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Le Journal de l'Institut Curie - n°66 - Juin 2006

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DOSSIERLE TRANSFERTLE TRANSFERTDOSSIERA. <strong>Le</strong>scure/Institut <strong>Curie</strong>hNombreux sont les mé<strong>de</strong>cins qui, comme le D r Olivier Delattre, rejoignent tous ceux qui œuvrent pour faireaboutir <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> recherche biomédicale, sans jamais oublier leur serment d’Hypocrate.AnatomopathologieDiscipline médicalequi étudie lesmodifications <strong>de</strong>structure et <strong>de</strong> forme<strong>de</strong>s tissus et <strong>de</strong>sorganes provoquéespar une maladie.GénomiqueÉtu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s gènes.ProtéomiqueÉtu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’expression<strong>de</strong>s gènes, à l’origine<strong>de</strong>s protéines, et <strong>de</strong>leurs interactions,permettant <strong>de</strong>mieux comprendrele fonctionnement<strong>de</strong> la cellule.10,LE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE■ ■ ■ réunit <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s différents : celui <strong>de</strong>schercheurs, projetés dans l’avenir, et celui <strong>de</strong>smé<strong>de</strong>cins, happés par l’urgence du présent. <strong>Le</strong>suns travaillent sur les cellules ou sur <strong>de</strong>s modèles<strong>de</strong> laboratoire, les autres sont sollicités par <strong>de</strong>spatients… Et le <strong>de</strong>ssinateur Plantu a habilementcroqué cette discipline en glissant une souris <strong>de</strong> laboratoiredans un lit d’hôpital », relève Jean PaulThiery, responsable du Département <strong>de</strong> transfert,développement technologique et préclinique crééfin 2003. Son objectif ? Donner un nouvel élan àcette étape <strong>de</strong> transition. Ses moyens? <strong>Le</strong> partagefructueux <strong>de</strong>s idées et <strong>de</strong>s plates-formes technologiques<strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong> au service <strong>de</strong> projetsportés conjointement par <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins et <strong>de</strong>schercheurs.Augmenter la place du transfert s’impose à tous.Pour quatre raisons:> La mé<strong>de</strong>cine se «scientifise». <strong>Le</strong>s moyensdiagnostiques <strong>de</strong> la lutte contre le cancer – imagerie,biologie, anatomopathologie – et thérapeutiques–chirurgie, traitements médicaux et radiothérapie–sont «révolutionnés» par les disciplinesen -ique: génomique, protéomique, physique, bioinformatique,robotique.GRÂCEÀ VOUSMicrométastasesCellules isolées quipeuvent constituerles signes précurseurs<strong>de</strong> métastases,c’est-à-dire <strong>de</strong>foyers cancéreuxsecondaires. <strong>Le</strong>sscientifiques sontdésormais capablesd’en détecter uneparmi un million<strong>de</strong> cellules dansle sang et la moelleosseuse ! Cela<strong>de</strong>vrait permettre <strong>de</strong>surveiller le risque <strong>de</strong>récidive ou l’efficacitéd’un traitement.L’Institut <strong>Curie</strong>investit près <strong>de</strong>9millions d’euros en <strong>2006</strong>Sur les 60 millions d’euros consacrésen <strong>2006</strong> à la recherche, la recherchetranslationnelle bénéficie <strong>de</strong> 9 millions.Depuis 2003 à l’Institut <strong>Curie</strong>, elle disposed’un département structuré et dotéd’un budget que lui envient les spécialistesfrançais et européens.Ce <strong>de</strong>rnier a d’ailleurs augmenté<strong>de</strong> 85 % en trois ans grâce à la générosité<strong>de</strong>s donateurs. <strong>Le</strong>s frais <strong>de</strong> « démarrage » liésaux gros équipements et aux aménagements<strong>de</strong>s plates-formes technologiquesen représentent encore près d’un quart.Ceci va sans compter le million d’euros issu<strong>de</strong>s dons et legs qui, chaque année <strong>de</strong>puis 2003,permet aux mé<strong>de</strong>cins et infirmières <strong>de</strong> seréserver du temps pour développer <strong>de</strong>s projets<strong>de</strong> recherche clinique, sans nuire à la priseen charge <strong>de</strong> leurs patients au quotidien.Depuis que l’on sait que les cancers prennentnaissance dans nos gènes –même s’ils ne sont querarement héréditaires– et <strong>de</strong>puis que le génomehumain a été séquencé, la carte d’i<strong>de</strong>ntité génétique<strong>de</strong>s cancers est le Graal <strong>de</strong> l’oncologue. Eni<strong>de</strong>ntifiant tous les gènes en cause et leurs anomalies,elle révolutionne la logique actuelle <strong>de</strong> classification<strong>de</strong>s tumeurs, parfois aussi leur évaluationpronostique et le choix thérapeutique.Prenons l’exemple du sarcome d’Ewing, un cancerrare survenant chez l’enfant et le jeune adulte,d’origine le plus souvent osseuse. Sa «signature»génétique a été i<strong>de</strong>ntifiée en <strong>de</strong>ux étapes à l’Institut<strong>Curie</strong> par <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins convertis à la recherche.En 1983, le cytogénéticien Alain Aurias 3 découvrela cause <strong>de</strong> ce cancer, un remaniement spécifiqueentre <strong>de</strong>ux chromosomes qui fusionnent. Moins <strong>de</strong>dix ans plus tard, le pédiatre Olivier Delattre i<strong>de</strong>ntifiele gène né <strong>de</strong> cette fusion. Des ingénieursmettent alors au point une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> détection <strong>de</strong>ce gène. Elle est désormais utilisée pour poser toutdiagnostic du sarcome d’Ewing. Belle réussite <strong>de</strong>transfert parmi d’autres. Aujourd’hui, l’Institut<strong>Curie</strong> est également le centre <strong>de</strong> référence pour ladétection dans le sang et la moelle osseuse <strong>de</strong>smicrométastases <strong>de</strong> cette tumeur 4 .Bien analyser les cellulesDe nouvelles questions tarau<strong>de</strong>nt les scientifiques.Que dérègle ce gène dans la cellule? Peut-on trouverune para<strong>de</strong>? C’est typiquement le genre <strong>de</strong> sujetsexplorés par la plate-forme Biophenics. Parfois,on arrive à neutraliser les cellules cancéreusesgrâce à <strong>de</strong>s protéines issues du ou <strong>de</strong>s gène(s)«mala<strong>de</strong>(s)». <strong>Le</strong> cas d’école est la protéine ErbB2,un récepteur membranaire en surnombre dans25% <strong>de</strong>s cancers du sein. La contre-attaque existe:un médicament appelé trastuzumab (connu sous lenom commercial d’herceptine). Un missile ciblé,efficace chez <strong>de</strong> nombreuses patientes, mais…inefficace chez d’autres. L’avenir du médicaments’est joué, on le voit, grâce à la bonne analyse <strong>de</strong>scellules <strong>de</strong>s patientes afin <strong>de</strong> les associer ou non auxessais cliniques! <strong>Le</strong> rôle <strong>de</strong> la recherche translationnelleest d’optimiser cette classification. Demême que l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s microbes a boule-3. Cofondateur en 1998 <strong>de</strong> l’Unité «Pathologie moléculaire<strong>de</strong>s cancers», dirigée par le D r Olivier Delattre.4. Lire le dossier thématique «La traque <strong>de</strong>smicrométastases» (vente par correspondance).Une « désescala<strong>de</strong>thérapeutique » grâceaux traitements sur mesureÀ l’Institut <strong>Curie</strong>, la biologie esttellement intégrée à la pratiquemédicale dans la prise en chargedu neuroblastome (un cancer<strong>de</strong> l’enfant) que la pédiatreGudrun Schleiermacher atout naturellement tenu à fairesa thèse dans le laboratoiredu D r Olivier Delattre.« Savoir comment traiter les tumeurspédiatriques implique <strong>de</strong> connaîtreles <strong>de</strong>rniers résultats <strong>de</strong> larecherche, explique-t-elle.<strong>Le</strong> neuroblastome touche surtout<strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> cinq ans.Il se loge dans l’abdomen, le cou,le thorax. Il peut être agressifou régresser spontanément. Il peutaussi resurgir loin <strong>de</strong> la tumeurinitiale quelques années aprèsalors que l’enfant semble guéri.On voudrait tant comprendre les liensentre les paramètres biologiqueset les caractères cliniques. »L’un d’entre eux a déjà étédécouvert. C’est la répétitionanormale – plus <strong>de</strong> cent copiesau lieu <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux –, d’un gèneappelé n-myc. D’autres signaturesgénétiques, encore à l’étu<strong>de</strong>,pourraient compléter l’information.« L’objectif du transfert est<strong>de</strong> pouvoir explorer le génome<strong>de</strong>s cellules tumorales avec lahReconnaître les anomaliesgénétiques <strong>de</strong> chaque tumeur permetd’offrir aux patients <strong>de</strong>s traitementsmieux adaptés.plus gran<strong>de</strong> résolution possible »,résume le D r Olivier Delattre. «Et enune seule étape, ajoute GudrunSchleiermacher. Quand un test fiablepermettra <strong>de</strong> préciser si l’évolutionsera grave ou non, on écarterad’emblée le traitement lourd et sesrisques <strong>de</strong> séquelles pour 85 % <strong>de</strong>senfants atteints <strong>de</strong> neuroblastome ! »,espère cette jeune pédiatre. Sonvœu est raisonnable, car une telledésescala<strong>de</strong> est déjà amorcée faceà certaines tumeurs du cerveau(les gliomes) 1 par exemple.M.-L. M.1. Lire <strong>Le</strong> <strong>Journal</strong> <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>,mars <strong>2006</strong>.versé la classification <strong>de</strong>s maladies infectieuses, lagénomique est un <strong>de</strong>s outils qui permettent <strong>de</strong> fairela différence entre certaines tumeurs longtempsconfondues avec d’autres. «Nous nous situons entrela découverte <strong>de</strong> Louis Pasteur et l’usageMieux classer les tumeurs <strong>de</strong>s antibiotiques», explique le P r Thomaspour personnaliser Tursz, directeur <strong>de</strong> l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif).les traitements Dans l’Unité du D r Olivier Delattre àl’Institut <strong>Curie</strong>, on a récemment montréque les pertes concomitantes <strong>de</strong>parties <strong>de</strong> chromosomes sont un facteur <strong>de</strong> très bonpronostic dans les cancers du cerveau (gliomes).<strong>Le</strong> test est désormais « transféré »puisque ■ ■ ■G. Schleiermacher & coll./U509 Inserm-Institut <strong>Curie</strong>LE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE , 11

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