Intro<strong>du</strong>ctionShiba MurayasuMurayasu troubla le reflet de son visage enplongeant les mains dans le baquet d'eau,lavant les restes de sang sur son visage et sesmains. Un froissement d'étoffe dans son dos, ilse retourna. Yaeko, sa servante, lui tendit uneserviette.“- Le bain est prêt, Murayasu-sama.- Prépare moi <strong>du</strong> thé pour quand j'aurai fini.- Hai, sama.”Elle se retira, emportant son kimono tachéde sang. Il la regarda partir. Elle n'avait riendit. Il lui avait ordonné de préparer un bain etelle avait obéi comme s'il revenait de la chasseou <strong>du</strong> dojo en sueur, alors qu'il venait de tuerun homme. Il ne pouvait s'imaginer qu'elleétait naïve. Comment le voyait-elle ? Elle qui leservait chaque jour depuis deux années. Qui étaitl'homme qui enseignait à l'Empereur HanteiKusada le jour et rôdait la nuit pour trancher lefil de vies dont le destin avait marqué le nom ?Il plongea dans le bain brûlant et se laissaaller. Son esprit était libre. Pourtant, sanscesse, il revenait à cette question : que penseraitson père de tout ceci ? Comment pourraitt-ilimaginer son fils ainsi, tuant et s'arguantde vivre avec honneur au-delà de tout ce sang,ces morts, ces mensonges ?Comment en était-il arrivé là ? <strong>La</strong> maîtrise<strong>du</strong> sabre ? Le respect de son père ? Sa loyautéenvers la lignée Hantei ? Son amitié avecKusada ? Son devoir de vengeance à l'égardde Gaman-sensei ? Qu'importait, tout celal'avait con<strong>du</strong>it à assassiner, assassiner avecfinesse, assassiner avec méthode, sans bruit,sans faute, à assassiner pour une cause.Le parfum des huiles monta dans l'air, ledétendant. Au moins, il y avait Yaeko, fine,silencieuse et toujours en accord tacite aveclui. Ce n'était pourtant qu'une heimin maiscurieusement, il lui semblait qu'elle ne lejugeait pas et ne le jugerait jamais. Au sein dela faction, il y avait tellement de méfiance àson égard, les murmures s'estompant sur sonpassage et reprenant dès qu'il était loin.Il se laissa glisser sous l'eau quelques instantspuis émergea à nouveau dans la réalité ;il profita encore un peu de la quiétude et de lachaleur de la pièce puis sortit <strong>du</strong> bain.Il enfila un kimono noir dans le dos <strong>du</strong>quel étaitbrodé un magnifique Phénix incandescent, surson cœur le mon de la famille Shiba régnait enmaître. Il n'avait aucun remord pour ses actes,il n'en avait jamais eu, certain qu'ils étaientjustes même si violents. Parfois, il en étaitvenu à penser que les membres <strong>du</strong> Shinsengumiétaient pareils à lui, sinon par leurs idéeset leurs convictions à l'opposé des siennes.Mais quand il les voyait maltraiter des heimin,être cruels et inutilement violents, il savaitalors que quand il les combattait, s'il était toujoursvictorieux, quelque part dans les lignes desFortunes leur déclin était annoncé et lui n'enétait que l'outil.Il pénétra dans son salon. Un plateau étaitposé sur la petite table en acajou, une théièreen gré gris fumait. Il s'assit et Yaeko ouvrit leshoji opposé et vint, gracieuse, le servir. Il laregarda faire, elle était toujours prévenante etdiscrète à la fois, comme une ombre qui suit lemouvement de vos pas, que vous courriez oumarchiez, combattiez ou étiez immobile.Quelle étrange fille !Il avait enquêté sur elle, craignant que cene soit un membre <strong>du</strong> Clan <strong>du</strong> Scorpion, maisn'avait rien découvert et en deux années,jamais une seule de ses missions n'avaitéchoué en quelque endroit qu'il se trouve,Yaeko dans son ombre et à son service. Ilavait bien essayé de la questionner sur sonpassé mais chaque fois, elle était vague, luiprétextant qu'elle ne voyait pas l'intérêt qu'ilpouvait porter à sa simple vie. Il n'insistaitjamais.Ce soir encore lorsqu'elle lui avait servi lethé, il avait regardé la cicatrice qu'elle portaità l'intérieur de son poignet droit. Elle avait lamême au gauche. Il était assez familiariséavec l'acier pour savoir que c'était là lesmarques d'un suicide, d'une mort lente.Pourtant elle était en vie, là devant lui.Pourquoi ? Comment ?“- Désirez-vous souper, Murayasu-sama ?”Sa voix le tira de ses pensées“- Oui. Tu peux préparer le souper Yaeko,j'ai quelques lettres à écrire et ensuite jemangerai.”Elle se leva et, à petits pas silencieux, allapuis revint déposer à ses côtés son nécessaired'écriture, à l'abri dans un coffret décoré denacre, puis s'en alla préparer le dîner.Murayasu prit la pierre et humidifia l'encre.Voilà deux mois qu'il n'avait donné de nouvellesà son père, Shiba Gaijushiko. Ce soir, ildevait y remédier.Yaeko versa l'eau bouillante dans le grandbaquet d'eau, puis un seau d'eau froide, et y4
plongea le kimono. Poussant le tissu dansl'eau, un fin nuage rouge se forma à la surfacede l'onde. Elle regarda le sang se mélangerà l'eau en silence. Elle savait ce que faisaitMurayasu-sama lorsqu'il sortait ainsi le soir,elle l'avait suivi une fois. Elle avait pris soncourage à deux mains et un soir, elle l'avaitsuivi, voulant savoir.Elle plongea les mains pour ôter tout lesang <strong>du</strong> tissu et avec satisfaction, elle pensa quece soir, il y avait un de ces chiens <strong>du</strong> Shinsengumien moins sur terre. Un de moins avec celuiqu'elle avait tué. Elle changea l'eau plusieursfois puis laissa tremper le kimono.Elle se lava ensuite soigneusement lesmains et prépara le souper.Le shoji s'ouvrit et elle entra avec le plateau.Murayasu écrivait toujours. Elle s'approchade la table et il leva vers elle ses grandsyeux noirs. Elle lui sourit timidement et posa leplateau à un endroit qui ne le gênerait pas puiss'inclina.“- Yaeko ?”Elle se retourna.“- Hai ?- Où est le kimono que je portais ce soir ?- Je l'ai lavé, maître.- Hum…- Il y a un problème ?”Il leva à nouveau les yeux sur elle et sonregard la transperça.“- Non aucun, je voulais juste savoir.- Puis-je me retirer ?- Oui.”Elle s'inclina et se retira, il était fort tardet elle savait qu'à cette heure et commechaque fois, Shiba Murayasu ne ferait plusappel à elle.Elle se mit au lit et regarda la lune brillerde tout son éclat, allongée sur son futon. Ellese demanda s'il avait à combattre comme elletant de démons chaque nuit. Peu à peu, la fatigueeut raison d'elle et elle plongea dans les souvenirsde ses cauchemars, ceux qui la hantaienttous les soirs depuis cinq ans.Mais maintenant, aux images de la milice<strong>du</strong> Shinsen-gumi maltraitant les habitantsde son village, aux supplications de sa mère,à l'interrogatoire cruel de son père avant dele voir mort, aux maisons en flammes, auxcris des femmes et des enfants, à la poignede fer qui l'avait attrapée et plaquée au sol,à ses propres cris, ses larmes et sa honte, ilse mêlait une ombre qui venait atténuer sadouleur.Sa souffrance insoutenable, l'image <strong>du</strong> visagede son petit frère amené près d'elle, une lamesous la gorge, son viol par ce chien de samurai,sa rage étanchée par le sang coulant <strong>du</strong> tantoqu'elle lui avait planté dans la gorge mais troptard pour son frère, tout cela s'estompait peuà peu comme une scène de théâtre se vidantpour laisser la place à une autre pièce. Et surcette scène, celle de sa vie, il y avait l'ombred'un homme, celui de sa lame, ballet de justicebrillant dans la nuit dans laquelle le mondeétait plongé, une lune blanche et froide surlaquelle se reflétait la détermination de sonregard, sa dextérité de frappe, son dévouementà la venger même s'il ignorait tous ces faits,les siens et ceux de milliers d'autres dont lenom avait été tu, dont le souffle avait cessédésespérément de brasser l'air de la vie.Oui, à tout cela s'ajoutait l'ombre de sonmaître, son pas silencieux comme le velours,se glissant la nuit dans les riches demeures, lasueur froide coulant sur les tempes de sesvictimes, son jeu perfide <strong>du</strong> chat jouant avecune souris se débattant dans des moulinetsincohérents de désespoir avant d'être mise àmort dans une frappe unique et parfaite. Seslarmes de soie et la finesse <strong>du</strong> petit origamiposé au sol avant qu'il ne quitte les lieux, ouitout cela était bien assez suffisant pour justifierson silence et emporter dans la tombe unsecret de plus, celui de son maître, ShibaMurayasu, assassin Tenchu.5
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