Bulletin d'information - le site du Val d'Argent

Entretien avec le «local» de l’étape :Dès le sommet franchi, l’entame de la descente estrapide (plus de 70 km/h). La présence devant lui de quelquesconcurrents peu à l’aise dans ce genre d’exercicele gêne dans sa progression. « J’ai senti que je pouvaisperdre l’acquit de mon ascension dès les premiers lacetsde la descente. J’ai vraiment dû m’employer à fond etce jusqu’à Villé pour rejoindre le groupe ‘’JALABERT’’.Heureusement que la route était fermée à la circulation». Le groupe de tête s’est fortement réduit, c’estmaintenant un petit peloton d’une cinquantaine d’unitésque l’on retrouve dès l’amorce du col de Fouchy. « Dèsl’entame du col, les ‘‘cadors’’ ont décidé d’opérer unenouvelle sélection. C’en était déjà trop pour moi car auvu de l’enchaînement des difficultés du parcours, il étaittemps de commencer à gérer ses efforts. Je sentais déjàmonter les premières crampes et nous n’en avions pasencore fini avec le premier tiers de l’épreuve ».Le faitde se trouver en « compagnie relevée » lui fait trouverla montée moins monotone que d’habitude. Frank passele sommet du col dans les trente premiers et entamela descente qui doit le mener à Lièpvre. « J’avais déjàdans l’idée de prendre la tête du petit groupe de coureursconstitué dans la montée, pas pour faire cavalierseul mais de manière à assurer mon ravitaillement dansnotre localité en espérant repartir avec eux ».Localité de Lièpvre, Km 80Malheureusement, Frank est le tout premier concurrentà se diriger vers le ravitaillement de la salle polyvalente,ses suivants continuant tout droit. Cela lui fait perdrede précieuses secondes et surtout l’obligera à roulerseul jusqu’à Musloch. « Quand je me suis aperçu queje n’avais pas encore pris mes bidons et que le groupede poursuivants était déjà loin devant moi, j’ai vraimentréalisé que le fil de la course prenait une tournure biendifférente. Désormais, je vais devoir ne compter que surmes propres forces pour poursuivre l’aventure. Je penseque ce contretemps m’a bien fait sourire, j’ai commecela au moins pu me rendre compte de l’attrait de lapopulation pour cette magnifique épreuve, un dimanchematin dans notre localité ». Dans la montée vers le colde Ribeauvillé, il se retrouvera à nouveau seul. « Mentalement,c’est dans ces moments-là que tout devientdifficile. Les nombreux spectateurs massés le long desroutes m’ont bien aidé à surmonter ces difficultés».Poursuivre sa routeLa course quitte notre vallée par la commune d’Auburepour prendre la direction d’Orbey. S’ensuit la montéevers le Linge puis la descente technique du Hohrodbergqui l’amène à Munster. « C’est la foule des grandsjours qui nous accueille dans cette localité. Déjà près de4h30 d’efforts pour 140 km de parcouru et se profile àl’horizon la principale difficulté du jour, la montée versle col du Breitfirst en empruntant les terribles pentes duPlatzerwasel. Si je négocie correctement ce cap, je doispouvoir aller jusqu’au terme de l’épreuve ».La route des crêtes en vue, c’est une nouvelleétape qui se profile.Le débouché de l’épreuve sur la route des crêtes constitueun tournant dans l’épreuve de l’étape de Légende.Frank à bien négocié son ascension, le voici dans la descentesur La Bresse en empruntant la « route des Américains» puis le petit col du Mesnil qui ne doit plus êtrequ’une formalité pour nos vaillants participants. « Dansce type de transition, avec une arrivée au sommet du Ballond’Alsace qui se profile, de nombreux regroupementsde concurrents s’opèrent. A mon habitude, je truste lesavants postes pour motiver mes compagnons de route enespérant ainsi attaquer au plus vite la montée finale. Jesais que je perds là quelques forces qui me seront bienutiles pour le final, mais je préfère ne pas trop m’ensoucier ». Enfin le fameux Ballon d’Alsace avec ses 9km d’ascension à 7 % de moyenne. Ce col qui fut le premierà être escaladé par les coureurs du Tour de Francevit s’anéantir les espoirs de victoire finale de RaymondPOULIDOR voilà maintenant 40 ans.Arrivée au bord de l’épuisement Frank gère bien le débutde sa montée, mais à quatre kilomètres du sommet,l’accumulation des efforts fournis durant cette longuejournée se fait grandement sentir. La fatigue est là, lecoup de pédale est bien plus difficile, il doit maintenantpuiser dans ses réserves pour boucler l’épreuve. « Les500 derniers mètres sont véritablement difficiles. Enormémentde pensées me traversent l’esprit à ce momentlàcar la ligne d’arrivée me paraît si loin » Il n’a pas levéla tête en franchissant l’arrivée, tout comme une grandepartie des concurrents qui l’ont précédé quelques instantsauparavant. Après quelques minutes de récupération,c’est une joie bien contenue que l’on sent chezlui, celle d’avoir dû repousser ses limites pour mener àterme cette aventure.Bilan sportifPour un rapide bilan de cette journée si particulière,Frank exprime sa satisfaction d’avoir pu participer àune épreuve d’importance dans notre beau massif Vosgienqui empruntait les routes du Val d’Argent. « C’estune journée que je garderai longtemps en mémoire »Satisfaction personnelle bien sûr, mais aussi familialeavec une pensée toute particulière pour sa maman disparueil y a peu. Son fils s’est bien battu car il termineà la 143ème place du classement général sur les 1517concurrents qui ont terminé l’épreuve dans les délais.217 kilomètres en 8 heures 04 minutes, il fallait lefaire !Chapeau Frank pour ta magnifique performance et mercipour ta grande gentillesse et ta disponibilité.Propos recueillis par Jacquy MOUGINY17