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L'exploitation des nodules polymétalliques ... - Mediachimie.org

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La chimie et la merFigure 5Situation <strong>des</strong> permis miniers surles zones à <strong>nodules</strong> du PacifiqueNord.Figure 6Production annuellede métaux sur 1,5 millionsde tonnes de <strong>nodules</strong>.elle reste d’actualité et servirade référence. Elle prend enconsidération les technologiesd’exploitation, consacrées auramassage <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> puisà leur traitement métallurgique,et les aspects économiquesassociés.2.1. Les technologiesd’exploitationAller chercher les <strong>nodules</strong>au fond de la mer est loind’être une simple affaire ! Neserait-ce que pour étudier lesystème de ramassage, leGIP Gemonod a dû associerde nombreux laboratoiresde recherche et sociétés <strong>des</strong>domaines de l’offshore, de lamine, du génie <strong>des</strong> procédéset <strong>des</strong> technologies sousmarines.Des <strong>org</strong>anismespublics, en particulier l’IFP 4 ,ont également été consultés.De même, <strong>des</strong> coopérationsont été menées avec <strong>des</strong>équipes alleman<strong>des</strong> et japonaises,qui ont apporté leursconnaissances, acquises lorsd’essais en mer de systèmesde ramassage expérimentaux.Enfin, suite à de nombreuxessais sur maquettes réalisésen mer, un système deramassage, décrit dans l’encart« Le ramassage <strong>des</strong><strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong> », aété conçu.L’extraction <strong>des</strong> métauxrenfermés dans les <strong>nodules</strong>,étape lourde et coûteuse, doitensuite être réalisée (voir aussil’encart « Des tests de préindustrialisation»). Pour cela,les <strong>nodules</strong> ramassés dansle Pacifique seraient chargésdans <strong>des</strong> minéraliers adaptés,navires de 60 000 tonnes, quiles transporteraient vers unport en France métropolitaine,via le canal de Panama.Pour l’extraction <strong>des</strong> métaux,<strong>des</strong> procédés de traitementmétallurgique, spécifiques deces minerais marins, ont étéétudiés il y a plus d’une vingtained’années. Les deux principauxprocédés retenus sontl’hydrométallurgie, mise aupoint par le CEA, et la pyrométallurgie,développée par lessociétés Krebs puis Minemet(groupe IMETAL). L’encart« Le traitement métallurgique844. IFP : Institut français dupétrole.


LE RAMASSAGE DES NODULES POLYMÉTALLIQUESLe système de ramassage <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> métalliques est décrit dans la Figure 7.L’exploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong> : utopie ou réalités ?Figure 7Le système de ramassage : engin de dragage (1), tuyau flexible (2), tampon (3), pompes (4), conduite rigide(5), plateforme de surface (6).Ce système comprend les éléments suivants :– Un engin de dragage (Figure 8) de 15 × 15 × 5 mètres, de 300 tonnes, se déplaçant à unpeu plus de 2 km/h (un peu plus d’1 nœud). Cet engin sur chenilles pousse un collecteurqui décolle les <strong>nodules</strong> du sédiment par <strong>des</strong> jets d’eau. Ces <strong>nodules</strong> sont acheminés par<strong>des</strong> ban<strong>des</strong> transporteuses jusqu’à un concasseur pour réduire la granulométrie puis, aprèsséparation <strong>des</strong> fines et du sédiment, ils sont pompés dans un tuyau flexible (2) jusqu’au basde la conduite principale.- Une conduite métallique (en acier haute résistance) de 4 800 mètres de longueur et de diamètreintérieur 400 mm. Cette conduite est du type <strong>des</strong> « risers » pétroliers, elle se compose de tronçonsde 27 mètres assemblés sur le support en surface par <strong>des</strong> connecteurs.Figure 8A) et B) Prototype d’engin dedragage à échelle environ 1/3 ;C) tuyau flexible.A)85


La chimie et la merB) C)– Quatre pompes hélico-centrifuges situées à 1 000 mètres sous la surface (Figure 9).Figure 9Les pompes pour remonterles <strong>nodules</strong>.Figure 10Plateforme semi-submersible.866. Une plateforme semi-submersible, du type grosse plateforme de forage, de 40 000 tonnes(Figure 10). Cette plateforme est munie <strong>des</strong> équipements suivants : générateurs de puissance,derrick pour la manutention <strong>des</strong> tubes, manutention <strong>des</strong> équipements sous-marins, commandedu chantier, habitation, stockage <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> et système de transfert vers les minéraliers sousforme de pulpe.L’ensemble du système se déplace et suit l’engin de dragage qui a une certaine latitudegrâce au flexible. Le principe est de draguer les <strong>nodules</strong> sur les plages minières en évitantles pentes et les obstacles.Ce système a été étudié assez précisément : certains équipements (notamment les pompes)ont été testés, de nombreux essais sur modèles réduits (de collecteurs, d’engin de dragage)ont été réalisés et de nombreuses simulations numériques ont été effectuées.


LE TRAITEMENT MÉTALLURGIQUE DES NODULES POLYMÉTALLIQUESLe traitement <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> peut être envisagé selon deux voies principales : l’hydrométallurgieet la pyrométallurgie. Ces voies sont décrites en détail sur le site http://www.ifremer.fr.L’hydrométallurgieUn procédé original en phase liquide a été mis au point par le CEA (Figure 11). Il est basé surdifférents traitements en milieux aci<strong>des</strong> ou basiques, qui permettent de séparer successivementle manganèse (sous forme de sulfate), le cuivre (sous forme d’oxyde CuO), ainsi que lenickel et le cobalt (sous forme de sulfures).Figure 11L’exploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong> : utopie ou réalités ?Le traitementhydrométallurgique.La pyrométallurgieLes <strong>nodules</strong> peuvent être également traités selon un procédé de fusion (Figure 12), dans unfour électrique en présence de charbon à 1 400 °C.Figure 12Le traitement pyrométallurgique.87


La chimie et la mer88DES TESTS DE PRÉINDUSTRIALISATIONEn amont de tout développement industriel, il estnécessaire de réaliser <strong>des</strong> essais sur <strong>des</strong> pilotes detailles variées. Suite à ces essais, il est alors possible devalider les technologies choisies puis de les adapter à <strong>des</strong>tonnages de minerais importants.Cela est particulièrement vrai dans le cas <strong>des</strong> techniquesde ramassage, où subsistent <strong>des</strong> incertitu<strong>des</strong> sur ledragage <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> et sur la fiabilité du pompage. Untest préindustriel a donc été envisagé sur un pilote deramassage d’une capacité du 1/10 e , soit environ 50 t/h, quicoûterait la lourde somme de 90 millions d’euros.Concernant les technologies métallurgiques, la réalisationd’un test sur pilote n’a pas encore été possible, faute dedisposer d’une quantité suffisante de <strong>nodules</strong> (plusieurscentaines de tonnes).<strong>des</strong> <strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong> »décrit brièvement ces deuxvoies.2.2. Actualisation et aspectséconomiquesDes étu<strong>des</strong> économiquesrelativement approfondies(coûts en investissement, enfonctionnement et rentabilité)avaient été réalisées vingt ansplus tôt. Pour donner uneidée de son ampleur, environ11 millions d’euros (actualisés)ont été consacrés auxétu<strong>des</strong> d’ingénierie.En revanche, aucun chiffragerécent sur l’exploitation <strong>des</strong><strong>nodules</strong> n’a été établi. Or, si l’onveut en actualiser les scénarios,un travail pluridisciplinaireimportant doit être réalisé : ildoit non seulement intégrer lesévolutions technologiques etéconomiques, mais égalementprendre en compte les impactssur l’environnement.D’un point de vue technico-économique,alors queles techniques offshore necessent de s’améliorer – grâcenotamment aux groupesparapétroliers – les technologiesmétallurgiques sontmoins sujettes à variations.Il n’empêche que les prisesde décision dépendent fortementd’une combinaison defacteurs complexes, tels queles coûts énergétiques liésaux traitements métallurgiques(facteur généralementlimitatif) et les coûts <strong>des</strong>matières premières, qui vontdéterminer la rentabilité del’exploitation. Il y a quelquesannées, une actualisationavait été tentée en collaborationavec la Corée, investisseurpionnier également,mais ne s’est pas concrétisée,faute de perspective d’exploitationà court terme.Il nous est néanmoins possibled’analyser les points qui ontsensiblement évolué. Pour leséléments économiques, nousraisonnerons en dollars carles estimations « Gemonod »ont été faites dans cettedevise 5 . Les cours actuels <strong>des</strong>métaux seront analysés etsommairement comparés auxestimations prospectives d’il ya vingt ans et les coûts serontactualisés en utilisant l’indicede production américain (voirparagraphe 2.2.3).2.2.1. Les technologiesdu système de ramassageL’expérience acquise parl’IFP et par les sociétés d’ingénierieparapétrolière, aucours du programme prospectif« mer profonde »mené dans les années 1980,avait beaucoup servi auxétu<strong>des</strong> sur les technologiesdu système en mer.5. Les cours <strong>des</strong> métaux sontdonnés en général en $. Les coûtsde l’offshore et les investissementsminiers sont souvent donnés en $également. Raisonner dans cettedevise évite aussi de faire uneprospective sur la parité $/€…


Ces étu<strong>des</strong> avaient porté enparticulier sur les conduitesprofon<strong>des</strong> (les « risers »), lestuyaux flexibles et les plateformessemi-submersibles,mais elles avaient été misesen veilleuse pendant près dedix ans jusqu’au démarragede l’exploitation <strong>des</strong> champsprofonds vers 1995.Il restait encore <strong>des</strong> pointsde blocage, spécifiques deces minerais sous-marins,concernant la locomotiond’engins lourds sur <strong>des</strong> fondstrès meubles, le traitementphysique et l’utilisation délicate<strong>des</strong> pompes sous-marines.Mais <strong>des</strong> progrès ont étéréalisés depuis vingt ans etont permis de lever un certainnombre d’incertitu<strong>des</strong>,notamment sur les conduitessous-marines de grandelongueur, sur l’alimentationélectrique en mer et sur lamanœuvrabilité <strong>des</strong> supportsde surface. De plus, les innovationsimportantes réaliséesrécemment dans l’exploitation<strong>des</strong> hydrocarbures en merprofonde permettent désormaisde disposer, en grandepartie, de technologies adaptéesà la collecte <strong>des</strong> <strong>nodules</strong>.Enfin, il est aujourd’hui envisageabled’utiliser <strong>des</strong> systèmessous-marins robotisés munisde capteurs géophysiques,disponibles sur le marché, etqui simplifieraient beaucoupla stratégie de dragage.Les réalisations récentes ontenfin confirmé la faisabilité <strong>des</strong>ystèmes, qui, vingt ans plustôt, étaient encore du domainede l’imaginaire. Par exemple,<strong>des</strong> séparateurs et <strong>des</strong> pompesmultiphasiques ont été testésavec succès sur le fond parprès de 2 000 mètres. Demême, de très intéressantesavancées ont été apportéessur le transport sous-marind’énergie électrique (câbles,connecteurs) et sur l’emploigénéralisé <strong>des</strong> flexibles pourles liaisons fond-surface.Notons que le système deramassage pourrait êtreconçu selon une autre technologie.Par exemple, peut-êtreremplacerait-on la conduiteverticale par <strong>des</strong> flexibles,chacun de ces flexibles étantrelié à une drague sur lefond (la Figure 13 montrele système d’exploitationDalia de la société Total par1 500 mètres de profondeur) ;on aurait alors un systèmeplus souple. Mais la productionet les coûts associés nedevraient pas être sensiblementdifférents.L’étude <strong>des</strong> technologies enmer ne peut être effectuéesans une évaluation de leurimpact sur l’environnement.Déjà soulevée il y a vingt ans,cette question est devenueparticulièrement sensibleaujourd’hui et interpelle particulièrementl’ISA, qui s’estdotée de pouvoirs étendusFigure 13Système d’exploitation offshoreDalia de Total utilise <strong>des</strong> flexiblespour acheminer le pétrole versla surface.L’exploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong> : utopie ou réalités ?89


La chimie et la mer92LA SURVEILLANCE EN MERDans une exploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong>,comme dans une exploitation pétrolière, l’infrastructuremise en place doit être accompagnée de tout un systèmede surveillance. L’usage de capteurs, de systèmes dedétection et de régulation doit permettre de contrôler etd’assurer le bon fonctionnement <strong>des</strong> engins, <strong>des</strong> conduites,<strong>des</strong> pompes… De fait, il est indispensable de prévenirtout risque industriel pouvant avoir <strong>des</strong> conséquencesdramatiques (accidents du personnel, catastropheécologique à court ou à long terme). Les dépensessubstantielles liées à un tel système de surveillancepèseront donc de manière notable dans le chiffrage d’uneexploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong>.est conditionné par <strong>des</strong> résultatsd’essais sur un pilote detraitement – qu’il reste encoreà réaliser.2.2.3. Étude économique [4]Financer les exploitationsdans un contexte mondialLes étu<strong>des</strong> Gemonod se sontdéroulées dans un contexteoù l’intervention de l’Étatfrançais dans les domaineshautement stratégiquesétait habituelle. C’est ainsique les coûts de développement,incluant la constructiononéreuse du pilote, étaientpris en charge par celui-ci. Sil’investissement important del’État a permis de fonder <strong>des</strong>politiques à long terme danscertaines filières telles que lenucléaire ou l’aéronautique, ilest maintenant inimaginablequ’un tel soutien interviennepour un investissement minier.D’ailleurs, les conditions de laconcurrence au niveau européenne le permettraient sansdoute pas. En conséquence,d’une part cet investissementpèsera sur la rentabilité; d’autre part, et surtout,le risque sera entièrementassumé par <strong>des</strong> investisseursprivés, ce qui implique que lamarge bénéficiaire dégagéedevra être sensiblement plussubstantielle afin de justifierl’exploitation.De plus, ces étu<strong>des</strong> de coûtsavaient été effectuées dansle contexte économique<strong>des</strong> gran<strong>des</strong> puissances del’époque, à savoir l’Europe,les États-Unis et le Japon.Par exemple, en France, ilétait prévu de transporterles <strong>nodules</strong> par minéraliersjusqu’en métropole, car onconsidérait au moment del’étude que l’énergie nucléaireapporterait un avantagefinancier pour l’économie duprocédé. Mais, dès le début<strong>des</strong> années 1980, les premierséléments de la montée enpuissance de pays émergentstels que la Chine, l’Inde et leBrésil étaient perceptibles,et à l’heure actuelle, il estvraisemblable que l’exploitationsoit assurée, totalementou partiellement, par cespays très consommateurs demétaux et qui suivent <strong>des</strong> politiquesénergétiques différentes(charbon, hydraulique...).Estimations <strong>des</strong> coûtsd’exploitation : investissementet fonctionnementLa justesse <strong>des</strong> hypothèsesfaites il y a vingt ans estincontestée. Aujourd’hui, ladifficulté est de les actualisersans étude technologiquenouvelle, et en tenant comptede nouveaux facteurs tels quel’impact environnemental.Pour simplifier le problème,on peut obtenir une évaluationcrédible en se basant sur unindice global. L’indice choisiest le Producer Price Index <strong>des</strong>États-Unis, et particulièrementle Total Manufacturing Industries,lequel a progressé d’environ50 % entre 1988 et 2007,


mais de manière hétérogène :ainsi les métaux primaires ontaugmenté de 70 % mais leséquipements électriques de18 % seulement. On retiendraune augmentation de 50 %qui apparaît assez conservatoire(Figure 18) 6 .L’exploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong>est-elle rentable ? Analysesur les matières premièresLes <strong>nodules</strong> sont-ils une sourcede métaux rentable ? Rappelonsla production annuellede métaux sur 1,5 millions detonnes de <strong>nodules</strong> ramassés :manganèse (382 000 tonnes),nickel (19 700 tonnes), cuivre(17 800 tonnes) et cobalt(3 500 tonnes).L’étude Gemonod avait établi<strong>des</strong> projections à quinzeans sur le cours <strong>des</strong> métaux(Figure 20), projections quisemblent être relativementen accord avec la situationconstatée actuellement. Ceciest en grande partie dû à uneprise en compte de la fortecroissance <strong>des</strong> grands paysémergents : la Chine, l’Inde etle Brésil. Analyse pour chaquemétal…Le manganèseLe manganèse est le métal leplus abondamment extrait <strong>des</strong><strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong>.Investissement(M$)Ramassage Transport Traitement Total450 + 90 7 300 654 1 404+ 90Charge 8 (M$/an) 48 26 53 127Coûts operatoires(M$/an)Coût total M$/an(%)Par tonne denodule ($/t)81 48 233 362129(27 %)La production mondiale de cemétal, 7 en 8 2005, avait atteint11,8 millions de tonnes 9 (dont40 % par la Chine) – chiffreproposé par les étu<strong>des</strong>Gemonod – et, de manièreintéressante, 60 % de cemanganèse correspond à duferrosilicomanganèse, formequi serait issue <strong>des</strong> <strong>nodules</strong>.Son cours moyen sur 2005-2006, qui s’élève à 0,85 $ kg,est même supérieur auxestimations de Gemonod, quiétaient à 0,65 $/kg.74(15 %)Figure 18286(58 %)489326Coûts d’exploitation : ramassagetransport-traitement.L’exploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong> : utopie ou réalités ?6. Évidemment certains coûtspeuvent augmenter beaucoup pluspour <strong>des</strong> raisons conjoncturelles :ainsi le coût journalier <strong>des</strong>plateformes de forage aénormément augmenté cesdernières années puisqu’il atteintactuellement 500 000 $/ jour, soitcinq fois plus qu’il y a quelquesannées !7. Coût du pilote.8. Les hypothèses du financementsont 50 % sur fonds propres, 50 %sur emprunts à 7,5 %.9. Source : Institut internationaldu manganèse. Cette productioncorrespond à 34 millions detonnes de minerai.93


La chimie et la merLe cobalt94Figure 19La production mondiale de nickelentre 1935 et 2005 (en tonnes).Le nickel 10Moins abondant dans les<strong>nodules</strong> que le manganèse, lenickel est toutefois commercialementplus avantageux.Le cours retenu par Gemonodà long terme était de 7,2 $/kg.Suite à une prise en comptede possibilités d’exploitationde gisements de latéritesnickélifères, abondants enNouvelle-Calédonie, l’analyse<strong>des</strong> experts a conduit à11 $/kg. Bien sûr les coursont atteint ces dernièresannées <strong>des</strong> valeurs beaucoupplus élevées – jusqu’à40 $/kg – mais l’on ne peutpas fonder une exploitation etsa rentabilité sur <strong>des</strong> valeursextrêmes !La consommation mondialeen nickel est de 1,5 millions detonnes (dont 260 000 tonnessont consommées par laChine), comme projetéepar Gemonod à l’époque(Figure 19). Or, la part denickel issu <strong>des</strong> <strong>nodules</strong>dépasse à peine 1 % de cetteconsommation.10. Référence : Société Chimiquede France.Le cobalt est un co-produitde la production de cuivre (auZaïre et en Zambie, pour 55 %de la production mondiale) etun co-produit de la productionde nickel (en Russie). Laproduction de cobalt par l’exploitation<strong>des</strong> <strong>nodules</strong> atteindrait3 500 tonnes par an, àcomparer avec la productionmondiale d’environ55 000 tonnes, correspondantexactement à la projection quiavait été faite par Gemonod.Notons que la Chine produit20 % du total à partir deminerai africain.Le prix du cobalt a varié entre30 et 50 $/kg. La Fédérationde l’Industrie Minérale estimeque le seuil de rentabilitépour <strong>des</strong> projets au Congo sesitue à 24 $/kg, à comparerau cours retenu dans l’étu<strong>des</strong>oit de 13,6 $/kg qui apparaîtconservatoire. Il est proposéde retenir 30 $/kg.Le cuivreLe cours retenu, soit à 1,9 $/ kg,ne semble pas devoir êtreremis en cause. De plus, lepoids économique du cuivreest relativement faible.Analyse sommairede la rentabilité etdu lancement d’uneexploitation industrielleIl serait présomptueux de faireune analyse de la rentabilitéd’une exploitation de <strong>nodules</strong>sans étu<strong>des</strong> nouvelles approfondies.On se contentera doncde quelques remarques :


• Les étu<strong>des</strong> Gemonod conduisaientà un taux de rentabilitéinterne compris entre10 et 14 % pour une exploitationsur vingt ans (Figure 21),avec le projet que nous avonsdécrit. Cependant, ce tauxprenait en compte la subventiondu pilote de ramassagepar l’État et ne semblait passuffisant pour inciter <strong>des</strong>investisseurs privés à lancerune exploitation de <strong>nodules</strong>.Il faut rappeler que les règlesinternationales établies plustard par l’ISA étaient encoreinexistantes il y a vingt ans.• La comparaison avec lesminerais terrestres estcomplexe à cause du caractèrepolymétallique <strong>des</strong><strong>nodules</strong>. Le principe est <strong>des</strong>éparer la part du nickel dansun mélange nickel-cuivrecobaltet de la comparer aunickel <strong>des</strong> mines riches delatérites, par exemple cellesde Koniambo en Nouvelle-Calédonie. Il faut raisonneren nickel équivalent en tenantcompte de la valorisationrelative <strong>des</strong> trois métaux. Celaconduit à 2,37 % de nickeléquivalent pour les <strong>nodules</strong>et 2,35 % pour le projet deKoniambo 11 . La comparaison<strong>des</strong> investissements,rapportés aux quantités demétal produites, est aussi dumême ordre : 1,4 milliardsde dollars pour les <strong>nodules</strong>,3 milliards de dollars pourKoniambo. Quant au manganèse,il faut le comparer àcelui <strong>des</strong> exploitations terrestres,en Afrique notamment.Les <strong>nodules</strong> sont un mineraimoins riche en manganèse(30 %) que certains mineraisterrestres (35 % à 48 %).L’exploitation du manganèse<strong>des</strong> <strong>nodules</strong> pourrait à elleseule payer le transport del’ensemble ainsi que le coûtde son traitement. Ce dernierest élevé mais il est largementcompensé par la haute valeurajoutée du silicomanganèseproduit. Au total, la comparaisonest plutôt favorable aux<strong>nodules</strong>, si l’on ne prend pasen compte bien sûr les risquesinhérents au ramassage.• Les cours <strong>des</strong> métaux fluctuentbeaucoup. S’ils sontrelativement élevés, du faitde la croissance économiqueFigure 20Projection <strong>des</strong> recettesd’exploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong><strong>polymétalliques</strong>.Les taux de récupération partraitement hydrométallurgiquesont de : 96 % (Ni), 94 % (Co),95 % (Cu), 85 % (Mn).Figure 21Analyse de la rentabilité : enordonnées M$ ; en abscisse : lecalendrier <strong>des</strong> opérations (lesmontants sont ceux de Gemonodsans actualisation).L’exploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong> : utopie ou réalités ?11. Le projet Koniambo (teneurnickel : 2,12 %) est de l’ordre de3 milliards de dollars pour uneproduction de 60 000 tonnes paran de nickel. Cet investissementinclut une centrale de 400 MW.95


La chimie et la mermondiale tirée principalementpar les grands pays émergents,les sociétés minièresne décident une exploitationqu’en s’assurant que celleciaura un « point mort » auniveau de cours relativementbas. Ainsi, pour Koniambo, lecours prévisionnel sur lequelsemble être basée une exploitationserait de 3,3 $/kg.• La marge brute de l’exploitation,calculée à 353 millionsde dollars par an, est supérieureà celle d’il y a vingt ans.Toutefois elle est la même envaleur relative par rapport àl’investissement initial, soit23 %, à cause <strong>des</strong> chargessupplémentaires dues aupilote de ramassage.• La demande en matièrespremières est très forte etencourage la réalisation denombreux projets miniers.Pour le nickel, l’étudeGemonod prévoyait qu’il yaurait, dans un délai de vingtà quarante ans, le choix entre<strong>des</strong> projets miniers de latéritesnickélifères abondantes maisà plus faible teneur que lesgarniérites, 12 et l’exploitation<strong>des</strong> <strong>nodules</strong>. Cependant, pourdémarrer l’exploitation <strong>des</strong><strong>nodules</strong>, il eût fallu disposerde la preuve de la faisabilité duramassage par <strong>des</strong> essais surpilote. Ce dernier n’ayant pasété réalisé à cause <strong>des</strong> investissementsà risques élevés, ilest normal que le choix se soitporté sur les mines terrestres,qui seront amorties surprès de cinquante ans.12. Les garniérites sont <strong>des</strong>phyllosilicates, minéraux de lafamille <strong>des</strong> silicates, composés denickel et de manganèse.Perspectives96Où en sommes-nous avec les <strong>nodules</strong> de lamer ? Notre histoire avec ces boules métalliquesremonte bien aux années 1970-1980, où leurintérêt économique était apparu. Ces décenniesont été marquées d’une part par deux chocspétroliers et d’autre part par <strong>des</strong> risques surles exportations <strong>des</strong> minerais de l’URSS et depays d’Afrique du Sud. L’occident a alors craint<strong>des</strong> difficultés majeures d’approvisionnement,notamment en minerais de manganèse et cobalt.Plusieurs pays ont alors entrepris de prospecterles minerais sous-marins et de développer <strong>des</strong>systèmes expérimentaux pour les exploiter. Labaisse <strong>des</strong> cours dans les années 1980 et la finde ces craintes géopolitiques ont entraîné lamise en veilleuse de ces programmes dans lespays occidentaux. Parallèlement, d’autres paystels que la Chine, la Corée du sud ou encore le


Brésil ont manifesté leur intérêt sans toutefoisinvestir dans l’exploitation de ces minerais.La situation géopolitique a évidemmentfondamentalement changé depuis ces années. Lamondialisation a accru les échanges commerciauxet supprimé les situations de monopole. Descontrats entre <strong>des</strong> investisseurs pionniers et l’ISAont été mis en place depuis le début <strong>des</strong> années2000 : cela concrétise une avancée juridiqueinternationale. Toutefois, les règles internationalessont plus complexes que celles <strong>des</strong> permisnationaux, incitant peu les investisseurs.Ces dernières années, les cours ont étésoutenus du fait <strong>des</strong> besoins <strong>des</strong> paysémergents. Après l’inflexion due à la criseéconomique, la croissance de la demandede ces pays reprendra de telle sorte queces besoins entraineront la reprise <strong>des</strong>investissements dans les mines terrestres.Maisl’on commence aussi sérieusement à se tournervers les minerais sous-marins. Nous l’avonsvu, la situation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> dans les gran<strong>des</strong>profondeurs rend leur ramassage à lui seulcomplexe et coûteux. Peut-être exploitera-t-ond’abord les d’autres minerais sous-marins telsque les encroûtements cobaltifères et sulfureshydrothermaux (Chapitre de Y. Fouquet), moinsprofonds que les champs de <strong>nodules</strong> et situés,pour certains, dans <strong>des</strong> zones économiquesexclusives (ZEE). Toutefois, ces minerais sontplus difficiles à extraire que les <strong>nodules</strong>. Eneffet, les <strong>nodules</strong> sont posés sur les sédimentsalors que les autres étant liés au substrat<strong>des</strong> quantités importantes de stériles sontremontées avec le minerai.Alors exploitera-t-on un jour les <strong>nodules</strong><strong>polymétalliques</strong> ? Peut-être les pays fortementconsommateurs de métaux seront-ils disposésà lancer une exploitation de <strong>nodules</strong> : le termeapparaît lointain, 30-50 ans ?L’exploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong> : utopie ou réalités ?97


La chimie et la merLiens utiles :L’Autorité internationale <strong>des</strong>fonds marins (ISA) :www.isa.<strong>org</strong>.jmL’Institut français de recherchepour l’exploitation de la mer :www.ifremer.frBibliographie[1] Lenoble J.P. (1992). Éditionsciences et technique. Réf :M2389, parution 07/1992.[2] Tilot V. (2006). Biodiversitéet distribution de la méga faune.Écosystème de <strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong>de l’océan PacifiqueEst Équatorial. Technical Series– Commission OcéanographiqueIntergouvernementale, Unesco,69 : 0074-1175.[3] Galeron J. (2004). Fichede campagne Nodinaut 2004,Ifremer.[4] Herrouin G., Lenoble J.-P.,Charles C., Mauviel F., Bernard J.,Taine B. (1989). French « Studyindicates profit potential forindustrial manganese noduleventure », 21st Annual OffshoreTechnology Conference, Houston,May 1-4, 1989. Transactions,vol. 288 Society for mining,metallurgy and exploration, Inc.98

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