Mieux circuler aux Lilas - Les Lilas

PerspectivesClaire Acquart, l’envers du décorAux Lilas, dans un atelier immense, une poignée d’artisans construit des décors pour les plus grands théâtres.Rencontre avec Claire Acquart, peintre-décoratrice, également responsable de l’association Lilas en scène.« Je ne sais pas sourire, je suisune râleuse, moi ! », déclareClaire Acquart, 62 ans, à laphotographe qui veut lui faireprendre la pose. Elle éclateaussitôt de rire et se plie bien sûraux volontés de la photographe.Claire Acquart est franche,enthousiaste, une vraie personnalitéqui travaille aux Lilasdepuis treize ans. Passionnée dethéâtre, elle dirige avec son mari,Jean-Pierre Granier, les ateliersJipanco, fabuleuse caverne d’AliBaba de 2000 m 2 située rueChassagnolle où sont fabriquésdes décors de théâtre. Dans cecapharnaüm, entre sept etcinquante personnes s’affairent- serruriers, constructeurs,peintres, patineurs, dessinateurs- et fournissent de somptueuxdécors pour la Comédie-Française,le Théâtre du VieuxColombier, le Théâtre de l’Atelier,le Théâtre Antoine…Une enfance placéesous le signe duthéâtrePour Claire, tout commencedès l’enfance.Son père est AndréAcquart, célèbre scénographequi travailleavec Roger Blin ou JeanVilar. « Grâce à monpère, j’ai rencontré cesimmenses artistes, maisje ne voulais pas fairece métier, se souvientClaire. J’ai vécu toutemon enfance en Algérieet quand je suis arrivéeen France en 1962, celaa été très dur. Je neparlais pas vraimentfrançais et ma scolaritéa été pour le moinschaotique. Je me suisensuite orientée vers lemontage et j’ai travaillécomme assistante monteusependant unedizaine d’années. Maisil y a dans le cinéma unehiérarchie incroyable,difficilement supportable.Il n’y a qu’avecSerge Gainsbourg, quiétait, lui, très humain,que cela s’est bienpassé.» Mais le théâtreva bientôt la rattraper.Au début des années80, elle rencontre Jean-PierreGranier, ébéniste aux Monumentshistoriques. « Mon pèrel’a embauché pour faire unbureau en balsa que LaurentTerzieff devait porter. Il acontinué à construire desbureaux, le meuble d’à côté,le décor tout entier et nousavons créé notre société Jipanco.J’ai commencé à l’aider à la peintureet me suis découvert unevraie passion. Je ne suis pas uneartiste, je suis un artisan. Jesuis au service d’un artiste, d’unscénographe, et je donne naissanceà sa vision. Il faut en plusque mon décor soit pratique,lavable. L’artiste rêve et moi jetrouve des solutions. »Un lieu de créationet de partageEn plus des décors de théâtre,Jipanco s’occupe maintenantde muséographie. Ils sont doncresponsables de la scénographiedans le musée de la Marine,le musée de Guignol à Lyon, lacabane de l’expo Richard Princeà la BNF ou le Beaubourg itinérant…A force de voir passerdans ses locaux des créateurs etdes équipes de théâtre, ClaireAcquart a créé une association,« Lilas en scène ». « C’est uncentre d’échange et de création,prétexte à toutes les rencontres,à tous les échanges entre lesprofessionnels du théâtre et lesgens du quartier. Pour moi, lesvoisins sont très importants.Donc quand une troupe joueson spectacle, les voisins viennenty assister gratuitement, enmême temps que les professionnelssusceptibles d’acheter lespectacle. »Complètement possédée parson métier, Claire Acquarttravaille sept jours sur sept ethabite maintenant sur place.« Ma vie est ici ! Si la nuit je mepose une question sur undécor, je redescends. Mesenfants habitent également ici,ils sont en relation permanenteavec les gens qui travaillent ici,avec les artistes, comme moiavec mon père quand il recevaitJean Genet à la maison. Jepeux vous dire que je n’aijamais été aussi heureuse quedans cet atelier. »2 Infos Lilas