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L'examen médical de l'adolescent. Chemin d'un pédiatre ... - Derpad

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L’examen médical <strong>de</strong> l’adolescent.<strong>Chemin</strong> d’un pédiatrepour passer<strong>de</strong> l’enfant à l’adolescentetdu corps à la personne.Dr Bernard Caurier1


INTRODUCTION ...................................................................................... 4MA FORMATION INITIALE ..................................................................... 5LIEUX D’EXERCICE ................................................................................ 7CABINET DE PEDIATRIE LIBERALE ............................................................... 7Le cadre ............................................................................................. 7Les objectifs ....................................................................................... 7L’examen médical .............................................................................. 8« l’interrogatoire » ........................................................................... 8L’examen physique ......................................................................... 9Les résultats ..................................................................................... 10L’HOPITAL ............................................................................................. 11Le cadre ........................................................................................... 11Les objectifs ..................................................................................... 12L’examen médical ............................................................................ 12Les résultats ..................................................................................... 12LA MAISON DEPARTEMENTALE DES ADOLESCENTS D’INDRE ET LOIRE (MDA37). ...................................................................................................... 12Le cadre ........................................................................................... 13Les objectifs ..................................................................................... 15L’examen médical ............................................................................ 16L’entretien (plus que l’interrogatoire) ............................................ 16L’examen physique ....................................................................... 18Synthèse ....................................................................................... 19Les résultats ..................................................................................... 19REFLEXIONS POUR AMELIORER MON EXAMEN MEDICAL DEL’ADOLESCENT ................................................................................... 20ETRE MOI : BIEN LA ET MAINTENANT ......................................................... 21ETRE AVEC LE JEUNE ............................................................................. 23L’accueillir ........................................................................................ 23L’écouter .......................................................................................... 24Le rassurer et lui faire confiance ...................................................... 25ETRE AVEC LES PARENTS ....................................................................... 26ETRE AVEC L’EQUIPE DE LA MDA ET AVEC UN RESEAU DE PROFESSIONNELSDES ADOLESCENTS ................................................................................ 27Etre avec l’équipe <strong>de</strong> la mda ............................................................ 27Etre avec un réseau <strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong> l’adolescence ................ 28CONCLUSION ....................................................................................... 30BIBLIOGRAPHIE ................................................................................... 313


IntroductionPédiatre <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong> 30 ans, j’examine <strong>de</strong>s nourrissons, <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong>s adolescentsdans mon cabinet libéral et à l’hôpital. Cette longue pratique me permet d’être aujourd’hui, leplus souvent, à une juste place par rapport à l’enfant et à ses parents. En revanche cettebonne place est plus difficile à trouver vis-à-vis <strong>de</strong> l’adolescent et <strong>de</strong> ses parents. Lessources <strong>de</strong> ces difficultés sont multiples. Certaines sont liées à l’adolescent, d’autres àl’adulte-mé<strong>de</strong>cin que je suis et à l’adolescent que je fus, d’autres encore aux parents <strong>de</strong>l’adolescent, d’autres enfin sont en rapport avec le cadre dans lequel j’examine cesadolescents.Insatisfait <strong>de</strong> cette prise en charge <strong>de</strong>s adolescents et prenant conscience que ces difficultésétaient partagées par d’autres pédiatres libéraux et hospitaliers, j’ai décidé <strong>de</strong> travailler dansun cadre différent, la Maison Départementale <strong>de</strong>s Adolescents (MDA) d’Indre et Loire et <strong>de</strong>me former à la prise en charge <strong>de</strong>s adolescents. Après <strong>de</strong>ux ans d’exercice dans cettestructure et au terme <strong>de</strong> ce diplôme universitaire sur les adolescents difficiles, je me suispenché sur ce qui est le « cœur » <strong>de</strong> mon métier à savoir l’examen médical : pour qui, pourquoi, comment ? A partir <strong>de</strong> cette relecture et <strong>de</strong> cette réflexion, je vais proposer un canevaspour tenter d’améliorer mon examen médical <strong>de</strong> l’adolescent. Le « canevas » me semble leterme juste, car il s’agit bien d’une trame sur laquelle vont se tisser une ou plusieursrencontres dont le <strong>de</strong>ssin final ne m’appartient pas. Après avoir raisonné pendant <strong>de</strong>sannées en termes <strong>de</strong> « maladie » et « absence <strong>de</strong> maladie », j’ai pris petit à petit conscienceque l’état <strong>de</strong> « bonne santé » dépassait largement le cadre médical où je l’avais enfermé.Aujourd’hui, par mon écoute et mon examen, je désire essentiellement contribuer àl’utilisation, <strong>de</strong> certains « fils » que sont la confiance et l’espérance au détriment <strong>de</strong> la peur etdu désespoir.Après avoir évoqué à grands traits ma formation initiale, j’apporterai <strong>de</strong>s informations sur mapratique actuelle dans les différents lieux où je travaille, cabinet libéral, hôpital et MaisonDépartementale <strong>de</strong>s Adolescents. Je partagerai ensuite <strong>de</strong>s réflexions et propositions pouraméliorer mon examen médical <strong>de</strong>s adolescents.4


Ma formation initialeJ’ai été étudiant en mé<strong>de</strong>cine à Paris (CHU <strong>de</strong> la Pitié Salpêtrière) <strong>de</strong> 1974 à 1980 puisinterne <strong>de</strong>s hôpitaux <strong>de</strong> Nantes <strong>de</strong> 1980 à 1984 puis chef <strong>de</strong> clinique assistant <strong>de</strong>s hôpitaux<strong>de</strong> Tours <strong>de</strong> 1984 à 1986.Pédiatre <strong>de</strong>puis 1984, je me suis spécialisé ensuite en allergologie pédiatrique (prise encharge <strong>de</strong>s maladies allergiques comme l’asthme, l’eczéma, les allergies alimentaires…) eten gastro entérologie pédiatrique (maladies du tube digestif). J’ai toujours pratiqué ces « surspécialités » en sus <strong>de</strong> la pédiatrie générale, ne voulant pas pratiquer une mé<strong>de</strong>cined’organe indépendante du reste du corps humain.Je retiens <strong>de</strong> cette formation, une accumulation importante <strong>de</strong> connaissances pour êtrecapable <strong>de</strong> faire un bon diagnostic et <strong>de</strong> donner le bon traitement aux futurs mala<strong>de</strong>s.L’essentiel me semble être dit dans cette phrase : un savoir important, faire, diagnostic,donner, traitement, mala<strong>de</strong>.Un savoir : pour connaître les symptômes (interrogatoire), les signes physiques (examenphysique appelé à tort « auscultation »), les explorations complémentaires (examensbiologiques, radiologiques…) qui permettent d’i<strong>de</strong>ntifier la maladie.Une posture <strong>de</strong> professionnel, du « Docteur » : qui sait, qui fait, qui donne, qui « ordonne »(ordonnance) et qui croit que le patient va suivre à la lettre toutes les prescriptions ! Cetteposture a, pour moi, été accentuée au départ par une exigence familiale <strong>de</strong> réussiteintellectuelle et ensuite par <strong>de</strong> brillants résultats aux différents concours <strong>de</strong> l’internat.Un patient qui est un mala<strong>de</strong> et qui, s’il n’est pas mala<strong>de</strong>, ou du moins n’a pas <strong>de</strong> maladiesomatique, ne relève pas <strong>de</strong> mes soins ! Je me souviens : jeune étudiant en mé<strong>de</strong>cine,j’avais assisté à une consultation d’un chef <strong>de</strong> clinique ; ce <strong>de</strong>rnier, au terme d’une matinéeoù il avait vu plusieurs patients avec <strong>de</strong>s pathologies rares et sévères, m’avait confié : « Tusais le plus difficile en mé<strong>de</strong>cine, ce n’est pas <strong>de</strong> faire le diagnostic <strong>de</strong> maladies rares, c’est<strong>de</strong> savoir si la personne en face <strong>de</strong> toi est mala<strong>de</strong> ou non ! »Ces affirmations sont un peu caricaturales, mais elles montrent clairement l’orientationmédicale somaticienne <strong>de</strong> ma formation initiale.En revanche, je n’ai pas le souvenir d’avoir appris comment accueillir une personne, lamettre en confiance, l’écouter, l’interroger, l’examiner avec délicatesse. Certes, tout celan’est pas que du registre médical et s’apprend en partie, en amont, en famille et à l’école.Certes tout cela s’apprend avec l’expérience, l’âge …mais quelques heures <strong>de</strong> formation àun entretien, à l’écoute (qui est le cœur <strong>de</strong> notre métier) auraient été les bienvenues.5


Lieux d’exerciceCabinet <strong>de</strong> pédiatrie libéraleLe cadreJ’ai créé mon cabinet <strong>de</strong> pédiatrie-allergologie en 1986 à Joué les Tours (37), ville <strong>de</strong> 30000habitants, séparée <strong>de</strong> Tours par le Cher. J’ai pris une associée en 1993.J’y reçois en majorité <strong>de</strong>s nourrissons et <strong>de</strong>s jeunes enfants âgés <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 6 ans. Lesadolescents représentent à peu près 15% <strong>de</strong> ma patientèle. Je n’ai pas prévu d’horaireparticulier pour les recevoir ; ils peuvent donc se trouver entre <strong>de</strong>ux consultations <strong>de</strong>nourrissons.La salle d’attente est surtout orientée vers les plus jeunes : jouets, revues, ainsi que vers lesparents : tracts et affiches, revues (l’école <strong>de</strong>s parents) ; il existe, cependant quelquesdocuments <strong>de</strong>stinés aux adolescents en provenance <strong>de</strong> la FRAPS (Fédération Régionale<strong>de</strong>s Acteurs en Promotion <strong>de</strong> la Santé).La durée <strong>de</strong>s consultations varie <strong>de</strong> un ¼ d’heure (urgences du jour) à une ½ heure pour lesconsultations « programmées » : surveillance annuelle, délivrance du certificat <strong>de</strong> non contreindication au sport, suivi <strong>de</strong>s maladies chroniques (asthme et autres maladies allergiques,maladies inflammatoires du tube digestif…), avis spécialisé <strong>de</strong>mandé par un confrère…Le paiement est à l’acte avec son cortège d’attributs, non obligatoires, mais souventassociés : durée <strong>de</strong>s consultations limitée à une ½ heure (parfois dépassée) et à 15 minutespour les urgences du jour, consultations nombreuses (20 à 25 dans l’après midi-soirée) seterminant tard (en moyenne : 20h30-21 heures), sans espace <strong>de</strong> réflexion entre elles,agacement lorsqu’un jeune ne vient pas sans prévenir, ou arrive très en retard…Les objectifsIls sont (étaient ?) essentiellement médicaux tels qu’ils sont exposés par Clau<strong>de</strong> Bernarddans l’introduction à la mé<strong>de</strong>cine expérimentale « conserver la santé et guérir lesmaladies ». Il s’agit ici surtout <strong>de</strong> santé du corps d’une personne, en l’occurrence d’unadolescent.Ainsi, il y a <strong>de</strong>ux grands volets : la prévention et le traitement <strong>de</strong>s maladies, organiques,c’est-à-dire prenant leur origine dans une défaillance d’organe. Pour atteindre ces objectifs,7


je m’appuie sur l’examen médical tel qu’il nous a été enseigné à la faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine puispendant mes années d’internat et dont le déroulement est le suivant : un interrogatoire, suivid’un examen physique éventuellement complété par <strong>de</strong>s actes techniques simples faits dansle cabinet, et conclu soit par un diagnostic soit par <strong>de</strong>s hypothèses diagnostiques.L’examen médical« L’interrogatoire »Il se déroule dans un premier espace <strong>de</strong> mon cabinet ; le jeune et son (ses) parent (s) sontassis en face <strong>de</strong> moi, séparés <strong>de</strong> moi par mon bureau.Le jeune est d’abord « interrogé » sur le motif <strong>de</strong> sa venue et l’histoire <strong>de</strong> ses symptômes.Les parents complètent ces données et précisent les antécé<strong>de</strong>nts personnels et familiaux. Je<strong>de</strong>man<strong>de</strong> au jeune, si au terme <strong>de</strong> l’examen, il souhaiterait avoir un entretien, seul avec moi,pendant que les parents retourneront en salle d’attente.Motif <strong>de</strong> consultationSurveillance annuelle, certificat <strong>de</strong> non contre-indication aux sports, symptôme (fièvre,douleur, diarrhée…), suivi d’une maladie chronique (asthme…).Histoire <strong>de</strong> la maladieCe temps <strong>de</strong> l’interrogatoire vise à préciser au mieux les différents symptômes : leur dated’apparition, leur intensité, leur retentissement sur la vie quotidienne (réveils nocturnes,arrêt sport, absentéisme scolaire…). Le symptôme motivant la consultation peut parfoiscacher <strong>de</strong>s symptômes plus importants qu’il importe <strong>de</strong> chercher attentivement.Antécé<strong>de</strong>nts personnelsLa recherche <strong>de</strong> ceux-ci est bien sûr orientée par le motif <strong>de</strong> consultation et l’histoire <strong>de</strong> lamaladie ; cette démarche sera d‘autant plus poussée, que les symptômes sont intenses etsurtout anciens et/ou récidivants. L’examen du carnet <strong>de</strong> santé est indispensable.Pourront ainsi être précisés :La grossesse : complications, inquiétu<strong>de</strong>s…La naissance : terme, par voie basse ou par césarienne, souffrance en salle <strong>de</strong> travail,mensurations néonatales, séparation mère enfant…Les hospitalisations, interventions,8


Les maladies (et en particulier <strong>de</strong>s histoires i<strong>de</strong>ntiques ou proches <strong>de</strong> celle qui est en cours)en ne se laissant pas abuser par un diagnostic posé dans le passé qui peut et qui pourraéventuellement se révéler comme une erreur <strong>de</strong> diagnostic.Les allergies éventuelles en particulier médicamenteuses, au latex…Les vaccinationsAntécé<strong>de</strong>nts familiauxMaladie se retrouvant chez plusieurs membres <strong>de</strong> la familleMaladie grave ou décès ayant particulièrement marqué les parents ou le jeunePendant tout ce temps <strong>de</strong> l’interrogatoire, il est très utile d’observer l’attitu<strong>de</strong> du jeune enelle-même (position antalgique, faciès douloureux, intérêt…) et par rapport à ses parents(regards, interventions, place…).L’examen physiqueIl se fait dans un autre espace <strong>de</strong> mon cabinet pour bien séparer les <strong>de</strong>ux temps <strong>de</strong>l’examen médical.Le jeune se déshabille et ne gar<strong>de</strong> sur lui que ses sous-vêtements. Il est d’abord examiné<strong>de</strong>bout puis s’allonge sur la table d’examen.Sont examinés successivement :La taille et le poids, avec calcul <strong>de</strong> l’IMC (Indice <strong>de</strong> Masse Corporelle).Des paramètres facilement mesurables : température, fréquence cardiaque,fréquence respiratoire, débit expiratoire <strong>de</strong> pointe (directement en rapport avec lediamètre <strong>de</strong>s bronches et donc utile dans le dépistage et le suivi <strong>de</strong>s maladiess’accompagnant d’une obstruction bronchique comme l’asthme), tension artérielle. Jeme souviens d’un commentaire d’un <strong>de</strong> mes premiers « patrons » lorsque j’étaisexterne à l’hôpital : « la mé<strong>de</strong>cine est difficile, un grand nombre <strong>de</strong> paramètres sontnon quantifiables, subjectifs, alors, mesurez au moins tout ce qui peut être mesuré ! »L’organe supposé mala<strong>de</strong> (en rapport avec le motif <strong>de</strong> consultation et l’histoire <strong>de</strong> lamaladie)Les autres organes : cœur, poumons, sphère ORL (bouche, gorge, oreilles), thyroï<strong>de</strong>éventuellement complété par un examen neurologique.La peau9


Le rachis ; l’examen du rachis est particulièrement important lors <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong>pubertaire puisque le rachis croit rapi<strong>de</strong>ment et que c’est à cet âge qu’apparaissent(ou se décompensent) les scolioses et cyphoses.Le sta<strong>de</strong> pubertaire est préciséPour les filles : la pilosité axillaire et pubienne (P), le développement <strong>de</strong>s seins (S) et<strong>de</strong> la vulve ; la date d’apparition <strong>de</strong>s règles est <strong>de</strong>mandée.Pour les garçons : la pilosité axillaire, pubienne (P) et faciale, le développement <strong>de</strong>stesticules et du pénis (G).La cotation <strong>de</strong> Tanner est habituellement utilisée : P, S et G étant cotés <strong>de</strong> 1(prépubère) à 5 (adulte)Les sens : vue, auditionLes <strong>de</strong>ntsA la fin <strong>de</strong> cet examen clinique, il est un temps essentiel chez l’adolescent (comme chezl’enfant) : l’examen et la prolongation <strong>de</strong>s courbes <strong>de</strong> croissance staturale, pondérale et <strong>de</strong>l’IMC. En effet, l’examen attentif <strong>de</strong> ces courbes, peut permettre, lorsque celles-ci sontrégulièrement ascendantes, d’écarter <strong>de</strong> façon formelle, sans examen complémentaire, uncertain nombre <strong>de</strong> pathologies et à l’inverse, lorsqu’il existe un ralentissement voire unecassure ou une accélération, d’en évoquer certaines, avec une forte présomption. Bienentendu, cet examen sera d’autant plus fructueux, qu’il existe un certain nombre <strong>de</strong>données, taille et poids déjà consignées, et que le carnet <strong>de</strong> santé soit disponible !Au terme <strong>de</strong> l’examen médical, une conclusion s’impose : le jeune est en bonne santé ou il aune maladie bien i<strong>de</strong>ntifiée ou il peut avoir telle ou telle maladie (plusieurs hypothèsesdiagnostiques), ou… je ne sais pas s’il est mala<strong>de</strong> ou non ! D’autres consultations, enrichiesd’explorations complémentaires, peuvent s’avérer nécessaires pour établir un diagnostic.Les résultatsJe crois pouvoir dire qu’ils sont globalement bons en termes <strong>de</strong> dépistage, <strong>de</strong> diagnostic et<strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong> maladie organique. Cela tient à la formation universitaire ethospitalière que j’ai eue et que j’ai décrite précé<strong>de</strong>mment.En revanche, pendant longtemps, je suis passé à côté <strong>de</strong> souffrances psychologiques,familiales, qui se cachaient <strong>de</strong>rrière <strong>de</strong>s plaintes somatiques. Je pensais que l’essentiel <strong>de</strong>mon travail <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin consistait à ne pas passer à côté d’une maladie organique et qu’enl’absence <strong>de</strong> celle-ci, je pouvais donc rassurer le jeune et ses parents, et qu’il n’avait plusqu’à aller bien ! L’expérience et ma femme, qui en plus d’être femme est psychologue, m’ont10


appris, au fil <strong>de</strong>s années, à mieux écouter enfants et parents, à mieux voir, à mieuxreconnaître, ce qui se tricotait entre le corps et l’esprit entre le corps et le cœur. Petit à petitje me suis mis à travailler en réseau avec <strong>de</strong>s psychologues et psychiatres pour ai<strong>de</strong>r cesjeunes et ces familles et j’ai constaté que cela était bon.Demeurait aussi une gran<strong>de</strong> insatisfaction : je voyais <strong>de</strong> plus en plus d’adolescents, commela plupart <strong>de</strong>s pédiatres qui vieillissent avec leur patientèle et je n’étais pas satisfait <strong>de</strong> mafaçon <strong>de</strong> les prendre en charge. Je constatais qu’un certain nombre d’entre eux n’étaient pasà l’aise d’être vus entre <strong>de</strong>ux bébés, <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s fauteuils pour petits enfants, <strong>de</strong>s jouetséparpillés sur le sol, et qu’ils se <strong>de</strong>mandaient s’ils étaient bien à leur place dans ce cabinet.Les « plus sages », semblaient satisfaits, rassurés <strong>de</strong> continuer à voir le mé<strong>de</strong>cin qui s’étaitoccupé d’eux pendant leur enfance, mais il me semble que le « cadre » dans lequel je lesrecevais, ne leur permettait pas d’abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s problématiques propres à l’adolescence.Mais, plus encore que pour eux, il me semble que ce cadre ne me permettait pas d’abor<strong>de</strong>rlibrement avec eux et <strong>de</strong> façon ajustée, leurs questions concernant la sexualité, le rapportaux parents, les consommations <strong>de</strong> drogues licites et illicites…L’hôpitalJe serai plus bref car le cadre et les objectifs sont proches <strong>de</strong> mon exercice en cabinetlibéral.Le cadreC’est l’hôpital Gatien <strong>de</strong> Clocheville qui est un hôpital d’enfants uniquement (jusqu’à 16 ans)faisant partie du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) <strong>de</strong> Tours. Il n’y a pas <strong>de</strong> serviced’adolescents, ceux-ci étant répartis dans les différents services en fonction <strong>de</strong> leurpathologie. Il n’y a pas <strong>de</strong> service <strong>de</strong> pédopsychiatrie dans l’enceinte <strong>de</strong> cet hôpital ; leservice <strong>de</strong> psychiatrie <strong>de</strong>s adolescents se trouve dans une autre structure, la cliniquepsychiatrique universitaire, située à Saint Cyr sur Loire, commune distante <strong>de</strong> 5 km etséparée <strong>de</strong> Tours par la Loire.Pour ce qui est <strong>de</strong> mon activité <strong>de</strong> consultation, je travaille dans une salle très« hospitalière » au sens médical du terme (murs nus, beaucoup <strong>de</strong> matériel médical) avecl’ai<strong>de</strong> d’une infirmière.11


Les objectifsIls sont encore plus médicaux qu’au cabinet, dans la mesure où les jeunes me sont adressésen consultation spécialisée pour <strong>de</strong>s maladies allergiques et/ou digestives. Je suis d’embléeétiqueté comme « le » mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> l’asthme, <strong>de</strong> la constipation…L’examen médicalJe m’appuie, bien entendu, sur un examen clinique, qui est ici, plus restreint que celui quej’ai développé plus haut dans la mesure où le champ dans lequel j’interviens est délimité parle type <strong>de</strong> symptômes qu’ont ces jeunes. Quelques explorations complémentaires sont trèssouvent faites pendant ou juste après la consultation : tests cutanés allergiques, explorationsfonctionnelles respiratoires, radiographie thoracique, échographie abdominale, prise <strong>de</strong>sang…Les résultatsLe champ d’action étant plus étroit, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du patient, <strong>de</strong> ses parents et du mé<strong>de</strong>cingénéraliste étant plus précise, il me semble qu’il est plus facile d’y répondre.Cependant, <strong>de</strong>ux écueils apparaissent chez l’adolescent qui a une maladie chronique quijustifie une surveillance et un traitement médicamenteux au long cours ; l’adolescent voudraitoublier qu’il est atteint d’une maladie, pour être comme les autres (d’où les ren<strong>de</strong>z vousannulés ou non honorés, les médicaments non pris ou irrégulièrement…) et nous, soignants,nous oublions qu’il est un adolescent avec toutes les questions propres à cet âge ! J’yreviendrai ultérieurement.Enfin, il n’est pas facile, parce que non suffisamment pensé, <strong>de</strong> faire le transfert du jeunevers le spécialiste d’adulte.La Maison Départementale <strong>de</strong>s Adolescentsd’Indre et Loire (MDA 37).Après une vingtaine d’années d’exercice médical en cabinet ibéral et à l’hôpital, auprèsessentiellement d’enfants et <strong>de</strong> leurs parents, j’ai ressenti le besoin <strong>de</strong> travailler d’une partauprès d’adolescents, en lien avec leurs parents et d’autre part <strong>de</strong> sortir du cadre médicalpour intégrer mes soins dans une prise en charge plus globale <strong>de</strong> la personne. Unerencontre, dans un cadre non médical (hasard ou signe ?) avec un ami psychiatre, JeanMarie <strong>de</strong> Sinéty, a été l’élément déclencheur <strong>de</strong> cette aventure.12


Le cadreAprès une première tentative <strong>de</strong> MDA en Touraine, en 2009, qui a disparu après quelquesmois d’existence, une <strong>de</strong>uxième MDA a ouvert ses portes le 18 janvier 2010. Celle-ci estgérée par l’association Montjoie, association qui gère déjà d’autres structures concernant<strong>de</strong>s adolescents en gran<strong>de</strong> difficulté en Indre et Loire (mais aussi dans d’autresdépartements). Les financements proviennent essentiellement <strong>de</strong> l’Agence Régionale <strong>de</strong>Santé (ARS) et du Conseil Général. Il existe d’autres financements annexes (Hôpital <strong>de</strong>Chinon, Caisse d’Allocations Familiales, Fondation <strong>de</strong> France…) et <strong>de</strong>s contributions <strong>de</strong>personnes (CHU <strong>de</strong> Tours, Protection Judiciaire <strong>de</strong> la Jeunesse, Conseil Général…).Située au 66 boulevard Béranger à Tours, à 800 mètres du cœur <strong>de</strong> la ville, sur un grandaxe <strong>de</strong> communication, elle est ouverte du lundi au vendredi <strong>de</strong> 13 à 18 heures. Des plageshoraires supplémentaires, sont ouvertes, sur ren<strong>de</strong>z vous, trois matins par semaine et le soiraprès 18 heures.Elle comporte un grand hall d’accueil avec : fauteuils, revues et documents, informations surles différentes structures travaillant avec et pour <strong>de</strong>s adolescents, ordinateur avec internet ;un secrétariat accueil ; plusieurs bureaux et espaces <strong>de</strong> rencontre individuelle ou en groupe ;un bureau médical avec une table d’examen.Nous y accueillons <strong>de</strong>s adolescents entre 12 et 21 ans, seuls ou accompagnés <strong>de</strong> leursparents, d’un(e) ami(e), d’un travailleur social. Nous y accueillons aussi <strong>de</strong>s parentsd’adolescents, sans leurs adolescents et <strong>de</strong>s professionnels en difficulté avec <strong>de</strong>sadolescents.Les accueils sont gratuits, anonymes avec et sans ren<strong>de</strong>z vous.Le premier contact (accueil <strong>de</strong> premier niveau) s’établit avec un « accueillant » <strong>de</strong> formationinitiale infirmier ou éducateur spécialisé, ayant suivi <strong>de</strong>s formations complémentaires surl’adolescence. Dans ce premier temps, toutes les questions liées à l’adolescence peuventêtre abordées : séparation-détachement/parents, puberté, sexualité, scolarité, violence,consommation <strong>de</strong> drogues, troubles du comportement alimentaire, sommeil…Le dispositif est conçu pour offrir une écoute plurielle, non spécialisée, sans connotationparticulièrement médicale, psychologique ou éducative tant les problématiques à cet âgesont liées les unes aux autres.Dans un second temps le jeune et/ou ses parents, peut ou peuvent :ne pas être revus ni orientés car ce seul entretien a suffi à rassurer et /ou répondreaux questions posées13


être revus par le même accueillant pour être accompagnés pendant quelquessemainesêtre orientés vers une personne plus spécialisée ou une prise en charge plusspécialiséeau sein <strong>de</strong> la MDA :consultation médicale avec moiconsultation psychologique ou psychiatrique avec psychologue ou psychiatreconsultation d’addictologie avec une éducatrice du CSAPA (Centre <strong>de</strong> Soins,d’Accompagnement et <strong>de</strong> Prévention en Addictologie)consultation juridique avec un avocatintégration à un groupe <strong>de</strong> sophrologie pour les jeunesintégration à un groupe <strong>de</strong> jeunes obèses avec prise en chargeinterdisciplinaire : mé<strong>de</strong>cin, diététicienne, éducateur sportif et psychologueintégration <strong>de</strong>s parents à un groupe <strong>de</strong> discussion (Pause parents)vers une autre structureconsultation médicale (gynécologique, informations sur les MaladiesSexuellement Transmissibles…) au centre <strong>de</strong> Planning familialconsultation avec psychologue ou psychiatre libéralcentre <strong>de</strong> thérapie familialeespace santé jeunes (pour les plus âgés)…Certains accueillants <strong>de</strong> la MDA 37 peuvent également rencontrer <strong>de</strong>s jeunes hors les murs<strong>de</strong> la MDA à proximité <strong>de</strong> leur lieu d’habitation (sur le département d’Indre et Loire).Une fois par semaine, l’équipe <strong>de</strong> la MDA, avec parfois une ou <strong>de</strong>ux personnes extérieurestravaillant régulièrement avec nous, se réunit pour reprendre toutes les situations vues dansla semaine. Nous nous arrêtons plus particulièrement sur les situations difficiles pourlesquelles la confrontation <strong>de</strong> nos points <strong>de</strong> vue est nécessaire.Enfin la MDA 37 tend à mettre en synergie les acteurs locaux et à développer la diffusiond’informations sur les questions liées à l’adolescence. Ainsi peu à peu se développe le« réseau <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> l’adolescence d’Indre et Loire » (réseau <strong>de</strong> santé publique).14


L’équipe est constituée <strong>de</strong> cinq salariés : un coordinateur, <strong>de</strong> formation initiale d’éducateurspécialisé, qui assure aussi <strong>de</strong>s accueils <strong>de</strong> premier niveau, <strong>de</strong>ux accueillantes, l’une <strong>de</strong>formation infirmière <strong>de</strong> secteur psychiatrique et l’autre <strong>de</strong> formation éducatrice spécialisée,une secrétaire d’accueil, <strong>de</strong> formation secrétaire médicale et moi <strong>de</strong> formation pédiatrique.J’y travaille 10 heures/semaine <strong>de</strong>puis septembre 2010.Les objectifsMon premier objectif, en tant que mé<strong>de</strong>cin d’une structure comme la MDA, c’est-à-dire àcheval sur le médical, somatique et psychologique, l’éducatif et le juridique, est <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>ret d’écouter le jeune en prenant en compte tout son environnement, donc avec un regardplus large que celui que j’ai au cabinet et à l’hôpital (avec en ricochet une modification <strong>de</strong>mon attitu<strong>de</strong> médicale dans ces <strong>de</strong>ux lieux). J’ai découvert, en contrepoint, que l’équipe <strong>de</strong> laMDA me « renvoyait » à mon domaine premier, le corps, étant peu à l’aise (surtout lesaccueillants <strong>de</strong> formation éducateur) avec celui-ci. Ce « renvoi » m’a fait (re)découvrir leprivilège, et donc l’immense respect, d‘avoir à toucher le corps <strong>de</strong> l’autre. Cette (re)prise <strong>de</strong>conscience est particulièrement bienvenue avec l’adolescent.Les objectifs plus précis que je me suis assignés, sont les suivants :Expliquer, rassurer un jeune sur son développement pubertaire.Face à ce bouleversement physique, qui survient à un moment non choisi, <strong>de</strong> nombreuxjeunes s’inquiètent <strong>de</strong> la normalité <strong>de</strong> ce qui leur arrive : trop tôt, trop tard, différent <strong>de</strong>sautres…Ils n’ont pas toujours <strong>de</strong> réponse à leurs questions (parfois non formulées) <strong>de</strong> la part<strong>de</strong> leurs parents (plus particulièrement pour les garçons) ou <strong>de</strong> leur mé<strong>de</strong>cin traitant.Décrypter les « plaintes floues » (fatigue, douleurs, etc…).Cela nécessite une démarche clinique rigoureuse pour écarter formellement une origineorganique (le plus souvent sur la seule clinique, car <strong>de</strong>s examens complémentaires<strong>de</strong>mandés pour soi-disant rassurer le jeune ou ses parents, entretiennent souvent dans lesfaits un doute et donc une inquiétu<strong>de</strong> sur l’origine <strong>de</strong> ces plaintes). C’est seulement aprèscette démarche, que je puis, avec le jeune, explorer les différents facteurs psychologiques,familiaux, scolaires…responsables <strong>de</strong> ces plaintes.Accompagner un adolescent atteint d’une maladie chronique.Il s’agit <strong>de</strong> favoriser son autonomisation progressive par rapport au suivi médical par lesparents (et aussi par le spécialiste) en prenant <strong>de</strong>s risques calculés. Il ne faut pas oublierqu’il porte en lui toutes les questions d’un adolescent non mala<strong>de</strong> et que certaines d’entreelles vont interférer avec sa maladie et/ou son traitement : alcool et médicaments, conduite15


<strong>de</strong> scooter et épilepsie, développement pubertaire, sexualité et maladie génétiquementtransmissible…L’examen médicalJe ne vais pas reprendre ici l’examen médical que j’ai détaillé plus haut mais seulementinsister sur les points particuliers propres à cet examen dans cette structure.Je vois le jeune, au tout début <strong>de</strong> l’examen, avec la personne qui l’accompagne (parent,famille d’accueil, éducateur…) puis je le vois seul pour la <strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong> l’entretien etpour l’examen physique. Je revois parfois le jeune avec la personne qui l’accompagne à lafin <strong>de</strong> l’examen. La confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong> l’examen est rappelée d’emblée.L’entretien (plus que l’interrogatoire)MotifQui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quoi ? Cette question, qui peut être formulée <strong>de</strong> différentes manières,permet <strong>de</strong> poser une base claire à l’entretien.La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> exprimée peut n’être qu’un prétexte pour une rencontre qui permettra <strong>de</strong>mettre en lumière une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> plus profon<strong>de</strong>, parfois très « lour<strong>de</strong> ».Le corpsSont abordées systématiquement les questions autour <strong>de</strong> :la puberté : développement normal avec les différentes étapes, la gran<strong>de</strong>variabilité d’un jeune à l’autre (une fille très précoce peut démarrer sa puberté à 8ans et un garçon très tardif peut démarrer sa puberté à 14 ans), les changementsvisibles et invisibles, somatiques et psychiques.la croissance (« trop petit », parfois « trop gran<strong>de</strong> »…) ; l’utilisation <strong>de</strong>s courbes<strong>de</strong> croissance montre très bien qu’avant <strong>de</strong> se comparer aux autres il faut secomparer à soi même.la corpulence (« trop maigre », « trop gros »…) ; l’utilisation <strong>de</strong>s courbes <strong>de</strong>corpulence (IMC) peut permettre, si l’on observe une ascension ou une chutebrutale, <strong>de</strong> chercher un évènement traumatisant (séparation parentale,humiliation au collège, agression sexuelle …)les « plaintes floues »une maladie chronique16


L’environnementJe mets dans ce terme « environnement », le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie du jeune avec sesrelations aux autres.AlimentationInterroger un jeune sur son alimentation, c’est lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qu’il y adans l’assiette (et en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’assiette) et s’il y a d’autres assiettes àcôté <strong>de</strong> la sienne ! Quelles sont ses représentations <strong>de</strong>s aliments ?Le sommeilHeure <strong>de</strong> coucher et <strong>de</strong> réveil, difficultés d’endormissement,cauchemars, somnolence dans la journée, difficultés d’attention encours.Les facteurs favorisant les difficultés d’endormissement et/ou lesréveils nocturnes : écrans (films, jeux vidéo), portables, haschich, cocacola, grignotageL’écoleLes apprentissages : plaisir, stress, difficultésLes relations avec les autres élèves, les professeursLes loisirsSports (acci<strong>de</strong>nts répétés ?), activités artistiques, les écrans etportables (temps passé, a quel moment, jeux en ligne…),déplacements…Les relationsLa famille : parents mais aussi fratrie, grands parents ; intérêt dugénogramme, c’est-à-dire d’un arbre généalogique « qualitatif » où la place <strong>de</strong>chacun, réelle ou imaginée, est précisée.Les amis : réels et « virtuels » (sur le net)Les relations amoureuses. Abor<strong>de</strong>r cette question <strong>de</strong> façon ouverte car uncertain nombre <strong>de</strong> jeunes sont en gran<strong>de</strong> souffrance du fait <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong>conscience d’une homosexualité. Aussi, plutôt que <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à un garçons’il a une copine et à une fille si elle a un copain, je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s’il ou elle estamoureux (se) ? Comment la possibilité d’une grossesse a t elle été17


envisagée, discutée ? Quelles précautions ont été prises vis à vis <strong>de</strong>smaladies sexuellement transmissibles ?L’estime <strong>de</strong> soiL’estime <strong>de</strong> soi peut être appréciée <strong>de</strong> façon globale mais aussi dans différentssecteurs : en famille, à l’école, au sport…Des échelles <strong>de</strong> 1 à 10 peuvent être utilisées ; aujourd’hui et avant, pour toi, tesparents, tes copains, tes professeurs…Des échelles <strong>de</strong> bien être/mal être peuvent être utilisées : par exemple le test duTSTS-CAFARD qui est un test <strong>de</strong> dépistage <strong>de</strong> l’adolescent suicidaire.L’examen physiqueL’adolescent a souvent une réticence à se montrer nu, en sous-vêtement, à un mé<strong>de</strong>cin. Cecorps en chantier, qu’il ne s’est pas encore approprié, ce corps qu’il n’aime pas parce quetrop gros, trop maigre, pas assez musclé, avec <strong>de</strong>s boutons, <strong>de</strong>s marques qu’il veut cacher(et montrer à d’autres moments), ce corps nu le trahit !Aussi, je prends le temps d’expliquer l’importance <strong>de</strong> cet examen physique et je commentece que je fais tout au long <strong>de</strong> celui-ci.Etant un homme, je préfère confier l’examen gynécologique, lorsqu’il est nécessaire, à unecollègue qui travaille au centre <strong>de</strong> planification familiale qui se situe à 100 mètres <strong>de</strong> la MDA.Je rappelle aux filles que l’examen gynécologique n’est pas indispensable lors <strong>de</strong> laprescription <strong>de</strong> la pilule.Je ne reprendrai pas les différents temps <strong>de</strong> l’examen physique qui ont été exposés plushaut.J’insisterai ici sur l’examen <strong>de</strong> la peau. Celle-ci, comme à tout âge mais peut être plusencore à l’adolescence, est à la fois celle qui nous protége, nous limite et en même tempscelle qui se donne à voir.L’acné, les vergetures, mais parfois <strong>de</strong>s boutons infimes (<strong>de</strong>s « tâches », terme médical malchoisi !) peuvent être très mal vécus et doivent être pris en charge.Les scarifications, tatouages, piercing, traces <strong>de</strong> brûlures <strong>de</strong> cigarettes sont précisés. Lenombre, l’emplacement et l’association <strong>de</strong> ces différents éléments sont bien sûr à prendre encompte.18


SynthèseAu terme <strong>de</strong> cet examen médical élargi, une synthèse s‘impose, prenant en compte leséléments suivants : corps, relations et apprentissages.Le corps proprement dit.Le psychisme : l’humeur, l’anxiété, l’estime <strong>de</strong> soi.Le processus d’individuation-autonomisation-socialisation ; relations aux parents, auxpairs et aux adultes autres que les parents.La sexualité.Les apprentissages scolaires et extrascolaires.Une consultation, même longue (une heure), peut être insuffisante pour couvrir ces différentschamps. Aussi je n’hésite pas à revoir le jeune une ou <strong>de</strong>ux fois lorsque l‘évaluation lejustifie. La prise d’informations complémentaires, avec l’accord du jeune, auprès <strong>de</strong> l’école(mé<strong>de</strong>cin ou infirmière scolaire, professeur), d’un club <strong>de</strong> sport, du mé<strong>de</strong>cin traitant, peuts’avérer nécessaire.Les résultatsLe recul, <strong>de</strong>ux ans, ne me permet pas encore <strong>de</strong> me faire une idée exacte sur ce quej’apporte aux jeunes, et à leurs parents. Je constate que je puis abor<strong>de</strong>r beaucoup pluslibrement et facilement l’adolescent dans sa globalité. Je suis heureux <strong>de</strong> travailler au seind’une équipe dont chaque membre ne regar<strong>de</strong> pas l’adolescent et sa famille <strong>de</strong> la mêmemanière mais avec un objectif commun : contribuer à ce qu’ils aillent mieux et en particulierqu’ils retrouvent confiance en eux. Les rapports simples, clairs et chaleureux entre lesmembres <strong>de</strong> l’équipe, participent gran<strong>de</strong>ment à un accueil <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s jeunes et <strong>de</strong> leursparents.19


Réflexions pour améliorer monexamen médical <strong>de</strong> l’adolescentAimant marcher sur <strong>de</strong>s sentiers balisés <strong>de</strong> « petite ou gran<strong>de</strong> » randonnée, je rapprocheraices réflexions <strong>de</strong>s balises. Les balises sont pour le marcheur, ces marques <strong>de</strong> peinture surles troncs d’arbres, les cailloux, les murets ou encore ces monticules <strong>de</strong> pierres (appeléscairns ou montjoies suivant les régions) qui indiquent le chemin à prendre. Elles n’imposentpas une vitesse <strong>de</strong> déplacement ni n’empêchent <strong>de</strong>s écarts pour aller voir un point <strong>de</strong> vue,un village, une fleur, mais elles rassurent. Certaines d’entre elles sont très visibles etheureusement car, en prenant un autre chemin, nous risquerions <strong>de</strong> nous égarer pendantlongtemps. D’autres sont plus discrètes, comme peuvent l’être <strong>de</strong> petites prises rocheusespour le grimpeur, et cependant fort utiles. En marchant avec quelqu’un, je puis l’écouter, luiparler, nous pouvons nous taire et être bien ensemble tout en continuant d’avancer. Ainsi,ces réflexions sont pour moi <strong>de</strong>s balises que j’ai repérées petit à petit au travers <strong>de</strong> monexercice professionnel, en particulier à la MDA, <strong>de</strong> mes lectures et <strong>de</strong> ce DU sur lesadolescents difficiles. Certaines d’entre elles sont à mettre en œuvre lors <strong>de</strong> chaquerencontre, d’autres sont à reprendre <strong>de</strong> temps en temps. Ce chemin, pour l’adolescent, celapeut être celui qui est évoqué par René Char dans le poème suivant :« Pourquoi ce chemin plutôt qu’un autre ?Où mène-t-il pour nous solliciter si fort ?Quels arbres et quels amis sont vivants <strong>de</strong>rrière l’horizon <strong>de</strong> ses pierres, dans le lointainmiracle <strong>de</strong> la chaleur ?Nous sommes venus jusqu’ici car là où nous étions ce n’était plus possible.On nous tourmentait et on allait nous asservir.…Et ce chemin qui ressemblait à un long squelette nous a conduits à un pays qui n’avait queson souffle pour escala<strong>de</strong>r l’avenir… »20


Etre moi : bien là et maintenantEtre là présent tout entier, corps, esprit et cœur pour que l’autre, jeune ou parent,puisse être accueilli tout entier. Vivre la présence, comme le présent « comme cequ’il est : un présent, c’est à dire un don qui n’attendait que d’être pleinement reçu »comme le dit Martin Steffens (21)Etre à l’heure, ne pas arriver en courant, essoufflé, être déjà « rassemblé » aumoment d’accueillir.Etre reposé ! Se connaître pour s’accor<strong>de</strong>r le nombre d’heures <strong>de</strong> sommeil quipermettent d’être attentif, concentré, et plus encore d’être positif et créatif lors d’unentretien. Et lorsqu’il existe un déficit <strong>de</strong> sommeil, ne pas hésiter à s’allonger (commemé<strong>de</strong>cin, j’ai la chance d’avoir une table d’examen !) pendant 10-15 minutes, juste letemps <strong>de</strong> perdre conscience, pour être bien présent. Cela permet aussi d’être pluscrédible, lorsque j’abor<strong>de</strong> la question du sommeil avec l’adolescent !Avoir éteint son portable et avoir dit à sa secrétaire que je n’étais pas joignable.L’entretien avec le jeune serait-il moins important que la musique que je vais écouterau concert ?Avoir noté sur une feuille les tracas du moment, les choses à faire et gar<strong>de</strong>r cettefeuille à côté <strong>de</strong> soi au cas où d’autres pensées viendraient, comme <strong>de</strong>s mouches,me distraire pendant l’entretien.Se souvenir <strong>de</strong> l’adolescent que j’ai été, <strong>de</strong> celui que mes parents auraient voulu qu’ilsoit, <strong>de</strong> celui que j’aurais voulu être. Cette re-mémorisation est doublementnécessaire pour moi, comme pour les parents <strong>de</strong>s adolescents (j’y reviendrai) ; elleme permet d’une part <strong>de</strong> retrouver <strong>de</strong>s éléments propres à cette pério<strong>de</strong> qui peuventêtre une passerelle avec l’adolescent que je vais rencontrer et d’autre part, et surtout,<strong>de</strong> bien différencier ce qui relève <strong>de</strong> mon histoire et <strong>de</strong> celle du jeune. Il y a uneadolescence, mais il y a autant d’adolescents que <strong>de</strong> jeunes. Comme l’a écrit VictorCourtecuisse : « L’adolescent est une personne ; l’adolescence est un concept. Etl‘adolescent en tant que personne ne peut souffrir d’être confondu avecl’adolescence » (4). De plus ce concept d’adolescence n’est pas une notion absolueet fixe ; il évolue dans le temps (et dans l’espace) en même temps que la société. Iln’est donc pas le même aujourd’hui que <strong>de</strong> « mon temps » (13).21


Etre un adulte. Le titre du livre <strong>de</strong> Philippe Jeammet « Pour nos ados soyonsadultes » (7) ne s’adresse pas uniquement aux parents mais à tous lesprofessionnels qui entrent en contact avec les adolescents. Comme il le dit dans sonintroduction, « un adolescent qui se cherche ne peut se trouver que si ça résiste enface <strong>de</strong> lui, que s’il trouve du répondant ». Assumer son âge, son milieu social, saculture, sa profession, ses limites, est une condition nécessaire pour permettre àl’autre, d’être aussi lui-même. En particulier, il me semble important <strong>de</strong> parler avecmes mots et ma syntaxe tout en m’assurant que ceux ci sont bien compris. Commenous l’a dit Alain Bentolila, « le langage est plus fait pour parler à ceux que l’onn’aime pas…plus l’autre est loin, plus il faut s’appliquer à la langue…une justecommunication est plus important qu’une belle langue ». S’il est utile <strong>de</strong> connaître uncertain nombre <strong>de</strong> mots du langage <strong>de</strong>s jeunes, il peut être important <strong>de</strong> reconnaîtreque le sens <strong>de</strong> certains autres nous échappe. Ainsi le jeune peut, tout à la fois êtrevalorisé d’en savoir plus que moi et en même temps réaliser que son langage ne luipermet pas <strong>de</strong> communiquer en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> son réseau, voir <strong>de</strong> son ghettoEtre un professionnel doté <strong>de</strong> connaissances et d’une expérience certes utiles etindispensables, mais qui ne doivent me faire oublier que l’autre, le jeune dans sonenvironnement familial et social, est un mystère dont je ne puis m’approcherqu’humblement. Je dois accepter <strong>de</strong> ne pas savoir, <strong>de</strong> ne pas comprendre, <strong>de</strong> ne pasfaire <strong>de</strong> diagnostic, <strong>de</strong> ne pas avoir <strong>de</strong> solution. Faire un diagnostic peut enfermer lejeune dans un cadre, à un âge (à tout âge mais plus particulièrement àl’adolescence) où rien n’est fixé et je dirai même plus, que cela peut faire advenir cecadre selon l‘effet Pygmalion (effet d’attente : les jeunes se font toujours un <strong>de</strong>voir <strong>de</strong>réaliser les prophéties <strong>de</strong>s adultes) (11). Guy Ausloos, psychiatre pyschanalystespécialisé en thérapie familiale <strong>de</strong> type systémique a écrit un livre dont le titre est unacte <strong>de</strong> foi en la famille : « La compétence <strong>de</strong>s familles » (2). Il écrit : « une famille nepeut se poser que <strong>de</strong>s problèmes qu’elle est capable <strong>de</strong> résoudre…l’information(l’information étant une différence qui fait la différence) pertinente est celle qui vient<strong>de</strong> la famille et qui y retourne…il faut passer du temps immobilisé du diagnostic autemps dynamique <strong>de</strong> l’évolution potentielle ». Quel écart par rapport à la formationinitiale que j’ai reçue !Etre un vivant solidaire <strong>de</strong>s vivants. J’adhère pleinement à ce que dit et écrit PhilippeJeammet : « La valeur suprême pour moi, c’est le respect : respect <strong>de</strong>s autres,respect <strong>de</strong> soi, respect <strong>de</strong>s règles et <strong>de</strong> la vie en général, au nom <strong>de</strong> la solidarité duvivant. Nous avons la chance d’être sur terre, c’est un ca<strong>de</strong>au extraordinaire, mêmesi la route s’avère plus périlleuse pour certains et nous y sommes ensemble. » (6).22


Etre un consentant à la vie comme le dit le philosophe Martin Steffens : « Leconsentement, au contraire <strong>de</strong> la résignation, en clamant haut et fort son adhésion,offre sa voix à ce qu’il y a <strong>de</strong> puissant dans la vie. Tout « oui » véritable dit non à lamort. » (21). Ou comme le dit le psalmiste <strong>de</strong> la bible dans le psaume 116 a : « Jemarcherai en présence du Seigneur sur la terre <strong>de</strong>s vivants » (les non croyantspouvant remplacer « le Seigneur », par « <strong>de</strong>s hommes »).Mais aussi, accepter <strong>de</strong> ne pas être « en forme », et pouvoir parfois le dire au jeune,à la fin d’un entretien, pour qu’il ne prenne pas sur lui, l’échec d’une rencontre.Devenir, en parodiant Winnicott, qui parlait <strong>de</strong>s parents, un professionnel« suffisamment bon », avec ses qualités et ses défauts.Etre avec le jeuneL’accueillirCe temps commence par le premier contact du jeune et <strong>de</strong> son accompagnateur avec lastructure dans laquelle ils pénètrent. Ces premières impressions peuvent favoriser, ou non,le début <strong>de</strong> l’entretien. J’ai été frappé par l’importance donnée à ces premiers moments parDinah Joubrel dans son Service psychiatrique d’accueil et d’orientation, à Rennes : « allervers quelqu’un qui vient…qui s’il va mal, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> mal, au moment le plusinopportun…soigner sur le chemin, dans les couloirs… ». Comme nous l’a rappelé ChristianLeroux (directeur <strong>de</strong> cabinet <strong>de</strong> JP.Delevoy, prési<strong>de</strong>nt du conseil économique, social etenvironnemental), « accueillir c’est respecter, accompagner, c’est reconstruire ».Accueillir le jeune et ceux (parents, éducateur…) qui l’accompagnent. Si le jeune n’est pasvenu seul, c’est qu’il ne le pouvait pas ou ne le voulait pas. Aussi, je commence l’entretien enaccueillant le jeune et son accompagnateur. Dans un second temps je vois le jeune seul puisje termine l‘entretien en le revoyant avec son accompagnateur, après avoir convenu avec lejeune <strong>de</strong> ce que nous allions partager.Dans certaines situations difficiles (agressions sexuelles, famille en gran<strong>de</strong> tension…), il peutêtre bon d’accueillir à <strong>de</strong>ux accueillants, le jeune avec ou sans ses parents.L’accueil <strong>de</strong> jeunes <strong>de</strong> culture différente peut nécessiter un aménagement, avec la présenced’un interprète parlant la langue maternelle du jeune et d’un groupe constitué <strong>de</strong> plusieursmembres <strong>de</strong> la famille et <strong>de</strong> l’équipe professionnelle, comme le pratique Marie Rose Morodans le cadre <strong>de</strong> ces consultations d’ethno psychiatrie (12).Je me présente : mon nom et ma fonction. Je lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si je peux l’appeler par sonprénom et si je peux le tutoyer (étant, moi, plus à l’aise avec le tutoiement). L’important n’est23


pas d’utiliser le « tu » ou le « vous », mais d’être à l’aise avec le choix que l’on fait ; lerespect et l’empathie ne sont pas attachés à une formule plus qu’une autre. Le rappel <strong>de</strong> laconfi<strong>de</strong>ntialité et du secret professionnel est essentiel. Mais le respect du secretprofessionnel ne veut pas dire qu’il n’y a rien à partager ; nous pouvons échanger sur ce quiest déjà « connu <strong>de</strong> tous » comme le soulignait Samuel Lemitre, psychologue etcriminologue, dans sa conférence sur les « adolescents auteurs d’infraction à caractèresexuel ». Enfin il est <strong>de</strong>s situations, rares, où la loi oblige à lever le secret si l’adolescent meten danger sa santé ou celle d’autrui à court terme.L’écouterUn adolescent parle déjà par ce qu’il montre à voir : sa tenue, ses habits, ses piercings etses tatouages, son regard…mais ce qu’il montre peut, dans un premier temps, nous égarer.Comme le dit Michel Tournier : « J’entends tellement ce que tu parais que je n’entends pasce que tu dis. »L’adolescent est souvent mal à l’aise pour parler <strong>de</strong> ce qu’il ressent. Aussi, je lui pose <strong>de</strong>squestions précises et ouvertes. L’interroger avec <strong>de</strong>s formules telles que : « Certains jeunesme disent que…et toi qu’en penses tu ? » peut l’ai<strong>de</strong>r à prendre conscience qu’il n’est pastout seul à penser cela, à ressentir telle émotion. En cas <strong>de</strong> mutisme, <strong>de</strong>s parolesd’encouragement telles que : « Je suis là pour t‘écouter…c’est difficile <strong>de</strong> parler quand onn’en a pas envie… c’est peut-être difficile à dire…nous pourrions en parler une autrefois… ». A l’inverse, certains jeunes vont avoir une véritable logorrhée et il peut être bon <strong>de</strong>hiérarchiser les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s : « Tu me dis beaucoup <strong>de</strong> choses, par quoi voudrais tucommencer ? » Je n’hésite pas à mettre <strong>de</strong>s mots sur les émotions : « Je vois que ce que tume dis te touche <strong>de</strong> près. »(1, 5, 23). Utiliser les « reflets » pour s’assurer que l’on a biencompris la pensée <strong>de</strong> l’adolescent et en fin d’entretien, résumer ce qui a été échangé.L’adolescent peut abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s domaines que je ne connais pas : certains styles <strong>de</strong> musique,<strong>de</strong>s jeux en lignes, <strong>de</strong>s sports <strong>de</strong> combat…Je ne crois pas que cela soit un handicap pourcommuniquer avec lui à partir du moment où je m’y intéresse lorsqu’il en parle. Cela peutêtre bon pour lui <strong>de</strong> me montrer que c’est son domaine, qu’il en sait bien plus que moi et qu’iln’a pas à craindre un rival.J’ai été très intéressé par le concept « d’entretien motivationnel » développé par Olivier Phanpour <strong>de</strong>s adolescents ayant une addiction (drogue, jeu...). Apprendre à repérer le point où setrouve un adolescent dans son désir ambivalent <strong>de</strong> changer, ne pas augmenter lesrésistances, « rouler avec la résistance » , lui laisser trouver les solutions…Je souhaite mefamiliariser davantage avec cette approche en particulier pour <strong>de</strong>s jeunes obèses ou en surpoids.24


Le domaine <strong>de</strong> la sexualité me semble <strong>de</strong>voir être abordé plus systématiquement et plusclairement que je ne le faisais. Dinah Vernant, mé<strong>de</strong>cin à l’Espace Santé Jeunes <strong>de</strong> l’HôtelDieu, a bien insisté, lors <strong>de</strong> sa conférence, sur la nécessité <strong>de</strong> mettre <strong>de</strong>s mots précis etjustes sur les organes génitaux, les actes sexuels, <strong>de</strong> poser <strong>de</strong>s questions précises sur lesmétho<strong>de</strong>s contraceptives utilisées. Israël Nizand et coll (17) nous renvoient à notreresponsabilité <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin ou d’infirmier pour éduquer, ré éduquer les jeunes et ne paslaisser le champ libre à la pornographie pour le faire à notre place. Je cite : « La sexualitén’est pas un domaine où tout est réglé et codé mais est un lieu où chacun découvrel’autre…la consommation <strong>de</strong> l’autre comme un objet sexuel ponctuel doit être dénoncé.L’autre est un sujet <strong>de</strong> droit, toujours. » Rappeler à l’adolescent le respect <strong>de</strong> l’autre, <strong>de</strong> soncorps, <strong>de</strong> son désir. L’informer sur les conséquences psychologiques, à moyen terme et àlong terme, d’actes sexuels non désirés par l’un et l’autre, dans une confiance donnée etreçue. Abor<strong>de</strong>r la question <strong>de</strong> l’homosexualité en n’oubliant pas que, chez l’adolescent, ilpeut y avoir une homosexualité transitoire, non fixée. Mais ne pas oublier aussi que lasouffrance d’un jeune liée à la découverte <strong>de</strong> son homosexualité est l’une <strong>de</strong>s causes <strong>de</strong>suici<strong>de</strong> <strong>de</strong>s jeunes.Philippe Meirieu (11) rapporte le concept « d’écoute tripolaire » développé par lepsychanalyste Jacques Lévine pour un éducateur, mais qui me semble intéressante pour unmé<strong>de</strong>cin. « Il faut écouter et entendre le moi acci<strong>de</strong>nté ; sans cette reconnaissance <strong>de</strong> l’autreet <strong>de</strong> sa singularité, il n’y a aucune chance d’entrer vraiment en relation avec lui. Mais il fautaussi que l’éducateur assume la fonction tutélaire <strong>de</strong> l’adulte et qu’il incarne sans déroba<strong>de</strong>les exigences <strong>de</strong> la « polis », autrement dit <strong>de</strong> la cité : sans cette présence assurée, pas <strong>de</strong>possibilité pour l‘adolescent <strong>de</strong> poser les pieds sur la terre ferme. Il faut enfin repérer, ce qui,chez chacun, constitue un point d’appui grâce auquel il peut engager sa volonté etpoursuivre un développement autonome. » Trois dimensions temporelles : assumer lepassé, tenir bon sur le réel présent et construire l’avenir. Trois exigences : l’écouteempathique, le rappel <strong>de</strong> la loi et la valorisation du moi.Le rassurer et lui faire confiancePhilippe Jeammet ne cesse <strong>de</strong> le répéter, l’adolescence est l’espace et le temps parexcellence où s’affrontent les « angoisses humaines fondamentales que sont l’angoissed’abandon et <strong>de</strong> ne pas être vu, <strong>de</strong> ne pas exister suffisamment pour les autres et en miroir,répondant au désir <strong>de</strong> proximité voire <strong>de</strong> fusion, l’angoisse d’intrusion. » (7) ou en d’autrestermes « ce dont j’ai besoin, c’est ce qui me menace. ». Les parents sont bien entendu, lespremières personnes visées ! Et pourtant la vie ne repose que sur <strong>de</strong>s échanges ! Combattre25


la peur et redonner confiance à un adolescent est un objectif qui me semble effectivementessentiel au cours d’une consultation médicale.Savoir repérer les éléments qui témoignent <strong>de</strong> la souffrance d’un adolescent, c’est-à-dire unadolescent qui ne se nourrit pas dans un ou plusieurs <strong>de</strong>s domaines suivants : le corps, lesapprentissages et les relations et dans le même temps i<strong>de</strong>ntifier les forces internes etexternes sur lesquelles il pourra s’appuyer. Reconnaître avec lui que les solutions qu’il aadoptées (drogues, agressivité, vitesse…) ont pu le soulager initialement, mais que par lasuite elles lui feront plus <strong>de</strong> mal que <strong>de</strong> bien.Mettre en place un travail d’alliance avec les parents.Etre avec les parentsIl me semble difficile <strong>de</strong> « travailler » avec un adolescent sans « travailler » avec sesparents. Cette collaboration doit être loyale. En tant que mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> l’adolescent, je rappelleaux parents que le colloque singulier entre « leur » adolescent et moi est confi<strong>de</strong>ntiel. Il mesemble aussi, important, que les parents ne me transmettent pas d’informations surl’adolescent ou sur la famille, que je ne puisse pas partager avec lui.Etre un adolescent n’est pas facile, mais être parent d’adolescent est une ru<strong>de</strong> mise àl’épreuve. Les adolescents savent très bien appuyer là où ça fait mal ! Porter un regard bienveillant et non jugeant sur ces parents en difficulté est indispensable.Comme le dit Marie Rose Moro (13), les parents sont en difficulté pour au moins troisraisons :Ils doivent accepter trois pertes : la perte <strong>de</strong> leur « petit », la perte <strong>de</strong>s rêves qu’ils avaientprojeté sur leur adolescent, la perte <strong>de</strong> leur avenir <strong>de</strong> procréateur.Leur adolescence passée, se réveille, et vient influencer celle <strong>de</strong> leur enfant.Enfin, le jeunisme ambiant, n’ai<strong>de</strong> pas les parents à se poser en adulte responsable, ayantautorité sur leurs jeunes.Les ai<strong>de</strong>r à trouver la bonne distance : « ni trop près, ni trop loin » comme le dit PhilippeJeammet et comme en écho, Marie Rose Moro définit la bonne distance comme « celle quipermet à l’adolescent d’être adolescent et aux parents d’être parents. » (13).Nasio, dans son livre « Comment agir avec un adolescent en crise ? »(15), a écrit unchapitre intitulé « Conseils pratiques aux parents » dont je cite les têtes <strong>de</strong> paragraphe :Attendre, relativiser, négocier tout en sachant interdire, ne pas comparer (entre jeunes), être26


positif, être réaliste et l’aimer tel qu’il est, utiliser <strong>de</strong>s espaces tiers. Ce sont <strong>de</strong>s points que jereprends avec les adolescents.L’autorité est un sujet que j’abor<strong>de</strong> régulièrement avec eux. L’image du fleuve qui estcontraint par ses rives (a besoin d’elles) pour se jeter à la mer (s’épanouir) est certespoétique mais un peu loin <strong>de</strong> la réalité qu’ils vivent. Aussi je leur donne souvent l’imagesuivante : Imaginez que vous vous trouviez dans un très long couloir, complètement obscur,et que vous <strong>de</strong>viez rejoindre son autre extrémité ; dans la première partie <strong>de</strong> ce couloir, lesparois s’écartent à chaque fois que vous prenez appui <strong>de</strong>ssus, alors que dans la <strong>de</strong>uxièmepartie les parois sont fixes ; où avancerez-vous le plus en confiance ? Les adolescents ontbesoin <strong>de</strong> s’appuyer sur <strong>de</strong>s parents qui tiennent bon.Parfois il existe un blocage, un nœud en rapport avec leur histoire ou celle <strong>de</strong> leurs parentset ce blocage peut être en rapport avec un « secret <strong>de</strong> famille ». Les « secrets <strong>de</strong> famille »cachent bien <strong>de</strong>s souffrances qui se révèlent parfois <strong>de</strong>s années, voire <strong>de</strong>s décennies après,par <strong>de</strong>s « suintements et <strong>de</strong>s ricochets » (22).Aux parents en difficulté, je conseille régulièrement la lecture <strong>de</strong>s livres suivants : « Lettreaux parents d’aujourd’hui » <strong>de</strong> Philippe Jeammet (6) et « Les ados expliqués à leursparents » <strong>de</strong> Marie Rose Moro (13)Etre avec l’équipe <strong>de</strong> la MDA et avec un réseau<strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong>s adolescentsEtre avec l’équipe <strong>de</strong> la MDAAvec mon arrivée à la MDA, j’ai appris à travailler avec <strong>de</strong>s professionnels qui viennent dusecteur social, <strong>de</strong> l’Education Nationale et du secteur juridique. En effet, que ce soit dansmon cabinet ou à l’hôpital, je travaille uniquement dans le secteur <strong>de</strong> la santé, avecquasiment aucun contact avec les autres secteurs. J’ai découvert (!) qu’il n’y avait pas queles personnes <strong>de</strong> la santé qui s’intéressaient et surtout qui contribuaient à la « santé » <strong>de</strong>sjeunes et <strong>de</strong>s familles ; le terme « santé » étant donné ici avec le sens qu’a défini l’OMS etauquel j’adhère maintenant pleinement : « un état <strong>de</strong> complet bien être physique, mental etsocial et ne consistant pas seulement en une absence <strong>de</strong> maladie ou d’infirmité » .Ce travail à la MDA dans une petite équipe (5 personnes), interprofessionnelle (éducateur,infirmier, mé<strong>de</strong>cin) venant d’institutions différentes (hôpital, Ai<strong>de</strong> Sociale à l’Enfance), dumilieu associatif (association Montjoie) et du secteur libéral nous permet <strong>de</strong> construire, avecune certaine liberté, <strong>de</strong>s prise en charge très diverses pour les adolescents que nous27


accueillons. Ainsi, par exemple, nous avons pu mettre en place, en lien avec un réseau <strong>de</strong>prise en charge <strong>de</strong> l’obésité auquel j’appartiens, <strong>de</strong>s journées d’éducation thérapeutiquepour les adolescents obèses. Nous avons associé <strong>de</strong>s professionnels différents : mé<strong>de</strong>cins,infirmière, psychologue, éducateur sportif, diététiciennes, intervenante parentale, cuisinier (àla retraite) ; ces professionnels viennent <strong>de</strong> l’hôpital, <strong>de</strong> la santé scolaire, du milieu associatif,du secteur libéral et <strong>de</strong> l’Education Nationale. Nous intervenons dans les locaux <strong>de</strong> la MDA,<strong>de</strong> l’hôpital d’enfants Clocheville et d’un lycée privé <strong>de</strong> Tours, le lycée Ste Ursule.Etre avec un réseau <strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong> l’adolescenceLa mise en place d’un réseau <strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong> l’adolescence nécessite beaucoup <strong>de</strong>temps pour rencontrer <strong>de</strong>s personnes travaillant dans <strong>de</strong>s institutions ayant <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong>fonctionnement différentes. Comme le dit Gilbert Berlioz, « le réseau est une organisation quidoit permettre la circulation d’informations…pour assurer une continuité (et je rajoute : unecohérence) dans la prise en charge <strong>de</strong>s adolescents (et <strong>de</strong> leur famille) à partir d’unediscontinuité <strong>de</strong>s actions, <strong>de</strong>s missions et <strong>de</strong>s intervenants ». (24)Le DU sur les adolescents difficiles avec d’une part <strong>de</strong>s conférences <strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong>tous horizons et d’autre part, et plus encore, le travail en atelier avec <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong>l’Education Nationale (enseignant, proviseur, psychologue conseillère d’orientation) ou àcheval sur l’Education Nationale et la santé (infirmière scolaire), du secteur social (éducateurspécialisé <strong>de</strong> l’Ai<strong>de</strong> Sociale à l’Enfance ou <strong>de</strong> l’associatif), à cheval sur le secteur social etjuridique (éducateur et directeur <strong>de</strong> la protection judiciaire <strong>de</strong> la jeunesse), <strong>de</strong> la police(briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong> la famille), <strong>de</strong> la gendarmerie (briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong> ladélinquance juvénile), <strong>de</strong> l’Administration Pénitentiaire, <strong>de</strong> l’administration <strong>de</strong> l’hospitalisationpsychiatrique privée et <strong>de</strong> la santé (psychiatre) m’ont permis <strong>de</strong> découvrir <strong>de</strong>rrière <strong>de</strong>s siglesfroids et anonymes, la richesse et la diversité <strong>de</strong>s offres proposées (parfois imposées) pourles jeunes et les familles en difficulté. L’énumération <strong>de</strong> ces différents professionnelsrencontrés dans mon groupe est importante pour moi, car elle est un peu une « généalogiehorizontale » qui m’a ouvert sur <strong>de</strong>s univers que je connaissais si peu ! Au travers <strong>de</strong> cesrencontres humaines, j’ai perçu la générosité et la créativité, mises en œuvre au sein <strong>de</strong> cesdifférentes institutions.Il est un domaine, en particulier, dont je sous-estimais l’importance, peut être en raison <strong>de</strong>mon rapport difficile avec l’autorité (non pas la mienne, encore qu’en y regardant <strong>de</strong> plusprès les <strong>de</strong>ux sont liées, mais celle <strong>de</strong>s autres…), c’est celui du rapport à la loi. Lesinterventions <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> la justice et <strong>de</strong> la police m’ont éclairé sur ce point. J’aiapprécié le rappel d’un certain nombre d’articles <strong>de</strong> loi touchant au respect <strong>de</strong>s parents et28


<strong>de</strong>s enfants (co<strong>de</strong> civil, articles 371, 371-1, 371-2, 371-3, 371-4 et 371-5) et au droit <strong>de</strong>smala<strong>de</strong>s (loi du 4 mars 2002).N’étant pas parisien, je ne reverrai probablement pas les personnes <strong>de</strong> mon groupe <strong>de</strong>partage du DU, mais le souvenir <strong>de</strong> chacune d’elles, est un peu comme une passerelle versles personnes <strong>de</strong> leur institution respective que je rencontre en Touraine.29


ConclusionJe suis heureux d’arriver au terme <strong>de</strong> ce chemin qui au travers <strong>de</strong> « l’examen médical <strong>de</strong>l’adolescent » m’a permis <strong>de</strong> relire mon parcours professionnel. J’ai trouvé que cet exercice<strong>de</strong> relecture et d’écriture était difficile. En choisissant le thème <strong>de</strong> « l’examen médical <strong>de</strong>l’adolescent », je ne pensais pas que cela me conduirait à réfléchir autant à ma pratique et àma place <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin. J’ai essayé aussi <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> la richesse <strong>de</strong>s apports reçus,au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières années, <strong>de</strong>s professionnels avec qui je travaille à la MDAmais aussi <strong>de</strong>s interventions et groupes <strong>de</strong> discussion du DU sur les adolescents difficiles.Ainsi, grâce aux adolescents, j’ai pu passer d’un exercice et d’un examen médical individuelà un exercice et un examen médico-psycho-éducatif où la parole <strong>de</strong> chaque professionnelest nécessaire. C’est avec un verset, modifié, du poème <strong>de</strong> René Char, cité plus haut, quej’achèverai ce travail par un vœu :Que mon souffleS’unisse aux souffles <strong>de</strong> tous les professionnels au contact <strong>de</strong>s adolescents,Et au souffle <strong>de</strong>s parents d’adolescents,Pour que les adolescents puissent escala<strong>de</strong>rL’avenir avecConfiance.30


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20. Prairat.E. (2011). La sanction en éducation. 5 ème éd. PUF. Paris. 126 pages21. Steffens.M. (2011). Petit traité <strong>de</strong> la joie. Salvator. Paris 188 pages22. Tisseron.S. (2011). Les secrets <strong>de</strong> famille.PUF. Paris. 127 pages23. Entre nous.(2009) Comment initier et mettre en œuvre une démarche d’éducationpour la santé avec un adolescent ? Gui<strong>de</strong> d’intervention pour les professionnels <strong>de</strong>santé. Inpes24. Jeux d ‘adresses ; du lieu au lien. 5èmes journées nationales <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong>sadolescents (2011)32

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