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Le Journal de l'Institut Curie - n°66 - Juin 2006

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ACTUALITÉSEN BREFLE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE06,GÉNÉRALESENVIRONNEMENTL’AMIANTE, TOUJOURSD’ACTUALITÉ«<strong>Le</strong> nombre <strong>de</strong> cancers induitspar l’amiante ne cesse d’augmenter,malgré son interdiction en France,en 1997», souligne le rapport 1 <strong>de</strong> laMission d’information <strong>de</strong> l’Assembléenationale sur les risques etles conséquences <strong>de</strong> l’expositionà l’amiante. <strong>Le</strong>s experts proposent<strong>de</strong>s recommandations sanitaires,médicales, techniques, juridiqueset économiques afin qu’une tellesituation ne se reproduise plus.<strong>Le</strong>s pouvoirs publics ont mis en placeplusieurs mesures parmi lesquellesle droit à un suivi médicalpersonnalisé pour les personnesayant été exposées à l’amianteet un renforcement <strong>de</strong>s contrôles<strong>de</strong>s bâtiments contenant <strong>de</strong>l’amiante. Enfin, en septembre 2005,les ministères chargés du Travail,<strong>de</strong> la Santé et <strong>de</strong> l’Écologie ontcréé l’Agence française <strong>de</strong> sécuritésanitaire <strong>de</strong> l’environnementet du travail (Afsset) pour notammentaméliorer la prévention <strong>de</strong>s risquesauxquels sont exposés lesprofessionnels qui interviennentsur l’amiante.1. Disponible sur www.sante.gouv.fr,ACCÈS À L’EMPRUNT,SOINS ESTHÉTIQUESSe réconcilieravec son corps,surtout à l’hôpitalSi la chimiothérapie et la radiothérapiesont <strong>de</strong>s traitements <strong>de</strong> plus enplus efficaces, leurs effets secondaires,comme la perte <strong>de</strong>s cheveux, <strong>de</strong>ssourcils ou <strong>de</strong>s cils, le changement<strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s ongles ou <strong>de</strong> la texture<strong>de</strong> la peau, constituent un écueil difficileà surmonter, tant physiquement quemoralement.Afin <strong>de</strong> changer cette situation, quelquesétablissements <strong>de</strong> santé, dont l’Institut<strong>Curie</strong>, proposent <strong>de</strong>s soins esthétiquesou <strong>de</strong>s conseils. <strong>Le</strong>ur objectif est <strong>de</strong>réconcilier la personne avec son corps,les soins esthétiques <strong>de</strong>venant uncomplément précieux du traitementmédical. En effet, les mala<strong>de</strong>s expliquentque le temps d’un soin, ils se sentent <strong>de</strong>sfemmes ou <strong>de</strong>s hommes à part entière.Des spécialistes (esthéticiennes,coiffeurs…) prodiguent, à l’hôpital ouà l’extérieur, <strong>de</strong>s conseils pratiques surles techniques <strong>de</strong> maquillage adaptéesà la situation <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s, mais aussisur les façons <strong>de</strong> nouer un turban, surUne association qui assureConstruire un projet, acheter unlogement, obtenir un prêt, autant<strong>de</strong> démarches dont sont trop souventdéboutées les personnes atteintes<strong>de</strong> cancer ou <strong>de</strong> pathologiesà risques aggravés. Depuis seize ans,cette exclusion sociale est combattuepar l’association Vivre avec. Créée par<strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s, elle propose désormaisun service d’information et <strong>de</strong> conseilpar téléphone qui facilite l’accès auxprêts et aux assurances. Lancée enRhône-Alpes, cette initiative baptisée« Pour une citoyenneté retrouvée »regroupe <strong>de</strong>s volontaires formés à cesquestions, <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins et <strong>de</strong>s courtiersd’assurance liés à l’association par unecharte éthique. <strong>Le</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur bénéficied’une expertise anonyme et gratuite<strong>de</strong> sa situation et d’un accompagnementdans toutes les phases <strong>de</strong> sa recherche.Plusieurs centaines <strong>de</strong> dossiers ont déjàhQuand la maladie malmène le corps, prendre soin<strong>de</strong> soi peut être un réconfort, loin d’être anecdotique.le choix d’une perruque ou d’uneprothèse mammaire.Ces initiatives, encore trop peunombreuses, sont, en majorité,le résultat <strong>de</strong> démarches individuelles,associatives ou <strong>de</strong> mécénat. <strong>Le</strong>urdéveloppement apparaît pourtantvraiment nécessaire et est réclamépar le Plan cancer <strong>de</strong>puis trois ans.J. L.h Quelques contacts utiles:• La liste <strong>de</strong>s douze centres <strong>de</strong> beauté Cew Franceimplantés dans <strong>de</strong>s hôpitaux: cew.asso.fr• <strong>Le</strong>s Espaces rencontres et information (Eri)<strong>de</strong> la Ligue contre le cancer organisent <strong>de</strong>s ateliers«beauté»: renseignements auprès <strong>de</strong>s Comitésdépartementaux <strong>de</strong> la Ligue.• L’Embellie, un magasin entièrement consacréaux femmes atteintes <strong>de</strong> cancer et à leur entourage,premier lieu du genre en France:29 bd Henri-IV, Paris 4 e . Tél.: 01 42 74 36 33.www.embellieboutique.comété traitées. Par ailleurs, signe que leschoses évoluent face aux revendications<strong>de</strong>s patients, <strong>de</strong>s spécialistes <strong>de</strong>la protection <strong>de</strong>s personnes commeSwissLife proposent <strong>de</strong>s produits conçusexclusivement pour les personnesayant eu un cancer 1 .J. L.1. Lire aussi <strong>Le</strong> <strong>Journal</strong> <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>, mars <strong>2006</strong>.h 0821 21 80 08 (0,12 euro TTC/min).S. Laure/Institut <strong>Curie</strong>L’informatisation du dossier médicalpersonnel (DMP), prévue d’ici 2007, viseà favoriser la coordination et la continuité<strong>de</strong>s soins et à améliorer, sous le contrôledu patient concerné, la communication<strong>de</strong>s informations médicales entre lesprofessionnels <strong>de</strong> santé qui le soignent.<strong>Le</strong> DMP, unique pour chaque personne,centralisera à terme l’ensemble <strong>de</strong>sdonnées médicales (comptes rendus <strong>de</strong>consultation ou d’opération, imageriemédicale…) et lui permettra, lorsqu’ellele souhaite, <strong>de</strong> consulter ses antécé<strong>de</strong>ntsmédicaux et d’y donner accèsaux mé<strong>de</strong>cins qu’elle consulte.<strong>Le</strong> DMP <strong>de</strong>vrait ainsi concourirà limiter les prescriptions redondantes,ai<strong>de</strong>r les mé<strong>de</strong>cins à éviterles interactions médicamenteuses…Aujourd’hui en cours d’expérimentation,le DMP doit encore surmonterquelques difficultés techniqueset financières. Une fois généralisé,il <strong>de</strong>vrait simplifier le parcours<strong>de</strong> soins du patient.Jérémy LavalayeFICHE PRATIQUEDOSSIER MÉDICALDossier médical personnel :le futur carnet <strong>de</strong> santé numérique<strong>Le</strong> dossier médical personnel (DMP)est accessible à l’hôpital.<strong>Le</strong> personnel médical et soignantpeut le consulter et le mettreà jour avec l’accord du patient.L’archivage informatisé <strong>de</strong>s informationsmédicales du patient est disponible sur Internet.Contrôle et sécurisation du DMP. Une procéduregarantit la confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>s informationsmédicales <strong>de</strong> chacun, conformément aux droits<strong>de</strong>s patients dans le domaine <strong>de</strong>s donnéespersonnelles <strong>de</strong> santé.<strong>Le</strong> DMP est utilisablepar d’autres mé<strong>de</strong>cins.Lors d’une consultationchez un autre mé<strong>de</strong>cin (unspécialiste, par exemple)ou en cas d’urgencelors d’un déplacement,ce <strong>de</strong>rnier peut avoiraccès aux informationsmédicales et les mettre àjour, toujours sous réserve<strong>de</strong> l’autorisation du patient.1. D’ores et déjà, le patient peut avoir accès au dossier détenu par tout acteur <strong>de</strong> santé (établissement hospitalier, cabinet médical, etc.)après en avoir fait la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> écrite. <strong>Le</strong> délai <strong>de</strong> mise à disposition est limité par la loi à un mois maximum.L’Institut <strong>Curie</strong>,hôpital pilotePrintemps <strong>2006</strong> : début <strong>de</strong> la phased’expérimentation du dossier médicalpersonnel unique. L’Institut <strong>Curie</strong> yparticipe avec d’autres établissementset <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> soins, encollaboration avec un <strong>de</strong>s hébergeurshabilités. Son hôpital est fort d’uneexpérience <strong>de</strong> plusieurs années surla mise à disposition informatiséedu dossier d’établissement auprès<strong>de</strong> ses mé<strong>de</strong>cins correspondants.<strong>Le</strong> DMP est la propriété du patient. D’ici à fin2007, chacun <strong>de</strong>vrait pouvoir consulterson dossier informatisé 1 <strong>de</strong>puis tout ordinateurrelié à Internet (domicile, cybercafé, hôpital,etc.). À tout moment, le mala<strong>de</strong> a la liberté(et est le seul à l’avoir) <strong>de</strong> donner accèsà son dossier, <strong>de</strong> refuser ou <strong>de</strong> résilierce droit. Il peut le déléguer au mé<strong>de</strong>cinqui le suit régulièrement. Seuls <strong>de</strong>sprofessionnels <strong>de</strong> santé (mé<strong>de</strong>cins, soignants)peuvent être autorisés par le patientà accé<strong>de</strong>r à son DMP.Un mé<strong>de</strong>cin désigné parle patient peut intervenir dans leDMP. Lors <strong>de</strong> chaque consultation,le DMP est complété par lemé<strong>de</strong>cin traitant. Cela lui donneune vue d’ensemble actualisée duparcours médical <strong>de</strong> son patient.Philippe Rizand, directeur <strong>de</strong>s Systèmes d’information et <strong>de</strong> l’Informatique à l’Institut <strong>Curie</strong>.Illustrations : E. Lamoglia/Institut <strong>Curie</strong>LE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE ,07


DOSSIERDÉCOUVRIR ET SOIGNER,LA LOGIQUE DU TRANSFERTLE TRANSFERTh<strong>Le</strong>s chercheurs côtoyant régulièrement <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins sont naturellementamenés à «élargir leur horizon» vers les attentes <strong>de</strong>s patients.La recherche translationnelle est une passerelle entreles découvertes ou les inventions et les applicationsmédicales. Elle repose sur la concertation entre mé<strong>de</strong>cins,chercheurs, ingénieurs, techniciens… Quand tousces acteurs ont la chance <strong>de</strong> travailler dans un mêmeenvironnement, comme c’est le cas à l’Institut <strong>Curie</strong>, lesprogrès s’en trouvent accélérés, au bénéfice <strong>de</strong>s patients.«<strong>Le</strong> transfert, c’est le laboratoire qui setransporte dans le mon<strong>de</strong> réel <strong>de</strong>smala<strong>de</strong>s», résume le P r Thierry Philip,cancérologue et chercheur à Lyon 1 .Cependant, cette conversion n’est pasimmédiate: ainsi, treize ans séparent la découverte<strong>de</strong> la pénicilline (1928) <strong>de</strong> sa première application(1941). Et ce n’est qu’après plusieurs étapes <strong>de</strong>perfectionnement que la première greffe <strong>de</strong> moelleosseuse – en 1957, à l’Institut <strong>Curie</strong> – a donnénaissance à une véritable discipline désormaisappelée immunothérapie.Noak/<strong>Le</strong> bar Floréal/Institut <strong>Curie</strong>«<strong>Le</strong> transfert, c’est typiquement la mise au pointd’un test <strong>de</strong> routine à partir d’une découverte»,explique le P r Hervé Fridman 2 , artisan en 1993 dupremier laboratoire français <strong>de</strong> transfert en cancérologie,le laboratoire Garet, à l’Institut <strong>Curie</strong>. «Parexemple, grâce à <strong>de</strong>s techniques sophistiquées,nous venons d’i<strong>de</strong>ntifier une substance dans certainestumeurs du côlon et du rectum retirées à <strong>de</strong>spatients. Sa présence dans la tumeur est synonyme<strong>de</strong> bon pronostic pour le mala<strong>de</strong>. Il nous faut désormaismettre au point un test d’analyse simple pourla rechercher chez les patients. Il faudra ensuitedéterminer à partir <strong>de</strong> quelle quantité la présence<strong>de</strong> cette molécule est significative, s’assurer que letest est accessible et applicable par les mé<strong>de</strong>cins…L’avantage <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong> dans cette étape estqu’il dispose sur place <strong>de</strong>s bio-informaticiens etautres ingénieurs capables d’exploiter la masse <strong>de</strong>données générée.» En effet, en France, peu <strong>de</strong> structurespeuvent faire le lien direct entre leurs chercheursdans leurs laboratoires et leurs mé<strong>de</strong>cins auchevet <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s à l’hôpital.Mettre la scienceau service <strong>de</strong> l’hommeDe fait, la continuité <strong>de</strong> la recherche et du soin atoujours été à la base du fonctionnement <strong>de</strong> l’Institut<strong>Curie</strong>. Né sous ces doubles auspices (lire l’encadréci-contre), il a évolué en restant fidèle à sa mission,inscrite à l’article 1 <strong>de</strong> ses statuts : « Mettrela science au service <strong>de</strong> l’homme pour l’ai<strong>de</strong>r àlutter contre les maladies, et tout particulièrementle cancer. » Mieux encore, la pluridisciplinaritéjoue «dans l’intérêt <strong>de</strong> la science et <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s».<strong>Le</strong> P r François Doz, pédiatre, le confirme: «Unanesthésiste-réanimateur orientera le chimiste et lephysicien vers la mise au point <strong>de</strong> cathéters bactérici<strong>de</strong>s[NDLR: pour limiter le risque <strong>de</strong> complicationsinfectieuses lors d’une opération]». Autreexemple, suggéré par Emmanuelle Deponge, chargéed’affaires à la Direction <strong>de</strong> la valorisation et <strong>de</strong>srelations industrielles: «Il nous arrive d’élargir laportée d’un brevet sur les travaux d’un chercheurgrâce à la participation d’un mé<strong>de</strong>cin dont l’horizonest orienté vers les patients.» «<strong>Le</strong> transfert ■ ■ ■1. Directeur du Centre régional <strong>de</strong> lutte contre le cancerLéon-Bérard (Lyon). Auteur <strong>de</strong> Vaincre son cancer, Éd. Milan.2. Directeur <strong>de</strong> laboratoire à l’université Paris-VIet chef du Département d’immunologie à l’Hôpitaleuropéen Georges-Pompidou (Paris).<strong>Le</strong> 5 e arrondissement <strong>de</strong> Paris,relais d’expérienceshSur les hauteurs <strong>de</strong> la montagne Sainte-Geneviève, le quartier «savant» <strong>de</strong>Paris, chercheurs et mé<strong>de</strong>cins échangent pour le plus grand bénéfice <strong>de</strong>s patients.Quand l’Université <strong>de</strong> Paris etl’Institut Pasteur déci<strong>de</strong>nt, en 1909,d’implanter l’Institut du radium 1au cœur <strong>de</strong> Paris, ils prévoient<strong>de</strong>ux laboratoires, l’un pour larecherche, l’autre pour l’applicationmédicale. <strong>Le</strong> premier sera dirigépar Marie <strong>Curie</strong>, prix Nobel<strong>de</strong> physique 1903, le second parle radiobiologiste Claudius Regaud.Entre les <strong>de</strong>ux, un jardin propiceaux échanges féconds. Cetétat d’esprit perdure, et c’estquotidiennement que chercheurset soignants continuent àse rencontrer à l’Institut <strong>Curie</strong>.Tout comme au sein <strong>de</strong> l’association<strong>de</strong> la Montagne-Sainte-Geneviève,fondée en 1993 avec les fleurons<strong>de</strong> ce quartier parisien, pépinière<strong>de</strong> prix Nobel : après les <strong>Curie</strong> etJoliot-<strong>Curie</strong>, Pierre-Gilles<strong>de</strong> Gennes, Georges Charpaket Clau<strong>de</strong> Cohen-Tannoudji.Physicochimiste à l’Écolesupérieure <strong>de</strong> physique et chimieindustrielle, Jean-Louis Viovyrejoint l’Institut <strong>Curie</strong> en 1995.« Je désirais mettre ma “boîteà outils” au service <strong>de</strong> la biologiemédicale », avoue-t-il avecmo<strong>de</strong>stie. Il y trouve matière,et un écho enthousiaste <strong>de</strong> la partdu D r Dominique Stoppa-Lyonnet,du Service <strong>de</strong> génétique oncologiqueà l’Institut <strong>Curie</strong>, confrontéeau diagnostic <strong>de</strong>s prédispositionshéréditaires au cancer du sein.Sans attendre, il met au point unoutil moins cher, plus accessible etsurtout cinq fois plus rapi<strong>de</strong> queles pratiques usuelles. Une société,Fluigent, accélérera le transfert<strong>de</strong> la métho<strong>de</strong>. Si la validation encours se confirme, la métho<strong>de</strong>pourra ainsi être utilisée en routineà l’hôpital dès 2007, réduisantle délai d’attente <strong>de</strong> réponse<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois à… une semaine!Elle facilitera aussi la recherche<strong>de</strong> prédisposition à uncancer pédiatrique <strong>de</strong> l’œil,le rétinoblastome.M.-L. M.1. L’Institut <strong>Curie</strong> naîtra plus tard<strong>de</strong> la fusion <strong>de</strong> l’Institut du radiumet <strong>de</strong> la Fondation <strong>Curie</strong> créée en 1920.Noak/<strong>Le</strong> bar Floréal/Institut <strong>Curie</strong>LE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE08,LE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE , 09


DOSSIERLE TRANSFERTLE TRANSFERTDOSSIERA. <strong>Le</strong>scure/Institut <strong>Curie</strong>hNombreux sont les mé<strong>de</strong>cins qui, comme le D r Olivier Delattre, rejoignent tous ceux qui œuvrent pour faireaboutir <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> recherche biomédicale, sans jamais oublier leur serment d’Hypocrate.AnatomopathologieDiscipline médicalequi étudie lesmodifications <strong>de</strong>structure et <strong>de</strong> forme<strong>de</strong>s tissus et <strong>de</strong>sorganes provoquéespar une maladie.GénomiqueÉtu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s gènes.ProtéomiqueÉtu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’expression<strong>de</strong>s gènes, à l’origine<strong>de</strong>s protéines, et <strong>de</strong>leurs interactions,permettant <strong>de</strong>mieux comprendrele fonctionnement<strong>de</strong> la cellule.10,LE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE■ ■ ■ réunit <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s différents : celui <strong>de</strong>schercheurs, projetés dans l’avenir, et celui <strong>de</strong>smé<strong>de</strong>cins, happés par l’urgence du présent. <strong>Le</strong>suns travaillent sur les cellules ou sur <strong>de</strong>s modèles<strong>de</strong> laboratoire, les autres sont sollicités par <strong>de</strong>spatients… Et le <strong>de</strong>ssinateur Plantu a habilementcroqué cette discipline en glissant une souris <strong>de</strong> laboratoiredans un lit d’hôpital », relève Jean PaulThiery, responsable du Département <strong>de</strong> transfert,développement technologique et préclinique crééfin 2003. Son objectif ? Donner un nouvel élan àcette étape <strong>de</strong> transition. Ses moyens? <strong>Le</strong> partagefructueux <strong>de</strong>s idées et <strong>de</strong>s plates-formes technologiques<strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong> au service <strong>de</strong> projetsportés conjointement par <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins et <strong>de</strong>schercheurs.Augmenter la place du transfert s’impose à tous.Pour quatre raisons:> La mé<strong>de</strong>cine se «scientifise». <strong>Le</strong>s moyensdiagnostiques <strong>de</strong> la lutte contre le cancer – imagerie,biologie, anatomopathologie – et thérapeutiques–chirurgie, traitements médicaux et radiothérapie–sont «révolutionnés» par les disciplinesen -ique: génomique, protéomique, physique, bioinformatique,robotique.GRÂCEÀ VOUSMicrométastasesCellules isolées quipeuvent constituerles signes précurseurs<strong>de</strong> métastases,c’est-à-dire <strong>de</strong>foyers cancéreuxsecondaires. <strong>Le</strong>sscientifiques sontdésormais capablesd’en détecter uneparmi un million<strong>de</strong> cellules dansle sang et la moelleosseuse ! Cela<strong>de</strong>vrait permettre <strong>de</strong>surveiller le risque <strong>de</strong>récidive ou l’efficacitéd’un traitement.L’Institut <strong>Curie</strong>investit près <strong>de</strong>9millions d’euros en <strong>2006</strong>Sur les 60 millions d’euros consacrésen <strong>2006</strong> à la recherche, la recherchetranslationnelle bénéficie <strong>de</strong> 9 millions.Depuis 2003 à l’Institut <strong>Curie</strong>, elle disposed’un département structuré et dotéd’un budget que lui envient les spécialistesfrançais et européens.Ce <strong>de</strong>rnier a d’ailleurs augmenté<strong>de</strong> 85 % en trois ans grâce à la générosité<strong>de</strong>s donateurs. <strong>Le</strong>s frais <strong>de</strong> « démarrage » liésaux gros équipements et aux aménagements<strong>de</strong>s plates-formes technologiquesen représentent encore près d’un quart.Ceci va sans compter le million d’euros issu<strong>de</strong>s dons et legs qui, chaque année <strong>de</strong>puis 2003,permet aux mé<strong>de</strong>cins et infirmières <strong>de</strong> seréserver du temps pour développer <strong>de</strong>s projets<strong>de</strong> recherche clinique, sans nuire à la priseen charge <strong>de</strong> leurs patients au quotidien.Depuis que l’on sait que les cancers prennentnaissance dans nos gènes –même s’ils ne sont querarement héréditaires– et <strong>de</strong>puis que le génomehumain a été séquencé, la carte d’i<strong>de</strong>ntité génétique<strong>de</strong>s cancers est le Graal <strong>de</strong> l’oncologue. Eni<strong>de</strong>ntifiant tous les gènes en cause et leurs anomalies,elle révolutionne la logique actuelle <strong>de</strong> classification<strong>de</strong>s tumeurs, parfois aussi leur évaluationpronostique et le choix thérapeutique.Prenons l’exemple du sarcome d’Ewing, un cancerrare survenant chez l’enfant et le jeune adulte,d’origine le plus souvent osseuse. Sa «signature»génétique a été i<strong>de</strong>ntifiée en <strong>de</strong>ux étapes à l’Institut<strong>Curie</strong> par <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins convertis à la recherche.En 1983, le cytogénéticien Alain Aurias 3 découvrela cause <strong>de</strong> ce cancer, un remaniement spécifiqueentre <strong>de</strong>ux chromosomes qui fusionnent. Moins <strong>de</strong>dix ans plus tard, le pédiatre Olivier Delattre i<strong>de</strong>ntifiele gène né <strong>de</strong> cette fusion. Des ingénieursmettent alors au point une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> détection <strong>de</strong>ce gène. Elle est désormais utilisée pour poser toutdiagnostic du sarcome d’Ewing. Belle réussite <strong>de</strong>transfert parmi d’autres. Aujourd’hui, l’Institut<strong>Curie</strong> est également le centre <strong>de</strong> référence pour ladétection dans le sang et la moelle osseuse <strong>de</strong>smicrométastases <strong>de</strong> cette tumeur 4 .Bien analyser les cellulesDe nouvelles questions tarau<strong>de</strong>nt les scientifiques.Que dérègle ce gène dans la cellule? Peut-on trouverune para<strong>de</strong>? C’est typiquement le genre <strong>de</strong> sujetsexplorés par la plate-forme Biophenics. Parfois,on arrive à neutraliser les cellules cancéreusesgrâce à <strong>de</strong>s protéines issues du ou <strong>de</strong>s gène(s)«mala<strong>de</strong>(s)». <strong>Le</strong> cas d’école est la protéine ErbB2,un récepteur membranaire en surnombre dans25% <strong>de</strong>s cancers du sein. La contre-attaque existe:un médicament appelé trastuzumab (connu sous lenom commercial d’herceptine). Un missile ciblé,efficace chez <strong>de</strong> nombreuses patientes, mais…inefficace chez d’autres. L’avenir du médicaments’est joué, on le voit, grâce à la bonne analyse <strong>de</strong>scellules <strong>de</strong>s patientes afin <strong>de</strong> les associer ou non auxessais cliniques! <strong>Le</strong> rôle <strong>de</strong> la recherche translationnelleest d’optimiser cette classification. Demême que l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s microbes a boule-3. Cofondateur en 1998 <strong>de</strong> l’Unité «Pathologie moléculaire<strong>de</strong>s cancers», dirigée par le D r Olivier Delattre.4. Lire le dossier thématique «La traque <strong>de</strong>smicrométastases» (vente par correspondance).Une « désescala<strong>de</strong>thérapeutique » grâceaux traitements sur mesureÀ l’Institut <strong>Curie</strong>, la biologie esttellement intégrée à la pratiquemédicale dans la prise en chargedu neuroblastome (un cancer<strong>de</strong> l’enfant) que la pédiatreGudrun Schleiermacher atout naturellement tenu à fairesa thèse dans le laboratoiredu D r Olivier Delattre.« Savoir comment traiter les tumeurspédiatriques implique <strong>de</strong> connaîtreles <strong>de</strong>rniers résultats <strong>de</strong> larecherche, explique-t-elle.<strong>Le</strong> neuroblastome touche surtout<strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> cinq ans.Il se loge dans l’abdomen, le cou,le thorax. Il peut être agressifou régresser spontanément. Il peutaussi resurgir loin <strong>de</strong> la tumeurinitiale quelques années aprèsalors que l’enfant semble guéri.On voudrait tant comprendre les liensentre les paramètres biologiqueset les caractères cliniques. »L’un d’entre eux a déjà étédécouvert. C’est la répétitionanormale – plus <strong>de</strong> cent copiesau lieu <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux –, d’un gèneappelé n-myc. D’autres signaturesgénétiques, encore à l’étu<strong>de</strong>,pourraient compléter l’information.« L’objectif du transfert est<strong>de</strong> pouvoir explorer le génome<strong>de</strong>s cellules tumorales avec lahReconnaître les anomaliesgénétiques <strong>de</strong> chaque tumeur permetd’offrir aux patients <strong>de</strong>s traitementsmieux adaptés.plus gran<strong>de</strong> résolution possible »,résume le D r Olivier Delattre. «Et enune seule étape, ajoute GudrunSchleiermacher. Quand un test fiablepermettra <strong>de</strong> préciser si l’évolutionsera grave ou non, on écarterad’emblée le traitement lourd et sesrisques <strong>de</strong> séquelles pour 85 % <strong>de</strong>senfants atteints <strong>de</strong> neuroblastome ! »,espère cette jeune pédiatre. Sonvœu est raisonnable, car une telledésescala<strong>de</strong> est déjà amorcée faceà certaines tumeurs du cerveau(les gliomes) 1 par exemple.M.-L. M.1. Lire <strong>Le</strong> <strong>Journal</strong> <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>,mars <strong>2006</strong>.versé la classification <strong>de</strong>s maladies infectieuses, lagénomique est un <strong>de</strong>s outils qui permettent <strong>de</strong> fairela différence entre certaines tumeurs longtempsconfondues avec d’autres. «Nous nous situons entrela découverte <strong>de</strong> Louis Pasteur et l’usageMieux classer les tumeurs <strong>de</strong>s antibiotiques», explique le P r Thomaspour personnaliser Tursz, directeur <strong>de</strong> l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif).les traitements Dans l’Unité du D r Olivier Delattre àl’Institut <strong>Curie</strong>, on a récemment montréque les pertes concomitantes <strong>de</strong>parties <strong>de</strong> chromosomes sont un facteur <strong>de</strong> très bonpronostic dans les cancers du cerveau (gliomes).<strong>Le</strong> test est désormais « transféré »puisque ■ ■ ■G. Schleiermacher & coll./U509 Inserm-Institut <strong>Curie</strong>LE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE , 11


DÉCRYPTAGEBREVET<strong>Le</strong> brevet, ange gardien <strong>de</strong> l’inventionDOSSIERLES TRANSFERT 12-25 <strong>Le</strong> brevet d’invention est le moyen le plus sûr <strong>de</strong> protéger une invention contre le vol.C’est une arme économique qui protège l’inventeur et son employeur, leur assure <strong>de</strong>s revenuset prouve leur dynamisme dans le domaine <strong>de</strong> l’innovation. Ce contrat conclu avec l’État leur garantitun monopole d’exploitation temporaire, en échange <strong>de</strong> la publication <strong>de</strong> l’invention.Gros plan sur les différentes étapes qui permettent <strong>de</strong> breveter une innovation médicale.<strong>Le</strong> dépôt d’un brevet permet <strong>de</strong> protéger l’exploitation<strong>de</strong>s inventions issues <strong>de</strong> la recherche fondamentale,<strong>de</strong> transfert ou clinique, tout en préservant le droit<strong>de</strong>s inventeurs et <strong>de</strong>s institutions impliquées. En échange,le brevet contribue à organiser la diffusion, l’utilisation,le développement et l’exploitation commerciale <strong>de</strong>s inventions.Pour qu’une invention soit déclarée brevetablepar les autorités compétentes, il faut qu’elle répon<strong>de</strong>principalement à trois critères :• La nouveauté. Originale et novatrice, l’inventionne doit pas avoir été dévoilée par quiconque.• L’inventivité. Un spécialiste ne doit pas pouvoir déduireou « réinventer » l’invention <strong>de</strong> façon évi<strong>de</strong>nte à partir <strong>de</strong>ses connaissances et <strong>de</strong> ce qui est déjà en vue. Une inventionn’est pas la découverte d’un élément biologique qui,à la différence d’une invention, existe, qu’il ait été découvertou qu’il soit encore méconnu.• L’application industrielle. L’invention doit avoir au moinsune application concrète.Brevetables?Non brevetables?LE JOURNAL DE12 , L’INSTITUT CURIEJérémy LavalayeEN EUROPE, SONT BREVETABLES :g <strong>Le</strong>s produits chimiques, biologiques, etc. ;g <strong>Le</strong>s procédés <strong>de</strong> purification, <strong>de</strong> préparation, <strong>de</strong> sélection, etc. ;g <strong>Le</strong>s applications : produits ou procédés connus mais « dédiés »à une nouvelle application, thérapeutique par exemple.NE SONT PAS BREVETABLES :g <strong>Le</strong>s découvertes ;g <strong>Le</strong>s créations esthétiques ;g <strong>Le</strong>s inventions contraires à l’ordre public et aux bonnes mœurs ;g <strong>Le</strong>s logiciels ;g <strong>Le</strong>s variétés végétales, les races animales et les procédésessentiellement biologiques pour obtenir <strong>de</strong>s végétaux ou <strong>de</strong>s animaux ;g <strong>Le</strong> corps humain, ses éléments, ses produits, son clonage et l’utilisationd’embryons humains à <strong>de</strong>s fins industrielles ou commerciales.123451. Invention. Un scientifiqueou une équipe mettent au pointun nouveau procédé technique résultantd’une invention.2. Expertise. Des experts déterminentsi l’invention répond aux critères<strong>de</strong> brevetabilité et vérifient qu’ellen’est pas déjà connue du public.Ils réfléchissent aussi aux besoinsauxquels répondrait l’inventionet aux pays concernés.3. Deman<strong>de</strong> <strong>de</strong> brevet. Elle décritl’invention, définit le périmètre dumonopole souhaité (activité diagnostiqueet/ou pronostique et/ou thérapeutique)et les pays concernés. Pendant uneannée, les inventeurs peuvent conforterleur procédé avec <strong>de</strong> nouveaux résultats.Il est aussi possible d’étendre la zonegéographique <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> brevet.La recherche d’entreprises intéresséespar l’invention peut être lancée.4. Publication du brevet. Elle survientdix-huit mois après le dépôt <strong>de</strong> la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> brevet. C’est une publicationaccessible à tous, comme un journalscientifique.5. Diffusion <strong>de</strong> l’invention. Mêmebrevetée, une invention reste utilisablelibrement à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> recherche.En revanche, son exploitationcommerciale est sujette à <strong>de</strong>saccords (cession <strong>de</strong> licences, etc.).Pendant vingt ans maximum, l’inventionest ainsi protégée <strong>de</strong> toute concurrenceindustrielle. <strong>Le</strong> brevet tombe ensuitedans le domaine public. L’invention peutalors être librement exploitée à<strong>de</strong>s fins commerciales (par exemple,les médicaments génériques).FLORENCE LAZARD, DIRECTEUR DE LA VALORISATION, INSTITUT CURIE.Illustrations : E. Lamoglia/Institut <strong>Curie</strong>A. <strong>Le</strong>scure/Institut <strong>Curie</strong>hAfin <strong>de</strong> limiterau maximum les effetssecondaires, les patientsles moins graves peuventaujourd’hui bénéficier<strong>de</strong> traitements moinslourds. La désescala<strong>de</strong>thérapeutique est l’un <strong>de</strong>sobjectifs <strong>de</strong>s cancérologuescomme le D r GudrunSchleiermacher.GRÂCEÀ VOUSLa jeune association<strong>Le</strong>s Bagouz’ à Manonmet toute son énergie pourfaire avancer la recherchesur le neuroblastome.En fabricant et vendant <strong>de</strong>sbijoux en perles <strong>de</strong> cristal,elle a rassemblé 17 000 eurosen 2005, au profit du laboratoirePathologie moléculaire <strong>de</strong>scancers dirigé par le D r OlivierDelattre et spécialisé notammentdans ce cancer <strong>de</strong> l’enfant.Ces fonds ont permis <strong>de</strong> financerun poste d’attaché <strong>de</strong> recherche■ ■ ■ utilisé <strong>de</strong>puis cette année en neuro-oncologieà l’hôpital parisien <strong>de</strong> la Pitié-Salpêtrière. Autreexemple d’actualité : à la lumière <strong>de</strong> la découverted’une nouvelle signature génétique, <strong>de</strong>s spécialistes<strong>de</strong>s sarcomes (cancers <strong>de</strong> la «charpente» ducorps: os, muscles…) <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> lutte contrele cancer français réévaluent les différentes tumeurs<strong>de</strong>s tissus mous. Outil <strong>de</strong> diagnostic et <strong>de</strong> pronostic,ce gène est également la cible <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxnouveaux candidats-médicaments actuellement encours d’essais cliniques.L’efficacité <strong>de</strong>s perles <strong>de</strong> cristalclinique, indispensable pourque les essais cliniques, étapesuccédant au transfert, soientmenés dans <strong>de</strong> bonnes conditions.D’ores et déjà, un nouveauversement est prévu d’ici la fin<strong>2006</strong> afin <strong>de</strong> poursuivre cet élan.Rappelons qu’Anne Herbert a créécette association en janvier 2005,après le décès <strong>de</strong> sa fille Manon,survenu <strong>de</strong>ux ans plus tôt,<strong>de</strong>s suites d’un cancer. C’est ense souvenant <strong>de</strong> la passion<strong>de</strong> sa fille pour les perlesqu’Anne Herbert a eu cette idée.> Des plates-formes <strong>de</strong> haute technologiesont indispensables. Elles sont <strong>de</strong> plusen plus nombreuses. Ainsi, au Centre Léon-Bérardà Lyon, un institut <strong>de</strong> chirurgie expérimentale aouvert ses portes il y a tout juste un an pourmettre au point, grâce à l’imagerie médicale, <strong>de</strong>stechniques chirurgicales plus efficaces et moinsinvasives, comme la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> tumeurs dufoie en empruntant les vaisseaux sanguins oupar ultrasons.À l’Institut <strong>Curie</strong>, la plate-forme Biophenics, lefleuron du Département transfert installé en mai2005, a coûté près d’un million d’euros. «C’est leprix à payer pour analyser d’énormes ■ ■ ■« Elle voulait monter un stand<strong>de</strong> bagues <strong>de</strong>vant la bijouterie<strong>de</strong> ses grands-parents », raconteAnne. Depuis, avec sept mèresd’enfants dont certains ontconnu la maladie, elle fabriqueces bijoux, les vend dans <strong>de</strong>sentreprises ou lors d’événementsorganisés en particulierpar l’Institut. Devant le succèsrencontré, l’association envisagemême d’organiser <strong>de</strong>s ventesà domicile.Jérémy Lavalayeh<strong>Le</strong>s Bagouz’ à Manon06 08 01 00 90Vente en ligne:www.lesbagouzamanon.medicalistes.orgLE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE , 13


HDOSSIERLE TRANSFERTLE TRANSFERTDOSSIERhLA RECHERCHECLINIQUE, OBJECTIFDU TRANSFERTQuand le transferts’empare d’unedécouverte, c’estque ses expertsont pressenti uneapplication médicale.Ils donnent ce coup<strong>de</strong> pouce afin d’arriverplus vite à imaginer<strong>de</strong>s essais cliniquesorganisés avec laparticipation <strong>de</strong>spatients et grâce,parfois, à l’intervention<strong>de</strong> partenairesindustriels.À l’occasion d’un geste chirurgical,les tumeurs sont analysées par l’œil expert<strong>de</strong>s anatomo-pathologistes afin <strong>de</strong> poserun diagnostic biomédical immédiat. Dansla mesure du possible, un fragment <strong>de</strong> tissuest conservé au froid pour d’éventuellesanalyses complémentaires qui pourraient serévéler nécessaires au cours <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>la maladie. Avec le consentement du patient,une partie <strong>de</strong> ces échantillons peut égalementservir à <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> recherche.Annotés d’informations cliniques, les produitsbiologiques dérivés <strong>de</strong>s échantillonssont précieux. La traçabilité <strong>de</strong> ces spécimens,<strong>de</strong>puis leur collecte jusqu’à leur préparation,leur qualité ainsi que celle <strong>de</strong>s donnéesmédicales qui leur sont associées fontla richesse d’une biobanque. <strong>Le</strong>s différentescollections (ou -thèques) sont un élémentclé du transfert. Elles permettent <strong>de</strong> mieuxcomprendre les mécanismes du cancer, sesorigines génétiques, <strong>de</strong> découvrir une nouvelleLE JOURNAL DE14 , L’INSTITUT CURIE■ ■ ■ quantités <strong>de</strong> données », prévient JacquesCamonis, mé<strong>de</strong>cin-chercheur, pilote et cofondateuravec Franck Perez <strong>de</strong> cette plate-forme. En tantqu’outil <strong>de</strong> recherche fondamentale, elle permettra<strong>de</strong> découvrir le rôle d’un gène dont l’altération mèneau cancer, ou celui d’une molécule sur les fonctionscellulaires liées au cancer: multiplication, mobilité,perte <strong>de</strong> spécialisation, etc. <strong>Le</strong>s premières moléculesétudiées seront bien sûr celles disponibles dansla chimiothèque <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>, qui compte8000 substances chimiques candidats-médicaments.Biophenics permettra, par ailleurs, <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r unepiste thérapeutique ou <strong>de</strong> son<strong>de</strong>r les effets secondairesd’un candidat-médicament. Deux robots àhaut débit se partagent cette activité dite postgénomique.> L’importance <strong>de</strong> la générosité publiqueet <strong>de</strong> l’investissement privé. <strong>Le</strong> transfert sesitue entre la recherche fondamentale, financéemajoritairement par l’État, et la recherche clinique,dépendante du secteur privé industriel. En <strong>2006</strong>,l’Institut <strong>Curie</strong> lui dédie plusieurs millions d’eurosgrâce à ses donateurs (lire p.10), et établit <strong>de</strong>spartenariats avec <strong>de</strong>s industriels (Affymetrix, Servier,etc.). Il assure également un soutien stratégique50000 échantillons au profit <strong>de</strong> la recherchecible et d’imaginer un médicament potentiel…Actuellement indépendantes et répartiesdans différents hôpitaux, leur accréditationet leur centralisation « virtuelle » – réseaux,catalogues communs – sont en cours au niveaulocal et national. Celle <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>,sans doute la plus importante en France dansle domaine <strong>de</strong> la cancérologie, contient plus<strong>de</strong> 50 000 échantillons liés aux pathologiescancéreuses. Elle s’enrichit chaque année<strong>de</strong> près <strong>de</strong> 3 000 échantillons : tissus tumorauxet tissus sains (pour les comparaisons),plasmas, sérums, moelles osseuses, cellules,matériels génétiques, etc.M.-L. M.hMême après leur traitement, <strong>de</strong>s patientsparticipent encore à la recherche. Conservés dansles centres <strong>de</strong> ressources, <strong>de</strong>s fragments <strong>de</strong> leurtumeur opérée permettent, avec leur accord,d’imaginer <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> diagnostic ou <strong>de</strong> pronosticinnovants ou <strong>de</strong> nouvelles stratégies <strong>de</strong> traitement.Face au cancer :le transfert en EuropeEn Europe, plusieurs institutions ont fait <strong>de</strong>la recherche translationnelle une priorité <strong>de</strong> larecherche contre le cancer. Ainsi à Stockholm,en Suè<strong>de</strong>, à Hei<strong>de</strong>lberg, en Allemagneou à Londres, en Angleterre, <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong>recherche <strong>de</strong> haut niveau, en partenariat étroitavec <strong>de</strong>s services hospitaliers, connaissent<strong>de</strong> beaux résultats <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong>s découvertes.Une voie qui a donc fait ses preuves et dontl’Institut <strong>Curie</strong> fut un précurseur.C. Charré/Institut <strong>Curie</strong>A. <strong>Le</strong>scure/Institut <strong>Curie</strong>aux start-up, quatre jeunes entreprises nées <strong>de</strong> lasynergie entre chercheurs et mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> l’Institut<strong>Curie</strong>. La création <strong>de</strong> start-up permet <strong>de</strong> lever<strong>de</strong>s fonds chez <strong>de</strong>s investisseurs pour assurer le développementnécessaire et accélérer la mise au pointd’outils d’analyse, <strong>de</strong> diagnostic ou <strong>de</strong> pronostic,<strong>de</strong> médicaments… Sans ces leviers, les objectifsne resteraient que <strong>de</strong>s rêves. Il en est ainsi <strong>de</strong> Fluigent(lire encadré p. 9) et DNATherapeutics, <strong>de</strong>uxstart-up dont la <strong>de</strong>rnière est née d’un programmefinancé par les donateurs <strong>de</strong> l’Institut, qui rapprochaen 2001 la biologiste Marie Dutreix, spécialiste<strong>de</strong> la réparation <strong>de</strong> l’ADN, et le P r Jean-Marc Cosset,chef du Département <strong>de</strong> radiothérapie. <strong>Le</strong>s radiothérapeutesont soulevé un problème: la «radiorésistance»,qui désigne l’insensibilité<strong>de</strong> certaines tumeurs à la radiothérapie.Marie Dutreix a apporté sa solution: <strong>de</strong>s«appâts» qui neutralisent les enzymes<strong>de</strong> réparation du génome, celles-làmême qui font échouer la radiothérapie (lire aussip. 4). Testée chez l’animal, l’injection d’appâts moléculairesjuste avant la radiothérapie équivaut à multiplierpar dix la dose d’irradiation sans dommagepour les cellules saines alentours. Une formidablepiste que la société espère transformer rapi<strong>de</strong>menten essai clinique.> Un espace <strong>de</strong> concertation est nécessairepour renforcer et accélérer le transfert. «<strong>Le</strong>chercheur veut comprendre, le mé<strong>de</strong>cin veutsoigner», rappelle Simon Saule 5 , spécialiste <strong>de</strong> laFavoriserle partage <strong>de</strong>s idéeset <strong>de</strong>s outilsgénétique <strong>de</strong> la rétine. «C’est difficile <strong>de</strong> faire legrand écart entre la cellule et les soins thérapeutiquesou palliatifs», avoue le D r Sophie Piperno-Neumann, spécialiste du mélanome choroïdien, latumeur oculaire la plus fréquente et quis’étend une fois sur <strong>de</strong>ux au foie.«Alors qu’ensemble, on se pose lesbonnes questions», rassure-t-elle. Onla croit volontiers. Avec le D r JérômeCouturier, cytogénéticien, et grâce aux fragments<strong>de</strong> tumeur conservés à l’Institut <strong>Curie</strong> (lire encadréci-contre), le trinôme vient <strong>de</strong> mettre au jourune nouvelle piste. Affaire à suivre…Qu’elle soit fondamentale ou clinique, la recherchepuise sa force dans la pluridisciplinarité. Quand uneinstitution comme l’Institut <strong>Curie</strong> lui installe <strong>de</strong>spasserelles, cela ne peut aller que mieux.Marie-Laure Moinet5. Chef <strong>de</strong> l’équipe «Régulations cellulaires et oncogénèse»CNRS-Institut <strong>Curie</strong>.En France, peu <strong>de</strong>structures peuvent tisser<strong>de</strong>s liens directs entrechercheurs et mé<strong>de</strong>cinscomme le fait l’Institut<strong>Curie</strong>. Et pourtant, celareprésente sans doutel’un <strong>de</strong>s meilleurs modèlesà suivre afin que lesdécouvertes soient le plusrapi<strong>de</strong>ment possibletransposées en mé<strong>de</strong>cine.LE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE , 15


ENTRE NOUSINITIATIVESINITIATIVESENTRE NOUSVOTRE FONDATIONL’Institut <strong>Curie</strong> dispose <strong>de</strong> l’expertise, <strong>de</strong>s structures et <strong>de</strong>s ambitions nécessaires pour « prendrele cancer <strong>de</strong> vitesse ». La continuité <strong>de</strong> la recherche et <strong>de</strong>s soins dans un même lieu, unique en songenre, stimule l’innovation, favorise les échanges et le travail commun <strong>de</strong>s chercheurs, mé<strong>de</strong>cinset soignants pour accélérer la mise à disposition <strong>de</strong>s nouveaux traitements aux patients. Notre volonté<strong>de</strong> progresser est encouragée par le soutien et la générosité <strong>de</strong> nos donateurs, testateurs et partenaires.,ÉVÉNEMENTLES JONQUILLES ONT FLEURIPOUR FAIRE RECULER LE CANCER,RUGBYLE XV DE FRANCE AUX CÔTÉS DE L’INSTITUTCURIE CONTRE LES CANCERS DE L’ENFANT80 009 spectateurs ! <strong>Le</strong> Sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> Francea battu son record d’affluence lors <strong>de</strong> larencontre France-Angleterre du Tournoi<strong>de</strong>s VI Nations. Un match <strong>de</strong> choix, jouéau profit <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>. Sous la clameurdu public, le jeune Clément, 12 ans,soigné à l’Institut <strong>Curie</strong>, accompagné ducapitaine <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> France <strong>de</strong> handball,Jackson Richardson, a apporté leballon ovale pour le coup d’envoi.Tout a commencé lorsque la Fédérationfrançaise <strong>de</strong> rugby a choisi <strong>de</strong> s’associerà l’Institut <strong>Curie</strong>. <strong>Le</strong> mythique Sta<strong>de</strong> <strong>de</strong>France a ensuite rallié la cause, ainsi qued’autres partenaires comme la Sociétégénérale, Truffaut et le groupe Francetélévisions.<strong>Le</strong>s joueurs du XV <strong>de</strong>France ont marqué leurengagement en arborantsur leur maillot unejonquille, symbole <strong>de</strong> lalutte contre le cancer. Àplusieurs occasions, leprésentateur du Sta<strong>de</strong><strong>de</strong> France, Marc Maury,a invité les spectateurs àtélécharger une jonquillesur leur mobile ou à faireun don au profit <strong>de</strong> l’Institut<strong>Curie</strong>.Celui-ci souhaitait faireconnaître au plus grandnombre son objectif,« Gagner le match contreles cancers <strong>de</strong> l’enfant ».Un spot TV a donc ététourné avec l’équipe <strong>de</strong> France <strong>de</strong> rugbyà Marcoussis, et l’acteur ChristopheMalavoy lui a bénévolement prêté sa voix.<strong>Le</strong> message a été diffusé gracieusementplus <strong>de</strong> 150 fois à la télévision, puis dansles salles <strong>de</strong> cinéma <strong>de</strong>s réseaux UGCet MK2-Gaumont. <strong>Le</strong> spot radio, égalementenregistré par Christophe Malavoy,est passé plusieurs centaines <strong>de</strong> foissur les on<strong>de</strong>s. <strong>Le</strong>s magasins Sport 2000ont aussi participé à l’opération en distribuant<strong>de</strong>s coupons d’appel au don.L’intégralité <strong>de</strong>s fonds collectés participeraau financement <strong>de</strong> la recherche enpédiatrie à l’Institut <strong>Curie</strong>.Clément, 12 ans, soigné à l’Institut<strong>Curie</strong>, était soutenu par le handballeurJackson Richardson pour donnerle coup d’envoi <strong>de</strong> ce match <strong>de</strong> rugby,joué en faveur <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>.hhDécouvrez les spots « Ensemble,gagnons le match contre les cancers <strong>de</strong>l’enfant », les coulisses du tournageet tous les partenaires sur le site Internet :rugby.curie.frP. DerewianyP. Lombardi/Institut <strong>Curie</strong>hParce qu’il faut rester positif face à la maladie,l’opération « Des jardins pour la Vie, une Jonquillepour <strong>Curie</strong> » était ponctuée d’animations festives.<strong>Le</strong> mois <strong>de</strong> mars est celui du printemps,mais aussi celui <strong>de</strong> l’Institut<strong>Curie</strong>. Du 22 au 26 mars <strong>de</strong>rnier, lePanthéon s’est paré <strong>de</strong> jaune et <strong>de</strong> vert, invitantchacun à cueillir, en échange d’un don,une jonquille, symbole <strong>de</strong> l’espoir dans lalutte contre le cancer.Cette troisième édition « Des Jardins pourla Vie, une Jonquille pour <strong>Curie</strong> » a ravi sesfidèles. Pour la première fois, la fête sedéroulait sur cinq jours. La journée inaugurale,un mercredi, était naturellementdédiée aux enfants.<strong>Le</strong>s visiteurs ont voyagé à travers le tempsdans les quatre « Jardins pour la Vie » : <strong>de</strong>schaises longues comme en plein été, <strong>de</strong>svignes bor<strong>de</strong>laises, synonyme <strong>de</strong> vendangeautomnale, <strong>de</strong>s sapins enneigés pour l’hiver,et bien sûr les quelque 60 000 jonquilles <strong>de</strong>printemps. « C’est un moment exquis pourune cause <strong>de</strong>s plus importantes, cet événementest magique et donne encore plus envie<strong>de</strong> se mobiliser », confie Josiane, fidèlesoutien <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>. Et <strong>de</strong> poursuivre :« L’année prochaine, pour compléter monobole, je serai bénévole. »Près <strong>de</strong> 80 000 euros ont été collectés, enincluant les sommes reversées par lesmagasins Truffaut <strong>de</strong> toute la France quivendaient en parallèle <strong>de</strong>s jonquilles auprofit <strong>de</strong> l’Institut. <strong>Le</strong>s fonds ont été affectésà la plate-forme d’imagerie scientifique<strong>de</strong> l’Institut qui doit s’équiper d’un microscopedit confocal, une technologie <strong>de</strong>pointe qui permet <strong>de</strong> s’affranchir <strong>de</strong>slimites <strong>de</strong> la microscopie classique pourobtenir une image plus précise que jamais.Cette année encore, « Des Jardins pour laVie, une Jonquille pour <strong>Curie</strong> » ont permisune mobilisation contre le cancer dans l’espoir.Ren<strong>de</strong>z-vous l’année prochaine…Clémence MusahGrâce à la générosité <strong>de</strong>s donateurs, ce sontprès <strong>de</strong> 80 000 euros qui vont contribuer à soutenirla lutte contre le cancer.C. Charré/Institut <strong>Curie</strong>LE JARDIN EN LIGNECeux qui n’ont pu se déplacer peuventtoujours visiter le jardin virtuel etle fleurir <strong>de</strong> jonquilles, au proratadu don qu’ils souhaitent faire au profit<strong>de</strong> la recherche contre le cancer.h jonquille.curie.frGÉNÉROSITÉPartenairesCes entreprises et institutionssoutiennent l’Institut <strong>Curie</strong> :Truffaut, Monum, SwissLife, RATP,Aéroports <strong>de</strong> Paris, Zelphis, Lu.L. Martines/Institut <strong>Curie</strong>M. HantzLE JOURNAL DE16 , L’INSTITUT CURIELE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE, 17

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