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Lettre observatoire21.indd - Académie Nationale de Pharmacie

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maladies psychiatriquesune approche neurobiologiqueLes principales maladies psychiatriques – schizophrénie, diversesformes d’autisme, troubles obsessionnels compulsifs – constituentà la fois <strong>de</strong>s sujets <strong>de</strong> recherche (avec encore <strong>de</strong> nombreusesinconnues), un défi thérapeutique et un problème <strong>de</strong> santépublique majeur puisqu’elles ont coûté 142,5 milliards d’euros en2010 en Europe, soit 18 % <strong>de</strong>s coûts liés aux maladies mentales etneurologiques. En effet, même si leurs prévalences, entre 0,5 et 1 %,sont relativement faibles, ce sont <strong>de</strong>s troubles qui s’expriment dès l’enfance oul’adolescence.un défi thérapeutiqueCoupe <strong>de</strong> cerveau humain,en coloration <strong>de</strong> Golgi,par Ramon Y CajalUne partie seulement <strong>de</strong>sneurones, moins <strong>de</strong> 10 %,est révélée par cette colorationargentiquela nouvelle dimension génétiqueOn sait que la schizophrénie se caractérise par trois groupes <strong>de</strong> symptômes :positifs (hallucination et délire) ; négatifs (apathie et retrait social) et cognitifs(troubles <strong>de</strong> la mémoire <strong>de</strong> travail et déficit attentionnel). Mais, leurorigine purement psychogène est aujourd’hui mise en cause. En effet, ons’oriente plutôt désormais vers une causalité génétique, avec l’i<strong>de</strong>ntificationd’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> gènes en relation pour la plupart avec le développementet la mise en place complète d’une population particulière <strong>de</strong> neurones, lesinterneurones inhibiteurs. Leur déficit anatomique, synaptique ou fonctionnel,se traduit par un déséquilibre entre excitation et inhibition au sein<strong>de</strong>s réseaux corticaux ou striataux.Des processus épigénétiquesParallèlement, l’expression <strong>de</strong> ces maladies résulte <strong>de</strong> processus épigénétiques.Il est démontré, en effet, que le délai d’expression <strong>de</strong>s symptômes au cours <strong>de</strong>l’enfance et <strong>de</strong> l’adolescence correspond à l’attente <strong>de</strong> la complète maturationcérébrale <strong>de</strong>s réseaux et <strong>de</strong> leurs synapses, pério<strong>de</strong> au cours <strong>de</strong> laquelle seproduisent <strong>de</strong>s interactions entre gènes <strong>de</strong> vulnérabilité et événements subisou vécus <strong>de</strong>puis la pério<strong>de</strong> prénatale. Ces composantes épigénétiques correspon<strong>de</strong>ntà <strong>de</strong>s atteintes prénatales, à un environnement post-natal marqué parl’exposition à <strong>de</strong>s stress psychosociaux, à l’alcool et au cannabis (qui, <strong>de</strong> ce point<strong>de</strong> vue, se distingue nettement parmi les drogues d’abus), et, si ces facteurs nesont ni nécessaires, ni suffisants pour provoquer le développement d’un étatschizophrénique, il y a consensus pour admettre qu’ils constituent un facteurd’accroissement du risque et <strong>de</strong> déclenchement chez un sujet porteur <strong>de</strong> gènes<strong>de</strong> vulnérabilité.monoxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone (CO)toxique et physiologique ?Au début <strong>de</strong>s années 1980, Robert FURCHGOTT, biochimiste et pharmacologueaméricain, Prix Nobel <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine 1998, met en évi<strong>de</strong>nce les capacités <strong>de</strong>médiateur chimique endogène du monoxy<strong>de</strong> d’azote (NO), un gaz aux propriétésphysiologiques et pharmacologiques majeures aux niveaux vasculaire, cérébral etgénito-urinaire. Depuis, plusieurs autres gaz endogènes, le plus souvent d’origineendothéliale, ont été caractérisés comme « gazotransmetteurs », dont a priori lemoins attendu d’entre eux, le monoxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone (CO).La toxicité du CO inhalé est liée à sa forte capacité à se combiner au ferferreux <strong>de</strong> l’hémoglobine <strong>de</strong>s globules rouges pour former la carboxyhémoglobinedont la létalité est reconnue pour <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> 15 à 20 %correspondant à <strong>de</strong>s concentrations millimolaires <strong>de</strong> CO au niveau <strong>de</strong>stissus. Toutefois, à côté <strong>de</strong> cet aspect toxique bien connu, le CO est aussiproduit en permanence chez les mammifères par décomposition enzymatique<strong>de</strong> l’hème <strong>de</strong> l’hémoglobine en CO et en biliverdine sous l’effet d’uneenzyme ubiquitaire, l’hème oxygénase (HO). Cette enzyme existe sous <strong>de</strong>uxisoformes – l’une dite « constitutive » car toujours présente dans l’organisme(HO-2), et l’autre dite « inductible » (HO-1) car générée uniquement audécours d’un stress inflammatoire. La biliverdine est ensuite dégradée auniveau du foie en bilirubine par une autre enzyme, la biliverdine réductase.Ce CO endogène est produit à <strong>de</strong>s concentrations cette fois mille fois plusfaibles que celles où il est toxique. Il interagit alors physiologiquement avec<strong>de</strong>s protéines tissulaires d’intérêt majeur comme la guanylate-cyclase dumuscle lisse vasculaire, la NADPH-oxydase et surtout la cytochrome c-oxydasemitochondriale, trois protéines possédant une structure héminique comparableà celle <strong>de</strong> l’hémoglobine. La biliverdine, la bilirubine et le CO généréspar activation <strong>de</strong> HO-1 lors d’un stress oxydant ou d’un stress inflammatoireDe nouvelles pistes thérapeutiques s’imposentLes traitements actuels, instaurés il y a une cinquantaine d’années,limités aux antipsychotiques typiques puis atypiques, agissant sur lestransmissions dopaminergiques, se révèlent certes remarquablementefficaces pour réduire hallucinations et délires mais restent sans effetet peuvent même aggraver apathie, retrait social et troubles cognitifs.Les nouvelles recherches <strong>de</strong>vraient tenir compte <strong>de</strong>s bases physiopathologiquesdécouvertes récemment, afin <strong>de</strong> réduire l’effet <strong>de</strong>s facteursdéclenchants, peut-être plus particulièrement du cannabis, et <strong>de</strong> corrigerle déséquilibre entre excitation-inhibition au niveau <strong>de</strong>s circuits corticaux.Il faudra aussi progresser dans l’emploi conjoint <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> psychothérapiescomportementales et cognitives.http://www.acadpharm.org/dos_public/Article_Feger_Naurobio_Psy_Version_longue_finale.pdfJean FEGERsont tous <strong>de</strong> puissants agents anti-oxydants et <strong>de</strong>s protecteurs directs <strong>de</strong>scellules musculaires lisses <strong>de</strong>s vaisseaux et <strong>de</strong>s cellules cardiaques. Le COest aussi un activateur direct et puissant du facteur <strong>de</strong> transcription Nrf2,un régulateur positif <strong>de</strong> HO-1 et <strong>de</strong>s principaux gènes d’agents anti-oxydantset anti-inflammatoires endogènes aux effets « cardio et vasculo-protecteurs ».La curcumine issue <strong>de</strong> notre traditionnel cumin est un puissant activateur<strong>de</strong> Nrf2 capable par conséquent <strong>de</strong> stimuler la production <strong>de</strong> CO endogène.La mise en évi<strong>de</strong>nce au laboratoire <strong>de</strong>s effets physiologiques du CO endogènenécessite <strong>de</strong> pouvoir s’affranchir <strong>de</strong> sa très gran<strong>de</strong> affinité pour l’hémoglobine.Cette difficulté a été vaincue par les chimistes en synthétisant lesCORMs (« CO Releasing Molecules ») capables <strong>de</strong> libérer du CO au niveau <strong>de</strong>ssystèmes biologiques à <strong>de</strong> très faibles concentrations et <strong>de</strong> façon parfaitementquantifiable et ciblée. Chimiquement, on en distingue <strong>de</strong>ux classes :les dérivés carbonylés auxquels le CO est lié à différents métaux <strong>de</strong> transition(fer, ruthénium, manganèse) et les boranocarbonates qui libèrent spontanémentdu CO. L’une d’elles, le CORM-3, soluble dans l’eau, libère rapi<strong>de</strong>mentdu CO dans les conditions physiologiques normales et induit une relaxationvasculaire proportionnelle à sa concentration. Chez l’animal, CORM-3 estanti-hypertenseur, diminue la taille <strong>de</strong> l’infarctus et réduit les rejets d’allogreffescardiaques. C’est actuellement le chef <strong>de</strong> file <strong>de</strong>s CORMs. Toutefois,seul l’effet relaxant vasculaire est réellement commun au NO et auCO ; les effets anti-inflammatoires et anti-oxydants sont beaucoupplus spécifiques du CO libéré par les CORMs et résultenten gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’activation <strong>de</strong> Nrf2. Ces propriétés sontdonc potentiellement exploitables comme nouvelle stratégiepharmacologique afin <strong>de</strong> lutter contre le stress inflammatoirequi caractérise <strong>de</strong>s maladies comme l’athérosclérose ou le diabète.Alain BERDEAUXet Roberto MOTTERLINI (INSERM U 955)http://www.acadpharm.org/dos_public/Article_Ber<strong>de</strong>aux_CO_CORMs_et_Observatoire_ANP.pdf


carnetNouveaux élusMembres titulairesJean-Michel GUILLON (2 e section) 04.04.2012Martine LARGERON (1 re section) 06.06.2012Joseph HENNY (3 e section) 06.06.2012Membres CORRESPONDANTS NATIONAUXÉric POSTAIRE (1 re section) 06.06.2012Juergen SIEPMANN (2 e section) 06.06.2012Anne-Françoise KUHN (3 e section) 06.06.2012Pascale PANETIER (3 e section) 06.06.2012Fabienne BLANCHET (5 e section) 06.06.2012Muriel DAHAN (5 e section) 06.06.2012CORRESPONDANTS À TITRE EUROPÉENClaus Michael LEHR (Allemagne) 06.06.2012DécèsT. Tatsuno (Correspondantà titre étranger - Japon) 19.02.2012Jacques STORCK (3 e section) 25.03.2012André Moës (Correspondanteuropéen - Belgique) 30.04.2012Yves COHEN (2 e section) 27.04.2012DistinctionsOrdre NATIONAL <strong>de</strong> la Légion d’honneur• Charles ADVENIER et Patrick PELLERIN sontnommés chevaliers• Yvon LE MAHO et Jean OUSTRIN sont promus augra<strong>de</strong> d’officierOrdre NATIONAL DU MÉRITE• Anne ROUBAN est promue au gra<strong>de</strong> d’officierOrdre NATIONAL DU MÉRITE agricole• Patrick PELLERIN est promu au gra<strong>de</strong> d’officierOrdre <strong>de</strong>s palmes académiques• Alain SAINT-PIERRE est nommé chevalierÉlectionAlain ASTIER élu membre du comité directeur<strong>de</strong> l’European Cancer Organisation (ECCO)Nomination• Marie-Danièle CAMPION : Recteur <strong>de</strong> l’Académie<strong>de</strong> Clermont-Ferrand• Michel BRAZIER élu Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong>Picardie Jules Verne le 15 mai 2012agenda4 e trimestre 2012• 19 septembre : séance <strong>de</strong> rentrée • 3 octobre :séance délocalisée à Chatenay Malabry • 17 octobre :séance thématique - « La vaccination : un acteindividuel <strong>de</strong> prévention pour un bénéficecollectif » • 7 novembre : conférence Hygia et« Actualités thérapeutiques » • 21 novembre :séance interacadémique - « Résistance auxantibiotiques : une impasse thérapeutique ?Implications nationales et internationales » • 5décembre : séance et Assemblée générale • 19décembre : séance solennelle3 questions à François ChastHerboriste : une nouvelle profession<strong>de</strong> santé ?1. Les plantes sont au cœur <strong>de</strong> la thérapeutique, mais vous refusez <strong>de</strong> reconnaîtrel’herboristerie...Les plantes sont toujours effectivement une source majeure <strong>de</strong> médicaments, mais, à l’état « brut »,naturel, les plantes ne soignent pas. On aurait beau ingérer en quantité <strong>de</strong> l’écorce <strong>de</strong> quinquina, ou unecolonie <strong>de</strong> Penicillium, la maladie subsisterait. C’est seulement l’extraction <strong>de</strong>s principes actifs (la quinineou la pénicilline) qu’elles contiennent et leur mise en forme pharmaceutique, avec un dosage précis etune surveillance rigoureuse <strong>de</strong> leurs effets, qui confèrent aux plantes leur valeur thérapeutique. C’estpourquoi la phytothérapie, qui ne fait que remettre au goût du jour <strong>de</strong>s remè<strong>de</strong>s <strong>de</strong> grand-mère, sansla moindre qualification scientifique, est d’autant plus suspecte qu’elle joue sur une appellation pouvantprêter à confusion.2. Vous dénoncez même <strong>de</strong>s risques pour la santé…Les plantes ne sont pas sans danger. Il n’est pas rare que les urgentistes nous rapportent les méfaits <strong>de</strong>leur ingestion souvent acci<strong>de</strong>ntelle. On sait aussi que certaines plantes sont « infréquentables », comme lepavot d’où est issue l’héroïne, ou la coca qui donne la cocaïne et le cannabis. Surtout, l’idée selon laquelleles plantes pourraient guérir « en douceur » n’a aucun fon<strong>de</strong>ment scientifique et peut même s’avérercriminelle car la « Nature » est parfois une fausse amie... Les plantes donnent aussi lieu à un marchélucratif, d’autant plus sujet aux falsifications et contrefaçons. Les risques <strong>de</strong> contaminations bactériennesou parasitaires et les effets secondaires du fait <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> métaux lourds, <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>conservateurs interdits, sont graves et permanents. Il faut au contraire réhabiliter la chimie ; c’est grâceà elle que les plantes sont toujours une source majeure <strong>de</strong> médicaments, même les plus innovants, parexemple en cancérologie.3. Les professionnels d’hygiène <strong>de</strong> vie existent donc déjà, ce sont les pharmaciens...Les plantes constituent une ressource trop importante en variété et trop imprécise par nature pour laissern’importe qui conseiller n’importe quoi. Les amateurs éclairés et les marchands d’espoir qui surfentaujourd’hui sur la vague du « naturel » pour en faire <strong>de</strong>s médicaments au rabais, sont dangereux pour lasécurité et la santé publiques. Les plantes doivent suivre le même circuit sécurisé et être soumises auxmêmes critères <strong>de</strong> qualité que les médicaments. L’intérêt grandissant pour les mé<strong>de</strong>cines dites « alternatives» et le souci <strong>de</strong> dynamiser la filière agricole <strong>de</strong>s plantes ne saurait justifier le risque d’officialiser <strong>de</strong>spratiques risquées en matière <strong>de</strong> santé. Pour l’Académie nationale <strong>de</strong> <strong>Pharmacie</strong>, la proposition <strong>de</strong> loiprésentée au Sénat pour créer un diplôme et organiser la profession d’herboriste est inutile et dangereuse.C’est la raison pour laquelle la profession doit donner <strong>de</strong>s réponses claires et fermes au Parlement.Dans le contexte et à partir <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s éléments qui ont donné lieu à cette initiative, l’Académle nationale<strong>de</strong> <strong>Pharmacie</strong> réfute la légitimité <strong>de</strong> cette nouvelle profession, dite « <strong>de</strong> bien-être », accompagnéed’un monopole qu’il sera difficile <strong>de</strong> situer au regard <strong>de</strong>s professions <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> justifier au plan nationalet européen. De plus, sa viabilité économique est finalement très incertaine et l’Académie rappelle quela filière pharmaceutique répond actuellement aux exigences <strong>de</strong> sécurité sanitaire en ce qui concerne lesplantes médicinales. Elle accepte volontiers <strong>de</strong> participer à une meilleure i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s besoins en lamatière mais réfute l’idée que l’herboristerie puisse s’inscrire dans un projet <strong>de</strong> santé publique.Propos recueillis par Nicole PRIOLLAUDhttp://www.acadpharm.org/dos_public/Article_F._Chast_APF_n-70_2012.pdf« Botanique, les familles <strong>de</strong> plantes » par Frédéric DUPONTet Jean-Louis GUIGNARD. Elsevier Masson, Paris15 e édition tenant compte <strong>de</strong>s récents apports <strong>de</strong> la biologie moléculaireà l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’évolution et, notamment, <strong>de</strong> l’analyse cladistique<strong>de</strong>s séquences d’ADN nucléaire, chloroplastique ou ribosomial.« Si la Boldoflorine nous était contée... » par Michel Paris,Patrice Lahaye, Carol Fouché.Les plantes dans la pharmacie,à travers l’histoire <strong>de</strong> la célèbretisane laxative et digestiveet d’une gran<strong>de</strong> entreprisefamiliale, celle <strong>de</strong>s Fouché,à Houdan, dans les Yvelines.Directeur <strong>de</strong> la rédaction : Agnès Artiges - Rédacteur en chef : Marie-Christine Belleville - Conception et Réalisation : Nicole Priollaud - Création graphique : Pastel Créations - Réalisation : Evelyne Simonin -Impression : Graphival - PEFC/10-31-1138 FCBA/07-00835 – Document imprimé sur du papier PEFC participant à la gestion durable <strong>de</strong>s forêts - ISSN : 1955-8694 - Dépôt légal : juin 2012

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