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Le Journal de l'Institut Curie - n°66 - Juin 2006

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DOSSIERDÉCOUVRIR ET SOIGNER,LA LOGIQUE DU TRANSFERTLE TRANSFERTh<strong>Le</strong>s chercheurs côtoyant régulièrement <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins sont naturellementamenés à «élargir leur horizon» vers les attentes <strong>de</strong>s patients.La recherche translationnelle est une passerelle entreles découvertes ou les inventions et les applicationsmédicales. Elle repose sur la concertation entre mé<strong>de</strong>cins,chercheurs, ingénieurs, techniciens… Quand tousces acteurs ont la chance <strong>de</strong> travailler dans un mêmeenvironnement, comme c’est le cas à l’Institut <strong>Curie</strong>, lesprogrès s’en trouvent accélérés, au bénéfice <strong>de</strong>s patients.«<strong>Le</strong> transfert, c’est le laboratoire qui setransporte dans le mon<strong>de</strong> réel <strong>de</strong>smala<strong>de</strong>s», résume le P r Thierry Philip,cancérologue et chercheur à Lyon 1 .Cependant, cette conversion n’est pasimmédiate: ainsi, treize ans séparent la découverte<strong>de</strong> la pénicilline (1928) <strong>de</strong> sa première application(1941). Et ce n’est qu’après plusieurs étapes <strong>de</strong>perfectionnement que la première greffe <strong>de</strong> moelleosseuse – en 1957, à l’Institut <strong>Curie</strong> – a donnénaissance à une véritable discipline désormaisappelée immunothérapie.Noak/<strong>Le</strong> bar Floréal/Institut <strong>Curie</strong>«<strong>Le</strong> transfert, c’est typiquement la mise au pointd’un test <strong>de</strong> routine à partir d’une découverte»,explique le P r Hervé Fridman 2 , artisan en 1993 dupremier laboratoire français <strong>de</strong> transfert en cancérologie,le laboratoire Garet, à l’Institut <strong>Curie</strong>. «Parexemple, grâce à <strong>de</strong>s techniques sophistiquées,nous venons d’i<strong>de</strong>ntifier une substance dans certainestumeurs du côlon et du rectum retirées à <strong>de</strong>spatients. Sa présence dans la tumeur est synonyme<strong>de</strong> bon pronostic pour le mala<strong>de</strong>. Il nous faut désormaismettre au point un test d’analyse simple pourla rechercher chez les patients. Il faudra ensuitedéterminer à partir <strong>de</strong> quelle quantité la présence<strong>de</strong> cette molécule est significative, s’assurer que letest est accessible et applicable par les mé<strong>de</strong>cins…L’avantage <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong> dans cette étape estqu’il dispose sur place <strong>de</strong>s bio-informaticiens etautres ingénieurs capables d’exploiter la masse <strong>de</strong>données générée.» En effet, en France, peu <strong>de</strong> structurespeuvent faire le lien direct entre leurs chercheursdans leurs laboratoires et leurs mé<strong>de</strong>cins auchevet <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s à l’hôpital.Mettre la scienceau service <strong>de</strong> l’hommeDe fait, la continuité <strong>de</strong> la recherche et du soin atoujours été à la base du fonctionnement <strong>de</strong> l’Institut<strong>Curie</strong>. Né sous ces doubles auspices (lire l’encadréci-contre), il a évolué en restant fidèle à sa mission,inscrite à l’article 1 <strong>de</strong> ses statuts : « Mettrela science au service <strong>de</strong> l’homme pour l’ai<strong>de</strong>r àlutter contre les maladies, et tout particulièrementle cancer. » Mieux encore, la pluridisciplinaritéjoue «dans l’intérêt <strong>de</strong> la science et <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s».<strong>Le</strong> P r François Doz, pédiatre, le confirme: «Unanesthésiste-réanimateur orientera le chimiste et lephysicien vers la mise au point <strong>de</strong> cathéters bactérici<strong>de</strong>s[NDLR: pour limiter le risque <strong>de</strong> complicationsinfectieuses lors d’une opération]». Autreexemple, suggéré par Emmanuelle Deponge, chargéed’affaires à la Direction <strong>de</strong> la valorisation et <strong>de</strong>srelations industrielles: «Il nous arrive d’élargir laportée d’un brevet sur les travaux d’un chercheurgrâce à la participation d’un mé<strong>de</strong>cin dont l’horizonest orienté vers les patients.» «<strong>Le</strong> transfert ■ ■ ■1. Directeur du Centre régional <strong>de</strong> lutte contre le cancerLéon-Bérard (Lyon). Auteur <strong>de</strong> Vaincre son cancer, Éd. Milan.2. Directeur <strong>de</strong> laboratoire à l’université Paris-VIet chef du Département d’immunologie à l’Hôpitaleuropéen Georges-Pompidou (Paris).<strong>Le</strong> 5 e arrondissement <strong>de</strong> Paris,relais d’expérienceshSur les hauteurs <strong>de</strong> la montagne Sainte-Geneviève, le quartier «savant» <strong>de</strong>Paris, chercheurs et mé<strong>de</strong>cins échangent pour le plus grand bénéfice <strong>de</strong>s patients.Quand l’Université <strong>de</strong> Paris etl’Institut Pasteur déci<strong>de</strong>nt, en 1909,d’implanter l’Institut du radium 1au cœur <strong>de</strong> Paris, ils prévoient<strong>de</strong>ux laboratoires, l’un pour larecherche, l’autre pour l’applicationmédicale. <strong>Le</strong> premier sera dirigépar Marie <strong>Curie</strong>, prix Nobel<strong>de</strong> physique 1903, le second parle radiobiologiste Claudius Regaud.Entre les <strong>de</strong>ux, un jardin propiceaux échanges féconds. Cetétat d’esprit perdure, et c’estquotidiennement que chercheurset soignants continuent àse rencontrer à l’Institut <strong>Curie</strong>.Tout comme au sein <strong>de</strong> l’association<strong>de</strong> la Montagne-Sainte-Geneviève,fondée en 1993 avec les fleurons<strong>de</strong> ce quartier parisien, pépinière<strong>de</strong> prix Nobel : après les <strong>Curie</strong> etJoliot-<strong>Curie</strong>, Pierre-Gilles<strong>de</strong> Gennes, Georges Charpaket Clau<strong>de</strong> Cohen-Tannoudji.Physicochimiste à l’Écolesupérieure <strong>de</strong> physique et chimieindustrielle, Jean-Louis Viovyrejoint l’Institut <strong>Curie</strong> en 1995.« Je désirais mettre ma “boîteà outils” au service <strong>de</strong> la biologiemédicale », avoue-t-il avecmo<strong>de</strong>stie. Il y trouve matière,et un écho enthousiaste <strong>de</strong> la partdu D r Dominique Stoppa-Lyonnet,du Service <strong>de</strong> génétique oncologiqueà l’Institut <strong>Curie</strong>, confrontéeau diagnostic <strong>de</strong>s prédispositionshéréditaires au cancer du sein.Sans attendre, il met au point unoutil moins cher, plus accessible etsurtout cinq fois plus rapi<strong>de</strong> queles pratiques usuelles. Une société,Fluigent, accélérera le transfert<strong>de</strong> la métho<strong>de</strong>. Si la validation encours se confirme, la métho<strong>de</strong>pourra ainsi être utilisée en routineà l’hôpital dès 2007, réduisantle délai d’attente <strong>de</strong> réponse<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois à… une semaine!Elle facilitera aussi la recherche<strong>de</strong> prédisposition à uncancer pédiatrique <strong>de</strong> l’œil,le rétinoblastome.M.-L. M.1. L’Institut <strong>Curie</strong> naîtra plus tard<strong>de</strong> la fusion <strong>de</strong> l’Institut du radiumet <strong>de</strong> la Fondation <strong>Curie</strong> créée en 1920.Noak/<strong>Le</strong> bar Floréal/Institut <strong>Curie</strong>LE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE08,LE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE , 09

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