12.07.2015 Views

Entretien avec Ghassan Salamé - Alumni Sciences Po Paris

Entretien avec Ghassan Salamé - Alumni Sciences Po Paris

Entretien avec Ghassan Salamé - Alumni Sciences Po Paris

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

PSIACURSUSCampus 35GHASSAN SALAMÉ : « PARIS SCHOOLOF INTERNATIONAL AFFAIRS, UNEÉCOLE À VOCATION INTERNATIONALE »Créée en septembre 2010, la <strong>Paris</strong> School of International Affairs (PSIA) s’est donné pour ambition derivaliser <strong>avec</strong> les grandes écoles d’affaires internationales dans le monde. À quelques mois de la premièrediplômation de PSIA, nous avons rencontré son doyen, <strong>Ghassan</strong> <strong>Salamé</strong>, ancien ministre de la Culture auLiban, ancien conseiller auprès du secrétaire général de l’ONU, ainsi que cinq étudiants et diplômés de l’école.Propos recueillis par Pierre Meynard (SP 72) et Daniel Hoffman (M 11)Quelles sont les origines de la <strong>Paris</strong> Schoolof International Affairs ?Le premier facteur, c’est la prise en compte de la réalité de lamondialisation. Aujourd’hui, <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong> doit non seulementintégrer ce processus dans son curriculum, mais également préparerses étudiants à s’insérer sur un marché du travail mondialisé.Cela demande des compétences professionnelles et uneformation académique particulières. À ce niveau, notre réflexionpart de l’aval. La mondialisation tue ou marginalise certainescatégories de travail, mais elle en crée d’autres. Son impact estparfois négatif <strong>avec</strong> la fermeture d’usines, la délocalisation oula nomadisation des capitaux, mais il peut être positif. Avec lamondialisation, de nouveaux genres de travail ont émergé. Ensuite,il y a une raison liée au fonctionnement des grandes universitésde sciences sociales dans le monde, ce que <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong> a décidéd’être il y a une quinzaine d’années. Ces universités sont organiséesen écoles, au niveau des études de masters. Cela vaut depuislongtemps aux États-Unis, mais aussi dans plusieurs pays européens,en Chine, à Singapour ou en Corée du Sud. C’est un standardinternational sur lequel nous nous alignons. La dernièreraison est interne. <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong> s’est beaucoup agrandi. Quandj’ai rejoint l’institution il y a un quart de siècle, c’était une maisonde 3 000 étudiants, qui pouvait être dirigée comme une PME.Aujourd’hui, <strong>avec</strong> près de 10 000 étudiants, des campus hors lesmurs, des accords d’échanges internationaux extrêmement lourdset une visibilité qui dépasse de loin l’Hexagone, <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong> abesoin de structures intermédiaires de gouvernance.Certaines universités étrangères vous ont-ellesplus inspiré que d’autres ?Ayant moi-même enseigné en France et à l’étranger, je suis bienentendu allé voir comment les choses étaient mises en place ailleurs.Mais nous avons avant tout voulu créer un modèle sui generis.Celui-ci prend en considération certaines traditions de<strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong>, comme le tronc commun et le stage professionnel,tout en s’inspirant des campus étrangers pour les neuf coursobligatoires de master. Nous avons aussi établi une nouveauté :la nécessité de prendre deux mineures, régionale et thématique.RUE SAINT-GUILLAUME N° 166 > AVRIL 2012


38Campus CURSUSPSIALES VISAGES DE L’ÉCOLE DES AFFAIRESINTERNATIONALESLes 1 300 étudiants passés par PSIA appartiennent à plus de 100 nationalités différentes. Petit florilège.Par Daniel Hoffman (M 11) et Anaïs Llobet (M 11)Constance Schéré> 23 ans, Franco-américaine,1 re année de l’École des affaires internationalesen Environmental <strong>Po</strong>licyExpatriée au États-Unis dès le plus jeune âge, Constance apoursuivi sa scolarité sur les deux rives de l’Atlantique, entresa Bretagne natale et la ville de Boston. Après l’obtentiond’un bac international, elle intègre la University ofMassachussetts Lowell, dont elle sort diplômée en mai 2011.Constance, qui ressentait le besoin d’étudier en France, s’estalors orientée vers le master Affaires publiques de <strong>Sciences</strong><strong>Po</strong>. « C’était une erreur de casting, reconnaît-elle. Il s’agitd’un master franco-français pour les gens qui veulent préparerl’ÉNA. Ce qui n’est absolument pas mon cas. »En découvrant le programme de PSIA, Constance a comprisqu’il lui convenait bien mieux. « D’abord, il n’y a pas cemodèle en deux parties, deux sous-parties, qui n’a pasbeaucoup de sens pour moi, décrit-elle. J’avais du mal àm’exprimer comme je le souhaitais <strong>avec</strong> de telles contraintes. »Depuis qu’elle a rejoint l’École des affaires internationales ausecond semestre, lajeune francoaméricainese réjouitde l’enseignement etdes conditions detravail. « Lesprofesseurs sont trèscompréhensifs, ilsn’ont pas de méthodepréconçue. C’estfacile de s’adapter,quel que soit lesystème dont on estissu. »Au prochainsemestre, Constance aimerait trouver un stage dans unministère lié aux thématiques environnementales. Ellerecherche en priorité aux États-Unis, où elle a l’intention detravailler plus tard, mais n’est pas fermée à des opportunitésen France.Timothy Gallagher> 30 ans, Américain,2 e année de l’École desaffaires internationalesen International SecurityAprès être sorti diplômé dela prestigieuse académienavale d’Annapolis, “Tim”Gallagher a intégré le corpsde la marine américaine.Il y a servi comme pilote del’air <strong>avec</strong> des déploiementsdans de nombreux pays,dont l’Irak.Parrainé par la Olmsted Foundation, qui permet à desofficiers en fonction d’étudier à l’étranger pendant deux ans,il a rejoint PSIA en 2009.« Ce programme me donne l’opportunité de réfléchir, deprendre une pause dans une carrière concentrée sur la tactiqueet les affaires militaires, estime Tim. Voir les choses de façonplus globale, plus académique est aussi une bonne façon deme préparer pour le commandement majeur. »Le stage hors les murs, qu’il a réalisé à l’école militaire, futl’expérience la plus marquante de son master. « Avoir unenouvelle perspective sur l’armée s’est avéré essentiel pour mondéveloppement personnel. Un des grands avantages de<strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong>, c’est de savoir intégrer les étrangers dans lasociété française. »À quelques mois de regagner les États-Unis, où il serachef d’escadron à la base navale de San Diego (avant unprobable départ pour l’Afghanistan), Tim s’avoue tiraillé.« Je suis prêt à partir, car j’ai envie de rejoindre mes amis et deservir mon pays. En même temps, j’exerce un métier où il y atrès peu de temps pour faire le point. Je suis père de famille :<strong>Paris</strong> serait le cadre idéal pour voir grandir mes enfants. »RUE SAINT-GUILLAUME N° 166 > AVRIL 2012


PSIACURSUSCampus 39Dina Manitra> 23 ans, Franco-malgache,diplômée en 2011 de l’École des affairesinternationales en International Economic <strong>Po</strong>licyDina Manitra travailleaujourd’hui comme analysteà la Société financièreinternationale (IFC),institution de la Banquemondiale chargée definancer le secteur privédans les pays endéveloppement. « Sur lepapier, ça peut faire rêver,mais cela relève du miracle :habituellement, IFCprivilégie des profils <strong>avec</strong>une solide formation en finance », explique <strong>avec</strong> modestie lajeune Franco-malgache. « Mais ma formation à l’École desaffaires internationales m’a appris à analyser et c’est cela quia fait la différence <strong>avec</strong> mes concurrents. »Un atout renforcé par six mois de stage à Proparco, filiale del’Agence française du développement. « Grâce au systèmepédagogique de <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong>, j’ai pu coupler une formation dequalité à une expérience professionnelle », souligne Dina quivit aujourd’hui à Nairobi, au Kenya.Nicolas Thébault> 26 ans, Franco-néo-zélandais,diplômé en 2011 de l’École des affairesinternationales en International SecurityConserver un lien <strong>avec</strong> <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong> est essentiel pour Nicolas.Depuis un an, il organise des pots de l’amitié entre militairesfrançais et américains, anciens du master Sécuritéinternationale. « Ce sont des réunions mensuelles, plus oumoins informelles, explique le jeune diplômé. Cela me permetde garder un lien <strong>avec</strong> lemonde de la défense, quim’a toujours fasciné. »De son master, il a surtoutretenu l’aspect extrêmementconcret et pratique. « Jeprenais un cours surl’antiterrorisme, dont leprofesseur était un ancienpolicier français. Dans lasalle, il y avait un officierbelge, un marine américainet un spécialiste australiendes questionsantiterroristes, se souvient-il. Les débats étaient à la foistendus et passionnés. Après les cours, on continuait ladiscussion au café Le Basile. C’était fascinant. »Aujourd’hui, responsable marketing chez le constructeurnaval DCNS, Nicolas se veut très optimiste quant auxdébouchés. « J’ai été contacté par mon employeur quandj’étais encore à <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong>. Le fait que de grandes entreprisesmontrent un tel intérêt avant même qu’on soit diplômé est unvrai message d’espoir pour les étudiants. »Sébastien Turbot> Français, alumni de <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong> (promotion 2011)et enseignant à l’École des affaires internationalesIssu d’un master derecherche en Affairesinternationales à <strong>Sciences</strong><strong>Po</strong>, Sébastien Turbot rendson mémoire débutseptembre 2001. Quelquesjours après, le monde entierregarde <strong>avec</strong> effroi deuxavions percuter les deuxtours du World TradeCenter. <strong>Po</strong>ur SébastienTurbot, alors membre del’ONG Afghanistan libre,c’est une évidence : il doitpartir à Kaboul. « ONG,diplomates, organisations internationales, forces militaires…D’un coup, tous les acteurs des relations internationales yétaient réunis, se souvient Sébastien Turbot. Sans maformation à <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong>, je n’aurais pas eu les clés pourcomprendre ce nouveau grand jeu. »Après dix ans passés à Kaboul, où il a monté l’agence decommunication Sayara, Sébastien Turbot décide de revenir enFrance. Quand l’École des affaires internationales lui proposede devenir enseignant, il saute sur l’occasion. « Cela fait deuxans que j’anime des cours à vocation professionnalisante :j’apprends à mes étudiants à mieux cerner les enjeux, lesacteurs, les métiers et les pièges des situations de conflits.Je veux les aider à anticiper leur insertion professionnelle »,explique Sébastien Turbot.<strong>Po</strong>ur une première expérience professionnelle, l’enseignantencourage ses étudiants à opter pour des zones dites« chaudes », qu’il qualifie de « superbes écoles de la vie » et devéritables catalyseurs de carrières. Des carrières pourlesquelles les profils PSIA sont « parfaits, car ils ne sont pasenglués dans une technicité parfois réductrice ».RUE SAINT-GUILLAUME N° 166 > AVRIL 2012


40Campus CURSUSPSIA>> Qu’est-ce que PSIA ?Une école à vocation internationaleLes francophones l’appellent l’École desaffaires internationales, les anglophonesthe <strong>Paris</strong> School of International Affairs.Créée en septembre 2010, PSIA a déjà vupasser entre ses murs près de 1 300 étudiants,originaires de plus de 100 pays.Comportant huit doubles diplômes <strong>avec</strong>des universités étrangères prestigieuses(Columbia, Georgetown, London Schoolof Economics, Freie Universität, LuigiBocconi University, MGIMO, PekingUniversity, University of St. Gallen)et un cursus résolument bilingue, oùdeux tiers des cours sont dispensés enanglais, l’école mise sur l’international.Un pari gagnant : une foisdiplômé, plus d’un étudiant sur deuxopte pour un poste à l’étranger.Créer les spécialistes de demain<strong>Po</strong>ur l’École des affaires internationales,former les élites de demain, c’est allierun enseignement théorique de qualité àune spécialisation approfondie. Les étudiantsde PSIA ont l’opportunité de choisirentre neuf mentions de master, toutescréées après une analyse fouillée du marchéde l’emploi. Les étudiants devrontensuite opter pour deux thématiques parmiles quatorze proposées ; elles dominerontleur parcours à PSIA et les distinguerontaux yeux de leur futur employeur.Une meilleure insertionprofessionnelleGrâce à des cours professionnalisants etun troisième semestre consacré aux stages,les étudiants de PSIA préparent activementleur insertion professionnelle. Selonla dernière enquête menée par <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong>Avenir et portant sur la promotion 2010,près de 67 % des étudiants ont trouvé unemploi dès l’obtention de leur diplôme,<strong>avec</strong> une forte proportion de pré-embaucheau cours de la dernière année d’études.56 % d’entre eux sont aujourd’hui en CDI,contre 13 % en CDD. En deux ans, lesalaire annuel des jeunes diplômésd’affaires internationales a augmenté deplus de 40 % : 43 129 € en 2010, contre30 413 € en 2008.La vie associative de l’ÉcoleGrâce à l’Association affaires internationalesde <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong> (AAISP), PSIA etses 1 350 étudiants actuels profitent d’unevie associative très dynamique. L’AAIS<strong>Po</strong>rganise près d’une dizaine de conférenceschaque année, auxquelles participent lesplus grands noms du monde des relationsinternationales. Le journal de l’association,InFocus, à parution trimestrielle,apporte aux étudiants un complément deréflexion sur une problématique précise etpertinente, comme les révolutions advenuesen 2011... et celles qui n’ont jamaiseu lieu.Un corps professoralde renommée mondiale<strong>Po</strong>ur asseoir la crédibilité de PSIA, sondoyen <strong>Ghassan</strong> <strong>Salamé</strong> (voir interviewp. 35) a fait venir les plus grands spécialistesmondiaux des questions internationales.C’est ainsi que des diplomatesde renom, des professeurs émérites,d’anciens ministres ou des hautsfonctionnaires partagent leur expérienceet leurs connaissances <strong>avec</strong> les étudiants.Parmi les principales personnalités, citonsJean Arnault, représentant spécial del’ONU pour la Géorgie ; Lakhdar Brahimi,ancien secrétaire général adjoint desNations unies ; Paul Collier, directeur duCentre d’études des économies africainesà l’université d’Oxford, ou encore MiguelAngel Moratinos, ministre espagnol desAffaires étrangères de 2004 à 2010. > Les programmes de PSIAProgrammes master- Sécurité internationale- <strong>Po</strong>litique économique internationale- Management public international- <strong>Po</strong>litique de l’environnement- Développement international- Droits de l’homme et action humanitaire- Énergie internationale- Journalisme et affaires internationales- Pratiques du développementProgrammes de “concentrations”Concentrations régionales- Afrique- Amérique du Nord- Amérique latine- Asie centrale et du Sud-Est- Chine et Asie du Nord- Europe- Moyen-Orient- RussieConcentrations thématiques- Droits de l’homme et action humanitaire- Économies émergentes- Environnement- Énergie internationale- Migrations- <strong>Po</strong>litique économique appliquée- Renseignement- Santé publique internationaleConcentrations appliquées- Gestion de projet- MéthodesRUE SAINT-GUILLAUME N° 166 > AVRIL 2012


EnseignantPOLITIQUECampus 41LES POPULISMES :UN PHÉNOMÈNE EUROPÉENDominique Reynié a obtenu, pour son ouvrage <strong>Po</strong>pulismes, la pente fatale, paru chez Plon,le prix du livre politique et le prix des députés. Il expose ici les raisons du développement des populismesen Europe et les moyens de le combattre.Dominique Reynié, dans votre ouvrage <strong>Po</strong>pulismes,la pente fatale, vous dressez un portrait sombre de lapopularité grandissante des partis d’extrême droite enEurope. Vous attribuez cette popularité à la criseéconomique, qui provoque une réaction deprotectionnisme. Selon vous, le populisme est-il unphénomène spécifique au « Vieux Continent » ?Cette résurgence n’est-elle pas patente dans tous lespays touchés par la crise ?Il s’agit indubitablement d’un phénomène politique propre àl’Europe, parce que la démographie joue un rôle important. Peutêtrefaudrait-il regarder de près l’évolution actuelle du Japon,notamment <strong>avec</strong> le Parti pour la Restauration d’Osaka, du mairede la ville, Toru Hashimoto. Chez nous, dans tous les pays duVieux Continent, depuis une vingtaine d’années, s’affirme unenouvelle forme de populisme que je qualifie de “populisme patrimonial”,apparu en Europe du Nord, en particulier aux Pays-Bas. C’est un phénomène politique multiforme qui cherche àtirer profit d’une double inquiétude des Européens craignantque soit simultanément remis en question leur patrimoine matériel,ou leur niveau de vie, et leur patrimoine culturel, ou leurstyle de vie, par les effets de la globalisation économique, duvieillissement démographique, de l’immigration et de la crisedes finances publiques.En Europe, sur un plan politique, cette double inquiétude aété identifiée par les partis d’extrême droite, tandis que la crisedes finances publiques affaiblit structurellement la capacité d’actiondes partis de gouvernement, de gauche comme de droite.Saisissant cette opportunité, des partis d’extrême droite ou conservateursopèrent une reconversion vers le populisme patrimonial :le Parti du Progrès en Norvège, les Vrais Finlandais, les Démocratesde Suède, le Parti du Peuple Danois, le Parti pour la Liberté,aux Pays-Bas, le Vlaams Belang ou le N-VA en Belgique, le FPÖautrichien, l’UDC suisse, la Ligue du Nord en Italie, le Laosen Grèce ou le BNP et le UKIP en Grande-Bretagne.Quelle est la spécificité de la France dansce contexte, s’il y en a une ?Il me semble que la spécificité du Front national tend à s’effacer.Sous l’impulsion d’une nouvelle génération amenée parDominique Reynié (PES 83)Professeur des universités à<strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong> et directeur généralde la Fondation pour l’innovationpolitique, Dominique Reynié estagrégé de science politique etchercheur associé au Cevipof.Il a notamment dirigé de 1999 à2006 le DESS Études et Stratégiemarketing, et de 2002 à 2005l’Observatoire interrégional dupolitique de <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong>.Marine Le Pen, le Front national a entamé et presque achevéun processus de conversion au modèle du populisme patrimonial.Elle a délaissé le discours économique volontiers libéralde son père pour investir un discours beaucoup plus socialisant.Je parle à ce sujet d’un « tournant ethnosocialiste ». Il luidonne une assise électorale potentiellement plus large que pouvaitespérer un parti d’extrême droite.Comment les partis traditionnels peuvent-ilsfaire face à cette vague de populisme ?En n’y cédant pas, ce qui malheureusement arrive trop souvent ;en réparant ou en compensant les effets sociaux que génère unecrise de transition ; en luttant contre toutes les formes d’abuset de corruption qui exaspèrent légitimement les citoyens ; enréformant les institutions politiques, par exemple en proscrivanttout cumul de mandats ; en intensifiant la coopération européenne,car les peuples sont moins désireux de renouer <strong>avec</strong> lapassion nationaliste que de retrouver une puissance publiquecapable d’ordonner leur destin ; en définissant démocratiquementle contrat politique permettant d’accueillir nos immigrés ;en sortant de son enlisement la grande idée d’une Euro-Méditerranée... Propos recueillis par Anne-Sophie Beauvais (MR 06)RUE SAINT-GUILLAUME N° 166 > AVRIL 2012

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!