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Document - amnesty.be

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ANNEXE N°2TÉMOIGNAGE D’OUMARINTERVIEW D’OUMAR, 39ANS, ORIGINAIRE DEGUINÉED’où viens-tu et pourquoi as-tuquitté ton pays ?Je suis guinéen et je suis en Belgiquedepuis 1999. J’ai quitté mon pays pourfuir les persécutions et traitements inhumainset dégradants que j’allais subir àcause du rôle que j’ai pris dans des manifestationsestudiantines et à caractèrepolitique en Guinée. J’ai participé à plusieursmanifestations pour une améliorationde nos conditions de vie, et ce dansun contexte politique de revendicationde la démocratie et du meilleur respectdes droits de l’homme. L’État a considéréces manifestations comme étant un prétextede l’opposition pour déstabiliser lerégime. Il les a réprimées et arrêté lesmanifestants et les organisateurs, dont jefaisais partie. Ceux qu’ils arrêtaientétaient torturés et obligés de dénoncerles autres personnes impliquées. Avec lerôle que j’ai joué et le fait que certainespersonnes qui avaient déjà été arrêtésavaient disparu dans la nature, je savaisce qui m’attendait.Comment s’est passé le voyage pourvenir de Guinée en Belgique ?Pour venir légalement en Belgique, il fallaitfaire une démarche pour obtenir unvisa, mais comme je suis parti en catastrophe,je ne pouvais pas le faire et j’aidonc du me procurer des faux documents.J’ai tout simplement pris des billetsd’avion avec un passeport qui mecouvrait au moins pour la sortie du pays.Je suis arrivé avec ça en Belgique, maison a découvert tout de suite à l’aéroportque ces documents ne m’appartenaientpas. J’ai expliqué les raisons pour lesquellesj’ai eu recours à de tels documents.Il y a des procédures prévuesdans ce genre de situation, on peut directementfaire une demande d’asile. Levoyage a coûté cher, mais je suis l’aînéde la famille et donc je suis leur espoir.Alors pour préserver ma vie et me payerle voyage, ils ont revendu une moto quiétait l’unique bien de valeur que ma famillepossédait.Quelles sont les difficultés que tu asrencontrées en arrivant enBelgique ?Une fois arrivé en Belgique, la premièredifficulté à laquelle j’ai été confronté,était le manque de li<strong>be</strong>rté. La loi prévoitque pendant toute la procédure d’asileon reste dans centre fermé, qui est uneprison. Si la procédure n’aboutit pas onest soumis à une expulsion. Je vivaisconstamment avec la crainte de me faireexpulser et d’aller retom<strong>be</strong>r dans lesmains de ceux que je craignais.Quels sont les problèmes que turencontres aujourd’hui ?Les problèmes que je rencontre aujourd’huisont liés au fait que je suisresté 10 ans sans être régularisé et je nefais donc pas partie de la vie économiqueofficielle. Le seul travail que jepeux faire est au noir dans des conditionsdifficiles où ma dignité n’est pasrespectée. Je ne peux pas avoir decontrat de travail, donc je risque d’être licenciéà tout moment sans condition.J’ai eu un statut légal pendant deux anset une aide sociale jusqu’à ce qu’on merefuse ma demande d’asile. Je m’étaisinscrit à l’université en section polytechniquepour devenir ingénieur, et j’avaisdéjà réussi ma première année, mais jen’avais plus d’argent pour subsister. Mesamis m’ont soutenu pour que je puissecontinuer mes études : ils se sont cotiséspour que je puisse obtenir un montantéquivalent à l’aide sociale que je recevaisauparavant et j’ai finalement obtenu mondiplôme en 2007. Pendant ma périodede « légalité », j’ai fait la récolte chez unfermier en Flandre. Quand je suis devenuclandestin, il m’a gardé. Alors quetous les autres travailleurs ne restaientpas travailler chez lui plus de deux semaines,j’y suis resté six ans. Quand jen’arrivais vraiment pas à joindre les deuxbouts, je m’adressais aux services sociaux,qui me donnaient des colis alimentaires.Quand on va vers les autres,on ne nous laisse pas tom<strong>be</strong>r. En Belgiquec’est l’État qui organise la solidarité,mais les sans-papiers en sontexclus. Heureusement qu’il y a des genshumanistes qui nous aident et nous donnentleur soutien inconditionnel.LES RÉFUGIÉS AUSSI ONT DES DROITS [ DOSSIER PÉDAGOGIQUE ]19

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