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Le Journal de l'Institut Curie - n°66 - Juin 2006

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HDOSSIERLE TRANSFERTLE TRANSFERTDOSSIERhLA RECHERCHECLINIQUE, OBJECTIFDU TRANSFERTQuand le transferts’empare d’unedécouverte, c’estque ses expertsont pressenti uneapplication médicale.Ils donnent ce coup<strong>de</strong> pouce afin d’arriverplus vite à imaginer<strong>de</strong>s essais cliniquesorganisés avec laparticipation <strong>de</strong>spatients et grâce,parfois, à l’intervention<strong>de</strong> partenairesindustriels.À l’occasion d’un geste chirurgical,les tumeurs sont analysées par l’œil expert<strong>de</strong>s anatomo-pathologistes afin <strong>de</strong> poserun diagnostic biomédical immédiat. Dansla mesure du possible, un fragment <strong>de</strong> tissuest conservé au froid pour d’éventuellesanalyses complémentaires qui pourraient serévéler nécessaires au cours <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>la maladie. Avec le consentement du patient,une partie <strong>de</strong> ces échantillons peut égalementservir à <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> recherche.Annotés d’informations cliniques, les produitsbiologiques dérivés <strong>de</strong>s échantillonssont précieux. La traçabilité <strong>de</strong> ces spécimens,<strong>de</strong>puis leur collecte jusqu’à leur préparation,leur qualité ainsi que celle <strong>de</strong>s donnéesmédicales qui leur sont associées fontla richesse d’une biobanque. <strong>Le</strong>s différentescollections (ou -thèques) sont un élémentclé du transfert. Elles permettent <strong>de</strong> mieuxcomprendre les mécanismes du cancer, sesorigines génétiques, <strong>de</strong> découvrir une nouvelleLE JOURNAL DE14 , L’INSTITUT CURIE■ ■ ■ quantités <strong>de</strong> données », prévient JacquesCamonis, mé<strong>de</strong>cin-chercheur, pilote et cofondateuravec Franck Perez <strong>de</strong> cette plate-forme. En tantqu’outil <strong>de</strong> recherche fondamentale, elle permettra<strong>de</strong> découvrir le rôle d’un gène dont l’altération mèneau cancer, ou celui d’une molécule sur les fonctionscellulaires liées au cancer: multiplication, mobilité,perte <strong>de</strong> spécialisation, etc. <strong>Le</strong>s premières moléculesétudiées seront bien sûr celles disponibles dansla chimiothèque <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>, qui compte8000 substances chimiques candidats-médicaments.Biophenics permettra, par ailleurs, <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r unepiste thérapeutique ou <strong>de</strong> son<strong>de</strong>r les effets secondairesd’un candidat-médicament. Deux robots àhaut débit se partagent cette activité dite postgénomique.> L’importance <strong>de</strong> la générosité publiqueet <strong>de</strong> l’investissement privé. <strong>Le</strong> transfert sesitue entre la recherche fondamentale, financéemajoritairement par l’État, et la recherche clinique,dépendante du secteur privé industriel. En <strong>2006</strong>,l’Institut <strong>Curie</strong> lui dédie plusieurs millions d’eurosgrâce à ses donateurs (lire p.10), et établit <strong>de</strong>spartenariats avec <strong>de</strong>s industriels (Affymetrix, Servier,etc.). Il assure également un soutien stratégique50000 échantillons au profit <strong>de</strong> la recherchecible et d’imaginer un médicament potentiel…Actuellement indépendantes et répartiesdans différents hôpitaux, leur accréditationet leur centralisation « virtuelle » – réseaux,catalogues communs – sont en cours au niveaulocal et national. Celle <strong>de</strong> l’Institut <strong>Curie</strong>,sans doute la plus importante en France dansle domaine <strong>de</strong> la cancérologie, contient plus<strong>de</strong> 50 000 échantillons liés aux pathologiescancéreuses. Elle s’enrichit chaque année<strong>de</strong> près <strong>de</strong> 3 000 échantillons : tissus tumorauxet tissus sains (pour les comparaisons),plasmas, sérums, moelles osseuses, cellules,matériels génétiques, etc.M.-L. M.hMême après leur traitement, <strong>de</strong>s patientsparticipent encore à la recherche. Conservés dansles centres <strong>de</strong> ressources, <strong>de</strong>s fragments <strong>de</strong> leurtumeur opérée permettent, avec leur accord,d’imaginer <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> diagnostic ou <strong>de</strong> pronosticinnovants ou <strong>de</strong> nouvelles stratégies <strong>de</strong> traitement.Face au cancer :le transfert en EuropeEn Europe, plusieurs institutions ont fait <strong>de</strong>la recherche translationnelle une priorité <strong>de</strong> larecherche contre le cancer. Ainsi à Stockholm,en Suè<strong>de</strong>, à Hei<strong>de</strong>lberg, en Allemagneou à Londres, en Angleterre, <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong>recherche <strong>de</strong> haut niveau, en partenariat étroitavec <strong>de</strong>s services hospitaliers, connaissent<strong>de</strong> beaux résultats <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong>s découvertes.Une voie qui a donc fait ses preuves et dontl’Institut <strong>Curie</strong> fut un précurseur.C. Charré/Institut <strong>Curie</strong>A. <strong>Le</strong>scure/Institut <strong>Curie</strong>aux start-up, quatre jeunes entreprises nées <strong>de</strong> lasynergie entre chercheurs et mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> l’Institut<strong>Curie</strong>. La création <strong>de</strong> start-up permet <strong>de</strong> lever<strong>de</strong>s fonds chez <strong>de</strong>s investisseurs pour assurer le développementnécessaire et accélérer la mise au pointd’outils d’analyse, <strong>de</strong> diagnostic ou <strong>de</strong> pronostic,<strong>de</strong> médicaments… Sans ces leviers, les objectifsne resteraient que <strong>de</strong>s rêves. Il en est ainsi <strong>de</strong> Fluigent(lire encadré p. 9) et DNATherapeutics, <strong>de</strong>uxstart-up dont la <strong>de</strong>rnière est née d’un programmefinancé par les donateurs <strong>de</strong> l’Institut, qui rapprochaen 2001 la biologiste Marie Dutreix, spécialiste<strong>de</strong> la réparation <strong>de</strong> l’ADN, et le P r Jean-Marc Cosset,chef du Département <strong>de</strong> radiothérapie. <strong>Le</strong>s radiothérapeutesont soulevé un problème: la «radiorésistance»,qui désigne l’insensibilité<strong>de</strong> certaines tumeurs à la radiothérapie.Marie Dutreix a apporté sa solution: <strong>de</strong>s«appâts» qui neutralisent les enzymes<strong>de</strong> réparation du génome, celles-làmême qui font échouer la radiothérapie (lire aussip. 4). Testée chez l’animal, l’injection d’appâts moléculairesjuste avant la radiothérapie équivaut à multiplierpar dix la dose d’irradiation sans dommagepour les cellules saines alentours. Une formidablepiste que la société espère transformer rapi<strong>de</strong>menten essai clinique.> Un espace <strong>de</strong> concertation est nécessairepour renforcer et accélérer le transfert. «<strong>Le</strong>chercheur veut comprendre, le mé<strong>de</strong>cin veutsoigner», rappelle Simon Saule 5 , spécialiste <strong>de</strong> laFavoriserle partage <strong>de</strong>s idéeset <strong>de</strong>s outilsgénétique <strong>de</strong> la rétine. «C’est difficile <strong>de</strong> faire legrand écart entre la cellule et les soins thérapeutiquesou palliatifs», avoue le D r Sophie Piperno-Neumann, spécialiste du mélanome choroïdien, latumeur oculaire la plus fréquente et quis’étend une fois sur <strong>de</strong>ux au foie.«Alors qu’ensemble, on se pose lesbonnes questions», rassure-t-elle. Onla croit volontiers. Avec le D r JérômeCouturier, cytogénéticien, et grâce aux fragments<strong>de</strong> tumeur conservés à l’Institut <strong>Curie</strong> (lire encadréci-contre), le trinôme vient <strong>de</strong> mettre au jourune nouvelle piste. Affaire à suivre…Qu’elle soit fondamentale ou clinique, la recherchepuise sa force dans la pluridisciplinarité. Quand uneinstitution comme l’Institut <strong>Curie</strong> lui installe <strong>de</strong>spasserelles, cela ne peut aller que mieux.Marie-Laure Moinet5. Chef <strong>de</strong> l’équipe «Régulations cellulaires et oncogénèse»CNRS-Institut <strong>Curie</strong>.En France, peu <strong>de</strong>structures peuvent tisser<strong>de</strong>s liens directs entrechercheurs et mé<strong>de</strong>cinscomme le fait l’Institut<strong>Curie</strong>. Et pourtant, celareprésente sans doutel’un <strong>de</strong>s meilleurs modèlesà suivre afin que lesdécouvertes soient le plusrapi<strong>de</strong>ment possibletransposées en mé<strong>de</strong>cine.LE JOURNAL DEL’INSTITUT CURIE , 15

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