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IIIIIIABCUn train nommé travailÀ bord du train pour Shanghai, la réverie de Philippe est interrompuepar la vibration de sa tablette. Un mail.Une bonne nouvelle : la valeur de Philippe a augmenté surle marché financier du travail ! Initié à Singapour, le reste dumonde a rapidement suivi ce phénomène qui s’est généraliséà presque tous les métiers. L’action qui s’y échange est undroit sur le temps de travail. On peut ainsi suivre en direct lecours du salaire horaire et mensuel d’une femme de ménageà Tokyo, New York ou Londres. Autrement dit : on a purementet parfaitement mis en concurrence les salaires ! L’offre du travailqui rencontre sa demande. Ce marché financier du travailest une véritable arme pour s’attaquer au chômage jusqu’à cequ’une crise financière le frappe… Mais globalement, le chômagestructurel a bien baissé grâce à lui. Philippe rédige alorsle raisonnement suivant: « le travail est la mesure échangeablede toute marchandise » disait Smith. Or le travail est devenuune marchandise. Le travail se mesure donc à lui-même !Force est néanmoins de constater que ce n’est pas à l’aunede lui même qu’il s’évalue sur les marchés financiers, c’est savaleur d’échange qui lui donne aujourd’hui sa valeur réelle.Philippe est heureux : il vient d’être racheté par une sociétéindienne de conseil. Il change d’employeur. Plus besoinde signer de contrats car l’accord de l’employé est implicites’il se trouve sur le marché financier du travail ! Il reçoitdéjà des informations de son nouvel employeur. Employeurinformatisé conviendrait-il de préciser. Car c’est avec unlogiciel que Philippe interagit. Véritable contremaitre destemps modernes, ce logiciel informe, invite, hiérarchise, trie,sélectionne, modifie, rédige et résilie, ordonne et conseille,embauche et licencie, indique enfin tout ce qui peut rendre letravail plus productif. Bref un taylorisme post Internet qui permetl’optimisation du travail. Encore une fois, le vocabulaire asuivi ses modifications : on ne dit plus « ressources humaines »mais « ressources informatisées ».les effets d’une éventuelle réforme de la formation initiale deces derniers ? Impossible ! En revanche, il serait utile d’activerle levier de la formation continue en suscitant la création decontenus de formations communs entre managers et représentantsdes salariés. En fin de compte, le but est d’essayer decréer des ponts entre ces deux mondes qui cohabitent plusqu’ils ne communiquent, freinant ainsi la nécessaire circulationde l’information au sein de ces nouvelles entreprises en réseau.Alexis Brika, Université Claude Bernard, Lyon 1Fin des chevaux domestiques ?Deux chevaux parlent de leur emploi menacé par la voiture.[…] – Les automobiles feront notre travail et nous pourronsnous installer à la plage avec une balle de foin. Mais le dangerest de créer une élite qui profite de ces machines et ne redistribuepas les richesses. On aura le temps de galoper sur laplage, mais il manquera le foin.– Personnellement, j’imagine que l’intelligence morale peutsuivre le même trajet que l’intelligence technologique.[…] Supposons que l’économie ne soit portée que par lesanimaux supérieurs, les humbles chevaux peuvent quandmême ajouter une valeur à la société. Il faut juste reconstruirenotre identité autour de notre contribution économique. Parexemple, on peut souligner notre importance dans le lienentre les humains et la nature. […] On leur rappelle qu’il y ade la beauté, de la paix et de la liberté dans le monde. Pourtoutes ces raisons, on contribue à la société et notre existencevaut bien la peine d’être défendue.Hannah Bull, Paris School of EconomicsABCPhilippe Branche, ESSECUn choc de bien-être au travail[…] Les relations dans l’entreprise restent encore excessivementmarquées par des jeux de pouvoir : celui qui retient l’informationdétient une forme d’ascendant. Malheureusement,ces attitudes qui alimentent la défiance sont ancrées dans laformation des managers. Attendre une génération pour voirPapillonnersur des éclats de monolitheAlex fait figure d’éternel étudiant au milieu de ses amis engagés,pour le meilleur ou pour le pire, dans le monde du travail.Il les regarde et en déduit une théorie du papillon.Alex, qui n’avait pas la fibre particulièrement marxiste, eut alorscette remarque : « Tu vois, ce papillon, qui butine là comme4041