HDOSSIERLE TRANSFERTLE TRANSFERTDOSSIERhLA RECHERCHECLINIQUE, OBJECTIFDU TRANSFERTQuand le transferts’empare d’unedécouverte, c’estque ses expertsont pressenti uneapplication médicale.Ils donnent ce coup<strong>de</strong> pouce afin d’arriverplus vite à imaginer<strong>de</strong>s essais cliniquesorganisés avec laparticipation <strong>de</strong>spatients et grâce,parfois, à l’intervention<strong>de</strong> partenairesindustriels.À l’occasion d’un geste chirurgical,les tumeurs sont analysées par l’œil expert<strong>de</strong>s anatomo-pathologistes afin <strong>de</strong> poserun diagnostic biomédical immédiat. Dansla mesure du possible, un fragment <strong>de</strong> tissuest conservé au froid pour d’éventuellesanalyses complémentaires qui pourraient serévéler nécessaires au cours <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>la maladie. Avec le consentement du patient,une partie <strong>de</strong> ces échantillons peut égalementservir à <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> recherche.Annotés d’informations cliniques, les produitsbiologiques dérivés <strong>de</strong>s échantillonssont précieux. La traçabilité <strong>de</strong> ces spécimens,<strong>de</strong>puis leur collecte jusqu’à leur préparation,leur qualité ainsi que celle <strong>de</strong>s donnéesmédicales qui leur sont associées fontla richesse d’une biobanque. <strong>Le</strong>s différentescollections (ou -thèques) sont un élémentclé du transfert. Elles permettent <strong>de</strong> mieuxcomprendre les mécanismes du cancer, sesorigines génétiques, <strong>de</strong> découvrir une nouvelleLE JOURNAL DE14 , L’INSTITUT CURIE■ ■ ■ quantités <strong>de</strong> données », prévient JacquesCamonis, mé<strong>de</strong>cin-chercheur, pilote et cofondateuravec Franck Perez <strong>de</strong> cette plate-forme. En tantqu’outil <strong>de</strong> recherche fondamentale, elle permettra<strong>de</strong> découvrir le rôle d’un gène dont l’altération mèneau cancer, ou celui d’une molécule sur les fonctionscellulaires liées au cancer: multiplication, mobilité,perte <strong>de</strong> spécialisation, etc. <strong>Le</strong>s premières moléculesétudiées seront bien sûr celles disponibles dansla chimiothèque <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>, qui compte8000 substances chimiques candidats-médicaments.Biophenics permettra, par ailleurs, <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r unepiste thérapeutique ou <strong>de</strong> son<strong>de</strong>r les effets secondairesd’un candidat-médicament. Deux robots àhaut débit se partagent cette activité dite postgénomique.> L’importance <strong>de</strong> la générosité publiqueet <strong>de</strong> l’investissement privé. <strong>Le</strong> transfert sesitue entre la recherche fondamentale, financéemajoritairement par l’État, et la recherche clinique,dépendante du secteur privé industriel. En <strong>2006</strong>,l’Institut <strong>Curie</strong> lui dédie plusieurs millions d’eurosgrâce à ses donateurs (lire p.10), et établit <strong>de</strong>spartenariats avec <strong>de</strong>s industriels (Affymetrix, Servier,etc.). Il assure également un soutien stratégique50000 échantillons au profit <strong>de</strong> la recherchecible et d’imaginer un médicament potentiel…Actuellement indépendantes et répartiesdans différents hôpitaux, leur accréditationet leur centralisation « virtuelle » – réseaux,catalogues communs – sont en cours au niveaulocal et national. Celle <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>,sans doute la plus importante en France dansle domaine <strong>de</strong> la cancérologie, contient plus<strong>de</strong> 50 000 échantillons liés aux pathologiescancéreuses. Elle s’enrichit chaque année<strong>de</strong> près <strong>de</strong> 3 000 échantillons : tissus tumorauxet tissus sains (pour les comparaisons),plasmas, sérums, moelles osseuses, cellules,matériels génétiques, etc.M.-L. M.hMême après leur traitement, <strong>de</strong>s patientsparticipent encore à la recherche. Conservés dansles centres <strong>de</strong> ressources, <strong>de</strong>s fragments <strong>de</strong> leurtumeur opérée permettent, avec leur accord,d’imaginer <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> diagnostic ou <strong>de</strong> pronosticinnovants ou <strong>de</strong> nouvelles stratégies <strong>de</strong> traitement.Face au cancer :le transfert en EuropeEn Europe, plusieurs institutions ont fait <strong>de</strong>la recherche translationnelle une priorité <strong>de</strong> larecherche contre le cancer. Ainsi à Stockholm,en Suè<strong>de</strong>, à Hei<strong>de</strong>lberg, en Allemagneou à Londres, en Angleterre, <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong>recherche <strong>de</strong> haut niveau, en partenariat étroitavec <strong>de</strong>s services hospitaliers, connaissent<strong>de</strong> beaux résultats <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong>s découvertes.Une voie qui a donc fait ses preuves et dontl’Institut <strong>Curie</strong> fut un précurseur.C. Charré/Institut <strong>Curie</strong>A. <strong>Le</strong>scure/Institut <strong>Curie</strong>aux start-up, quatre jeunes entreprises nées <strong>de</strong> lasynergie entre chercheurs et mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> l’Institut<strong>Curie</strong>. La création <strong>de</strong> start-up permet <strong>de</strong> lever<strong>de</strong>s fonds chez <strong>de</strong>s investisseurs pour assurer le développementnécessaire et accélérer la mise au pointd’outils d’analyse, <strong>de</strong> diagnostic ou <strong>de</strong> pronostic,<strong>de</strong> médicaments… Sans ces leviers, les objectifsne resteraient que <strong>de</strong>s rêves. Il en est ainsi <strong>de</strong> Fluigent(lire encadré p. 9) et DNATherapeutics, <strong>de</strong>uxstart-up dont la <strong>de</strong>rnière est née d’un programmefinancé par les donateurs <strong>de</strong> l’Institut, qui rapprochaen 2001 la biologiste Marie Dutreix, spécialiste<strong>de</strong> la réparation <strong>de</strong> l’ADN, et le P r Jean-Marc Cosset,chef du Département <strong>de</strong> radiothérapie. <strong>Le</strong>s radiothérapeutesont soulevé un problème: la «radiorésistance»,qui désigne l’insensibilité<strong>de</strong> certaines tumeurs à la radiothérapie.Marie Dutreix a apporté sa solution: <strong>de</strong>s«appâts» qui neutralisent les enzymes<strong>de</strong> réparation du génome, celles-làmême qui font échouer la radiothérapie (lire aussip. 4). Testée chez l’animal, l’injection d’appâts moléculairesjuste avant la radiothérapie équivaut à multiplierpar dix la dose d’irradiation sans dommagepour les cellules saines alentours. Une formidablepiste que la société espère transformer rapi<strong>de</strong>menten essai clinique.> Un espace <strong>de</strong> concertation est nécessairepour renforcer et accélérer le transfert. «<strong>Le</strong>chercheur veut comprendre, le mé<strong>de</strong>cin veutsoigner», rappelle Simon Saule 5 , spécialiste <strong>de</strong> laFavoriserle partage <strong>de</strong>s idéeset <strong>de</strong>s outilsgénétique <strong>de</strong> la rétine. «C’est difficile <strong>de</strong> faire legrand écart entre la cellule et les soins thérapeutiquesou palliatifs», avoue le D r Sophie Piperno-Neumann, spécialiste du mélanome choroïdien, latumeur oculaire la plus fréquente et quis’étend une fois sur <strong>de</strong>ux au foie.«Alors qu’ensemble, on se pose lesbonnes questions», rassure-t-elle. Onla croit volontiers. Avec le D r JérômeCouturier, cytogénéticien, et grâce aux fragments<strong>de</strong> tumeur conservés à l’Institut <strong>Curie</strong> (lire encadréci-contre), le trinôme vient <strong>de</strong> mettre au jourune nouvelle piste. Affaire à suivre…Qu’elle soit fondamentale ou clinique, la recherchepuise sa force dans la pluridisciplinarité. Quand uneinstitution comme l’Institut <strong>Curie</strong> lui installe <strong>de</strong>spasserelles, cela ne peut aller que mieux.Marie-Laure Moinet5. Chef <strong>de</strong> l’équipe «Régulations cellulaires et oncogénèse»CNRS-Institut <strong>Curie</strong>.En France, peu <strong>de</strong>structures peuvent tisser<strong>de</strong>s liens directs entrechercheurs et mé<strong>de</strong>cinscomme le fait l’Institut<strong>Curie</strong>. Et pourtant, celareprésente sans doutel’un <strong>de</strong>s meilleurs modèlesà suivre afin que lesdécouvertes soient le plusrapi<strong>de</strong>ment possibletransposées en mé<strong>de</strong>cine.LE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE , 15
ENTRE NOUSINITIATIVESINITIATIVESENTRE NOUSVOTRE FONDATIONL’Institut <strong>Curie</strong> dispose <strong>de</strong> l’expertise, <strong>de</strong>s structures et <strong>de</strong>s ambitions nécessaires pour « prendrele cancer <strong>de</strong> vitesse ». La continuité <strong>de</strong> la recherche et <strong>de</strong>s soins dans un même lieu, unique en songenre, stimule l’innovation, favorise les échanges et le travail commun <strong>de</strong>s chercheurs, mé<strong>de</strong>cinset soignants pour accélérer la mise à disposition <strong>de</strong>s nouveaux traitements aux patients. Notre volonté<strong>de</strong> progresser est encouragée par le soutien et la générosité <strong>de</strong> nos donateurs, testateurs et partenaires.,ÉVÉNEMENTLES JONQUILLES ONT FLEURIPOUR FAIRE RECULER LE CANCER,RUGBYLE XV DE FRANCE AUX CÔTÉS DE L’INSTITUTCURIE CONTRE LES CANCERS DE L’ENFANT80 009 spectateurs ! <strong>Le</strong> Sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> Francea battu son record d’affluence lors <strong>de</strong> larencontre France-Angleterre du Tournoi<strong>de</strong>s VI Nations. Un match <strong>de</strong> choix, jouéau profit <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>. Sous la clameurdu public, le jeune Clément, 12 ans,soigné à l’Institut <strong>Curie</strong>, accompagné ducapitaine <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> France <strong>de</strong> handball,Jackson Richardson, a apporté leballon ovale pour le coup d’envoi.Tout a commencé lorsque la Fédérationfrançaise <strong>de</strong> rugby a choisi <strong>de</strong> s’associerà l’Institut <strong>Curie</strong>. <strong>Le</strong> mythique Sta<strong>de</strong> <strong>de</strong>France a ensuite rallié la cause, ainsi qued’autres partenaires comme la Sociétégénérale, Truffaut et le groupe Francetélévisions.<strong>Le</strong>s joueurs du XV <strong>de</strong>France ont marqué leurengagement en arborantsur leur maillot unejonquille, symbole <strong>de</strong> lalutte contre le cancer. Àplusieurs occasions, leprésentateur du Sta<strong>de</strong><strong>de</strong> France, Marc Maury,a invité les spectateurs àtélécharger une jonquillesur leur mobile ou à faireun don au profit <strong>de</strong> l’Institut<strong>Curie</strong>.Celui-ci souhaitait faireconnaître au plus grandnombre son objectif,« Gagner le match contreles cancers <strong>de</strong> l’enfant ».Un spot TV a donc ététourné avec l’équipe <strong>de</strong> France <strong>de</strong> rugbyà Marcoussis, et l’acteur ChristopheMalavoy lui a bénévolement prêté sa voix.<strong>Le</strong> message a été diffusé gracieusementplus <strong>de</strong> 150 fois à la télévision, puis dansles salles <strong>de</strong> cinéma <strong>de</strong>s réseaux UGCet MK2-Gaumont. <strong>Le</strong> spot radio, égalementenregistré par Christophe Malavoy,est passé plusieurs centaines <strong>de</strong> foissur les on<strong>de</strong>s. <strong>Le</strong>s magasins Sport 2000ont aussi participé à l’opération en distribuant<strong>de</strong>s coupons d’appel au don.L’intégralité <strong>de</strong>s fonds collectés participeraau financement <strong>de</strong> la recherche enpédiatrie à l’Institut <strong>Curie</strong>.Clément, 12 ans, soigné à l’Institut<strong>Curie</strong>, était soutenu par le handballeurJackson Richardson pour donnerle coup d’envoi <strong>de</strong> ce match <strong>de</strong> rugby,joué en faveur <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>.hhDécouvrez les spots « Ensemble,gagnons le match contre les cancers <strong>de</strong>l’enfant », les coulisses du tournageet tous les partenaires sur le site Internet :rugby.curie.frP. DerewianyP. Lombardi/Institut <strong>Curie</strong>hParce qu’il faut rester positif face à la maladie,l’opération « Des jardins pour la Vie, une Jonquillepour <strong>Curie</strong> » était ponctuée d’animations festives.<strong>Le</strong> mois <strong>de</strong> mars est celui du printemps,mais aussi celui <strong>de</strong> l’Institut<strong>Curie</strong>. Du 22 au 26 mars <strong>de</strong>rnier, lePanthéon s’est paré <strong>de</strong> jaune et <strong>de</strong> vert, invitantchacun à cueillir, en échange d’un don,une jonquille, symbole <strong>de</strong> l’espoir dans lalutte contre le cancer.Cette troisième édition « Des Jardins pourla Vie, une Jonquille pour <strong>Curie</strong> » a ravi sesfidèles. Pour la première fois, la fête sedéroulait sur cinq jours. La journée inaugurale,un mercredi, était naturellementdédiée aux enfants.<strong>Le</strong>s visiteurs ont voyagé à travers le tempsdans les quatre « Jardins pour la Vie » : <strong>de</strong>schaises longues comme en plein été, <strong>de</strong>svignes bor<strong>de</strong>laises, synonyme <strong>de</strong> vendangeautomnale, <strong>de</strong>s sapins enneigés pour l’hiver,et bien sûr les quelque 60 000 jonquilles <strong>de</strong>printemps. « C’est un moment exquis pourune cause <strong>de</strong>s plus importantes, cet événementest magique et donne encore plus envie<strong>de</strong> se mobiliser », confie Josiane, fidèlesoutien <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>. Et <strong>de</strong> poursuivre :« L’année prochaine, pour compléter monobole, je serai bénévole. »Près <strong>de</strong> 80 000 euros ont été collectés, enincluant les sommes reversées par lesmagasins Truffaut <strong>de</strong> toute la France quivendaient en parallèle <strong>de</strong>s jonquilles auprofit <strong>de</strong> l’Institut. <strong>Le</strong>s fonds ont été affectésà la plate-forme d’imagerie scientifique<strong>de</strong> l’Institut qui doit s’équiper d’un microscopedit confocal, une technologie <strong>de</strong>pointe qui permet <strong>de</strong> s’affranchir <strong>de</strong>slimites <strong>de</strong> la microscopie classique pourobtenir une image plus précise que jamais.Cette année encore, « Des Jardins pour laVie, une Jonquille pour <strong>Curie</strong> » ont permisune mobilisation contre le cancer dans l’espoir.Ren<strong>de</strong>z-vous l’année prochaine…Clémence MusahGrâce à la générosité <strong>de</strong>s donateurs, ce sontprès <strong>de</strong> 80 000 euros qui vont contribuer à soutenirla lutte contre le cancer.C. Charré/Institut <strong>Curie</strong>LE JARDIN EN LIGNECeux qui n’ont pu se déplacer peuventtoujours visiter le jardin virtuel etle fleurir <strong>de</strong> jonquilles, au proratadu don qu’ils souhaitent faire au profit<strong>de</strong> la recherche contre le cancer.h jonquille.curie.frGÉNÉROSITÉPartenairesCes entreprises et institutionssoutiennent l’Institut <strong>Curie</strong> :Truffaut, Monum, SwissLife, RATP,Aéroports <strong>de</strong> Paris, Zelphis, Lu.L. Martines/Institut <strong>Curie</strong>M. HantzLE JOURNAL DE16 , L’INSTITUT CURIELE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE, 17