CTR info - Commission technique régionale Bretagne et Pays de la ...

CTR-INFO Numéro 12 - novembre 1998Certains domaines de la recherche scientifique nécessitent de faire des observations, du dénombrement oude la récolte d’espèces sous marines. Dans des eaux peu profondes, la plongée sous-marine apporte dèslors une solution appropriée et constitue un outil de travail privilégié pour le chercheur. Ainsi celui-ci ne s’estil pas gêné pour se mettre à l’eau ! Il y a une quinzaine d’années, les scientifiques qui pratiquaient demanière régulière la plongée sous-marine ont désiré avoir une reconnaissance de la part de leurs hautsresponsables hiérarchiques, un statut leur permettant de plonger dans le cadre de leur travail. Ainsi est néde leur volonté, du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), de l’Université de Paris 6 et de sasection plongée et de l’association française des plongeurs scientifiques ( Colimpha, présidée par leprofesseur Alain Couté, Moniteur national, et toujours responsable du stage), la mise en place d’un stage deformation à la pratique de la plongée scientifique. Cette formation consiste à obtenir :le Certificat d’Aptitude à l’Hyperbarie ou CAH dans la classe 1B qui permet légalement de pratiquer laplongée dans le cadre professionnel jusqu’à la profondeur de 40 mètres (délivré pour une période de10 ans par l’INPP et renouvelable)une qualification soit de plongeur scientifique (autorisant à utiliser la plongée comme technique derecherche), soit de chef de plongée scientifique (pour assurer l’organisation et la responsabilité d’unservice de plongée dans les laboratoires de recherche et dans le cadre de missions de terrain). Leniveau minimum exigé pour suivre la formation est le niveau 2 de la FFESSM, 2 étoiles CMAS, bienque le niveau 3 soit fortement recommandé.La plongée scientifique est désormais réglementée par les décrets n° 90-277 du 28 mars 1990, 95-608 du 6mai 1995 et 96-364 du 30 avril 1996 concernant la protection des travailleurs intervenant en milieu hyperbare.Parmi les arrêtés importants, on retrouve celui du :28 janvier 1991 concernant les modalités de formation à la sécurité des personnels intervenant dansles opérations en milieu hyperbare,28 mars 1991 visant les recommandations aux médecins du travail chargés de la surveillancemédicale des travailleurs,20 août 1991 définissant les conditions de dérogation pour l’âge limite pour postuler au CAH,15 mai 1992 réglementant les procédures d’accès, de séjour, de sortie et d’organisation du travail enmilieu hyperbare (tables de plongée),5 mars 1993 sur les modalités de formation à la sécurité du personnel.Quel est le contenu du stage ? Il se veut très complet avec une solide remise à niveau des compétences enpassant par l’amélioration des capacités physiques du plongeur et, bien sur, par une formation pratique surle travail scientifique sous l’eau. Les candidats acceptés au stage ont des niveaux de plongée souvent trèsdifférents d’où l’importance de partir sur la même base de travail et de donner à chacun une formationéquivalente. Le savoir-faire des stagiaires est évalué sur leur aisance en surface, à 20 m, à 40 m, leuraptitude à organiser la plongée et la sécurité. L’entraînement physique passe par l’exercice régulier (tousles matins) de la nage avec palmes en groupe et de l’apnée. La formation pratique consiste à travaillerl’ensemble des exercices demandés pour le niveau 4. Une révision complète sur les connaissancesthéoriques du niveau 2 est au programme. Elle est en fait beaucoup plus poussée notamment par lesinterventions de personnels spécialisés en médecine hyperbare et en physiologie humaine, ou encore par lavisite d’un caisson hyperbare. Les autres domaines sont la sécurité (prévention des accidents, secourisme,matériel, réglementation et normes en vigueur...), l’apprentissage des tables de décompression du Ministèredu Travail MT92, des horaires de marées, de la météo marine. Le travail scientifique sous-marin consiste enl’utilisation des moyens de prélèvement, de levage, de repérage et de communication, de la photographie etvidéo sous-marines, de l’apprentissage de techniques de reconnaissance et de cartographie de la faune etde la flore marines et des biotopes.Comme spécifié plus haut, le stage peut donner lieu à la délivrance de la qualification de plongeurscientifique ou de chef plongeur scientifique. Une technique individuelle et collective adaptée auxprérogatives du plongeur est donc donnée comprenant i) la direction d’une palanquée avec l’acquisition desconnaissances nécessaires à la mise en oeuvre et au déroulement d’une plongée en toute sécurité ii)l’organisation de la plongée avec logistique, conduite et maintenance d’une embarcation de plongée,mouillage, surveillance de surface, communication par radiotéléphone (VHF).Depuis 1985, c’est le 11ème stage du genre qui vient de s’achever par la réussite aux examens des 12candidats inscrits (avec la nomination de 5 chefs de plongée). C’était la 5ème fois qu’il était organisé à laStation Biologique de Roscoff sous la responsabilité de Gérard Thouzeau (CAH 2B et Instructeur régional)avec le soutien de la délégation régionale du CNRS (Bretagne Pays de Loire) et, cette année, de l’InstitutUniversitaire Européen de la Mer de Brest. Les autres stages ont eu lieu à l’Observatoire Océanologique deBanyuls/mer qui l’emporte donc par le nombre, mais rassurez vous : le premier stage a bien eu lieu dans leseaux bretonnes ! J’ai pour ma part obtenu le diplôme de chef plongeur scientifique l’année dernière dans leseaux méditerranéennes et c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai participé à l’encadrement cette année.Nous sommes aujourd’hui entre 100 et 120 personnes ayant suivi le stage et obtenu le diplôme. Attention, cenombre ne tient pas compte des plongeurs disposant du CAH et l’ayant obtenu par équivalence mais biendes plongeurs ayant suivi le stage. Le nombre peut paraître faible mais depuis sa création les organisateursont toujours prôné la qualité et par conséquent par l’acceptation d’un nombre limité de candidats (entre 9 et12 personnes). Il est vrai aussi que le stage est relativement onéreux en dépit des subventions CNRS. Quoiqu’il en soit, chaque année, le nombre de candidats va croissant et la demande l’emporte largement sur11 sur 16