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Carnet de formation - Ekopolis

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11h15>Construire dans une logique du réemploiJean-Marc HuygenJean-Marc Huygen est ingénieur civil architecte, diplômé <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Liège. Il a réalisé en Belgique <strong>de</strong>s maisons, réhabilitations, musées,scénographies d’expositions. Il enseigne l’architecture <strong>de</strong>puis 1988 à l’université <strong>de</strong> Liège, puis à l’École nationale supérieure d’architecture <strong>de</strong>Grenoble puis <strong>de</strong> Marseille (<strong>de</strong>puis 2009) : projet, construction, espace public, soutenabilité. Jean-Marc Huygen travaille également à la recherche: mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> relation entre bâtiments, entre matériaux, entre usage et consommation ; labyrinthe, textile, réemploi, compacité. Il est auteur<strong>de</strong> La poubelle et l’architecte – Vers le réemploi <strong>de</strong>s matériaux, Actes Sud, 2008 et exerce en tant que conseiller sur les matériaux <strong>de</strong> réemploi àla friche Belle <strong>de</strong> Mai à Marseille.Pour donner forme à <strong>de</strong>s matériaux, <strong>de</strong>s objets ou <strong>de</strong>s bâtiments, on assemble <strong>de</strong> la matière en consommant irréversiblement<strong>de</strong> l’énergie. Lorsque ces objets <strong>de</strong>viennent obsolètes, sans usage, on ne peut plus simplement les laisser <strong>de</strong> côté au profit<strong>de</strong> nouveaux objets, les démolir et les mettre en décharge : matière et énergie ne sont pas inépuisables, décharges et pollutionsne peuvent s’étendre à l’infini.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la simple réutilisation <strong>de</strong>s objets obsolètes (prolongation d’usage), mais avant leur recyclage (récupération <strong>de</strong>leur matière par une nouvelle dépense d’énergie), il est plus avantageux d’envisager leur réemploi (réutilisation maximale <strong>de</strong>sformes, pour une autre utilisation). Le réemploi est la réappropriation <strong>de</strong>s matières et formes existantes pour <strong>de</strong> nouveauxusages : d’une part, c’est une économie <strong>de</strong> matière, d’énergie et <strong>de</strong> pollutions ; d’autre part, ces objets obsolètes sont porteurs<strong>de</strong> mémoire <strong>de</strong> leurs anciens usages, qui constitue peu ou prou un héritage patrimonial, une relation entre les générations.Cette philosophie du respect <strong>de</strong> l’existant sans con<strong>de</strong>scendance ni conservatisme commence dès la première utilisation <strong>de</strong>la matière et se prolonge dans la manière <strong>de</strong> consommer et d’être avec les autres : un objet est là et dans son être, comment legar<strong>de</strong>r au maximum tel qu’il est pour répondre à mon besoin d’usage ? Je récolte un bloc <strong>de</strong> pierre dans un champ et le taillele moins possible ; je récupère une vieille chaise pour en faire la structure d’un meuble ; j’utilise d’abord l’eau <strong>de</strong> pluie ; j’établismon logement dans une ancienne usine ; je vis avec toi…L’architecte conventionnel pense un projet ex nihilo, en intégrant, dans le meilleur <strong>de</strong>s cas, le bâti voisin existant, la coursedu soleil et le programme ; puis il fait appel à un catalogue <strong>de</strong> matériaux produits à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et disponibles en quantité illimitée.C’est ce catalogue qu’il faut remettre en question dans la logique du réemploi : les matériaux sont là, en quantité limitée,et ils occasionnent – ou permettent – le projet.Dans l’architecture du réemploi, la phase <strong>de</strong> conception est partiellement modifiée.- Le temps <strong>de</strong>vient un réel composant du projet. Non seulement en ce qui concerne la durée <strong>de</strong> l’objet fabriqué, avec la participationdu futur usager et la flexibilité d’usage. Mais aussi dans la fabrication : glanage d’objets et inventaire préalable <strong>de</strong> ce quiest disponible ; expérimentation, accomodage et raccommodage ; assemblage technique et esthétique et prévision d’un futurdésassemblage (réversibilité).- Plus que jamais, il s’agit <strong>de</strong> raisonner et <strong>de</strong> réactiver la multifonction chère au Mouvement mo<strong>de</strong>rne : la matière grise est lamoins coûteuse. Non seulement en ce qui concerne la réponse, habituelle, aux attentes d’espace et <strong>de</strong> fonction. Mais aussi,dans une logique <strong>de</strong> restriction, pour faire le meilleur usage <strong>de</strong> ce qui est disponible et le plus bel effet à partir <strong>de</strong> matériauxdisparates et imposés.- Le travail trandisciplinaire permet <strong>de</strong> croiser savoirs et savoir-faire. L’architecte doit travailler, en amont, avec l’ingénieur, lecréateur textile, l’artiste, le sociologue, le botaniste… Ensemble, ils peuvent élaborer <strong>de</strong>s dispositifs complexes.

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