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Trouver les mots justes, aller au-delà du malaise - Regroupement.net

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D o s s i e r2. Une ado<strong>les</strong>cente de 16 ans veut que soncopain vienne dormir à la maison avec elle.Ceci va nécessairement amener une discussionentre elle et ses parents. Encore là, il f<strong>au</strong>ttenir compte <strong>du</strong> contexte, de l’âge, desvaleurs familia<strong>les</strong>, de la présence d’<strong>au</strong>tresenfants plus jeunes, <strong>du</strong> fait d’accepter ou nonde partager une certaine intimité en famille(en effet, cela implique la présence d’un <strong>au</strong>trecouple, celui-ci ado<strong>les</strong>cent, à l’intérieur d’unedynamique familiale), etc. Devant une telledemande, par exemple, des parents avaientacquiescé parce qu’ils connaissaient bien legarçon en question, que ce dernier avaitle même âge que leur fille (16 ans), que <strong>les</strong>jeunes étaient amoureux depuis un certaintemps et, qu’à titre de parents, ils préféraientque leur fille soit dans sa propre chambre etqu’elle se sente en sécurité, tout en étant plusindépendante. Toutefois, ils n’avaient pasexpliqué tout cela à leur fille. Ils avaientaccepté que son petit ami vienne dormir à lamaison, mais sans lui donner <strong>les</strong> raisons quijustifiaient leur décision. Pourtant, c’est précisémentcette réflexion qui fait <strong>du</strong> sens, quirend la décision porteuse de valeurs. C’estensemble, comme parents, qu’ils ont réfléchi<strong>au</strong>x implications de cette décision, qu’ilsn’avaient pas prise à la légère. Ce n’était paspour paraître « cool » ou pour ne pas avoir àvivre des querel<strong>les</strong> inutilement épuisantesqu’ils avaient accepté. Dans ce cas-ci, il <strong>au</strong>raitété important d’indiquer à leur fille en quoileur réponse reflétait leurs convictions et <strong>les</strong>ouci qu’ils avaient de son bien-être.Une <strong>au</strong>tre mère m’explique qu’elle ne veutpas que le petit ami de sa fille (<strong>les</strong> deux sontégalement âgés de16 ans) vienne dormir à lamaison et elle m’expose ses raisons toutesfort légitimes. Mais, me dit-elle : « J’ai moimêmeun nouve<strong>au</strong> copain qui vient dormir àla maison; je vais donc devoir acquiescer à lademande de ma fille ». Je lui réponds quec’est elle, la mère, et qu’elle a un privilèged’a<strong>du</strong>lte. Bien qu’elle doive considérer lecontexte et l’approche à privilégier pour queson nouvel ami soit intégré dans sa vie etdans son quotidien tout en respectant lasensibilité de ses enfants, elle demeureessentiellement l’a<strong>du</strong>lte. Ici encore, il s’agitd’une question de repères et de limites. On levoit bien, <strong>les</strong> possibilités d’inculquer un sensdes valeurs relativement à la sexualité sontmultip<strong>les</strong>.En somme, l’é<strong>du</strong>cation à la sexualité estnécessaire, que ce soit dans le milieu familialou à l’école. D’abord pour répondre et accompagner<strong>les</strong> jeunes dans leur cheminement;<strong>les</strong> enfants et <strong>les</strong> ados demeureront toujoursdes jeunes, avec leurs univers propres et <strong>les</strong>questionnements spécifiques de leur âge.D’<strong>au</strong>tre part, il importe de développer leuresprit critique devant <strong>les</strong> messages et <strong>les</strong>modè<strong>les</strong> que notre société hypersexualiséeleur propose. En effet, la réalité sociale commandedes actions concertées pour éviter <strong>les</strong>pièges d’une é<strong>du</strong>cation sexuelle façonnée parcertains médias, davantage préoccupés par lacote d’écoute et la rentabilité qui y est associéeque par le développement harmonieuxdes enfants et des ado<strong>les</strong>cents.Cela dit, il apparaît trop facile de simplementaccuser le débordement des médias ou lemanque de jugement des jeunes. Il f<strong>au</strong>t nous<strong>au</strong>ssi nous demander si, comme a<strong>du</strong>ltes,nous prenons notre rôle à cœur afin d’encadrer<strong>les</strong> enfants et <strong>les</strong> ado<strong>les</strong>cents, <strong>les</strong>protéger <strong>au</strong> besoin, <strong>les</strong> faire réfléchir,<strong>les</strong> questionner sur leur compréhension <strong>du</strong>monde et leur faire part de nos valeurs,de nos principes et de notre conception del’amour et de la sexualité. Au-delà <strong>du</strong> sensationnalismemédiatique, la sexualité est <strong>au</strong>cœur de l’identité sexuelle, de la relation àl’<strong>au</strong>tre et de l’épanouissement et <strong>du</strong> bien-êtred’une personne.En conclusionPréoccupés par la qualité de vie des générationsqui nous suivent, nous devrons dépassercertains préjugés et certaines craintes démesuréesà l’égard de l’apprentissage de lasexualité et faire l’effort de nous investir dansnotre rôle d’é<strong>du</strong>cateur. D’<strong>au</strong>tres a<strong>du</strong>ltes l’ontfait avant nous, à une époque où <strong>les</strong> préjugéssoci<strong>au</strong>x et la rectitude morale représentaientdes barrières immenses à franchir pour oserparler simplement de sexualité. En 2006,l’é<strong>du</strong>cation sexuelle nous demande une certaineouverture d’esprit (qui n’est pas <strong>du</strong>laxisme) et une grande lucidité (qui ne signifiepas de tout banaliser ou de baisser <strong>les</strong>bras) pour répondre à la quête de sens desenfants et des ado<strong>les</strong>cents. Pour ce faire,il f<strong>au</strong>t nous-mêmes nous questionner surl’essentiel de cette démarche et non pas nousen décharger sur <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres.Une é<strong>du</strong>cation affective et sexuelle basée,entre <strong>au</strong>tres, sur l’intelligence, le discernement,la sensibilité et la dignité ne peut êtrequ’un défi intéressant pour tout indivi<strong>du</strong> ainsique pour la collectivité.M me Francine Duquet est professeure <strong>au</strong>Département de sexologie de l’Université<strong>du</strong> Québec à Montréal. Elle est égalementla conceptrice <strong>du</strong> document d’é<strong>du</strong>cation àla sexualité dans le contexte de la réforme.Références bibliographiquesDUQUET, Francine. L’é<strong>du</strong>cation sexuelle à l’école : ce quenous propose la réforme, conférence et participation àun panel pour la Fédération <strong>du</strong> Québec pour le planningdes naissances, Actes <strong>du</strong> colloque ayant pour thème«Pour une é<strong>du</strong>cation à l’image de nos valeurs : regardsur <strong>les</strong> enjeux actuels », 21 mai 2004, p. 12-13.FOLSCHEID, Dominique. Sexe mécanique – La crisecontemporaine de la sexualité, Paris, Éditions La TableRonde, 2002.GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. Programme d’études etGuide d’activités, primaire. 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