</strong>Notre-Dame de Paris, mercredi 24 avril à 20h30.Tél. 01 44 41 49 99. Places : de 12 à 20 €.NANTERREMUSIQUE CONTEMPORAINELE COMPOSITEURDANS LA VILLE<strong>La</strong> Maison de la musique de Nanterre r<strong>en</strong>dhommage au compositeur Guy Reibel sous ladirection de <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Cuniot.Figure importante de la scène musicale française,Guy Reibel, né <strong>en</strong> 1936, fut l’un des compagnonsde route de Pierre Schaeffer au sein duGroupe de Recherches Musicales dont il restamembre de 1963 à 1983. Musici<strong>en</strong> de la r<strong>en</strong>contre,porteur de certains des idéaux de partagedes années 70, le compositeur, chef d’orchestreet pédagogue Guy Reibel est à l’honneur d’unesérie de trois concerts proposés par l’EnsembleTM +, célébrant un compositeur « dans la cité »,musici<strong>en</strong> savant mais tourné vers les autres etsoucieux de transmission. Au programme, lorsde la première soirée (le 25 à 20h30), Le tonneaude Diogène (sur des textes de Rabelais), partitionhaute <strong>en</strong> couleurs mobilisant des musici<strong>en</strong>set chanteurs amateurs, puis une soiréede musique électroacoustique où les œuvresde Reibel voisineront avec celles de ses complicesParmegiani, Bayle ou Schwarz (le 26 à19h) avant un programme plus traditionneloù sa musique instrum<strong>en</strong>tale s’appréciera etsera mise <strong>en</strong> perspective, à l’écoute d’œuvresde trois de ses plus brillants élèves, désormaisreconnus : Oscar Strasnoy, Bruno Mantovani etAlexandros Markeas (le 26 à 20h30). J. LukasMaison de la musique de Nanterre, 8 rue desAnci<strong>en</strong>nes-Mairies, 92000 Nanterre.Tél. 39 92. Jeudi 25 avril à 20h30, v<strong>en</strong>dredi 26à 19h et 20h30.THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉESSYMPHONIQUEORCHESTRENATIONALDE FRANCEDaniele Gatti dans ses répertoires de prédilection: le chef itali<strong>en</strong> dirige Stravinsky etRavel, puis la Petite Messe sol<strong>en</strong>nelle deRossini.Daniele Gatti et l’Orchestre national de France poursuiv<strong>en</strong>tleur saison au Théâtre des Champs-Élysées.C’est dans la musique de Stravinsky que l’alchimie<strong>en</strong>tre Daniele Gatti et ses musici<strong>en</strong>sde l’Orchestre national de France s’est le plusLA FOLLE NUITA GAVEAUV<strong>en</strong>dredi 12 avril 201319h Quatuor Modigliani quatuor à cordesJean-Claude P<strong>en</strong>netier piano Debussy : Quatuor à cordes <strong>en</strong> sol mineur Franck : Quintette pour piano et cordes <strong>en</strong> fa mineur21h H<strong>en</strong>ri Demarquette violoncelleBoris Berezovsky piano Saint-Saëns : Sonate pour violoncelle et piano n°1 Rachmaninov : Sonate pour violoncelle et piano <strong>en</strong> sol mineur13h Claire Désert pianoEmmanuel Strosser piano Fauré : Dolly op. 56 Ravel : Ma Mère l’Oye Bizet : Jeux d’<strong>en</strong>fants op. 2215h Flor<strong>en</strong>t Boffard piano Wagner-Liszt : Mort d’Isolde Scho<strong>en</strong>berg : 3 Pièces pour piano opus 11 Bach : Suite française n°5 <strong>en</strong> sol majeur BWV 816 Scho<strong>en</strong>berg : Suite pour piano opus 2517h Iddo Bar-Shaï pianoLes 12, 13 et 14 avril 2013Les artistes du label MirareSamedi 13 avril 2013Couperin : Les Vergers fleuris / Les Moissonneurs / Les <strong>La</strong>ngueurs T<strong>en</strong>dresLes Baricades Mistérieuses / <strong>La</strong> Commère / Le Rossignol-<strong>en</strong>-Amour / Double duRossignol <strong>La</strong> Petite Pince-Sans-rire / <strong>La</strong> Bandoline / Les Fauvètes plaintives <strong>La</strong>Visionaire / <strong>La</strong> Misterieuse / Les Ombres Errantes / <strong>La</strong> Muse Plantine / Le Tic-Toc-Choc, ou Les Maillotins19h Romain Guyot clarinetteFlor<strong>en</strong>t Boffard pianoQuatuor Sine Nomine quatuor à cordes Claude Debussy : Rhapsodie pour clarinette et piano Jörg Widmann : Cinq Bruchstücke pour clarinette et piano Mozart : Quintette avec clarinette <strong>en</strong> la majeur K.581 Steve Reich : New York Counterpoint pour clarinette et bande <strong>en</strong>registrée21h Abdel Rahman El Bacha piano Beethov<strong>en</strong> : Sonate pour piano n°30 <strong>en</strong> mi majeur opus 109 Beethov<strong>en</strong> : Sonate pour piano n°31 <strong>en</strong> la bémol majeur opus 110 Beethov<strong>en</strong> : Sonate pour piano n°32 <strong>en</strong> ut mineur opus 111Dimanche 14 avril 201313h Les Violoncelles Français octuor de violoncelles Ravel : Tombeau de Couperin (extraits) Saint-Saëns : Romance opus 36 Berlioz : Nuits d’été (extraits) Granados : Intermezzo (extrait des Goyescas) Bizet : Carm<strong>en</strong> (extraits)15h Trio Wanderer trio avec pianoClaire Désert piano Schumann : 8 ème Novelette opus 21 Mantovani : Suonare Schubert : 2 Marches pour piano à 4 mains Schubert : Notturno opus 148 Mantovani : Huit mom<strong>en</strong>ts musicaux17h David Kadouch piano Moussorgski : Tableaux d’une exposition Medtner : Sonate « Réminisc<strong>en</strong>ce » <strong>en</strong> la mineur opus 38, n°1 Taneïev : Prélude et Fugue <strong>en</strong> sol dièse mineur opus 2919h Anne Queffélec pianoSatie & compagnieProgramme exceptionnel conçu comme un véritable voyage musical à la r<strong>en</strong>contre decompositeurs demeurés largem<strong>en</strong>t méconnus mais qui ont fait, eux aussi, les richesheures la musique française dans les premières déc<strong>en</strong>nies du XX e siècle.Satie : 1 ère Gnossi<strong>en</strong>ne, Le Piccadilly, 1 ère GymnopédiePoul<strong>en</strong>c : PastourelleDebussy : RêverieRavel : A la manière de ChabrierDebussy : Le petit nègreHahn : FrontispiceSéverac : Où l’on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d une vieille boite à musiqueSatie : 4 ème Gnossi<strong>en</strong>neFerroud : NonchalanteSatie : 3 ème Gnossi<strong>en</strong>neDebussy : Clair de luneHahn : Le banc songeur, HivernaleSatie : 5 ème Gnossi<strong>en</strong>neDupont : Après-midi de dimancheSatie : 3 ème GymnopédieKoechlin : Le chant des pêcheursSchmitt : GlasRéservationsPar téléphone : 01 49 53 05 07 du lundi au v<strong>en</strong>dredi de 10h à 18hPar internet : www.sallegaveau.comAu guichet de la salle Gaveaudu lundi au v<strong>en</strong>dredi de 10h à 18h les jours de concert de 10h à 20hCrédits photos : Modigliani : ©Romina SHAMA / P<strong>en</strong>netier, Demarquette, Bar-Shaï, Les Violoncelles Français : ©François Séchet / Boffard : ©Philippe Gontier / Guyot, Désert & Strosser : ©Lyodoh Kaneko / El Bacha, Kadouch : ©Carole Bellaiche / Désert :©Vinc<strong>en</strong>t Garnier / Queffélec : ©Kourtney Roy


46 classique / opéra avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 tm+ / <strong>en</strong>semble orchestral de musique d’aujourd’hui / Focus 47fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, avec <strong>en</strong> particulier un étonnantSacre du printemps qui marquait ses débutscomme directeur musical. Dans les « scènesburlesques » de Pétrouchka, le « ballet russe »précédant le Sacre, les partis pris de couleur etde variation rythmique du chef itali<strong>en</strong> sembl<strong>en</strong>tparticulièrem<strong>en</strong>t appropriés. Deux œuvres deRavel, Daphnis et Chloé, autre ballet commandépar Diaghilev, et le Concerto « pour la main gauche» (avec Alexandre Tharaud <strong>en</strong> soliste) sontau programme (repris le 7 mai à l’Auditoriumde Dijon). Une semaine plus tard, Daniele Gattidirige dans son arbre généalogique et montreson affinité avec l’œuvre de Rossini, <strong>en</strong>touré de« stars » : Marie-Nicole Lemieux et Anna CaterinaAntonacci notamm<strong>en</strong>t. J.-G. LebrunThéâtre des Champs-Élysées, 15 av. Montaigne,75008 Paris. Lundis 29 avril et 6 mai à 20h.Tél. 01 56 40 16 16. Places : 5 à 85 €.SHANGRI-LA HOTELPIaNO / BRAHMSGEOFFROYCOUTEAURécital Brahms dans un palace parisi<strong>en</strong>.Ce discret pianiste français de 34 ans n’a pasatt<strong>en</strong>du cet âge de la première maturité pourexceller dans le grand répertoire romantique :depuis ses débuts, au fil des concerts et des<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts, Chopin, Alkan, Liszt ou Scriabin<strong>en</strong>e quitt<strong>en</strong>t plus son pupitre. C’est danset par Brahms qu’il s’est pleinem<strong>en</strong>t révélé aupublic mélomane et au monde musical, d’abord<strong>en</strong> remportant le 1 er Prix du Concours InternationalJohannes Brahms <strong>en</strong> 2005 <strong>en</strong> Autrichepuis trois ans plus tard <strong>en</strong> signant, chez Intrada,un <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t magistral des Klavierstückeopus 118 et 119 et de la Fantasi<strong>en</strong> opus 116 quimit la critique à ses pieds. De retour de V<strong>en</strong>iseoù il a joué Saint-Sa<strong>en</strong>s pour le public éclairédu Palazetto Bru-Zane, il revi<strong>en</strong>t à Paris et à soncompositeur de prédilection pour un récital oùson jeu limpide, lyrique et ard<strong>en</strong>t, mais aussi savision d’architecte face à la partition, seront misau service des Rhapsodies opus 79, Variationssur un thème de Paganini opus 35, Klavierstükeopus 119 avant de conclure avec quelques Valsesde l’opus 39. Ce récital pr<strong>en</strong>dra place dansle cadre original du Shangri-<strong>La</strong>, discret hôtel deluxe du XVI e arrondissem<strong>en</strong>t, installé dans l’exdemeuredu Prince Roland Bonaparte, petitneveude Napoléon.J. LukasShangri-<strong>La</strong> Hotel, salon Roland Bonaparte.10 av. d’Iéna, 75116 Paris. Lundi 29 avril à 20h.Tél. 01 40 96 08 38. Places : 30 €.opéraPALAIS GARNIERNOUVELLE PRODUCTIONHÄNSELET GRETELL’Opéra de Paris programme le chef-d’œuvred’Humperdinck dans une mise <strong>en</strong> scène deMariame Clém<strong>en</strong>t.Hänsel et Gretel est de nouveau à la mode. Aprèsle film blockbuster hollywoodi<strong>en</strong> sorti <strong>en</strong> marsdernier, l’Opéra de Paris programme ce contedans la version lyrique, plus traditionnelle, d’EngelbertHumperdinck. Un choix qui pr<strong>en</strong>d toutson s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> cette année Wagner, source d’influ<strong>en</strong>cemajeure d’Humperdinck. Cette nouvelleproduction a été confiée à Mariame Clém<strong>en</strong>t,qui s’est fait connaître <strong>en</strong> signant nombre demises <strong>en</strong> scène à l’Opéra du Rhin (Le Chevalierà la rose, <strong>La</strong> Flûte <strong>en</strong>chantée…). Son univers,oscillant <strong>en</strong>tre réalisme et onirisme, augure dumeilleur pour cette adaptation du conte des frèresGrimm. <strong>La</strong> distribution est elle aussi prometteuse,avec notamm<strong>en</strong>t la délicieuse Anne-CatherineGillet <strong>en</strong> Gretel et la charismatique AnjaOPéRA BASTILLEPHILIPPE JORDAN,DU PODIUM AU PIANOSilja, plus connue dans la musique de Janacek,<strong>en</strong> sorcière. A la baguette, Claus Peter Flor, briscarddu répertoire germanique. A. PecqueurPalais Garnier, 8 rue Scribe, 75009 Paris.Les 14, 16, 19, 22, 24, 27 avril et 3 et 6 mai à19h30. Tél. 0 892 89 90 90. Places : 10 à 180 €.THÉÂTRE DE L’ATHéNéENOUVELLE PRODUCTIONBLANCHE-NEIGEpositeur de musiques de film. Son stylese révèle efficace, plus néo-classiqueRéagissez sur www.journal-laterrasse.frgros planPianiste et chef d’orchestre, le jeune directeur musical de l’Opéra deParis, <strong>en</strong> état de grâce avec le public et ses musici<strong>en</strong>s parisi<strong>en</strong>s, joueBrahms au piano sur la scène de l’Amphithéâtre avant de poursuivre sonépopée Wagner dans la fosse de l’OpéraLIEDERABENDLA BELLEMAGUELONNEDie schöne Magelone de Johannes Brahmsrésonne à l’Amphithéâtre Bastille par les voixde Roman Trekel et de Marthe Keller.Ludwig Tieck publie <strong>en</strong> 1797 le récit épiquede la princesse Maguelonne et du ComtePierre de Prov<strong>en</strong>ce. Brahms met <strong>en</strong> musiquequinze romances tirées de ce recueil pourson unique cycle narratif de Lieder, dans lesannées 1860. Chantées pour la plupart à lapremière personne, ces mélodies introspectivesexprim<strong>en</strong>t les inquiétudes et les aspirationsdes différ<strong>en</strong>ts personnages. MartheKeller se charge de relier ces Lieder <strong>en</strong> nousracontant la fuite des deux amants hors deNaples, leur séparation accid<strong>en</strong>telle, la capturede Pierre par un sultan qui le verrait bi<strong>en</strong>épouser sa fille. Le baryton Roman Trekel,THÉÂTRE DU CHâTELETCOMéDIE MUSICALEspécialiste du Lied et pilier du Staatsoper deBerlin, est accompagné par Philippe Jordan,le directeur musical de l’Opéra National deParis. A.T. Nguy<strong>en</strong>L’Amphithéâtre Bastille, 120 rue de Lyon,75012 Paris. Les 16 et 17 avril à 20h.Tél. 08 92 89 90 90 (0,34 € la minute).Places : 25 €.BICENTENAIRE WAGNERSIEGFRIEDDans l’épopée de L’Anneau du Nibelung,Siegfried succède à L’Or du Rhin et <strong>La</strong>Walkyrie, avant Le Crépuscule des Dieuxfinal. <strong>La</strong> production de Günter Krämer estreprise à l’occasion du bic<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire de lanaissance de Richard Wagner.Meurtres, trahisons et incestes constitu<strong>en</strong>tune part importante de l’intrigue de la Tétra-SUNDAY IN THE PARKWITH GEORGEGros PlanLe peintre Georges Seurat est le héros d’une comédie musicale deSteph<strong>en</strong> Sondheim créée il y a tr<strong>en</strong>te ans.Après A Little Night Music <strong>en</strong> 2010, Swe<strong>en</strong>eyTodd <strong>en</strong> 2011, et avant Into the Woods la saisonprochaine, le Théâtre du Châtelet continued’explorer le répertoire de Steph<strong>en</strong> Sondheim<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>tant une pièce très originale, Sundayin the Park with George. Inspirée de Un dimancheaprès-midi sur l’Ile de la Grande Jatte, cettecomédie musicale se déroule d’abord dans lesannées 1880 lorsque Georges Seurat a peintcette toile emblématique du post-impressionnisme,et <strong>en</strong>suite dans les années 1980,alors que son arrière-petit-fils est égalem<strong>en</strong>tconfronté aux affres de la création. Conçue surun livret de James <strong>La</strong>pine pour un petit théâtredu Off Broadway, la pièce n’a été créée qu’avectrois instrum<strong>en</strong>tistes, dans une forme que lecompositeur a après coup rapprochée des opérasde chambre de B<strong>en</strong>jamin Britt<strong>en</strong>.Musical impressionnisteDans ce cadre intimiste, la partition est trufféede passages vifs et sériels, <strong>en</strong> un mot pointillistes,qui font écho au principe avant-gardistede pixellisation que Seurat appliquait dans sapeinture. <strong>La</strong> nouvelle orchestration prés<strong>en</strong>téeau Châtelet modifie <strong>en</strong> profondeur l’impact deWaut Koek<strong>en</strong> signe la mise <strong>en</strong> scène de Blanche-Neige.© Alain Kaiser.Le chef d’orchestre Philippe Jordan se produit commepianiste accompagnateur pour deux soirées avant deretrouver Wagner dans la fosse.logie de Wagner. Si Siegfried n’échappe pastotalem<strong>en</strong>t au sordide, il est souv<strong>en</strong>t l’opuspréféré des mélomanes, car considéré commel’interlude plaisant (de quatre heures toutde même) où chatoie un orchestre pléthoriqueévoquant la Nature romantique : forêts,oiseaux, ours et même dragon. Siegfriedincarne le héros emblématique de la mythologiegermanique, affranchi des dieux et seulcapable de conquérir l’anneau par sa forceet son courage. Pour cette reprise, la distributionréunit <strong>en</strong> grande partie les excell<strong>en</strong>tsélém<strong>en</strong>ts de la première série de représ<strong>en</strong>tations,avec <strong>en</strong> tête le Held<strong>en</strong>t<strong>en</strong>or Torst<strong>en</strong>Kerl, toujours placés sous la direction de PhilippeJordan.A.T. Nguy<strong>en</strong>Opéra Bastille, 120 rue de Lyon, 75012 Paris.Les 3, 11 et 15 avril à 18h, le 7 avril à 14h.Tél. 08 92 89 90 90 (0,34 € la minute).Places : 5 à 180 €.. Julian Ov<strong>en</strong>d<strong>en</strong> apporte son charisme et sa voix develours au double rôle de Georges.l’œuvre. Quant à la scénographie spectaculairede William Dudley, elle promet de reconstituersur scène l’imaginaire de Georges, dans un langagevisuel contemporain.A.T. Nguy<strong>en</strong>Théâtre du Châtelet, 2 rue Edouard-Colonne,75001 Paris. Du 15 au 25 avril à 20h sauf matinée(16h). Tél. 01 40 28 28 40. Places : 10 à 90 €.Rejoignez-nous sur FacebookLe Théâtre de l’Athénée programme l’opérade Marius Felix <strong>La</strong>nge, sous la direction deVinc<strong>en</strong>t Monteil.Outre Rhin, Marius Felix <strong>La</strong>nge, né <strong>en</strong>1968, est surtout connu comme comqu’avant-gardiste.Une esthétique que l’onretrouve dans son opéra familial Blanche-Neige, créé <strong>en</strong> 2011 à Cologne avant d’êtreadapté <strong>en</strong> langue française <strong>en</strong> 2012 àl’Opéra du Rhin à Strasbourg puis repris cemois-ci à l’Athénée. <strong>La</strong> distribution fait lapart belle aux jeunes voix (Kristina Bit<strong>en</strong>c,Hubert Claess<strong>en</strong>s, Marie Cubaynes, <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>tDeleuil…). L’Orchestre <strong>La</strong>moureux estdirigé par Vinc<strong>en</strong>t Monteil, directeur musicalde l’Opéra studio, lieu de formation dejeunes chanteurs pré-professionnels mis<strong>en</strong> place par l’Opéra du Rhin. Un spectacledécidém<strong>en</strong>t marqué du sceau pédagogique.A. PecqueurThéâtre de l’Athénée, 7 rue Boudreau,75009 Paris. Du 20 au 26 avril. Tél. 01 53 05 19 19.Places : 19 à 43 €.© Opéra national de Paris/ JF Leclercq© Vinc<strong>en</strong>t Peters© D. R.TM+ fait sa symphonie villeInstallé depuis 1996 à la Maison de la musique de Nanterre, TM+ assume pleinem<strong>en</strong>tson rôle d’acteur de la vie de la cité. Avec le projet Symphonie Ville, <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Cuniotet le compositeur Jonathan Pontier souhait<strong>en</strong>t pousser plus loin l’appropriation de lamusique d’aujourd’hui par les habitants. Et pour redonner toute sa place à l’écoute,TM+ invite Guy Reibel, pour qui écrire et transmettre relèv<strong>en</strong>t de la même mission del’« homme musici<strong>en</strong> ».ENTRETIEN CROISÉ e LAURENT CUNIOT et JONATHAN PONTIERlaboratoire de création<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Cuniot, directeur musical de TM+, et Jonathan Pontier, compositeur,revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sur la création de Symphonie Ville, le 25 avril à Nanterre.Comm<strong>en</strong>t ce projet de Symphonie Ville est-ilné ?<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Cuniot : Ce projet découle des actionsculturelles que nous développons à Nanterredepuis quinze ans. Pour familiariser le public avecla musique contemporaine, nous avons donné de“Faire connaître lamusique contemporaineau-delà d’un publicde fidèles.”<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Cuniotjouer avecles machinesLes concerts du 26 avril font découvrir lesressources de l’électroacoustique.L’OMNI, « corps sonore » aux 108 touches inv<strong>en</strong>té parPatrice Moullet.L’électronique a fait <strong>en</strong>trer la musique dansl’ère du laboratoire. Il reste à l’<strong>en</strong> faire sortir età retrouver ce qui a toujours été le fondem<strong>en</strong>tde la musique : le geste. Les studios de musiqueélectroacoustique, nés dans la foulée del’inv<strong>en</strong>tion de la musique concrète par PierreSchaeffer <strong>en</strong> 1948, <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t réinjecter unpeu de sang neuf à la lutherie traditionnellequi, après d’étourdissants progrès jusqu’auxix e siècle (que l’on songe aux multiples perfectionnem<strong>en</strong>tsdu clavecin au piano !), s’était<strong>en</strong>suite figé. Ce n’est pourtant pas dans cesstudios qu’est né le synthétiseur, où le gestefamilier décl<strong>en</strong>che des sons d’une richessea priori illimitée. L’OMNI, instrum<strong>en</strong>t imaginédans les années quatre-vingt par Guy ReibelEt aussi…nombreux concerts-r<strong>en</strong>contres et même commandédes œuvres à de jeunes compositeurspour des formations amateurs. Mais nous nousétions jusque-là limités à de petites formes ; avecla Symphonie ville, nous allons plus loin. Il y aurasur scène <strong>en</strong>viron soixante-dix musici<strong>en</strong>s, issusde trois formations amateurs de Nanterre (unatelier de percussions africaines, un steelband,une fanfare) et de TM+ (deux pianos et deux percussions).Des collégi<strong>en</strong>s ont par ailleurs travaillésur les sons électroniques, et des lycé<strong>en</strong>s sur ledispositif vidéo avec Olivier Garouste.Jonathan Pontier : Depuis de nombreusesannées, je pr<strong>en</strong>ds un plaisir imm<strong>en</strong>se à travailleravec les amateurs. Les compositeurs ne sontAvec L’Histoire du soldat, l’inclassable ouvrage de Stravinsky et Ramuz, TM+ et le metteur <strong>en</strong>scène Jean-Christophe Saïs ont atteint un miraculeux équilibre <strong>en</strong>tre poésie, musique et féerie.Le soldat (Mathieu G<strong>en</strong>êt) poursuit sa marche à Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce (du 13 au 15 mai) et Limoges(6 et 7 juin) ; il affronte toujours <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Cuniot, fascinant diable et chef d’orchestre.Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce, 380 av. Max-Juvénal, 13100 Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce. Tél. 04 92 91 69 70.Opéra de Limoges, 48 rue Jean-Jaurès, 87000 Limoges. Tél. 05 55 45 95 00.© Enrico Bartolucci<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t CuniotJonathan Pontierpas que des machines à écrire de la musique, cesont des musici<strong>en</strong>s ambulants qui doiv<strong>en</strong>t fairel’interface <strong>en</strong>tre le vivant et la création. Je nevoulais pas arriver à Nanterre avec un projet <strong>en</strong>kit, une idée à laquelle les interprètes allai<strong>en</strong>tse soumettre. J’ai préféré mettre <strong>en</strong> place deslaboratoires de création, où les formations amateursjou<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble – ce qui ne leur arrivejamais – et improvis<strong>en</strong>t. Symphonie Ville est leautour de Guy ReibelTM+ invite le compositeur et pédagogue Guy Reibel.Compositeur, Guy Reibel s’est d’emblée inscritdans la famille des découvreurs de mondes nouveaux,ceux ouverts par l’irruption de l’électroniquedans l’univers musical. En 1963, à vingt-septans, il <strong>en</strong>tre au Groupe de recherches musicales(GRM) de Pierre Schaeffer, là où la musiques’inv<strong>en</strong>te, là aussi où l’on cherche les meilleuresfaçons de la diffuser – mieux : de la faire écouter! Dans un monde où la création musicalesavante pr<strong>en</strong>d parfois le risque de s’<strong>en</strong>fermer <strong>en</strong>son laboratoire, la démarche de Guy Reibel viseà lui redonner un écho dans la cité. Pédagogue,il utilise tous les moy<strong>en</strong>s à sa disposition pouret le guitariste Patrice Moullet, va plus loinpuisqu’il crée un nouveau geste instrum<strong>en</strong>talpuisant dans des catégories de jeu cep<strong>en</strong>dantbi<strong>en</strong> établies : les c<strong>en</strong>t huit plaques de cetobjet multicolore sont tour à tour frappées,touchées, effleurées, activant sons et motifsmusicaux échantillonnés. J.-G. LebrunMaison de la musique de Nanterre,v<strong>en</strong>dredi 26 avril à 19h et 20h30.“De la musique par,pour et avec les g<strong>en</strong>s.”Jonathan PontierPortraittoucher l’oreille. Ses élèves au Conservatoir<strong>en</strong>ational supérieur de musique de Paris – où il<strong>en</strong>seigne la composition après avoir contribué àfonder la classe de composition électroacoustique– voi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lui un auth<strong>en</strong>tique passeur : « unhomme d’une grande liberté, qui appr<strong>en</strong>d à êtreautodidacte » dit ainsi de lui Bruno Mantovani,invité du concert du 26 avril aux côtés de deuxautres anci<strong>en</strong>s élèves, Oscar Strasnoy et AlexandrosMarkéas (on compr<strong>en</strong>d à l’écoute de leursœuvres respectives que Guy Reibel n’a jamais euà cœur de former des épigones !). Dès les annéessoixante-dix, à l’ORTF – qui devi<strong>en</strong>dra bi<strong>en</strong>tôt<strong>La</strong> villeet l’œuvre© Atelier Beau/Voir© Béatrice Heyligersrésultat final de ce processus de travail. Je mesuis lâché dans la virtuosité d’écriture, c’est uneœuvre très rythmique, pulsée.Pourquoi avoir choisi d’associer cette créationà des œuvres de Luciano Berio et CathyBerberian ?L. C. : On peut retrouver chez Berio, dont nousdonnons les Folksongs, des préoccupationsanalogues : il a cherché à faire le li<strong>en</strong> avec lesmusiques populaires et traditionnelles pourles intégrer dans la musique d’aujourd’hui.Stripsody de Cathy Berberian sera interprété,un clin d’œil qui joue le décalage, avec dessons de comics américains, notamm<strong>en</strong>t lefameux cri de tarzan, chanté par une chanteuselyrique.Quel regard portez-vous globalem<strong>en</strong>taujourd’hui sur la place de la créationcontemporaine dans la cité ?L. C. : Un regard positif ! En France, il y a, avecl’aide des pouvoirs publics, une vraie prise deconsci<strong>en</strong>ce de la nécessité de faire connaîtrela musique contemporaine au-delà d’un publicde fidèles. Alors qu’à l’étranger, je ress<strong>en</strong>s souv<strong>en</strong>tun plus grand conformisme ou une certaineforme de résignation. Espérons que lesprochaines années, qui s’annonc<strong>en</strong>t difficiles,ne frein<strong>en</strong>t pas ce dynamisme.J. P. : Je ne me retrouve pas dans la figure ducompositeur solitaire. Dans ce projet à Nanterre,nous avons fait de la musique par, pour et avecles g<strong>en</strong>s. Il y a aussi la question des méthodes :je ne p<strong>en</strong>se pas qu’il faille se limiter à celle dela musique écrite, on peut travailler sur l’oralité,l’informatique. <strong>La</strong> lecture de notes ne doit pasêtre une barrière. Enfin, il me semble ess<strong>en</strong>tielde r<strong>en</strong>dre à la musique contemporaine son statutde folie, son rôle de subversion par rapportaux formats commerciaux.Propos recueillis par Antoine PecqueurMaison de la musique de Nanterre,jeudi 25 avril à 20h30.Radio France –, il profite des li<strong>en</strong>s tissés avec leGRM pour lancer des émissions pédagogiquesqui marqueront durablem<strong>en</strong>t la mémoire, telsL’Oreille <strong>en</strong> colimaçon ou Les Enfants d’Orphée,persuadé qu’une écoute initiée peut permettrede lever les barrières qui sépar<strong>en</strong>t le « grandpublic » du répertoire contemporain plus <strong>en</strong>coreque des œuvres classiques. Surtout, il remet lejeu au c<strong>en</strong>tre de la musique, qui n’est plus dèslors la seule affaire de spécialistes virtuosesmais le possible lieu de r<strong>en</strong>contres de toutesles curiosités.Jean-Guillaume LebrunUne journée de r<strong>en</strong>contres accompagne lacréation de Symphonie Ville.A l’occasion de cette création événem<strong>en</strong>t, TM+organise le mercredi 24 avril trois tables rondes,avec l’Ariam Île-de-France et <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec leC<strong>en</strong>tre de docum<strong>en</strong>tation de la musique contemporaine.<strong>La</strong> première (de 9h30 à 12h30), destinéeà un public professionnel (directeurs des affairesculturelles, directeurs et professeurs de conservatoires,coordinateurs d’actions culturelles…)aborde la question de l’œuvre, qu’elle soit du passéou contemporaine, dans les politiques culturelles.Les deux autres r<strong>en</strong>contres sont ouvertes à tousles publics. <strong>La</strong> première (de 14h à 16h) s’intéresseà l’av<strong>en</strong>ture de l’écoute, au chemin qui conduitl’auditeur à <strong>en</strong>trer dans l’imaginaire du compositeur.L’occasion d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre des témoignages decompositeurs, d’<strong>en</strong>seignants et du public de TM+.<strong>La</strong> deuxième (de 16h30 à 18h30) s’interroge sur lanotion d’œuvre : une histoire individuelle ou collective? Comme le rappelle <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Cuniot, « on a eut<strong>en</strong>dance à survaloriser la pratique au détrim<strong>en</strong>tde l’écoute de l’œuvre ».A. PecqueurMaison des initiatives citoy<strong>en</strong>nes,20 rue de Stalingrad, 92000 Nanterre,mercredi 24 avril. Entrée libre.TM+Maison de la musique deNanterre, 8 rue des Anci<strong>en</strong>nes-Mairies, 92000 NanterreTél. 01 41 37 94 21www.tmplus.org


48 classique / opérajazz / musiques du mondela terrasse avril 2013 / N°208 jazz / musiques du monde 49OPéRA BASTILLENOUVELLE PRODUCTIONLA GIOCONDAMarcelo Alvarez et Violeta Urmana se partag<strong>en</strong>tl’affiche de l’opéra de Ponchielli.© D. R.czak, qui était la doublure du rôle-titre, incarnela Fée et Eva Ganizate chante C<strong>en</strong>drillon (<strong>en</strong>alternance), après avoir été Zénobie. MireilleDelunsch veille sur leur préparation vocalepour ce spectacle.A.T. Nguy<strong>en</strong>Opéra Comique, 1 place Boieldieu,75002 Paris. Les 17, 18 et 19 avril à 20h.Tél. 08 25 01 01 23 (0,15 € la minute).Places : de 6 à 45 €.ENTRETIEN e XAVIER LEMETTREspécial banlieues bleues30 ANS DE VIE EN BLEULe directeur du festival Banlieues Bleues déf<strong>en</strong>d plus que jamaisune programmation novatrice et métisse qui part du jazz pour mieuxs’<strong>en</strong> détacher, et une approche des publics qui concilie exig<strong>en</strong>ce etproximité.LE MANSfestival / JAZZEUROPAJAZZgros planChaque printemps, ce festival propose un bon état des lieux du jazzactuel.Daniel Or<strong>en</strong> dirige <strong>La</strong> Gioconda de Ponchielli.Contrairem<strong>en</strong>t à son prédécesseur, le directeurde l’Opéra de Paris Nicolas Joël a un faiblepour les opéras véristes. Après avoir programméAndrea Chénier de Giordano, il exhume <strong>La</strong> Giocondade Ponchielli. Intrigues s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tales etcharme mélodique (kitsch, diront certains !) sontau r<strong>en</strong>dez-vous. Comme à son habitude, NicolasJoël sait constituer des distributions vocalesalléchantes, avec notamm<strong>en</strong>t la soprano VioletaUrmana et le ténor Marcelo Alvarez, à laprojection rutilante (déjà à l’œuvre dans AndreaChénier). L’Orchestre de l’Opéra est placé sousla direction efficace, mais parfois routinière, deDaniel Or<strong>en</strong>. Quant à la mise <strong>en</strong> scène, elle seraréalisée par l’octogénaire Pier Luigi Pizzi et s’annoncesans surprise.A. PecqueurOpéra Bastille, 120 rue de Lyon,75012 Paris. Les 2, 7, 10, 13, 17, 20, 23 et 31 maià 19h30 et le 26 mai à 14h30. Tél. 0 892 89 90 90.Places : 5 à 180 €.OPéRA COMIQUEOPéRA DE CHAMBRECENDRILLON DEPAULINE VIARDOTVocalem<strong>en</strong>t brillante mais simplem<strong>en</strong>t accompagnéeau piano, cette C<strong>en</strong>drillon composéepar Pauline Viardot est un <strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t.Le chorégraphe Thierry Thieû Niang met <strong>en</strong> scène leconte de Perrault dans une version lyrique pleine delégèreté.Avant de consacrer un colloque aux femmescompositrices, l’Opéra Comique programmeC<strong>en</strong>drillon, une opérette féerique de PaulineViardot (1821-1910). Cette cantatrice au destinexceptionnel aura <strong>en</strong>flammé les grandes figureslittéraires et musicales du xix e siècle. Tourgu<strong>en</strong>iev,tout d’abord, la suit partout, écrit lelivret de trois opérettes qu’elle met <strong>en</strong> musiqueet lui lègue tous ses bi<strong>en</strong>s matériels. GeorgeSand fait d’elle (sans la nommer) l’héroïne deson roman Consuelo et projette d’adapter pourelle <strong>La</strong> Mare au Diable <strong>en</strong> opéra. Elle assisteà la création américaine du Don Giovanni deMozart <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce du librettiste, Lor<strong>en</strong>zoDa Ponte. Sa sœur, la diva Maria Malibran,meurt prématurém<strong>en</strong>t et Pauline semble être<strong>en</strong> mesure de repr<strong>en</strong>dre ses rôles. Excell<strong>en</strong>tecomédi<strong>en</strong>ne, virtuose et dotée d’une longueurde voix exceptionnelle, elle fait s<strong>en</strong>sation <strong>en</strong>créant des emplois taillés à la mesure de sontal<strong>en</strong>t : Orphée de Gluck dans la version réviséepar Berlioz, Fidès dans Le Prophète de Meyerbeer…C’est au xx e siècle qu’elle compose pourses élèves son ultime chef-d’œuvre, C<strong>en</strong>drillon.Cette partition poétique est idéale pour mettre<strong>en</strong> valeur les qualités des chanteurs del’Académie, la nouvelle troupe francophone deFavart. On retrouve des interprètes très prometteursde Ciboulette : Magali Arnault Stan-© Jean-Louis Fernandez.LA NACELLEOPéRETTE SECRèTELE VERFÜGBARAUX ENFERSRire et émotion travers<strong>en</strong>t ce pastiche écrit<strong>en</strong> camp de conc<strong>en</strong>tration et redécouvert il ya quelques années seulem<strong>en</strong>t.Sol<strong>en</strong>ne Keravis, l’une des nombreuses interprètesféminines de cette opérette composée dans le campde Rav<strong>en</strong>sbrück.L’ethnologue Germaine Tillion est déportéean 1943 au camp de Rav<strong>en</strong>sbrück. Avec sescodét<strong>en</strong>ues, elle y compose <strong>en</strong> cachette LeVerfügbar aux Enfers, une opérette qui tourne<strong>en</strong> dérision la vie au camp d’une Verfügbar,nom donné aux femmes déportées soumisesau travail. Assemblage ludique de chansons,d’opérettes (Phi-Phi de Christiné, Ciboulettede Reynaldo Hahn, Orphée aux Enfers d’Off<strong>en</strong>bach…)et de grands airs de musique classique(Orphée et Eurydice de Gluck, Chanson tristede Duparc…) sur de nouvelles paroles, cetteœuvre comique utilise le rire comme échappatoire.Décédée <strong>en</strong> 2008, la compositrice apu voir son œuvre jouée pour la première foisdans un théâtre <strong>en</strong> 2007. Il ne faut pas ratercette œuvre rare, divertissem<strong>en</strong>t irrésistible,porteur d’espoir et de vie. A.T. Nguy<strong>en</strong><strong>La</strong> Nacelle, rue de Montgardé,78410 Auberg<strong>en</strong>ville. V<strong>en</strong>dredi 12 avril à 21h.Tél 01 30 95 37 76. Places : 15 €.TREMBLAY-EN-FRANCEREPRISELA BOTTE SECRèTE<strong>La</strong> compagnie Les Brigands revisite l’opérabouffe de Claude <strong>Terrasse</strong>.<strong>La</strong> compagnie Les Brigands, ambassadeursde l’opérette <strong>en</strong> France.Dirigée par Loïc Boissier, la compagnie Les Brigandsdépoussière depuis plus de dix ans lerépertoire de la musique légère, Off<strong>en</strong>bach <strong>en</strong>tête. Des relectures théâtrales, avec un jeu d’acteursrythmé et impertin<strong>en</strong>t, et musicales, grâceà un travail toujours subtil d’orchestration. LesBrigands continu<strong>en</strong>t de tourner avec <strong>La</strong> Bottesecrète de Claude <strong>Terrasse</strong>, sur un livret irrésistiblede Franc-Nohain et dans une mise <strong>en</strong> scènede Pierre Guillois. Délectable. A. PecqueurThéâtre Louis Aragon, 24 boulevard de l’Hôtelde-Ville,93290 Tremblay-<strong>en</strong>-France.V<strong>en</strong>dredi 19 avril à 20h30. Tél. 01 49 63 70 58.Places : 10 et 20 €.© D. R. © D. R.Après 30 ans de concerts, est-il plus facileou plus compliqué d’imaginer une nouvellemouture ?Xavier Lemettre : Les deux ! Le réseau s’étoffe,mais il y a tant de propositions ! A BanlieuesBleues la délimitation des champs artistiquesest floue, la programmation réunit non seulem<strong>en</strong>tles familles jazz mais aussi pas mal desatellites, voire des artistes qui ne font abso-“Banlieues Bleues,C’est de l’art singulier,non formaté,et surtout pasde la duplication dechoses qui march<strong>en</strong>t.”Xavier Lemettrelum<strong>en</strong>t pas de jazz ! Ce manque de chapelleid<strong>en</strong>tifiable ne plaît pas à tout le monde, celapeut brouiller les repères dans un pays quiaime les étiquettes… C’est de l’art singulier,non formaté, et surtout pas de la duplicationde choses qui march<strong>en</strong>t.Conçoit-on une tr<strong>en</strong>tième édition commetoute autre édition ?X. L. : Je ne voulais pas être nostalgique. Onaurait pu raconter notre histoire, comme onl’avait fait avec “Jazz comme une image” pourles 15 ans, mais cette fois je voulais regarderle prés<strong>en</strong>t. Je voulais prés<strong>en</strong>ter les paysagesd’aujourd’hui et demain, am<strong>en</strong>er de l’inédit,monter des créations, même si ce n’est pasévid<strong>en</strong>t dans le climat économique actuel…Faire avancer les artistes, faire découvrir dunouveau au public, on s’est donné ce risquepour mission.<strong>La</strong> prise de risque est dev<strong>en</strong>ue rare dans lesprogrammations de festivals.X. L. : Je me souvi<strong>en</strong>s du premier concert duNigéri<strong>en</strong> Bambino, alors inconnu <strong>en</strong> Franceau Blanc-Mesnil <strong>en</strong> 2011. Aujourd’hui, il joueà Pleyel, son nouveau disque crée l’effervesc<strong>en</strong>ce,il est incontournable ! Cette année, onprogramme deux fois Vinc<strong>en</strong>t Peirani, accordéonisteextrêmem<strong>en</strong>t doué : je suis sûr quedans un an ou deux il sera partout ! Il existeune frilosité chez pas mal de programmateurs,mais c’est pourtant notre rôle de défricher,de faire grandir le tal<strong>en</strong>t. Les noms qu<strong>en</strong>ous programmons sont parfois totalem<strong>en</strong>tinconnus et nos propositions déconcertantes,mais nous voulons et devons persévérerdans cette ouverture. Le risque fait partie d<strong>en</strong>otre métier.L’exig<strong>en</strong>ce de la programmation va de pairavec une ambiance, un état d’esprit qui r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>tles concerts les plus pointus accessibles.X. L. : Au départ on s’est heurté aux idéesreçues : élitisme, avant-gardisme, passéisme,tout et son contraire ! On va à l’<strong>en</strong>contre detous les clichés, et on touche les petitscomme les grands. Le territoire de BanlieuesBleues est évidemm<strong>en</strong>t partie pr<strong>en</strong>ante de laprogrammation, je ne sais pas quelle seraitla programmation si nous étions au bord dela mer <strong>en</strong> plein été ! Il s’agit d’être ouvert, exigeant,avec des prix légers, des ateliers et descontacts directs <strong>en</strong>tre artistes et publics…Les actions musicales sont dev<strong>en</strong>ues consubstantiellesà la programmation artistique…X. L. : L’idée est de transmettre, de créerune r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre artistes et publics, <strong>en</strong>permettant d’intégrer de nouveaux horizons,de nouvelles pratiques. <strong>La</strong> constructiondes actions se fait sur le terrain, avecles artistes et les part<strong>en</strong>aires locaux. Lesrésultats sont passionnants, r<strong>en</strong>versant leslogiques d’échec scolaire, réconciliant lesados et leurs profs, voire les gamins <strong>en</strong>treeux, valorisant tous les interv<strong>en</strong>ants. Et lorsdes concerts, les publics de connaisseurs seretrouv<strong>en</strong>t au milieu de collégi<strong>en</strong>s et lycé<strong>en</strong>squi s’impliqu<strong>en</strong>t au fil des actions. Cela ancrele concert sur le territoire et produit du s<strong>en</strong>s.Le but n’est pas de mélanger publics etartistes, mais d’<strong>en</strong>raciner la musique dansle champ social, toujours avec une logiqueartistique.Chaque année, le festival se voit fragilisédans son fonctionnem<strong>en</strong>t par la m<strong>en</strong>ace planantsur les politiques culturelles nationaleset territoriales. Quel est l’état actuel du souti<strong>en</strong>public au spectacle vivant ?X. L. : Les g<strong>en</strong>s ont <strong>en</strong>vie, ont besoin des’ouvrir avec les concerts ; les subv<strong>en</strong>tionssont nécessaires pour garder une politiquetarifaire incitative. Si l’actuel gouvernem<strong>en</strong>ta émis le principe d’une culture sanctuarisée,avec une priorité pour l’aide à la création,c’est bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du le budget qui poseaujourd’hui problème. Quels moy<strong>en</strong>s veut-onse donner pour assumer ces priorités ? Leprojet de loi d’ori<strong>en</strong>tation est c<strong>en</strong>sé mettre<strong>en</strong> chantier un plan de relance, mais nousautres acteurs culturels restons vigilantsquant au respect de ces <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts, avecune certaine crainte.Et si vous ne deviez assister qu’à un concertde cette édition ?X. L. : Il est évidemm<strong>en</strong>t impossible derépondre ! Mais disons la première soirée, le5 avril, pour avoir l’espoir de voir les suivantes! Noël Akchoté est plus qu’un musici<strong>en</strong>doué, c’est un personnage. Son interprétationde Gesualdo, un mythe trouble de lamusique anci<strong>en</strong>ne, <strong>en</strong> remplaçant les cinqvoix des madrigaux par cinq guitares, seraun événem<strong>en</strong>t et, je m’<strong>en</strong> réjouis d’avance,un concert exceptionnel. Car c’est bi<strong>en</strong> làque tout se décide, sur scène. Le live est lecouperet final balayant toutes nos autresconsidérations !Propos recueillis parJean-Luc Caradec et Vanessa FaraBanlieues Bleues, du 5 au 26 avril <strong>en</strong>Seine-Saint-D<strong>en</strong>is. Tél. 01 49 22 10 10.www.banlieuesbleues.orgRéagissez sur www.journal-laterrasse.fr© Caradec / F451 Prod© Alexandre <strong>La</strong>combe© Caradec / F451 ProdIl y a trois ans, Armand Meignan dans cesmêmes colonnes résumait les <strong>en</strong>jeux de cefestival né avec les années 1980. « Notreambition était de donner une autre image dujazz, plus ouverte que le seul format classiqueauquel on p<strong>en</strong>se trop souv<strong>en</strong>t, et le public a aufil des années suivi ces propositions qui leur arévélé des tal<strong>en</strong>ts et ouvert des perspectivesinédites. » Cette version du jazz sera <strong>en</strong>core àl’œuvre avec cette tr<strong>en</strong>te-quatrième édition quis’ét<strong>en</strong>d désormais sur deux mois, si l’on ti<strong>en</strong>tcompte des deux tours “régionaux” <strong>en</strong> préambule: Bojan Z et Sylvain Luc y seront ainsi <strong>en</strong>Médéric Collignon est l’une des têtes d’affiche del’Europajazz festival.LES LILASFESTIVAL / VOIX DU MONDELESENCHANTEUSESDixième édition du festival vocal du Triton.Après avoir mis <strong>en</strong> musique et chanté Cummings,Celan, Yeats, Jeanne Added prépare le nouveau répertoirede son trio « Yes is a Pleasant Country ».Onze soirées et plateaux vocaux fémininssont à l’affiche de la nouvelle édition dece festival défini comme celui des « voixde femmes du monde ». Clotilde Rullaudpousse la porte du club des Lilas la premièreles bras chargés de ses « Invincibleflowers » (le 4), avant que Claudia Solal (<strong>en</strong>duo avec B<strong>en</strong>jamin Moussay) ne la referme23 jours plus tard. A signaler aussi : le duode choc composé de Joëlle Léandre et<strong>La</strong>ur<strong>en</strong> Newton (le 13), Jeanne Added dontle trio « Yes is a pleasant country » s’estinstallé <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce au Triton <strong>en</strong> 2013pour développer son nouveau répertoire(le 19 avril) ou <strong>en</strong>core Maria Berasarte (le26) avec son nouveau projet « Todas lashoras son viejas » <strong>en</strong>tre Espagne, PaysBasque et Portugal, toujours portée parles guitares de José Peixoto et José LuisMonton.J.-L. CaradecLe Triton, 11 bis rue du Coq-Français,93 Les Lilas. Du 4 au 27 avril.Tél. 01 49 72 83 13.© Caradec / F451 Prodsolo du 12 au 30 mars. Quant à l’accordéonistePascal Contet, il sera l’un des fils conducteursdu festival, on le retrouvera <strong>en</strong> effet <strong>en</strong> solo oupour une création avec Nosfell, mais aussi avecune classe d’accordéonistes…H<strong>en</strong>ry ThreadgillNuit du jazz manouche, nuit salsa et nuitdes fanfares, duos superlatifs (Barre Phillipset Jacques Demierre, Marty Ehrilch et MyraMelford, Marilyn Crispell et Gerry Hemingway)et solos ext<strong>en</strong>sifs (Emilie Lesbros, RégisHuby, Pierre Durand, Sylvain Kassap, DanielMille…), l’Europajazz festival multiplie lespropositions, invitant les tal<strong>en</strong>ts de demaincomme certaines des formations les plus <strong>en</strong>vue du jazz actuel (Médéric Collignon, IbrahimMaalouf, Joshua Redman). Et il faut bi<strong>en</strong><strong>en</strong>t<strong>en</strong>du noter la prés<strong>en</strong>ce (trop rare) d’un descréateurs les plus passionnants du post-jazzaméricain : H<strong>en</strong>ry Threadgill, compositeur quia toujours vu bi<strong>en</strong> plus loin que le bout de sonfree-jazz, façonnant un univers aux facettesmultiples. Le New-Yorkais débarque avec son<strong>en</strong>semble Zooid le 11 mai à l’Abbaye de l’Épau.Immanquable.Jacques D<strong>en</strong>isFestival EuropaJazz, du 4 avril au 12 mai auMans et dans sa région. www.europajazz.frRejoignez-nous sur FacebookSTUDIO DE L’ERMITAGE / CIRQUE éLECTRIQUE /DYNAMO DE BANLIEUES BLEUESfestivalSURNATURALFESTIVALCinquième édition du festival du SurnaturalOrchestra.Thomas de Pourquery, saxophoniste et chanteur d’InsultReason, le 5 avril à 20h au Cirque Electrique.Big band polymorphe, double héritier de laculture de la fanfare mais aussi de la grandeformation virtuose à l’écriture pointue, le Surnat’poursuit sa route et… son festival ! Cettemanifestation déclinée <strong>en</strong> six soirées et éclatée<strong>en</strong> trois lieux est d’abord un prétexte pour réunirune famille de musici<strong>en</strong>s amis partageantleur goût de la démesure sonore, de la performanceet du s<strong>en</strong>s festif. Au programme, <strong>en</strong>treautres : la chanteuse Elise Caron, la pianisteEve Risser, le guitariste Marc Ducret, Flat EarthSociety, Insult Reason et deux soirées de clôtureprestigieusem<strong>en</strong>t associées à la programmationde Banlieues Bleues <strong>en</strong> compagnie duSurnatural Orchestra <strong>en</strong> personne, qui inviteraCamille Boitel puis le Magnetic Ensemble (les8 et 9 à la Dynamo). J.-L. Caradec<strong>La</strong> Dynamo, 9 rue Gabrielle-Josserand,93500 Pantin. Les 8 et 9 avril à 20h30.Tél. 01 49 22 10 10. Et aussi les 2, 3 et 4au Studio de l’Ermitage (Tél. 01 44 62 02 86) etle 5 avril au Cirque électrique (Tél. 09 54 54 47 24).Réagissez sur www.journal-laterrasse.frrejoignez-nous sur facebook


50 jazz / musiques du monde avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 jazz / musiques du monde 511155_BB_FESTIV_13_AP_LATERRASSE_AVRIL_122x367_Mise <strong>en</strong> page 1 07/03/13 12:31 Page1LOVE MUSIC ORGANISATIONSPRÉSENTECatherine <strong>La</strong>ra&Le Sirba OctetÀ L’avec Pascal Contet“ Au cœur de l’âme yiddish ”Les 12 & 13 Avril 2013 à 20h30Booking : Elysa Rouillat06 72 17 69 22 - elysa.rouillat@orange.frLOCATIONS : FNAC - CARREFOUR - GEANT - FNAC.COMVIRGIN MEGASTORE - AUCHAN - LECLERC - TICKETNET.FRAGENCES ET POINTS DE VENTE HABITUELS OU DIRECTEMENT A :WWW.ALHAMBRA-PARIS.COM - TÉL : 01 40 20 40 25danbe_Mise <strong>en</strong> page 1 04/03/13 12:48 Page1V<strong>en</strong>dredi 19 avril 2013 à 20h00Dimanche 21 avril 2013 à 16h00à la Cité nationale de l’histoire de l’immigrationRéservations au 01 53 59 58 64 30Siret : 514 024 140 - RCS Paris - Lic<strong>en</strong>ces 2 - 1028848 & 3 - 1028849 - Création : Mickael Hannard - 03/ 13spécial banlieues bleuesLA COURNEUVE / CRéATIONACCORDéONFRISSONS GARANTISENTRETIEN e VINCENT PEIRANI2013 promet d’être l’année de chance de l’accordéoniste et compositeurVinc<strong>en</strong>t Peirani, dev<strong>en</strong>u à 31 ans, au mom<strong>en</strong>t où sort son premier album<strong>en</strong> tant que leader (sur le label allemand Act), le musici<strong>en</strong> dont tout lemonde parle… Autre signe favorable : il est pour la première fois l’invitéde Banlieues Bleues pour une création att<strong>en</strong>due où son trio r<strong>en</strong>contreson complice <strong>en</strong> duo Michel Portal.Vous avez choisi d’intituler votre premieralbum Thrill Box…Vinc<strong>en</strong>t Peirani : Ce qui signifie « la boîte àfrissons » ! Ce titre est à la fois un clin d’œilà ce surnom quasi historique de l’accordéonmais fait aussi référ<strong>en</strong>ce aux différ<strong>en</strong>ts « frissons» que l’on peut retrouver dans l’album. Eneffet, de nombreuses influ<strong>en</strong>ces s’y côtoi<strong>en</strong>t,des musiques très différ<strong>en</strong>tes où chacun peuttrouver sa propre émotion…Comm<strong>en</strong>t avez-vous conçu ce trio ?V. P. : J’avais <strong>en</strong>vie d’<strong>en</strong>registrer quelquechose d’acoustique. En discutant avecAxel Matignon, avec qui nous avons produitce disque, nous sommes arrivés àcette formule du trio piano, contrebasse etaccordéon. L’association accordéon-pianon’est pas évid<strong>en</strong>te du fait des rôles quasiid<strong>en</strong>tiques des deux instrum<strong>en</strong>ts mais ce« chall<strong>en</strong>ge » m’a beaucoup plu ! Concernantle choix des musici<strong>en</strong>s, j’avais <strong>en</strong>viede musici<strong>en</strong>s polyval<strong>en</strong>ts, ouverts sur « lesmusiques », un peu comme moi… C’est trèsimportant, car dans mes projets, je peuxavoir <strong>en</strong>vie de jouer aussi bi<strong>en</strong> une valsemusette qu’un standard de jazz complètem<strong>en</strong>téclaté, <strong>en</strong> passant par des musiquestraditionnelles asiatiques…Michel Portal, qui a beaucoup joué <strong>en</strong> duoavec Richard Galliano, et avec lequel vousjouez régulièrem<strong>en</strong>t aussi <strong>en</strong> duo, sera votreinvité à Banlieues Bleues. Vous ressemblezvous?V. P. : Je ne sais pas si nous nous ressemblons,mais il est sûr que nous avons quelquespoints communs, ne serait-ce que cettedouble casquette de musici<strong>en</strong> classique etmusici<strong>en</strong> de jazz. Je travaille depuis près de10 ans avec des musici<strong>en</strong>s classiques, notamm<strong>en</strong>tavec le violoncelliste François Salque…Faire de la musique aux côtés de Michel Portal,cela a d’abord représ<strong>en</strong>té la réalisationd’un rêve d’ado ! Et puis après, une fois surscène, c’est la liberté absolue, la légèreté, lacomplexité ! Il y a beaucoup de dramaturgiedans sa musique. J’appr<strong>en</strong>ds énormém<strong>en</strong>tTRIANONNOUVEL ALBUMKYLE EASTWOODLe contrebassiste a réussi à se faire un prénomet l’étr<strong>en</strong>ne avec classe sur la scène duTrianon.Kyle a composé plusieurs bandes originales de filmsde son père Clint : Million Dollar Baby, Gran Torino ou<strong>en</strong>core Invictus.Kyle Eastwood pourrait très bi<strong>en</strong> repr<strong>en</strong>dreà son compte l’hymne de Joséphine Baker :« J’ai deux amours, mon pays et Paris ». Carc’est depuis qu’il s’est installé <strong>en</strong> France quele fils de Clint Eastwood a réussi à imposer sapatte dans le monde du jazz. Contrebassiste,bassiste électrique et compositeur délicat,il vi<strong>en</strong>t d’intégrer l’écurie du nouveau labelhexagonal Jazz Village. Enregistré au célèbrestudio <strong>La</strong> Buissonne dans le Vaucluse, « TheView From Her » dégage un doux parfum degroove.M. DurandTrianon, 80 bd. de Rochechouart,75018 Paris. Mardi 23 avril à 19h30.Tél. 01 44 92 78 00. Places : 20 à 80 €.PLEYELCONTREBASSE / JAZZ ISRAéLIENAVISHAI COHENA salle spéciale, configuration spéciale : lecontrebassiste israéli<strong>en</strong> ajoute un quatuor àcordes à son trio magnétique.Si c’est <strong>en</strong> trio qu’Avishai Coh<strong>en</strong> s’est imposécomme l’une des figures phares du jazz© Jean-Baptiste Millot“Une fois sur scène,c’est la libertéabsolue, la légèreté,la complexité !”Vinc<strong>en</strong>t Peiraniavec lui, sur scène et <strong>en</strong> dehors. Il a beaucoupd’humour et est toujours curieux de découvrirde nouvelles choses. C’est une leçon demusique et d’humanité à chaque fois et unechance incroyable de pouvoir partager cesmom<strong>en</strong>ts avec lui.Propos recueillis par Jean-Luc CaradecNouvel album : Thrill Box (chez ACT) avecle contrebassiste Michel B<strong>en</strong>ita et le pianisteMichaël Wollny.C<strong>en</strong>tre Culturel Jean Houdremont, 11 av. duGénéral-Leclerc, 93120 <strong>La</strong> Courneuve.Jeudi 11 avril à 20h30. Tél. 01 49 22 10 10.(En première partie : le guitariste Paolo Angeli)Rejoignez-nous sur FacebookL’Israéli<strong>en</strong> Avishai Coh<strong>en</strong> va faire vibrer la salle Pleyel.contemporain, le contrebassiste n’a decesse de varier les plaisirs. Dans son dernierdisque <strong>en</strong> date, « Du<strong>en</strong>de », c’est <strong>en</strong>duo avec le jeune pianiste Nitai Hershkovitsqu’il s’amuse à dialoguer et à revisiter (<strong>en</strong>treautres) le classique de Thelonious Monk,« Criss Cross ». Pour sa v<strong>en</strong>ue Salle Pleyel,l’Israéli<strong>en</strong> va <strong>en</strong>core plus loin et marie sonimpétueux trio jazz gorgé de tradition juiveavec un quatuor à cordes. M. DurandSalle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. Dimanche 5 mai à 20h.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 30 à 45 €.STUDIO DE L’ERMITAGEACCORDéONLIONEL SUAREZL’accordéoniste prés<strong>en</strong>te son premier album<strong>en</strong> leader : Cocanha !Lionel Suarez <strong>en</strong> trio au Studio de l’Ermitage.Des années que le nom du natif de Rodezfigure au dos des pochettes, sur les programmesdes festivals. Lionel Suarez s’estfait les doigts <strong>en</strong> multipliant les pistes, durock à la chanson, des bals au jazz. Au ser-© D. R.© Yoko Higuchi© Gérald Fleury© D. R.© D. R.vice des autres, dans tous les g<strong>en</strong>res, avantde trouver <strong>en</strong> André Minvielle un part<strong>en</strong>airesingulier pour former un fameux Tandem. Levoilà de retour sur une scène qu’il pratiquecouramm<strong>en</strong>t, cette fois à la tête de son trio(violoncelle et guitare) pour un album à sonimage : forcém<strong>en</strong>t hors des catégories bi<strong>en</strong>cernées.J. D<strong>en</strong>isStudio de l’Ermitage, 8 rue de l’Ermitage,75020 Paris. Mardi 9 avril à 20h30.Tél. 01 44 62 02 86. Places : 15 €.L’EUROPEENBIG BAND / HOMMAGE à ELLINGTONDUKE ORCHESTRALe big band de <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Mignard dédié à DukeEllington fête ses 10 ans.<strong>La</strong> chanteuse Nicolle Rochelle, née à New York,d’origines anglaise, jamaïcaine et costaricaine,à l’affiche de la soirée du 23 avril.Trois concerts sont programmés à L’Europé<strong>en</strong>pour célébrer cet anniversaire sousle titre « Ellington 3 D » : « Ellington Fr<strong>en</strong>chTouch » pour souligner l’histoire d’amourqui lia le grand musici<strong>en</strong> avec notre pays,dans un spectacle mêlant musique, danse,chansons, comédie musicale et vidéo (le21), « Multicolored Duke » (le 22) pour uneévocation du répertoire Ellingtoni<strong>en</strong> dédiéà l’exploration des sons du monde, <strong>en</strong> particulierà travers les magistrales suitesorchestrales de la fin de sa carrière (LiberianSuite, Afro- Bossa, Far East suite, <strong>La</strong>tinAmerican Suite, Afro-Eurasian Eclipse…), et<strong>en</strong>fin, « Duke <strong>La</strong>dies » faisant la part belleaux chanteuses et aux portraits de femmesqui travers<strong>en</strong>t son œuvre, à comm<strong>en</strong>cer parune certaine et inoubliable Sophisticated<strong>La</strong>dy… (le 23).J.-L. CaradecL’Europé<strong>en</strong>, 3 rue Biot, 75017 Paris.Dimanche 21 avril à 17h30, lundi 22 à 20h30et mardi 23 à 20h30. Tél. 01 43 87 97 13.Places : 35 €BAISER SALéPERCUSSIONS / GWO KA / GUADELOUPESONNY TROUPéLe batteur et percussionniste guadeloupé<strong>en</strong>signe un album autour de la tradition dugwo ka.« Voyages et rêves… », tels sont les projetsde Sonny Troupé.S o u s l e t i t re é v o c a teur « Voya ges e trêves… », Sonny Troupé semble vouloir nousfaire voyager dans sa mémoire musicale etrêver d’une musique nouvelle issue de sesr<strong>en</strong>contres et de son histoire personnelle.Né <strong>en</strong> 1978, guidé pour ses premiers pas© D. R.musicaux sur les routes de la Guadeloupepar son père Georges Troupé, saxophoniste,Sonny est depuis son <strong>en</strong>fance amoureux duson et des rythmes du tambour ka. Pourson premier opus personnel, il a construitson quartet autour de trois spécialistes dela fusion <strong>en</strong>tre gwo ka et jazz : le pianisteet spécialiste du F<strong>en</strong>der Rhodes GrégoryPrivat, le bassiste Mike Armoogum et lepercussionniste Olivier Juste. Un noyaudur autour duquel gravit<strong>en</strong>t de nombreuxinvités prestigieux, symboles de l’ouverturemusicale du leader qui ne veut r<strong>en</strong>oncer àaucune couleur pour sa musique, de l’electroau rock : K<strong>en</strong>ny Garrett, Magic Malik, LinleyMarthe, Christian <strong>La</strong>viso, etc. J.-L. CaradecLe Baiser Salé, 58 rue des Lombards,75001 Paris. Les 12 et 13 avril à 21h30.Tél. 01 42 33 37 71.spécial banlieues bleuesClichy-sous-BoisHIP-HOPSOWETO KINCHEntre théâtre sonique, opéra post-moderne etshow bouillant, la nouvelle création du jeunesaxophoniste-rappeur britannique promet unmaelström de sons.Parallèlem<strong>en</strong>t à cette création à Banlieues Bleues,« The Leg<strong>en</strong>d of Mike Smith » sort sur disquele 28 avril.The Leg<strong>en</strong>d of Mike Smith. Tel est le titre dunouveau projet pharaonique de Soweto Kinchqu’il imagine comme un croisem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>treL’Enfer de Dante et <strong>La</strong> Passion selon Saint-Jean de Bach. Concoctée avec la complicitédu pionnier londoni<strong>en</strong> du théâtre hip-hop, lemetteur <strong>en</strong> scène Jonzi D., cette création sepropose de conter le chemin de croix d’unMC courtisé par une maison de disques…Objet polymorphe au carrefour de la danse,de la poésie, de la vidéo, du jazz et du hiphop,cet opéra inouï est à l’image de soncréateur : explosif et inclassable. Electronlibre de la scène britannique depuis plusd’une déc<strong>en</strong>nie, Soweto Kinch cumule lescasquettes avec une aisance et un naturelfascinants. Saxophoniste dynamite, rappeurhabité, émulateur de projets transg<strong>en</strong>res,ce tr<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire est une arme de séductionmassive. Hôte régulier de Banlieues Bleuesdepuis des années, il est lui-même à l’origined’un événem<strong>en</strong>t singulier, The FlyoverShow, festival transartistique basé à Birmingham,sa ville de résid<strong>en</strong>ce. Héritier deGil Scott-Heron comme de Jackie MacLeanou de Mos Def, Soweto Kinch convoque dansson univers sans limites toute l’histoire de laGreat Black Music. Car plus qu’un musici<strong>en</strong><strong>en</strong>thousiasmant, il est aussi un poète inspiréet <strong>en</strong>gagé. Dans son opus sorti <strong>en</strong> 2011 « TheNew Emancipation », il invitait l’auditeur à selibérer de toutes les chaînes invisibles qui<strong>en</strong>gonc<strong>en</strong>t notre xxi e siècle. Un programmesalvateur dont « The Leg<strong>en</strong>d of Mike Smith »est la suite logique.M. DurandEspace 93 Victor-Hugo, 3 place de l’Orangerie,93390 Clichy-sous-Bois. Mardi 23 avril à 20h30.Tél. 01 43 88 58 65. Places : 10 à 18 €.BelleVille 2013 / Illustration Blutch / Banlieues Bleues (Lic<strong>en</strong>ces 1-1051171 / 2-1033270 / 3-1052603)HAPPYBANLIEUESBLEUES!DESCONCERTSDE 8€ À 20€05/04_SAINT-OUENCARLO GESUALDO -MADRIGALS FORFIVE GUITARS/France, États-Unis, Pologne+ EGBERTOGISMONTI SOLO /Brésil06/04_AUBERVILLIERSORLANDO JULIUS &THE HELIOCENTRICS/Nigéria, Grande-Bretagne+ ZAM ROCK FEAT.RIKKI ILILONGA,JAGARI CHANDA,KARL HECTOR& THE MALCOUNS/Zambie, Allemagne07/04 _PANTINBRAKA, ELEPHANTS,LITTLE GIANTS :BIG TIME !/France, Afrique du Sud08/04_PANTINCABARALSURNATURALORCHESTRA INVITELA CIE L’IMMÉDIATDE CAMILLE BOITEL/France09/04_PANTINSURNATURALORCHESTRA+ MAGNETICENSEMBLE /France11/04_LE CENTQUATREABRAHAM INC. FEAT.DAVID KRAKAUER,FRED WESLEY ANDSOCALLED /États-Unis, Canada11/04_LA COURNEUVEPAOLO ANGELI SOLO/Italie+ VINCENT PEIRANITHRILL BOX INVITEMICHEL PORTAL/France, Allemagne12/04_VILLEPINTEJUAN DE MARCOSAFRO-CUBANALL STARS /Cuba12/04_BOBIGNYDEAD COMBO /Portugal+ SYLVAIN RIFFLET -JON IRABAGONPERPETUAL MOTION,A CELEBRATIONOF MOONDOG/France, États-Unis13/04_ÉPINAY-SUR-SEINELIZZ WRIGHT /États-Unis+ MESHELLN’DEGEOCELLOPOUR UNE ÂMESOUVERAINE -A DEDICATIONTO NINA SIMONE/États-Unis14/04_PIERREFITTEAZIZ SAHMAOUI& NIÑO JOSELE/France, Espagne, Sénégal15/04_PANTINCLEAN FEED LA DYNAMOBALONI/Belgique, France, Allemagne+ CHES SMITH& THESE ARCHES/États-Unis16/04_LE BLANC-MESNILLIVIO MINAFRA SOLO/Nigéria+VINICIO CAPOSSELAREBETIKOGYMNASTAS /Italie, Grèce17/04_TREMBLAY-EN-FRANCEBIRÉLI LAGRÈNEQUARTET /France18/04_PANTINTAKE FIVE EUROPE2013 /France, Pays-Bas, Pologne,Royaume-Uni, Norvège, Arg<strong>en</strong>tine+ THE RICH TAILORSPARALLELS/France, Royaume-Uni30 e festivalJAZZ EN SEINE-SAINT-DENIS5-26 AVRIL201319/04_MONTREUILDJ GRAZZHOPPA’SDJ BIGBAND INVITEMARIE DAULNE& JUICE ALEEM/Belgique, France, Grande-Bretagne20/04_GONESSEBALLAKÉ SISSOKOAT PEACE /Mali, France+ TOUMANI DIABATÉ& SYMMETRICORCHESTRA /Mali22/04_PANTINDANIEL HUMAIRQUARTET SWEET& SOUR /France23/04_CLICHY-SOUS-BOISROCÉ GUNZ’N ROCÉ/France+ SOWETO KINCHTHE LEGENDOF MIKE SMITH/Grande-Bretagne23/04_STAINSKAMILYA JUBRAN& SARAH MURCIANHAOUL /France, Palestine24/04_LE BLANC-MESNILMERIDIANBROTHERS /Colombie+ uKanDanZ/France, Éthiopie25/04_SAINT-OUENINTERZONEEXTENDED/France, Liban, Syrie, Grèce+ YOM LE SILENCEDE L’EXODE /France26/04_BOBIGNYKAMILYA JUBRAN& SARAH MURCIA DUO/France, Palestine+ MARCEL, RAMI& BACHAR KHALIFÉ/Libanwww.banlieuesbleues.org / 01 49 22 10 10Réagissez sur www.journal-laterrasse.frrejoignez-nous sur facebook


52 jazz / musiques du monde avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 jazz / musiques du monde / chanson 53spécial banlieues bleuesBOBIGNY / CREATION / MOONDOG / JON IRABAGONwww.musiques-metisses.comConception graphique, Cédric Gatillon © 2013 – Lic<strong>en</strong>ce 2 : 106 807 - Lic<strong>en</strong>ce 3 : 106 808ENTRETIEN e sylvain riffletSUR LES PAS DE MOONDOGUne des créations les plus excitantes et improbables de l’édition 2013de Banlieues Bleues. Le saxophoniste Sylvain Rifflet revisite <strong>en</strong> sons et<strong>en</strong> images, avec la complicité de son frère Max<strong>en</strong>ce Rifflet (créationvidéo), la personnalité et la musique un peu oubliées de Moondog,figure extravagante du New York underground des années 50-70, ami deLeonard Bernstein ou Charlie Parker, source d’inspiration et d’influ<strong>en</strong>cedes pionniers de la musique répétitive…Ce projet est un hommage à Moondog. A quoiêtes-vous s<strong>en</strong>sible dans sa musique, sa personnalité,sa démarche ?Sylvain Rifflet : Je suis arrivé à Moondog parle biais de la musique répétitive américaine(Reich, Glass, etc.) et c’est Xavier Lemettre,directeur de Banlieues Bleues, qui, il y a quelquesannées, m’a fait remarquer qu’il voyaitdans mon travail quelques similitudes avecMoondog. De là est née ma curiosité pourMoondog, de son vrai nom Louis Thomas Hardin,et mon désir d’approcher son répertoirepour ce projet. « Perpetual Motion » est unelibre interprétation d’une sélection de piècesde son répertoire que nous jouerons tantôtà la lettre tantôt de manière plus libre, maistoujours <strong>en</strong> se souciant d’apporter un son singulier,notamm<strong>en</strong>t par le bais de l’utilisationd’instrum<strong>en</strong>ts-jouets, d’instrum<strong>en</strong>ts préparésou de traitem<strong>en</strong>ts sonores.Cette création associe un autre saxophoniste,Jon Irabagon, dont on parle beaucoup àNew York mais <strong>en</strong>core peu connu <strong>en</strong> France.S. R. : Je connais Jon depuis une quinzained’années maint<strong>en</strong>ant, nous avons tous deuxGoran BregovicÂ, Groundation,Alpha Blondy,38 e www.journal-laterrasse.frPartout !<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> <strong>en</strong> responsive designadapte son format à vos terminaux.Lisez-nous partout sur vos portableset vos tablettes.fait partie du « All-American College band »à Los Angeles dans le cadre des universitésd’été de Disney (et oui !!!). Nous parlionsdepuis longtemps de travailler <strong>en</strong>semble etil m’a semblé que ce projet offrait une excell<strong>en</strong>teoccasion de le faire car le saxophoneoccupe une place importante dans les <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>tsde Moondog, mais aussi parcequ’il a vécu lui aussi à la fois à New York puis<strong>en</strong> Europe la deuxième partie de sa vie.<strong>La</strong> dim<strong>en</strong>sion visuelle aura toute sa placedans ce projet. Quel sera son rôle ?S. R. : Dès le départ, nous avons essayé d’<strong>en</strong>visagerce concert dans une forme globale,dans une dramaturgie qui puisse à la fois r<strong>en</strong>drecompte de la théâtralité du personnageNEW MORNINGFLAMENCO JAZZDAVE HOLLANDET PEPEHABICHUELAUne lég<strong>en</strong>de du jazz s’associe à une figureculte du flam<strong>en</strong>co.Dave Holland et Pepe Habichuela, le plaisir de lar<strong>en</strong>contre.Depuis plus de quarante ans, le bassisteDave Holland a multiplié les av<strong>en</strong>tures, sanscéder une once de créativité. Du Miles électriqueà son réc<strong>en</strong>t quintette tout acoustique,de son duo avec Barre Philips à sonbig band, le totémique Britannique maîtrisetoute la grammaire du jazz. Quant au guitaristeandalou Pepe Habichuela, héritierde la grande tradition du flam<strong>en</strong>co, il s’estdéjà abandonné à d’autres plaisirs, commeavec Don Cherry. Autant dire que ces deux-làpartag<strong>en</strong>t une même ouverture d’esprit donttémoigne Hands, séminal album qui les associaitrécemm<strong>en</strong>t.J. D<strong>en</strong>isNew Morning, 7 & 9 rue des Petites-écuries,75010 Paris, mardi 9 avril à 21h.Tél. 01 45 23 51 41. Places : 27 €.spécial banlieues bleuesNOUVEAU THÉÂTRE DE MONTREUILHIP-HOPDJ GRAZZHOPPA’SDJ BIG BANDCe fascinant orchestre de scratcheurs exploreles li<strong>en</strong>s fertiles qu’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t jazz ethip-hop.Il fallait oser. DJ Grazzhoppa l’a fait. Quandce virtuose des platines a fondé il y a dix ans© D. R.© César Merino“Je suis arrivé àMoondog par le biaisde la musique répétitiveaméricaine.”Sylvain Riffletde Moondog et gérer les différ<strong>en</strong>ts élém<strong>en</strong>tsdu concert. Il y aura <strong>en</strong> effet sur scène, <strong>en</strong>plus de mon groupe Alphabet et de Jon Irabagon,la pianiste Eve Risser, un chœur d’unecinquantaine d’<strong>en</strong>fants de Bobigny et de <strong>La</strong>Courneuve, une scénographie lumineuseet de la vidéo. Je travaille depuis plusieursannées avec mon frère Max<strong>en</strong>ce Rifflet surles rapports <strong>en</strong>tre images et musique ; pource projet, la vidéo se définit à la fois commeun portrait actuel du quartier où vivait Moondog,mais aussi comme un pont <strong>en</strong>tre NewYork et Bobigny. Elle sera tantôt un élém<strong>en</strong>tmusical à part <strong>en</strong>tière tantôt un complém<strong>en</strong>t,un miroir ou une illustration de ce qui se jouesur le plateau.Propos recueillis par Jean-Luc CaradecSalle Pablo Neruda, 31 av. du Présid<strong>en</strong>t-Salvador-All<strong>en</strong>de, 93000 Bobigny. V<strong>en</strong>dredi 12avril à 20h30. Tél. 01 49 22 10 10. (En premièrepartie : Dead Combo, duo portugais composé desguitaristes Tó Trips et Pedro Gonçalves).Rejoignez-nous sur FacebookDe l’harmoniciste Toots Thielemans au pianisteJef Neve : DJ Grazzhoppa a collaboré avec la crème dujazz belge.déjà un big band de DJ, les Birdy Nam Namet autre C2C qui font le bonheur des scènesélectro actuelles n’étai<strong>en</strong>t que des embryons.Collectionneur de victoires de compétitionsde DJ-ing et haute figure du monde du rapbelge, DJ Grazzhoppa a très vite voulu fairesortir de ses gonds l’art du scratching. Etmême plus que ça : consci<strong>en</strong>t de ce que devaitle hip-hop au jazz, il a organisé son orchestrecomme un vrai combo d’improvisateurs. Cettedémarche résonne d’ailleurs comme un retouraux sources : du Wu-Tang Clan à Jay-Z à <strong>en</strong>passant par NTM ou les Beastie Boys, tousles grands noms de l’histoire du rap ont puisédans le creuset infini du bop, du swing ou dugroove pour bâtir leurs beats. Très vite, le DJBig Band est ainsi dev<strong>en</strong>u la preuve par onzequ’il était possible de faire de la platine de DJnon seulem<strong>en</strong>t un outil d’accompagnem<strong>en</strong>tmais aussi et surtout un instrum<strong>en</strong>t de (re)création. A tel point que DJ Grazzhoppa et sonéquipe sont <strong>en</strong>trés <strong>en</strong> collusion avec l’un destrios les plus captivants du jazz contemporain,les Belges d’Aka Moon. Sept ans aprèsavoir prés<strong>en</strong>té ce projet détonant à BanlieuesBleues, le DJ Big Band fait son come-back <strong>en</strong>Seine Saint-D<strong>en</strong>is. Et cette fois-ci, il invitedeux voix <strong>en</strong>ivrantes <strong>en</strong>tre soul et hip-hop : lachanteuse belge de Zap Mama Marie Daulneet le poète-rappeur adepte d’échappées bellesaux côtés de Vijay Iyer ou Serge-TeyssotGay, l’Américain Mike <strong>La</strong>dd. M. DurandNouveau Théâtre de Montreuil,10 place Jean-Jaurès, 93100 Montreuilsous-Bois.V<strong>en</strong>dredi 19 avril à 20h30.Tél. 01 48 70 48 90. Places : 14 €.© D. R.© Daniel Garcia-Bruno© Paul EvrardCAFE DE LA DANSECHANTEUSELAIKAUne diva jazz pas comme les autres dans unrépertoire à fleur de peau.Une seule chanson de son nouveau disque n’est pasun standard : « Divine », composée par le trompettisteRoy Hargrove.Son dernier disque « Come A Little Closer »est né d’une rupture. Et il <strong>en</strong> porte les stigmates.Intimiste et écorché, il prés<strong>en</strong>te <strong>La</strong>ikasous un jour inédit. Arrangé par l’imm<strong>en</strong>seGil Goldstein (qui a travaillé avec Gil Evans,Pat Meth<strong>en</strong>y, Michael Brecker…), l’opus rassembleun florilège de vibrantes chansonsméconnues du Great American Songbook,tel le sublime « Wh<strong>en</strong> Love Was You and Me »d’Abbey Lincoln. <strong>La</strong> preuve, une fois <strong>en</strong>core,que <strong>La</strong>ika est une voix à part de la scène jazzcontemporaine.M. DurandCafé de la Danse, 5 passage Louis Philippe,75011 Paris. Samedi 20 avril à 19h30.Tél. 01 47 00 57 59. Places : 27 à 35 €.RUE DES LOMBARDSCHANTEUSES / CLUBISABEL SÖRLINGET DENISE KINGDes voix dans la rue : la suédoise IsabelSörling au Duc puis D<strong>en</strong>ise King au Sunside.D<strong>en</strong>ise King au Sunside avec son complice OlivierHutman au piano.Deux chanteuses aux tempéram<strong>en</strong>ts trèsdiffér<strong>en</strong>ts se crois<strong>en</strong>t « rue des Lombards ».<strong>La</strong> jeune suédoise Isabel Sörling, découverteet poussée <strong>en</strong> France par Ibrahim Maaloufqui produit et arrange son prochain albumatt<strong>en</strong>du courant 2013, voyage <strong>en</strong> délicatessesacoustiques <strong>en</strong>tre folk, jazz et musiquestraditionnelles scandinaves, dans un répertoire<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t de sa main. Au Duc, ellesera <strong>en</strong>tourée d’Ibrahim Maalouf (piano),Marc-Antoine Perrio (guitare), Kyrie Kristmanson(chant), Juliette Serrad (violoncelle)et Marc Buronfosse (contrebasse). Quatrejours plus tard, <strong>en</strong> digne disciple de Carm<strong>en</strong>Mc Rae ou Nina Simone, la chanteuseaméricaine de Philadelphie D<strong>en</strong>ise Kingfera souffler un v<strong>en</strong>t musical résolum<strong>en</strong>tplus noir et chaud. Vocaliste autodidacte,sa musique est influ<strong>en</strong>cée par le gospel, leRythm’n’Blues et bi<strong>en</strong> sûr le jazz. Associéeà son alter ego Olivier Hutman au piano,<strong>en</strong>tourée du binôme rythmique Darryl Hall-Steve Williams, et des deux souffleurs surbraises hors pair Olivier Témime et StéphaneBelmondo, elle prés<strong>en</strong>te la musique de sonnouvel album « Give Me The High Sign » quisort chez Cristal. Le répertoire reste plus© D. R.que jamais dominé par leurs compositionsoriginales mais il est aussi pim<strong>en</strong>té de quelquesreprises de standards de jazz ou desoul music.J.-L. CaradecDuc des Lombards, 42 rue des Lombards,75001 Paris. Le 13 avril à 20h et 22h.Tél. 01 42 33 22 88. Places : 35 €Sunset-Sunside, 60 rue des Lombards,75001 Paris. Les 17 et 18 avril à 21h.Tél. 01 40 26 21 25.NEW MORNINGTROMBONE / POWER TRIOJOSEPH BOWIEDans le cadre des Soul Sessions 2, un concertqui devrait détonner.Joseph Bowie, un habitué du New Morning.Pour beaucoup, Joseph Bowie demeure lelég<strong>en</strong>daire leader de Defunkt, groupe cultedu jazz funk des années 1980. Mais ce seraitlimiter la portée de ce tromboniste qui agrandi dans le jazz libertaire des sev<strong>en</strong>ties.Voilà pourquoi il n’est guère étonnant de leretrouver associé avec le bassiste Jamaalade<strong>en</strong>Tacuma, hérault funky de l’harmolodiechère à Ornette Coleman, et avec le guitaristeJean-Paul Bourelly, un des rares à avoir sutransc<strong>en</strong>der les visions blues de Jimi H<strong>en</strong>drix.Somme toute, un power trio du troisièmetype, désormais appuyé par les machines deDJ Gea Russel.J. D<strong>en</strong>isNew Morning, 7 & 9 rue des Petites-écuries,75010 Paris. Mercredi 17 avril à 21h.Tél. 01 45 23 51 41. Places : 24 €.MUSIQUEsDU MONDE /chansonFESTIVALANTONYRENCONTRESINTERNATIONALESDE LA GUITAREGuitares sans frontières du 3 au 7 avril.Plus qu’aucun autre instrum<strong>en</strong>t, la guitare, instrum<strong>en</strong>tuniversel par excell<strong>en</strong>ce, floute les frontières<strong>en</strong>tre musique classique, improvisation ettraditions populaires. Le festival d’Antony se plaîtà vagabonder, dans son édition 2013, dans cesespaces artistiques hybrides éclairés par desinterprètes magnifiques, souv<strong>en</strong>t peu prés<strong>en</strong>tssur les scènes parisi<strong>en</strong>nes, à l’image des duosCarpe Diem et Gruber & Maklar (le 4), du théorbisteet guitariste Xavier Diaz-<strong>La</strong>torre associé àl’<strong>en</strong>semble Hespèrion XXI de Jordi Savall (le 5),du chili<strong>en</strong> Carlos Perez (le 7) ou <strong>en</strong>core du compositeurarg<strong>en</strong>tin Adri<strong>en</strong> Politi pour la créationmondiale de Mandala, suite concertante pourguitare, violon et orchestre à cordes avec respectivem<strong>en</strong>tGérard Verba et Christophe Guiot<strong>en</strong> solistes (le 7).J.-L. CaradecAuditorium Paul Arma du Conservatoire,140 av. de la Division-Leclerc, 92160 Antony.Auditorium Sainte-Marie, 2 rue de l’Abbaye,92160 Antony. Du 3 au 7 avril. Tél. 01 40 96 72 82.WWW.atribu.fr Festival tr<strong>en</strong>te-quatrième>édition12 MARS 12 MAI 2013RÉGIONAL TOUR Sylvain Luc/Daniel Mille duo 12 mars à Château-Gontier et 27 mars au Lude Sylvain Luc solo 24 mars à Vivoin et 26 mars à Al<strong>en</strong>çonSylvain Luc Organic trio 28 mars à <strong>La</strong> Ferté-Bernard RÉGIONAL TOUR Bojan Z solo 14 mars à Cholet, 16 mars à Bessé-sur-Braye, 22 mars à Trélazé, 23 marsà Dompierre, 29 mars à <strong>La</strong> Roche-sur-Yon, 30 mars à Saint-Berthevin, 16 avril à <strong>La</strong> FlècheEUROPAJAZZ AU LYCÉE Journal Intime 8 concerts-r<strong>en</strong>contres dans leslycées de Challans, <strong>La</strong> Flèche, Rouillon, Le Mans (3), Château-Gontier, Nantes du 8 au 17 avrilEUROPAJAZZ AU LYCÉE Matthieu Donarier/Manu Codjia duo 5concerts-r<strong>en</strong>contres dans les lycées de Sablé-sur-Sarthe, Cholet, Angers, Al<strong>en</strong>çon, Saint-Calaisdu 9 au 17 avril EUROPAJAZZ AU COLLÈGE Bernard Massuir « <strong>La</strong> Voixest Libre » 5 concerts-r<strong>en</strong>contres dans les collèges de Saint-Cosme-<strong>en</strong>-Vairais, Le Mans,Sablé-sur-Sarthe, Saint-Calais, Le Lude du 15 au 19 avril TÊTES BLANCHES TOURJacques Juli<strong>en</strong>ne/Paul Gurdjian duo 6 concerts dans les Maisons de retraite deLe Mans, Tuffé, Monfort-le-Gesnois, Roëzé, Ruillé-sur-Loir, Mamers du 8 au 13 avril EUROPAJAZZ FESTIVAL EN AVRIL > Pascal Contet invite Nosfell création4 avril à Allonnes > Didier Malherbe/Éric Lohrer duo 5 avril à Beaumont-Piedde-Bœuf> Les Voices Mess<strong>en</strong>gers 6 avril au Mans (Les Saulnières) > Tip TrickExt<strong>en</strong>ded création 11 avril au Mans (Université) > Nuit des Fanfares n° 3avec Les Traîne Savates, Gipsy Pigs, No Water Please 12 avril à Arnage> Daniel Mille solo 14 avril à Courdemanche > Papanosh 17 avril à Saint-Saturnin> Magma 18 avril au Mans (l’Oasis) > Nuit du Jazz Manouche n° 1 avecDaniel Givone Quartet 19 avril à Yvré-l’Évêque > Nuit de <strong>La</strong> Salsa n° 9 20 avrilau Mans (Les Saulnières) EUROPAJAZZ FESTIVAL EN MAI > Europajazz <strong>en</strong>Balade n° 15 « <strong>La</strong> Place aux amateurs » (500 musici<strong>en</strong>s <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre-ville) 4 mai au Mans> Pascal Contet & l’Amicale Accordéoniste Sarthoise création 4 maiau Mans (<strong>La</strong> Fonderie) FINAL au MANS du 7 au 12 mai (Collégiale, Fonderie,Espal, Épau) > Régis Huby solo > Frasques Orchestra création > PascalContet invite Camille, Scanner, Ducol création > Émilie Lesbros solo> Marcel & Solange > Moutin Reunion Quartet > Joshua RedmanQuartet > Pierre Durand solo > Barre Phillips/Jacques Demierreduo > Miguel Z<strong>en</strong>ón/<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Coq Rayuela > Ibrahim Maalouf Wind> Pascal Contet solo > Marilyn Crispell/Gerry Hemingway duo> David Chevallier trio Standards & Avatars création > MédéricCollignon Jus de Bocse joue King Crimson > Sylvain Kassap solo> Marty Ehrlich/Myra Melford duo > Aldo Romano New Blood> H<strong>en</strong>ry Threadgill Zooid > Didier Levallet quintet Voix Croiséescréation > Élisabeth Kontomanou > Vinouze Jazz Band > Saxitude> Bernard Massuir Envoi du programme gratuit 02 43 23 78 99> www.europajazz.frRéagissez sur www.journal-laterrasse.frrejoignez-nous sur facebookEuropajazz-<strong>La</strong><strong>Terrasse</strong>-122x367.indd 1 07/03/13 14:24


54 jazz / musiques du monde / chanson avril 2013 / N°208 la terrassela terrasse avril 2013 / N°208 annonces 55gros plangros planspécial banlieues bleuesBANLIEUES BLEUESAFRIQUELIGNE AFRICAINEL’Afrique du Nord au Sud débarque à Banlieues Bleues. Tour d’horizon.Arrimé au jazz, attaché au blues, le festival atoujours gardé une oreille att<strong>en</strong>tive aux productionsde la mère Afrique, contin<strong>en</strong>t demusiques au pluriel. <strong>La</strong> preuve par les cinqexemples qui suiv<strong>en</strong>t, donnant à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre ladiversité <strong>en</strong> jeu dans ce vaste espace de création.Quoi de commun <strong>en</strong> effet <strong>en</strong>tre la guitaresaturée du Zambi<strong>en</strong> Rikki Illilonga et la koraapaisée du Mali<strong>en</strong> Ballake Cissoko ? Le premierest l’un des survivants du zamrock, uneespèce de psyché rock qui agita l’Afrique australedes années 1970, tandis que le secondest l’héritier d’une longue lignée de griots quiport<strong>en</strong>t depuis des siècles l’épopée mandingue.L’un se produira avec un complice deOrlando Julius est considéré comme le James Brownnigérian.SAINT-DENISESPAGNEFESTIVAL MéTISPour sa dixième édition, le Festival Métis,volet « musiques du monde » du festival deSaint-D<strong>en</strong>is, fait miroiter ces éclats d’Espagnedans une programmation qui comme àson habitude contourne le folklore sans ler<strong>en</strong>ier.Chancha Via Circuito, explorateur digital du folkloresud-américain au Festival Métis le 17 avril.© D. R.© D. R.l’épique époque (le 6 avril à Aubervilliers), lechanteur percussionniste Jagari Chanda, tandisque l’autre sera accompagné de son désormaisfidèle complice, le violoncelliste Vinc<strong>en</strong>tSégal, et d’un trio de Mali<strong>en</strong>s aux cordes toutaussi subtiles. (Le 20 avril à Gonesse)Le parrain de la soul afroL’illustre Toumani Diabaté partagera la scèneavec Ballaké Cissoko. Cet autre maître incontestéde la kora revi<strong>en</strong>t avec son SymmetricOrchestra, <strong>en</strong>semble fédérant nombre detal<strong>en</strong>ts, capable tout autant de faire danserles pieds et de panser les plaies de l’âme.On pourrait <strong>en</strong> dire tout autant d’OrlandoJulius, le rev<strong>en</strong>ant nigérian que d’aucunsconsidèr<strong>en</strong>t comme le parrain de la soulafro. Boosté par une bande de Londoni<strong>en</strong>sbranchés aux courants alternatifs, il devraitmettre <strong>en</strong> jambes les amateurs avant le showbouillant zamrock. Quant aux amateurs lesplus curieux, ils devrai<strong>en</strong>t se retrouver à lacréation Big Time !, expéri<strong>en</strong>ce hors normesm<strong>en</strong>ée par le batteur Braka avec un <strong>en</strong>semblede cuivres des townships de Cape Town… À laclef une r<strong>en</strong>contre du troisième type typiquede Banlieues Bleues. (Le 7 avril à Pantin)Jacques D<strong>en</strong>isLes 6, 7 et 20 avril dans le cadre deBanlieues Bleues. Tél. 01 49 22 10 10.www.banlieuesbleues.orgRejoignez-nous sur Facebooklano, et son étrange orchestre (re)composéd’artistes hybrides, <strong>La</strong> Superfolia Armaada(le 23 à 20h30 au Gymnase Jesse Ow<strong>en</strong>s deVilletaneuse). Entre autres concerts : la chanteusesoul Buika explore le flam<strong>en</strong>co, CristianZarate le tango, et cerise électro sur legâteau, Chancha Via Circuito, DJ de Bu<strong>en</strong>osAires, mixe rythmes des origines et sons synthétiques,<strong>en</strong> plateau avec ses compatriotesTremor (le 17 à Mains d’œuvres). V. FaraFestival Métis, du 9 au 25 avril <strong>en</strong> Seine-Saint-D<strong>en</strong>is. Tél. 01 48 13 06 07. Places : 5 et 10 €.ANTONYPIANO / CANADACHILLY GONZALESIl pourrait tout miser sur son piano, ou sur sapersonnalité. Chilly Gonzales n’a pas choisi<strong>en</strong>tre les deux, ce qui nous arrange tous.Chilly Gonzales à Firmin Gémier.Chilly Gonzales a un toucher, une lueur, et sison piano nous gratifie d’une gamme extrêmede g<strong>en</strong>res et d’émotions, du sage à l’instable, durap à l’harmonique, du capricieux à l’émouvant,de l’arrogant au s<strong>en</strong>sible, on est autant touchépar le gracieux de l’exercice que par l’extravagancemaîtrisée de l’artiste, par sa manière dejouer dans tous les s<strong>en</strong>s du terme, nous accompagnantd’un clin d’œil ou d’une finesse au cœurRéagissez sur www.journal-laterrasse.fr© Alexandre Isardspécial banlieues bleuesMaison du peuple, Pierrefitte-sur-SeineMAROC / FLAMENCOAZIZ SAHMAOUIDeux ans après avoir revisité l’esprit syncrétique des Gnaouas, le musici<strong>en</strong>qui a grandi dans le creuset culturel du Marrakech des sev<strong>en</strong>ties est deretour à Banlieues Bleues, avec un projet qui s’inscrit dans de mêmesperspectives.Quoi de plus normal pour celui qui fut bercépar les merveilles mélodiques du chaâbi, lestranses hypnotiques des confréries soufies, etles cordes féeriques du style arabo-andalou, dedialoguer avec Nino Josele, le petit prince de laguitare flam<strong>en</strong>ca. Plus de dix ans déjà que cesdeux-là s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t : le Marocain convia l’Espagnollors d’un concert de l’Orchestre Nationalde Barbès à Madrid. Un an plus tard, <strong>en</strong> 2003,le prodigieux natif d’Alméria invitera à son tourAziz sur l’éponyme album El Niño Josele. Etdepuis ils s’étai<strong>en</strong>t jurés de prolonger l’expéri<strong>en</strong>cequi sonne comme une évid<strong>en</strong>ce.Un pont <strong>en</strong>tre le Maroc et l’Espagne« Avec Joe Zawinul, je suis <strong>en</strong>tré dans l’espacedu jazz. Son <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t m’a irrigué commeune plante », assure Aziz Sahmaoui. « Pour l’improvisation,plus tu connais les accords et lesgammes, plus tu es libre pour exprimer ta proprepersonnalité » lui répond El Nino Josele. Nuldoute que l’un comme l’autre ont depuis bellelurette ouvert à d’autres idiomes les traditionsdans lesquelles il ont largem<strong>en</strong>t puisé, histoirede les inscrire dans le temps prés<strong>en</strong>t sans <strong>en</strong>gommer les originalités. Cette fois, <strong>en</strong>semble,ils traceront un pont <strong>en</strong>tre leurs terres natales,le Maroc et l’Andalousie, qui pour n’être séparéesque par le détroit de Gibraltar, ont beau-Les métissages hispaniques crois<strong>en</strong>t lesatouts de terreaux historiquem<strong>en</strong>t fertileset d’une géographie mondiale unifiée parla langue. Dans deux g<strong>en</strong>res bi<strong>en</strong> distinctsmais tout aussi composites, le festival s’offredeux soirées orchestrales : l’une est m<strong>en</strong>éepar le jeune chef Leonardo García Alarcón,portant ses racines arg<strong>en</strong>tines et ses amoursbaroques dans un programme de Monteverdià Piazzolla (le 11 à 20h30 à la Maison duThéâtre et de la Danse d’Epinay-sur-Seine),et l’autre est une Carte Blanche rock offerteau guitariste et compositeur Olivier Meldesa musique. Chilly Gonzales peut tout se permettre,tout exagérer, tout lui sera pardonné tantque résonnera son piano.V. FaraThéâtre Firmin Gémier Nomade, Conservatoired’Antony, 140 av. de la Division-Leclerc,92160 Antony. Samedi 13 avril à 20h30.Tél. 01 41 87 20 84. Places : 7 à 22 €.Studio de l’ErmitagechansonORLANDOUn trio vocal bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>touré, <strong>en</strong>tre vraiespudeurs et rages poétiques.L’un des trois artistes du trio Orlando, au Studio del’Ermitage le 23.Nommé d’après le personnage et roman de VirginiaWoolf, le groupe Orlando navigue <strong>en</strong>tre lesav<strong>en</strong>tures sociétales et la poésie amoureuse.Contrebasse, accordéon, saxophone, piano oubatterie <strong>en</strong>rob<strong>en</strong>t les chansons d’une nappejazzy, où les voix sont pertinemm<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tes,tour à tour ou à la tierce, des voix claires, parigoet touchantes. Le verbe d’Orlando est révolté,délirant, s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tal, amer, parfois léger, descriptifet dénonciateur.V. FaraStudio de l’Ermitage, 8 rue de l’Ermitage75020 Paris. Samedi 23 avril à 20h30.Tél. 01 44 62 02 86. Places : 10 et 15 €.© King Kong Power Krista S<strong>en</strong>éAziz Sahmaoui retrouvera à Banlieues Bleuesle prodigieux Nino Josele.coup partagé depuis plus de mille ans. Danscet espace pluriculturel, l’altérité est <strong>en</strong>visagéepar les plus éclairés des artistes comme unesource de régénération. Une création commeun bain de jouv<strong>en</strong>ce.Jacques D<strong>en</strong>isMaison du peuple, 12 bd. Pasteur, 93400Pierrefitte-sur-Seine. Dimanche 14 avril à 20h30.Tél. 01 49 22 10 10. Places : de 12 à 16 €.Rejoignez-nous sur FacebookTél. 01 53 02 06 60www.journal-laterrasse.frFax : 01.43.44.07.08.E-mail : la.terrasse@wanadoo.frDirecteur de la publicationDan AbitbolRédactionOnt participé à ce numéroThéâtre Gwénola David, éric Demey,Marie-Emmanuelle Galfré, Véronique Hotte,Manuel Piolat Soleymat, Catherine Robert,Agnès SantiDanse Marie Chavanieux, Gwénola David,Nathalie YokelMusique classique et opéraJean Lukas, Jean-Guillaume Lebrun,Anh-Tuan Nguy<strong>en</strong>, Antoine PecqueurJazz -musiques du monde chansonJean-Luc Caradec, Jacques D<strong>en</strong>is,Vanessa FaraDirecteur délégué des rubriquesclassique /jazz et du hors-sérieAvignon-<strong>en</strong>-scènesJean-Luc CaradecResponsable des part<strong>en</strong>ariatsclassique / opéraEmmanuel CharletSecrétariat de rédactionAgnès SantiMaquetteLuc-Marie Bouët 01 42 71 12 64Conception graphiqueAgnès Dahan Studio, ParisWebmaster : Ari AbitbolDiffusion : Nicolas KapetanovicImprimé par : Imprimerie Saint-Paul,LuxembourgPublicité et annonces classées au journalTirageCe numéro est distribué à 80 000 exemplaires.Déclaration de tirage sous la responsabilitéde l’éditeur soumise à vérification de l’OJD.Dernière période contrôlée année 2012,diffusion moy<strong>en</strong>ne 75 803 ex.Chiffres certifiés sur www.ojd.comÉditeur : Eliaz éditions,4, av<strong>en</strong>ue de Corbéra 75012 ParisTél. 01.53.02.06.60. – Fax : 01.43.44.07.08.E-mail : la.terrasse@wanadoo.fr<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> est une publication de la sociétéEliaz éditions.Gérant : Dan Abitbol – I.S.S.N 1241 - 5715Toute reproduction d’articles, annonces, publicités,est formellem<strong>en</strong>t interdite et <strong>en</strong>gage les contrev<strong>en</strong>antsà des poursuites judiciaires.© Manuel <strong>La</strong>gosLes TeintureriesLes TeintureriesEcole de théâtre, <strong>La</strong>usanneFormation professionnelle de comédi<strong>en</strong>sur trois ansProchaines auditions23, 24, 25, 26 mai 2013R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tset inscriptions sur notre sitewww.les-teintureries.chRubrique :<strong>La</strong> formation – Auditionsou par tél. +41(0)21 623 21 00Délai d’inscription :mercredi 1 er mai 2013Les Teintureries, Ecole de théâtreSébeillon 9b, CH – 1004 <strong>La</strong>usannehors-série juillet 2013avignon <strong>en</strong> scène(s)Grande <strong>en</strong>quête dansce numéro spécial :L’état peut-il <strong>en</strong>coreassumer la politiqueculturelle de la France ?informations voir p. 56Sans titre-3 1 18/04/12 12:20recrute ouiétudiants / étudiantesPour distribuer devant les salles de concertet de théâtre le soir à 18 h 30 et 19 h 30.Disponibilité quelques heures par mois.Tarif horaire : 9,43 €/brut+ 2 € net d’indemnité de déplacem<strong>en</strong>tEnvoyer photocopies carte d’étudiant+ carte d’id<strong>en</strong>tité+ carte de sécu et coordonnées àemail : la.terrasse@wanadoo.frObjet : recrutem<strong>en</strong>t étudiantétudiants / étudiantesavec voiturePour distribuer devant les salles de concertet de théâtre le soir à 18 h 30 et 19 h 30.Tarif horaire : 13 €/brut+ 6 € d'indemnité de carburantTéléphonez au 01 53 02 06 60ou email : la.terrasse@wanadoo.frObjet : recrutem<strong>en</strong>t étudiant/voitureRecrute pour juillet 2013étudiants, étudiantespour distribuer à Avignon p<strong>en</strong>dant le Festivalla terrasse ne pr<strong>en</strong>d pas <strong>en</strong> charge le logem<strong>en</strong>t.écrire à la.terrasse@wanadoo.frMettre dans l'objet référ<strong>en</strong>ce 888avignon.Nom :Prénom :Adresse :Code postal :Ville :Téléphone :Email :je m’abonne à la terrasse pour 59 €Écrire <strong>en</strong> lettres capitales, merciCoupon à retourner à<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong>, service abonnem<strong>en</strong>t, 4 av<strong>en</strong>ue de Corbéra - 75012 Paris.Commander par téléphone au 01 53 02 06 60Je règle aujourd’hui la somme deCi-joint mon règlem<strong>en</strong>t parbulletin d’abonnem<strong>en</strong>t chèque CCP mandat à l’ordre de <strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> LA TERRASSE 208Imprimez aussi notre formulaire d’abonnem<strong>en</strong>t sur www.journal-laterrasse.fr


56 jazz / musiques du monde / chanson avril 2013 / N°208 la terrasseL’ALHAMBRACHANSON / MUSIQUE YIDDISHAU CœURDE L’âME DECATHERINE LARANouvel album aux sonorités Yiddish de lachanteuse-violoniste <strong>en</strong>tourée des musici<strong>en</strong>sdu Sirba Octet.Catherine <strong>La</strong>ra, heureuse et inspirée par sa r<strong>en</strong>contreavec les musici<strong>en</strong>s du Sirba Octet.A l’image de William Sheller ou VéroniqueSanson, Catherine <strong>La</strong>ra fait partie de cesgrands de la chanson française dont les racinesartistiques sont à chercher du côté dela musique classique. Rares parmi les familiersdes grandes scènes, des disques d’or etdes tops, ceux qui comme elle ont fréqu<strong>en</strong>téles bancs du Conservatoire National Supérieurde Paris et <strong>en</strong> sont sortis avec un prixde violon et de musique de chambre ! Fillede musici<strong>en</strong>s, sa consci<strong>en</strong>ce musicale a faitd’elle d’emblée une artiste de variété, aiméed’un très large public, mais indép<strong>en</strong>dante ets<strong>en</strong>sible. Dans sa nouvelle av<strong>en</strong>ture marquéepar la sortie d’un disque <strong>en</strong>registrée avec lesmusici<strong>en</strong>s classiques du prestigieux SirbaOctet (fondé par le violoniste Richard Schmoucleravec quelques premiers couteaux dela vie musicale parisi<strong>en</strong>ne), Catherine <strong>La</strong>ra selaisse <strong>en</strong>vahir par la fièvre et la grâce de lamusique yiddish. Dans l’album « Au cœur de© D. R.l’âme Yiddish » qu’ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>registrer<strong>en</strong>semble, puis bi<strong>en</strong>tôt <strong>en</strong> concert à Pariset <strong>en</strong> tournée, Catherine <strong>La</strong>ra revisite quelques-unesdes plus belles chansons de sonrépertoire, mélodies voyageuses lovées dansde magnifiques arrangem<strong>en</strong>ts, où la mélancoli<strong>en</strong>’est jamais très loin des joies de l’<strong>en</strong>fance,où la rage de vivre et d’aimer voisineavec les plus terribles tourm<strong>en</strong>ts. Du cœur etde l’âme.J.-L. CaradecL’Alhambra, 21 rue Yves-Toudic, 75010 Paris,v<strong>en</strong>dredi 12 et samedi 13 avril à 20h30.Tél. 01 40 20 40 25. Places : 38 et 45 €.<strong>La</strong> Coupole, Scène Nationale de SénartROCKLE VELVETDE RODOLPHEBURGERLoin du Rock and Roll Hall of Fame, Burgerrevisite le pur esprit du rock et de l’underground.Rodolphe Burger and co fond<strong>en</strong>t un New Velvet,le 20 avril à la Coupole.Burger s’est bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>touré pour un projet <strong>en</strong>trele rêve d’adolesc<strong>en</strong>t, l’hommage indocile etune certaine utopie artistique : il repr<strong>en</strong>d lerépertoire et la philosophie du Velvet Underground,groupe éphémère de Lou Reed et© Juli<strong>en</strong> MignotJohn Cale, gardant l’esprit de la Factory,de l’Art total et de la volonté alternative. Ilcroise donc musique, poésie et performancepour un show archi rock, <strong>en</strong>tre les sixties etaujourd’hui.V. Fara<strong>La</strong> Coupole, Scène Nationale de Sénart,rue Jean-François-Millet, 77380 Combs <strong>La</strong> Ville.Samedi 20 avril à 20h30. Tél. 01 60 34 53 60.Places : 17 à 25 €.Les Trois BaudetschansonLOÏC LANTOINELoïc <strong>La</strong>ntoine <strong>en</strong> plein bilan, <strong>en</strong>tre verres r<strong>en</strong>verséset nuits un peu jolies.Loïc <strong>La</strong>ntoine trois soirs aux Trois Baudets.L’annonce fait peur pour qui le jauge à sajuste hauteur. Changé, <strong>La</strong>ntoine ? Le duo voixcontrebasse avec Pierron a fait de la place àun combo rock, le débit parlé laisse de l’espaceau phrasé chanté. Toujours un air de nepas y toucher, une diction scandée et frissonnante,et cet optimisme rageur, cette poésiedu minable, cette timide majesté. Tant que<strong>La</strong>ntoine touche au sublime, à l’art majeurde l’humain, qu’il change autant qu’il veut, onadmire toujours.V. FaraLes Trois Baudets, 64 Bd. de Clichy,75018 Paris. Du 25 au 27 avril. Tél. 01 42 62 33 33. Places : 22 €.© Hamza Dj<strong>en</strong>atCité nationale de l’histoirede l’immigrationCONCERT SOUS CASQUESDANBéUn concert narratif sous casques d’après leroman de Aya Cissoko et Marie Desplechin.Un dispositif de concert sous casques à la Cité del’histoire de l’immigration.Entre t<strong>en</strong>dresse, maladie, deuils et résili<strong>en</strong>ce,Aya est élevée dans la dignité,“Danbé” <strong>en</strong> malinké, qu’elle transformera<strong>en</strong> énergie sportive et puissance s<strong>en</strong>sible.<strong>La</strong> tragédie se fait récit intime, les protagonistesparl<strong>en</strong>t au creux de l’oreille du spectateurpar un jeu de casques et une mise<strong>en</strong> scène mêlant plateau et public. L’espacesonore pr<strong>en</strong>d le pas sur le lieu, la scènedisparaît et se fait laboratoire de bruits, desons, de petits et gros instrum<strong>en</strong>ts, d’ambiances,plus proche de l’œuvre libre que dela fiction, quoique le récit domine. Le spectateur- l’auditeur ? - écoute un spectaclequi se trame sous ses oreilles, presque lesyeux fermés. Une production de la compagnie(Mic)zzaj mise <strong>en</strong> musique et sons parPierre Badaroux et <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Sellier, adaptéepar et avec Olivia Kryger.V. FaraCité nationale de l’histoire de l’immigration,palais de la Porte Dorée, 293 av. Daumesnil,75012 Paris. V<strong>en</strong>dredi 19 avril à 20h30 etDimanche 21 avril à 16h. Tél. 01 53 59 64 30.Places : 9 et 12 €.© RioufolN° 2116 e ÉDITIONAVIGNONEN SCÈNE(S) 2013ÉDITION 2013, À PARAÎTRE LE 1 ER JUILLET 2013DÉJÀ Grande EN PRÉPARATION <strong>en</strong>quête dans PAR ce TOUTE numéro L’ÉQUIPE spécial DE : LA L’état TERRASSE, peut-il1<strong>en</strong>core ER MÉDIA assumer ARTS VIVANTS la politique EN FRANCE culturelle de la France ?DIFFUSION CERTIFIÉE PAR L’OJD : DE 80 À 100 000 EXEMPLAIRES© Jean-Luc CaradecWWW.JOURNAL-LATERRASSE.FRRENSEIGNEMENTS :Dan Abitbol / Jean-Luc CaradecTél. 01 53 02 06 60email : la.terrasse@wanadoo.frFESTIVAL D’AVIGNON +AVIGNON OFF :• un regard ouvert et éclairantsur une programmation foisonnante.• <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s, <strong>en</strong>quêtes, critiques,avant-papiers…• plus de 250 spectacles sélectionnés• une diffusion omniprés<strong>en</strong>te etrigoureuse• théâtre, musiques, danse, cirque,jeune public, marionnettes, etc.LE GUIDE DE RÉFÉRENCEDES SPECTATEURS EXIGEANTSET DES PROFESSIONNELSSPECIAL FESTIVALSETE 2013DEUX NUMÉROS SPÉCIAUXTHÉÂTRECIRQUEMIME, MARIONNETTESDANSECLASSIQUE / OPÉRAJAZZ / MUSIQUES DU MONDEJEUNE PUBLICCHANSONDEPUIS 21 ANS, LA TERRASSE, 1ER MÉDIA ARTS VIVANTS EN FRANCE, ÉCLAIREAVEC EXIGENCE LE MEILLEUR DE L'ACTUALITÉ ESTIVALE : DES DIZAINES DE FESTIVALSANNONCÉS À TRAVERS PORTRAITS, ENQUÊTES, INTERVIEWS, AGENDA, ETC.LA TERRASSE4 av<strong>en</strong>ue de Corbéra - 75012 ParisTél. 01 53 02 06 60email : la.terrasse@wanadoo.fr80000 à 100000 exemplaires©Mat H<strong>en</strong>nekN°209 - MAI 2013N°210 - JUIN / JUILLET 2013LE GUIDE DERÉFÉRENCEDES MEILLEURSFESTIVALS.

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