12.07.2015 Views

Les probiotiques Dans le rumen comme dans le yogourt

Les probiotiques Dans le rumen comme dans le yogourt

Les probiotiques Dans le rumen comme dans le yogourt

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

RECHERCHE<strong>Les</strong> <strong>probiotiques</strong><strong>Dans</strong> <strong>le</strong> <strong>rumen</strong> <strong>comme</strong><strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>yogourt</strong>PAR JOHANNE CHIQUETTE*L’AJOUT D’UN PROBIOTIQUE À LA RATION POURRAIT AVOIR UN EFFET BÉNÉFIQUE SUR LE NIVEAU DU PH DU RUMEN.La période de transition qui suit <strong>le</strong> vêlage est critiquepour la santé du <strong>rumen</strong> des vaches. En effet, <strong>le</strong> passaged’une ration riche en fourrages à une ration riche en concentréspeut provoquer chez certains animaux un désordrenutritionnel mieux connu sous <strong>le</strong> nom d’acidose. Ce problèmerésulte de l’accumulation d’acides gras volatils etd’acide lactique produits par la fermentation microbiennedes aliments faci<strong>le</strong>ment digestib<strong>le</strong>s, tels <strong>le</strong>s grains, qui constituentune grande proportion de l’alimentation en débutde lactation.L’augmentation de l’acidité du <strong>rumen</strong> se traduit par unebaisse du pH. On par<strong>le</strong> d’acidose subclinique lorsque <strong>le</strong> pHse situe entre 5,2 et 5,6 pendant au moins trois heures aucours de la journée et d’acidose aiguë lorsque <strong>le</strong> pH descendsous <strong>le</strong> seuil de 5,2. Il est à noter que <strong>le</strong> pH ruminal normalse situe autour de 7,0 et que, lorsqu’il descend sous 6,0,l’activité des bactéries qui utilisent <strong>le</strong>s fourrages est arrêtée.Diverses mesures ont été proposées en vue de prévenirl’acidose subclinique, entre autres servir aux animaux desgrains entiers ou peu transformés, servir des rations tota<strong>le</strong>smélangées au lieu des ingrédients séparés, servirplusieurs petits repas à interval<strong>le</strong>s réguliersplutôt qu’un seul gros repas, s’assurer que <strong>le</strong>srations contiennent un minimum de fibreset introduire <strong>le</strong>s concentrés de façongraduel<strong>le</strong> afin que <strong>le</strong>s populations microbiennesdu <strong>rumen</strong> s’y adaptent. Endépit de cela, certains animaux manifestentune grande susceptibilité àl’acidose et des mesures supplémentairespeuvent s’avérer bénéfiques.Une des avenues possib<strong>le</strong>s est defavoriser <strong>le</strong>s populations bactériennesqui utilisent l’amidon et qui libèrent desproduits de fermentation plus favorab<strong>le</strong>sà la santé rumina<strong>le</strong>. C’est ainsi que larecherche s’est tournée vers l’utilisationd’antibiotiques pour tenter d’éliminer <strong>le</strong>s populations bactériennesreliées à la production excessive d’acides.Cependant, l’utilisation des antibiotiques étant très controverséeces dernières années à cause de l’acquisition etdu transfert possib<strong>le</strong> d’une résistance par <strong>le</strong>s bactéries, larecherche examine l’utilisation et <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> des <strong>probiotiques</strong><strong>dans</strong> la maîtrise de ce désordre nutritionnel.LA SOUCHE PREVOTELLA BRYANTII 25A<strong>Les</strong> <strong>probiotiques</strong> sont des microorganismes vivants qui,ajoutés <strong>dans</strong> la ration journalière des vaches, améliorentl’équilibre de la microflore du système digestif. Ces dernièresannées, nous nous sommes intéressés à une souche bactériennerécemment sé<strong>le</strong>ctionnée pour sa capacité à fermenterl’amidon, et ce, sans production d’acide lactique,contrairement aux autres espèces bactériennes qui fermententéga<strong>le</strong>ment l’amidon. L’acide lactique contribue àaugmenter l’acidité 10 fois plus que <strong>le</strong>s autres acides produitspar la fermentationrumina<strong>le</strong>, et doncen un clin d’oeilCHAMP D’APPLICATION : Alimentation anima<strong>le</strong>.OBJET DE LA RECHERCHE/ÉLÉMENTS D’INNOVATION : Stratégie alimentairepouvant diminuer <strong>le</strong>s risques d’acidose subclinique chez <strong>le</strong>s vaches en débutde lactation.RETOMBÉES POTENTIELLES : Amélioration de la production laitière et de lasanté des vaches en début de lactation.RECHERCHE SUBVENTIONNÉE PAR : Agriculture et AgroalimentaireCanada (AAC).POUR EN SAVOIR DAVANTAGE : D re Johanne Chiquette, chercheuse enmicrobiologie du <strong>rumen</strong>, Centre de recherche et de développement sur <strong>le</strong>bovin laitier et <strong>le</strong> porc de Lennoxvil<strong>le</strong>, AAC


RECHERCHEmg/100mlmM%GRAPHIQUE 1EFFET DE P. BRYANTII 25A SUR LA CONCENTRATION DU LACTATE RUMINALTROIS HEURES APRÈS LE REPASContrô<strong>le</strong>P. bryantii20151050120110100908070605,04,54,03,53,0111à diminuer <strong>le</strong> pH du <strong>rumen</strong>. Notrehypothèse était que la souche Prevotellabryantii 25A pourrait, de par ses propriétés,contribuer à maintenir desva<strong>le</strong>urs de pH ruminal plus é<strong>le</strong>vées etéviter <strong>le</strong>s chutes importantes de pH quise produisent régulièrement en débutde lactation.22Contrô<strong>le</strong>34Semaines de lactationGRAPHIQUE 2EFFECT DE P. BRYANTII 25A SUR LES CONCENTRATIONSEN ACIDES GRAS VOLATILS APRÈS LE REPAS34Semaines de lactation5P. bryantiiGRAPHIQUE 3EFFET DE P. BRYANTII 25A SUR LE POURCENTAGE DE GRAS DU LAIT2Contrô<strong>le</strong>345Semaines de lactation5P. bryantii6Pour <strong>le</strong>s besoins de la recherche,12 vaches munies d’une canu<strong>le</strong> rumina<strong>le</strong>(hublot) ont été utilisées. La moitiéde ces vaches recevaient une culturefraîche de P. bryantii 25A (25 ml contenus<strong>dans</strong> une seringue) introduitedirectement <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>rumen</strong> par la canu<strong>le</strong>rumina<strong>le</strong>. Le probiotique était donné à667partir de trois semaines avant <strong>le</strong> vêlagejusqu’à sept semaines après. <strong>Les</strong> vachesrecevaient, une fois par jour, une rationtota<strong>le</strong> mélangée constituée d’orge,d’ensilage d’herbe et d’ensilage de maïs.Le probiotique était introduit aumoment du repas et un échantillon du<strong>rumen</strong> était pré<strong>le</strong>vé juste avant <strong>le</strong> repasainsi que deux et trois heures aprèsl’alimentation, aux semaines 1, 2, 3, 4,6 et 7 suivant <strong>le</strong> vêlage.MOINS D’ACIDE LACTIQUE ET PLUSD’ACIDES GRAS VOLATILS<strong>Les</strong> résultats ont démontré que <strong>le</strong>s animauxavaient une concentration d’acidelactique similaire avant <strong>le</strong> repas,atteignant 1,9 mg/100 ml. Par contre,<strong>le</strong>s vaches qui avaient reçu P. bryantii25A ont produit moins d’acide lactiqueau niveau du <strong>rumen</strong> (après <strong>le</strong> repas) aucours de la période de transition qui suit<strong>le</strong> vêlage et au cours des semaines suivantescomparativement aux vachestémoins (6,3 vs 12,6 mg/100 ml) (voirgraphique 1). Cela aurait pu contribuerà diminuer l’acidité du <strong>rumen</strong>, mais<strong>comme</strong> ces mêmes animaux ont produitplus d’acides gras volatils (10 % deplus), <strong>le</strong> pH ruminal s’est trouvéinchangé. L’augmentation de la productiond’acides gras volatils chez <strong>le</strong>svaches recevant P. bryantii 25A est <strong>le</strong>ref<strong>le</strong>t d’une fermentation accrue, c’està-dired’une meil<strong>le</strong>ure utilisation desaliments ingérés. Ce dernier point seravérifié lors d’un projet à venir. D’autrepart, une teneur plus é<strong>le</strong>vée en matièregrasse du lait (3,9 % vs 3,5 %) a éga<strong>le</strong>mentété observée chez <strong>le</strong>s vaches quiavaient reçu <strong>le</strong> probiotique, ce qui concordeavec l’augmentation des acidesacétiques et butyriques (des précurseursde la synthèse du gras du lait)notée au niveau du <strong>rumen</strong>.UN AVENIR PROMETTEURLe probiotique qui a fait l’objet de cetteétude a démontré un bon potentield’augmentation de la teneur en grasdu lait ainsi que de l’énergie quel’animal retire de ses aliments. Cesrésultats préliminaires pourront êtreconfirmés <strong>dans</strong> d’autres études. Enattendant, l’avenir de ce <strong>probiotiques</strong>emb<strong>le</strong> prometteur.* Johanne Chiquette, chercheuseen microbiologie du <strong>rumen</strong>, Centrede recherche et de développementsur <strong>le</strong> bovin laitier et <strong>le</strong> porc deLennoxvil<strong>le</strong>, AAC36DÉCEMBRE 2008/JANVIER 2009 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!