Dossier du moisEquipe d’intervention du <strong>CEA</strong> <strong>Cadarache</strong> lorsd’un exercice <strong>de</strong> crise en 2009Le jour où la Terre ferasemblant <strong>de</strong> tremblerEchelle MSK (Medve<strong>de</strong>v SponheuerKarnik) mesure <strong>de</strong> l’intensité d’un séismeLe <strong>Centre</strong> se prépare à participer à un gran<strong>de</strong>xercice d’envergure régionale sur le thèmedu séisme, programmé pour le 17 janvier 2012.L’heure, l’intensité et les bâtiments impactés neseront pas connus <strong>de</strong>s acteurs opérationnelsjusqu’au <strong>de</strong>rnier moment.Deux événements sismiques, dans larégion proche <strong>de</strong> <strong>Cadarache</strong>, ont étésuffisamment importants pour laisserune trace dans les mémoires : celui <strong>de</strong>Lambesc en 1909 et celui <strong>de</strong> Manosque en1708. Les couches géologiques profon<strong>de</strong>sgar<strong>de</strong>nt en outre le souvenir d’un « paléoséisme», survenu il y a plusieurs milliersd’années.L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces événements, leur modélisation,leur « déplacement » au plus prèsdu site <strong>Cadarache</strong> sur les lignes le long<strong>de</strong>squelles ils auraient pu se produire,permettent <strong>de</strong> définir un « séisme maximumhistoriquement vraisemblable ».En affectant ce séisme hypothétique d’uncoefficient <strong>de</strong> majoration, on obtient unséisme <strong>de</strong> référence appelé « Séisme Majoré<strong>de</strong> Sécurité » (SMS), d’une magnitu<strong>de</strong> locale<strong>de</strong> 5,8 sur l’échelle <strong>de</strong> Richter, qui induiraitau niveau du site une intensité <strong>de</strong> VIII-IXsur l’échelle MSK – cetteéchelle décrit les effetsd’un événement sismiqueen termes <strong>de</strong> <strong>de</strong>structions<strong>de</strong>s bâtiments et installationset <strong>de</strong> modifications<strong>de</strong> l’aspect du terrain, etévalue ses effets psychologiquessur les populations. Une intensitéVIII-IX (MSK) se traduit par l’écroulement<strong>de</strong>s bâtiments les plus fragiles et, du point<strong>de</strong> vue du comportement <strong>de</strong>s populations, parun effet <strong>de</strong> panique.En complétant cette approche « historique» d’une démarche plus théorique, ondéfinit les données qui doivent être prisesen compte pour dimensionner les installationsnouvelles, rénover et renforcer lesinstallations anciennes, mettre en place <strong>de</strong>sprocédures automatisées <strong>de</strong> mise en sécuritéet définir les plans d’urgence ainsi queles moyens généraux à mobiliser.« Le <strong>Centre</strong> <strong>de</strong> <strong>Cadarache</strong> est situé dansune région <strong>de</strong> sismicité moyenne, expliqueEstelle Vincent, adjointe au chef <strong>de</strong> CelluleQualité, Sécurité, Environnement. Il s’agitdonc <strong>de</strong> nous prémunir <strong>de</strong>s effets d’un éventuelséisme et <strong>de</strong> nous préparer à en gérer lesconséquences. »06<strong>Atout</strong> <strong>Cadarache</strong>N°27// Octobre 2011
Communes concernées par le PPI(Plan Particulier d’Intervention)Tremblement <strong>de</strong> terre du 11 juin 1909Dans cette perspective un exercice surla thématique du séisme sera organiséà l’extérieur du <strong>Centre</strong> et sur celui-ci le17 janvier 2012. Sa préparation, au niveaunational, a été lancée il y a près d’un anet <strong>de</strong>mi (mai 2010) ; son scénario, qui nesera pas connu <strong>de</strong>s acteurs opérationnelsjusqu’à la <strong>de</strong>rnière minute, estélaboré sous le pilotage <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong>Radioprotection et <strong>de</strong> Sûreté Nucléaire(IRSN).« Le <strong>Centre</strong> est gréé pour gérer <strong>de</strong>s situations<strong>de</strong> crise, poursuit Estelle Vincent.Nous organisons une fois par an un exercice<strong>de</strong> type PUI (Plan d’Urgence Interne), ce quipermet au directeur du <strong>Centre</strong> <strong>de</strong> tester sonorganisation <strong>de</strong> crise. Dans ce type d’exercicetoutefois, c’est nous qui définissonsle scénario comme nous l’avons fait l’année<strong>de</strong>rnière sur Magenta, peu <strong>de</strong> tempsavant que l’installation soit mise en service.Dans l’exercice programmé pour le17 janvier, nous ne connaissons ni le scénario,ni les installations qui seront impactées.Nous savons seulement qu’au moins uneINB (Installation Nucléaire <strong>de</strong> Base), surles 18 que compte le <strong>Centre</strong>, seraconcernée ainsi que l’INBS (InstallationNucléaire <strong>de</strong> Base Secrète) et uneICPE nucléaire (Installation Classéepour la Protection <strong>de</strong> l’Environnement).Nous savons également qu’autour <strong>de</strong><strong>Cadarache</strong>, les communes concernéespar le Plan Particulier d’Intervention(PPI) seront impactées par le séisme. »Le <strong>Centre</strong> se prépare donc à gérer leseffets d’un séisme « virtuel », maisréaliste en termes <strong>de</strong> magnitu<strong>de</strong> etd’intensité – « Nous ne serons pas surun scénario apocalyptique », dit EstelleVincent –, dont l’heure <strong>de</strong> la survenuene sera communiquée qu’au <strong>de</strong>rniermoment aux acteurs opérationnels.« Nous allons perdre <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong>communication, une partie <strong>de</strong> l’alimentationélectrique ; <strong>de</strong>s bâtiments vonts’effondrer, <strong>de</strong>s incendies se déclarer…Nous aurons à gérer le personnel,les blessés, tout en garantissant lasécurité du <strong>Centre</strong> et lamaîtrise nucléaire <strong>de</strong> nosinstallations. »Depuis près <strong>de</strong> dix ans,le <strong>Centre</strong> a mis en place<strong>de</strong>s moyens techniqueset <strong>de</strong>s procédurespermettant <strong>de</strong> faire faceà une telle situation.« Nous considérons quenotre organisation peutrépondre à un événement<strong>de</strong> cette nature,estime Estelle Vincent.L’exercice va nous permettre<strong>de</strong> la tester envraie gran<strong>de</strong>ur. »La priorité, dans une situation<strong>de</strong> crise telle que celle qui sera« mise en scène » le 17 janvier, est <strong>de</strong>disposer, dans les meilleurs délais,d’un état <strong>de</strong>s lieux – « On doit pouvoirévaluer très vite l’état <strong>de</strong> nos bâtiments,celui <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> surveillance et <strong>de</strong>communication, et, bien sûr les conséquencessur le personnel. »Le <strong>Centre</strong> s’étant organisé <strong>de</strong> longuedate pour faire face à un événement<strong>de</strong> cette nature, la préparation <strong>de</strong>l’exercice n’a pas donné lieu à <strong>de</strong>smodifications notables <strong>de</strong>s procédures.« Ce que nous avons boosté,par exemple, c’est l’élaboration d’unecheck-list qui permettra <strong>de</strong> hâter l’état<strong>de</strong>s lieux. »L’ampleur <strong>de</strong> l’exercice programméa cependant conduit « à pousser trèsloin la réflexion », particulièrementpour ce qui concerne la capacité dupersonnel présent au moment où leséisme se produira, à observer lesconsignes <strong>de</strong> sécurité. « Ces consignesexistent et nous <strong>de</strong>vons impérativementnous assurer que le personnel en aconnaissance. Nous mettrons en œuvretous les moyensdont nous disposonspour quechacun sacheprécisémentce qu’il <strong>de</strong>vrafaire lorsque leséisme virtuel seproduira… »De toutes lesdimensions <strong>de</strong>l’exercice, lacomposante psychologique n’est certainementpas la moindre. « Chacunvoudra savoir si sa famille est en sécuritéet dans la mesure où les réseaux<strong>de</strong> communication publics seront fortementperturbés, ou totalement horsservice, tous ceux dont la présence surle <strong>Centre</strong> n’est pas nécessaire voudrontprobablement rentrer chez eux retrouverleur famille. Devra-t-on autoriserun millier <strong>de</strong> véhicules à quitter le<strong>Centre</strong> alors que, peut-être, le pont <strong>de</strong>Mirabeau aura été détruit ? »Si le scénario <strong>de</strong> l’exercice programmécolle au plus près <strong>de</strong> la « réalité »,ceux qui l’ont écrit ont cependantépargné aux responsables du <strong>Centre</strong>une contrainte qui, en cas <strong>de</strong> survenued’un vrai séisme, aurait été bienréelle : le 17 janvier 2012, le <strong>Centre</strong>ne sera pas soumis à la « pressionmédiatique » qui s’exerceraitimmanquablement si la terre <strong>de</strong>vaittrembler pour <strong>de</strong> bon au voisinage <strong>de</strong><strong>Cadarache</strong>.Estelle VincentLe <strong>Centre</strong> estgréé pour gérer<strong>de</strong>s situations<strong>de</strong> crise<strong>Atout</strong> <strong>Cadarache</strong>N°27 // Octobre 2011 07