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MAG - Boulogne - Billancourt

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9R ENCONTREPOUR RÉUSSIR, SOYEZ- VOUS MÊMES !8AVEC NOTAMMENT JEAN DE FLORETTE,MANON DES SOURCES, TOUS LESMATINS DU MONDE OU ENCOREPLUS RÉCEMMENT LE DEUXIÈMESOUFFLE D’ALAIN CORNEAU, YVESANGELO FUT DIRECTEUR DE LAPHOTO SUR PRÈS DE VINGTGRANDS FILMS FRANÇAIS. SONTALENT FUT AUSSI RÉCOMPENSÉPAR TROIS “CÉSAR”. ÉGALEMENTRÉALISATEUR DE SIX FILMS DONTLE COLONEL CHABERT ET LESÂMES GRISES, YVES ANGELOPRÉSIDE CETTE ANNÉE LE JURYDU FESTIVAL PREMIER REGARD,L’OCCASION D’UNE BELLERENCONTRE AVEC UN HOM-ME DONT LA SIMPLICITÉCONFÈRE LE TALENT ET DONTLA PASSION DU CINÉMARIME AVEC L’AMOUR DESAUTRES…YVES ANGELO, PRÉSIDENT DU JURY DU FESTIVAL 1 ER REGARD 2008Pascal FOURNIER : Que symbolise pour vousla présidence du Festival 1 er Regard et quelsvœux formulez-vous pour cette édition 2008 ?Yves ANGELO : Cette présidence symbolisel’expression d’un plaisir avant tout. Au coursd’une carrière, il est important sur un plan personnelde pouvoir aider les autres, de participerau développement des jeunes, de pouvoir leurdonner des conseils, s’ils veulent bien les accepter.J’éprouve également un grand plaisir à découvrirleur travail et à me laisser surprendre. Chacund’entre nous, qu’il soit professionnel ou non,reconnu ou en passe de l’être, demeure un éternelspectateur et prend plaisir à le rester. Quelque soit le festival et aussi renommé soit-il, cen’est pas la fonction qui compte mais le désir departiciper à une aventure vivante, intéressante etconstructive, faite de rencontres et de coups decœur. Le Festival 1 er Regard est un formidabletremplin pour tous ces jeunes, un premier point dedépart dans cette carrière qu’ils ont choisi.P.F. : D’une certaine manière, le court-métrage estau cinéma ce que la nouvelle est à la littérature,quelle devrait être selon vous sa place dans laproduction et la diffusion actuelle, comment mieuxle promouvoir ?Y. A. : Cette comparaison est juste en apparence,mais un film n’est pas un livre, il se construit totalementdifféremment. Il y a 30 ans, la raison d’être ducourt-métrage était fondamentale. Certes il avaitdéjà moins d’éclat et appartenait à d’autrescircuits que le long-métrage mais il enconstituait les racines. Aujourd’hui l’argentest roi et l’aspect tremplin est plus difficile àvaloriser. Quelle que soit sa durée, il faut selivrer à un véritable parcours du combattantpour financer un film. Sauf quand on sertau public ce qu’il veut, des films bien formatésselon ses goûts et n’obéissantqu’aux lois du box-office. Tout est unequestion de volonté et de vision de notreart et un art qui ne favorise pas les futursentrepreneurs est un art en déclin. Il faudraitune réelle politique de subvention ycompris pour les diffuseurs, il faudraitencore et toujours aider les jeunes às’épanouir grâce à la stimulation deleur personnalité artistique. Plutôt queleur imposer la manière dont on voudraitqu’ils soient, aidons-les à se révélertels qu’ils sont, tant par leur créativitéque par la maîtrise des techniques.Nous sommes dans un marchéoù la demande est plus importanteque l’offre. La motivation des jeunesdiplômés repose sur le fait de trouverdu travail plus que sur une véritabledémarche artistique certes plus difficile.Ils se tournent alors vers la publicitéet la télévision qui offrent desdébouchés plus rapides. Quant àl’opportunité de continuer à réaliser des courtsmétrages, cela n’intéresse pas grand monde.Seules certaines initiatives individuelles permettentà ce format de perdurer. À part dans certainsfestivals, le grand public n’y a plus accès,même la profession l’a laissé tomber. Avant,lors d’une séance de cinéma, le courtmétrageconstituait une mise en bouche,aujourd’hui, il est remplacé par des publicités.P.F : Enseignant à l’École Louis Lumière, ledevoir de transmission semble être pour vousfondamental, quels conseils donneriez-vousaux jeunes qui souhaitent se lancer dans lacarrière cinématographique, que ce soit d’uncôté ou de l’autre de la caméra ?Y. A. : Oui la transmission est pour moi essentielle.J’ai été le premier à en bénéficier et il est logiqueque je m’inscrive dans cette continuité. Je permetsainsi aux étudiants de profiter de monexpérience et d’un autre regard sur nos métiersque celui de leurs professeurs. Mais cette transmissionse fait surtout par la manière de lesaccompagner et d’appréhender le métier. À eux,à partir de là de se construire. C’est pourquoi,je ne puis donner de conseil type, tout dépendde la personnalité et de la sensibilité de chacun.Quatre conseils cependant !Premièrement, ne pas resterenfermer dans le cinéma etélargir son champ d’investigationartistique en allant à ladécouverte de toutes les formesd’expression de la pensée: la littérature, le théâtre, lapeinture, etc.Deuxièmement, bien comprendre que lecinéma est plus un métier de personnalité quede savoir. La maîtrise des techniques s’apprendrelativement facilement, plus délicate est lerapport personnel avec ces techniques.Troisièmement, avoir pleinement conscienceque la demande est supérieure à l’offre et quele choix de se lancer dans une vraie démarcheartistique n’est pas aisé et qu’il est en revancheplus facile de succomber aux tentations immédiatesqu’offrent la publicité et la télévision.Enfin, mon dernier conseil est de se créer aumaximum des opportunités de rencontres.Quand un jeune rencontre au bon moment labonne personne, il y a toujours une probabilitéque ce “hasard” fasse bien les choses. Même unpeu d’écoute et une parole réconfortantepeuvent être une belle preuve d’encouragement.C’est pourquoi, tant que je le peux etLES JEUNES DOIVENTRÉFLÉCHIR PAR EUX-MÊMES SANS SENTIMENTPARTISAN.que mon emploi du temps le permet, je reste àl’écoute des jeunes ; parfois, ils m’accompagnentsur des films et je leur transmets ce quesais pour qu’ils puissent à partir de là s’épanouirdu mieux possible. Plus une personnalité estattirante, plus on a envie de l’accompagner. Ence sens, les jeunes doivent faire preuve decuriosité et ne pas laisser leur jugement prendrele pas sur leur ouverture d’esprit et leurempathie avec le monde. Ce qui m’intéresse,c’est l’interpellation intellectuelle, l’intelligencede la réflexion. Les jeunes doivent réfléchir pareux-mêmes sans sentiment partisan.P.F. : Les films proposés au Festival 1 er Regardsont souvent révélateurs de ce que ressent lajeunesse actuelle. Ainsi les fictions témoignentd’une certaine noirceur et d’une angoisseface à l’avenir, tandis que les films d’animationsont porteurs de lumière et d’humour, quel estvotre ressenti vis-à-vis des jeunes que vousrencontrez et formez ?Y. A. : Le film d’animation par nature porte àl’optimisme et en général, il se finit bien. C’estgénétique, destiné à l’enfance, il porte en luitous les ingrédients des fables et des contes :humour, rêve et bonheur. Pour ce qui est de lafiction, prenez les films venantde l’Est, ils étaient mille foisplus intéressants sous le jougsoviétique qu’après la Chutedu Mur de Berlin. Plus uneépoque est difficile, plus l’essorartistique est intéressant.Quant à la violence, c’est uncode de mal-être face à unesociété qui ne propose plus grand-chose. Hier,le combat politique donnait un idéal,aujourd’hui, il n’y a plus d’aspirations. Je penseque la jeunesse n’aime pas vraiment la noirceur.Elle est plus poreuse à ce qui est porteurd’espérance. En tant que spectateur, elle neveut pas faire trop d’efforts. D’où des raccourcisfaciles où elle reste prisonnière des codesque la réalité lui impose, c’est-à-dire une noirceurde circonstance où l’air du temps primesur les sentiments. Je ne pense pas que la jeunessesoit plus angoissée qu’il y a 20 ans.L’inconnu, à savoir l’avenir, restera toujours difficileà appréhender. Ce n’est pas un phénomènenouveau. Prenez ces gens qui se complaisentdans cette affirmation : avant, c’étaitle bon temps. Pour moi le bon temps, c’est surtoutl’avenir, et qui incarne mieux l’avenir quela jeunesse ?PremieRe g ardMa ,

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