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La traduction en milieu diglossique - Manioc

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étrangetés qui risquerai<strong>en</strong>t de le déconcerter. On reconnaît là l’idéal de la « transpar<strong>en</strong>ce » quivise à donner l’illusion au lecteur qu’il lit un texte qui a été écrit dans sa propre langue et nonune <strong>traduction</strong>. Pour les t<strong>en</strong>ants de cette deuxième école, une bonne <strong>traduction</strong> doit donc sefaire invisible quitte parfois à raboter certaines particularités du texte original jugéesintraduisibles.En fait, ces deux positions repos<strong>en</strong>t sur une vision purem<strong>en</strong>t linguistique de la <strong>traduction</strong> dansla mesure où chacune d’elles t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t, par des moy<strong>en</strong>s certes opposés, d’obt<strong>en</strong>ir un équival<strong>en</strong>tdu texte original dans la langue d’arrivée. Equival<strong>en</strong>ce de « la lettre » pour les premiers contreéquival<strong>en</strong>ce de « l’esprit » pour les seconds. Or, l’équival<strong>en</strong>ce est une notion hautem<strong>en</strong>tproblématique pour peu qu’on y réfléchisse : que signifie l’équival<strong>en</strong>ce syntaxique ? quesignifie l’équival<strong>en</strong>ce lexicale ? que signifie l’équival<strong>en</strong>ce stylistique ? On a le plus grand malà définir tout cela et c’est d’ailleurs pourquoi l’institution scolaire et universitaire s’estpurem<strong>en</strong>t et simplem<strong>en</strong>t alignée sur la <strong>traduction</strong> de « l’esprit », celle qui privilégie la langued’arrivée, parce que l’objectif premier de celle-ci est d’<strong>en</strong>seigner la langue aux élèves et auxétudiants avec comme objectif, souv<strong>en</strong>t inavoué, que ces derniers parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à la maîtriserpresque comme des bilingues de naissance.Traduction mondaine et <strong>traduction</strong> docimologiqueIl convi<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> effet, de distinguer <strong>en</strong>tre la <strong>traduction</strong> quotidi<strong>en</strong>ne, réelle, mondaine, quiconstitue 90% des actes traductifs de la <strong>traduction</strong> docimologique. <strong>La</strong> première se trouve surles étals des librairies (romans traduits du russe, du chinois ou de l’arabe) ou dans lesdocum<strong>en</strong>ts diffusés par les organisations internationales, les grandes <strong>en</strong>treprises commercialesetc…tandis que la seconde, la docimologique, ne se déroule que dans l’<strong>en</strong>ceinte de l’école etde l’Université. Dans le premier cas, il s’agit de donner à lire des textes auxquels le grandpublic ne pourrait avoir accès faute de connaître les langues dans lesquelles ils ont été rédigés.Le lecteur n’a donc aucun moy<strong>en</strong> de juger de la <strong>traduction</strong> qui lui est proposée, sinonimposée. Dans le second, il s’agit de mesurer la compét<strong>en</strong>ce linguistique des élèves et desétudiants et le lecteur__<strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce, le professeur__est, au contraire, seul juge et c’estpourquoi il s’autorise à noter la <strong>traduction</strong>. L’objectif visé, on le voit, n’est pas du tout lemême.L’école et l’Université, on le compr<strong>en</strong>d, <strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t moins l’art de traduire ou la sci<strong>en</strong>cetraductive, comme l’on voudra, que les langues étrangères <strong>en</strong> tant que langues. C’est pourquoiles ouvrages de Vinay et Dalbernet pour l’anglais (Stylistique comparée du français et del’anglais) et de Malblanc pour l’allemand (Stylistique comparée du français et de l’allemand),par exemple, sont les vade-mecum de tout étudiant <strong>en</strong> langues qui se respecte. On formerad’excell<strong>en</strong>ts anglicistes ou d’excell<strong>en</strong>ts germanistes mais on ne formera pas de bonstraducteurs dans la mesure même où l’acte de traduire, répétons-le, n’est pas liée à la seuleconnaissance de la langue et à quelques connaissances culturelles disp<strong>en</strong>sées dans les coursdits de « civilisation anglaise, allemande ou espagnole ».Traduire la langue-cultureSi donc on ne traduit pas de la langue, que traduit-on donc ? Que doit-on traduire ? Nousrepr<strong>en</strong>drons l’expression d’un célèbre traductologue français, H<strong>en</strong>ri Meschonnic, qui déclarequ’il faut traduire « la langue-culture ». Et ici, culture ne signifie pas simplem<strong>en</strong>t laconnaissance des mœurs de l’aristocratie anglaise, de la musique noire américaine, duromantisme allemand, du Siglo de Oro espagnol ou de tel ou tel aspect de la vie et de

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