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L'évoLution des rôLes masCuLin et féminin au sein de La famiLLe

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L’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> rôlesmasculin <strong>et</strong> féminin<strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> la familleMarie-Agnès Barrère-M<strong>au</strong>rissonSociologue, chercheuse du CNRS <strong>au</strong> Centre d’Économie <strong>de</strong> la SorbonneTrès distincts dans les décennies d’après-guerre, les rôles masculins <strong>et</strong> féminins <strong>au</strong> <strong>sein</strong><strong>de</strong> la famille ont évolué vers plus d’indifférenciation. Inséparable <strong>de</strong> l’entrée massive <strong><strong>de</strong>s</strong>femmes sur le marché du travail à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1960, c<strong>et</strong>te tendance s’est traduite parun partage du temps entre travail rémunéré <strong>et</strong> famille plus équilibré pour les <strong>de</strong>ux sexes.Marie-Agnès Barrère-M<strong>au</strong>risson distingue trois pério<strong><strong>de</strong>s</strong> : tandis que les années 1960 <strong>et</strong>1970 sont encore dominées par un modèle <strong>de</strong> répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> rôles traditionnel – les femmestravaillent mais ont un emploi « d’appoint » –, les années 1980 sont caractérisées par le souci<strong>de</strong> rééquilibrer le partage <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> la famille <strong>et</strong> promouvoir l’égalité professionnelle,dans un contexte où les femmes sont davantage touchées par le développement<strong><strong>de</strong>s</strong> emplois « atypiques ». Depuis les années 1990, la diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> formes familiales <strong>et</strong>l’affirmation du statut <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong>de</strong> l’enfant ont contribué à une plus gran<strong>de</strong> indistinction<strong><strong>de</strong>s</strong> rôles, dont témoigne la reconnaissance progressive <strong>de</strong> l’homoparentalité.C. F.À l’heure où l’on évoque une plus gran<strong>de</strong> indistinction<strong><strong>de</strong>s</strong> rôles masculin <strong>et</strong> féminin – notamment à traversles nouvelles attributions <strong><strong>de</strong>s</strong> pères <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> mères –, oùl’on reconnaît les couples homosexuels <strong>et</strong> leur droit àêtre parents, où en est-on <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> réalitésen matière <strong>de</strong> rôles sexués, entre hommes <strong>et</strong> femmes ?<strong>La</strong> situation actuelle <strong>et</strong> son <strong>de</strong>venir renvoient àl’histoire récente <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes <strong>au</strong> <strong>sein</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> familles, en termes <strong>de</strong> couple <strong>et</strong> <strong>de</strong> procréation,ainsi que <strong>de</strong> rapport <strong>au</strong> travail.Trois âges <strong>de</strong> régulation sociale <strong>et</strong> familiale, <strong>au</strong>cours <strong><strong>de</strong>s</strong> trente <strong>de</strong>rnières années, perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> saisirles enjeux qui semblent se <strong><strong>de</strong>s</strong>siner à l’<strong>au</strong>be d’unephase « post-mo<strong>de</strong>rne » fondée sur une redéfinition<strong><strong>de</strong>s</strong> rôles <strong>de</strong> sexe mais <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> la parentalité <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>relations entre générations.Répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> rôles : hommes<strong>et</strong> femmes face à l’emploi <strong>et</strong> la familleHommes <strong>et</strong> femmes :un double rôle, professionnel <strong>et</strong> familialOn ne peut analyser séparément la place <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes dans les registres familial <strong>et</strong> professionnel.En eff<strong>et</strong>, il existe un lien indissoluble entre le travail<strong>et</strong> la famille, en d’<strong>au</strong>tres termes entre la sphère <strong>de</strong> laproduction <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> la reproduction. Elles sont <strong>de</strong> faitarticulées car toute action concernant l’une interagit surl’<strong>au</strong>tre <strong>et</strong> réciproquement. D’où une série permanented’adaptations respectives du fait <strong><strong>de</strong>s</strong> changementssoci<strong>au</strong>x incessants.C’est pourquoi la situation <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>femmes par rapport à l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> pôles (l’insertion professionnelle,par exemple) renvoie inévitablement àCahiers français N° 371 1


DOSSIER - L’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> rôles masculin <strong>et</strong> féminin <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> la familleDès 1965 s’était ouvert un bouleversement culturelen France, avec l’arrivée à l’âge adulte <strong>de</strong> la générationdu baby-boom. Les femmes, désormais plus nombreusessur le marché du travail, conquièrent leur indépendanceéconomique mais surtout leur indépendance i<strong>de</strong>ntitaire.D’ailleurs, dans les années suivantes, les réformes progressivesdu droit <strong>de</strong> la famille n’<strong>au</strong>ront plus pour cible que lamise en conformité <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes avec leur nouve<strong>au</strong>rôle. Les refontes <strong>de</strong> la réglementation sur le divorcesont tout <strong>au</strong>tant venues prendre en compte l’<strong>au</strong>gmentation<strong>de</strong> fait <strong><strong>de</strong>s</strong> séparations à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1970 quereconnaître l’égalité <strong><strong>de</strong>s</strong> droits entre hommes <strong>et</strong> femmes,la femme étant <strong>au</strong>paravant toujours considérée commejuridiquement mineure par rapport à son mari.Ainsi, avec le développement <strong>de</strong> l’activité féminine,c’est la structure même <strong>de</strong> la famille qui a été transformée.On est passé d’une famille <strong>de</strong> type patriarcal,où seul le chef <strong>de</strong> famille travaillait, à une famille oùles <strong>de</strong>ux membres du couple sont actifs, même si lafemme ne l’est pas <strong>au</strong>tant que le mari.Du côté <strong>de</strong> l’emploi, on peut formuler l’évolutionen disant que l’on est passé du travail féminin <strong>au</strong> travail<strong><strong>de</strong>s</strong> femmes. L’essor massif <strong>de</strong> l’intégration <strong><strong>de</strong>s</strong> femmessur le marché du travail oblige, en eff<strong>et</strong>, à repenser – <strong>et</strong>donc à renommer – le rapport <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes <strong>au</strong> travailprofessionnel. Si <strong>au</strong>paravant les femmes qui avaient uneactivité professionnelle étaient moins nombreuses, ellesl’exerçaient également <strong>de</strong> façon différente. Soient ellesétaient ouvrières, non qualifiées pour la plupart ; soitelles n’exerçaient leur activité que sous forme d’appointdans la famille, en complément ou en remplacement dusalaire du chef <strong>de</strong> famille, <strong>de</strong> façon souvent discontinue.Ainsi avait-on coutume <strong>de</strong> parler dans ces années-là <strong>de</strong>« travail féminin », comme s’il était spécifique par rapportà la norme du travail masculin traditionnel, assez souventouvrier, à temps plein <strong>et</strong> durable. Dès 1975, on parleradu « travail <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes », signifiant par là que ce sontles femmes en général qui ont changé <strong>de</strong> comportementen matière d’activité professionnelle.En ce sens, la pério<strong>de</strong> est marquée par le fait queles femmes sont sorties <strong>de</strong> la famille pour entrer sur lemarché du travail. Le développement du secteur tertiaireoffre <strong>au</strong>x femmes différents types d’emplois. D’uncôté <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois stables dans l’administration <strong>et</strong> dansle parapublic ; <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre, <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois plus flexibles,dans les commerces <strong>et</strong> les services.Le « féminisme » ou le développementdu travail à temps partiel fémininLes années 1980 correspon<strong>de</strong>nt à une transition dansles mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> vie <strong>et</strong> <strong>de</strong> travail. Les structures familialescontinuent <strong>de</strong> se transformer <strong>et</strong> le marché du travailcommence à se dégra<strong>de</strong>r <strong>de</strong> manière perceptible. Surles <strong>de</strong>ux plans, on peut parler <strong>de</strong> flexibilité.Table<strong>au</strong> 1. Hommes <strong>et</strong> femmes, famille <strong>et</strong> emploi, à l’âge du FamilialismeAnnées 1960-1970 Famille Régulation sociale Marché du travailÉvénements, mesures Réforme <strong><strong>de</strong>s</strong> régimes matrimoni<strong>au</strong>x(1965)FamilleDéveloppement du travail féminin(1965)Modèle dominantPartage du travailfamilialou professionnelentre hommes<strong>et</strong> femmes (a)Contraception, adoption, avortementRéforme du divorce (1975)Familles conjugales puis à <strong>de</strong>uxactifs non équivalentsHomme : 20 %Femme : 80 %FamilialismeConciliation travailfamille• en direction <strong><strong>de</strong>s</strong>femmes• « articulation »travail-famille• via les politiquesfamilialesChoc pétrolier, chômage <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes,prér<strong>et</strong>raites (1974)Développement <strong>de</strong> l’activité féminineTertiarisationHomme : 70 %Femme : 30 %(a) C<strong>et</strong> indicateur tient compte pour le travail familial du temps consacré <strong>au</strong>x activités domestiques <strong>et</strong> parentales, <strong>et</strong> pour l’activitéprofessionnelle du t<strong>au</strong>x d’activité <strong>et</strong> <strong>de</strong> la durée du travail.©M.-A.Barrère-M<strong>au</strong>risson, 2012.Calculs effectués à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> Enquêtes Emploi <strong>et</strong> Emploi du temps <strong>de</strong> l’INSEE.Source : D’après Barrère-M<strong>au</strong>risson M.-A. (2009). Version actualisée.Cahiers français N° 371 3


DOSSIER - L’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> rôles masculin <strong>et</strong> féminin <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> la familleDu côté <strong>de</strong> la famille, la progression du travail <strong><strong>de</strong>s</strong>femmes contribue à fixer un nouve<strong>au</strong> type <strong>de</strong> famille :les familles à <strong>de</strong>ux actifs équivalents (en 1970, 60 % <strong><strong>de</strong>s</strong>femmes mariées étaient professionnellement inactives ;à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1980 elles ne sont plus que 30 % àl’être). Dans le même temps, la législation atteste cestransformations, lorsqu’elle défend en 1983 l’égalitéprofessionnelle entre hommes <strong>et</strong> femmes <strong>et</strong> que se créeun ministère <strong><strong>de</strong>s</strong> Droits <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes.Ces évolutions vont dans le sens d’une plus gran<strong>de</strong><strong>au</strong>tonomie <strong><strong>de</strong>s</strong> individus dans la famille, <strong>et</strong> d’une reconnaissance<strong>de</strong> droits ég<strong>au</strong>x, rendant plus accessible lavie séparée. Les divorces se multiplient, témoignant <strong>de</strong>la difficulté à concilier désormais ce double rôle, à lamaison <strong>et</strong> <strong>au</strong> bure<strong>au</strong>, <strong>et</strong> facilités sans doute par une plusgran<strong>de</strong> <strong>au</strong>tonomie financière <strong>de</strong> chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires.Cela conduit à une multiplication <strong><strong>de</strong>s</strong> unités parentales.À côté <strong><strong>de</strong>s</strong> couples à <strong>de</strong>ux actifs, majoritaires, se développeune nouvelle forme familiale : la monoparentalité.Sur le marché du travail, outre l’introduction <strong>de</strong>la flexibilité, le principal phénomène concerne le raccourcissement<strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> la vie active à ses <strong>de</strong>uxextrémités. Ceci est dû <strong>au</strong>x eff<strong>et</strong>s durables <strong>de</strong> la criseéconomique, qui a engendré nombre <strong>de</strong> suppressionsd’emploi <strong>et</strong> mises en prér<strong>et</strong>raites du fait <strong><strong>de</strong>s</strong> restructurationsdu secteur industriel. Le chômage s’étend alorsà d’<strong>au</strong>tres catégories <strong>de</strong> main-d’œuvre, en particulierles jeunes, qui entrent plus tardivement sur le marchédu travail, ce qui contribue à réduire, par le bas c<strong>et</strong>tefois-ci, la durée <strong>de</strong> la vie active.Mais, tandis que le secteur tertiaire continue <strong>de</strong> créer<strong><strong>de</strong>s</strong> emplois <strong>et</strong> reste donc dynamique, on constate que,simultanément, la flexibilité se développe à travers lescontrats à durée déterminée (CDD), <strong>et</strong> les emplois àtemps partiel (plus spécifiquement <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés <strong>au</strong>x femmes)qui priment dans le domaine <strong><strong>de</strong>s</strong> nouve<strong>au</strong>x services.Le « parentalisme »,ou la vie « en CDD »Il y a, dans les décennies 1990 <strong>et</strong> 2000, un mouvementgénéral <strong>de</strong> parcellisation <strong>et</strong> <strong>de</strong> multiplication <strong><strong>de</strong>s</strong>temps, que ce soit dans la vie privée comme dans la vieprofessionnelle. « On est ainsi passé <strong>de</strong> parcours longs,durables, à vie, à <strong><strong>de</strong>s</strong> cheminements contractualisés,temporaires, momentanés » (Barrère-M<strong>au</strong>risson, 2009).Auparavant, la vie familiale était envisagée surle long terme, avec un couple unique pour la vie. Demême pour le travail : un emploi, une carrière. Travail<strong>et</strong> famille se déroulaient à travers <strong><strong>de</strong>s</strong> temps longs <strong>et</strong> lestrajectoires évoluaient <strong>de</strong> façon parallèle. Aujourd’hui,avec l’allongement <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> la vie <strong>et</strong> les conditionssocio-économiques, les parcours sont hachés,segmentés. On a plusieurs emplois <strong>et</strong> l’on forme souventplusieurs couples <strong>au</strong> cours d’une même vie. Les inser-Table<strong>au</strong> 2. Hommes <strong>et</strong> femmes, famille <strong>et</strong> emploi, à l’âge du FéminismeAnnées 1980 Famille Régulation sociale Marché du travailÉvénements, mesures Fin d’un siècle <strong>de</strong> famille conjugale(1982)Égalité professionnelleCréation du Ministère <strong><strong>de</strong>s</strong> Droits<strong><strong>de</strong>s</strong> FemmesAllocation parentale d’éducationFemme Tertiaire dynamique (1985)Chômage <strong>de</strong> longue duréeMesures JeunesCollectivités localesNouve<strong>au</strong>x services(APE) (1983)Modèle dominant Familles à <strong>de</strong>ux actifs actifséquivalentsFéminismeDéveloppement <strong>de</strong> l’activité féminineTertiarisationPartage du travail Homme : 30 %Conciliation travailfamilleHomme : 63 %familialou professionnelFemme : 70 %• pour les femmes dansFemme : 37 %entre hommes<strong>et</strong> femmes (a)l’emploi• « conciliation »travail-famille• via les politiquesd’emploi(a) voir note table<strong>au</strong> 1.©M.-A.Barrère-M<strong>au</strong>risson, 2012.Source : D’après Barrère-M<strong>au</strong>risson M.-A. (2009). Version actualisée.4Cahiers français N° 371


DOSSIER - L’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> rôles masculin <strong>et</strong> féminin <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> la famill<strong>et</strong>ions se vivent à moyen terme, <strong>de</strong> façon contractuelle.On ne parle plus <strong>de</strong> plein-emploi mais <strong>de</strong> pleine activité(on connaîtra différentes pério<strong><strong>de</strong>s</strong> avec <strong><strong>de</strong>s</strong> activitésvariées <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> sa vie). De même, avec la montéedu nombre <strong>de</strong> séparations conjugales <strong>et</strong> <strong>de</strong> divorces,on pourrait parler <strong>de</strong> « couples à durée déterminée ».Sur le marché du travail, on a assisté à une véritableenvolée <strong><strong>de</strong>s</strong> formes particulières d’emploi (FPE) <strong>et</strong> dutravail à temps partiel. Le travail à temps partiel, <strong>de</strong>fait, représentait déjà un emploi sur huit en 1990 ; dixans après, c’est un emploi sur six <strong>et</strong> même un emploisur trois pour les femmes. Si l’on inclut le travail àtemps partiel dans les formes particulières d’emploi,il en représente, à la fin <strong>de</strong> la décennie, les trois-quarts.L’ensemble FPE-temps partiel est ainsi passé, <strong>au</strong> cours<strong>de</strong> la pério<strong>de</strong>, d’environ 15 % (moins <strong>de</strong> un sur six) à24 % (presque un sur quatre) <strong>de</strong> l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois.« Quand près d’un emploi sur quatre est désormais hors<strong>de</strong> la norme du contrat à temps plein <strong>et</strong> durable, on peutparler <strong>de</strong> changement structurel <strong>de</strong> norme d’emploi »(Barrère-M<strong>au</strong>risson, 2009). Celle-ci <strong>de</strong>vient, pour unepart importante, temporaire <strong>et</strong> flexible.Du côté <strong>de</strong> la famille, le phénomène <strong>de</strong> doubleactivité dans les couples est acquis. <strong>La</strong> proportion<strong>de</strong> femmes actives âgées <strong>de</strong> 25 à 49 ans est, en eff<strong>et</strong>,passée <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 50 % en 1970 à 80 % en 2000, <strong>et</strong>84 % en 2010. Les mères elles-mêmes sont majoritairementactives : c’est le cas <strong>de</strong> près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mères<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux enfants sur trois, <strong>et</strong> <strong>de</strong> la moitié <strong><strong>de</strong>s</strong> mères<strong>de</strong> trois enfants ou plus.L’obj<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> politiques <strong>et</strong> du droit <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>vientl’enfant, seul repère désormais par rapport à une structurefamiliale <strong>de</strong>venue instable. L’enfant constitue alorsle ciment <strong>de</strong> la famille <strong>et</strong> il convient <strong>de</strong> garantir sonavenir <strong>et</strong> ses droits en dépit <strong><strong>de</strong>s</strong> aléas <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> sesparents. <strong>La</strong> réforme du Co<strong>de</strong> civil, en 1993, inscritedans la Loi sur l’<strong>au</strong>torité parentale conjointe relative<strong>au</strong>x enfants, marque officiellement c<strong>et</strong>te évolution. Elleassure ainsi à l’enfant <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong>et</strong> <strong>de</strong>voirs équivalents<strong>de</strong> la part <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux parents ; elle a été renforcéepar la loi <strong>de</strong> 2002 qui apporte <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments juridiquespour les familles recomposées à travers le principe <strong>de</strong>coparentalité. Les pères sont <strong>de</strong> fait <strong>de</strong> plus en plusprésents <strong>au</strong>près <strong>de</strong> leurs enfants, y compris après laséparation (le système <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> alternée est <strong>de</strong> plusen plus adopté par les parents).Car le mouvement d’éclatement, suite à la montéedu nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> divorces <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> séparations, se pour-Cahiers français N° 371 5


DOSSIER - L’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> rôles masculin <strong>et</strong> féminin <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> la famillesuit largement <strong>au</strong> cours <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux décennies : l’indiceconjoncturel <strong>de</strong> divortialité est passé <strong>de</strong> 12 % en 1970à plus <strong>de</strong> 45 % <strong>au</strong>jourd’hui (cf. graphique, p. 00).L’éclatement <strong><strong>de</strong>s</strong> formes traditionnelles <strong>de</strong> vie en famille<strong>de</strong>vient effectif. Les formes se multiplient <strong>et</strong> se complexifient: la famille <strong>de</strong>vient plurielle.D’un côté, on a assisté <strong>au</strong> cours <strong><strong>de</strong>s</strong> vingt <strong>de</strong>rnièresannées à une forte <strong>au</strong>gmentation <strong><strong>de</strong>s</strong> famillesmonoparentales (+ 21 % <strong>au</strong> cours <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1990),directement issues <strong>de</strong> séparations, où un parent élèveseul ses enfants prioritairement ou <strong>de</strong> façon alternative,qu’il soit père ou mère. En 2008, elles représentaient8 % <strong>de</strong> l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> ménages. D’un <strong>au</strong>tre côté,progressent également les familles recomposées aprèsséparation, qui mêlent quelquefois <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants issus<strong>de</strong> plusieurs unions ou en tout cas dissocient le lienparental <strong>et</strong> le lien conjugal. Enfin, on voit émerger lesfamilles homoparentales, formées <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux adultes dumême sexe <strong>et</strong> d’enfants, même s’il n’existe encore<strong>au</strong>cune reconnaissance juridique <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te réalité <strong>de</strong> fait.Table<strong>au</strong> 3. Hommes <strong>et</strong> femmes, famille <strong>et</strong> emploi, à l’âge du ParentalismeAnnées 1990-2000 Famille Régulation sociale Marché du travailÉvénements, mesures Emplois famili<strong>au</strong>x (1992)Autorité parentale conjointe (1993)PACS (1999)Congé <strong>de</strong> paternité (2001)Coparentalité (2002)Enfant(relation <strong>de</strong> parent)Emplois temporaires, TTP (a) (1993)Services <strong>au</strong>x entreprises (1996)RTT, 35 heures (1998-2002)Création du « temps parental », 2000<strong>La</strong>bel Egalité pour les entreprises(2004)Modèle dominantPartage du travailfamilialou professionnelentre hommes<strong>et</strong> femmes (b)(a) TTP : travail à temps partiel.(b) voir note table<strong>au</strong> 1.©M.-A.Barrère-M<strong>au</strong>risson, 2012.Prestation d’accueil du jeuneenfant (PAJE) (2004)Loi 2004 : simplification du divorceStatut <strong><strong>de</strong>s</strong> assistants maternels,plan p<strong>et</strong>ite enfance (2006)PACS (vs mariage) 200 000 en 2010Loi sur l’adoption (2012)Familles recomposées,monoparentalesReconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> familleshomoparentalesHomme : 33 % (soit 2/3)Femme : 67 % (soit 1/3)ParentalismeConciliation travailfamille• pour les hommes<strong>et</strong> les femmes• mesures<strong>de</strong> « parentalité »• politiquesd’entreprisesCréation du chèque emploi serviceuniversel (CESU) (2005)Loi sur l’égalité salariale (2006)Création <strong>de</strong> l’Observatoire <strong>de</strong> la parentalitéen entreprise (OPE) (2008)Charte Parentalité en Entreprise (2008)Loi Formation tout <strong>au</strong> long <strong>de</strong> la vie(2009)Loi Réforme <strong><strong>de</strong>s</strong> r<strong>et</strong>raites (2010)Journée <strong>de</strong> la Famille en entreprise(2010)Loi Sécurisation parcours profes.(2011)Quotas <strong>de</strong> femmes dans les CA (2011)Flexibilité strucurelleFlexi-sécuritéHomme : 60 %Femme : 40 %Source : D’après Barrère-M<strong>au</strong>risson M.-A. (2009). Version actualisée.6Cahiers français N° 371


DOSSIER - L’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> rôles masculin <strong>et</strong> féminin <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> la familleFace à <strong>de</strong> telles <strong><strong>de</strong>s</strong>tructurations-restructurations <strong>de</strong>la famille, on comprend bien comment le souci publicest progressivement <strong>de</strong>venu la protection <strong>de</strong> l’enfant,seul repère dans ce contexte, seule cible susceptible <strong>de</strong>faire l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> droits. En même temps, il y a là un renversementcompl<strong>et</strong> <strong>de</strong> la notion traditionnelle <strong>de</strong> famille.En eff<strong>et</strong> ce n’est plus le couple conjugal qui fon<strong>de</strong>la famille à travers la <strong><strong>de</strong>s</strong>cendance <strong>et</strong> la filiation ; c’estl’enfant qui, d’une certaine façon, définit la relation àson père d’un côté, à sa mère <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre. Les adultesne sont plus forcément parents ensemble (c’est-à-diresous le même toit) ; ils sont parents, à <strong>de</strong>ux, <strong>de</strong> façonbilatérale, d’un enfant commun. En ce sens on peutdire qu’avant si c’était le couple qui faisait la famille,désormais c’est l’enfant.À tel point que l’on peut y voir un nouvel ordresocial en <strong>de</strong>venir, ce que nous avons appelé le « parentalisme» (Barrère-M<strong>au</strong>risson, 2009).Si le « parentalisme » est en mesure <strong>de</strong> s’érigeren mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> régulation sociale, c’est <strong>au</strong>ssi parce qu’ilrend compte <strong><strong>de</strong>s</strong> évolutions familiales <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> rôlesrespectifs <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes. <strong>La</strong> plus gran<strong>de</strong>égalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> rôles <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> charges entre les <strong>de</strong>uxsexes en est un signe. Et les politiques ne peuventqu’accompagner la parité parentale <strong>et</strong> domestique,comme elles ont accompagné <strong>de</strong>rnièrement la paritéprofessionnelle par le développement <strong>de</strong> l’accueil àla p<strong>et</strong>ite enfance, <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong>x services domestiques.Ainsi ten<strong>de</strong>nt à se m<strong>et</strong>tre en place <strong>de</strong> plus en plus <strong><strong>de</strong>s</strong>convergences entre les différentes politiques (familiales,sociales, d’emploi, d’entreprise, d’égalité, <strong><strong>de</strong>s</strong>temps parent<strong>au</strong>x) <strong>au</strong>tour d’un nouve<strong>au</strong> consensus : lagarantie <strong>de</strong> la parentalité, expression <strong>de</strong> l’égalité entreles hommes <strong>et</strong> les femmes dans un souci <strong>de</strong> pérennité<strong>et</strong> d’équilibre social.Les nouvelles pratiques en matière<strong>de</strong> conjugalité, <strong>de</strong> fécondité<strong>et</strong> <strong>de</strong> parentalitéDe fait, les structures familiales traditionnelles,en particulier conjugales, ten<strong>de</strong>nt <strong>au</strong>jourd’hui à s<strong>et</strong>ransformer sous l’eff<strong>et</strong> d’une conjonction <strong>de</strong> facteurs.Principalement du fait <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>gmentation dunombre <strong><strong>de</strong>s</strong> séparations conjugales, mais <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong>l’amplification du phénomène <strong><strong>de</strong>s</strong> naissances horsmariage, ainsi que <strong>de</strong> l’accroissement continu dunombre <strong>de</strong> familles monoparentales <strong>et</strong> recomposées.Ces transformations induisent <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x rapportsfamili<strong>au</strong>x en matière <strong>de</strong> conjugalité, <strong>de</strong> parentalité<strong>et</strong> même <strong>de</strong> procréation.L’accès à la parentalité est maintenant possible dansplusieurs pays pour une nouvelle catégorie <strong>de</strong> couplesinféconds, les couples homosexuels. Ainsi, mais <strong>au</strong>ssien raison <strong>de</strong> la progression du nombre <strong>de</strong> famillesrecomposées <strong>et</strong> du rôle effectif joué par le be<strong>au</strong>-parent,la parentalité change <strong>de</strong> nature.Cela a d’abord été visible à travers la revendication<strong><strong>de</strong>s</strong> « nouve<strong>au</strong>x pères », ceux qui souhaitaient,souvent après une séparation conjugale, pouvoircontinuer d’exercer leur rôle <strong>de</strong> parent. Force est<strong>de</strong> constater que, <strong>de</strong> façon générale, les relationsentre les pères <strong>et</strong> leurs enfants ten<strong>de</strong>nt à changerdurablement ; pour preuve le succès rencontré enFrance dès 2002 <strong>et</strong> non démenti <strong>de</strong>puis, par le congé<strong>de</strong> paternité. Plus encore que la manifestation d’unerefonte <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements dans la famille (commel’atteste le développement du temps parental chezles pères), il est le signe <strong>de</strong> l’introduction d’unenouvelle « politique familiale dans l’entreprise » :la gestion du temps <strong>de</strong> travail <strong>au</strong> sens large, incluantà la fois le professionnel <strong>et</strong> le parental, <strong>et</strong> ceci nonplus seulement pour les femmes mais maintenantégalement pour les hommes. Désormais, le rôleparental <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes est en train <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> plusen plus visible <strong>et</strong> reconnu sur le lieu <strong>de</strong> travail.D’où l’idée que l’on pourrait aller vers un partageplus important dans la prise en charge <strong><strong>de</strong>s</strong> attributions,<strong>de</strong> la production <strong>et</strong> <strong>de</strong> la reproduction, à la fois parles femmes <strong>et</strong> par les hommes, dans une sorte <strong>de</strong>polyvalence <strong><strong>de</strong>s</strong> rôles. <strong>La</strong> reconnaissance progressive<strong>de</strong> l’homoparentalité va dans ce sens.Il y a lieu dès lors <strong>de</strong> distinguer une « parentalitébiologique » (le fait <strong>de</strong> procréer) <strong>et</strong> une « parentalitésociale » (être déclaré parent avec tout ce que cela suppose<strong>de</strong> droits <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>voirs inscrits dans un cadre juridique).Et c<strong>et</strong>te parentalité sociale est <strong>au</strong>jourd’hui proche <strong>de</strong><strong>de</strong>venir accessible à tous. Au point que le couple disparaît<strong>au</strong> profit <strong>de</strong> la parentalité. En eff<strong>et</strong>, ce n’est pas tant lareconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> couples homosexuels (à travers lePACS en France) qui apporte un changement décisif,que le fait <strong>de</strong> pouvoir fon<strong>de</strong>r une famille pour un couplehomosexuel, point sur lequel la législation françaisepourrait évoluer en 2013. Ainsi, la famille ne se fon<strong>de</strong> plussystématiquement sur la différenciation sexuelle entre lesCahiers français N° 371 7


DOSSIER - L’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> rôles masculin <strong>et</strong> féminin <strong>au</strong> <strong>sein</strong> <strong>de</strong> la familleindividus, <strong>et</strong> sa fonction première n’est plus tant la miseen couple que la parentalité ; ce qu’atteste également laforte proportion <strong><strong>de</strong>s</strong> naissances hors mariages (près <strong>de</strong>55 % en 2011), cf. graphique p. 00).Vers une forme post-mo<strong>de</strong>rne<strong>de</strong> répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> rôles :les relations intergénérationnellesEn raison <strong>de</strong> l’allongement <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> vie <strong>et</strong>du départ à la r<strong>et</strong>raite <strong><strong>de</strong>s</strong> classes d’âges nombreuses<strong><strong>de</strong>s</strong> baby-boomers, une nouvelle préoccupationémerge maintenant, reposant principalement sur lagénération <strong><strong>de</strong>s</strong> parents en âge <strong>de</strong> pleine activité :celle <strong>de</strong> la prise en charge <strong><strong>de</strong>s</strong> « aînés ». Il y a donclieu <strong>de</strong> réfléchir à la question <strong>de</strong> l’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong> seniorsqui vont être plus nombreux dans les prochainesannées (2) , pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons démographiques <strong>et</strong> en raison<strong>de</strong> l’allongement <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> vie active (notammentpour les femmes).Ainsi, les entreprises vont être plus souvent confrontéesà la question <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions d’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong> seniorsqui doivent assumer la charge, plus ou moins importante,<strong>de</strong> leurs propres parents âgés, quand ne s’ajoute pasla prise en charge, à <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>grés divers, <strong>de</strong> leurs p<strong>et</strong>itsenfants(3) . En témoigne pour les personnes actives <strong>de</strong>55-64 ans une charge importante <strong>de</strong> travail domestiqueréalisé pour <strong>au</strong>trui (4) .À notre sens, ceci constitue la question sociale àvenir, <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> la « grand-parentalité active », c’està-dire,selon notre acception, les seniors actifs qui ontà la fois la charge <strong>de</strong> leurs aînés (<strong>et</strong>/ou <strong>de</strong> personnesdépendantes) <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs p<strong>et</strong>its-enfants (5) . <strong>La</strong> société<strong>de</strong>vrait être confrontée à un nouve<strong>au</strong> défi pour garantirla sécurité malgré la flexibilité <strong><strong>de</strong>s</strong> structures, à traversla préservation du lien intergénérationnel ; comme dans(2) Les actifs <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 55 ans représentaient 8 % <strong>de</strong> lapopulation active en 1995, 13 % en 2010 <strong>et</strong> ils <strong>de</strong>vraient être 15 %en 2030, d’après l’INSEE.(3) En France, d’après l’enquête « Mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> - DREES2002 », parmi les enfants non gardés par leurs parents, 46 % le sontpar une assistante maternelle <strong>et</strong> 17 % par les grands-parents.(4) D’après l’enquête « Emploi du temps » <strong>de</strong> l’ INSEE <strong>de</strong> 1999,elles effectuent 3h30 <strong>de</strong> travail domestique par semaine pour lafamille élargie, contre 1h30 pour les 25-54 ans.(5) Cf. Centre d’analyse stratégique (2010), « <strong>La</strong> grandparentalitéactive », Paris, CAS, Note <strong>de</strong> veille n° 199.Cf. également Attias-Donfut C. (1995) (dir.), Les solidarités entregénérations. Vieillesse, famille, État, Paris, Armand Colin. Voirégalement, dans ce même numéro, l’article <strong>de</strong> Cl<strong>au</strong>dine Attias-Donfut p. 00.la pério<strong>de</strong> récente <strong>et</strong> actuelle où l’on tente <strong>de</strong> préserverle lien « parental » (lien entre un enfant <strong>et</strong> ses parents)conjointement dans la sphère privée <strong>et</strong> dans la sphèreprofessionnelle. Il y a bien là un triple enjeu <strong>de</strong> responsabilitésociétale : <strong>de</strong> conditions d’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong> seniors,mais <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> solidarité <strong>et</strong> d’égalité, <strong>et</strong> in fine <strong>de</strong> rapportsentre hommes <strong>et</strong> femmes sous une forme renouvelée<strong>au</strong> travers <strong>de</strong> la « conciliation intergénérationnelle » (6) .Ainsi, après les trois âges représentant trois mo<strong><strong>de</strong>s</strong><strong>de</strong> rapports hommes/femmes tels le « familialisme »(préservation <strong>de</strong> la famille comme objectif sociétal),le « féminisme » (préservation <strong>de</strong> la condition <strong><strong>de</strong>s</strong>femmes) <strong>et</strong> le « parentalisme » (préservation du lienentre l’enfant <strong>et</strong> ses parents), n’irait-on pas vers le« générationalisme » (7) , ou préservation <strong><strong>de</strong>s</strong> solidaritésentre générations ? En eff<strong>et</strong>, hommes <strong>et</strong> femmes doivent,à tout âge, se partager les responsabilités <strong>de</strong> production<strong>et</strong> reproduction, non seulement à l’échelle du couplemais à celui <strong><strong>de</strong>s</strong> relations intergénérationnelles (parents,enfants <strong>et</strong> p<strong>et</strong>its-enfants). L’équilibre <strong><strong>de</strong>s</strong> sexes <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>générations se joue alors tout <strong>au</strong> long <strong>de</strong> la vie.(6) Barrère-M<strong>au</strong>risson M.-A. (2012), « Actualité <strong>et</strong> pertinence<strong>de</strong> la relation travail-famille : les mutations d’un enjeu sociétal »,in Closon C. <strong>et</strong> Lourel M. (éds.), L’interface vie travail - vie privée.Questions en chantier, Paris, L’Harmattan, coll. « Psychologie dutravail ».(7)Ibi<strong>de</strong>m.Bibliographie● Barrère-M<strong>au</strong>risson M.-A. :- (1992), <strong>La</strong> division familiale dutravail, Paris, PUF ;- (2003), Travail, famille : le nouve<strong>au</strong>contrat, Paris, Gallimard ;- (2009), « Genèse <strong>et</strong> histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> régulationsen matière <strong>de</strong> conciliationtravail-famille », in Barrère-M<strong>au</strong>rissonM.-A. <strong>et</strong> Tremblay D.-G. (eds),Concilier travail <strong>et</strong> famille : le rôle<strong><strong>de</strong>s</strong> acteurs, Québec, PUQ.8Cahiers français N° 371

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