rédUISONS dE MOItIé la PaUvrEté EN SUISSE - Caritas Genève
rédUISONS dE MOItIé la PaUvrEté EN SUISSE - Caritas Genève
rédUISONS dE MOItIé la PaUvrEté EN SUISSE - Caritas Genève
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thEMa<br />
<strong>rédUISONS</strong> <strong>dE</strong> <strong>MOItIé</strong><br />
<strong>la</strong> <strong>PaUvrEté</strong> <strong>EN</strong> <strong>SUISSE</strong><br />
En décrétant 2010 « année européenne de lutte contre <strong>la</strong> pauvreté<br />
et l’exclusion sociale », les pays de l’Union Européenne veulent se<br />
rappeler l’un des objectifs de <strong>la</strong> stratégie dite de lisbonne qui consiste<br />
à abaisser considérablement l’ampleur de <strong>la</strong> pauvreté en Europe.<br />
C’est pour s’associer à cet effort que <strong>Caritas</strong> publie, en Suisse, une<br />
déc<strong>la</strong>ration. Suite en page 3<br />
FOCUS P7<br />
A LA décOUVERTE<br />
<strong>dE</strong> NOTRE NOUVEAU<br />
jOURNAL<br />
SOlIdarIté P8<br />
SOUT<strong>EN</strong>Ez LES<br />
SITUATIONS URg<strong>EN</strong>TES<br />
dU SERVIcE SOcIAL<br />
<strong>dE</strong> cARITAS<br />
COOPératION P11<br />
40 ANS d’<strong>EN</strong>gAgEM<strong>EN</strong>T<br />
<strong>EN</strong> FAVEUR <strong>dE</strong>S PAYS<br />
dU SUd<br />
OPINION P15<br />
UN NOUVEAU STATUT :<br />
LE TRAVAILLEUR PAUVRE<br />
ASSISTé<br />
<strong>Genève</strong><br />
Le Journal | N°468 | Mars 2010
thEMa P3<br />
Réduire <strong>la</strong> pauvreté de moitié.<br />
Analyse d'Yves Flückiger<br />
sur l'évolution de <strong>la</strong> pauvreté<br />
en Suisse.<br />
FOCUS P7<br />
Le journal caritas : un espace<br />
de parole, de réflexion et de<br />
mobilisation.<br />
SOlIdarIté P8<br />
Soutenez les situations<br />
urgentes du service social<br />
de caritas.<br />
POrtraIt P10<br />
Marc Besson et jean-Noël<br />
de giuli, vice-présidents<br />
des journées caritas.<br />
COOPératION P11<br />
40 ans au service<br />
du développement.<br />
jay Louvion a photographié<br />
le p<strong>la</strong>teau dogon.<br />
réSEaU P13<br />
caritas Fribourg <strong>la</strong>nce<br />
<strong>la</strong> carteculture<br />
en Suisse romande.<br />
aG<strong>EN</strong>da P14<br />
Les rendez-vous à ne pas<br />
manquer ces prochaines<br />
semaines.<br />
OPINION P15<br />
Le statut de travailleur pauvre<br />
assisté. Par Serge Paugam.<br />
INCONtOUrNablE P16<br />
Les journées caritas 2010.<br />
Repas de soutien le 25 mars.<br />
EdItO<br />
VOUS AVEz dIT<br />
hUMANISME ?<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P2<br />
“ XVe siècle. Les archives du tribunal du Châtelet, à Paris, nous<br />
livrent <strong>la</strong> trace d’un jugement qui <strong>la</strong>isse songeur. Il y est question d’un<br />
« vagabond » condamné à être pendu au motif qu’il est à <strong>la</strong> fois considéré<br />
comme « <strong>la</strong>rron » et « inutile au monde ». Un peu plus de 500 ans<br />
plus tard, l’indignation ressentie face à de telles considérations nous<br />
permet de mesurer le chemin parcouru. La question de <strong>la</strong> dignité de<br />
toute personne humaine est aujourd’hui davantage ancrée dans les<br />
consciences. Mais l’on sait aussi combien ces conquêtes sont fragiles.<br />
L’effort de civilisation humaniste qui fut à l’origine de notre Etat de<br />
droit y est pour beaucoup. Grâce à un système judiciaire assurant<br />
un traitement équitable devant <strong>la</strong> justice et un système social offrant<br />
des bases pour <strong>la</strong> sécurité matérielle face aux aléas de l’existence, le<br />
respect dû à toute personne est davantage qu’un vœu pieux pour nos<br />
contemporains. Pourtant, ces avancées ne sont jamais acquises une fois<br />
pour toutes. Et les dispositifs chargés de les mettre en œuvre courent<br />
le risque de s’alourdir de rudesses bureaucratiques ou d’abus en regard<br />
desquels il convient d’exercer une vigi<strong>la</strong>nce permanente. Les dérapages<br />
à l’endroit des nouveaux « vagabonds » qui sillonnent nos rues en sont<br />
une illustration. Le traitement social des nouvelles formes de précarité<br />
qui vont s’accroissant pose aussi de nombreuses questions. Avec tout<br />
le réseau de <strong>Caritas</strong> de Suisse, nous avons décidé d’exercer une vigi<strong>la</strong>nce<br />
particulière sur ces nouvelles évolutions, comme le montre le<br />
manifeste que nous publions ci-après. Nous donnons aussi <strong>la</strong> parole au<br />
sociologue Serge Paugam qui nous invite à réfléchir aux effets induits<br />
par les dispositifs français qui inspirent le nouveau modèle social<br />
genevois en gestation.<br />
Les avancées qu’il nous appartient de défendre reposent sur un<br />
souffle humaniste que l’on a trop tendance à déconsidérer aujourd’hui.<br />
Hommage donc à celles et ceux qui lui donnent un visage, tel Jean-<br />
Marie Viennat, âme du lieu d’accueil Le Caré pendant 33 ans. Un<br />
homme qui a incarné l’humble service par amour des plus démunis à<br />
<strong>Genève</strong>. Et a su interpeller les autorités<br />
„<br />
pour améliorer constamment le<br />
dispositif genevois d’entraide.<br />
Dominique Froidevaux / Directeur de <strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong><br />
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Rédacteur responsable :<br />
Dominique Froidevaux.<br />
Rédacteurs :<br />
Frédéric Monnerat,<br />
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Publicité : Gilbert Rigotti<br />
Design : Gabrielle Barnhill,<br />
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Fondé en 1954<br />
par Mgr Paul Bouvier.<br />
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THeMA<br />
réduisons <strong>la</strong> pauvreté de moitié.<br />
<strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration de <strong>Caritas</strong><br />
suite de <strong>la</strong> page 1<br />
Par cette déc<strong>la</strong>ration, <strong>Caritas</strong><br />
réc<strong>la</strong>me une décennie<br />
(2010-2020) pour combattre<br />
<strong>la</strong> pauvreté en Suisse. Le<br />
but est de réduire de moitié le<br />
nombre de personnes en situation<br />
de pauvreté, tout en abaissant<br />
considérablement le risque<br />
de voir <strong>la</strong> pauvreté se transmettre<br />
de génération en génération. La<br />
c<strong>la</strong>sse politique et les milieux<br />
économiques doivent redoubler<br />
d’efforts pour que cet objectif<br />
puisse être atteint d’ici à 2020.<br />
Les organisations sociales qui<br />
signent cette déc<strong>la</strong>ration apporteront<br />
leur contribution et vérifieront<br />
attentivement que <strong>la</strong> politique<br />
fédérale, cantonale et<br />
communale de lutte contre <strong>la</strong><br />
pauvreté, mais aussi le comportement<br />
des entreprises et des partenaires<br />
sociaux, évoluent dans <strong>la</strong><br />
bonne direction et portent leurs<br />
fruits.<br />
lE vISaGE <strong>dE</strong> <strong>la</strong> <strong>PaUvrEté</strong><br />
<strong>EN</strong> <strong>SUISSE</strong><br />
Dans notre pays, <strong>la</strong> pauvreté a<br />
de nombreuses facettes. Les gens<br />
pauvres traversent des situations<br />
de vie délicates. Ils doivent se<br />
débrouiller avec peu de moyens<br />
financiers, sont souvent sans<br />
emploi ou astreints à des conditions<br />
de travail précaires. Ils<br />
subissent des restrictions dans le<br />
domaine de <strong>la</strong> santé, vivent avec<br />
leur famille dans des logements<br />
exigus et bruyants, ce qui crée<br />
souvent des tensions dans leur<br />
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les enfants. Les occasions de<br />
nouer des contacts sociaux leur<br />
sont rares. Leurs enfants risquent<br />
fort de connaître le même sort<br />
une fois adultes.<br />
Le grand public ignore souvent<br />
combien de personnes<br />
“ La politique sociale<br />
de <strong>la</strong> Suisse est-elle inefficace<br />
quand il s’agit de<br />
combattre <strong>la</strong> pauvreté ? „<br />
vivent en Suisse dans des conditions<br />
aussi précaires. Le taux de<br />
pauvreté des personnes en âge de<br />
travailler est recensé depuis<br />
1991. Ces 15 dernières années, il<br />
a toujours oscillé entre 7 et 9 %.<br />
Les efforts déployés sur le p<strong>la</strong>n<br />
politique n’ont pas réussi à le<br />
faire baisser de façon notable. On<br />
observe même une légère augmentation<br />
du taux de personnes<br />
à l’aide sociale durant <strong>la</strong> même<br />
période. L’évolution de ces deux<br />
indicateurs sociaux donne à<br />
réfléchir. La politique sociale de<br />
<strong>la</strong> Suisse est-elle inefficace quand<br />
il s’agit de combattre <strong>la</strong> pauvreté?<br />
Faut-il considérer que les changements<br />
structurels sur le p<strong>la</strong>n économique<br />
provoquent toujours<br />
plus de pauvres?<br />
lE rISqUE <strong>dE</strong> baSCUlEr<br />
daNS <strong>la</strong> PréCarIté<br />
Le risque de tomber dans <strong>la</strong><br />
pauvreté n’est pas le même pour<br />
tous les ménages. Il dépend<br />
essentiellement de quatre fac-<br />
teurs: le niveau de formation, le<br />
nombre d’enfants, le lieu de<br />
domicile et surtout l’origine<br />
sociale.<br />
Les travailleurs peu qualifiés<br />
sont beaucoup plus exposés au<br />
risque de pauvreté. La modicité<br />
de leur sa<strong>la</strong>ire les p<strong>la</strong>cent souvent<br />
dans <strong>la</strong> catégorie des working<br />
poor. Ces personnes ont tendance<br />
à rester beaucoup plus longtemps<br />
au chômage et ont plus de peine<br />
à réintégrer ensuite le marché de<br />
l’emploi. Le chômage de longue<br />
durée est l’un des principaux<br />
risques de pauvreté en Suisse.<br />
Les familles qui comptent<br />
trois enfants ou plus sont également<br />
très exposées à <strong>la</strong> pauvreté.<br />
Même quand les deux parents<br />
travaillent, le revenu du ménage<br />
ne suffit souvent pas à subvenir<br />
aux besoins. En Suisse, avoir des<br />
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<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P3<br />
enfants augmente le risque de<br />
pauvreté.<br />
Le lieu de domicile, ou plus<br />
précisément les conditions fiscales<br />
et sociales qui y règnent,<br />
déterminent aussi le risque de<br />
pauvreté. Avec le même sa<strong>la</strong>ire<br />
brut, un ménage peut se retrouver<br />
en dessous du seuil de pauvreté<br />
cantonal du fait des charges fiscales,<br />
des loyers et des primes<br />
d’assurance-ma<strong>la</strong>die en vigueur<br />
dans son lieu de domicile.<br />
L’origine sociale devient<br />
cependant le risque de pauvreté<br />
numéro un! Les enfants de<br />
milieux pauvres et peu instruits<br />
risquent beaucoup plus de se<br />
retrouver eux-mêmes parmi les<br />
pauvres à l’âge adulte que les<br />
enfants de milieux aisés. L’adage<br />
selon lequel « lorsqu’on naît<br />
pauvre, on le reste» se vérifie<br />
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particulièrement en Suisse. Ici,<br />
l’égalité des chances est loin<br />
d’être une réalité. »<br />
Prendre en compte cette réalité<br />
nous obligent à porter une attention<br />
soutenue aux premières<br />
phases de <strong>la</strong> vie. Il en va du bienêtre<br />
des enfants et de leur chance<br />
de pouvoir tous grandir dans un<br />
milieu favorable. Durant cette<br />
période, les enfants ont besoin de<br />
stimu<strong>la</strong>tions pour faire de nouvelles<br />
expériences. Ils cherchent<br />
le soutien des adultes afin de pouvoir<br />
assouvir leur curiosité natu-<br />
“ L’adage selon lequel<br />
«lorsqu’on naît pauvre, on<br />
le reste» se vérifie particulièrement<br />
en Suisse. Ici,<br />
l’égalité des chances est<br />
loin d’être une réalité „<br />
relle et se faire une idée du monde.<br />
Malheureusement, le droit à <strong>la</strong><br />
formation, aux soins et à l’éducation<br />
n’est de loin pas une réalité<br />
pour tous les enfants de Suisse.<br />
Des facteurs comme <strong>la</strong> nationalité,<br />
les formes familiales, <strong>la</strong><br />
santé, l’âge et le sexe renforcent le<br />
risque de pauvreté: les jeunes<br />
gens issus de <strong>la</strong> migration présentent<br />
souvent un bas niveau de<br />
formation et ont de ce fait fréquemment<br />
recours aux prestations<br />
de l’aide sociale. Très souvent,<br />
les mères élevant seules<br />
leurs enfants sont confrontées à<br />
des restrictions financières après<br />
leur séparation et leur divorce.<br />
Les réglementations spécifiques<br />
en vigueur pour le calcul des pensions<br />
alimentaires et pour les<br />
avances sur ces pensions les obligent<br />
à solliciter l’aide sociale. Les<br />
personnes atteintes dans leur<br />
santé risquent de perdre rapidement<br />
leur emploi. Comme l’assurance<br />
invalidité est devenue très<br />
restrictive, elles dépendent bien<br />
souvent de l’aide sociale. Enfin,<br />
nombreuses sont les personnes<br />
âgées qui ont gagné peu d’argent<br />
au cours de leur vie et doivent se<br />
contenter de l’AVS et des prestations<br />
complémentaires.<br />
qUE FaIrE CONtrE <strong>la</strong><br />
<strong>PaUvrEté</strong> <strong>EN</strong> <strong>SUISSE</strong> ?<br />
Le minimum social d’existence<br />
est le point de départ de<br />
toute politique efficace de lutte<br />
contre <strong>la</strong> pauvreté. Toutes les personnes<br />
pauvres ont droit à un<br />
soutien matériel qui leur permette<br />
de prendre part à <strong>la</strong> vie<br />
sociale. Mais le minimum social<br />
d’existence inclut aussi un bon<br />
logement, une santé psychique et<br />
physique, des contacts sociaux et<br />
des chances de développement<br />
professionnel. Cette énumération<br />
montre bien que <strong>la</strong> politique de<br />
lutte contre <strong>la</strong> pauvreté recouvre<br />
plusieurs domaines différents :<br />
elle touche non seulement <strong>la</strong> politique<br />
sociale mais aussi <strong>la</strong> politique<br />
fiscale, de l’éducation, de <strong>la</strong><br />
santé publique, de l’emploi et<br />
migratoire.<br />
Une deuxième tâche essentielle<br />
d’une politique efficace de<br />
lutte contre <strong>la</strong> pauvreté consiste à<br />
montrer des voies pour s’extraire<br />
de <strong>la</strong> précarité. Le marché de l’emploi<br />
joue dans ce domaine un rôle<br />
déterminant. C’est là que se joue<br />
<strong>la</strong> possibilité de percevoir un<br />
revenu suffisant. Et c’est là qu’on<br />
remarque si les gens peuvent passer<br />
de l’aide sociale au monde du<br />
travail. Il faut, pour ce faire, des<br />
offres d’intégration qui amélio-<br />
Les familles monoparentales sont particulièrement touchées par <strong>la</strong> pauvreté.<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P4<br />
rent les perspectives de travail<br />
des personnes concernées et leur<br />
permettent de maîtriser leur<br />
situation. Ces offres doivent avant<br />
tout développer et promouvoir<br />
l’employabilité. Evidemment,<br />
pour s’intégrer durablement au<br />
marché de l’emploi, il faut impérativement<br />
pouvoir se former en<br />
continu et entrevoir des perspectives<br />
de travail adéquates. Ici, les<br />
entreprises sociales peuvent<br />
jouer un rôle important en créant<br />
des opportunités sur le deuxième<br />
marché du travail permettant aux<br />
gens qui ont peu de chance de<br />
réussir leur intégration professionnelle<br />
d’exercer une activité<br />
temporaire ou même durable,<br />
sans perdre le contact avec le premier<br />
marché du travail.<br />
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d’une politique efficace de lutte<br />
contre <strong>la</strong> pauvreté vise à éviter<br />
l’apparition de <strong>la</strong> pauvreté. Ce<strong>la</strong><br />
demande une politique sociale<br />
dont les efforts ne se résument pas<br />
uniquement aux dépenses<br />
sociales mais qui se conçoit aussi<br />
en termes d’investissement pour<br />
le futur. Éviter <strong>la</strong> pauvreté est en<br />
fin de compte économiquement<br />
plus rentable que d’en assumer<br />
financièrement les conséquences.<br />
Éviter <strong>la</strong> pauvreté, ce<strong>la</strong> signifie<br />
concrètement accorder une attention<br />
particulière aux moments<br />
“ Éviter <strong>la</strong> pauvreté est en<br />
fin de compte économiquement<br />
plus rentable que<br />
d’en assumer financièrement<br />
les conséquences „<br />
charnières de <strong>la</strong> vie, d’abord au<br />
sein de <strong>la</strong> famille où le bien-être<br />
de l’enfant n’est pas toujours suffisamment<br />
pris en compte, puis à<br />
l’école où l’enfant qui n’a pas suffisamment<br />
de compétences<br />
sociales, ni de connaissances linguistiques,<br />
risque d’être rapidement<br />
exclu. Éviter <strong>la</strong> pauvreté,<br />
ce<strong>la</strong> se joue ensuite durant <strong>la</strong> formation<br />
professionnelle qu’il faut<br />
achever pour trouver plus facilement<br />
un poste fixe et éviter d’être<br />
relégué en marge de <strong>la</strong> société.<br />
Car les personnes qui ne trouvent<br />
pas de poste convenable se retrouveront<br />
rapidement parmi les working<br />
poor au moment de fonder<br />
une famille et devront faire longtemps<br />
appel à l’aide sociale.<br />
CE qUE NOUS att<strong>EN</strong>dONS<br />
dU MON<strong>dE</strong> POlItIqUE :<br />
rédUIrE <strong>dE</strong> <strong>MOItIé</strong> <strong>la</strong><br />
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mique s’orientent selon les quatre<br />
axes stratégiques suivants :<br />
I<strong>dE</strong>NtIFIEr <strong>la</strong> <strong>PaUvrEté</strong><br />
Et <strong>la</strong> dOCUM<strong>EN</strong>tEr<br />
La Confédération et les cantons<br />
doivent continuellement<br />
rendre compte de l’effet de leur<br />
politique de lutte contre <strong>la</strong> pauvreté.<br />
Dans le cadre d’une coopération<br />
ouverte, <strong>la</strong> Confédération<br />
doit négocier avec les cantons des<br />
objectifs politiques contraignants<br />
dans <strong>la</strong> lutte contre <strong>la</strong> pauvreté.<br />
Elle doit aussi mesurer leur<br />
niveau de réalisation à l’aide d’indicateurs<br />
et en rendre compte.<br />
aNCrEr daNS <strong>la</strong> lOI, à<br />
l’éChEllE NatIONalE, lE MINI-<br />
MUM SOCIal d’ExISt<strong>EN</strong>CE<br />
La Confédération doit é<strong>la</strong>borer<br />
une loi-cadre fédérale rég<strong>la</strong>nt de<br />
manière contraignante le minimum<br />
social d’existence et d’intégration.<br />
Les contributions financières<br />
couvrant les besoins<br />
fondamentaux doivent y être inscrits.<br />
Pour ce faire, <strong>la</strong> Confédération<br />
doit déc<strong>la</strong>rer contraignantes<br />
les directives de <strong>la</strong> Conférence<br />
suisse des institutions d’action<br />
sociale CSIAS et définir c<strong>la</strong>irement<br />
les compétences pour l’intégration<br />
professionnelle et sociale.<br />
PrOMOUvOIr lES <strong>EN</strong>trEPrISES<br />
SOCIalES<br />
Il faut davantage de p<strong>la</strong>ces de<br />
travail pour les gens qui ne parviennent<br />
pas à accéder à des<br />
emplois dans les entreprises normales.<br />
Les entreprises sociales<br />
peuvent offrir ce genre de postes.<br />
La Confédération et les cantons<br />
doivent favoriser <strong>la</strong> création de<br />
telles entreprises dans le cadre de<br />
<strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration interinstitutionnelle<br />
entre l’assurance-chômage,<br />
l’assurance-invalidité et l’aide sociale.<br />
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La Confédération doit faire en<br />
sorte que tout le monde puisse<br />
achever une formation professionnelle<br />
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passe par une adaptation des lois<br />
sur <strong>la</strong> formation professionnelle<br />
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<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P5<br />
<strong>Caritas</strong> veut intensifier son engagement<br />
dans <strong>la</strong> lutte contre <strong>la</strong> pauvreté.<br />
Elle le fera dans quatre domaines :<br />
nécessaires. Aussi bien au niveau<br />
cantonal que communal, l’aide<br />
sociale doit apprendre à mieux<br />
gérer les transitions entre <strong>la</strong><br />
famille, le jardin d’enfants, puis<br />
l’école, ainsi que le passage de<br />
l’école à <strong>la</strong> formation professionnelle,<br />
afin que tous les jeunes<br />
adultes puissent au moins effectuer<br />
un apprentissage. •<br />
Un monitoring systématiqUe<br />
de <strong>la</strong> politiqUe de <strong>la</strong> paUvreté<br />
<strong>Caritas</strong> compte systématiser le monitoring de <strong>la</strong> politique fédérale et cantonale<br />
de lutte contre <strong>la</strong> pauvreté. Elle produira un rapport annuel indiquant<br />
les progrès et/ou régressions observés, dans les divers secteurs politiques.<br />
Une attention particulière sera vouée aux politiques d’éducation publique,<br />
de santé publique, de l’emploi, ainsi qu’aux politiques fiscales et sociales.<br />
renforcer <strong>la</strong> consUltation sociale<br />
<strong>Caritas</strong> é<strong>la</strong>rgira son travail de consultations sociales et ses aides transitoires<br />
pour les personnes en situation de précarité. Son offre actuelle sera développée<br />
grâce à de nouveaux instruments basés sur Internet. <strong>Caritas</strong> veut<br />
augmenter ses capacités de consultations individuelles et les faire passer<br />
de 15 000 aujourd’hui à 25 000 dans le futur.<br />
oUvrir de noUvelles épiceries caritas<br />
<strong>Caritas</strong> veut augmenter à 30 le nombre de ses Épiceries <strong>Caritas</strong> dans toute<br />
<strong>la</strong> Suisse. Elle offrira ainsi à des personnes pauvres <strong>la</strong> possibilité d’acheter<br />
des articles d’usage courant à des prix très avantageux.<br />
créer des p<strong>la</strong>ces de travail<br />
dans des entreprises sociales<br />
<strong>Caritas</strong> é<strong>la</strong>rgira son offre d’entreprises sociales. Concrètement, <strong>Caritas</strong> veut<br />
créer 1000 p<strong>la</strong>ces de travail supplémentaires pour les personnes qui ne<br />
trouvent temporairement pas d’emploi sur le premier marché du travail.<br />
Dans <strong>la</strong> mesure du possible, <strong>Caritas</strong> s’efforcera de soutenir ces personnes<br />
par des mesures d’intégration sociale et professionnelle qui pourraient leur<br />
permettre de réintégrer un jour le premier marché du travail.<br />
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Entretien avec le professeur<br />
Yves Flückiger<br />
M. Flückiger, quels sont les<br />
facteurs qui contribuent à <strong>la</strong><br />
pauvreté ? En d’autres termes,<br />
pourquoi y a-t-il des pauvres<br />
en Suisse ?<br />
Deux facteurs principaux<br />
déterminent le risque de « plonger<br />
» dans <strong>la</strong> précarité. Premièrement,<br />
le statut sur le marché du<br />
travail. Les personnes en fin de<br />
droit du chômage ont plus de difficultés<br />
à se réinsérer professionnellement.<br />
Deuxièmement, le<br />
statut familial. Les familles<br />
monoparentales sont particulièrement<br />
touchées par <strong>la</strong> paupérisation.<br />
Il existe bien entendu<br />
d’autres facteurs tels que le<br />
niveau de formation, les indépendants<br />
ou les retraités. Evidemment<br />
le seuil de pauvreté<br />
n’est pas le même partout (clivage<br />
ville-campagne). Il diffère aussi<br />
selon <strong>la</strong> composition et <strong>la</strong> taille<br />
du groupe familial.<br />
Selon vous, quelles sont les stratégies<br />
politiques et économiques à<br />
appliquer pour combattre le phénomène<br />
de <strong>la</strong> pauvreté en Suisse ?<br />
La chaleur<br />
sous toutes ses formes<br />
Mazout, diesel, carburants,<br />
station service 24/24, charbon,<br />
bois de cheminée, charbon de bois,<br />
gaz, location de grills/broches,<br />
révision de citernes.<br />
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D’un point de vue économique,<br />
le concept de <strong>la</strong> pauvreté devrait<br />
être appréhendé comme un processus<br />
multidimensionnel pouvant<br />
aller jusqu’à <strong>la</strong> rupture des<br />
liens sociaux qui rend le retour<br />
vers un emploi difficile. Je privilégie<br />
l’action préventive. Il est<br />
nécessaire de réinsérer rapidement<br />
les personnes sans emploi.<br />
Il y a en Suisse une stigmatisation<br />
des personnes restées longtemps<br />
au chômage. Ces préjugés pourraient<br />
notamment être combattus<br />
par des mesures d’allocations de<br />
retour en emploi. Il convient aussi<br />
de rendre <strong>la</strong> travail suffisamment<br />
attractif pour inciter les gens à<br />
reprendre un emploi sans être<br />
pénalisés par <strong>la</strong> fiscalité ou les<br />
systèmes sociaux. Une mère de<br />
famille seule doit pouvoir compter<br />
sur les services publics (garde<br />
des enfants, moins d’impôts, etc.)<br />
de manière à l’encourager à augmenter<br />
son taux d’activité. Le<br />
travail à plein temps doit mieux<br />
protéger contre les risques de<br />
pauvreté.<br />
êtes-vous d’accord que lutter<br />
contre <strong>la</strong> pauvreté doit être<br />
une démarche commune de <strong>la</strong><br />
Confédération, des cantons, des<br />
communes, des services sociaux<br />
et des organisations d’entraide ?<br />
Evidemment, notre système<br />
fédéraliste complique parfois les<br />
choses par manque de coordina-<br />
tion. L’Etat devrait gérer de<br />
manière transversale les questions<br />
liées à <strong>la</strong> pauvreté et ne pas<br />
privilégier une approche longitudinale<br />
où les personnes en voie<br />
de précarisation passent d’un<br />
système à l’autre, sans continuité<br />
dans les mesures prises. Les organisations<br />
d’entraide ont une p<strong>la</strong>ce<br />
essentielle dans ce dispositif,<br />
mais elles ne doivent pas se substituer<br />
aux efforts de l’Etat. Ce dernier<br />
ne peut pas se décharger de<br />
ses responsabilités en se reposant<br />
sur <strong>la</strong> voie caritative.<br />
Encore aujourd’hui, <strong>la</strong> pauvreté<br />
est considérée comme un tabou.<br />
quelles sont les raisons qui poussent<br />
les personnes ayant droit à<br />
une aide à y renoncer ?<br />
Je dirais que le tabou est principalement<br />
d’ordre culturel. En<br />
Suisse, jusque dans les années<br />
’70, on par<strong>la</strong>it peu du chômage. Il<br />
était perçu comme une sanction<br />
individuelle alors que le travail<br />
occupait une p<strong>la</strong>ce centrale<br />
comme vecteur d’insertion<br />
sociale. Aujourd’hui, les choses<br />
ont changé. On accepte qu’il<br />
existe des circonstances indépendantes<br />
de notre volonté qui<br />
peuvent conduire certaines personnes<br />
dans une situation de<br />
dépendance. Dès lors, l’idée<br />
même que des dispositifs sociaux<br />
s’enclenchent de manière automatique<br />
est mieux acceptée,<br />
Tous travaux<br />
d’imprimerie<br />
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et pour vos FAIRE-PART...<br />
passez donc nous voir!<br />
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<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P6<br />
Vice-recteur de l’Université de genève et professeur au département d’économie<br />
politique, Yves Flückiger dirige l’Observatoire universitaire de l’emploi. Il nous apporte<br />
son regard sur l’évolution des phénomènes liés à <strong>la</strong> pauvreté en Suisse.<br />
même si elle exige simultanément<br />
des mécanismes de<br />
contrôle. <strong>Caritas</strong> joue de ce point<br />
de vue un rôle très important,<br />
comme interlocuteur privilégié<br />
de celles et ceux qui n’osent pas<br />
demander de l’aide.<br />
<strong>Caritas</strong> se donne dix ans pour<br />
réduire <strong>la</strong> pauvreté de moitié en<br />
Suisse. Utopique, ambitieux ou<br />
réaliste ?<br />
Utile, oui, car ce<strong>la</strong> montre que<br />
<strong>la</strong> pauvreté n’est pas une fatalité.<br />
On parle aujourd’hui de chômage<br />
incompressible. Ce<strong>la</strong> donne l’impression<br />
erronée que le chômage<br />
et <strong>la</strong> pauvreté sont une fatalité<br />
contre <strong>la</strong>quelle il n’y a pas d’issue.<br />
C’est donc une ambition<br />
nécessaire que de vouloir combattre<br />
<strong>la</strong> pauvreté. Or, des politiques<br />
de lutte contre <strong>la</strong> pauvreté<br />
existent. S’il est certes assez<br />
simple de prévenir <strong>la</strong> pauvreté<br />
« marginale », celle qui affecte les<br />
personnes qui se trouvent très<br />
près des seuils de précarité, en<br />
revanche, il est bien plus difficile<br />
de combattre <strong>la</strong> pauvreté structurelle,<br />
celle qui touche <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />
<strong>la</strong> plus démunie et qui reste<br />
durablement dans <strong>la</strong> pauvreté.<br />
En résumé, je dirais ambition<br />
nécessaire : mais résultats ambitieux.<br />
•<br />
Interviewé par Camille Kunz<br />
Le bonheur<br />
est dans <strong>la</strong> cuisine<br />
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Cuisines SA
FOCus<br />
le journal <strong>Caritas</strong> : un espace de parole,<br />
de réflexion et de mobilisation<br />
Comme vous l’avez sans<br />
doute constaté, le journal<br />
que vous tenez entre vos<br />
mains a fait peau neuve. Nouveau<br />
format, pages en couleur,<br />
nouvelles rubriques. Nous espérons<br />
que vous en apprécierez sa<br />
présentation et sa forme, et qu’il<br />
saura vous séduire.<br />
Mais ce que nous souhaitons,<br />
c’est qu’au-delà de sa mise en<br />
page, vous soyez touchés par sa<br />
teneur. Notre volonté de changer<br />
ce support «historique», <strong>la</strong>ncé<br />
voilà plus de 55 ans par l’abbé<br />
Paul Bouvier, ne fut pas mue par<br />
de seules considérations pratiques<br />
ou esthétiques. Ce que<br />
nous voulions, c’était vous proposer<br />
un journal d’ouverture,<br />
qui puisse se nourrir de nouveaux<br />
regards et susciter <strong>la</strong><br />
réflexion. Un journal qui, tout en<br />
informant le lecteur de nos<br />
actions, soit en mesure de poser<br />
des questions sur le sens de<br />
notre engagement et sur les évolutions<br />
sociales auxquelles nous<br />
devons, ensemble, faire face.<br />
FavOrISEr <strong>la</strong> dIvEr-<br />
SIté <strong>dE</strong>S PrOPOS<br />
Ce souci d’ouverture constitue<br />
le fil rouge de ce journal. En<br />
donnant <strong>la</strong> parole à des experts<br />
de l’action sociale, en recueil<strong>la</strong>nt<br />
le témoignage de col<strong>la</strong>borateurs<br />
ou de bénévoles fortement impliqués<br />
dans notre association ou<br />
en <strong>la</strong>issant carte b<strong>la</strong>nche à des<br />
personnalités engagées, nous<br />
entendons é<strong>la</strong>rgir les points de<br />
<strong>Genève</strong> · Nyon<br />
Lausanne · Montreux<br />
www.comptoir-immo.ch<br />
vue. Et offrir également, si ce<strong>la</strong><br />
peut initier un débat respectueux<br />
et constructif, une tribune<br />
à des personnes qui ne partagent<br />
pas, de fait, notre opinion.<br />
Ce panachage de regards nous<br />
réjouit. C’est ainsi que vous trouverez,<br />
dans un même numéro,<br />
les commentaires avisés du professeur<br />
Yves Flückiger qui nous<br />
rappelle, entre autre, que les<br />
organisations d’entraide ont une<br />
p<strong>la</strong>ce essentielle mais qu’elles<br />
ne doivent pas se substituer aux<br />
efforts de l’Etat et de <strong>la</strong> fonction<br />
publique. Puis vous apprendrez<br />
qu’aux yeux de Marc Besson,<br />
membre de notre Comité et viceprésident<br />
des Journées <strong>Caritas</strong>,<br />
les disparités sociales se font<br />
aujourd’hui grandissantes et<br />
qu’il convient de nous assurer de<br />
<strong>la</strong> pertinence de nos actions au<br />
sein de <strong>la</strong> cité. Quant à Serge<br />
“ Valoriser <strong>la</strong> solidarité<br />
sous toutes ses formes et<br />
s’appuyer sur les forces des<br />
hommes et des femmes de<br />
bonne volonté „<br />
Paugam, auteur de plusieurs<br />
ouvrages ayant fortement éc<strong>la</strong>iré<br />
le débat sur <strong>la</strong> pauvreté et <strong>la</strong> précarité,<br />
il évoque les effets induits<br />
par les nouvelles politiques de<br />
lutte contre <strong>la</strong> pauvreté, fondées<br />
sur <strong>la</strong> responsabilité des individus.<br />
Diversité des propos,<br />
paroles engagées, interrogations<br />
de fond, autant de points de vue<br />
qui, nous l’espérons, vous permettront<br />
de porter un regard<br />
neuf sur <strong>la</strong> problématique de<br />
l’engagement social et sur le sens<br />
de notre action.<br />
UNE CaUSE COMMUNE :<br />
l’<strong>EN</strong>traI<strong>dE</strong> Et<br />
<strong>la</strong> SOlIdarIté<br />
Si ce journal a pour ambition<br />
d’é<strong>la</strong>rgir <strong>la</strong> discussion et de susciter<br />
<strong>la</strong> réflexion, il veille également<br />
à remplir une mission<br />
essentielle pour notre institution:<br />
valoriser <strong>la</strong> solidarité sous<br />
toutes ses formes et s’appuyer<br />
sur les forces des hommes et des<br />
femmes de bonne volonté.<br />
Comme un clin d’œil du passé,<br />
l’éditorial du premier journal de<br />
<strong>Caritas</strong>, publié en février 1954,<br />
nous rappelle le cap à suivre:<br />
«Ce petit bulletin (…) vous tiendra,<br />
mois après mois, au courant<br />
de <strong>la</strong> vie de <strong>Caritas</strong>, de ses réalisations,<br />
de ses projets. Il se propose<br />
de vous associer plus étroitement<br />
encore que par le passé à<br />
l’action que nous déployons en<br />
faveur de ceux qui sont dans <strong>la</strong><br />
gêne, à vous faire toucher du<br />
doigt toutes les misères, proches<br />
ou lointaines, que nous devons<br />
secourir ». Gageons que nous<br />
veillerons, au fil de chaque<br />
numéro, à faire perdurer cet<br />
engagement premier.<br />
Ainsi, nous souhaitons montrer<br />
par le biais de ce journal que<br />
chacun peut, à sa manière, s’engager<br />
aux côtés de celles et ceux qui<br />
sont dans le besoin et s’interroger<br />
F.DESJACQUES<br />
&CieSA<br />
<strong>EN</strong>TREPRISE DU BÂTIM<strong>EN</strong>T<br />
7, avenue de l’Aurore<br />
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<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P7<br />
sur les enjeux sociaux d’avenir.<br />
Pour que notre devise Nous<br />
sommes solidaires ne fasse pas<br />
seulement référence à nous,<br />
mais à chacun d’entre-nous. •<br />
Frédéric Monnerat<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> lutte contre <strong>la</strong> pauvreté<br />
et l’exclusion en apportant une aide<br />
concrète aux plus défavorisés sans<br />
distinction de confession, de nationalité<br />
et de statut.<br />
Afin de présenter nos différentes<br />
prestations, <strong>la</strong> rubrique FOCUS aborde<br />
à chaque numéro un projet particulier<br />
de notre association, dans l’un de nos<br />
domaines d’intervention:<br />
sOuTIeN sOCIAL & JurIdIque<br />
AIde d’urgeNCe<br />
INserTION de JeuNes eN dIFFICuLTé<br />
ACCOMpAgNeMeNT FACe à LA<br />
MALAdIe eT Au deuIL<br />
COOpérATION Au déveLOppeMeNT<br />
ANIMATIONs pOur Les AîNés<br />
BéNévOLAT<br />
seCONde MAIN<br />
INFOrMATION eT seNsIBILIsATION<br />
Entreprise de bâtiment<br />
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Tél. 022 3209560<br />
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sOLIdArITé<br />
vos dons sont intégralement reversés<br />
pour les cas présentés<br />
01/10 - tétraPléGIqUE<br />
Il y a quelques années, Monsieur<br />
L. a été victime d’une ma<strong>la</strong>die<br />
orpheline qui l’a cloué sur<br />
une chaise rou<strong>la</strong>nte de manière<br />
subite. Malgré de nombreuses<br />
visites et examens médicaux,<br />
impossible de trouver un traitement<br />
adéquat. Il a fallu se rendre<br />
à l’évidence, Monsieur L. est<br />
invalide et sa ma<strong>la</strong>die est incurable.<br />
Monsieur L., désormais au<br />
bénéfice d’une rente AI a du<br />
chercher un nouveau logement.<br />
Heureusement, il a réussi a trouver,<br />
après de nombreux mois de<br />
recherches infructueuses, un<br />
appartement plus ou moins<br />
adapté à sa situation. Toutefois,<br />
quelques aménagements sont<br />
nécessaires pour lui permettre<br />
de gérer son quotidien sans aide<br />
et ainsi préserver son autonomie.<br />
Bien sûr, tout ceci a un coût et le<br />
budget de Monsieur L. est serré.<br />
Il se trouve juste au-dessus des<br />
normes de prestations complémentaires<br />
et n’a donc droit à<br />
aucune aide. CHF 800.– lui permettrait<br />
d’équiper correctement<br />
sa salle de bain et de faire changer<br />
les poignées des portes. Toute<br />
aide de votre part sera <strong>la</strong> bienvenue<br />
et nous vous en remercions<br />
par avance.<br />
02/10 - rEGrOUPEM<strong>EN</strong>t<br />
FaMIlIal<br />
Monsieur et Madame N, originaires<br />
de RDC, sont venus en<br />
Suisse en 2001, <strong>la</strong>issant au pays<br />
trois enfants à <strong>la</strong> charge de leur<br />
famille sur p<strong>la</strong>ce. Plusieurs<br />
années ont été nécessaires pour<br />
l’obtention de permis B et deux<br />
autres enfants sont nés en Suisse<br />
de cette union. Ce n’est que cet<br />
été que Monsieur et Madame N.<br />
ont réussi à faire venir leurs trois<br />
aînés, réunissant ainsi toute <strong>la</strong><br />
famille. L’arrivée des trois aînés<br />
a été vécue comme une fête et un<br />
sou<strong>la</strong>gement énorme par toute <strong>la</strong><br />
famille. Cependant, cette venue<br />
coïncidant presque avec une<br />
nouvelle naissance, n’est pas<br />
sans poser quelques problèmes,<br />
notamment logistiques, administratifs<br />
et financiers. En effet,<br />
Monsieur a entrepris une formation<br />
de plombier et son sa<strong>la</strong>ire<br />
reste très modeste. Madame travaille<br />
quant à elle dans le<br />
domaine du nettoyage, mais son<br />
sa<strong>la</strong>ire ne constitue qu’un apport<br />
moindre dans le budget familial.<br />
Une aide de CHF 600.– permettrait<br />
l’achat de meubles, notamment<br />
des lits superposés pour les<br />
enfants ainsi que de vêtements et<br />
aiderait considérablement cette<br />
famille très volontaire. D’ores et<br />
déjà un grand merci pour votre<br />
geste de solidarité.<br />
Katia Hechmati<br />
03/10 - dIFFICIlE<br />
<strong>dE</strong> vIvrE avEC<br />
lE MINIMUM vItal<br />
Juliette est une jeune femme<br />
de 30 ans qui vit seule avec le<br />
minimum vital depuis près de 5<br />
ans. Ses dettes remontent à<br />
l’époque où elle était mariée et<br />
FERBLANTERIE<br />
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ÉTANCHÉITÉ<br />
<strong>EN</strong>TRETI<strong>EN</strong> DE TOITURE<br />
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que son époux a réussi à <strong>la</strong> mettre<br />
dans une situation financière<br />
délicate en <strong>la</strong> persuadant d’acheter<br />
plusieurs biens à crédit à son<br />
nom. Peu de temps après, son<br />
mari l’a quittée et elle a dû faire<br />
face à de nombreux problèmes<br />
financiers. Une aide de CHF<br />
500.– <strong>la</strong> sou<strong>la</strong>gerait dans son<br />
budget très serré. D’avance, un<br />
tout grand merci de votre généreuse<br />
intervention en sa faveur.<br />
Fabienne Graells<br />
04/10 - PaYEr UNE<br />
<strong>dE</strong>ttE <strong>dE</strong> Mé<strong>dE</strong>CIN<br />
Noémie a travaillé plusieurs<br />
années comme ouvrière auprès<br />
du même employeur. Comme ce<br />
dernier ne pouvait lui offrir<br />
qu’un travail à 70 %, elle a<br />
démissionné quand elle a trouvé<br />
un autre emploi à 100%. Hé<strong>la</strong>s,<br />
après une période d’essai, elle a<br />
été licenciée. Aujourd’hui, elle<br />
est paniquée car elle élève seule<br />
ses deux enfants et son indemnité<br />
de chômage va tout juste<br />
suffire à couvrir le minimum<br />
vital. Or, elle rembourse encore<br />
des petites dettes à son médecin<br />
et elle ne voit pas comment y<br />
faire face. Afin de <strong>la</strong> sou<strong>la</strong>ger de<br />
ce poids, pouvez-vous l’aider<br />
avec une somme de CHF 800.–<br />
pour se mettre à jour? Un grand<br />
merci pour votre générosité.<br />
Ghis<strong>la</strong>ine savoy<br />
05/10 - déMéNaGEM<strong>EN</strong>t<br />
à réPétItION<br />
La famille M. est composée de 2<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P8<br />
parents et 3 enfants en bas âge et<br />
pré-adolescents. Originaires de<br />
<strong>Genève</strong>, ils ont décidé l’année<br />
dernière de déménager dans un<br />
autre canton avec <strong>la</strong> promesse<br />
d’un emploi mieux payé pour le<br />
père. Malheureusement, Monsieur<br />
n’a jamais été engagé.<br />
Après quelques mois de galère,<br />
ils sont revenus à <strong>Genève</strong> où<br />
l’ancien employeur a bien<br />
voulu reprendre Monsieur M.<br />
Aujourd’hui, ils ont repris leurs<br />
marques. Mais le déménagement<br />
a causé des frais et, pendant 2<br />
mois, ils ont dû payer un double<br />
loyer. C’est pourquoi ils accusent<br />
un retard de paiement de<br />
quelques factures médicales qui<br />
pourraient arriver à l’Office des<br />
poursuites s’ils ne les règlent pas<br />
rapidement. Une telle chose<br />
serait catastrophique après tous<br />
les sacrifices qu’ils ont faits pour<br />
toujours être à jour dans leurs<br />
paiements. Pour cette raison,<br />
nous faisons appel à votre<br />
générosité et vous demandons<br />
CHF 640.– pour leur éviter un<br />
endettement.<br />
Toute <strong>la</strong> famille vous remercie.<br />
sandra Fraga<br />
06/10 - Car<strong>la</strong><br />
Car<strong>la</strong> est vendeuse dans un<br />
grand magasin. Depuis son<br />
divorce, elle vit seule avec ses<br />
deux enfants. Bien que son exmari<br />
lui verse une pension alimentaire,<br />
les fins de mois sont<br />
bien difficiles car son sa<strong>la</strong>ire de<br />
vendeuse est plus que modeste.
sOLIdArITé<br />
Petit à petit, les dettes ont envahi<br />
<strong>la</strong> vie de Car<strong>la</strong>. Elle est venue<br />
nous consulter avec une pile<br />
impressionnante de factures,<br />
rappels, poursuites, etc. Nous<br />
essayons de rétablir une stabilité<br />
dans ce budget malmené et<br />
apprenons à Car<strong>la</strong> quelles sont les<br />
priorités absolues à respecter<br />
(paiement du loyer et de l’assurance<br />
ma<strong>la</strong>die, par exemple). Une<br />
aide financière de CHF 980.–<br />
nous permettrait d’avancer dans<br />
notre travail et d’éviter l’arrivée<br />
d’une poursuite pour des assurances<br />
en retard. Voulez-vous<br />
participer à notre « sauvetage » ?<br />
Un grand merci d’avance.<br />
07/10 - bI<strong>EN</strong>tôt<br />
Par<strong>EN</strong>tS<br />
Paulo et Monique seront<br />
parents dans quelques semaines.<br />
Leur joie est grande bien sûr,<br />
mais ils se demandent comment<br />
ils pourront faire vivre ce bébé<br />
avec leur maigre revenu. Paulo<br />
est à l’AI et Monique touche un<br />
petit revenu du chômage. Sûr que<br />
le budget sera bien serré avec le<br />
petit qui arrive. Un cadeau de<br />
naissance de CHF 700.– serait<br />
magnifique pour ces jeunes<br />
parents qui vous disent d’ores et<br />
déjà un grand merci. Ils pourront<br />
s’équiper de tout ce qui leur<br />
manque encore pour le bébé.<br />
isabelle reusse<br />
08/10 - lOUISE<br />
Louise était dans une situation<br />
de grande détresse lorsqu’elle<br />
s’est adressée à nous. Cet été, elle<br />
et son compagnon se sont séparés.<br />
Louise a été hébergée chez des<br />
amis au début, puis chez d’autres<br />
et pour finir, elle n’a plus eu d’endroit<br />
où aller. Rapidement, elle<br />
n’a plus eu de ressources financières<br />
et sa santé a décliné. Maintenant,<br />
elle fait les démarches<br />
Route des Jeunes 6<br />
1227 Carouge<br />
pour faire valoir ses droits et obtenir<br />
de l’aide dans l’attente de<br />
retrouver un emploi et un logement.<br />
Elle essaie de mettre à profit<br />
ce temps pour prendre soin d’elle<br />
et retrouver <strong>la</strong> santé. Nous vous<br />
sollicitons pour permettre à<br />
Louise de faire face à ses divers<br />
frais courants. Si nous pouvions<br />
disposer de CHF 400.– à lui<br />
remettre au fur et à mesure de ses<br />
besoins, ce<strong>la</strong> lui permettrait de<br />
voir venir plus sereinement.<br />
D’avance nous vous remercions<br />
de l’aide que vous voudrez bien<br />
apporter à Louise.<br />
09/10 - CaMP <strong>dE</strong> SKI<br />
La famille D. a trois enfants.<br />
Les deux aînés vont partir en<br />
camp de ski avec leur c<strong>la</strong>sse au<br />
mois de mars. Les enfants se font<br />
une fête de partir à <strong>la</strong> montagne.<br />
Mais, pour les parents, ce<strong>la</strong><br />
représente des dépenses extraordinaires<br />
et leur budget est trop<br />
serré pour pouvoir y faire face<br />
sans en être durablement déséquilibré.<br />
L’école prend en charge<br />
<strong>la</strong> majeure partie des frais de<br />
séjour. Mais il reste une partie<br />
due par les parents. C’est donc<br />
pour le paiement d’une partie du<br />
camp et les petits achats que nous<br />
vous demandons votre soutien<br />
avec CHF 200.– par enfant. Avec<br />
votre aide, le départ en camp de<br />
ski des enfants ne sera plus un<br />
souci financier pour les parents.<br />
Christine egger<br />
10/10 - SOUtI<strong>EN</strong> à<br />
<strong>la</strong> FOrMatION<br />
Jahan est un jeune homme<br />
plein de ressources. Agé d’une<br />
trentaine d’années, ce garçon<br />
d’origine iranienne était très actif<br />
dans son pays, où il travail<strong>la</strong>it<br />
dans une association. C’était un<br />
touche-à-tout, totalement autodidacte:<br />
il s’occupait du journal<br />
Tél.: 022 823 21 45<br />
Fax: 022 823 21 46<br />
Natel: 079 206 67 71<br />
de l’association, rédigeait des<br />
articles, suivait <strong>la</strong> production<br />
avec les imprimeurs et les fournisseurs.<br />
Bref, il s’occupait de<br />
toute <strong>la</strong> logistique, de A à Z.<br />
Hé<strong>la</strong>s, il a été contraint de fuir<br />
son pays pour des raisons politiques.<br />
La Suisse l’a accueilli et il<br />
habite aujourd’hui au Grand-<br />
Lancy. Afin de pouvoir retrouver<br />
un travail rapidement, il souhaite<br />
obtenir une validation de ses<br />
compétences et obtenir le diplôme<br />
de l’École Supérieure d’Informatique<br />
de gestion. Pour pouvoir<br />
entrer dans cette école, un examen<br />
d’ang<strong>la</strong>is est nécessaire.<br />
Hé<strong>la</strong>s, Jahan ne maîtrise pas cette<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P9<br />
<strong>la</strong>ngue. Nous sommes donc à <strong>la</strong><br />
recherche de CHF 900.– pour des<br />
cours d’ang<strong>la</strong>is intensifs à l’Ifage,<br />
afin qu’il puisse intégrer l’ESIG<br />
le plus rapidement possible.<br />
D’avance, un grand merci !<br />
anna Jans<br />
vOTre sOuTIeN CONsTITue uN AppOrT préCIeuX !<br />
Nous vous remercions chaleureusement pour vos dons en faveur des situations<br />
présentées dans le précédent journal. Grâce à vous, ces personnes<br />
peuvent aujourd’hui envisager leur avenir plus sereinement. En leur nom,<br />
nous vous disons UN GRAND MERCI.<br />
N° TITre reçu<br />
49 Augmentation de loyer et déménagement 100.00<br />
50 Pour <strong>la</strong> petite Océane 465.00<br />
51 Pauline 509.00<br />
52 Rosa 625.00<br />
53 Problèmes de santé 1’115.00<br />
54 Décès familial 265.00<br />
55 Abandonnée avec ses enfants 1’486.00<br />
56 Une naissance le 25 décembre 470.00<br />
57 Bienvenue à <strong>Genève</strong> 360.00<br />
58 Privés de soins médicaux 365.00<br />
59 Saisie sur sa<strong>la</strong>ire 455.00<br />
60 Toute seule avec deux garçons 1’110.00<br />
61 Madame T. et sa fille 880.00<br />
62 Une bonne et une mauvaise nouvelle 880.00<br />
63 Elle entretient seule sa famille 2’517.00<br />
Total 11’602.00
pOrTrAIT<br />
les Journées <strong>Caritas</strong> :<br />
une volonté de changement<br />
Messieurs, comment avez-vous<br />
avez « atterri » au sein du comité<br />
d’organisation des Journées<br />
<strong>Caritas</strong> ?<br />
MB. Je suis tombé dedans<br />
quand j’étais petit... Je suis <strong>la</strong> troisième<br />
génération après mon<br />
grand-père et mon oncle à faire<br />
partie du comité des Journées<br />
<strong>Caritas</strong>. Mais ce<strong>la</strong> représente<br />
avant tout pour moi un engagement<br />
et non pas une tradition ou<br />
une obligation.<br />
JNDG. Il y a une vingtaine<br />
d’années, mon père, qui était<br />
membre du comité d’organisation,<br />
m’a demandé de le remp<strong>la</strong>cer<br />
pour une séance où il était<br />
question d’aménagement architectural<br />
du site des Journées <strong>Caritas</strong><br />
d’alors. J’y suis toujours.<br />
En 2008, le comité d’organisation<br />
des Journées <strong>Caritas</strong> tente un<br />
pari fou : celui de moderniser <strong>la</strong><br />
traditionnelle kermesse. Pourquoi<br />
un tel changement ?<br />
MB. Les Journées <strong>Caritas</strong> ne<br />
répondaient plus à l’attente du<br />
public et <strong>la</strong> fréquentation était en<br />
chute libre. Deux choix se sont<br />
alors présentés au comité: l’arrêt<br />
pur et simple de <strong>la</strong> manifestation<br />
ou l’aventure d’une nouvelle<br />
formule.<br />
JNDG. Depuis quelques<br />
années, il me semb<strong>la</strong>it que notre<br />
« visibilité » était mauvaise, que<br />
ce soit à <strong>la</strong> salle des Asters, puis<br />
de façon encore plus f<strong>la</strong>grante à <strong>la</strong><br />
salle communale de P<strong>la</strong>inpa<strong>la</strong>is.<br />
Il fal<strong>la</strong>it trouver une nouvelle formule<br />
et se diversifier en attirant<br />
d’autres publics.<br />
Comment vous y êtes-vous pris ?<br />
MB. En mobilisant les talents<br />
d’un comité fabuleux qui n’a pas<br />
eu peur de prendre des risques.<br />
Jean-Noël et moi avons fait bloc<br />
pour fédérer les énergies derrière<br />
ce projet novateur ! Tous nous ont<br />
suivis et nous ont fait confiance.<br />
Dans une telle aventure, il n’y a<br />
pas de p<strong>la</strong>ce pour les hésitations.<br />
Une fois <strong>la</strong> décision prise et les<br />
1’000 m 2 de tentes commandés, on<br />
ne peut plus faire marche arrière.<br />
JNDG. En organisant un repas<br />
de soutien et des concerts, nous<br />
espérions pouvoir attirer un<br />
public supplémentaire pas forcement<br />
habitué à fréquenter les kermesses<br />
de bienfaisance.<br />
Parlez-nous des qualités<br />
du comité d’organisation<br />
MB. Elles sont tellement nombreuses<br />
qu’il est impossible de les<br />
énumérer et elles sont certainement<br />
le fruit de <strong>la</strong> diversité de ses<br />
membres. Âgés de 20 à 75 ans,<br />
bénévoles, col<strong>la</strong>borateurs de<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong>, mère de famille,<br />
architecte, assureur, entrepreneur,<br />
nous sommes tous mobilisés<br />
dans un seul objectif : faire des<br />
Journées <strong>Caritas</strong> un succès.<br />
JNDG. Il est certain que Marc<br />
et moi, n’aurions jamais accepté<br />
le challenge si nous n’avions été<br />
secondés par ce comité génial et<br />
ultra-motivant. Ils ont eu <strong>la</strong> gentillesse<br />
de ne pas exprimer de<br />
doutes lorsque nous leur avons<br />
présenté le nouveau concept. Ils<br />
ont simplement retroussé les<br />
manches et ont fourni un travail<br />
absolument formidable. Merci de<br />
nous donner ici <strong>la</strong> possibilité de<br />
les remercier chaleureusement.<br />
l’édition 2010 s’annonce encore<br />
plus colorée. vous l’avez rallongée<br />
d’un jour et le programme<br />
annonce un joli panel d’artistes.<br />
Finalement, cherchez-vous à<br />
vous détacher de <strong>la</strong> kermesse<br />
traditionnelle ?<br />
MB. Il ne s’agit pour moi pas<br />
d’un détachement d’une kermesse<br />
traditionnelle mais d’une<br />
évolution pour répondre aux<br />
attentes d’un public que nous<br />
souhaitons renouveler. En aucun<br />
cas nous ne renions ce qu’a été <strong>la</strong><br />
kermesse <strong>Caritas</strong>. Ses fondateurs<br />
ont pris des risques, nous n’avons<br />
fait que nous en inspirer… pour<br />
s’inscrire dans notre temps !<br />
JNDG. L’ajout d’un jour supplémentaire<br />
assure <strong>la</strong> conservation<br />
de l’esprit « kermesse » du samedi<br />
et du dimanche et permet l’organisation,<br />
jeudi soir, de <strong>la</strong> soirée de<br />
ga<strong>la</strong> et, vendredi, des concerts.<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P10<br />
Rencontre avec Marc Besson et jean-Noël de giuli, vice-présidents des journées caritas<br />
et membres du comité de caritas genève.<br />
<strong>EN</strong>TREPRISE DE CHAPES<br />
CHILLEMI & CIE SA<br />
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Justement, aujourd’hui, vous<br />
faites également partie du comité<br />
de <strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong>. quelles sont<br />
pour vous les priorités d’une institution<br />
sociale comme <strong>la</strong> nôtre ?<br />
MB. Les défis du comité <strong>Caritas</strong><br />
sont multiples en ce début de<br />
millénaire. Dans une société en<br />
pleine accélération et où les disparités<br />
se font grandissantes,<br />
nous devons nous assurer de <strong>la</strong><br />
pertinence de nos actions au sein<br />
de <strong>la</strong> cité, trouver des prestations<br />
innovantes et assurer <strong>la</strong> pérennité<br />
financière de notre institution.<br />
Autant d’objectifs qui ne<br />
sont pas toujours conciliables et<br />
pour lesquels <strong>la</strong> créativité, à nouveau,<br />
est essentielle.<br />
JNDG. Dans le domaine humanitaire,<br />
les causes à défendre sont<br />
innombrables. La force de <strong>Caritas</strong><br />
est d’œuvrer essentiellement sur<br />
le territoire qu’elle connaît le<br />
mieux, <strong>la</strong> proximité. C’est vraiment<br />
là qu’elle effectue l’essentiel<br />
de sa mission. Pour ce<strong>la</strong> elle doit<br />
pouvoir être solide financièrement<br />
et structurellement. C’est<br />
aussi le but de ces Journées : lui<br />
permettre d’avoir les moyens de<br />
ses ambitions. •<br />
Interviewés par Camille Kunz<br />
DEGAUD<strong>EN</strong>ZI & CIE<br />
M<strong>EN</strong>UISERIE<br />
Rue de Veyrier 12 – 1227 Carouge<br />
Téléphone 022 342 08 43
COOpérATION<br />
40 ans au service du développement :<br />
<strong>la</strong> célébration d'une nouvelle étape<br />
A l’heure où l’on célébrait<br />
le passage de <strong>la</strong> nouvelle année,<br />
notre service Tiers-Monde souff<strong>la</strong>it<br />
ses 40 bougies et changeait<br />
de nom pour devenir le Service<br />
Coopération au développement.<br />
En effet, <strong>la</strong> terminologie « Tiers-<br />
Monde », consacrée par Alfred<br />
Sauvy en 1952, a été progressivement<br />
remise en cause, notamment<br />
du fait qu’elle induit une attitude<br />
paternaliste et assistantialiste visà-vis<br />
des pays ainsi dénommés.<br />
La désignation « Coopération au<br />
développement », plus neutre et<br />
actuelle, reflète ainsi mieux notre<br />
philosophie : réfléchir et travailler<br />
ensemble avec nos partenaires du<br />
Sud, dans un esprit de partage et<br />
d’échange, au profit de leur mieux<br />
être collectif, ce qui implique un<br />
certain degré de confiance, de<br />
compréhension mutuelle et le<br />
respect des cultures et traditions<br />
locales.<br />
UNE NOUvEllE Straté-<br />
GIE POUr lES déFIS <strong>dE</strong><br />
<strong>la</strong> déC<strong>EN</strong>NIE à v<strong>EN</strong>Ir<br />
La perspective d’inscrire une<br />
décennie de plus à notre actif<br />
représentait aussi l’occasion de<br />
faire un bi<strong>la</strong>n, puis de se tourner<br />
vers l’avenir. Notre changement<br />
de nom a ainsi également coïncidé<br />
avec l’adoption de notre nouvelle<br />
stratégie pour <strong>la</strong> décennie à<br />
venir (2010-2019). Elle est l’aboutissement<br />
d’une réflexion appro-<br />
fondie concernant nos potentialités<br />
et nos limites, <strong>la</strong> définition<br />
des valeurs qui nous animent, de<br />
notre mission et de notre vision<br />
ainsi que le passage en revue des<br />
nombreux et importants défis<br />
auxquels sont confrontées les<br />
popu<strong>la</strong>tions du Sud.<br />
Pour commencer, les efforts<br />
entrepris pour accomplir les<br />
objectifs du millénaire afin de<br />
réduire <strong>la</strong> pauvreté de moitié<br />
d’ici 2015 (par rapport à 1990)<br />
n’ont pas répondu aux attentes,<br />
alors même que les pays en développement<br />
sont devenus plus<br />
vulnérables que jamais dans<br />
notre monde globalisé. La crise<br />
alimentaire de 2008, ensuite, due<br />
aux spécu<strong>la</strong>tions sur les productions<br />
agricoles et les matières<br />
premières, a provoqué une f<strong>la</strong>mbée<br />
des prix des aliments de base<br />
et des émeutes de <strong>la</strong> faim dans<br />
bon nombre de pays du Sud, révé<strong>la</strong>nt<br />
leur dépendance et leur fragilité<br />
face au système commercial<br />
international. La crise<br />
financière qui a éc<strong>la</strong>té <strong>la</strong> même<br />
année et qui a, par <strong>la</strong> suite, contaminé<br />
le reste de l’économie et<br />
frappé de plein fouet l’ensemble<br />
de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète, a provoqué des<br />
conséquences sociales et économiques<br />
désastreuses dans les<br />
pays économiquement faibles et<br />
vulnérables.<br />
Finalement, comme nous<br />
avons pu le constater à l’occasion<br />
du Sommet de Copenhague, l’environnement<br />
et le climat représentent<br />
également des défis p<strong>la</strong>nétaires<br />
majeurs. Les pays en<br />
développement sont également<br />
les premiers touchés par <strong>la</strong> dégradation<br />
des écosystèmes, du fait<br />
qu’ils subissent de fortes pressions<br />
pour l’exploitation intensives<br />
de leurs ressources naturelles,<br />
alors même que leurs<br />
popu<strong>la</strong>tions les plus pauvres en<br />
sont souvent directement dépendantes<br />
ou vivent dans des zones<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P11<br />
caritas genève soutient des projets de coopération dans les pays du Sud depuis le début<br />
des années 60. Les défis dans ce domaine restent nombreux.<br />
l’intégrité<br />
11<br />
N’accepter ni commissions,<br />
ni pots-de-vin, toujours agir<br />
dans le meilleur intérêt des<br />
clients et des partenaires,<br />
sans se <strong>la</strong>isser infl uencer…<br />
… telle est l’une des 12 valeurs clés du<br />
Code de conduite édicté par l’agence<br />
immobilière Besson, Dumont, De<strong>la</strong>unay & Cie SA,<br />
signé par le personnel et les fournisseurs.<br />
Une démarche unique dans <strong>la</strong> profession !<br />
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question, veuillez appeler Patricia Adler au<br />
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bd du Théâtre 5 . cp 5745 . 1211 <strong>Genève</strong> 11<br />
Les photographies de jay Louvion mettent en scène <strong>la</strong> manière dont l’eau, par<br />
sa présence ou son absence, rythme le p<strong>la</strong>teau dogon.<br />
menacées. Chaque catastrophe<br />
naturelle provoque des dép<strong>la</strong>cements<br />
de popu<strong>la</strong>tions, les rendant<br />
vulnérables, sujettes à <strong>la</strong><br />
pauvreté et dépendantes de l’aide<br />
internationale. La lutte contre les<br />
changements climatiques et <strong>la</strong><br />
préservation de l’environnement<br />
sont ainsi devenues, à juste titre,<br />
des hautes priorités de <strong>la</strong> coopération<br />
internationale.<br />
suite en page 12<br />
Honorez<br />
vos hôtes.<br />
Genecand traiteur sa<br />
55 av. de <strong>la</strong> Praille | 1227 Carouge | t. 022 329 31 96<br />
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PrèS <strong>dE</strong> 600 PrOJEtS<br />
FINaNCéS <strong>EN</strong> 40 aNS<br />
Comme on le voit, les défis auxquels<br />
sont actuellement confrontés<br />
les pays en développement sont<br />
immenses, et sont aussi les nôtres.<br />
Nous avons ainsi pris l’engagement,<br />
dans le cadre de notre<br />
nouvelle stratégie, de continuer à<br />
soutenir les popu<strong>la</strong>tions défavorisées<br />
du Sud durant <strong>la</strong> prochaine<br />
décennie. Pour rappel, en 40 ans,<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> a financé près de<br />
600 projets en leur faveur, dans<br />
des domaines aussi divers que le<br />
développement rural (amélioration<br />
des techniques agro-pastorales,<br />
transformation des produits,<br />
commercialisation), <strong>la</strong><br />
facilitation de l’accès à l’eau et à <strong>la</strong><br />
santé ainsi qu’à sa prévention,<br />
l’amélioration des conditions de<br />
sco<strong>la</strong>risation, <strong>la</strong> formation<br />
(notamment professionnalisante),<br />
le renforcement des acteurs<br />
locaux. Depuis 2007 aussi, nous<br />
avons pu, grâce à votre appui et à<br />
celui de quelques généreux grands<br />
donateurs, amplifier notablement<br />
notre appui, améliorer notre<br />
proximité avec nos partenaires<br />
locaux et soutenir des projets de<br />
plus grande envergure. Nous<br />
avons ainsi directement soutenu<br />
en 2009 une trentaine de projets<br />
pour plus de Frs. 500’000.-. Ces<br />
fonds n’étant pas inépuisables,<br />
nous avons besoin de votre soutien<br />
car notre travail ne peut évidemment<br />
pas se faire sans votre<br />
indispensable générosité.<br />
2010 : UNE aNNéE<br />
FEStIvE Et rIChE <strong>EN</strong><br />
évéNEM<strong>EN</strong>tS<br />
Aussi, pour fêter nos 40 ans,<br />
nous organiserons en 2010 différents<br />
événements afin de vous<br />
présenter notre travail et vous<br />
faire découvrir quelques uns de<br />
nos partenaires.<br />
En premier lieu, nous présenterons<br />
une exposition photos du<br />
pays Dogon au Mali et des différents<br />
barrages que nous y avons<br />
financés de 2007 à 2009 (lire l’interview<br />
ci-contre). Les revenus des<br />
ventes des photos seront reversés<br />
à des projets d’accès à l’eau que<br />
nous soutenons en Afrique. Nous<br />
vous invitons également le samedi<br />
27 mars, lors des Journées <strong>Caritas</strong>,<br />
à venir écouter gratuitement le<br />
groupe du musicien Baye Magatte.<br />
Issu d’une famille Griot bien<br />
connue du Sénégal, il a fait partie<br />
d’une troupe d’artistes plusieurs<br />
fois distinguée comme étant <strong>la</strong><br />
meilleure troupe traditionnelle<br />
du Sénégal. A l’occasion de ces<br />
Journées, venez aussi découvrir<br />
les produits équitables de notre<br />
magasin Cap Indigo et nous rencontrer<br />
à notre stand.<br />
En mai, nous vous proposerons<br />
un film, qui sera suivi d’un<br />
débat, sur <strong>la</strong> problématique du<br />
Sida touchant les popu<strong>la</strong>tions<br />
rurales africaines, ceci en présence<br />
des réalisateurs Belgo-Congo<strong>la</strong>is.<br />
D’autres conférences et débats<br />
thématiques seront également<br />
organisés avec nos partenaires<br />
locaux de passage, qui aborderont<br />
des problématiques concrètes du<br />
terrain. Pour finir, un événement<br />
surprise haut en couleur viendra<br />
couronner ces festivités. C’est<br />
donc un riche programme que<br />
nous vous proposons et qui, nous<br />
l’espérons, nous donnera l’occasion<br />
de nous retrouver à ces différents<br />
rendez-vous. N’hésitez pas à<br />
nous contacter à ce sujet ! •<br />
Caroline Nanzer et Niels bohr<br />
EXTERNAT CATHOLIQUE DES GLACIS<br />
Ecole enfantine et primaire<br />
Accueil des enfants de 2 à 12 ans<br />
2, rue Munier-Romilly – 1206 <strong>Genève</strong><br />
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<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P12<br />
dans le cadre de son voyage au Mali en 2009,<br />
le photographe Jay Louvion est parti sur le p<strong>la</strong>teau<br />
dogon et a réalisé une série de photos qui seront<br />
présentées lors d’une prochaine exposition.<br />
Interview<br />
Jay, tu es photographe depuis 16 ans. dans ton approche photographique,<br />
quelle est ta patte ? qu’essaies-tu de saisir dans tes photos ?<br />
Je me suis longtemps concentré sur <strong>la</strong> perfection technique, étant formé dans<br />
un studio de publicité. J’ai volontairement évité de m’exposer trop au travail<br />
d’autres photographes d’art et je pense que ce<strong>la</strong> m’a permis de construire<br />
mon style sans être influencé par un photographe en particulier. Mon parcours<br />
donne à mes images un cadrage très réfléchi et une construction forte. Je réalise<br />
depuis sept ans maintenant de plus en plus de portraits et <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre<br />
les gens, l’appareil photo et moi me fascine. C’est un étrange dialogue à trois.<br />
Le Mali, c’était ton premier voyage en Afrique. qu’est-ce qui t’as amené,<br />
toi photographe « commercial », à photographier des projets de barrages<br />
sur le p<strong>la</strong>teau dogon ?<br />
Tout d’abord, je vou<strong>la</strong>is y aller à cause de mon amour pour <strong>la</strong> musique malienne.<br />
Peu avant mon départ, lors d’une séance de portraits, Dominique Froideveaux,<br />
directeur de <strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong>, m’a donné le contact de votre partenaire<br />
sur p<strong>la</strong>ce, lequel m’a fait découvrir de manière privilégiée les projets que<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> a soutenu. Avoir un contact sur p<strong>la</strong>ce est primordial quand,<br />
comme moi, on veut rencontrer les gens sur p<strong>la</strong>ce et comprendre quelles sont<br />
leurs préoccupations quotidiennes.<br />
est-ce que ta rencontre avec l’Afrique t’as ouvert de nouvelles perspectives<br />
au niveau de <strong>la</strong> photo ?<br />
Avant tout, ce<strong>la</strong> a confirmé mon envie d’entrer dans le domaine de <strong>la</strong> photo<br />
d’art en abordant le thème de l’humain en re<strong>la</strong>tion à son environnement, et<br />
pas uniquement en Afrique, d’ailleurs… D’un point de vue personnel, ce<strong>la</strong> a<br />
modifié ma perception des gens, notamment au niveau des a priori. Ce<strong>la</strong> a<br />
certainement aussi affecté mes images, on parle de vases communicants.<br />
Cette première expérience m’a donc donné envie de continuer à col<strong>la</strong>borer<br />
avec <strong>Caritas</strong>.<br />
qu’espères-tu que les visiteurs curieux retiendront de tes images ?<br />
Je pense que c’est une sélection d’images composées de manière forte,<br />
mettant en scène l’incroyable beauté de cette région et des hommes qui <strong>la</strong><br />
peuplent, ainsi que <strong>la</strong> manière dont l’eau, par sa présence ou son absence,<br />
rythme le p<strong>la</strong>teau. Et loin d’être des images de reportage sur le vif, elles sont,<br />
selon moi, construites comme celles issues du monde de <strong>la</strong> communication.<br />
L’immobilier<br />
en mouvement<br />
Ethique<br />
Transparence<br />
Innovation<br />
Convivialité<br />
Compétences<br />
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éseAu<br />
<strong>Caritas</strong> Fribourg <strong>la</strong>nce <strong>la</strong> CarteCulture<br />
en Suisse romande<br />
Il est un fait avéré aujourd’hui :<br />
<strong>la</strong> plupart des activités de loisirs<br />
coûte cher. Le prix d’un<br />
billet de cinéma avoisine les 20<br />
francs, une journée de ski en<br />
famille grève passablement le<br />
porte-monnaie et l’inscription de<br />
son enfant à un cours de danse ou<br />
de musique nécessite un budget<br />
conséquent. Pour de nombreuses<br />
personnes financièrement défavorisées,<br />
cette cherté constitue un<br />
véritable obstacle. Et les chiffres<br />
l’attestent: parmi les habitants les<br />
plus aisés, quatre sur cinq participent<br />
à des manifestations culturelles<br />
c<strong>la</strong>ssiques; parmi les plus<br />
pauvres, seulement une personne<br />
sur deux.<br />
Pourtant, <strong>la</strong> participation à<br />
<strong>la</strong> vie communautaire ou à des<br />
activités de loisirs constitue un<br />
élément d’intégration sociale précieux.<br />
Prendre part à des activités<br />
culturelles ou de loisirs permet à<br />
chacun d’être en interaction avec<br />
l’autre, de mobiliser ses qualités<br />
propres et d’é<strong>la</strong>rgir sa connaissance.<br />
Ceci est d’autant plus vrai<br />
chez les enfants, ces moments-clé<br />
étant essentiels à leur développement<br />
social et personnel.<br />
UN aCCèS à PrIx rédUIt<br />
à dIvErSES aCtIvItéS<br />
CUltUrEllES<br />
Avec sa CarteCulture, <strong>Caritas</strong><br />
s’engage pour permettre aux personnes<br />
dont le revenu disponible<br />
est très bas de participer tout de<br />
même à <strong>la</strong> vie culturelle et sociale.<br />
L’idée de cette carte a été <strong>la</strong>ncée en<br />
1996 à Zurich par l’association IG<br />
Sozialhilfe. En 2003, <strong>Caritas</strong><br />
Zurich, en étroite col<strong>la</strong>boration<br />
avec <strong>la</strong> ville de Winterthur, a <strong>la</strong>ncé<br />
<strong>la</strong> CarteCulture dans cette ville.<br />
Puis les CarteCulture de Berne,<br />
Coire, Lucerne, Thoune et Bienne<br />
ont vu le jour.<br />
L’idée est simple. Sur présentation<br />
de cette carte, un rabais d’au<br />
moins 30% est accordé sur certaines<br />
offres dans les domaines de<br />
<strong>la</strong> culture, de <strong>la</strong> formation, du<br />
sport et de <strong>la</strong> santé. A ce jour, plus<br />
de 600 organisations privées et<br />
publiques acceptent déjà <strong>la</strong> CarteCulture<br />
au niveau national,<br />
garantissant ainsi à leur possesseur<br />
d’importants rabais sur leurs<br />
offres. Il s’agit d’un projet gagnant<br />
pour chacune des parties. Les personnes<br />
en difficulté financière ont<br />
accès à prix réduit à diverses activités<br />
de culture. De leur côté, les<br />
organismes qui proposent ces<br />
prestations augmentent leur taux<br />
de remplissage, valorisent leur<br />
image et soutiennent des personnes<br />
touchées par <strong>la</strong> pauvreté.<br />
A Fribourg, près d’une septantaine<br />
d’associations et d’entreprises<br />
ont accepté d’offrir des<br />
avantages aux détenteurs de <strong>la</strong><br />
CarteCulture. « L’offre est vraiment<br />
très <strong>la</strong>rge » se réjouit Petra<br />
Del Curto, directrice de <strong>Caritas</strong><br />
Fribourg. «Nous avons établi des<br />
partenariats avec des ludothèques,<br />
des clubs sportifs, des bibliothèques,<br />
des théâtres, des musées,<br />
etc. Des journaux ont même<br />
accepté d’offrir de substantiels<br />
rabais sur présentation de cette<br />
carte.». Mais qui a droit à cette<br />
“ La participation à des<br />
activités de loisirs constitue<br />
un élément d’intégration<br />
sociale précieux „<br />
carte ? « Elle est délivrée aux personnes<br />
disposant d’un revenu<br />
proche du minimum d’existence<br />
selon les normes établies par <strong>la</strong><br />
CSIAS ou bénéficiant de l’aide<br />
sociale publique. Et aussi à celles<br />
et ceux qui perçoivent des prestations<br />
complémentaires de l’AVS ou<br />
de l’AI » précise Petra Del Curto.<br />
Ce qui représente plusieurs milliers<br />
de personnes à Fribourg.<br />
G<strong>EN</strong>èvE PrOPOSE UN<br />
ChéqUIEr CUltUrE<br />
Peut-on prévoir l’arrivée prochaine<br />
de cette carte à <strong>Genève</strong> ?<br />
Pour Dominique Froidevaux,<br />
directeur de <strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong>, ce<strong>la</strong><br />
paraît peu probable pour le<br />
moment. « A <strong>Genève</strong>, il existe déjà<br />
le Chéquier culture pour les personnes<br />
à revenus modestes. Si son<br />
mode de fonctionnement n’est pas<br />
comparable à celui de <strong>la</strong> CarteCulture,<br />
son objectif est identique.<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P13<br />
depuis le 15 janvier, les personnes financièrement défavorisées de Fribourg et de<br />
sa région peuvent désormais profiter de <strong>la</strong> carteculture de caritas. de quoi s’agit-il?<br />
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Il convient donc de bien étudier <strong>la</strong><br />
question avec le Département de <strong>la</strong><br />
culture avant d’aller de l’avant ».<br />
Le Chéquier culture, composé de<br />
six chèques de 10 francs, permet<br />
de réduire de 10 ou 20 francs le<br />
prix de spectacles, concerts, expositions<br />
ou encore séances de<br />
cinéma dans un vaste réseau de<br />
partenaires culturels. Il est proposé<br />
aux personnes qui bénéficient<br />
du subside A, B ou H (100%)<br />
du Service de l’assurance ma<strong>la</strong>die,<br />
qui ne sont ni étudiantes, ni chômeuses,<br />
ni au bénéfice d’une rente<br />
AI et qui sont domiciliées en Ville<br />
de <strong>Genève</strong> ou dans une des 21<br />
communes partenaires. « En 2009,<br />
nous avons délivré 696 chéquiers<br />
et près de 1700 chèques ont été<br />
utilisés, principalement au CAC<br />
Voltaire, au Théâtre des Marionnettes,<br />
durant La Bâtie festival et<br />
pour le Grand Théâtre » nous<br />
explique Véronique Lombard,<br />
cheffe du service de <strong>la</strong> promotion<br />
culturelle de <strong>la</strong> Ville de <strong>Genève</strong>. Et<br />
de rappeler que ce service distribue<br />
également des invitations gratuites<br />
aux organismes sociaux, à<br />
l’attention de leurs bénéficiaires.<br />
Preuve que l’accès facilité à <strong>la</strong><br />
culture répond à une forte<br />
demande dans notre canton et que<br />
<strong>la</strong> CarteCulture, tout comme le<br />
chéquier de <strong>la</strong> Ville de <strong>Genève</strong>,<br />
sont socialement nécessaires. •<br />
Frédéric Monnerat<br />
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les rendez-vous à ne pas manquer<br />
ces prochaines semaines<br />
évéNEM<strong>EN</strong>tS<br />
Du 22 au 30 mars<br />
pâques à Cap indigo<br />
Notre magasin de commerce<br />
équitable célèbre Pâques à sa<br />
manière en proposant une exposition-vente<br />
de bougies à motifs<br />
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d’Afrique du Sud. Autre produitphare<br />
: des œufs de Pâques sculptés<br />
sur de <strong>la</strong> pierre à savon par<br />
des artisans sculpteurs de Kisii<br />
(Kenya). Dégustation de choco<strong>la</strong>t<br />
équitable le mardi 30 mars.<br />
Adresse : rue de Carouge 53<br />
Jeudi 25 mars<br />
repas de soutien<br />
<strong>Caritas</strong> a le p<strong>la</strong>isir de vous convier<br />
à son grand repas de soutien. Au<br />
programme de cette soirée: repas<br />
gourmand, spectacle comique de<br />
Jacky et Roger « Avec vous<br />
jusqu’au bout », tombo<strong>la</strong> prestige<br />
et convivialité.<br />
Prix par personne : CHF 150.-<br />
Inscription par tél. au<br />
022 708 04 54 / 74<br />
Du 26 au 28 mars<br />
Les Journées <strong>Caritas</strong> 2010<br />
Sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de Sardaigne à<br />
Carouge. Programme détaillé en<br />
page 16. Un rendez-vous à ne pas<br />
manquer !<br />
Jeudi 18 mars<br />
Vernissage à Best of – part i<br />
Dans le cadre de <strong>la</strong> Nuit des Bains,<br />
notre boutique Best Of propose<br />
le vernissage de l’exposition de<br />
Michele Tavaglione, dit Tava,<br />
« ...des faces à l’horizontalité ».<br />
Accueil de 18h à 21h.<br />
Adresse: rue des Bains 65<br />
Samedi 24 avril<br />
Journée d’action<br />
nationale de <strong>Caritas</strong><br />
Plusieurs actions seront organisées<br />
par les différentes <strong>Caritas</strong><br />
régionales. A <strong>Genève</strong>, <strong>Caritas</strong><br />
tiendra un stand dans les Rues<br />
Basses, pour y présenter sa Déc<strong>la</strong>ration<br />
« Pauvreté, faisons-<strong>la</strong> disparaître<br />
» et s’entretenir avec <strong>la</strong><br />
popu<strong>la</strong>tion.<br />
Jeudi 20 mai<br />
Vernissage à Best of – part ii<br />
Autre Nuit des Bains, autre vernissage!<br />
Cette fois, Best Of accueille<br />
les œuvres de Linda Henry et de<br />
son exposition « FUSIO ». Vernissage<br />
de 18h à 21h.<br />
Adresse: rue des Bains 65<br />
Vendredi 21 mai<br />
Comment le sida arrive au vil<strong>la</strong>ge<br />
Dans le cadre du 40ème anniversaire<br />
de notre service de Coopération<br />
au Développement, nous vous<br />
invitons à <strong>la</strong> projection du film<br />
« Comment le sida arrive au vil<strong>la</strong>ge<br />
», traitant de <strong>la</strong> problématique<br />
du sida en milieu rural africain.<br />
Ce film sera projeté en présence de<br />
leurs réalisateurs Belgo-Congo<strong>la</strong>is<br />
du Centre de Promotion de Santé<br />
de Kangu, notre partenaire au Bas<br />
Congo. La projection sera suivie<br />
d’un débat.<br />
Horaire : 18h30, entrée libre<br />
Lieu : Salle de Fonction-Cinéma,<br />
Maison des Arts du Grütli (rue du<br />
Général-Dufour 16)<br />
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mieux vivre <strong>la</strong> fin d’un proche<br />
Deux soirées de formation destinées<br />
à toute personne concernée<br />
par <strong>la</strong> fin de vie d’un proche.<br />
Dates : jeudis 15 et 22 avril 2010,<br />
de 18h30 à 21h<br />
Prix de <strong>la</strong> session : CHF 50.-,<br />
à régler sur p<strong>la</strong>ce<br />
Renseignements : Isabelle<br />
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et Elisabeth Zimmermann<br />
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rencontre pour personne en deuil<br />
Ce groupe de partage et d’accompagnement<br />
s’adresse principalement<br />
aux personnes qui<br />
vivent une période difficile lors<br />
de <strong>la</strong> perte d’un conjoint, d’un<br />
enfant ou d’un proche.<br />
Date: une fois par mois, de 17 h 30<br />
à 19 h 30<br />
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mardi 13 avril<br />
1/2 jour - CHF 40.observatoire<br />
de sauverny<br />
L’Espace fait aussi partie<br />
de <strong>la</strong> Nature.<br />
Jeudi 22 avril<br />
1 jour - CHF 90.-<br />
Le pa<strong>la</strong>is fédéral<br />
Visite guidée.<br />
Lèche-vitrine et repas à Berne.<br />
mardi 27 avril<br />
1/2 jour - CHF 40.-<br />
Les marais de sionnet<br />
Renaturalisation de <strong>la</strong> Seymaz.<br />
Environ 1,5 km de marche<br />
tranquille et à p<strong>la</strong>t.<br />
Jeudi 6 mai<br />
1 jour - CHF 90.-<br />
Le papiliorama<br />
Au cœur de <strong>la</strong> région des trois<br />
<strong>la</strong>cs. Promenade au bord du <strong>la</strong>c<br />
de Morat à Môtier.<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P14<br />
Renseignements : Isabelle Nielsen,<br />
tél. 022 708 04 47<br />
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Retrouvez les camps de vacances<br />
proposés par <strong>Caritas</strong> Jeunesse sur<br />
leur site internet www.caritasjeunesse.ch.<br />
Au programme pour<br />
les vacances de Pâques : Bormesles-Mimosa,<br />
Saint-Cergue, Evolène,<br />
Satigny.<br />
mardi 18 mai<br />
1 jour - CHF 90.aoste<br />
et son célèbre marché<br />
Via les tunnels du Mont-B<strong>la</strong>nc<br />
et du Grand-Saint-Bernard.<br />
Jeudi 3 juin<br />
1 jour - CHF 90.-<br />
Fête-Dieu à agaune<br />
Procession et apéritif avec <strong>la</strong><br />
popu<strong>la</strong>tion. Visite d’une cave<br />
à Saillon l’après-midi.<br />
mardi 15 juin<br />
1 jour - CHF 90.abbaye<br />
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Monument du 12ème au<br />
16 ème siècle, au coeur de <strong>la</strong><br />
République du Saugeais.<br />
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<strong>la</strong> Vue des Alpes.<br />
mardi 6 juillet<br />
1 jour - CHF 90.-<br />
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utilisés de 1401 à 1949.<br />
Informations complémentaires et inscriptions par tél. auprès<br />
de Marc Boymond (tél. 079 437 09 12). Programme complet sur<br />
simple demande.
OpINION<br />
le statut de travailleur<br />
pauvre assisté<br />
lorsqu’il étudie <strong>la</strong> pauvreté,<br />
<strong>la</strong> question essentielle que<br />
doit se poser le sociologue<br />
est simple : qu’est-ce qui fait qu’un<br />
pauvre dans une société donnée<br />
est pauvre et rien que pauvre ?<br />
Autrement dit, qu’est ce qui constitue<br />
le statut social de pauvre ? A<br />
partir de quel critère essentiel une<br />
personne devient pauvre aux yeux<br />
de tous ? Il revient à Georg Simmel,<br />
au début du 20 ème siècle,<br />
d’avoir répondu le premier, de<br />
façon c<strong>la</strong>ire et directe, à cette<br />
question même si d’autres avant<br />
lui avaient déjà esquissé une<br />
réponse 1 . Pour Simmel, c’est l’assistance<br />
qu’une personne reçoit<br />
publiquement de <strong>la</strong> collectivité<br />
qui détermine son statut de<br />
pauvre. Etre assisté est <strong>la</strong> marque<br />
identitaire de <strong>la</strong> condition du<br />
pauvre, le critère de son appartenance<br />
sociale à une strate spécifique<br />
de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Une strate<br />
qui est inévitablement dévalorisée<br />
puisque définie par sa dépendance<br />
à l’égard de toutes les autres.<br />
Tout au long du 20 ème siècle,<br />
cette définition de <strong>la</strong> pauvreté a pu<br />
être vérifiée empiriquement. Les<br />
assistés ont été avant tout les inactifs<br />
(handicapés, invalides, personnes<br />
âgées, familles monoparentales)<br />
mais aussi les chômeurs<br />
de longue durée et, de façon plus<br />
générale, les exclus du travail dont<br />
les droits aux assurances sociales<br />
n’étaient pas suffisants. A <strong>la</strong> fin du<br />
20ème siècle, <strong>la</strong> situation a rapidement<br />
évolué. Les organismes<br />
délivrant l’aide sociale et les associations<br />
caritatives ont constaté<br />
une forte croissance de demandes<br />
d’assistance émanant de sa<strong>la</strong>riés<br />
régulièrement embauchés. Ainsi,<br />
au tournant du siècle, à <strong>la</strong> figure<br />
traditionnelle de l’assisté sans<br />
emploi a été couramment associé,<br />
tant dans les faits que dans les<br />
représentations sociales et institutionnelles,<br />
<strong>la</strong> figure du travailleur<br />
pauvre assisté.<br />
En France, <strong>la</strong> transformation<br />
récente du revenu minimum d’insertion<br />
(RMI) en revenu de solidarité<br />
active (RSA) renforce cette<br />
représentation de <strong>la</strong> pauvreté.<br />
Cette nouvelle politique s’inscrit<br />
en effet dans une vaste reconfiguration<br />
du statut social de <strong>la</strong> pauvreté.<br />
Pour réduire le chômage de<br />
longue durée, dont de nombreux<br />
allocataires des minima sociaux<br />
sont victimes, on postule qu’il est<br />
souhaitable pour eux de pouvoir<br />
cumuler un petit revenu d’activité<br />
et une allocation d’assistance. On<br />
crée donc officiellement un nouveau<br />
statut : celui de travailleur<br />
pauvre assisté. Si l’on peut espérer<br />
que, pour certains, ce statut ne<br />
sera qu’un pis-aller temporaire<br />
avant d’accéder à un emploi stable<br />
non assisté, on peut déjà craindre<br />
que le RSA participe à un mode<br />
généralisé de mise au travail des<br />
plus pauvres dans les segments<br />
les plus dégradés du marché de<br />
l’emploi sans leur offrir de perspectives<br />
réelles de formation et<br />
de promotion, une sorte d’entrée<br />
dans ce qu’on appelle le précariat,<br />
un statut durable en deçà de<br />
l’emploi.<br />
Les sa<strong>la</strong>riés seront désormais<br />
divisés : à côté des sa<strong>la</strong>riés protégés<br />
par leur régime de cotisations<br />
sociales se trouveront en nombre<br />
croissant des sa<strong>la</strong>riés assistés par<br />
<strong>la</strong> solidarité nationale. A défaut<br />
de maintenir un régime sa<strong>la</strong>rial<br />
universel, on dualise ainsi le marché<br />
de l’emploi. Il est probable<br />
par ailleurs que cette dualisation<br />
introduise peu à peu une banalisation<br />
des emplois dégradants et peu<br />
qualifiés, d’autant qu’il apparaîtra<br />
moins légitime dans certains secteurs<br />
de l’économie de les faire disparaître<br />
et pour les allocataires du<br />
RSA de les refuser. Cette politique<br />
instaure ainsi un régime de sous<br />
sa<strong>la</strong>riat chronique. Aucune limitation<br />
de durée n’a été envisagée<br />
pour le versement du RSA. Il est<br />
désormais possible de faire carrière<br />
avec ce statut de travailleur pauvre<br />
assisté. On perd ainsi l’idée qu’il<br />
est possible de vivre dignement de<br />
son travail sans assistance.<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> | Le Journal | N°468 | Mars 2010 | P15<br />
Par Serge Paugam, directeur de recherche au cNRS et directeur d’études à l’EhESS. Il est l’auteur<br />
de plusieurs ouvrages qui ont fortement éc<strong>la</strong>iré le débat sur <strong>la</strong> pauvreté et <strong>la</strong> précarité.<br />
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On peut également s’interroger<br />
sur le statut des allocataires<br />
du RSA qui ne trouveront pas de<br />
travail. En effet, que deviendront<br />
tous les pauvres dont on connaît<br />
aujourd’hui, en raison d’un cumul<br />
de handicaps, les difficultés à<br />
s’insérer professionnellement ?<br />
Alors qu’ils pouvaient bénéficier<br />
dans le cadre du RMI d’un<br />
ensemble d’aides d’insertion, dans<br />
le domaine de <strong>la</strong> santé notamment,<br />
ne seront-ils pas davantage culpabilisés<br />
de ne pas pouvoir répondre<br />
aux incitations à <strong>la</strong> recherche d’un<br />
emploi ? L’insertion dans le cadre<br />
du RMI avait l’avantage d’être<br />
considérée comme multidimensionnelle,<br />
elle risque d’être réduite<br />
dans le RSA à <strong>la</strong> seule dimension<br />
professionnelle puisque l’objectif<br />
visé est d’inciter les allocataires<br />
à <strong>la</strong> reprise d’un travail. La distinction<br />
entre les allocataires du<br />
RSA « actifs » et les autres aboutira<br />
presque inévitablement à <strong>la</strong> dichotomie<br />
c<strong>la</strong>ssique entre des méritants<br />
et les non méritants, une sorte<br />
d’euphémisme de <strong>la</strong> séparation des<br />
bons et des mauvais pauvres dont<br />
on pensait pourtant au moment du<br />
vote de <strong>la</strong> loi sur le RMI qu’elle<br />
n’était plus acceptable au regard<br />
des valeurs républicaines. •<br />
1 Georg Simmel, Les pauvres,<br />
1ère édition en allemand 1907,<br />
Paris, PUF, coll. « Quadrige », 1998.<br />
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Les JOurNées CArITAs 2010<br />
Du 25 au 28 mars<br />
p<strong>la</strong>ce de sardaigne – Carouge<br />
Tous les deux ans, <strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong><br />
organise une grande manifestation tout<br />
public dont l’objectif est de se présenter<br />
à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et de récolter des fonds<br />
pour soutenir son action sociale en<br />
faveur des plus démunis. En 2008, <strong>Caritas</strong><br />
a créé <strong>la</strong> surprise en mettant sur pied<br />
un événement d’envergure sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce<br />
de Sardaigne : Les Journées <strong>Caritas</strong> !<br />
Pour l’institution, Les Journées<br />
<strong>Caritas</strong> sont un moyen efficace de faire<br />
parler de ses activités, car non seulement<br />
l’événement a été repris par <strong>la</strong><br />
majorité des médias en 2008, mais en<br />
plus, <strong>la</strong> diffusion positive du bouche à<br />
oreille fait encore écho, aujourd’hui, du<br />
succès de <strong>la</strong> première édition.<br />
Cette année, <strong>Caritas</strong> voit encore plus<br />
grand et prend encore plus de risques !<br />
Avec une programmation pointue et<br />
métissée, l’institution entend faire<br />
p<strong>la</strong>isir à tout le monde. Le vendredi<br />
repAs de sOuTIeN<br />
soir, conçu comme un mini-festival,<br />
affiche une soirée haute en couleur<br />
avec ALOAN, Girls in The Kitchen et<br />
une formation suisse-canadienne Axel<br />
Fisch Group. Le samedi, plus popu<strong>la</strong>ire<br />
avec le Kiosque à musique de <strong>la</strong><br />
RSR, les joyeux retraités, le sénéga<strong>la</strong>is<br />
Baye Magatte, Gospel Spirit et <strong>la</strong> formation<br />
country Dr. Watson band. Et pour<br />
n’oublier personne, le dimanche sera<br />
principalement consacré aux enfants<br />
avec Jacky Lagger et leur nouveau<br />
chouchou Gaëtan.<br />
Stands, restauration et animations<br />
durant tout le week-end. Le samedi et<br />
dimanche, nos stands seront ouverts<br />
non-stop. Et il y a en aura pour tous les<br />
goûts ! On y trouvera notamment des<br />
fleurs, des meubles de notre brocante <strong>la</strong><br />
Fouine, des livres, des articles issus du<br />
commerce équitable de notre magasin<br />
Cap Indigo, etc. Tout au long de <strong>la</strong> journée,<br />
on pourra déguster <strong>la</strong> traditionnelle<br />
raclette, des p<strong>la</strong>ts de <strong>la</strong> cuisine du<br />
monde et des pâtisseries. Mais surtout<br />
<strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> a le p<strong>la</strong>isir de vous convier à son repas de soutien<br />
le jeudi 25 mars 2010, organisé dans le cadre des journées<br />
<strong>Caritas</strong>. Au programme de cette belle soirée : repas gourmand,<br />
spectacle humoristique, tombo<strong>la</strong> prestige et convivialité.<br />
Les fonds récoltés à l’occasion de cette soirée seront intégralement<br />
reversés en faveur de l’action sociale de <strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong>.<br />
programme de <strong>la</strong> soirée<br />
19h Apéritif de bienvenue<br />
20h Repas<br />
21h30 « Avec vous jusqu’au bout », spectacle comique de Jacky et Roger<br />
23h Champagne en musique<br />
minuit Fin de soirée<br />
prix de <strong>la</strong> soirée : cHf 150.- par personne<br />
lieu : p<strong>la</strong>ce de Sardaigne (chapiteau chauffé)<br />
Pour s’inscrire : tél. 022 708 04 72 / 54<br />
des repas chauds servis à table par nos<br />
bénévoles à midi comme le soir. Sans<br />
oublier le dimanche et son grand<br />
Brunch familial. •<br />
Camille Kunz<br />
prOgrAMMe COMpLeT<br />
v<strong>EN</strong>drEdI 26 MarS<br />
18h Ouverture des portes<br />
19h Axel Fisch Group<br />
21h Girls in the Kitchen<br />
23h ALOAN<br />
SaMEdI 27 MarS<br />
10h Ouverture des portes<br />
11h Kiosque à Musiques<br />
de <strong>la</strong> radio suisse romande<br />
Présenté par Jean-Marc Richard<br />
14h Les joyeux retraités<br />
16h Baye Magatte (afro new music)<br />
18h Gospel Spirit<br />
21h Dr. Watson Band<br />
(country music)<br />
JAB 1200 <strong>Genève</strong> 2 / Prix de l’abonnement 12.– / Envois non distribués à retourner à : <strong>Caritas</strong> <strong>Genève</strong> – Case postale 75 – 1211 <strong>Genève</strong> 4<br />
dIMaNChE 28 MarS<br />
9h30 Ouverture des portes<br />
avec le cor des Alpes<br />
dès 10h Brunch Familial<br />
11h Jacky Lagger<br />
14h gaëtan<br />
16h Les joyeux retraités<br />
Stands, restauration et animations<br />
durant tout le week-end.<br />
Entrée libre le samedi et le dimanche.<br />
CHF 10.- le vendredi soir.