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Bulletin d'information - Santé en Limousin

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2013N°87<strong>Bulletin</strong> d’informationEditorial 1Opioïdes et d<strong>en</strong>ts 1Bromocriptine et inhibition de la lactation : à revoir 2Les incrétinomimétiques et le pancréas 3Les autres effets indésirables des incrétinomimétiques 3Réponse sur le dernier petit problème de pharmacovigilance 4Nouveau petit problème de pharmacovigilance 4EditorialPr Louis MERLEDans ce bulletin, seront abordés deseffets indésirables att<strong>en</strong>dus de médicam<strong>en</strong>ts, etd’autres, moins att<strong>en</strong>dus, qualifiés de bizarres.Des effets att<strong>en</strong>dus :- La bromocriptine est un dérivé de l’ergotde seigle. On connaît les propriétésvasoconstrictrices de ce champignon qui, il y a unmillénaire déjà, a été à l’origine d’intoxications, le« mal des ard<strong>en</strong>ts », le « feu de Saint-Antoine ».Que la bromocriptine réduise le débit sanguin danscertaines zones cérébrales n’est donc pas pournous étonner. La bromocriptine n’a pas pour seuleaction la réduction de la lactation.- Les incrétines agiss<strong>en</strong>t sur le pancréas.Leur pot<strong>en</strong>tiel pancréatotoxique n’est donc passurpr<strong>en</strong>ant. Toutefois, bi<strong>en</strong> qu’il ait été bi<strong>en</strong> établiavant octroi de l’AMM, il semble avoir été sousestimé(euphémisme) lors de la mise sur le marché.Cette situation fait l’objet de polémiquesactuellem<strong>en</strong>t.Des effets a priori inatt<strong>en</strong>dus :L’action toxique des opioïdes à absorptionbuccale sur la d<strong>en</strong>ture est de mécanisme moinsaisém<strong>en</strong>t explicable.Que les problèmes soi<strong>en</strong>t d’explicationfacile ou non, ils sont à signaler à un c<strong>en</strong>tre depharmacovigilance, le signalem<strong>en</strong>t étant le seulmoy<strong>en</strong> de faire progresser la connaissance sur lemédicam<strong>en</strong>t.Opioïdes et d<strong>en</strong>tsDr Yves NOUAILLE et Pr Louis MERLELe f<strong>en</strong>tanyl est un analgésique opioïde pluspuissant que la morphine, ce qui <strong>en</strong> permetl’administration transcutanée (patch). Il estindiqué dans le traitem<strong>en</strong>t des douleurs chroniqueset sévères. Les accès douloureux paroxystiquesd’origine cancéreuse chez l’adulte déjà traité parun opioïde peuv<strong>en</strong>t être soulagés par unsupplém<strong>en</strong>t de f<strong>en</strong>tanyl apporté par voie locale,buccale ou nasale. Ces modes d’administration seprêt<strong>en</strong>t facilem<strong>en</strong>t au mésusage et à la répétitiondes doses. Un problème particulier est apparu avecl’ACTIQ. Cette forme d’administration « locale »se prés<strong>en</strong>te sous l’aspect d’une « sucette » : uncomprimé fixé avec une colle alim<strong>en</strong>taire sur unbâtonnet. Chaque « sucette » comporte, à côté duf<strong>en</strong>tanyl, 2 g de glucose, 20 mg de saccharoseavec de l’acide citrique et un arôme de baies.L’addiction s’installe facilem<strong>en</strong>t grâce à lacommodité d’administration, à l’aspect et au goût.La prise répétée et chronique de la « sucette »d’ACTIQ, par l’apport de sucre, par la prés<strong>en</strong>ced’acide citrique et avec la réduction de lasécrétion salivaire, facilite la surv<strong>en</strong>ue de caries.Assez rapidem<strong>en</strong>t une chute de plusieurs d<strong>en</strong>tspeut surv<strong>en</strong>ir. Il est donc important d’avertir lesutilisateurs d’ACTIQ et de vérifier régulièrem<strong>en</strong>tleur état d<strong>en</strong>taire.


Bromocriptine et inhibition de la lactation :à revoirDr Anne COUBRETLors d’un traitem<strong>en</strong>t opioïde de fond, laseule solution pharmacologiquem<strong>en</strong>t logique devantla surv<strong>en</strong>ue de paroxysmes douloureux spontanésou consécutifs à la mobilisation du pati<strong>en</strong>t ou àcertains soins est l’ajout occasionnel d’une dosesupplém<strong>en</strong>taire - dite interdose – du MÊMEprincipe actif administré sous une forme àlibération IMMEDIATE. L’ACTIQ a constituépour cette raison un indéniable progrès <strong>en</strong>thérapeutique lorsque du f<strong>en</strong>tanyl est administréau long cours sous une forme à libérationprogressive et prolongée. L’expéri<strong>en</strong>ce révèle quecontrairem<strong>en</strong>t à ce que l’on pouvait espérer,l’utilisation d’ACTIQ n’est pas toujours aisée dufait de la faiblesse du pati<strong>en</strong>t. La tolérance locale(face <strong>en</strong>dobuccale de la joue) devi<strong>en</strong>tproblématique (irritation) avec la répétition desapplications. Si ceci est maint<strong>en</strong>ant bi<strong>en</strong> établi, ladétérioration de l’état d<strong>en</strong>taire est <strong>en</strong> revanche<strong>en</strong>core très peu connue. De nouvelles formesd’administration, transmuqueuse, ont été mises aupoint ; une est commercialisée depuis peu :BREAKYL (film orodispersible). Ces autres formesdevrai<strong>en</strong>t éviter les complications d<strong>en</strong>tairesévoquées ci-dessus.C<strong>en</strong>tre Régional dePharmacovigilance et d’informationsur les médicam<strong>en</strong>ts de LimogesHôpital Dupuytr<strong>en</strong> - C.H.U.2, av<strong>en</strong>ue Martin Luther King87042 Limoges CedexTéléphone :05 55 05 67 43Télécopie :05 55 05 62 98Adresse de messagerie :pharmacovigilance@chu-limoges.frLa bromocriptine, dans l’indication del’inhibition de la lactation, a été retirée dumarché depuis 1994-1995 au Canada et aux Etats-Unis, après la surv<strong>en</strong>ue de cas d’accid<strong>en</strong>tsvasculaires cérébraux, d’infarctus du myocardeet d’hypert<strong>en</strong>sion artérielle (complicationsgraves, parfois fatales).En Europe, la bromocriptine est autoriséedans de nombreux pays. Dans certains RCPeuropé<strong>en</strong>s, il est précisé que la bromocriptine nedoit être utilisée que pour raison médicale et non<strong>en</strong> routine pour supprimer la lactation ou soulagerles symptômes de type douleurs et <strong>en</strong>gorgem<strong>en</strong>ts.Le RCP français indique «prév<strong>en</strong>tion ou inhibitionde la lactation physiologique pour raison médicale :le postpartum immédiat (ablactation), ou lepostpartum tardif (sevrage) », c'est-à-dire <strong>en</strong>dehors des situations où la mère ne souhaite pasallaiter pour des raisons personnelles.Actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> France, le rapportbénéfice /risque de la bromocriptine est <strong>en</strong>cours d’évaluation dans l’indication « inhibition dela lactation », et il est fort probable que cerapport soit jugé défavorable pour plusieursraisons : 1) il persiste des effets indésirablesgraves, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t vasculaires, neurologiqueset psychiatriques, malgré un r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t du RCPdepuis 1994, 2) la non prés<strong>en</strong>tation de l’<strong>en</strong>fant ausein permet une interruption de la lactation <strong>en</strong> 1 ou2 semaines, 3) l’exist<strong>en</strong>ce d’autres alternatives nonmédicam<strong>en</strong>teuses <strong>en</strong> 1 ière int<strong>en</strong>tion(homéopathie…), et médicam<strong>en</strong>teuses <strong>en</strong> 2 èmeint<strong>en</strong>tion (lisuride, cabergoline) dans certains pays.En conséqu<strong>en</strong>ce les maternités devrai<strong>en</strong>t<strong>en</strong>visager dès à prés<strong>en</strong>t des solutionsalternatives comme, le froid, les cataplasmesd’argile, l’homéopathie… ou les médicam<strong>en</strong>tsantalgiques (paracétamol…).Retrouver notre sélection d’alertes del’ANSM sur notre site web :www.sante-limousin.fr/pharmacovigilance« Rubrique Actualités »


Les incrétinomimétiques et le pancréasDr Sabrina CREPINDepuis quelques années, une nouvelle classed’antidiabétiques est commercialisée dans lediabète de type 2, « les incrétinomimétiques » :- les agonistes du récepteur du glucagon-likepeptide-1 ou GLP-1 (analogues des incrétines :éxénatide et liraglutide)- les inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase-4 ouDPP4 (inhibition de la dégradation du GLP-1<strong>en</strong>dogène : sitagliptine, saxagliptine, vildagliptine,linagliptine).Les incrétines et les incrétinomimétiquesstimul<strong>en</strong>t la sécrétion d’insuline (glucosedép<strong>en</strong>dante) par le pancréas, permettant uncontrôle de la glycémie.Le risque de pancréatite aiguë a étéid<strong>en</strong>tifié assez précocem<strong>en</strong>t pour lesincrétinomimétiques (1 ière alerte de la FDA <strong>en</strong>2007 pour l’éxénatide). Plusieurs études, que cesoit chez l’animal 1, 2 , dans les essais cliniques ou lesétudes pharmaco-épidémiologiques 3 , mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong>évid<strong>en</strong>ce un risque d’atteinte pancréatique.Récemm<strong>en</strong>t, un article de Butler etmontre, sur des pancréas humains prélevés aprèsdécès de diabétiques non insulinodép<strong>en</strong>dants ettraités par incrétinomimétiques, une hyperplasiedes tissus <strong>en</strong>docrines et exocrines, desmétaplasies, des modifications cellulairesprécancéreuses (Pancreatic IntraepitheliaNeoplasia-PanIN), des microadénomes et unetumeur neuro<strong>en</strong>docrine. Ces anomalies étai<strong>en</strong>t plusfréqu<strong>en</strong>tes dans ce groupe <strong>en</strong> comparaison auxgroupes témoins (pati<strong>en</strong>ts non diabétiques etpati<strong>en</strong>ts diabétiques traités par d’autresantidiabétiques).Des récepteurs du GLP-1 sont retrouvés auniveau des cellules ductales et des cellules PanINdes pancréas humains 1 . La stimulation de cesrécepteurs induit des phénomènes inflammatoireset prolifératifs. Pour ce qui est du mécanisme desurv<strong>en</strong>ue d’une pancréatite aiguë, la proliférationdes canaux pancréatiques pourrait conduire à leurocclusion (<strong>en</strong> particulier <strong>en</strong> cas de lésionsdysplasiques préexistantes). Cette occlusiongénèrerait une hyperpression qui, <strong>en</strong> agressant lescellules acineuses, les activerait et libérerait les<strong>en</strong>zymes qu’elles conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t. Plus que le risque depancréatite aiguë, c’est le risque de cancer dupancréas qui est préoccupant pour ces molécules.Ces médicam<strong>en</strong>ts agirai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> favorisant laprolifération cancéreuse par un effet « facteur decroissance ».La FDA et l’EMA ont lancé, <strong>en</strong> débutd’année, une évaluation globale du risque depancréatite et de cancer du pancréas pourl’<strong>en</strong>semble de la classe. En att<strong>en</strong>dant, aucunemodification des recommandations d’utilisation deces médicam<strong>en</strong>ts n’a été prise à celle déjàexistantes dans l’information du médicam<strong>en</strong>t.1. Gier B. et al, Diabetes 2012. Chronic GLP-1 receptoractivation by ex<strong>en</strong>din-4 induces expansion of pancreatic ductglands in rats and accelerates formation of dysplastic lesionsand chronic pancreatitis in the KrasG12D mouse mode.2. Nachnani JS et al, Diabetologia 2010. Biochemical andhistological effects of ex<strong>en</strong>din-4 (ex<strong>en</strong>atide) on the ratpancreas..3. Singh S et al, JAMA Intern Med 2013. Glucagon like peptide1-based therapies and risk of hospitalization for acutepancreatitis in type-2 diabetes mellitus.4. Butler AE et al. Diabetes 2013. Marked expansion ofexocrine and <strong>en</strong>docrine pancreas with incretin therapy inhumans with increased exocrine pancreas dysplasia and thepot<strong>en</strong>tial for glucagon-producing neuro<strong>en</strong>docrine tumors.Ghost pancreasLes autres effets indésirables desincrétinomimétiquesDr Sabrina CREPINEn plus du risque d’atteinte du pancréas,d’autres effets indésirables communs à l’<strong>en</strong>sembledes incrétinomimétiques ou plus « spécifiques »des agonistes des récepteurs du GLP-1 ou desinhibiteurs des DPP4 sont rapportés :Pour les incrétinomimétiques :- une mauvaise tolérance gastro-intestinaleess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> début de traitem<strong>en</strong>t(diarrhées, vomissem<strong>en</strong>ts,…),- une insuffisance rénale aiguë, surv<strong>en</strong>ant souv<strong>en</strong>trapidem<strong>en</strong>t après l’introduction du médicam<strong>en</strong>t(déshydratation liée à la mauvaise tolérancegastro-intestinale, association avec d’autresmédicam<strong>en</strong>ts ayant un ret<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t sur lafonction rénale comme les diurétiques, lesIEC/sartans).


Pour les agonistes des récepteurs du GLP-1(éxénatide et liraglutide) :- un ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t important du transit gastrointestinalvoire une occlusion intestinale.Pour les inhibiteurs des DPP4 (sitagliptine,saxagliptine, vildagliptine, linagliptine) :- des effets cutanés avec notamm<strong>en</strong>t lespemphigoïdes bulleuses, les DRESS,- des œdèmes ou angio-oedèmes.Réponse sur le dernier petit problème depharmacovigilanceDr Marie-Laure LAROCHEDans le précéd<strong>en</strong>t bulletin nous évoquionsle problème du dopage intellectuel avec laconsommation de psychostimulants.Le neuro<strong>en</strong>hancem<strong>en</strong>t est un conceptanglo-saxon qui consiste pour un sujet sain àpr<strong>en</strong>dre des psychotropes psychostimulants(neuro<strong>en</strong>hancers, nootropes) pour améliorer sesfonctions cognitives. Les neuro<strong>en</strong>hancers sont leplus souv<strong>en</strong>t des amphétamines, leméthylphénidate ou le modafinil. La pharmacologiedes psychostimulants repose sur le principe de la« courbe <strong>en</strong> U inversé ». Les performancescognitives sont optimales à des conc<strong>en</strong>trationsintermédiaires de catécholamines dans le cortexpré-frontal. Ainsi, à dose insuffisante ou à doseélevée de psychostimulant, on observe unecapacité cognitive insuffisante. De plus, onobserve que, plus les performances cognitives sontdéjà hautes, moins l’efficacité des produits estimportante. C’est ainsi que l’efficacité despsychostimulants semble modeste surl’amélioration des performances cognitives(discordance <strong>en</strong>tre les évaluations objectives etsubjectives). Il faut garder <strong>en</strong> tête que l’un desprincipaux risques avec les psychostimulants est ladép<strong>en</strong>dance.Le neuro<strong>en</strong>hancem<strong>en</strong>t touche jusqu’à untiers des étudiants aux Etats-Unis, mais aussi despersonnes <strong>en</strong> activité professionnelle.L’Association Américaine de Neurologie a publiédes recommandations pratiques, considérant qu’ilest « éthiquem<strong>en</strong>t acceptable de prescrire desneuro<strong>en</strong>hancers ».Ceci étant dit, le neuro<strong>en</strong>hancem<strong>en</strong>tsoulève de nombreuses questions éthiques,morales et sociétales. Certains n’hésit<strong>en</strong>t pas àparler de « dopage intellectuel » et donc derupture d’équité. En France, ces pratiques ne sontpas reconnues et la prescription depsychostimulants <strong>en</strong> vue d’améliorer lesperformances cognitives est hors AMM et <strong>en</strong>gagela responsabilité du prescripteur <strong>en</strong> cas deproblème.Ref : Michoulaud-Franchi JA et al. Therapie 2012 ; 67(3) :213-221Nouveau petit problème depharmacovigilancePr Louis MERLE, Dr Yves NOUAILLEUn culturiste pr<strong>en</strong>d un anabolisantstéroïdi<strong>en</strong>, via internet, pour améliorer sonesthétique. Une gynécomastie survi<strong>en</strong>t. Pour fairedisparaître cette anomalie disgracieuse et malvécue, il se fait prescrire du tamoxifène(inhibiteur de la liaison de l’œstradiol sur sesrécepteurs). Indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t du caractère illicitede ce « traitem<strong>en</strong>t », quelles <strong>en</strong> sont les raisonspharmacologiques ?Le C<strong>en</strong>tre de Pharmacovigilance et d’Information sur les médicam<strong>en</strong>ts a pour mission de répondre à vosquestions sur les médicam<strong>en</strong>ts.Les professionnels de santé doiv<strong>en</strong>t déclarer au C<strong>en</strong>tre Régional de Pharmacovigilance tout effet indésirablesuspecté d’être dû à un médicam<strong>en</strong>t dont ils ont connaissance (loi n°2011-2012 du 29 décembre 2011).

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